Chapitre 8

Quand Harry retourna dans la jungle le lendemain, il était tôt. Sirius et Remus dormait encore à poing fermé mais, excité par la chouette journée qu'il avait passé la veille, lui n'arrivait plus à dormir. De plus, il avait bon espoir qu'un jour il reverrait les petites créatures volantes.

Il se doutait qu'elles ne devaient pas voir d'humain tous les jours. Peut-être était-il le premier qu'elles voyaient. En tous cas, il espérait en avoir ne serait-ce qu'un bref aperçu avant de partir deux jours plus tard.

Comme il le faisait depuis plus d'une semaine, il s'installa contre le rocher d'où il les avait vues pour la première fois et médita. Sa posture et son calme les aiderait peut-être à l'approcher sans crainte et lui permettaient de renforcer ses boucliers mentaux en même temps.

Habituellement, il ne restait qu'une heure, voire une heure et demie. Mais, comme il était tôt et que son parrain et son oncle ne se lèveraient pas avant un moment, il allait pouvoir rester deux fois plus longtemps.

Concernant son Occlumancie, il voulait donner l'illusion qu'il était faible afin que tout Legilimens qui s'introduirait un jour dans sa tête s'y ''casse une dent''. Pour cela, il voulait s'inspirer d'un conte moldu, l'un des seuls dont il avait pu profiter quand il était petit : les trois petits cochons.

Il construisit donc, comme premier bouclier, une solide et épaisse couche de paille. Ainsi, un Legilimens non inverti chercherait « l'aiguille dans une botte de foin ». Cette ''aiguille' serait la deuxième couche : du bois.

Pour cette deuxième couche, il comptait utiliser une autre expression qu'il connaissait, une expression utilisée pour avoir de la chance : « touchons du bois, touchons du singe ». Ainsi, entre la première et la deuxième couche, se baladerait un singe tellement rapide qu'il serait presque impossible à attraper. Or, il faudrait toucher ce singe puis toucher le bois pour passer sa deuxième couche de bouclier.

Pour la troisième et dernière couche, du moins pour l'instant, il construisit un mur de briques infini. Certains sorciers penseraient peut-être à l'ouvrir comme le passage menant au Chemin de Traverse. Sauf que le tout était de briser le mur en enlevant la bonne brique. Et seul lui savait de laquelle il s'agissait.

Alors qu'il vérifiait et consolidait la moindre faille, sa concentration fut perturbée par quelque chose. Il ouvrit les yeux et vit, assise sur son genou droit, la petite créature aux cheveux verts et bruns qui l'avait approché quelques jours plus tôt.

- Zzzzz ! ZzzzzZzZZZZzZZZ !

Harry ouvrit grand les yeux : il était fasciné par la petite créature. Elle claquait sa queue de démon comme un fouet, le pointai du doigt et s'exprimait avec des petits sons faisant penser au kazoo. Puis elle arrêta de parler et de gesticuler et se contenta de le regarder en penchant sa tête, une fois à droite, une fois à gauche.

- Bonjour toi, tenta prudemment Harry. Je suppose que tu es un garçon ?

Le petit être bomba le torse fièrement et hocha la tête furieusement.

- Tu comprends ce que je dis ?! S'étonna-t-il.

- ZzZ ! Lui répondit-il en hochant la tête.

- Moi, par contre, je ne comprends pas ton langage. Tu peux dire oui puis non pour que je saisisse la différence ?

- ZzZ !

Il hocha tête.

- ZZz !

Il secoua la tête de droite à gauche.

- Tu veux bien te poser sur ma main ? Je voudrais te voir de plus près.

Le petit être ailé s'envola pour se poser sur la main d'Harry et le regarda, la tête penché.

- Dis-moi, est-ce que tu connais la magie ?

- ZzZ !

- Comme tu es petit, je me demandais si tu me laisseras te grandir un peu grâce à la magie ? Mais juste pour une minute, hein ! Après, je te rends ta petit taille.

La créature pencha la tête de l'autre côté, sans rien dire, pensive.

Puis elle flotta juste au-dessus de sa main.

- ZzZ !

- Pour lancer ce sort, je dois utiliser ma baguette, donc n'aie pas peur.

Sans le quitter des yeux, Harry sortit sa baguette et prononça la fameuse formule :

- Amplificatum !

Le petit être doubla de taille soudainement.

- Alors, tu as une queue fourchue, comme les diablotins, avec des petites piques à l'extrémité et, contrairement au reste de ton corps, elle est violette. Tu es vert de la tête aux pieds et as des cheveux verts et bruns. Tiens, tu as… On dirait des piercings ! C'est dingue ! Regarde, moi aussi j'en ai un, dit Harry en lui montrant l'émeraude à son oreille.

- ZZZZZZZZZzz ! S'exclama la créature, toute excitée.

- Et tu as la pupille vert clair et tes iris sont vert foncé, mais ça tire vers le marron. Et… qu'est-ce que tu fais ?

L'être volant était maintenant contre son torse et touchait le tissu de son t-shirt avec ses mains et y plongeait même son visage.

- Tu aimes mon t-shirt ?

- ZzzzZz ?

- Le tissu que je porte comme habit, ça s'appelle un t-shirt. Tu l'aimes ?

- ZzZ !

- Tu en voudrais un ? Je pourrais en miniaturiser un à moi.

- ZzZ ! ZzZ ! ZzZ ! S'exclama-t-il.

- Je pourrais t'en ramener un demain si tu penses pouvoir revenir ?

- ZzZ !

- Bon, je te rends ta taille normale. Finite !

L'être ailé reprit sa petite taille.

- Bon, je vais m'en aller. Je te ramène ton t-shirt demain, d'accord ?

- ZZz !

- Non ? Pourquoi ?

Le petit être se posa sur son épaule et le regarda.

- Tu veux… venir ? Avec moi ?

- ZzZ !

- Eh bien, d'accord ! Allons-y ! Mais sache que je ne suis pas tout seul. Mon parrain et mon oncle seront là aussi et ils pourront te voir.

Il haussa les épaules et fit claquer sa queue comme un fouet.

- Ca veut dire que tu t'en fiches ?

- ZzZ !

- Ok, alors.

Harry se leva et s'épousseta.

- Il va falloir que je t'appelle autrement que «créature » ou « petit être volant », tu ne penses pas ? Est-ce que tu as un nom ?

- ZzzzZz ?

- Moi, je m'appelle Harry. Tu veux que je te trouve un nom ?

- ZzZ !

- Bon. Je n'avais jamais entendu parler de créature comme toi avant de te rencontrer. Je ne sais toujours pas ce que tu es d'ailleurs. Tu es donc nouveau pour moi.

Harry réfléchit.

- Dans le monde moldu, la technologie et surtout les ordinateurs évoluent. J'ai entendu un terme il n'y a pas longtemps. Je ne sais pas ce qu'il signifie mais je pense que ça pourrait te plaire. Pixel ? Ça te plait comme nom ?

La créature pencha la tête sur le côté, sans rien dire, pensive. Puis elle regarda Harry avec un grand sourire et dit :

- ZzZ !

- Génial ! Alors, enchanté de te connaître Pixel !

3 août

Harry était prêt à partir. Il attendait avec Sirius que Remus soit prêt lui aussi.

En attendant, il observa tendrement son nouvel ami. Pixel était endormi dans la poche de sa chemise, se trouvant au niveau de son cœur. Il s'était attaché à ce petit être pendant ces deux derniers jours et, apparemment, l'attachement était réciproque puisque Pixel ne voulait plus le quitter.

Quand il était revenu de sa méditation dans la jungle avec Pixel sur son épaule, Sirius avait été étonné et Remus fasciné par cette petite créature, dont ils ignoraient jusqu'alors l'existence. Il avait pensé qu'en voyant Pixel, plutôt qu'en écoutant la description qu'Harry en faisait, Sirius ou Remus saurait de quelle créature il s'agissait. Mais non.

Quand il put rentrer dans le bungalow après le déjeuner, il fit choisir un t-shirt à Pixel. Sauf qu'aucun, à part celui qu'il portait, ne lui convenait. Il a donc dû se résoudre à enlever son t-shirt pour le dupliquer et en miniaturiser un pour que Pixel l'enfile. Puis Pixel tira sur un bout de laine qui dépassait de son armoire. Il s'agissait de son écharpe rouge et or. Il la dupliqua elle aussi et la miniaturisa. Par contre, il dû montrer à son ami comment la porter. Finalement, il décida de lui proposer un jean miniaturisé et Pixel l'enfila sans mot dire.

Même s'il ne comprenait pas vraiment le langage de Pixel, il comprenait la différence entre oui et non et quand il ne comprenait pas quelque chose. Il avait aussi compris qu'il claquait sa queue comme un fouet pour capter son attention ou quand il était agacé.

S'agissant de sa nourriture, il ne l'avait vu manger que des végétaux jusqu'à la veille. La nuit dernière, comme il ne pourrait plus revoir son parrain avant un moment, il avait eu l'idée d'allumer un feu et de faire griller des marshmallows et de les manger avec des biscuits et du chocolat fondu, comme il l'avait fait au Manoir Greengrass. Les américains appelaient cela des s'more car ils en veulent toujours plus (« some more »). Pixel, curieux, avait voulu gouter à la guimauve et il avait adoré ça. Il s'en était goinfré toute la soirée puis s'était endormi, le ventre plein.

Quand il lui avait expliqué hier qu'il devait partir de l'île et qu'il n'y reviendrait peut-être pas avant longtemps, il voulait faire comprendre à Pixel qu'il devrait rejoindre les siens. Mais il avait secoué la tête et était rentré dans la poche de sa chemise. Harry en avait alors conclu, heureux, que son nouvel ami quittait l'île avec lui.

6 août

Merci aux elfes de maison et à leur incroyable pouvoir. Il ignorait comment il se serait rendu à Manchester à temps s'il n'y avait pas eu Dobby pour l'y emmener.

Il était actuellement dans une sorte de salle d'attente devant le bureau d'Hélène Marchalls. Pour l'occasion, il avait chaussé des chaussures de villes italiennes noires, un pantalon de smoking de la même couleur et une chemise blanche assortie d'une cravate bleu marine.

Il avait, sous le bras, une chemise en carton contenant quelques documents : des idées de nouvelles recettes, les chiffres de l'entreprise des vingt dernières années, le coût des nouvelles installations et des plans de la reconstruction de l'agrandissement de l'entreprise.

Quelque peu stressé par ce rendez-vous d'affaires, il était arrivé avec trente minutes d'avance. Madame Marchalls avait été prévenue de son arrivée et terminait son entretien avec une autre personne. Cela lui laissait le temps de repenser à son retour chez le Dursley et aux lettres qu'il avait reçu durant son absence.

Quand il était rentré trois jours plus tôt, il remercia intérieurement Dobby d'avoir pensé à faire rentrer les hiboux afin de récupérer le courrier. Il pouvait très bien imaginer la tête de son oncle si cinq hiboux restaient perchés à sa fenêtre. Il y avait deux lettres de Ron, une d'Hermione, une de Poudlard et une de Daphné.

Après avoir métamorphosé une boîte allumette en petit lit pour Pixel, il s'était empressé de lire les lettres de ses meilleurs amis et d'y répondre, envoyant Hedwige sans tarder. Il lut la lettre de Poudlard qui, sans surprise, contenait l'habituelle liste d'affaires à avoir pour la rentrée ainsi que la liste des nouveaux livres à acheter. Ce qui l'étonna, par contre, fut la demande d'achat d'une robe de soirée.

Ensuite, il avait lu la lettre de Daphné. Celle-ci lui demandait, ne sachant pas quand il reviendrait de vacances, s'il acceptait de revenir au manoir Greengrass le samedi 10 ou 16, selon la date de son retour. Elle prendrait le fait de ne recevoir aucune lettre avant le vendredi 9 ou le vendredi 15 comme une indication de son non-retour chez son oncle.

En écrivant sa lettre de confirmation de sa venue pour le samedi 10, Harry avait longuement réfléchi à sa relation amicale avec Daphné. Tracy ne serait plus là, n'étant invité que durant le mois de juillet par Daphné, et ils ne seraient donc que tous les deux. Enfin non, trois avec Astoria, sa sœur. Celle-ci avait résidé chez ses grands-parents maternels en France depuis leur retour de Poudlard et revenait ce vendredi au manoir.

Il se demandait comment il devait réagir avec Astoria et comment elle agirait avec lui. Il espérait que cela ne changerait rien au comportement de Daphné avec lui.

Pixel se tortilla dans sa poche. Il dormait depuis plus d'une heure et c'était maintenant que son ami se réveillait.

- Pixel, je suis à un rendez-vous très important, d'accord ? Alors ne te montre pas et ne fais pas de bruit.

- ZzZ !

Plus vite qu'il ne l'aurait cru, la porte du bureau s'ouvrit et un homme très vieux portant une valise en sortit à la hâte. Derrière lui, se trouvait, en tailleur gris, une dame d'environ soixante ans ayant des cheveux châtains, mêlés de mèches grises, et un air sévère. Hélène Marchalls lui faisait penser au professeur McGonagall.

Cette dernière pensée le fit se lever et s'avancer vers elle. Quand elle le vit, son expression s'adoucit et un sourire apparut sur son visage.

- Monsieur Potter ! Je suis enchantée de vous connaître ! Hélène Marchalls, propriétaire de l'entreprise créatrice de la célèbre bière au beurre, dit-elle en lui serrant la main.

- Madame Marchalls, c'est également un plaisir pour moi de vous connaitre et de pouvoir faire affaire avec vous.

- Je vous en prie, entrez et installez-vous.

Lorsqu'il entra, Harry observa la pièce. La moquette était mauve, ainsi que les murs. Le mobilier était en bois clair, il y avait quelques photos sur les murs mais la décoration était très simpliste, presque impersonnelle. Il s'installa sur une chaise en cuir face à son interlocutrice et attendit.

- Je dois dire que j'ai été assez surprise de votre intérêt pour mon entreprise. Si vous voulez acheter des parts de ma société et donc participer à son agrandissement et, peut-être, à son évolution dans le futur, sachez qu'il me faudra plus que la promesse d'une grosse somme d'argent.

- Vous pourriez donc refuser mon investissement dans votre entreprise malgré la faillite imminente qui vous menace ? Est-ce vraiment ce que vous voulez pour cette entreprise que vous avez bâtie à partir de rien avec votre famille ? Est-ce vraiment ce que vous voulez pour cette entreprise qui fabrique chaque jour des millions de litres de la boisson préférée des sorciers anglais ? La mener à la faillite ? S'étonna-t-il.

- Sachez, Mr Potter, malgré la grande admiration que je vous porte, que je pourrais refuser votre investissement dans mon entreprise si tout ce que vous y voyez est un revenu supplémentaire.

- Madame Marchalls, je ne considère pas votre entreprise comme une banque. Je fais des investissements non pas pour l'argent qu'ils me font gagner mais pour les avantages que cela apporte à ma famille et aux gens que j'aime. Regardez plutôt ici, dit Harry en sortant et en lui montrant une feuille sur laquelle on pouvait voir les chiffres de la société en baisse durant les dix dernières années. La bière au beurre est appréciée de tous les sorciers anglais, il n'en fait aucun doute. Mais peu d'endroits peut se targuer d'avoir le privilège de pouvoir en servir. De plus, votre projet d'exporter votre recette est tombé à l'eau à cause de Voldemort qui a pris un malin plaisir à détruire votre village et votre entreprise il y a vingt ans.

- Vous ne m'apprenez rien, Mr Potter. Je connais les faits.

- De votre point vue, oui mais pas du mien. Je suis venu ici, non pas uniquement pour vous donner l'argent nécessaire à la reconstruction de l'agrandissement que vous aviez commencé avant ma naissance, mais également pour vous proposer des choix. J'ai ici, dans ce dossier, des idées de nouvelles recettes, les noms de gens à l'étranger qui sont prêts à vendre vos produits en votre nom. Si vous acceptez mon aide et mon argent, vos locaux ici seront agrandis, ils seront multipliés autant de fois que vous le voudrez au Royaume-Uni. Vous pourrez en vendre aux quatre coins du monde. Tous les sorciers du monde entier connaitront votre label. Pensez-y.

Lorsqu'il arrêta de parler, Harry dut reprendre son souffle. La femme devant lui avait le menton appuyé dans sa main et le regardait, pensivement. Il essaya de rester stoïque durant les cinq longues minutes que durèrent sa réflexion puis elle parla.

- Vous avez beaucoup de charisme et de persuasion pour votre jeune âge, Mr Potter. Je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que vous soyez aussi sérieux. Il est vrai que, quand j'ai commencé à construire l'agrandissement de mon entreprise, j'envisageai de construire des implantations ailleurs sur notre territoire et de commercialiser la bière au beurre à l'étranger. Mais, comme vous le savez sans doute, Voldemort n'a pas que détruit mon entreprise il m'a aussi pris mon mari et mon fils ainé. Si vous ne l'aviez pas arrêté, j'aurai peut-être perdu mon fils cadet, alors en âge de se battre dans la résistance.

Harry se détendit. Le rendez-vous se passait bien.

- Si vous le voulez bien, je vais m'adresser à votre gestionnaire gobelin concernant l'argent que vous allez engager dans cet investissement et m'entretenir avec vous à propos de ces idées que vous avez eues. Cela vous va-t-il, Mr Potter ?

- Ca m'ira à partir du moment où vous m'appellerai par mon prénom. Mr Potter me fait sentir vieux.

- Très bien Harry alors adressez-vous à moi comme Hélène, je vous prie.

- J'essaierai mais je ne vous promets rien.

Appeler un adulte par son prénom lui était aussi difficile que de le tutoyer.

- Concernant mes idées, j'avais pensé à trois nouveaux sodas, toujours sur des goûts sucrés et farfelus : un aux cacahuètes grillées, un à la barbe à papa et un autre à la pomme d'amour. Puis j'avais aussi pensé qu'on pourrait augmenter de degré d'alcool de la bière au beurre pour les adultes et créer une autre bière mais à la vanille et aux épices.

- Bien, j'en prends notes.

- Je me disais aussi que, pour faire découvrir ces nouvelles saveurs et pour relancer votre entreprise, vous pourriez faire des offres spéciales pour des occasions spéciales comme Noël ou la St Valentin. Vous pourriez les faire découvrir en les vendant par pack : un pack spécial soda et un pack juste pour les bières.

En prenant notes, Hélène Marchalls sourit.

- Nous, adultes, pensons tellement à la technique et à la recette derrière le produit que nous en perdons notre imagination. J'imagine que vous n'avez pas de recette pour créer ces boissons et, pourtant, vous avez d'excellentes idées. Je pense que nous allons faire de très bonnes affaire Harry.

10 août

Portant un t-shirt vert cette fois et un bermuda gris, Pixel dut se réfugier dans son t-shirt le temps du voyage en cheminette. Il avait été vague au sujet de Pixel, écrivant dans sa lettre à Daphné qu'il voulait lui présenter quelqu'un. Elle n'avait pas été avare non plus en détails, concernant la présence de sa jeune sœur et ce qu'elle prévoyait pour cette journée.

Quand il arriva au manoir Greengrass, Zéphir vint lui souhaiter la bienvenue et lui indiqua que Daphné et Astoria se trouvaient dans le jardin. Lorsqu'il partit prévenir ses maîtresses de son arrivée, Pixel sortit de son t-shirt et s'envola dans la pièce, furetant dans chaque recoin.

- Pixel, arrête de faire ton curieux, nous sommes des invités ici. Je dois te présenter de nouvelles personnes, alors sois tranquille.

- ZzZ !

Le nix, comme Harry s'amusait à appeler l'espèce à laquelle appartenait son ami ailé, vint s'assoir sur son épaule sagement. Connaissant le chemin, Harry sortit du hall d'entrée et traversa la salle à manger, puis la cuisine avant de sortir dans le jardin.

Au loin, il vit les deux filles au bord de la piscine, debout près des chaises longues. En s'approchant, il les entendit parler assez fort : elles semblaient se disputer. Alors il s'arrêta, pas certain de ce qu'il devait faire : devait-il s'approcher, rester là où il était ou repartir ? Inquiet, Pixel rentra se cacher dans son t-shirt.

Après quelques tirades supplémentaires de la part de Daphné, elles se tournèrent vers lui et son amie l'invita d'un geste à les rejoindre.

- Salut, Harry, dit-elle. Je te présente ma sœur Astoria, elle va entrer en deuxième année.

Il regarda sa sœur. Elle ressemblait beaucoup à Daphné, bien que ses cheveux soient ondulés et plus foncés. Sans doute tenait-elle ses caractéristiques physiques davantage de son père et Daphné de sa mère mais on voyait très bien qu'elles étaient sœurs.

- Salut Astoria. Dis-moi, pourquoi Daphné ne m'avait jamais dit qu'elle avait une sœur encore plus jolie qu'elle ? Tenta-t-il pour la faire sourire.

Mais cela provoqua l'effet inverse.

- Pourquoi elle parlerait à un Gryffondor ? Et surtout à toi, Potter ?

Aïe. Les sœurs Greengrass avaient toutes deux un fort caractère.

- Peut-être parce que je suis sympas ? Ou juste irrémédiablement drôle ?

- Sympas, oui. Drôle, ça reste encore à voir, intervint Daphné.

- Tu n'es pas très gentille, Daphné. Et toi Astoria, à ton avis, pourquoi Daphné me parlerait alors qu'on ne s'était jamais parlé avant juin de cette année ?

- Parce que tu fais pitié ? Dit-elle méchamment. Ou peut-être parce qu'elle peut tirer quelque chose de ta célébrité ?

- Astoria !

Autant Daphné n'était pas du genre à prendre la défense d'Harry, elle fut choquée par la méchanceté de sa sœur.

- ZZzzz ! zzzzZzZZZ ! S'ébroua Pixel en sortant soudainement de son t-shirt. Il s'envola vers Astoria et lança des zozotements et des bruits perçants juste devant son visage.

La jeune fille de douze ans, surprise, ouvrit grand les yeux et resta figée. Harry regarda Daphné qui était presque dans le même état. Il éclata de rire tellement leur expression faciale était drôle.

- Pixel, je te remercie mais je n'ai pas besoin que tu prennes ma défense, dit-il en essayant de reprendre son sérieux. J'aurais voulu vous le présenter autrement mais vous ne m'en avez pas vraiment laissé l'occasion.

- ZzzzZz ? Dit Pixel en se tournant vers lui.

Puis il haussa les épaules en revenant s'assoir sur son épaule.

- Harry, qu'est-ce que c'est que ça ? demanda très lentement Daphné, en suivant Pixel du regard.

Astoria ne pipa mot mais regardait Pixel, fascinée.

- Ca, c'est un nix. Enfin, c'est comme ça que je les appelle car je ne savais pas que des créatures comme lui existaient avant de le rencontrer. Et ça n'aime pas qu'on parle de lui comme s'il ne comprenait pas ce qu'on disait.

- Il comprend ce qu'on dit ? S'étonna Astoria.

- Pixel est très intelligent. Par contre, je ne comprends pas toujours ce qu'il dit. Je sais quand il ne comprend pas quelque chose à son intonation et à son expression, quand quelque chose le contrarie il claque sa queue comme un fouet et je sais faire la différence entre oui et non.

- C'est… surprenant, répondit Daphné.

- Est-ce que je peux le toucher ? Demanda Astoria en approchant un doigt.

- Ca, ce n'est pas à moi qu'il faut le demander.

- ZZz ! S'exclama Pixel en croisant les bras et en détournant la tête.

- J'imagine que ça veut dire non ? Dit Daphné avec son habituel sourire en coin.

- Tout juste.

- Et moi Pixel ? Je peux te toucher ? demanda la brune.

La petite créature la regarda puis décroisa les bras en regardant Harry. Celui-ci hocha la tête pour confirmer qu'elle ne lui ferait pas de mal. Alors Pixel s'envola doucement de l'épaule d'Harry et se dirigea vers Daphné.

- ZzZ !

- Ca veut dire oui, l'informa Harry.

Daphné tendit la main et Pixel se posa dessus, les mains sur la taille.

- Bonjour Pixel, je m'appelle Daphné. Tu as de beaux vêtements, ils te vont très bien.

Pixel rougit.

- Je vois que tu essaies de le corrompre avec ton écharpe rouge et or, constata-t-elle en se tournant vers le Gryffondor. Je suis persuadée que si je lui montrai une écharpe vert et argent, il en changerait immédiatement. Ça te plairait une nouvelle écharpe Pixel ? Demanda-t-elle au petit nix.

- ZzZ ! ZzZ !

- Bien, je vais la chercher, attends-moi là.

Daphné s'en alla à grandes enjambées vers le manoir. Pixel flottait au même endroit où se trouvait Daphné avant de s'en aller. Astoria, qui n'avait plus rien dit depuis le refus catégorique de Pixel de le toucher, ouvrit la bouche deux fois sans rien dire puis prit la parole en regardant le nix :

- Pixel, je m'excuse pour ce que j'ai dit plus tôt. Je ne devrais pas dire de méchancetés à quelqu'un sans connaitre la vérité, dit-elle, ressemblant alors à une enfant que sa mère venait de gronder.

Puis elle se tourna vers Harry et soupira.

- Je … Je m'excuse pour ce que j'ai dit.

Il semblait qu'elle avait eu beaucoup de mal à dire ces mots.

Puis ils s'assirent chacun sur un transat, Harry regardant en direction du manoir dans lequel Daphné venait d'entrer.

- Daphné m'a expliqué ce matin, dit soudainement Astoria, que vous aviez commencé à vous parler quand elle a accepté de t'aider pour quelque chose et que depuis vous êtes amis. Elle a dit que ce que dit Draco sur toi n'est pas tout à fait vrai. Je crois qu'il dit tout ça juste parce qu'il ne t'aime pas.

- En même temps, Malfoy m'apprécie autant que moi je l'apprécie, dit-il avec un rire jaune. La première fois que je l'ai rencontré, une de ses premières questions a été de savoir si mes parents étaient des sorciers ou des moldus. Bien sûr, à l'époque, il ignorait qui j'étais. La fois d'après, c'était dans le Poudlard Express. Il a su qui j'étais et m'a proposé son amitié. Mais j'ai refusé.

- Tu as refusé ? S'exclama-t-elle avec des yeux horrifiés. Mais c'est Draco Malfoy !

Elle l'avait dit, comme si Malfoy était une idole.

- Oui, j'ai refusé. Je ne le connais pas vraiment, c'est vrai, mais on dit que la première impression fait tout. Et quand il m'a proposé son amitié, il a dit qu'il me présenterait des personnes dignes de mon importance, des personnes autres que les saletés indignes et inférieures se trouvant dans le même compartiment que moi. Il parlait de Ron et d'Hermione. Je n'étais pas encore ami avec Hermione à ce moment-là mais Ron était la toute première personne à me témoigner de l'amitié. J'ai rejeté Malfoy parce qu'il avait insulté mon ami.

Il s'interrompit pour réfléchir à ce qu'il allait dire.

- Alors, non, je ne connais pas vraiment Malfoy mais je sais de lui qu'il est arrogant, imbu de lui-même et qu'il se prend pour ce qu'il n'est pas. Et je n'aime pas les gens comme ça.

Un long silence régna alors qu'Astoria réfléchissait en regardant ses pieds.

- Je ne savais pas ça, finit-elle par dire.

- Il y a beaucoup de chose que beaucoup de gens ignore.

Il y eut un bref silence entre eux.

- Au fait, j'accepte tes excuses et je suis sûre que Pixel aussi

- ZzzzZz ?

- Fais pas semblant de ne pas comprendre, crapule ! Allez, approche-la !

Pixel fit un bruit d'indignation puis croisa les bras.

- Allez, fais pas ta tête de mule, elle s'est excusée.

Le petit nix fit claquer sa queue et s'envola vers elle, toujours les bras croisés. Astoria tendit la main comme Daphné l'avait fait plus tôt et il se posa dessus.

- Tu es très beau Pixel. J'aimerai beaucoup être ton amie. Et Daphné avait raison tout à l'heure : une écharpe vert et argent te siéra bien mieux au teint !

Pixel fit des bruits de kazoo, puis décroisa les bras. Une petite rougeur était apparue sur ses joues.

- ZZZzZZZ !

Et il lui fit un bisou sur la joue.

- Alors ça, c'est nouveau, s'exclama Harry. Et j'ignore si ça veut dire « excuses acceptées » ou tout simplement « merci ».

Astoria éclata de rire.

- Je vois qu'on s'amuse en mon absence, bande de traitres ! J'ai retrouvé mon écharpe aux couleurs de Serpentard, dit Daphné en revenant deux minutes plus tard.

- Tu peux la dupliquer et la miniaturiser ?

- La miniaturiser, je peux mais je ne connais pas le sort pour la dupliquer.

- Alors, je vais le faire.

Et, une minute plus tard, un nix tout content fit l'acquisition d'une toute nouvelle écharpe.


Au soir, lorsqu'il fut l'heure pour Harry de partir, Daphné l'accompagna jusqu'à la cheminette.

- C'était chouette aujourd'hui, dit-il, s'attardant avant de partir.

- Oui, c'était une bonne journée, dû-t-elle admettre.

Harry soupira.

- Merci, au fait, de m'avoir laissé le temps de discuter avec ta sœur.

- Je me doutais bien que le sujet 'Draco Malfoy' viendrait sur le tapis. J'espère qu'il est descendu de son piédestal dans l'estime de ma sœur.

- Peut-être un peu. Mais elle semble lui vouer beaucoup d'admiration, dit-il en grimaçant.

- Oui, j'avais remarqué, dit-elle avec la même mimique.

- Bon, ben, à la semaine prochaine ? Tenta Harry en croisant les doigts.

- Si tu n'as rien de mieux à faire, se moqua-t-elle.

Il sourit puis partit dans un tourbillon de feu émeraude.

- Si tu sors avec lui, je ne dirais rien aux parents, dit une petite voix derrière la porte.

- Astoria !

17 août

Harry arracha les mauvaises herbes autour du parterre de fleurs et s'essuya le front à nouveau. Il faisait extrêmement chaud ce samedi-là et il aurait vraiment préféré le passer avec Daphné au bord de la piscine du Manoir Greengrass.

Malheureusement, ses plans étaient tombés à l'eau, sans jeu de mots. Quand il s'était réveillé dimanche dernier, sa tante l'avait averti que Miss Figg était passé la veille et avait demandé à le voir pour lui demander de désherber son jardin.

Sa tante lui avait dit qu'il était occupé à faire ses nombreux devoirs. Alors Miss Figg lui avait demandé de lui dire qu'elle l'attendait le samedi suivant.

Il ne pouvait pas en être sûr mais Harry pensa que Miss Figg avait compris qu'il passait plus de temps ailleurs que chez les Dursley. Voilà pourquoi il se retrouvait ici et non pas au Manoir Greengrass. Il n'avait plus qu'à espérer qu'elle n'en avait rien dit à Dumbledore.

22 août

Harry fut réveillé vers sept heures du matin par des coups de bec dans sa fenêtre. Il alla l'ouvrir et laissa entrer un petit hibou surexcité : Coquecigrue.

Quand il réussit à l'attraper, il put prendre la lettre qu'il lui livrait. Bien sûr, elle était de Ron. Surement lui parlait-il de la coupe du monde de Quidditch qui se jouerait deux jours plus tard. Quand il eut fini de lire la lettre de son meilleur ami, il était fou de joie : Arthur Weasley avait réussi à se procurer des billets et il y était invité ! De plus, les Weasley l'invitait à rester au Terrier jusqu'à la rentrée.

En même temps, il ne verrait plus Daphné avant d'aller à Poudlard et il était persuadé qu'elle n'agirait alors plus de la même façon que dans la zone restreinte mais chaleureuse qu'était son manoir et le jardin. À Poudlard, où tout le monde pourrait les voir, il savait qu'elle ne se risquerait pas à se montrer avec lui.

Il sortit sa malle de son armoire et y plaça autant de vêtements moldus que possible pour les week-ends et les multiples exemplaires de son uniforme qu'il avait. Il miniaturisa son coffret de potions, ses ustensiles et tous ses livres puis ferma sa malle. Ron viendrait le chercher le lendemain afin d'aller au Terrier.


La demi-géante pris sa plus belle plume et commença à écrire sa réponse sur le parchemin bleuté. Quelle grand honneur pour son institut d'avoir été choisi pour participer au Tournoi des Trois Sorciers !

Elle imaginait déjà Miss Delacour, Miss Dulac, Miss Jannot et Miss Vankurd mettre leur nom dans la Coupe de Feu. Ses élèves étaient si talentueuses et si braves ! Les jeunes sots de Poudlard n'avaient aucune chance contre les jeunes femmes de BeauxBâtons !