Chapitre 5
Cette fois-ci, seule Tracy ria aux éclats. Daphné, elle, eut seulement un sourire satisfait sur le visage. Après avoir émergé de l'eau, Harry s'accrocha au bord de la piscine et en sortit, le sourire aux lèvres et le short de bain lui collant à la peau. Il était bien content d'avoir coupé ses cheveux sans quoi ils lui auraient bouché la vue.
- Tu vois quand tu veux.
- Quand je veux quoi ? Demanda Daphné, confuse, les sourcils froncés.
- Et bien, quand tu veux, tu peux enlever ce masque de glace derrière lequel tu te caches, lui répondit-il en montrant son visage. J'ai l'impression de retrouver la Daphné que j'ai pu entrapercevoir la dernière fois qu'on s'est vus, la Daphné curieuse et révoltée ! S'exclama-t-il, en lui faisant un clin d'œil.
La Serpentard rougit un peu.
- Hé, Daphné ! Tu ne trouves pas cette version de Potter, tout juste sorti de la piscine et tout dégoulinant, incroyablement sexy ? Demanda Tracy à son amie, pour en rajouter une couche.
Décidément, Tracy n'a pas sa langue dans sa poche, songea Harry en rougissant à son tour.
Cette remarque ne fit que renforcer la rougeur de Daphné qui se détourna des deux autres pour se diriger vers le manoir d'un pas ferme. Harry prit une serviette et se la passa autour du cou après avoir brièvement frotté ses cheveux et se tourna vers Tracy, hésitant.
- Tracy, tu crois qu'on a été trop loin ?
Celle-ci eut un sourire amusé.
- Mais non ! Daphné n'est pas du tout rancunière et ce n'est pas son genre d'être soudainement en colère. Elle est partie remettre son masque, comme tu dis, ajouta-t-elle avec un clin d'œil.
- Tu es sûre ? Non, mais j'insiste parce que, dit-il rapidement, je ne la connais que depuis peu. Et elle m'a dit que tu étais sa meilleure amie donc tu es celle qui la connait le mieux. Je ne veux pas qu'elle se referme, au contraire.
- Aucun risque ! Lui répondit Tracy.
Après tout, seulement trois semaines après l'avoir officiellement rencontrée, il était parvenu à déstabiliser sa meilleure amie, pensa-t-elle.
- Je suis persuadée qu'elle voit quelque chose en toi : tu as dû éveiller sa curiosité. C'est un trait commun chez les Serpentards. Ça sert notre ruse et notre ambition.
- Je comprends mais je ne lui adressé la parole pour la première fois qu'il y a trois semaines. Je ne veux pas la pousser je veux juste qu'on devienne amis. Elle a finalement accepté mon amitié, de m'appeler par mon prénom et m'a même invité ici mais je la sens encore un peu distante, comme si notre dernière conversation n'avait jamais eu lieu.
- On est à Serpentard, je te rappelle. On ne peut faire confiance à personne, on n'a pas d'amis, seulement des alliés. Tu ne lui avais jamais parlé avant la mi-juin et, quand on ne connait pas quelqu'un, la plupart des gens se font des préjugés.
- Ah, oui, maugréa-t-il. Et quels étaient les vôtres sur moi ?
- Et bien, si on oublie les conneries que dit Malfoy à longueur de temps, tu as l'air d'être anti-Serpentard, doublé d'un chercheur d'attention et assorti d'un idiot complet.
- Ah ?
Harry se frotta la nuque, gêné. Maintenant qu'il discutait avec elle et qu'il commençait à connaitre Daphné, il devait avouer qu'il avait été naïf de croire ce qu'on lui disait sur les Serpentards : il les avait jugés sans les connaitre. Mais, en même temps, Malfoy ne facilitait pas les choses…
- Je reconnais que j'étais assez ignorant à propos de beaucoup de choses, ce qui pourrait à moitié expliquer le 'idiot complet', et le 'anti-Serpentard' est justifiable. Après tout, les premières personnes que j'ai connues dans le Monde magique m'ont dit que les sorciers qui étaient à Serpentard étaient mauvais et que Voldemort –Tracy tressaillit- venait de cette maison. Mais un chercheur d'attention ?
- C'est ce que pensent la moitié des élèves à Poudlard, en tout cas, justifia-t-elle en haussant les épaules.
Harry soupira et passa une main dans ses cheveux.
- Je déteste les surnoms qu'on m'a donné – le Survivant, le garçon qui a survécut, etc- et je déteste le fait que tout le monde connaisse mon nom à cause d'une chose que j'ai soi-disant faite et dont je ne peux pas me rappeler.
Il s'assit sur le transat derrière lui.
- Toute cette attention, cette célébrité, je déteste ça. J'essaie de me faire petit, de ne pas sortir du lot, alors pourquoi ?
- Eh bien, toutes les choses que tu as faites ces trois dernières années, si c'est un tant soit peu vrai, je n'appelle pas ça « essayer de ne pas sortir du lot », Harry, dit Tracy en grimaçant.
- Oui, ça, dit Harry en grimaçant aussi. Hermione appelle ça 'mon complexe du héros'. Je ne cherche pas les ennuies mais ils semblent me trouver par eux-mêmes. Et une fois que j'y suis empêtrés, c'est jusqu'au cou.
Elle l'interrompit.
- Je n'aime pas les ragots, dit-elle, mais, même si je ne peux pas faire comme si je ne les entendais pas, je préfère me faire mon propre avis au fur et à mesure de nos rencontres, d'accord ?
Harry acquiesça, soulagé.
- Je vais voir ce que fait Daphné. Tu n'as qu'à rester là, profiter du beau temps et de la piscine, lui dit-elle en ouvrant les bras et en montrant le grand jardin. Moi, je vais essayer d'agir en ta faveur. On n'en aura pas pour longtemps.
- Merci, Tracy, la remercia-t-il.
Sur ces mots, Tracy rejoignit le manoir pour parler à Daphné.
Entrant dans la chambre de son amie, Tracy s'assit sur le rebord du lit en soupirant.
- Je sais, j'ai sur-réagit, se plaignit la brune.
- Ça c'est peu de le dire. En plus, je le trouve plutôt sympas.
- C'est le cas. Mais… si je n'ai eu aucun problème ces trois dernières années, c'est parce que je n'ai pas fait de vagues !
- Ecoute Daphné, je ne dis pas comprendre ta situation. Après tout je suis une né-moldue donc mes fréquentations à Poudlard n'intéressent pas vraiment mes parents.
Elle grimaça.
- Ta famille n'est peut-être constituée que de sorciers de Sang-pur mais, depuis la génération de tes grands-parents, les traditions ne dictent plus vos faits et gestes. Tu peux être ami avec qui tu veux, même avec Harry Potter.
- Ce n'est pas ça le problème, Tracy, et tu le sais. On murmure des choses ces derniers temps : le Seigneur des ténèbres ne serait pas aussi mort qu'on le croit.
- Oui et bien, renchérit-elle bien que mal à l'aise, ce ne sont que des rumeurs de vieux sang-purs mal-embouchés, si tu veux mon avis. Tu-sais-qui a été défait par le garçon super sexy qui se trouve dans ta piscine, Daphné ! Ajouta-t-elle avec de gros yeux, essayant de la faire rire. Et je te rappelle que tu aurais pu empêcher tout ça : quand Harry est venu te voir avec ses questions, tu aurais pu refuser ! Mais tu ne l'as pas fait ! Ce n'est donc pas ce qui t'as fait rentrer au manoir !
Il y eut une minute de silence.
- J'avoue que j'étais curieuse, finit-elle par lâcher.
- Et ? La curiosité ne s'éveille que lorsqu'on voit de l'intérêt dans quelque chose !
- Je n'y vois qu'un intérêt purement politique, rétorqua Daphné, entêtée.
- Daphné, souffla Tracy, exaspérée, peu importe les qu'en-dira-t-on à Poudlard : cette guerre entre les Gryffondors et les Serpentard est ridicule ! On s'en fiche de ce que pensent Malfoy et sa clique, de ce que penseront tous les autres !
Daphné attendit que Tracy termine son discours pour prendre la parole :
- C'est ce qu'il m'a dit, reconnu Daphné, avec un sourire aigre. Mais c'est juste que je le connais à peine. Je sais que j'ai accepté qu'on devienne amis mais il débarque ici, s'entend rapidement super bien avec toi, et toi t'en rajoutes une couche !
- Il faut reconnaitre que la puberté lui sied au teint, dit Tracy, taquine.
Mais cela ne fit pas rire sa meileure amie.
- Bon, Harry est devenu sexy en l'espace de quoi ? Deux semaines ? C'est impossible. Il l'était déjà depuis un moment mais on ne pouvait pas le voir à Poudlard. Certes, avec sa nouvelle coupe, son début de bronzage et sa musculature –merci au Quidditch- qui commence à se développer, je comprends que tout cela joue avec tes émotions déjà perturbée par la puberté…
- Tracy, dans la vie, tout ne tourne pas autour des garçons ! La coupa-t-elle Daphné. Et mes émotions ne sont pas perturbées, se sentit-elle obligée de préciser.
- Bon, ce n'est pas tout ça mais ton invité nous attend. Donc, si tu le veux bien, allons rejoindre notre gentil Gryffondor.
- Tracy, l'interpella Daphné alors que la blonde était déjà devant la porte.
- Quoi ?
- Tu devrais vraiment arrêter de lire ces romans d'amour moldus.
- Désolé mais c'est impossible. Tant que Blaise ne fera pas le premier pas, je devrais me contenter de romances fictives.
Les bras croisés sur le rebord de la piscine, battant des pieds, le regard fixé sur le manoir, Harry réfléchissait à ce qu'il devait faire. Son amitié avec Daphné n'était pas un problème et, même si la jeune fille avait encore quelques hésitations, Tracy pensait pouvoir les écarter d'un revers de la main. De son côté, il se demandait s'il n'avait pas été trop direct, trop entreprenant en flirtant avec elle. Peut-être que cela l'avait mise mal à l'aise ?
Ce n'était pourtant pas son but. Sirius l'aidait avec son manque de confiance en soi et l'une des premières choses qu'il lui avait apprises était qu'il ne devait pas avoir peur de donner son avis. Même si, concernant Daphné, cela ressemblait à du flirt.
Cela le fit rougir. Jamais il n'aurait pensé il y a deux semaines qu'il flirterait. Sortir avec une fille n'était pas à l'ordre du jour et tout ce qu'il avait voulu en approchant Daphné, c'était de l'aide, point.
Et puis, il appréciait sa compagnie : il la trouvait vive d'esprit, curieuse et il appréciait ses réparties. Il n'avait pas d'amis avant Poudlard et en avait peu depuis et il appréciait cette variation qu'apportait le caractère de Daphné.
Lorsqu'il vit du mouvement, Harry plissa les yeux et vit que les filles arrivaient dans sa direction. Décidé à être lui-même et à fomenter sa nouvelle amitié avec les deux jeunes filles, il eut l'idée d'un jeu. Il sortit de la piscine et les rencontra à mi-chemin sur la pelouse, voulant d'abord s'assurer que, comme l'avait dit Tracy, Daphné le laisserait rester plus longtemps. Mais avant d'avoir pu lui poser la question, elle y répondit de manière inattendue.
- Zéphir m'a demandé si elle devait te réserver un couvert et j'ai dit oui, dit Daphné avec un air détaché. J'espère que ça ne te dérange pas.
- Non, au contraire, répondit-il, ravi de sa décision.
- Bien.
- Euh… J'ai eu une idée pour faire passer le temps si ça vous dit, proposa-t-il précipitamment alors que Daphné le dépassait pour rejoindre son transat. À moins que vous ne vouliez retourner à votre séance de bronzage ?
- Moi ça me dit, répondit rapidement Tracy. Et toi, Daphné ?
- Ca dépend de l'idée que tu as eue.
- Tout d'abord, saviez-vous que cette histoire de trace sur nos baguettes est complètement bidon ?
- Sérieux ? S'écria Tracy, les yeux rond comme un hibou.
- Comment ça, bidon ? Se méfia la brune.
- En fait, seuls les né-modus reçoivent une lettre du ministère quand ils font de la magie en dehors de l'école, tout simplement parce qu'ils sont généralement entourés de moldus. Les autres élèves peuvent faire de la magie sans en être inquiété tout simplement parce qu'ils sont généralement dans des familles de sorciers. Le ministère ne peut pas savoir qui de vous ou de vos parents avez jeté un sort, donc ils ne peuvent pas vous blâmer. C'est aussi simple que ça.
- Ca se tient, en effet, réfléchit Tracy. Mais pourquoi nous dire ça ?
- Parce qu'ainsi, je vais pouvoir faire ça !
D'un mouvement de baguette, Harry jeta un sortilège appris par Sirius. Remus et lui avaient passé un accord avec Peeves lorsqu'ils étaient à Poudlard avec son père et Peter : chaque année, ils l'approvisionneraient en bombes à eau et Peeves devraient en bombarder les élèves dès leur entrée dans le hall.
Ainsi, Harry fit apparaitre trois monts de bombes à eau, les unes séparées des autres d'une dizaine de mètres. Puis il se tourna vers les filles :
- Je ne sais pas vous, mais moi je trouve qu'il fait vraiment chaud. Ça vous dit une petite bataille d'eau ? Demanda-t-il aux filles, médusées. À chacun ses bombes ! Cria-t-il en courant vers l'un des monts de bombes à eau.
Tracy et Daphné se regardèrent, ahuries, avant de se séparer en direction d'un mont chacune.
Après qu'Harry ait réitéré le sort d'apparition de bombes à eau pour la quatrième fois, Zéphir vint informer Daphné que le déjeuner était prêt. Lançant le sort Tempus, Harry s'étonna qu'il fut déjà 11h30. Il se sécha à l'aide de sa serviette et en tendit deux autres aux filles lorsqu'il les rejoignit.
- Merci, dit Tracy avec son enthousiasme habituel.
- Oui, merci, dit aussi Daphné, mais avec une petite voix.
Harry les suivit jusque dans une petite salle à manger -probablement celle où les Greengrass mangeaient en famille- où les murs et le sol, de couleurs claires, intensifiaient la lumière naturelle du manoir et contrastaient joliment avec les meubles, couleur ébène. Harry attendit qu'elles soient installées avant de s'assoir à son tour. Au même moment, la nourriture apparut sur la table : rôti, pommes de terre, plusieurs plats de légumes, deux saucières remplies à ras bord, tranches de pain blanc et complet, une carafe d'eau, de jus de citrouille et de bière au beurre.
Les elfes de maison étaient décidément les meilleurs cuisiniers au monde et seule Molly Weasley pouvait se vanter de les égaler. Daphné parlait peu, se contentant d'écouter Tracy raconter à Harry des anecdotes sur la rencontre de ses parents –sa mère étant une moldue et son père un sorcier. Harry, lui, ne parla pas beaucoup non plus, ne voulant pas paraitre impoli en interrompant Tracy qui, une fois lancée, ne s'arrêtait plus de parler.
Il se resservi à deux reprises avant que les plats ne disparaissent pour laisser place aux desserts : pudding au chocolat, tartelettes à la citrouille, clafoutis aux cerises et de la gelée rouge ainsi que de la verte.
N'ayant jamais eu l'occasion de goûter au clafoutis (il n'y en avait pas à Poudlard et sa tante détestait la cerise), il en prit une part après avoir fini sa tartelette à la citrouille. Lorsqu'il l'eut fini, il décréta que ce serait son deuxième dessert préféré, après la tarte à la mélasse. Repus, il se servi un dernier verre d'eau quand Zéphir apparut près de Daphné.
*POUF !*
- Maîtresse Daphné, un elfe de maison inconnu tente d'entrer dans le manoir.
- Et que veut cet elfe ? Lui demanda-t-elle après s'être délicatement frottée la bouche avec sa serviette –brodée avec le blason de sa famille, s'il vous plait !
- L'elfe se prénomme Dobby et dit avoir un message urgent pour Monsieur Harry.
- C'est ton elfe, c'est ça ? Demanda-t-elle à Harry.
- Oui, je t'avais parlé de lui. Est-ce qu'il peut entrer ?
Celle-ci ne lui répondit pas mais parla directement à son elfe :
- Zéphir, laisse entrer cet elfe.
Après un claquement de doigts de Zéphyr, Dobby apparut juste à côté d'Harry.
*POUF !*
- Harry Potter monsieur ! C'est très urgent !
L'elfe semblait agité et tirait sur ses deux oreilles. Daphné et Tracy le regardait curieusement.
- Qu'y a-t-il Dobby ? L'interrogea-t-il en se mettant à sa hauteur.
- Miss Figg est à votre porte Harry Potter monsieur ! Et ce n'est pas une moldue, non monsieur, c'est une cracmol, Dobby l'a sentie !
- J'y crois pas, maugréa Harry.
Puis se tournant vers les filles :
- Désolé mais je dois m'en aller.
- Pourquoi le fait qu'elle soit une cracmol soit important ? Demanda Daphné.
- Je soupçonnais Dumbledore de me surveiller et j'ai demandé à Dobby de me tenir informer s'il découvrait des sorciers près de la maison de ma tante. Miss Figg habite juste en face et ce depuis aussi longtemps que je m'en souvienne. Alors c'est surement elle qui me surveille. Et elle a sans doute trouvé bizarre de ne pas m'avoir vu sortir depuis une semaine.
Fronçant les sourcils, Daphné se tourna vers son elfe :
- Zéphir, amène la malle et les vêtements d'Harry ici immédiatement.
D'un claquement de doigts, Zéphyr fit apparaître ses affaires.
- Je suis désolé de devoir partir aussi précipitamment.
- Ce n'est rien. Tu n'as qu'à revenir la semaine prochaine, se décida-t-elle, si tu n'as rien d'autre de prévu.
Harry lui sourit, étonné qu'elle réitère son invitation.
- Je t'envoie ma chouette ce soir pour te le confirmer. Salut les filles !
Et Dobby les emmena lui et sa malle dans sa chambre du 4 Privet Drive en un instant. Remerciant Dobby, qui partit aussitôt, il mit un short en jean et sortit de sa chambre. Il descendit les escaliers et vint à la rencontre de Miss Figg qui discutait avec sa tante sur le palier.
- Ah, bonjour Harry, lui dit la vieille dame.
- Bonjour Miss Figg, lui répondit-il sous l'œil mauvais de sa tante qui retourna dans le salon. Vous avez besoin de mon aide pour quelque chose ?
- Oui, j'aurai bien besoin d'un coup de main pour tondre ma pelouse si cela ne te dérange pas.
- Aucun problème. Je vais chausser quelque chose et j'arrive !
Aucun problème ? Mais pourquoi avait-il dit ça ?!
Alors qu'il tondait sa pelouse, Miss Figg ne fut pas avare en questions et, pour s'assurer d'avoir toutes les réponses qu'elle voulait, elle lui demanda non seulement de tondre la pelouse à l'avant de sa maison mais également celle de son jardin à l'arrière.
Pour 'justifier' le fait qu'elle ne l'avait pas vu depuis quelques jours, il lui dit qu'il aidait des amis qui déménageaient dans la rue voisine à emballer leurs affaires et à charger le camion de déménagement. Cela leur avait pris cinq jours. Il y était allé de bonne heure et ne revenait chez sa tante qu'au coucher du soleil. Ce qui expliquait aussi pourquoi cette dernière ne l'avait pas vu la journée. Elle sembla satisfaite de son excuse. Malheureusement, Harry devrait s'assurer que son oncle et sa tante confirme non seulement ce qu'il venait de dire à la vieille cracmol mais aussi ce qu'il dirait à l'avenir. Finalement, elle le laissa tranquille lorsqu'il eut fini de tondre sa pelouse.
Lorsqu'il revint dans sa chambre, il était déjà quinze heures. Il déballa alors ses affaires et se mit rapidement à écrire une lettre à Daphné comme il le lui avait dit plus tôt. Ainsi, comptant la durée du voyage qu'entreprendrait Hedwige pour la livrer, sa lettre devrait arriver au manoir Greengrass pour vingt heures au plus tard. Sur le parchemin, il lui confirma ne rien avoir de prévu pour le samedi suivant et lui demanda s'il devait venir à la même heure qu'aujourd'hui.
Éprouvé par la chaleur, Harry s'endormit après avoir envoyé Hedwige.
Il fut réveillé bien plus tard par des coups frappés à la fenêtre. Il ouvrit un œil et remarqua immédiatement qu'il faisait noir. Tournant la tête vers la table de nuit, il regarda son nouveau réveil qui lui indiqua qu'il était une heure du matin. Revigoré par cette grande sieste, il s'étira tout en se levant et ouvrit la fenêtre en grand. À cette heure, l'air était plus frais.
Hedwige s'engouffra dans sa chambre et se posa sur son perchoir, une lettre liée à la patte. Confus, Harry la regarda quelques instants avant de se rappeler de la lettre qu'il avait envoyée plus tôt. C'était surement la réponse de Daphné.
Il libéra sa chouette de son fardeau et déroula rapidement le parchemin. Le message était court. Elle lui confirmait l'heure à laquelle il devait arriver et lui demandait si tout allait bien après son départ précipité. Ah non, l'écriture était différente, ce devait être Tracy. Ne sachant pas à quelle heure la jeune fille se levait et ne voulant donc pas la réveiller avec sa réponse, Harry fit quelques exercices tels que des sit-up et des push-up pendant une heure puis profita de la fraicheur de la nuit pour aller courir.
Comme il avait continué à courir avec Sirius, il avait légèrement amélioré son endurance. Il réussit à ne s'arrêter, véritablement essoufflé, qu'après ving-cinq minutes de course. Il marcha un peu au retour et courut encore une quinzaine de minutes pour revenir au 4 Privet Drive. Après une douche bien chaude, il regarda à nouveau l'heure : trois heures trente. Calculant de tête, il se dit que Daphné recevrait sa lettre vers huit heures trente. Alors il lui écrivit et lui envoya sa réponse.
8 juillet
La semaine passa rapidement. Il fit ensoleillé et chaud chaque jour, ce qui était un exploit connaissant la météo britannique. Harry dormait tôt afin de se réveiller vers cinq heures du matin, c'est-à-dire, avant le lever du soleil, et courait une heure. Le soleil était alors levé quand il rentrait. Il faisait ses exercices quotidiens, prenait une douche puis préparait le petit-déjeuner pour les Dursley avant de prendre la liste de corvées que lui préparait chaque jour sa tante.
Le vendredi, après avoir préparé le déjeuner, il avertit les Dursley qu'il ne serait présent ni cet après-midi-là ni le lendemain. Et lorsque le visage de son oncle commença à rougir de colère et que la veine sur sa tempe commença à gonfler, il l'avertit que Sirius, son criminel de parrain, lui avait demandé de ses nouvelles et qu'il passerait les vacances avec lui du 17 juillet au 3 août. Cela eu l'effet de faire pâlir son oncle qui lui souhaita alors une excellente journée.
Quand il sortit quelques minutes plus tard, Harry sourit. Il avait la journée pour lui-même sans corvées données par sa tante ni regard haineux lancés par son oncle. Vérifiant qu'il n'y avait personne en vue, il se mit sur le bord de la route et leva sa baguette.
Cette fois-ci, il était prêt.
Quand le magicobus s'arrêta devant lui, il réussit à tenir debout sur ses jambes et il avait à peine reculé ! Il donna onze mornilles à Stan Rocades en montant et s'installa sur une des chaises vides, se tenant à une des barres fixées sous les fenêtres. Au rez-de-chaussée près de lui, il y avait un vieil homme d'origine asiatique, un grand bâton à ses pieds, et une femme d'âge mûr avec un chat sur les genoux et un chaudron rempli d'articles divers.
Arrivé au Chaudron Baveur, Harry traversa rapidement le mur de brique menant au Chemin de Traverse après avoir salué Tom le barman et se dirigea vers la librairie 'Fleury et Bott' au bout de l'allée, juste avant le bâtiment en marbre de la banque. Il flâna dans les rayons, son doigts dansant sur le dos des livres et s'arrêta devant les livres traitant des animaux. La plupart des livres traitaient des animaux magiques et autres animaux normaux très utiles pour fabriquer des potions. Seuls deux livres traitaient des animaux qu'il cherchait et, en les feuilletant rapidement, en choisis un, bien plus complet que l'autre. Puis il sortit de la librairie, son achat en poche, et rangea son portefeuille.
Qu'est-ce qu'il aimait avoir de l'argent à disposition ! Plus d'anciens vêtements de Dudley, ni de lunettes cassées –plus de lunettes du tout, en fait- et réparée avec du ruban adhésif. Et il pouvait enfin s'acheter des choses qu'il voulait !
Ce qui lui fit penser qu'il allait demander à Sirius s'il existait des tatoueurs sorciers. Il tenait vraiment à s'offrir l'initiale du prénom de ses parents sur lui pour son dix-septième anniversaire. S'il n'y en avait pas, il irait peut-être chez le tatoueur près de l'entrée du Chaudron Baveur.
Lançant un 'tempus', il vit que, depuis son départ de chez sa tante, il ne s'était écoulé qu'une heure et demie. A ce moment-là, son ventre se mit à gargouiller fortement. Réfléchissant à ce qu'il allait faire de son temps libre ici, il se décida à manger quelque chose dans l'un des cafés du chemin –celui avec les parasols multicolores- avant de faire le tour des boutiques de l'allée. Il ne connaissait que les boutiques où il allait acheter ses fournitures scolaires chaque année et pas les autres. Hors elles étaient nombreuses et il était curieux.
Après avoir fini son repas, Harry se hasarda devant les boutiques les plus reculées du Chemin de Traverse. Il entra chez Eeylops, au royaume du Hibou, pour acheter quelques friandises pour Hedwige avant d'entrer dans la boutique de brocante juste à côté.
Ouvrir la porte fit tinter une clochette. La boutique était bien éclairée et bien organisée avec ses grandes étagères. On aurait pu penser que les objets seraient poussiéreux vu leur nombre mais aucune trace de poussière ne subsistait. Puis Harry se rappela qu'il n'était pas dans le monde moldu et qu'un simple sortilège de 'récurvite' réglait le problème de saleté. Comme il l'avait remarqué en passant devant la boutique les étés passés, il vit plus d'objets ébréchés, usés ou tout simplement trop anciens pour que quiconque en veuille aujourd'hui, que d'objets intéressants. Bien sûr, la moitié de ces objets étaient nouveau pour lui qui n'étaient dans le monde magique que depuis trois ans.
Lorsqu'il eut fini de faire le tour du magasin, un sorcier vieux d'une cinquantaine d'années et muni d'une moustache en guidon châtain sortit de l'arrière-boutique. Ce devait être le gérant de la boutique. Celui-ci l'aperçu et referma la porte de l'arrière-boutique avant de se diriger vers lui. Mais Harry eut le temps d'apercevoir un objet difforme briller avant que la porte ne lui cache la vue de l'objet.
- Bonjour jeune homme ! Puis-je vous aider en quoique ce soit ?
- Bonjour. Euh non merci, je ne fais que regarder pour l'instant.
Puis, désignant la porte, Harry lui demanda, curieux :
- Vous avez d'autres objets derrière ?
- Oh, pas vraiment, non. Ce n'est qu'un amas de babioles que je ne peux pas mettre en boutique, déblatéra-t-il avec un geste dédaigneux de la main.
Harry ne savait pas trop ce qu'il avait vu, mais ça n'avait pas l'air de « babioles ».
- Et je pourrais jeter un œil sur ses babioles ?
- Je ne crois pas que vous trouverez ces objets intéressants, insista le gérant. De plus, la plupart n'ont aucune utilité pour nous. Les gens sont habituellement plutôt déçus par ce qu'ils voient.
- Et bien, si vous laissez des gens voir ces objets habituellement, pourquoi ne pas me laisser les voir ?
- Et bien, je crois qu'un jeune homme de votre âge trouvera ces objets ennuyeux et sans intérêt, argumenta-t-il. Vous avez vu cette étagère rempli de balles magiques ? Outre les rappeltouts que vous devez déjà connaître, il y en a deux ou trois qui ont des propriétés plutôt rares.
Harry trouvait étrange que l'homme ne veuille pas le laisser aller dans l'arrière-boutique. Même si ces objets étaient vraiment ennuyeux, cela ne devrait pas le pousser à lui refuser l'accès à la pièce. L'accès n'était peut-être pas donné à tout le monde. Il détestait se vanter en général, et encore plus lorsqu'il s'agissait de sa richesse, mais il était vraiment curieux de voir ce que le gérant de la boutique essayait de lui cacher.
- Écoutez, je veux vraiment jeter un œil à ces objets. Un bon vendeur ne refuse rien à ses clients, pas vrai ? Si c'est l'argent le problème, sachez que je pourrai acheter l'intégralité de votre petite boutique sans créer de remous dans mon coffre.
Le vieil homme le regarda, l'air interdit.
- Alors ? Vous me laissez y aller ?
