Chapitre 15

3 décembre

Quelques jours plus tard, Harry était allongé sur son lit et observait l'œuf posé sur son ventre. Pixel était sur l'œuf et le reniflait de toutes parts. Il se comportait ainsi depuis qu'il avait gagné la première tâche.

Harry détourna son attention de l'œuf pour tourner la tête vers la boite renfermant les modèles réduits des dragons de la première tâche. Comme ce n'étaient que des objets animés, il ne devait pas les nourrir. Ce n'étaient pas des êtres vivants après tout mais Harry se plaisait à les observer et à les prendre en main. Les minuscules flammes crachées par ces petits dragons ne pouvaient pas non plus le blesser. Et heureusement car il n'avait pas encore appris à guérir les brulures.

Lors de sa dernière session de médicomagie, Mme Pomfresh lui avait appris à soigner les foulures, les entorses, les fêlures et les cassures. Il avait principalement appris deux sorts de soudures et de redressages. Après il pouvait mettre une attèle ou un plâtre. Ce que lui avait fait subir Lockhart ne devrait plus arriver.

Concernant les cours, il maitrisait les sortilèges et la métamorphose plus rapidement que l'année précédente. En défense, il aimait beaucoup l'enseignement de Maugrey, bien qu'il le trouvait bizarre et se demandait pourquoi Barthémius Croupton se trouvait tous les jours dans son bureau. En runes, il pratiquait les liaisons runiques entre les runes elfiques et nordiques.

La veille, il avait envoyé son aval à Hélène Marchalls pour le lancement des nouvelles boissons et son accord pour le design des étiquettes. Il était ravi du gout et Daphné les avait aussi trouvées délicieuses.

Harry se passa une main dans ses cheveux. Depuis qu'il avait fait un tour chez le coiffeur cet été, ses cheveux avaient bien repoussés. Ça lui fit pensé à la foi où, honteux de la coupe désastreuse que lui avait faite Pétunia, ses cheveux avaient repoussés en une seule nuit. Il se demandait s'il y avait des sorts pour les cheveux, ou si seule la magie accidentelle pouvait agir sur les cheveux.

- Harry !

Le visage de Daphné apparut dans le miroir posé à ses côtés. Ses cheveux châtains et ondulés cachaient une partie de son visage souriant et ses yeux pétillaient toujours quand ils se parlaient.

- Salut Daphné.

- Alors, du nouveau sur l'œuf ?

Harry avait, pour la deuxième fois, oublié qu'il possédait des miroirs à double sens. La première fois, il s'en était rappelé bien tard avant d'en envoyer un à Sirius et là, il s'était rappelé leur existence et en avait donné un à Daphné. C'était tellement plus simple que d'attendre le cours de runes ou leurs rencontre du dimanche pour se « voir » et pour parler.

- Non, pas pour l'instant. Je pensais demander l'avis du professeur Lupin et de Sirius, je suis en contact avec eux tous les samedis soir.

- Aucun changement ? Il ne fait toujours que crier ?

- Hurler plutôt. Pixel en est dingue, il ne le lâche plus ! Pour parler d'autre chose, mon gestionnaire a pris rendez-vous chez l'un tailleur gobelin pour moi. J'envisage de me faire faire une robe de combat en peau de basilic. Elle ne me servira pas beaucoup pour l'instant mais pourrait m'être utile si je me lance dans une carrière d'auror.

- C'est une excellente idée, approuva-t-elle. Si tu te lances dans cette carrière, pense à t'acheter un holster pour baguette, c'est très pratique aussi.

- J'ignorai que cela existait, dit-il pensif. Au fait, j'ai pensé à un truc depuis quelques jours. Skeeter est toujours au courant de tout alors qu'elle n'est même pas au château et écrit beaucoup d'articles en déformant la vérité. Tout le monde lit la Gazette mais… Et si un nouveau journal le détrônait ? Par exemple, en publiant la vérité et en informant la population de faits que la Gazette ne peut pas publier à cause de la pression exercée par le ministère.

- Un nouveau journal ? Tu ne parles pas du Chicaneur au moins ? Lui demanda-t-elle, avec un air dégouté. Personne ne le prend au sérieux !

- Euh non, pas du Chicaneur. Je ne le connaissais pas jusqu'à maintenant. Non je pensais à un journal qui n'existe pas encore, un journal qui pourrait s'intituler 'Poudlard Magazine' par exemple.

Daphné haussa les sourcils, comprenant où il voulait en venir.

- Tu veux créer un journal ? A l'école ?

- Oui, affirma-t-il, déterminé. J'ai déjà quelques idées d'articles et d'élèves que je pourrais embaucher. Et bien sûr, ce serait tout à fait anonyme. Et je m'engagerai à payer les élèves travaillant pour ce journal.

Daphné eut un sourire amusé.

- Tu m'as dit que tu y pensais depuis quelques jours mais on dirait que tu y as beaucoup réfléchi. Explique-moi ce que tu envisagerais de faire, lui dit la brune.

- Je pensais déjà à une rubrique sur le ministère, une autre sur le Quidditch autant à propos des équipes officielles que des équipes de Poudlard. Puis une rubrique dont je ne te parlerais pas tout de suite, ajouta-t-il rapidement, des petites annonces, des bons de commandes et une page avec des conseils pour aider les élèves de première année. On pourrait mettre pas mal de chose mais les sujets dépendront principalement des informations que j'aurai en temps voulu, du moment et des gens qui aideront à la création du journal.

- C'est encore un peu brouillon pour l'instant, constata-t-elle.

- J'ai déjà deux ou trois articles en tête, des choses qu'aucun n'élève ne sait aujourd'hui. Il faut juste des gens, du matériel et un peu de temps.

- Comme tu veux, dit-elle simplement. Et si tu es en manque d'idées, je peux y réfléchir de mon côté.

- Tu pourrais peut-être m'aider quand j'écris sur la politique du ministère ? Tu en sais plus que moi et je n'y comprends pas grand-chose malgré les leçons que j'ai eues cet été.

- Tu n'as aucun ami plus à l'aise avec la politique que moi, dit-elle avec un sourire en coin.


Deux jours plus tard, c'est avec Sirius et Remus qu'il parlait dans le canapé du bureau de Serpentard. Ils s'étaient donné des nouvelles les uns des autres puis il leur avait exposé le problème de l'œuf. Remus avait demandé à entendre le cri mais Sirius et lui finirent par boucher leurs oreilles comme Harry et ses amis six jours plus tôt.

- Je n'ai jamais entendu ce cri mais ça me fait penser à la première créature que je vous ai fait étudier l'année dernière, dit Remus.

- Le grindyllow ?

- On dit que ses cris est un moyen de communiquer avec ses pairs. Il peut également communiquer avec les êtres de l'eau même si eux ne crient pas. C'est une langue qui s'apprend mais qui est très difficile car elle n'est compréhensible que sous l'eau. Dumbledore la maitrise assez bien à ce qu'on dit.

- Sous l'eau, hein ? Réfléchit Sirius. Et si tu mettais l'œuf sous l'eau ?

- Toutes les idées sont bonnes à ce stade tu sais, répondit Harry en haussant les épaules. J'essayerai cette semaine et je vous tiens au courant.

Le jeudi, alors qu'Harry se rendait la Grande Salle, le professeur McGonagall l'intercepta dans les couloirs.

- Mr Potter, puis-je vous dire un mot dans ma classe ?

- Bien sûr, professeur. Tu me gardes une place ? Demanda-t-il à Hermione.

- Oui, à tout de suite, répondit son amie après avoir poliment saluée l'enseignante.

Ils déambulèrent jusqu'à arriver devant la classe de métamorphose. Elle l'ouvrit et l'invita à s'assoir en face d'elle. Elle s'assit à son bureau et croisa les mains devant elle puis son air sévère s'adoucit quelque peu.

- Vous êtes le plus jeune de la compétition et pourtant vous avez été à la hauteur de la tâche. Je suis fière de vous Mr Potter. Et je suis certaine que vos parents l'auraient été tout autant, ajouta-t-elle avec un doux sourire.

- Merci professeur, dit-il timide mais content.

- Vous devez vous douter que je ne vous ai pas fait venir dans mon bureau uniquement pour des félicitations, lui dit-elle en reprenant son air sérieux, bien qu'elles soient de rigueur. Non, je vous ai appelé, comme les directeurs Kakaroff, Maxime et le professeur Chourave l'ont probablement fait aujourd'hui avec leur propre champion, pour vous annoncer qu'un bal de Noel est organisé en l'honneur du Tournoi.

Au mot 'bal', il eut un déclic en rapport avec sa lettre de Poudlard, reçue cet été.

- C'est pour ça qu'il y avait une robe de bal sur la liste, fit-il constater.

- Tout à fait. Et si je vous annonce cela une journée en avance sur vos camarades, c'est que vous avez un rôle particulier. Puisque vous être un des participants du tournoi, vous et vos concurrents allez devoir ouvrir le bal. Savez-vous danser Potter ?

- Et bien, pas très bien non, avoua-t-il en grimaçant.

Sa tante l'avait forcé à danser avec Dudley quand ils étaient plus jeunes parce que 'Dudlynouchet' devait accompagner ses parents à un gala organisé par Grunning Inc. Mais ses talents s'arrêtaient là.

- Mais je crois savoir à qui demander de l'aide pour ça.

- Bien, dit-elle, satisfaite. Si cela vous pose problème, vous pouvez toujours venir me voir et je vous donnerai quelques leçons.

- Merci professeur, dit-il un peu géné.

Il espérait ne pas devoir en arriver là. Il aimait beaucoup le professeur McGonagall mais il se connaissait suffisamment pour savoir qu'il serait mal à l'aise de danser avec elle.

- Avez-vous une potentielle cavalière à l'esprit Potter ?

- Eh bien, j'ai une personne ou deux en tête mais je verrai ça demain.

- Très bien, conclu-t-elle avec un petit sourire. Vous pouvez y aller Potter et continuez ainsi. Vous nous rendez tous très fiers ici à Poudlard.

- Merci professeur. Je vous souhaite un bon appétit, dit-il en partant.


Au soir, à travers les miroirs à double-sens, Harry ne parla pas du bal avec Daphné mais lui demanda de le rencontrer dans la Salle-sur-Demande le lendemain et de ne pas manger avant de venir.

Le lendemain, il appela Dobby entre chaque cours pour préparer la Salle-sur-Demande. Il savait qu'elle refuserait, mais il devait faire comme si elle pouvait dire oui. De plus, il était sûr que cela lui ferait plaisir.

Il envoya également une note à Tracy lors du cours de potions. Il savait que Daphné ne verrait rien tant elle était concentrée sur l'élaboration de sa potion. Il lui demandait quelles étaient ses fleurs préférées. Quelques minutes plus tard, il reçut la réponse. Il put alors envoyer Dobby passer une commande massive de fleurs.

Au soir, à dix-neuf heures, Harry parcourait la pièce de long en large. Daphné devrait arriver d'une minute à l'autre, il l'avait vue sortir de la Grande Salle sur la carte il y a trois minutes.

Il avait imaginé une petite table ronde, avec un lys dans un vase. Tout autour de la salle, il avait entreposé des vases contenant des bouquets de lys. Il avait envoyé Dobby en acheter une centaine. Elles étaient toutes d'un blanc magnifique et avaient de beaux pétales légèrement courbées.

Il avait placé quelques torches, assez pour voir l'ensemble de la pièce mais pas trop. L'ambiance était tamisée. Presque romantique. Il avait prévu de lui parler du journal et des infos qu'il voulait y mettre de manière plus précise, puis de l'œuf –qu'il devait encore ouvrir sous l'eau le lendemain- et puis enfin du bal qui aurait lieu le vingt-quatre.

Il marchait de long en large dans la pièce, son cœur battant la chamade. Il ignorait pourquoi cela le stressait autant. Il aimait beaucoup Daphné –et il était devenu proche de la jeune fille en très peu de temps- mais il voulait juste l'inviter au bal en tant qu'ami. C'était tout. Alors pourquoi son coeur battait-il aussi fort contre sa cage thoracique, lui donnant l'impression qu'il voulait sortit de sa poitrine ?

Harry entendit toquer. Il vérifia sur la carte. C'était bien Daphné.

- Salut ! Entre, lui dit-il en lui tenant la porte.

- Salut. Qu'est-ce que tu v…

Elle s'arrêta net en observant la salle. Puis elle se tourna vers lui, positivement étonnée :

- C'est pour moi ? Toutes ses fleurs ?

Harry opina timidement.

- Comment savais-tu que les lys étaient mes préférées ?

- J'ai mes sources, dit-il en lui souriant. Pourquoi celles-là ? Elles sont belles, c'est vrai, mais pourquoi celles-là et pas les roses, par exemple ?

- J'aime bien les roses mais qui ne les aime pas ? Dit-elle. Les lys sont purs, ils symbolisent la monarchie et leur blancheur les rend magnifiques.

- C'est comme ça que mon père surnommait ma mère. Ça lui allait bien, dit Harry en murmurant.

- Elle devait être magnifique, dit-elle en lui souriant tristement.

- Oui, affirma-t-il. Je te montrerai une photo à l'occasion. Déjà essayé d'en faire pousser ?

- Elles ne poussent pas dans mon jardin, va savoir pourquoi, confirme-t-elle. Du coup, mon père m'en offrait une à chacun de mes anniversaires. C'est très gentil de ta part, ce que tu as fait-là, ajoute-t-elle avec un petit sourire.

- On ne se voit pas assez souvent à mon gout, avoua-t-il. Alors autant faire de nos rencontres des moments inoubliables, non ?

- Tu es un romantique en fait, fit-elle remarquer avec un air goguenard.

- C'est rien, dit-il d'un geste de la main. Alors on mange ? Demanda-t-il pour ne pas montrer sa gêne.

Après l'avoir appelé, Dobby leur rapporta quelques plats : purée, haricots, carottes, blé, flageolets, maïs, viandes et poissons. Pendant le repas, Harry lui parla de l'idée de Sirius d'ouvrir l'œuf sous l'eau –chose qu'il ferait le lendemain- puis de ses cheveux.

- Il est grand temps de raccourcir un peu tout ça, dit-elle en ébouriffant les cheveux un peu long du Gryffondor.

- Tu connais des sorts pour les cheveux ? Je pensais me les couper avant le bal.

- C'est ma mère qui s'occupe de nous couper les cheveux. Je ne connais que celui qui les fait briller, lisser ou onduler. Mais je crois qu'aucun de ces trois sorts-là ne te sera utile, dit-elle avec un sourire amusé.

- Et il existe un sort pour les faire repousser ?

- Pour les faire repousser, il n'existe qu'une potion. Mais elle fait pousser tous les poils du corps d'environ un mètre. Aucun maitre de potions n'a encore réussi à limiter la zone où on veut faire pousser les poils ou les cheveux ni la longueur.

- Et des herbes ?

- Je ne crois pas non. La seule manière de faire pousser ses cheveux comme voulu est de les laisser pousser tout seul.

- Ah, dit-il, pensif.

- Pourquoi ces questions ? Tu envisages de couper tes cheveux ou de les faire pousser ? Serait-ce une part féminine de toi qui s'exprime enfin ?

Le coin de ses lèvres tremblait vers le haut.

- Non, non, ce n'est pas ça, répondit-il, faisant fi de l'amusement de la brune. J'essaie juste de comprendre quelque chose.

- Et bien dis-moi. Je pourrais peut-être t'aider, proposa-t-elle.

- Quand j'avais sept ans, la veille de la rentrée scolaire, ma tante m'a coupé les cheveux. Elle disait qu'ils me donnaient un air négligé. Alors elle m'a rasé la tête.

- Complètement ?! S'indigne-t-elle.

- Oui, la boule à zéro. Et je trouvais ça vraiment moche. Pendant la nuit, je priais pour qu'on ne se moque pas de moi à l'école le lendemain et, au matin, mes cheveux avaient repoussés. Pétunia était rouge de colère. Mais elle n'a plus cherché à me couper les cheveux. Tu penses qu'on peut quand même faire pousser les cheveux par magie accidentelle ?

- Tu peux à la limite faire tomber les cheveux ou les changer de couleur mais la magie accidentelle, aussi forte soit-elle parfois, est assez limitée.

- Alors comment j'ai fait ça à ton avis ?

- Et bien, réfléchit-elle, je crois que le seul type de personne qui pourrait te répondre, c'est un métamorphomage.

Un méta-quoi ?

- Qu'est-ce que c'est ? Demanda Harry qui n'avait jamais entendu ce terme même si, finalement, il se rappela que ce mot était écrit sur le bilan qu'il avait fait à Gringott.

- C'est un sorcier ou une sorcière ayant la capacité de se métamorphoser spontanément, sans l'aide de potions ou de sortilèges. Ils peuvent ainsi prendre l'apparence de n'importe qui. Contrairement aux animagi, on ne peut pas devenir métamorphomage par l'apprentissage, on l'est dès la naissance. Et ils sont très rares.

- Je ne peux pas changer mon visage, ça c'est sûr, lui dit-il.

- Peut-être qu'il y a plusieurs stade de métamorphomagie ? Il faudrait trouver des documents qui en parlent ou trouver un métamorphomage. Ce qui ne sera pas facile. Personnellement, je n'en connais pas.

- Moi non plus, répondit Harry en se passant la main dans les cheveux.

A ce moment-là, Dobby apparut et débarrassa les plats et leurs assiettes. Quelques secondes plus tard, il réapparut avec une tarte à la mélasse et une clafoutis à la cerise.

- Merci de nous gâter Dobby, le remercie Daphné.

- Merci Dobby, tu as fait du bon travail, c'était délicieux.

- Dobby est heureux de servir Harry Potter, dit-il en s'inclinant. Et c'est aussi un plaisir pour Dobby de servir Miss Greengrass, l'amie d'Harry Potter.

*POUF!*

- J'ai repensé au journal, changea Harry de sujet. Je voulais écrire un article sur Karkaroff, qui était un mangemort avant mais je pense finalement que ce n'est pas une bonne idée pour l'instant. Peut-être quand Durmstrang quittera Poudlard.

- C'est très rare un Gryffondor qui réfléchit avant d'agir, le taquina la Serpentard.

- Ahahah, très drole, le prit avec humour le Survivant. Je voudrais aussi écrire un article sur les nouvelles boissons de Marchalls Inc. et y glisser des bons de commande avec garantie de livraison express.

- Faire découvrir les nouvelles boissons, donner envie aux élèves de les commander en leur procurant un moyen de commande rapide et ramasser de gros bénéfices : très Serpentard de ta part Harry, dit-elle prenant une part de clafoutis.

- Et je voudrais mettre une rubrique Quidditch, un article sur les matches nationaux, internationaux puis ceux de Poudlard. Puis je pensais à faire un ou deux portraits : un sur une personne actuellement en politique et un autre sur une personne qui a eu un rôle pendant la première guerre.

- Et à qui pensais-tu ?

- En politique, j'hésite entre le ministre actuel, Cornelius Fudge et son prédécesseur Milicent Bagnold.

- Tu pourrais faire les deux une sorte de face à face ou faire la comparaison entre les deux.

- Un face à face, répéta-t-il, songeur. Ça me plait. En plus, Bagnold était déjà ministre lors de la chute de Voldemort, non ?

- Oui, elle a fait deux mandats : un de 1978 à 1984 et le second de 1985 à 1991.

- Un face à face, alors, fut-il d'accord.

- Et pour le second portrait ?

- Je pensais à Pettigrew : du discret Gryffondor, comment est-il devenu un traitre à la solde du Seigneur des Ténèbres ? Ironisa Harry.

- Tu disais que le ministre avait refusé de vous croire, intervint Daphné.

- Le journal sera anonyme. Personne ne saura qui écrit les articles ni qui a créé le journal. La Gazette contient des conneries et les gens y croient. Les gens ne sont pas obligés de croire ce qu'on écrira, dit-il en haussant les épaules.

Daphné lui tapa l'épaule. Harry se demanda pourquoi avant de se rappeler qu'un « Lord n'est pas censé hausser les épaules ». Il lui fit un sourire d'excuse.

- Au moins, nous saurons que nous écrivons la vérité. Et même s'ils n'y croient pas, ils seront informés.

Ils en parlèrent encore quelques minutes le temps de digérer leur repas. Il était vingt-deux heures quand Daphné se leva pour partir.

- Attend ! J'ai quelque chose à te demander, dit Harry pour l'empêcher de partir.

- Quoi donc ? Demanda-t-elle.

- Essaie de penser à ce que je vais dire, d'accord ? Faisons comme si il n'y avait pas de rivalité entre Serpentard et Gryffondor faisons comme si je n'étais pas célèbre pour avoir vaincu Voldemort faisons comme si j'étais quelqu'un que tu pourrais fréquenter sans que ce ne soit en secret, tu y es ?

- Oui, j'y suis, dit-elle, curieuse.

- Si on était dans cette situation-là, qu'est-ce que tu me répondrais si je te demandais…

Il prit un lys du vase le plus proche, mit un genou à terre et lui prit la main.

- Daphné Elisabeth Greengrass, héritière de la noble et ancienne famille des Greengrass, me feriez-vous l'honneur d'être ma cavalière au Bal de Noël de Poudlard ?

Tout d'abord, elle ferma les yeux, les lèvres pincées. A ces gestes, Harry grimaça. Puis, prenant une grande inspiration, elle les rouvrit, s'accroupit pour être à sa hauteur et mit sa main sur la joue du jeune homme.

Jamais elle n'avait eu un tel geste envers Harry et cela le prit par surprise.

En le regardant dans les yeux, elle lui dit doucement :

- Dans cette situation-là, j'aurais dit oui, sans hésitation.

Elle soupira et secoua la tête.

- Mais là, tu sais que je ne peux pas …

- Je sais, dit-il avec un sourire amer. Mais je voulais juste connaitre la réponse que tu m'aurais donnée si dire 'oui' ne posait pas autant problème.

La demande d'Harry l'avait troublée. Cela lui avait fait plaisir, bien sûr, mais ne pas pouvoir accepter et savoir qu'il lui avait tout de même posé la question, sachant cela, juste pour connaitre sa réponse lui serra le cœur.

Il serra la main qu'elle avait posée sur sa joue puis se releva, voulant changer de sujet.

- Par contre, j'aurais besoin de ton aide, dit-il alors qu'elle se releva à son tour.

- A quel propos ? Demanda-t-elle, curieuse.

- Je ne sais pas danser, avoua-t-il en grimaçant. Tu pourrais me donner quelques leçons ? Le professeur McGonagall m'en a proposé dans le cas où je n'aurais personne mais ce serait bien plus agréable et amusant avec toi.

- Bien sûr, accepta Daphné, retrouvant le sourire. Ce sera avec plaisir.


La salle avait fait apparaitre une bassine assez profonde pour y immerger complètement l'œuf. Harry usa du sort 'aguamenti' pour la remplir d'eau puis y plongea l'œuf. Sur une petite table à côté de lui, il avait calé son miroir contre son pull posé en boule pour le tenir à peu près droit et les visages curieux de Sirius et Remus se partageaient la surface miroitante.

- Prêts ? Leur demanda-t-il. C'est parti !

Harry plongea l'œuf sous la surface et l'ouvrit... Cette fois, ce ne fut pas une plainte qui s'en échappa, mais une chanson dont l'eau transformait les paroles en une sorte de gargouillement inintelligible.

– D'ac-cord, dit Harry ennuyé.

- Peut-être que c'est mieux si tu approches ton oreille ? Proposa Sirius.

Harry s'exécuta mais ne délecta rien de compréhensible.

- Et si… Pensa Remus.

- 'Et si' quoi ? Demanda Harry.

- Plonge ta tête sous l'eau, demanda Remus.

Harry songea qu'il fallait tout essayer aussi il ne sous-estima pas l'idée du loup garou. Alors il prit une profonde inspiration puis mis la tête sous l'eau. Les oreilles sous la surface, il entendit alors un chœur de voix étranges et un peu effrayantes qui s'élevaient de l'œuf ouvert.

Descends nous visiter et entends nos paroles

Nous devons pour chanter être au-dessous du sol.

A présent, réfléchis, exerce ton esprit,

Ce qui t'est le plus cher, nous te l'avons ravi.

Pendant une heure entière il te faudra chercher

Si tu veux retrouver ce qu'on t'a arraché.

Après l'heure écoulée, renonce à tout espoir

Tes efforts seront vains car il sera trop tard.

Harry sortit la tête de l'eau et rejeter en arrière ses cheveux qui lui tombaient devant les yeux.

– Alors ? demanda Sirius.

– J'ai entendu quelque chose… « Descends nous visiter et entends nos paroles... » Attends, pour être plus sûr, je vais l'écouter encore une fois...

Et il replongea la tête sous l'eau.

Il lui fallut écouter encore trois fois la chanson de l'œuf avant de la connaître par cœur. Ensuite il la répéta à son parrain et à celui qu'il considérait comme un oncle.

- La première phrase n'est pas difficile à comprendre sinon nous n'aurions pas compris qu'il fallait ouvrir l'œuf sous l'eau, dit Harry. Je dois aller sous l'eau.

- « Descend-nous visiter »… visiter qui ?

- Ca se fera certainement dans le Lac Noir, intervint Remus. Mais, à part le Calamar, je ne sais pas ce qu'il y a sous la surface.

- Je pourrais demander à Maugrey, résolut Harry. Il est un peu bizarre mais ses cours sont géniaux, il sait de quoi il parle.

- Ne dis pas que ça a un rapport avec le Tournoi, dit Remus. Les enseignants ne peuvent pas aider les participants dans ce cas.

- Concernant les deux prochaines phrases, les organisateurs du Tournoi vont te prendre quelque chose et surement le mettre au fond du lac, dit pensivement Sirius.

- Qu'as-tu de plus précieux ?

Harry réfléchit. Il n'était pas vraiment matérialiste mais il fallait avouer qu'il serait anéanti à la perte de cinq objets : l'album photo offert par Hagrid à la fin de sa première année, son Eclair de Feu offert par Sirius, la carte du Maraudeur, la cape d'invisibilité qui avait appartenue à son père et sa baguette en bois de houx. Dumbledore ne prendrai ni son album, ni la carte –au risque de les abimer- ni sa baguette -car il en avait besoin pour effectuer la Tâche.

- Par élimination, je pense à mon balai ou à la cape d'invisibilité. Il doit exister des sorts pour éviter qu'ils ne soient pas mouillés même sous l'eau, non ?

- Oui, mais ça ne marcherait pas sur ta cape qui est un objet très complexe. Sur ton balai, par contre, c'est possible. Mais le sorcier enchantant ton balai doit être assez puissant pour déjouer les sorts de base qu'il y a dessus.

- Ca ne devrait pas poser de problème, c'est Dumbledore qui s'en occupe, bougonna le jeune Gryffondor. Ce qui m'inquiète en revanche, c'est la fin de la chanson : « Après l'heure écoulée, renonce à tout espoir, tes efforts seront vains car il sera trop tard. » Vous pensez que je pourrais perdre définitivement mon balai si je ne parviens pas à le récupérer avant la fin de l'heure accordée ? Se tracassa Harry.

- Je ne pense pas que Dumbledore ou toute autre personne organisant le Tournoi ait le droit d'abimer ou te prendre définitivement ton balai. Après tout, c'est ta propriété privée, lui affirma son parrain.

- Mais ils ont le droit de me le prendre pour le Tournoi ?

Harry trouva cela bizarre. Que McGonagall le lui confisque pour vérifier qu'il n'était pas ensorcelé, d'accord, mais le lui prendre sans sa permission pour le Tournoi, ce n'était pas la même chose.

- Et si je dis à Dumbledore que je ne leur donne pas la permission de le prendre ? Proposa-t-il. Je pourrais faire ça pour chacun des objets auxquels je tiens. Cela les bloquerait.

- Tu pourrais, dit lentement Remus en réfléchissant à ce qu'il allait dire, mais le but de la tâche est de récupérer, sous l'eau, quelque chose qui t'est cher, en moins d'une heure. Si tu les empêche de te prendre un objet de valeur, alors le Tournoi n'a plus de sens.

- Alors, il faut réfléchir à autre chose. Y a-t-il un objet qui ne t'appartient pas mais auquel tu tiens ? Intervient Sirius, silencieux depuis un moment.

- Un objet pour lequel ta permission n'est pas requise, dit Remus. Bien pensé Sirius !

- Mais s'ils n'ont pas besoin de ma permission, ils auront sans doute besoin de celle de quelqu'un d'autre, clama Harry. On en revient au même point !

- C'est la seule piste qu'on ait Harry. Réfléchissons chacun de notre côté et reparlons-en la semaine prochaine, dit Remus.

15 décembre

Après la découverte de l'énigme de l'œuf, Harry avait difficilement trouvé le sommeil. Il avait rapporté sa découverte le lendemain à Daphné, Tracy, Blaise et Hermione. Ils en étaient arrivés à la même conclusion que son parrain, Remus et lui la veille mais n'étaient pas avancés concernant ce qui lui serait arraché. Il pensait qu'Hermione saurait quelles créatures il pouvait y avoir dans le lac -elle avait, après tout, lu et relu plusieurs fois 'Poudlard : une histoire'- mais les habitant du Lac était autant un mystère pour elle que pour lui.

Il en avait également parlé le lendemain matin lors du petit-déjeuner à Neville et Ginny. Neville lui avait assuré qu'il ferait des recherches et trouverai la plante qui lui permettrait de respirer sous l'eau pendant une heure –si une telle plante existait. La rouquine lui promit de chercher un sort qui pourrait l'aider et lui confia être ravie d'être dans la confidence.

Le soir-même, il l'avait prise à part et lui avait demandé si elle voulait être sa cavalière au bal. Ses joues avaient rosi et elle avait accepté. Elle l'a également remercié car, étant en troisième année, elle ne pouvait y aller que si un élève plus âgé l'y invitait.

Les chuchotements à propos de l'article qu'avait écrit Skeeter sur Hermione et lui avaient diminués même si certains élèves leur jetaient encore des regards en coin en faisant des messes basses. Il espérait que ce genre de chose s'atténuerait lorsque son journal serait distribué. En attendant, Harry avait adressé une plainte à l'ordre du directeur de la rédaction de la Gazette en menaçant de retirer ses parts du journal si Skeeter publiait à nouveau un article mensonger à son sujet.

Ce matin, il avait reçu une lettre de Ragnock contenant la proposition d'achat qu'il attendait. Jugeant le chiffre juste, il envoya son accord puis envoya Dobby délivrer les bocaux négociés. Il en garda deux de sang, deux de venins, un morceau du cœur ainsi que deux crochets. Il envoya finalement à nouveau Dobby remettre la peau à son gestionnaire afin qu'il la garde jusqu'à son rendez-vous chez le tailleur gobelin.

Il avait recroisé plusieurs fois la jeune Poufsouffle Eleanor Brandstone durant ces quatre derniers jours. Elle lui avait demandé son chemin à plusieurs reprises, parfois perdue, parfois pour éviter le chemin des Serpentard. Apparemment ils la laissaient tranquilles bien que des regards meurtriers étaient jetés et des insultes proférées.

Harry aurait voulu pouvoir faciliter la vie d'Eléanor mais il ne pourrait pas toujours lui éviter de croiser les élèves de Serpentard. De plus, il n'avait pas toujours la carte du Maraudeur sur lui. Et il y tenait trop pour la prêter à quelqu'un d'autre qu'à Hermione –ou Daphné, peut-être. S'il ne pouvait –ne voulait- pas la prêter, il pourrait par contre demander aux deux Maraudeurs restants comment ils l'avaient créés…

La création d'une carte sommaire du château pourrait être une bonne idée.