Chapitre 17

Lorsque les garçons descendirent dans la salle commune, Hermione remercia grandement Harry pour le cadeau si spécial qu'il lui avait offert.

- Tu as du faire beaucoup de recherche pour trouver ces notes ! Ça doit être très rare ! S'extasia-t-elle.

- J'ai fait appel à des gens qui se transmettent carnets et objets de générations en générations. Il se pourrait que je déniche également des notes de Poufsouffle et de Serdaigle d'ici quelques mois. J'y penserais pour ton anniversaire ou le prochain Noël, lui dit-il avec un clin d'œil.

Hermione avait les yeux brillants d'excitation.

- Ce serait absolument génial Harry, dit-elle, touchée.

Les autres Gryffondor ne les avaient pas attendus pour descendre. Hermione et lui rejoignirent la Grande Salle quelques minutes plus tard. Il y régnait une ambiance festive et les elfes de maison s'étaient surpassés : les plats semblaient plus succulents que d'ordinaire et les plats traditionnels anglais se bousculaient sur les tables.

La seule à se plaindre fut Fleur Delacour. Apparemment, elle trouvait que l'on mangeait richement trop souvent à « Potdelard » et elle avait peur de prendre du poids. En entendant ça, Harry leva les yeux au ciel. Elle était aussi mince qu'un balai et mangeait autant qu'un enfant de cinq ans.

Une grande bataille de boule de neige était prévue aujourd'hui, opposant les Serdaigles, les Poufsouffles et les Gryffondors. Etrangement, les Serpentards avaient refusé de se joindre à eux. Quand Harry avait croisé Malfoy alors que tout le monde sortait, il lui avait souri se souvenant des boules neige qu'il lui avait envoyées en plein visage l'année précédente. Malefoy aussi dû s'en rappeler car son visage devint pâle puis il se retourna et s'enfuit avec Crabbe, Goyle et Parkinson.

Harry n'avait pas aperçu Daphné au petit déjeuner, ni Tracy d'ailleurs. Blaise était seul à la table des Serpentards. Il aurait voulu la remercier pour son cadeau mais savait qu'il ne la reverra pas avant le bal.

Hermione préféra regarder la bataille de boules de neige de la porte du château que d'y participer. Vers dix-sept heures, elle salua Harry et Ron pour aller se préparer pour le bal. Les garçons avait prévu de monter vers dix-neuf heures car une heure était bien suffisante pour enfiler leur costume et attendre leur cavalière devant la Grande Salle. Harry lui monta à son dortoir trente minute à l'avance. Il voulait savoir qui serait présent au bal alors il activa la carte du Maraudeur.

Les professeurs McGonagall et Flitwick finissaient d'agencer les tables dans la salle, Dumbledore discutaient avec quatre personnes dont les noms ne lui disaient rien ce devaient être les membres des Bizarr' Sisters dont lui avait vaguement parlé Ginny. Ensuite, il y avait Madame Maxime, Igor Karkaroff, Ludo Verpey, Barty Croupton et Percy Weasley qui avait sans doute accompagné son patron. Les autres professeurs étaient aux quatre coins du château, surement à se préparer pour les uns ou à faire passer le temps avant le bal auquel ils ne voulaient pas participer –là, il pensait à Rogue et à Maugrey qui se trouvait dans son bureau.

Ceci fait, il désactiva la carte et la rangea dans sa malle et en sortit ses habits de bal. Une chemise blanche, un nœud papillon noir, une veste de velours noir, un pantalon et une ceinture noire et une cape de soie noire à mettre par-dessus. Les autres garçons de son dortoir entrèrent lorsqu'il commença à s'habiller. Dean et Seamus sortirent leurs habits et les posèrent sur leur lit mais ne semblaient pas pressés de les enfiler. Neville, lui, s'évertuait à cirer ses chaussures mais elles brillaient déjà et il ne pourrait pas faire mieux. Quand à Ron, qu'Harry voyait du coin de l'œil, il semblait partagé entre le dégout et la résolution en regardant la robe que sa mère lui avait envoyée. Il usa d'un sort de coupe pour enlever les fanfreluches, rendant la robe un peu plus masculine, mais toujours aussi moche. D'ailleurs le sort fut mal jeté car des fils pendaient maintenant sur le col et les manches.

Harry mit ensuite ses chaussures noires qu'il avait commandées d'Italie –où se trouvaient les meilleurs fabricants de chaussures, dixit Sirius- puis s'occupa à couper ses cheveux. Il s'y prit prudemment ne voulant pas rater son coup et réussi à les raccourcir pile comme il le voulait. Il fit ensuite disparaitre les cheveux tombés au sol et sur ses épaules puis ajouta la touche finale à sa tenue : un mouchoir en soie de couleur saumon pour rappeler la robe de sa cavalière.

Lorsqu'il fut dix-neuf heures quarante, il sortit du dortoir et attendit dans la salle commune. Juste après lui, Parvati et Lavande, bras dessus, bras dessous, descendirent en gloussant. Arrivées à sa hauteur, elles regardèrent la salle commune et, ne voyant ni Dean ni Seamus, allèrent les attendre, debout près du canapé. Cinq minutes plus tard, Ginny descendit les escaliers.

Sa robe de couleur saumon lui tombait des épaules et était cintrée au niveau de la taille par une ceinture de couleur fushia. Dans le jupon, des reflets bleu-vert donnait de la fraicheur au tissu.

- Tu es très belle Ginny et ta robe est vraoment jolie.

- Merci Harry, le remercia-t-elle, avec un grand sourire. C'est un costume moldu ? Il te va très bien, ajouta-t-elle quand il eut opiné.

Harry se tint droit, comme un général d'armée, et lui proposa son bras. Elle le prit et ils sortirent de la salle commune.

- Mais où est Hermione ? Entendirent-il demander Ron aux autres garçons.

Puis le portait de la Gross Dame se referma derrière eux.

Il y avait foule dans le hall d'entrée les portes de la Grande Salle étaient encore fermées. Après tout, il restait cinq minutes avant qu'il ne soit vingt heures. Harry vit les filles de Beauxbâtons dans un coin de la salle près de la porte donnant sur le parc. Fleur Delacour attendait avec Roger Davies.

Un groupe d'élèves de Serpentard montèrent du sous-sol où se trouvait leur salle commune. Malefoy était à leur tête. Il était vêtu d'une robe de soirée en velours noir à col dur qui, aux yeux d'Harry, lui donnait l'air d'un vicaire. Pansy Parkinson, dans une robe rose pâle surchargée de dentelles, lui tenait étroitement le bras. Crabbe et Goyle étaient tous deux vêtus de vert. On aurait dit deux rochers recouverts de mousse et Harry remarqua avec satisfaction que ni l'un ni l'autre n'avait réussi à se trouver une partenaire.

Derrière eux, Tracy au bras de Nott et Blaise donnant le bras à Daphné, suivaient. Quand il la vit, Harry en resta bouche bée. Sa robe cintrée était d'un bleu glacial et suivait parfaitement avec ses yeux gris acier et son collier était comme un prolongement de ses longs cheveux châtain ondulés. Le jupon comportait plusieurs couches de voiles pailletés mais l'ensemble était plutôt sobre et restait magnifique.

Ginny remonta son menton en riant. Il rougit et détourna le regard. Heureusement, elle ne savait pas qui lui avait fait cet effet.

Les grandes portes de chêne de l'entrée s'ouvrirent et tout le monde se retourna pour voir arriver les élèves de Durmstrang menés par le professeur Karkaroff. Krum était en tête du groupe, accompagné d'une ravissante jeune fille qu'Harry reconnut à grand peine être Hermione. S'il avait ignoré qui était son cavalier, il savait qu'il ne l'aurait pas reconnu tout de suite. Elle avait complètement changé de coiffure. Ses cheveux d'habitude touffus et emmêlés étaient lisses, soyeux et élégamment relevés sur la nuque. Elle portait une robe vaporeuse d'un bleu pervenche et son maintien était différent -peut-être était-ce dû à l'absence de la vingtaine de livres qu'elle portait d'ordinaire sur son dos. Elle souriait -avec une certaine nervosité, il est vrai- et cette fois, on voyait nettement que ses dents avaient bel et bien rétréci.

A travers la porte ouverte, Harry vit qu'une partie de la pelouse avait été transformée en une espèce de grotte qu'éclairaient des guirlandes lumineuses formées par des centaines de fées vivantes, assises dans des massifs de roses ou voletant au-dessus de statues qui représentaient le père Noël et ses rennes.

La voix du professeur McGonagall s'éleva alors dans le hall.

– Les champions, par ici, s'il vous plaît.

Harry salua Dean et Seamus qui se trouvaient derrière lui sur les marches d'escalier puis Ginny et lui s'avancèrent parmi la foule qui s'écarta pour les laisser passer. Le professeur McGonagall, qui portait une robe écossaise à dominante rouge et avait accroché une affreuse couronne de chardons, symbole de l'Ecosse, autour de son chapeau, leur demanda d'attendre à côté de la porte pendant que les autres élèves entraient dans la Grande Salle. Ils devaient y pénétrer chacun à leur tour, les uns derrière les autres, lorsque leurs camarades seraient installés à leurs tables. Fleur Delacour et Roger Davies attendirent tout près de l'entrée. Davies paraissait si émerveillé d'avoir été choisi comme cavalier par Fleur qu'il ne cessait de la contempler d'un air admiratif. Cédric et Cho étaient également tout près d'Harry et Krum et Hermione s'approchèrent d'eux.

- Salut Harry ! Dit-elle. Salut Ginny !

- Hermione tu es magnifique ! S'exclama cette dernière.

- J'aime beaucoup ce que tu as fait à tes cheveux Hermione et ta robe te vas à ravir, la complimenta-t-il.

- Merci, dit-elle, les joues rouges.

Les autres élèves la regardaient, stupéfaits, mais ce n'était guère flatteur. Lorsque les portes de la Grande Salle s'ouvrirent, les filles du fan-club qui épiaient Krum dans la bibliothèque passèrent devant eux en jetant à Hermione des regards dégoûtés. Pansy Parkinson, toujours au bras de Malefoy, ouvrit la bouche de stupeur lorsqu'elle la reconnut et Malefoy lui-même sembla incapable de trouver une insulte à lui lancer. Ron, en revanche, passa devant Hermione sans la voir.

Lorsque tout le monde fut installé dans la Grande Salle, le professeur McGonagall demanda aux champions de se mettre en rang par couples et de la suivre. Tout le monde applaudit leur entrée et ils se dirigèrent vers une grande table ronde au bout de la salle, à laquelle les juges étaient déjà assis.

Les murs de la Grande Salle avaient été recouverts d'un givre argenté étincelant, et des centaines de guirlandes de gui et de lierre s'entrecroisaient sous le plafond parsemé d'étoiles. Les tables des différentes maisons avaient disparu, remplacées par une centaine de tables plus petites, éclairées par des lanternes, autour desquelles pouvaient s'asseoir une douzaine de convives.

Dumbledore adressa aux champions un sourire joyeux mais Karkaroff eut une expression très proche de celle de Ron lorsqu'il vit arriver Krum et Hermione. Ludo Verpey, qui portait ce soir-là une robe violette parsemée de grandes étoiles orangées, applaudissait avec le même enthousiasme que les élèves. Madame Maxime, qui avait abandonné son habituel uniforme de satin noir au profit d'une longue robe de soie couleur lavande, se contenta d'applaudir poliment. Harry s'aperçut alors que Mr Croupton n'était pas là. Etrange. Il était pourtant présent plus tôt, sur la carte du Maraudeur. La cinquième place était occupée par Percy Weasley

Lorsque les champions et leurs partenaires furent arrivés devant la table, Percy recula la chaise vide qui se trouvait à côté de lui en regardant Harry mais celui-ci préféra faire comme s'il ne l'avait pas vu. Il était hors de question qu'il passe toute la soirée à l'écouter parler de son travail et de son patron.

Il s'assit à l'autre bout de la table en reculant d'abord la chaise pour que Ginny puisse s'assoir. Soudain, alors qu'il s'asseyait à côté d'elle, il se rappela quelque chose :

- Au fait, je t'ai dit qu'on devait ouvrir le bal ?

- Vraiment ?! Dit-elle en écarquillant les yeux.

- Oui, désolé, s'excusa-t-il.

- C'est pas grave, le rassura-t-elle rapidement en tapotant son bras. L'important est que tu l'aies dit.

Les assiettes d'or étaient encore vides, mais un menu était posé devant chacune d'elles. Harry prit le sien et le lut. Avant que Dumbledore n'ait eu temps de montrer le moyen de commander, s'adressant à son assiette, Harry dit à haute voix :

- Rôti de veau !

Des tranches de rôti de veau apparurent aussitôt. Suivant son exemple, les autres convives passèrent également commande à leur assiette. Harry se tourna vers Hermione pour voir ce qu'elle pensait de cette manière nouvelle et plus compliquée d'être servi -les elfes de maison devaient avoir beaucoup de travail supplémentaire ! Mais pour une fois, Hermione semblait ne pas se soucier de la S.A.L.E. Elle était absorbée dans une grande conversation avec Krum et restait indifférente au contenu de son assiette.

Harry se rendit compte qu'il n'avait jamais entendu Krum parler auparavant mais, en cet instant, il paraissait intarissable et même enthousiaste.

– Nous aussi, nous avons un château, mais pas aussi grrrand ni aussi conforrrtable, disait-il à Hermione. Nous avons seulement quatrrre étages et on n'allume les feux dans les cheminées que pourrr la prrratique de la magie. Mais nous avons un parrrc plus grrrand que celui-ci. En hiverrr, il ne fait pas jourrr longtemps et…

Harry n'écouta pas plus longtemps. Il parla avec Ginny, tout en mangeant son repas. Du coin de l'œil, à quelques tables de la leur, il observait Tracy rire aux éclats, Nott et Blaise sourire de temps en temps et Daphné garder son expression neutre, bien qu'elle participât à la discussion.

Se concentrant sur ce qu'il se passait à sa table, Harry tourna son attention vers Fleur Delacour qui était occupée à faire part à Roger Davies des critiques que lui inspiraient les décorations de Poudlard pour Noël. Roger Davies la regardait parler, l'air si ébahi qu'il n'arrivait même plus à trouver sa bouche pour y mettre ce qu'il y avait au bout de sa fourchette. Harry pensa qu'il était certainement trop occupé à contempler Fleur pour comprendre un seul mot de ce qu'elle disait.

De son côté, Hermione était en train d'apprendre à Krum à prononcer convenablement son nom. Il ne cessait de l'appeler « Herrrmion ».

Quelques minutes plus tard, Dumbledore attira l'attention de tous pour lancer le bal. Il invita les champions et leur cavalier ou cavalière à le suivre au centre de la salle. Il fit ensuite signe à Rusard de lancer la musique d'ouverture du bal et invita le professeur McGonagall. Harry dansa à son tour, faisant tournoyer Ginny lorsqu'il le fallait. Il ne se préoccupa pas des autres élèves qui les regardaient ni des autres champions qui dansaient à côté d'eux.

Les leçons de danse avaient payés. Il n'écrasa pas une seule fois les pieds de Ginny et la rouquine sembla passer un bon moment. A sa droite, Hermione souriait de toutes ses dents, Krum dansait très bien et Harry constata qu'ils formaient un joli couple. Bien sûr, il ne le dirait pas à Hermione qui ne considérait pas Krum comme tel.

- Tu danses vraiment bien Harry, fit remarquer la rouquine.

- J'ai eu un bon professeur, dit-il avec un petit sourire.

Lorsque la chanson fut terminé et que les Bizarr'Sister se mirent en place pour prendre la relève, il jeta un œil dans la direction de ses amis de Serpentards. Alors que la plupart des élèves se levaient pour rejoindre la piste de danse, Tracy avait pris son cavalier par le bras et s'était précipitée devant l'estrade. Blaise proposa à Daphné de danser et celle-ci accepta, son regard toujours de glace. C'était la troisième fois qu'Harry la regardait et leurs regards ne s'étaient toujours pas croisés.

Lorsque le groupe de sorcières joua, ce fut la folie. Certaines chansons permirent la danse mais les autres appelaient aux cris et aux sauts sur place. Harry s'assit quelques minutes vers vingt-deux heures trente il avait mal aux pieds. Il assura à Ginny qu'elle pouvait rejoindre les gens devant la scène et que cela ne le dérangeait pas qu'elle s'amuse alors qu'il était assis à table. La rouquine ne se le fit pas dire deux fois : elle l'embrassa sur la joue pour le remercier et disparut dans la foule.

Trente minutes plus tard, Harry raccompagna Ginny jusqu'aux escaliers du Grand Hall. Les cavaliers et cavalières de troisième années devaient aller se coucher à vingt-trois heures. Tous les autres élèves avaient jusqu'à minuit et demi pour profiter du bal.

Quand Harry retourna dans la salle, il s'assit à sa table, préférant écouter la musique plutôt que de danser. Depuis que le bal avait commencé, Hermione ne s'était pas assise une seule fois. Il était content qu'elle s'amuse autant.

Vers minuit, il commença à en avoir marre d'observer Daphné de loin, il s'avança vers elle puis il bifurqua vers Tracy.

- Puis-je avoir cette danse Miss Davis ? Demanda-t-il poliment.

- Bien sûr, dit-elle, calmement.

Une fois sur la piste, elle redevint la Tracy souriante et énergique qu'il connaissait.

- Aloooooors… Tu t'es amusée avec la petite Weasley ? Demanda-t-elle en faisant danser ses sourcils.

- Oui, même plus que ce que je pensais.

- Vraiment ? Pourtant tu n'as pas lâché Daphné des yeux, le taquina-t-elle.

- C'est vrai, dit-il en rougissant légèrement.

Il n'avait aucune raison de le cacher.

- J'aurais aimé danser au moins une fois avec elle mais bon, je comprends qu'elle ne veuille pas qu'on sache qu'elle s'associe à moi, dit-il, dépité. Alors, je me suis dit que je pouvais t'inviter à danser sans que ça ne te pose de problèmes avec les autres Serpentards.

- Le bal se termine dans trente minutes, deux tiers des élèves sont déjà partis se coucher et je parie qu'il n'y a personne dans le parc, énonça-t-elle. Vous pourriez danser derrière les murs de la Grande Salle et vous entendriez assez bien la musique.

Harry consulta la montre à gousset qu'il avait glissé dans la poche de sa veste. Il était minuit sept.

- C'est une excellente idée ! Tu peux lui dire que je l'attendrai derrière la Grande Salle dans dix minutes ? Lui demanda-t-il alors que se jouaient les dernières notes de la chanson.

- Aucun problème Roméo ! Accepta-t-elle avant de lui faire un clin d'œil.

Harry s'empressa de sortir dans le hall. La grande porte à double battant était restée ouverte et les fées lumineuses qui voletaient dans le jardin de roses scintillèrent autour d'eux tandis qu'il descendait les marches menant au parc. Il se retrouva entouré de massifs et de buissons parmi lesquels serpentaient des chemins bordés de fleurs et de grandes statues de pierre. Harry entendit l'eau d'une fontaine ruisseler quelque part. Par endroits, des couples étaient assis sur des bancs sculptés. Il suivit un des chemins qui s'enfonçaient parmi les roses mais à peine avait-il parcouru quelques dizaines de mètres qu'il entendit une voix familière et particulièrement désagréable :

– ... Je ne vois aucune raison de faire tant d'histoires, Igor.

– Severus, tu ne peux pas faire comme s'il ne se passait rien !

La voix de Karkaroff semblait anxieuse, étouffée, comme s'il ne voulait pas être entendu.

– Depuis plusieurs mois, on la voit de plus en plus nettement, poursuivit-il. Je commence à être très inquiet, je dois l'avouer...

– Alors, prend la fuite, répliqua sèchement la voix de Rogue. Va-t'en, je trouverai une explication pour justifier ton absence. Moi, en tout cas, je reste à Poudlard.

Rogue et Karkaroff apparurent au détour du chemin. Rogue paraissait de très mauvaise humeur. Il avait sorti sa baguette magique et lançait de petits sortilèges pour écarter les buissons de roses. Des cris aigus s'élevaient des bosquets et des silhouettes sombres en émergeaient.

– Dix points de moins pour Poufsouffle, Faucett ! Grogna Rogue en voyant une fille s'enfuir à toutes jambes. Et également dix points de moins pour Serdaigle, Stebbins ! ajouta-t-il à l'adresse du garçon qui courait derrière la fille.

Ils venaient dans sa direction. Harry s'empressa de tourner sa cape : il avait enfilé sa cape d'invisibilité par-dessous. Il fut invisible au moment-même où Rogue et Karkaroff passèrent devant lui pour regagner l'intérieur du château.

Il contourna le château vers la gauche et poursuivit son chemin en longeant le mur. Lorsqu'il arriva sous les grands vitraux de la Grande Salle, il sortit à nouveau sa montre. Il était minuit vingt, les Bizarr'Sister allaient bientôt arrêter de jouer et Daphné ne devrait pas tarder.

Il se demandait de quoi parlait Karkaroff. Qu'est-ce qui apparaissait de plus en plus nettement ? Et depuis quand Rogue et lui se tutoyaient ? Sirius et Remus pourront surement répondre à ces questions le lendemain soir.

Il entendit des pas fouler la neige. Quand il se retourna, il vit Daphné marcher vers lui avec grâce dans sa belle robe bleu glacier comme une reine norvégienne. Son regard froid fondit comme neige au soleil et elle haussa élégamment son sourcil droit lorsqu'elle fut face à lui.

- Inviter Tracy pour qu'elle me fasse parvenir ton message était un coup de maitre.

- Peut-être que j'ai tout simplement invité Tracy parce que je voulais danser avec elle, dit-il en haussant les épaules.

- Bien sûr, dit-elle, pas dupe pour un gallion. Tu voulais me dire quelque chose ?

- Il y a beaucoup de choses que j'aimerai te dire, dit-il alors que son cœur battait la chamade, mais ce n'est pas le moment. Me ferais-tu l'honneur de m'accorder cette danse Ma Lady ? Demanda-t-il en lui tendant la main et en s'inclinant.

Une nouvelle chanson lente et mélancolique venait de commencer. C'était un slow.

- Bien Mon Lord, répondit-elle avec un sourire en coin et relevant un coin de sa robe.

Elle prit sa main puis se rapprocha de lui et posa sa tête sur son épaule.

- Merci pour le papier à lettre, le tampon et la montre, ça me touche énormément. Tu n'aurais pu me faire plus beau cadeau, dit-il une minute plus tard.

- Vraiment ? Chuchota-t-elle. J'ai aussi beaucoup aimé ton cadeau. Le cristal est magnifique et très utile.

- Content qu'il te plaise, commenta-t-il avec un sourire. A propos du basilic, je ferai envoyer les pots que tu as choisis chez toi durant les vacances. Je me suis dit que ce ne serait pas discret que tu les reçoives dans ta salle commune.

- Bien pensé.

Ils ne dirent plus rien pendant une minute, se balançant seulement au rythme de la musique.

- J'ai essayé de croiser ton regard à plusieurs reprises ce soir. Mais je n'ai jamais réussi.

Harry la sentit se tendre.

- Tu semblais bien t'amuser avec Weasley, dit-elle avec précaution. Je ne voulais pas ruiner ton moment, se justifia-t-elle en haussant les épaules.

Harry ne savait pas s'il devait la croire…

- Je croyais qu'une Lady ne devait pas hausser les épaules.

- Sauf que, là, je suis tout sauf une lady. Je suis juste Daphné.

Harry se détacha légèrement de la brune et la regarda dans les yeux.

- Je suis heureux que tu te sentes assez bien avec moi pour te permettre d'être toi-même.

Il l'embrassa tendrement sur la joue pas certain d'être capable ou même de pouvoir aller au-delà. Daphné ne commenta pas son geste et remis sa tête sur son épaule. Ils se balancèrent à nouveau alors que la musique se terminait.

- Il est tard, dit-elle. Il vaut mieux que je rentre pour éviter que les autres ne se posent des questions.

Elle se détacha de lui avec regret.

- Merci pour la danse.

- Non, merci à toi, s'opposa Harry. Ainsi, ma soirée se termine bien.

Mais une chose le chiffonnait. Cela faisait six mois qu'ils se connaissaient. Ils étaient rapidement devenus amis, s'étaient vraiment rapprochés et maintenant…

- Estcequetuveuxsortiravecmoi? Lâcha-t-il.

Daphné le regarda, confuse. Il avait parlé rapidement et elle n'était pas certaine d'avoir compris.

- Je n'ai pas compris Harry. Tu peux répéter ?

- Je… j'ai demandé si…

Puis il se dégonfla.

- Non, oublie. C'était idiot.

Puis il chuchota :

- Je connais déjà ta réponse de toute façon.

Daphné sembla comprendre de quoi il parlait car elle dit :

- Harry… tu sais bien que ce n'est pas possible… personne ne doit savoir-

- Ça pourrait rester secret, dit-il en levant les bras en l'air. Personne ne sait qu'on est amis, personne n'a à savoir que-

- Non !

Elle se radoucit, se rendant compte qu'elle avait crié. Elle tenta de lui expliquer :

- Harry, c'est compliqué…

- Tu dis toujours que c'est compliqué, qu'on ne peut pas révéler notre amitié mais à qui cela poserait problème exactement ? Tenta de savoir le Gryffondor. Aux Serpentards ? On s'en fout d'eux ! A tes parents ? Et si on leur révélait qu'on est ami, mais que je leur assurais que cela ne changeait rien pour votre neutralité et qu'on peut encore garder notre relation secrète à Poudlard ? Et si je …

- Harry, arrête ! S'exclama-t-elle soudainement en reculant. Il y avait des conditions pour qu'on soit amis à Poudlard et tu les as acceptées. Je t'ai présenté à ma sœur, mes amis et j'ai même rencontré Granger, alors que ce n'était pas prévu à la base. On ne peut pas être ensemble !

- Tu ne m'aimes pas, dit-il finalement, avalant douloureusement sa salive. Si c'est la seule raison, alors dis-le-moi.

- Arrête de dire ça ! Bien sûr que … bien sûr que je t'apprécie énormément ! Même plus que je ne le devrais, dit-elle tout bas. Mais si tu continues, on va devoir arrêter de se voir, dit-elle à contrecœur.

Harry ne le voulait pas. Mais il ne comprenait pas pourquoi ils ne pouvaient pas parler en public, ni sortir ensemble, ni en parler à ses parents. Il n'avait pas l'intention de changer leur neutralité, et cela n'avait pas vraiment d'importance, ils n'étaient pas en guerre après tout-

Et là, la pièce tomba. La guerre. La neutralité. Voldemort.

- Voldemort n'est pas mort, dit-il soudainement, réalisant que c'était la raison de son entêtement. Vous le savez et c'est pour ça que vous voulez rester neutres.

A ces mots, Daphné serra les dents mais ne confirma pas.

- Comment l'avez-vous compris ?

Daphné baissa les yeux et soupira. Jamais elle n'aurait pensé avoir cette conversation.

- Mon oncle, le frère de mon père, était un mangemort. Parce que notre famille était de sang-pur et ne soutenait pas Dumbledore, il nous a laissé tranquille. Mes parents pensaient que nous étions en sécurité lorsque tu l'as vaincu il y a treize ans mais, depuis trois ans, la marque des ténèbres de mon oncle devient de plus en plus nette.

Plus nette ! C'est de cela que parlaient Rogue et Karkaroff, se dit Harry.

- C'est comme ça qu'on a su qu'il était de retour, dit-elle, une larme coulant le long de la joue. Je dois penser à la sécurité de ma famille, je la mets déjà suffisamment en danger rien qu'en te parlant, Harry, alors si on était…

Harry l'interrompit en la serrant contre lui.

Il comprenait maintenant.

- Si la situation était différente, dit-elle en reniflant, crois-moi, j'aurais accepté d'être ton amie bien plus tôt, j'aurais accepté ton invitation pour le bal et ma réponse aurait été différente ce soir.

- Je sais qu'il n'est pas mort, et qu'il tente encore de revenir, mais on ignore quand il reviendra, argumenta-t-il en tenant son visage entre ses mains. Dans six mois ? Dans deux ans ? Dix ? Peut-être n'y arrivera-t-il jamais ! Est-ce que tu vas t'empêcher de vivre en attendant qu'il revienne ? Demanda-t-il, essayant de la raisonner.

Daphné ne sut quoi dire.

- Je l'ai compris cet été qu'il n'était pas mort. J'ai appris des choses sur lui qui te feraient avoir des cauchemars mais je ne me suis pas écrasé, je n'ai pas pleurniché, ni pensé que ma mort viendrait plus vite que prévu. S'il revient un jour, je serais prêt, non seulement à affronter ses mangemorts pour protéger ceux que j'aime mais aussi à l'affronter s'il le faut.

Il reprit la brune dans ses bras.

- Je t'en prie, réfléchis-y, l'implora-t-il alors que les lumières de la Grande Salle s'éteignaient, les laissant seulement éclairés par la lumière lunaire.