Note de l'auteur :

- Blablabla : du fourchelang ou des sorts.

Blablabla : des pensées.


Chapitre 13

- Pourquoi ça m'étonne ? Demanda rhétoriquement Daphné. C'est le ministère après tout une bande d'incompétents au pouvoir.

- Oui mais… des dragons quand même ! S'exclama à nouveau Tracy.

- Et tu connais l'objectif de la tâche ? Demanda Blaise calmement.

- Je sais juste qu'on doit voler une chose gardée par les dragons. Mais ils n'ont pas dit quoi.

- Les dragons sont d'excellents gardiens, fit remarquer le Serpentard. Les coffres les plus sécurisés de Gringott sont d'ailleurs gardés par des dragons aveugles.

- Tu maitrises le sort d'attraction et le sort de répulsion et tu maitrise les deux boucliers, releva Daphné d'un ton calme. Tout ce qu'on peut faire aujourd'hui c'est réfléchir aux objets que tu pourrais attirer ou repousser lors de l'épreuve et tester la résistance de ton bouclier.

- Quels objets pourrait-on utiliser ? On ne sait même pas à quel endroit se déroulera l'épreuve, dit la blonde.

- Alors réfléchissons aux objets présents dans le château qui pourraient s'avérer utiles, dit Blaise. Il y a des objets pour se cacher. Mais les dragons ont une vue et un odorat très développés. Un sort qui annihile l'odorat de quelqu'un ou un sort qui cache notre odeur pourrait s'avérer utile. Je ne connais pas le premier mais bien le deuxième. Il est très utilisé par les sorciers possédant des animaux dégageant de fortes odeurs.

- J'ai ce qu'il faut pour me cacher à la vue du dragon, fit remarquer Harry sans pour autant parler de sa cape devant Tracy et Blaise.

- Il y a aussi le fait qu'un dragon, même sans voler, pourra te rattraper en quelques pas. Alors s'il se met à voler et à cracher du feu, je ne préfère pas y penser, dit Tracy en faisant une grimace.

- Merci, dit Harry, ironique. Ça me rassure beaucoup Tracy.

Puis il eut une idée :

- Je pourrais appeler mon balai, dit-il ensuite.

- Le dragon sera surement attaché pour éviter qu'il ne s'échappe, raisonna Daphné. Son rayon d'action sera restreint. Tu pourrais effectivement appeler ton balai, t'éloigner du dragon pour qu'il ne puisse pas t'atteindre par son feu puis tu pourrais utiliser le sort de Blaise et te cacher. Ensuite tu pourras subtiliser l'objet de la tâche.

- Ca me parait être un bon plan, acquiesça lentement le jeune Potter.

- On a pensé à contrer toutes les particularités du dragon, à te mettre en sécurité et à réussir l'épreuve, lista le garçon Zabini. Je ne vois pas ce qu'on peut faire de plus avec le peu de temps qu'il reste avant mardi.

- L'épreuve aura lieu quelque part dehors. Je vais m'entrainer à appeler mon balai à différents endroits pour voir le temps qu'il met à venir jusqu'à moi.

- Mais d'abord, le sort olfactif. L'incantation est unguentum evanesco et tu pointes juste ta baguette sur toi. Le sort empêchera ton corps de dégager une quelconque odeur pendant environ quinze minutes.

- Blaise et moi retournons en salle commune. Daphné, tu nous rejoins quand tu as fini ?

- Oui, bien sûr. A tout à l'heure.

- Bonne chance Harry on est avec toi, lui dit Tracy avant de partir.


Après avoir parlé quelques minutes avec Daphné et vérifié qu'ils n'avaient rien oublié pour la première Tâche, Harry s'était rendu près de la cabane d'Hagrid pour appeler son Eclair de Feu. Madame Pomfresh ayant annulé leur séance de médicomagie pour aujourd'hui, il avait tout le temps de se préparer. Après avoir lancé le sort d'attraction, il compta les secondes. Une. Deux. Trois. Quatre. Il sauta sur son balai après être arrivé à neuf. Il se rendit à la fenêtre du dortoir des quatrièmes années de Gryffondor qui était déjà ouverte et y entra.

Il devait faire un deuxième essai.

Il reposa son balai sur son lit et se rendit aussitôt sur le Terrain de Quidditch, passant par trois passages secrets et réitéra l'expérience une fois au milieu du terrain. Un. Deux. Trois. Son balai se retrouva dans sa main lorsqu'il arriva à treize.

Harry avait attiré à lui son balai aux deux endroits les plus éloignés du château, à part les tréfonds de la forêt interdite, et chacun aux opposés du parc. Donc lorsqu'il appellerait son balai le jour de la tâche, il devra laisser la fenêtre du dortoir ouverte et ne pas mourir sous les flammes du dragon pendant une dizaine de secondes.

Vu l'heure tardive, il ne pouvait rien faire d'autre aujourd'hui. Il rentra au dortoir en balai, referma la fenêtre et alla se coucher. Il était seul dans le dortoir et l'absence des ronflements de Ron lui permirent de s'endormir rapidement.

Le lendemain, il y avait cours. Harry essaya de ne pas penser au lendemain en se concentrant sur les cours mais il eut beaucoup de mal à ne pas être distrait. Il allait se trouver face à un dragon. Il y avait des chances pour qu'il soit gravement blessé. Il pourrait mourir sous le feu du dragon ou sous le poids de ses immenses pattes griffus ou encore projeté contre un mur sous la force des rafales provoquées par ses ailes.

Lorsque la sonnerie annonçant la fin des cours retentit, Harry réalisa qu'il n'avait pas vu la journée passer. Dans moins de vingt-quatre heures, il affronterait un dragon. Dans moins de vingt-quatre heures, toute l'école comprendrai qu'il fallait être fou pour vouloir participer à ce tournoi et qu'il n'avait pas mis son nom dans la coupe ni demandé à quelqu'un d'autre de plus âgé de le faire pour lui.

Ils sauraient.


Krum était appuyé contre le poteau central de la tente où étaient réunis les champions, raide comme un piquet, les yeux fixant un point invisible face à lui. La fille française -Fleur Delacour- était assise sur une chaise la tête dans les mains, blanche comme un linge. Cédric Diggory, le septième année de Poufsouffle, faisait les cent pas, passant devant Krum et Harry, s'arrêtant face à Fleur Delacour puis repartant dans l'autre sens. Harry était assis sur le bord d'un des lits –sans doute serviraient-ils s'ils étaient blessés pendant la première tâche-, les mains jointes et les paupières closes.

Il parcourait son esprit, admirant la solidité de ses barrières et s'arrêtant devant l'ébauche de son dernier mur psychique. Si quelqu'un venait à passer ses boucliers, il finirait engluer dans une toile d'araignée collante face à lui. Seul Harry pouvait la contourner à l'aide des griffes tranchantes de son animagus félin. Aucun sort ne causerait de dommages à sa toile, seules des griffes animales pouvaient en couper les fils.

Pratiquer l'occlumencie pour terminer son quatrième et dernier piège l'apaisait. Il ne ressentait ni son stress ni celui de ses concurrents n'entendait plus les bruits à l'extérieur de la tente ni Diggory faire les cents pas et ne pensait plus à ce qui allait se passer.

Il fut sorti du silence réconfortant de son esprit par Diggory qui lui secouait l'épaule. Les trois directeurs, Mr Croupton et Ludo Verpey étaient entrés dans la tente et le directeur du Département de la coopération magique internationale tenait un sac en main.

- Champions, rassemblez-vous, incita Dumbledore d'un signe de la main.

- Ca y est tout le monde est là. Il est donc temps de vous mettre au courant ! dit Verpey d'un ton enjoué. Lorsque le public se sera installé, je vous demanderais de piocher à tour de rôle dans ce sac.

Il leur montra un petit sac de soie pourpre qu'il agita devant eux.

- Vous allez tirer un modèle réduit de ce que vous allez devoir affronter. La tâche consiste à vous emparer d'un œuf en or. Sans lui, impossible de continuer le tournoi vous serez disqualifié.

- Autour du cou de chaque modèle réduit tiré est accroché un chiffre, qui indique l'ordre de passage, précisa Croupton.

- Miss Delacour, honneurs aux dames, reprit intervint Dumbledore.

Fleur glissa la main dans le sac et en sortit prudemment le modèle réduit d'un dragon crachant du feu.

- Un Vert gallois ! Vous serez la deuxième à affronter votre dragon.

Ensuite, Krum chercha un dragon dans l'épais sac de velours et en sortit son modèle réduit.

- Un Boutefeu chinois, annonça Verpey de manière théâtrale. Vous être troisième, Mr Krum.

Puis ce fut au tour du Poufsouffle :

- Un Suédois à museau court, grimaça Verpey, impressionné. Vous serez le tout premier à affronter votre dragon, Mr Diggory.

Enfin Harry pris le dernier dragon du sac.

- Un Magyar à pointes ! Vous serez le dernier à passer, Mr Potter.

Aucun candidat des autres écoles n'était surpris : Fleur avait une expression de détermination résignée et Viktor n'avait même pas un battement de cils. Cédric, par contre, semblait surpris. Il avait les yeux fixés sur son modèle réduit, sonné par ce qu'il venait de découvrir. Harry en déduisit que Dumbledore était le seul Directeur à ne pas avoir triché et que, contrairement à Cédric qui était en septième année, lui n'aurait eu aucune chance de survivre à la première tâche si Hagrid ne l'avait pas prévenu pour les dragons et ne s'était pas préparé.

- Mr Diggory, au son du canon, vous… commença le Directeur de Poudlard.

*BOUM !*

Le concierge Rusard, assis sur le canon, avait malencontreusement activé ce dernier sonnant le début du tournoi.

- Bien, Champions, nous vous souhaitons bonne chance ! Leur dit Verpey. Mr Diggory, c'est à vous !

La mort dans l'âme, le Poufsouffle laissa le modèle réduit de son dragon sur une chaise, prit sa baguette et entra dans l'arène.

De la tente, ils ne voyaient ni n'entendait ce qu'il se passait dans l'arène. Ils ne pouvaient qu'entendre les rugissements du dragon de Cédric.

Krum avait repris sa place contre le poteau central et Fleur sur sa chaise. Harry, lui, se mit à faire les cent pas, son cœur battant trop vite pour qu'il puisse atteindre de nouveau son esprit et profiter du calme qu'il lui procurait.

Au bout de quelques minutes, ils entendirent le bruit du canon. La sorcière française ne leur jeta pas un seul regard, la main serrant tellement sa baguette qu'on voyait ses jointures blanchir, quand elle rentra dans l'arène à son tour.

Puis vint le tour de Krum et Harry se retrouva seul.

Intéressé par les dragons, il prit les modèles réduits de ceux de Krum, Delacour et Diggory et les mis avec le sien dans une boite avec des séparations pour qu'ils ne se blessent pas. Il pourrait récupérer la boite plus tard.

Ne pouvant fuir son stress grâce à l'occlumencie, il ferma les yeux et pensa à Daphné, qui devait se trouver dans les gradins avec tous les autres élèves de l'école. Lorsqu'il serait sur son balai, il ne pourrait pas la voir mais elle le verrait suivre leur plan. A la pensée que, plus vite son tour arriverait, plus vite la première tâche ne serait plus qu'un lointain et mauvais souvenir, son rythme cardiaque ralentit peu à peu.

*BOUM !*

Harry ouvrit les yeux. C'était à lui de jouer.

Il vérifia que sa cape tenait bien au niveau de sa ceinture, serra sa baguette et passa une main dans ses cheveux avant d'entrer finalement dans l'arène, plus terrifié que jamais.


Quand il ouvrit les yeux la première fois, la lumière agressa ses pupilles et il les referma aussitôt. Alors Harry fit bouger chacun de ses membres pour vérifier qu'il ne lui manquait rien et il eut une vive douleur à l'épaule gauche. Mais tous ces os étaient là. Il retenta d'ouvrir ses yeux, fit papillonner ses paupières pour s'habituer à la luminosité puis ses yeux s'y habituèrent. Mais il ne voyait qu'un plafond, couleur sable. Surement était-il dans la tente des champions.

- Harry ? Tu vas bien ?

Il reconnut la voix d'Hermione près de lui.

- J'ai eu un trou de mémoire, répondit simplement Harry, dépité, en la regardant.

- Tu ne te souviens pas de quoi Harry ? Demanda Ron, inquiet, de l'autre côté du lit.

Harry tourna la tête pour le regarder. Sans sourire.

- Qu'est-ce qui t'as fait changer d'avis à mon propos ?

Car si Ron était présent, c'est qu'il avait enfin réalisé qu'il lui disait la vérité depuis le début et que le seul idiot des deux, c'était bien lui.

- Je me suis rendu compte qu'il fallait être fou pour vouloir entrer dans ce tournoi. Je suis vraiment désolé, ajouta-t-il en baissant les yeux.

- Ouais, moi aussi je suis désolé. Je suis désolé d'avoir pour meilleur ami un gars qui n'a pas confiance en moi.

- Harry… tenta de l'arrêter Hermione.

- Non Hermione. Toi, t'as été là pour moi, pas lui, dit Harry.

- Harry vraiment… je suis vraiment désolé ! S'exclama le rouquin. J'étais jaloux, je pensais que tu étais entré dans le tournoi sans moi. Mais je sais maintenant que tu n'as jamais rien fait pour y rentrer.

- C'est justement ça le problème Ronald. Maintenant tu le sais. Il a fallu que je sois en danger de mort pour que tu t'en rendes compte. Mes vrais amis, eux, l'ont su dès le début que je n'avais rien fait.

- Harry, je…

- Va-t'en, finit par lui dire Harry sans le regarder.

Ron ouvrit de nouveau la bouche mais une petite créature volant à toute vitesse se planta devant lui et lui houspilla dessus avec des petits bruits de kazoo. Finalement, Pixel se posa sur l'épaule non douloureuse d'Harry et tira bruyamment la langue au jeune Weasley.

Comprenant que rien de ce qu'il pourrait dire n'arrangerait la situation pour le moment, Ron partit, sans un mot de plus.

- Harry, tu… tu ne crois pas que tu y es allé un peu fort ? S'inquiéta son amie.

- Absolument pas. Mais t'en fais pas, ce n'est pas parce que je ne suis plus son ami que tu dois cesser d'être la sienne, ajouta Harry, réaliste. Au fait, qu'a dit Mme Pomfresh sur mon état ? Lui demanda-t-il pour changer de sujet.

- Eh bien que tu t'en es remarquablement bien sortie considérant la situation. Bien sûr, elle a d'abord pesté sur la dangerosité du tournoi. Et tu as reçu une épine de la queue du dragon dans l'épaule, ajouta-t-elle, les yeux embués de larmes qu'elle s'évertuait à retenir.

- Ah, c'est donc ça, dit Harry en grimaçant.

- Tiens, dit Hermione en lui tendant la fiole qui se trouvait sur la tablette après s'être essuyé les yeux d'un revers de la main. C'est une potion pour la douleur. Madame Pomfresh te mettra une écharpe à son retour. Tu en as pour une semaine de potions et tu seras guéri a-t-elle dit.

- Ça aurait pu être pire, essaya de positiver le Survivant, grimaçant alors qu'il buvait la potion au gout infect.

- Et ça aurait pu être mieux, poursuivit soudainement une autre personne.

Daphné était apparu et se tenait à sa gauche –là où s'était tenu Ron quelques minutes plus tôt- devant le paravent qui les cachait des éventuels passants.

- Pourquoi tu n'as pas suivi le plan ? Demanda-t-elle furieuse.

- Salut Daphné, oui je vais bien et toi ? Je suis juste blessé à l'épaule mais je serais vite rétabli, tenta d'esquiver Harry avec un sourire qu'il avait voulu confiant.

La Serpentard plissa les yeux et le tapa légèrement à l'épaule. Harry perdit son sourire et serra les dents sous la douleur puis la potion fit effet et celle-ci s'évanouit.

- Au fait, Hermione, je ne t'ai pas présenté Daphné Greengrass avec qui je suis ami depuis quelques mois. Daphné, je te présente mon amie Hermione Granger.

- Enchanté Granger, lui dit Daphné avec un visage plus amical que précédemment.

- Moi aussi Greengrass, lui répondit gentiment Hermione, bien que surprise.

- Réponds à ma question maintenant ! Exigea la jeune Greengrass.

- J'aieuuntroudemémoire, répondit rapidement le Gryffondor, embarrassé.

Et terrifié, il fallait l'avouer. Daphné avait beau être son amie, le regard qu'elle lui lançait n'avait rien d'amical et elle savait se montrer tout à fait effrayante quand elle le voulait.

- Pardon ?!

Son regard oscillait entre l'incompréhension et l'aberration.

- J'ai eu un trou de mémoire, reprit-il plus lentement.

- Quoi ?!

- Quoi 'quoi' ?

- A quel moment ? A quel sujet ? Quel est le rapport ?! S'énerva Daphné.

- Au moment de me cacher, j'ai eu un trou de mémoire. Pas moyen de me rappeler la deuxième partie du sort olfactif, avoua honteusement Harry.

- C'est humain d'avoir des trous de mémoire, tenta de l'aider Hermione, quelque peu intimidée par la Serpentard.

- Ça pouvait pas tomber à meilleur moment, souffla Daphné, exaspérée.

- Ouais je sais. Désolé, ajouta-t-il.

- J'ai eu la frayeur de ma vie quand le dragon s'est débarrassé de ses chaines et qu'il t'a poursuivi hors de l'arène, l'informa-t-elle, son visage reprenant un air des plus neutres.

Elle n'avait su cacher sa fureur -après tout, elle avait été inquiète- mais il était hors de question qu'elle ne montre davantage ses sentiments en présence de la Gryffondor

- On était tous inquiets, ajouta Hermione. Nous n'étions vraiment soulagés que lorsque tu es réapparu pour prendre l'œuf.

- Il est où d'ailleurs ? Demanda Harry.

- Juste là, avec ton balai et ta….

Hermione ne finit pas sa phrase, zyeutant l'élève de Serpentard, qui donnait son doigt à Pixel pour le saluer.

Harry regarda la chaise près d'elle. Dessus il y avait sa cape, pliée, et l'œuf d'or. Son balai était appuyé contre la chaise.

- Elle sait pour la cape.

- Ah d'accord, répondit Hermione, étonnée. J'avais peur d'en avoir trop dit.

- Au fait, je ne sais pas si ça t'intéresse mais tu es premier ex-aequo avec Krum, intervint Daphné, qui prenait maintenant le petit nix dans ses mains.

- Comment c'est possible ? Fut surpris Harry. Je me suis blessé à l'épaule et le dragon est surement en mauvais état.

- Mme Maximue t'a donné un huit. Le professeur Dumbledore et Mr Croupton t'ont donné un neuf. Mr Verpey t'as donné un dix.

- Karkarof a été totalement injuste par contre. Il t'a mis un pauvre quatre. Mais considérant son passé et son caractère, ça ne m'étonne pas, termina Daphné.

Il ne lui demanda pas de précision Sirius l'avait prévenu que le directeur de l'école Durmstrang était un ancien mangemort.

- Il faut que j'y aille Harry. Il ne faudrait pas que mes camarades se rendent compte de l'endroit où je me trouve.

- Merci d'être venu voir comment j'allais, lui dit-il, sincèrement touché.

- Contente d'avoir enfin fait ta connaissance Granger, dit Daphné.

Elle déposa Pixel sur le bras d'Harry et passa derrière le paravent.

Lorsqu'elle fut sortie de la tente, Hermione se tourna vers Harry :

- Comment tu l'as connu exactement ? Lui demanda-t-elle les sourcils levés.

Harry lui raconta les évènements l'ayant poussé à aborder Daphné jusqu'à ce que l'infirmière vienne s'occuper de lui. Il demanda à son amie de déposer son balai dans son dortoir et Hermione partit alors rejoindre la salle commune des Gryffondors.

Harry laissa Mme Pomfresh lui mettre l'écharpe et écouta d'une oreille distraite ses consignes pour les potions qu'il devait prendre.

Il regretta d'avoir dû en arriver là avec Ron mais celui-ci était jaloux de lui depuis leur rencontre. Hors Harry aurait tout donné –sa célébrité, sa richesse, ses amis, sa santé- pour avoir ses parents auprès de lui. Ron ne comprenait pas qu'il avait de la chance : oui il était pauvre, oui il vivait dans une maison qui ne tenait debout que grâce à la magie et oui il vivait avec de nombreux frères et sa sœur mais il avait une famille, des amis et la possibilité de faire la carrière qu'il voulait car ses parents s'évertuaient à payer sa scolarité complète à Poudlard.

Peut-être qu'en se faisant d'autres amis, il apprendrait à ne plus être jaloux de ce qu'il n'avait pas et se concentrerait sur ce qu'il avait déjà. C'était tout ce qu'Harry souhaitait au jeune Weasley. Et peut-être alors, ils pourraient redevenir amis.

Quand l'infirmière le laissa partir, Harry prit la direction de la tour des Gryffondor, la cape dans la poche de son pull et l'œuf dans le creux de son bras valide. Il y avait au moins un point positif à cette journée : Hermione et Daphné s'étaient enfin rencontrées et il n'avait vu aucune animosité dans le regard de son amie aux cheveux touffus à l'encontre de la Serpentard.


Il avait gardé le mystère de l'œuf pour ses amis et lui. Lorsqu'il était entré dans la salle commune, Harry avait été acclamé par tous, certains s'étaient excusés comme Ron pour ne pas l'avoir cru et tout le monde avait demandé à ce qu'il ouvre l'œuf.

Il ne les avait pas écoutés, se rendant dans son dortoir. La tâche l'avait épuisé et la potion contre la douleur le faisait somnoler. Il cacha l'œuf dans sa malle, enroulé dans sa cape d'invisibilité, lança un sort d'insonorisation sur son lit à baldaquins pour ne plus entendre les clameurs de ses camarades puis s'endormit.

Il ne se réveilla qu'à l'heure du dîner, à l'appel de son nom.

- Harry ? Harry ? L'appela Hermione.

- Il est quelle heure ? Demanda Harry en baillant.

- Vingt heures tu as raté le dîner. Neville a essayé de te réveiller il y a une heure mais il n'a pas réussi.

- Mince, j'étais vraiment fatigué, déclara le Gryffondor en se frottant les yeux.

- Du coup, je t'ai apporté un sandwich au rôti et une pomme.

- Merci Hermione, la remercia Harry en souriant.

Hermione se leva pour partir quand Harry se rappela :

- Au fait, je pensais qu'on pourrait ouvrir l'œuf dimanche avec Daphné, Tracy et Zabini.

- C'est une bonne idée, répondit-elle. Mais Zabini ?

Harry lui avait parlé des rencontres de cet été au Manoir Greengrass et elle savait donc qu'il côtoyait également sa petite sœur Astoria et sa meilleure amie Tracy.

- Daphné m'a présenté à lui il y a seulement trois semaines. On n'en est pas encore à s'appeler par nos prénoms.

- Bon ben, je vais te laisser manger. On fait ça à quelle heure dimanche ?

- Vers treize heures. Mais on fait ça dans une salle de classe désinfectée donc tu n'auras qu'à venir avec moi après le déjeuner.

- D'accord ! J'ai vraiment hâte d'y être pour découvrir ce que contient cet œuf, dit-elle en sortant du dortoir.

Harry mangea son sandwich en réfléchissant à ce qu'il allait faire de sa soirée. Impossible pour lui de se rendormir d'ici trois heures et faire sa nuit. L'œuf était à réserver pour dimanche donc non. Lire le carnet des fondateurs ? Non plus. Par contre, il avait lu la dernière fois que chaque fondateur avait sa propre salle. Il connaissait l'entrée de celle de Serpentard mais n'y avait plus été depuis qu'il avait sauvé Ginny du journal de Jedusor.

Harry prit sa cape d'invisibilité et la mit dans son pull. Il sortit de la salle commune sans que personne ne l'arrête et descendit les escaliers jusqu'au deuxième étage. Là il enfila sa cape et poursuivit son chemin jusqu'aux toilettes de Mimi Geignarde.

A l'entrée des toilettes, il s'arrêta pour écouter. Aucun geignements ni écoulements d'eau. Il regarda le sol : aucune inondation. Il s'avança sans bruit dans la salle et se dirigea vers les éviers. Il siffla pour ouvrir l'accès à la chambre.

Cela fit beaucoup de bruit. Harry regarda derrière lui jusqu'à ce que cela soit fini pour vérifier que ni Mimi ni aucun élève n'approchait. Il tenta en fourchelang d'allumer les torches en disant 'lumière' et, son grand étonnement, les torches en bas du tunnel s'enflammèrent. Puis, voulant tester les limites de l'entrée, il demanda ensuite des escaliers. Mais rien ne se produisit. Jetant un dernier regard derrière lui, il dut se résoudre à dévaler le tunnel comme la dernière fois.

Atterrissant parmi les nombreux ossements des créatures mangées par le basilic, Harry se releva, massant son épaule douloureuse. La potion avait beau faire effet, la descente avait malmené son corps. Puis il tenta de refermer l'accès à la chambre en fourchelang. Il ignorait si cela fonctionnerait d'aussi loin mais il entendit les éviers revenir à leur place et seules les torches illuminaient maintenant son chemin.

- Dobby !

*POUF !*

- Harry Potter Monsieur a appelé Dobby ?

Puis l'elfe ouvrit grand les yeux, effrayé, lorsqu'il se rendit compte de l'endroit où ils se trouvaient et voyant les nombreux ossements sur le sol.

- Monsieur ! Il ne faut pas entrer ici ! S'affola l'elfe.

- Ne t'inquiète pas Dobby. Il n'y a plus de monstre ici, tu te rappelles ?

- Oui, Monsieur, dit Dobby en essayant de reprendre contenance. Qu'est-ce que Dobby peut faire pour Harry Potter Monsieur ?

- J'aimerais explorer la chambre et la rendre vivable. J'ai aussi entendu dire que le corps d'un basilic renfermait des ingrédients de potions extrêmement chers. Peux-tu faire disparaitre tous les os qui trainent et nettoyer la poussière ? Reviens me voir quand tu auras fini.

- Dobby aura vite fini !

Celui-ci claqua plusieurs fois des doigts et, en moins d'une minutes, les os et la poussière disparurent du sol au plafond dans tous le couloir, ainsi que les pierres datant de l'éboulement du couloir jusqu'à la deuxième porte décorée de serpents.

*POUF !*

Dobby disparut, surement pour s'occuper des autres pièces.

Harry continua son exploration. Il laissa la lourde porte aux serpents ouverte puis se retrouva rapidement dans la chambre principale, là où s'étaient trouvés Jedusor et Ginny. Sur sa droite, dépassant de l'eau, Harry fut face à la tête du basilic.

Il en resta coi pendant plusieurs minutes. Il ne se souvenait pas qu'il eut été si grand et pourtant Harry avait bien grandit depuis ses douze ans.

*POUF !*

- Dobby a terminé de nettoyer les couloirs et les tuyaux Monsieur. Dobby doit aussi s'occuper de cette salle ?

L'elfe eu un mouvement de recul en voyant le cadavre du serpent géant et ses yeux s'ouvrir de stupeur. Harry lui répondit pour le distraire de cette vue.

- Oui Dobby. J'aimerai que tu fasses disparaitre l'eau des bassins et l'eau sur le sol. Est-ce que tu pourrais aussi enlever les toiles d'araignées et faire quelque chose contre l'odeur d'humidité et d'égout qui traine dans l'air ?

- Dobby peut faire tout ça, oui. Mais Dobby doit faire quoi du grand serpent Monsieur ?

- Tu penses pouvoir récolter tous les organes, le venin et la peau ?

- Dobby peut faire ça mais que Dobby doit faire du reste ?

- Tu peux juste le faire disparaitre, répondit Harry avec un haussement d'épaules avant de grimacer. Tu t'es occupé de la mue dans le couloir ?

- Dobby attendait les instructions Monsieur.

- Enroule autant de morceau que possible et mets-les en pots puis fais aussi disparaitre le reste.

- Bien Harry Potter Monsieur.

- Dobby, juste Harry, ça ira, répéta-t-il.

- D'accord Harry Monsieur.

Harry supposa que le 'monsieur' n'était pas négociable mais c'était déjà mieux.

Harry se dirigea vers la grande statue de la tête de Salazar Serpentard pendant que Dobby nettoyait la salle. Le serpent était sorti de sa bouche. Mais les lèvres du fondateur étaient scellées. Harry ne connaissait qu'un seul moyen de l'ouvrir.

- Parle-moi, Serpentard, le plus grand des quatre de Poudlard, dit-il en fourchelang.

La bouche s'ouvrit ne laissant entrevoir qu'un tuyau obscur. Harry s'en approcha. Ici aussi, il y avait beaucoup d'os et de l'eau. Harry n'appela pas Dobby ce qu'il lui avait demandé allait lui prendre beaucoup de temps.

- Evanesco !

Harry usa de ce sortilège à plusieurs reprises au fur et à mesure qu'il avançait dans le tuyau. Les ossements disparaissaient mais cela n'avait aucun effet sur l'eau grouillante. Cinquante mètre plus loin, il vit une porte, semblable à celle du premier couloir de l'entrée, sur sa gauche. Il siffla de nouveau, les têtes de serpents reculèrent du bord et la porte s'ouvrit. Harry entra dans une salle et laissa la porte ouverte car il n'y voyait rien.

- Lumière !

Une dizaine de torche s'allumèrent autour de lui.

La pièce était plus grande que l'entrée ne le laissait présager. Harry se trouvait dans une salle qui avait plusieurs fonctions. Face à lui, il y avait trois canapés vert olive autour d'une table basse devant une cheminée qu'Harry avait également allumée par la commande en fourchelang. Contre le mur de droite s'alignaient deux longues tables pourvues de trois chaises chacune. Contre le mur de gauche, il y avait un bureau sur lequel trainaient des parchemins, des livres et des journaux. Accroché au-dessus, une vieille carte de l'Europe.

Les murs étaient en pierres claires et rien ne les décoraient mis à part la carte. Le sol était sal et poussiéreux et les coins abritaient des araignées et leur toile. Harry se remit au ménage avant d'explorer plus en détail cette pièce.

Lorsqu'il eut fini, il sorti rejoindre la chambre pour voir où en était Dobby. La chambre était propre et sèche, les flambeaux astiqués et les bassins vides de leur eau. L'elfe s'occupait de la carcasse du basilic et plusieurs pots étaient déjà remplis à côté de lui.

Harry retourna dans la nouvelle pièce qu'il avait découverte et s'assit au bureau pour feuilleter les livres et journaux. Rien qu'en lisant les titres des livres, Harry comprit que Jedusor avait dû les prendre dans la section restreinte de la bibliothèque de l'école ou les ramener de l'extérieur. Aucun des livres ne l'intéressait ni n'était de son niveau donc il les mit de côté et s'intéressa aux parchemins. Ils étaient tous vierges sauf un qui devait être le brouillon d'un devoir de métamorphose. Il le jeta dans la corbeille qui se trouvait à côté du bureau, fit une pile avec les parchemins et les rangea dans un des tiroirs.

Il ne restait plus que les journaux.

Il y en avait trois.

Le premier était vide de toute inscription. Harry le rangea avec les parchemins.

Le deuxième contenait des écrits sur la première page.

C'était des noms d'objets.

Mon journal.

La bague des Gaunt.

Le médaillon de Salazar Serpentard.

La coupe d'Helga Poufsouffle.

Le diadème de Rowena Serdaigle.

L'épée de Godric Gryffondor.

Et c'était tout. Rien d'autre.

Harry se demandait pourquoi Jedusor avait gaspillé un journal uniquement pour faire cette liste. Il aurait pu l'écrire sur un parchemin. Il se demandait aussi pourquoi il l'avait faite. Il le mit de côté pour feuilleter le dernier journal.

Le troisième journal était rempli d'inscription. L'écriture était soignée et certains des mots utilisés étaient en anglais ancien. Harry regarda la dernière page du journal, dans le coin en bas à droite.

S.S.

Il venait de trouver le journal d'un autre fondateur.