Chapitre 6
Le gérant le regarda en papillonnant des yeux puis son sourire s'élargit.
- Mais bien sûr, jeune homme. Je vous en prie !
Harry suivit l'homme jusqu'à l'arrière-boutique. La salle était petite, seules trois étagères étaient présentes et les objets étaient rangés de manière organisée avec une étiquette indiquant leurs propriétés.
- Comprenez que, vu la rareté de ces objets, je ne peux pas laisser n'importe qui les approcher. Lorsque j'ai ouvert ma boutique, tous les clients pouvaient les voir mais certains, complètement ignorant de leur rareté, me proposaient des prix totalement indécent. Je ne pouvais plus le permettre alors je les ai placé ici où seuls certains clients que je juge digne peuvent les voir et les acheter. Si vous avez des questions, n'hésitez surtout pas !
Des clients jugés dignes ou des clients avec un coffre assez rempli ?
Harry roula des yeux et fit son tour. Certains objets avaient une forme bizarre, d'autres avaient des propriétés tellement particulières qu'ils ne lui serviraient à rien à moins d'être doués en nécromancie ou en magie du sang.
Seuls quelques objets retinrent son attention : un petit globe dans lequel tourbillonnaient une multitude d'étoile. Selon l'étiquette, c'était une reproduction de la galaxie portable. La rareté de l'objet concernait le fait qu'elle était projetable au plafond. Ensuite, il vit une bourse en cuir de moke. Il avait vaguement entendu parler de cet animal ressemblant au lézard au cours de soins aux créatures magiques d'Hagrid et, apparemment, la peau de l'animal conservait ses propriétés ce qui rendait l'intérieur de la petit bourse très grand et profond. Il prit juste la bourse.
Puis, juste à côté, il vit plusieurs montres et horloges. Une des horloges n'indiquait pas l'heure mais des moments de la journée comme l'heure d'aller au travail, l'heure des repas ou l'heure idéale pour aller se coucher. L'une des montres devant lui servait aussi de boussole pour retrouver les gens en plus d'indiquer l'heure. On devait verser sur le verre une goutte du sang d'une personne –et elle était conservée pendant un an- et il suffisait de tapoter la montre pour qu'elle indique la direction dans laquelle se trouver la personne et la distance à laquelle elle se trouvait. La montre ne pouvait conserve le sang que de trois personnes à la fois. Il la prit.
Finalement, il vit une boîte remplie de cristaux de toutes les couleurs. Selon la fiche, chaque couleur représentait une particularité qui s'activait lorsqu'on tenait le cristal en main. Les bleus brillaient lorsqu'un objet caché se trouvait dans un rayon de dix mètres et le révélait lorsqu'on se trouvait à trois mètres de lui. Les rouges érigeaient une barrière magique et sonore empêchant quiconque de s'approcher et d'entendre quoique ce soit dans un rayon de deux mètre. Les verts aiguisaient la concentration et aidaient à la méditation, les oranges augmentaient la créativité et la création d'idées et les roses créaient un sentiment de bonheur et de bien-être – très utiles pour contrer les effets des détraqueurs. Les blancs s'illuminaient dans le noir lorsqu'on les tapotait, les jaunes chauffaient lorsqu'un mensonge était dit et les noirs servaient à se cacher dans l'ombre lorsqu'on les frottait.
Il en prit un jaune et un noir pour lui et un rouge pour Daphné puis pensa à sortir de l'arrière-boutique quand un ensemble de miroir de poche – dix centimètres sur quinze – attira son regard. L'étiquette disait que c'étaient des miroirs à double sens permettant de parler à une personne à la fois mais plusieurs miroirs pouvaient se lier permettant de parler à plusieurs personnes différentes. Ils étaient rares car seuls une dizaine de ces miroirs existaient et ils étaient éparpillés dans le monde entier. Il y en avait cinq devant lui alors Harry les prit tous.
Il revint dans la salle principale de la boutique et se dirigea vers le comptoir où m'attendait le gérant.
- Vous les prenez tous ? S'exclama, surpris, le vieil homme en parlant des miroirs. Ils sont chers, vous savez !
- Ce n'est pas un problème, lui rétorqua Harry, ennuyé par son comportement.
Il encaissa le tout puis lui dit le prix :
- Cela nous fait 197 gallions, 15 mornilles et 21 noises, jeune homme.
- Et si vous arrondissiez tout ça à 190 gallions, que j'oublie votre bévue de tout à l'heure ?
Harry ressortit de la boutique avec ses achats dans la bourse en peau de moke, qu'il mit autour de son cou, et un sourire satisfait. Au tournant, il vit la grande bâtisse de marbre blanc qu'était Gringott. Il se rappela qu'il avait demandé à son gestionnaire de compte d'investir dans certaines sociétés dont il lui avait parlé. Cela ne devrait pas lui prendre trop longtemps que de lui demander si cela avait abouti. De plus, il voulait demander plus d'informations sur les horcruxes à Ragnock : pourquoi il en était un et quand cela avait eu lieu –bien qu'il avait une idée sur la question.
Il entra donc dans la banque, demanda au gobelin chargé de l'accueil à voir son gestionnaire de compte Ragnock et suivi le gobelin chargé de l'amener à lui. Comme la dernière fois qu'il l'avait vu, Ragnock était assis, les doigts croisés sur son bureau.
- Bonjour Ragnock, le salua-t-il en inclinant fortement la tête, comme le voulait la coutume gobeline, j'espère que vos affaires sont des plus fructueuses.
- Bonjour Harry, je puis vous assurer qu'elles le sont, tout comme les vôtre, ajouta-t-il avec un sourire carnassier, qu'il avait surement voulu amical. Alors, qu'est-ce que Gringott peut faire pour vous aujourd'hui Harry ?
- Tout d'abord, je voudrais un rapport sur la réussite ou l'échec de mes nouveaux investissements comme des anciens.
Le gobelin ne le quitta des yeux que pour prendre un dossier dans son tiroir.
- Je pensais justement à vous envoyer un rapport cette semaine lorsque j'aurais rassemblé toutes les informations. Alors, dit-il en consultant la première feuille, la situation de vos anciens investissements n'a pas changée, à part pour la Gazette du Sorcier. Vos investissements chez eux sont en hausse constante comme ils l'ont toujours été et vous possédez aujourd'hui 33% du journal.
- Et qu'est-ce que ça change concrètement pour moi ? Voulut savoir Harry.
- Grâce à cela, vous avez désormais votre mot à dire concernant les publications et les journalistes eux-mêmes. Concernant les nouveaux investissements dont vous m'avez donné la charge, c'est avec succès que vous possédez désormais un quart de la société Apple qui est en plein essor mais seulement 7% de l'industrie américaine Pixar, qui déjà très riche.
- Et pour l'entreprise du Surrey Grunning Inc. ?
- Et bien, cette entreprise familiale voit sa courbe des ventes être assez constante pour le moment, ce qui est bon signe. Elle a même monté ces dix dernières années. Mais l'entreprise est en pleine période d'agrandissement et c'est donc avec joie qu'ils ont accepté votre investissement chez eux. C'est pourquoi vous possédez actuellement 48% de l'entreprise : 20% de celle se trouvant au Surrey et 28 % de la nouvelle construction se trouvant à Londres. De plus, quand ils ont appris que vous apparteniez à la famille de Vernon Dursley, ils étaient vraiment ravis de faire affaire avec vous.
- Très bien Ragnock, le félicita-t-il avec un sourire, je suis plus que satisfait des résultats de votre travail. J'avais raison de croire en vous et vous méritez amplement l'augmentation que je vous avais promise.
- Je vous remercie Harry mais Gringott ne fait que son travail. Si je puis me permettre, il y a une autre entreprise dans laquelle ils seraient judicieux d'investir.
- Je vous écoute Ragnock.
- Vous connaissez la boisson appelée 'bière au beurre', Harry ?
- Oui, j'en ai même goûté deux ou trois fois. Elle est surtout servie à Pré-au-Lard, non ?
- En effet. Et, selon les informations que j'ai pu recueillir, la propriétaire de la marque et de l'entreprise qui fabrique cette boisson aurait quelques soucis financiers. Madame Hélène Marchalls voulu agrandir son entreprise en 1974 afin de commercialiser son produit à l'étranger et a annoncé la même année la création d'une nouvelle boisson pour fêter les dix ans de la création de la bière au beurre datant de 1964.
- Pourtant, aux dernières nouvelles, la bière au beurre a beaucoup de succès.
- En effet mais le succès de sa boisson ne fut pas le problème de Madame Marchalls. Bien que la magie aide à la construction et que celle-ci prend beaucoup moins de temps que dans le monde moldu, il fallut trois ans afin que l'agrandissement soit fini, que les nouvelles machines soient installées et que l'industrie puisse enfin fonctionner. Mais, peu de temps après, en 1977, le seigneur des ténèbres et ses disciples ont organisé une attaque fulgurante sur la ville de Manchester où se trouvaient les locaux et la famille de Madame Marchalls.
- Oh, pâlit le jeune Potter. Elle a perdu son entreprise et sa famille le même jour ?
- Elle a perdu son mari et l'un de ses deux fils. L'autre est resté trois mois à Sainte Mangouste avant d'être entièrement rétabli. Quant à son industrie, il n'en resta que des ruines. Avec l'aide de son fils cadet, elle a utilisé tout l'argent qui lui restait -c'est-à-dire très peu considérant la nouvelle construction qu'elle venait de financer- pour reconstruire les quelques locaux nécessaire à la continuité de la fabrication et la vente de sa boisson.
- La défaite de Voldemort a dû l'aider, je suppose.
- Et bien, pendant les quatre dernières années de son règne, Madame Marchalls a peu à peu reconstruit son industrie et a aidé à la reconstruction de son quartier. Ce fut un coup dur pour son business, c'est sûr, mais, quand le seigneur des ténèbres fut défait, la situation ne s'améliora que pour la première année. Les gens célébraient la fin de la guerre, ce qui augmenta les ventes de boisson, mais cela ne dura pas et toutes les pertes d'argent qu'elle a subi font qu'elle ne peut toujours pas aujourd'hui reconstruire l'agrandissement qui fut détruit.
- Et je suppose que, malgré la courbe de ventes constante des dix dernières années, le fait que la bière au beurre soit connue de tout britannique n'arrange pas les choses pour elle.
- En effet et c'est pourquoi investir dans l'agrandissement de l'industrie de la bière au beurre et financer la création de nouvelles boissons vous seraient réciproquement avantageux.
Harry prit un instant pour réfléchir.
- Bien, je vous laisse le soin d'organiser tout ça, finit-il par dire. Tenez-moi au courant de ce que Madame Marchalls en dira et si elle y est favorable, organisez un rendez-vous afin que j'en discute personnellement avec elle.
- Très bien, Harry, cela sera fait. Aviez-vous d'autres préoccupations que vos investissements, Harry ?
- Vous m'avez informé de ce qu'est un horcruxe, puisque j'avais un morceau de l'âme de Voldemort dans ma cicatrice la dernière fois que nous nous sommes vus. Je me suis donc demandé si vous en saviez plus sur le sujet.
- Et bien, non, dit-il avec un semblant de regret, nous ne savons rien d'autre concernant les horcruxes en général.
Harry s'apprêtait à lui dire que ce n'était pas grave quand le gobelin l'interrompit :
- Mais, continua-t-il, nous avons relevé certaines informations sur l'horcruxe que nous avons extrait de votre cicatrice. Je vais vous parler d'un concept totalement abstrait que sont l'âme et la magie.
Harry hocha la tête et se pencha en avant, tout concentré.
- L'âme en elle-même est abstraite, elle ne peut être décrite ni mesurée mais, d'une certaine manière, la magie utilisée par le seigneur des ténèbres pour sectionner son âme et faire de ce morceau un horcruxe nous permet de constater que ce morceau ne complète pas entièrement l'âme originel dont elle provient.
Harry se répéta l'information à voix basse puis fronça les sourcils.
- Vous voulez dire que ce n'est pas le seul morceau de son âme en dehors du morceau originel, que Voldemort aurait fait plusieurs horcruxes ?
- Il semblerait oui.
- Et je suppose qu'il est impossible de savoir combien, à moins de le lui demander direct…
Harry s'interrompit. Il venait de réaliser la fonction d'un horcruxe. Il avait tellement été horrifié quand il avait appris qu'il avait un morceau d'âme de Voldemort dans son crâne et la manière d'en créer un qu'il avait totalement ignoré ce que cela signifiait : Voldemort n'était pas mort.
Ragnock attendit une minute, dans un silence de plomb, avant de parler :
- Et bien, non mais nous pouvons spéculer, bien sûr. Il est connu de tous que les chiffres 3 et 7 sont magiquement très puissants et symboliques. Nous pouvons donc supposer qu'il a créé deux, voire six horcruxes, le morceau d'âme restant dans son corps étant le troisième ou septième morceau.
- Et tant que ses horcruxes existeront, Voldemort ne pourra pas mourir, dit Harry d'une voix blanche. Le tuer encore et encore ne servirait à rien.
- C'est exact.
Décidant de finir le rendez-vous et de partir du Chemin de Traverser au plus vite, assommé par sa découverte, Harry remercia son gestionnaire avant de sortir de la banque.
- Que le sang de vos ennemis coule à flot, Ragnock.
- Que le sang de vos ennemis coule à flot, Harry.
Harry sortit du bureau de son gestionnaire de compte et rejoint le hall où il salua Gripsec avant de passer les grandes portes de la banque. Le chemin de Traverse était noir de monde alors qu'il n'y avait presque personne au moment où il était entré à Gringott. Baissant la tête afin de ne pas exposer sa cicatrice, il suivit le mouvement, direction le Chaudron Baveur.
Il y avait tellement de gens, les parents tenant fermement la main de leurs enfants, les sorciers imposants se frayant un passage à coups de coude, qu'Harry finit contre la vitre de la boutique de Madame Guipure. Alors il dû lui aussi jouer du coude pour arriver jusqu'au fameux mur de briques menant à la taverne sorcière.
Tapant sur les briques avec sa baguette dans l'ordre qu'il fallait, le passage s'ouvrit devant lui et il s'y engouffra. Il se retrouva alors dans la petite cour à l'arrière de la taverne, nez à nez avec le professeur McGonagall et une petite fille à ses côtés. Celle-ci le regardait, les yeux grands ouverts, tandis que son enseignante préférée le regardait avec son habituel air sévère sur le visage.
- Bonjour Mr Potter. Vous effectuez quelques achats personnels ?
Oups. Il n'était pas censé de trouver là.
- Bonjour professeur, lui dit Harry avec son plus charmant sourire. Oui, quelques livres et autres objets. Vous introduisez une future nouvelle élève dans le monde sorcier ?
- En effet. Mademoiselle Branstone, dit-elle en se tournant vers la petite fille, je vous présente Mr Potter. Mr Potter commencera sa quatrième année à Poudlard à la rentrée.
La jeune fille le regardait sans parler mais lui fit un rapide sourire quand le professeur McGonagall le présenta. C'était une petite fille aux longs cheveux noirs et aux yeux marron foncé. De la façon dont elle se tenait, proche de la respectueuse sorcière, mais pas trop et en regardant souvent le sol, il comprit qu'elle était d'une grande timidité. Alors, il lui tendit la main et se présenta pour essayer de la faire sortir de son cocon :
- Salut, je m'appelle Harry et toi ?
- Eleanor, dit-elle d'une petite voix.
- Enchanté de te connaître Eleanor. Tu as un très joli prénom.
- Merci, dit-elle un peu plus fort, les joues un peu rouges, et en lui serrant enfin la main.
- Bon, professeur, je ne vais pas vous retenir plus longtemps. Au revoir Eleanor. Bonne journée à vous professeur.
- Je vous remercie Mr Potter. Je vous revoie le 1er septembre.
Harry attendit que le mur de briques se soit refermé derrière elles pour appeler Dobby qui emmena ses achats dans sa chambre du 4 Privet Drive. Il salua Tom avant de sortir du Chaudron Baveur du côté moldu et alla à son rendez-vous chez le tatoueur. Cela pinça un peu quand il se fit percer l'oreille avec une émeraude mais ça valait le coup. Il adorait le résultat.
En sortant de la boutique, il put appeler Dobby dans une ruelle déserte non loin de là et celui-ci le ramena dans sa chambre. Il prit le livre qu'il avait trouvé sur les animaux non-magiques chez 'Fleury et Bott' et partit s'installer à l'ombre du seul arbre du jardin des Dursley afin d'en apprendre plus sur les points forts et les points faibles de ses deux formes animagus.
9 juillet
Lorsqu'il arriva au manoir Greengrass, il ne fut pas accueilli par Zéphir comme la première fois mais directement par Daphné et Tracy. Cette dernière avait vraiment l'air excitée par quelque chose car elle avait la bougeotte et souriait de toutes ses dents. Quant à Daphné, elle avait l'air à la fois exaspérée et amusée par sa meilleure amie.
- Salut Daphné, salut Tracy. Il s'est passé quelque chose de particulier ?
- Tracy a décidé que nous sortions aujourd'hui.
- Salut Harry ! Oh, il est chouette ton piercing ! s'exclama Tracy brusquement.
- Merci, je me le suis fait faire hier.
- C'est comme une boucle d'oreille mais c'est pour les mecs et là, comme tu peux le voir, ce n'est pas une boucle mais une émeraude, expliqua Tracy à sa meilleure amie.
La brune se contenta de hausser un sourcil, avec un air de 'tu m'as pris pour une idiote ou quoi ?'
- Alors, où allons-nous ? Demanda Harry.
- Ca, elle refuse de me le dire, répondit Daphné.
- Vous verrez quand on y sera et vous allez a-do-rer !
- Bon et comment on y va ? En cheminette ?
- Oui et, après, on va devoir prendre le bus !
Harry croisa le regard de Daphné et esquissa un sourire amusé. Cette dernière, vu sa grimace, ne semblait pas apprécier le transport moldu dont parlait Tracy.
Après avoir quitté le manoir puis le Chaudron Baveur, ils marchèrent jusqu'à un arrêt de bus non loin. Les filles n'ayant pas d'argent moldu sur elles, Harry paya leur ticket. Tracy avait le nez collé à la vitre –pour ne pas rater leur arrêt, leur avait-elle dit- durant tout le voyage qui dura une bonne vingtaine de minutes. Lorsqu'ils descendirent du bus, ils suivirent Tracy quelques minutes avant d'arriver devant un ancien entrepôt abandonné.
- Il y a un charme pour que les moldus ne voient pas ce qui se trouve là, leur expliqua-t-elle devant l'air interrogateur d'Harry et impassible de Daphné.
Et, en effet, lorsqu'ils se rapprochèrent, l'entrepôt se changea en une grande bâtisse récemment construite avec un grand écriteau indiquant 'Questland' sous lequel plusieurs groupes de jeunes entraient et sortaient. Tracy y entra en bondissant et Harry et Daphné s'empressèrent de la suivre jusqu'à l'accueil du bâtiment.
- Bonjour Madame, un parcours complet pour une équipe de trois personnes.
- De quel parcours parle-t-elle ? Et où sommes-nous ? Demanda Harry à Daphné au creux de son oreille.
- Je n'en ai pas la moindre idée. Je n'ai jamais entendu parler de cet endroit, répondit-elle.
- Très bien, je vais avoir besoin de vos noms et du nom de votre équipe, dit la femme.
- Tracy, Daphné et Harry. Nous sommes les serpents d'or.
Daphné eut un sourire en coin. Sa meilleure amie manquait vraiment d'imagination.
- Bien, vous êtes l'équipe numéro 5. Vous faut-il autre chose ?
- Oui, nous aimerions réserver une table pour trois personnes dans votre restaurant pour 13h.
- Votre table est réservée au nom de votre équipe. Cela vous fera dix gallions et cinq mornilles.
- Laisse Tracy, je vais payer, dit Harry en la voyant compter son argent.
Il sortit son portefeuille et donna sa carte à la femme puis tapa le numéro du coffre duquel il voulait effectuer le retrait.
- Questland vous remercie pour votre passage chez nous. Suivez les flèches jusqu'aux vestiaires où vous pourrez vous changer. Bonne aventure les jeunes !
Sur le chemin des flèches, Daphné s'impatienta :
- Alors Tracy, c'est quoi ce Questland là ? Pourquoi doit-on se changer ? Qu'est-ce qu'on va faire exactement ?
Tracy se tourna vers eux et joigna les mains avant de tout leur expliquer :
- Cinq équipes dont la nôtre seront lancées en même temps dans un parcours d'aventures. J'ai choisis le parcours complet qui comprend sept mondes et donc sept épreuves différentes. Le but est de travailler en équipe et la première équipe à terminer le parcours gagne le lot du jour. Ce parc intérieur géant est basé sur un parc intérieur européen moldu. Ils en ont repris les bases, y ont ajouté une touche de magie et des épreuves spécialement conçues magiquement. Cela devrait nous prendre trois heures et il faut nous changer pour notre sécurité. Voilà ! Alors, ça vous plait ?
Daphné semblait septique sur l'idée et ne savait pas quoi répondre. Alors Harry le fit pour elle :
- Ça promet d'être amusant !
C'était une première pour Harry. Il n'avait jamais été dans un parc d'attractions, au cinéma ou fait des activités semblables aux épreuves qui leur étaient imposées, merci aux Dursley. À chaque nouvelle salle, il avait l'impression de rattraper son enfance perdue. Après avoir enfilé une combinaison noire, au tissu très résistant, ils avaient ouvert une porte menant à une salle profonde de six mètres.
Dès leur entrée dans la première salle, une immense pleine de jeu pour enfants s'ouvrait à eux et le seul moyen d'y accéder était de sauter de leur perchoir dans la piscine de boules en plastiques. Un peu hésitante, Tracy, qui était la première à devoir sauter, souffla un bon coup et sauta dans le vide en criant. Harry, qui était dernier, recula pour prendre de l'élan. Alors que Daphné s'était rapprochée du bord et se penchait pour jeter un œil en bas, pas vraiment décidée à faire le grand saut, Harry couru et sauta du perchoir, l'accrochant par la taille et donc la prenant avec lui dans sa chute. Il cria de joie avant de se retrouver dans le bassin de boules.
En ressortant de cette piscine de boules en plastique, Daphné chercha Harry du regard pour lui crier dessus. Elle avait eu la peur de sa vie et avait crié comme une petite fille ! Mais, quand elle vit le sourire joyeux sur son visage et les étincelles de malice dans ses yeux, elle s'en abstint. Il avait l'air si heureux. Puis elle se rappela ce qu'il lui avait raconté du traitement que sa famille moldue lui avait fait subir avant qu'il n'arrive à Poudlard et même après. Dans ses trois premières années, Harry avait semblé innocent, peut-être un peu timide dans certaines circonstances et ne recherchait pas l'attention. Tout le contraire de Malfoy qui était très confiant -un peu trop- et très arrogant.
Cet été, il avait semblé prendre confiance en lui, agissant comme jamais elle n'aurait pensé qu'il aurait pu agir. Il semblait très à l'aise avec Tracy -elle avait raison en disant qu'il s'entendrait bien- et ne pouvait s'empêcher de la titiller afin de la faire sortir de ses gonds, comme la fois où il l'avait jetée dans la piscine et, une minute plus tôt, en la prenant avec lui dans sa chute.
- Alors Daphné, tu viens ? On a que quinze minutes pour trouver et activer autant de runes que possible alors dépêche-toi ! S'exclama Tracy.
Daphné avait été septique sur l'idée de Tracy depuis qu'elles s'étaient levées ce matin et ne pas savoir où ils allaient n'aidait pas son humeur. Mais voir la joie de vivre qui semblait jaillir de tous les pores d'Harry la décidèrent à ne pas lui crier dessus et à s'amuser un peu. Alors elle suivit ses amis à la recherche des runes.
Les mondes s'enchainèrent à la vitesse de l'éclair. Dans le deuxième, ils durent répondre à des questions de culture générale auprès de quinze sphinx. Heureusement, s'ils répondaient mal, les créatures ne les mangeaient pas mais devaient leur refuser l'accès à la salle suivante. Dans le troisième, ils devaient, à plusieurs reprises, choisir entre trois portes et seule une menait à la porte suivante. Des indices se cachaient sur les portes ou les murs et ils durent réitérer la réflexion une dizaine de fois. Puis dans la salle quatre, ils devaient arriver au bout d'un parcours d'obstacle sans se faire toucher par des stupéfix itinérants. Dans la cinquième salle, la porte menant au monde suivant était fermée par trois cadenas et ils ne pouvaient pas les ouvrir avec la magie. Donc ils durent fouiller dans des bassins d'eau et des bacs à sables afin de trouver les trois clés correspondantes. Quand ils en sortirent, leurs combinaisons étaient aussi sales que s'ils s'étaient rués dans de la boue. Dans le sixième monde, un labyrinthe se présenta à eux et, au centre, se trouvait un grand escalier en colimaçon menant à la septième salle au-dessus d'eux.
Enfin, dans le dernier monde, il ne fallait pas avoir le vertige. Et Daphné ne l'avait pas. Absolument pas. Mais elle volait rarement et trouvait plus sécurisant de voler sur un balai que de marcher sur une corde de huit mètres de long au-dessus d'un trou profond de six mètres. Harry, lui, semblait à l'aise et resta donc entre Tracy et elle. Il vérifiait ce que faisait Tracy qui avançait à une lenteur d'escargot et jetait fréquemment des regards derrière lui pour vérifier que Daphné n'avait pas trop de mal à les suivre. Elle ne savait pas si elle devait en être agacée –elle n'était pas en porcelaine- ou touchée par son attention.
Quand ils eurent fini le parcours, Daphné pensa qu'ils devaient être quatrièmes ou cinquièmes mais fut étonnée quand l'homme qui les attendait dans la salle suivante leur annonça qu'ils étaient en fait deuxièmes. Ils n'avaient pas gagné mais elle dut s'avoue que Tracy avait eu une excellent idée : elle s'était vraiment amusée et il semblerait qu'Harry aussi.
Dans l'ombre de son manoir, Lucius Malfoy buvait, l'air victorieux, son verre de vin. Il était actuellement seul, assis dans son bureau, à savourer ses réussites. Sa femme était partie quelques minutes plus tôt rejoindre deux de ses amies pour boire le thé et Drago pratiquait sur leur terrain de Quidditch privé depuis une heure déjà.
Le silence qui régnait était délicieux.
Cela lui avait pris des mois de durs labeurs pour arriver à ses fins : compliments doucereux, pots-de-vin judicieusement placés, accidents malencontreux, bouche-à-oreille, menaces contre les détracteurs et promesses envers ses 'alliés'. Et enfin, son plan avait été mis à exécution il y a quelques semaines : le Tournoi des Trois Sorciers avait été réinstauré et Poudlard allait accueillir l'événement cette année…
