Chapitre 20
Harry aimait vraiment la Salle-sur-Demande elle offrait tellement de possibilités ! Alors qu'il faisait des tractions sur une barre de suspension, il avait une échelle aussi haute que celle de la Chambre des Secret dans son champ de vision. C'est à peine s'il voyait le plafond.
Avant de la changer, la salle n'était qu'une boucle sans fin d'escaliers montants et descendants qu'Harry avait monté et descendu une trentaine de fois. Rien de tel pour se muscler les cuisses. Maintenant, il s'occupait de ses bras –ainsi il reposait ses muscles inférieurs endoloris- et, ensuite, de son endurance en montant une échelle.
Faire du sport ne servait pas uniquement à se muscler, à être plus endurant au combat ou en duel, ni même à être plus rapide c'était un exutoire à sa frustration et à l'énervement provoqué par tout ce qui se passait dans sa vie. Et puis, quand il allait prendre une douche, épuisé et puant la sueur, après une séance de sport, il était trop fatigué pour penser à quoi que ce soit.
Arrivé à sa trentième traction, il lâcha la barre et demanda une douche et une serviette à la salle. Une porte apparut. Il demanda à Dobby de lui apporter des vêtements propres de sa malle puis se lava.
Il était onze heures trente quand il eut fini et il avait faim. Mais manger dans la Grande Salle ne le tenta pas. Il avait croisé le regard de Daphné au petit-déjeuner : de la pure torture. Son regard avait été froid, ses lèvres étaient serrées en une ligne mince. Aucun sourire. Rien. Elle ne comprenait pas son attitude envers elle et ne semblait vraiment pas l'apprécier. Autant ses yeux semblaient tristes au départ –il fallait vraiment bien la connaitre pour y déceler de la tristesse-, autant ils étaient froids depuis quelques jours.
Il demanda un raccourci à la Salle-sur-Demande afin d'accéder plus rapidement aux cuisines. Un trou apparut dans le sol. Il se pencha vers l'ouverture : c'était un toboggan. Il rangea sa carte et sa cape dans ses poches puis se laissa glisser. La descente fut longue. Après tout, il était au septième étage et les cuisines se trouvaient au rez-de-chaussée.
Un pan du mur près du portrait de la coupe de fruit s'ouvrit et il atterrit lourdement sur ses fesses. Pratique ce raccourci mais pas très confortable.
Après avoir pris de quoi se sustenter, il se réfugia au Poste. Dans le canapé, alors qu'il finissait de manger sa poire, il ouvrit l'un des journaux d'Helga Poufsouffle. Harry n'était pas vraiment porté sur la botanique et la nature en général mais aimait les animaux. Et puis, il pourrait trouver quelque chose d'intéressant.
Dans le premier journal, la fondatrice avait commencé une encyclopédie de plantes moldues et magiques. Sur les cinq dernières pages, elle avait décrit les quelques créatures magiques qui habitaient la forêt interdite.
Le second était une bonne lecture mais Harry n'y comprenait pas grand-chose. Elle parlait beaucoup de la nature, de la magie et du lien qui était établi entre les deux dans la moitié du carnet puis il y avait quelques pages blanches. Enfin, dans les dernières pages, elle parlait de sa fille qui disparaissait dans les sombres recoins du château. Elle suspectait un petit ami alors qu'elle était fiancée au fils d'un éminent sorcier de sa connaissance. Pour avoir des réponses à ses questions, elle avait échangé une brique de chaque salle qu'elle voulait mettre sous surveillance par une brique qu'elle avait enchantée. Grâce à ce système de surveillance connue d'elle seule, elle put prendre sa fille en flagrant délit avec un jeune sorcier de son âge appartenant à la maison Gryffondor.
Le ou les sorts utilisés pour enchanter les briques n'étaient expliqués dans aucun des journaux et, pourtant, Harry les relut trois fois pour en être certain. Cela lui aurait été fort utile et il se doutait que le processus devait être intéressant.
Puis il relut la fin du second carnet.
Poufsouffle avait échangé les briques.
Si Harry voulait utiliser le Poste à son avantage, le seul moyen de changer le point de vue des hublots était sûrement de récupérer les briques en question et de les échanger dans le lieu qu'il voulait. Mais comment allait-il reconnaitre ces briques ?
25 janvier
En cours de sortilèges, il lisait les derniers chapitres de son manuel alors que les autres élèves apprenaient le sort d'expulsion lui, il le maitrisait déjà. Il l'avait appris en même temps que le sortilège d'attraction pour l'aider durant la Première Tâche.
Au matin, il avait lu le numéro de la veille de la Gazette que Ron avait reçu de sa mère et que Ginny lui avait prêté après l'avoir parcouru. Il avait pour titre : La mystérieuse maladie de Bartemius Croupton.
Harry parcourut l'article sur Croupton. Des morceaux de phrases lui sautèrent aux yeux : n'a pas été vu en public depuis le mois de novembre... la maison paraît déserte... L'hôpital Ste Mangouste pour les maladies et blessures magiques s'est abstenu de tout commentaire... Le ministère refuse de confirmer les rumeurs de maladie grave...
Si Croupton n'apparaissait plus en publique pour maladie, que faisait-il tous les jours dans le bureau de Maugrey ?
C'est ainsi que Harry se décida à mettre son plan en marche.
Cette nuit, il irait dans le Grand Hall, délogerait la brique de surveillance de Poufsouffle et irait l'installer dans le bureau de Maugrey. Le tout était d'être prudent : les appartements du sorcier étaient juste à l'arrière. Le Poste ne l'aidait pas vraiment à la surveillance de Maugrey pour le moment. Après tout, les points de vue étaient publics. Mais ce qu'Harry avait remarqué, et sa position au Poste l'avait confirmé, c'est que Maugrey ne buvait que dans sa flasque. Les gens disaient qu'il craignait d'être empoisonné. Mais il était à Poudlard et des sorts existaient pour détecter des poisons ou des potions dans les boissons et la nourriture. Alors que buvait réellement Maugrey ?
Entre deux cours, il croisa Eleanor, accompagnée de deux de ses camarades. La jeune fille fit signe à ses amies de ne pas l'attendre et celle-ci partirent en direction de leur salle de classe, tout en regardant Harry avec des yeux admiratifs.
- Salut Harry ! Le salua la jeune Poufsouffle.
Elle souriait de toutes ses dents et n'avait plus rien à voir avec la jeune fille effrayée qu'il avait 'sauvée' des griffes de Serpentards plus âgés deux mois plus tôt.
- Salut Eleanor ! Comment vas-tu ?
- Beaucoup mieux depuis Noel ! Je n'ai presque plus croisé les Serpentards qui m'embêtaient !
- Je suis heureux de l'entendre, lui sourit-il.
Ils discutèrent encore quelques minutes de la nouvelle routine de la première année, des amies qu'elle s'était finalement faites et des cours qu'elle aimait et ceux qu'elle aimait moins puis ils reprirent chacun leur chemin, la jeune fille sautillant jusqu'à sa salle de classe.
Habituellement, les ennuis trouvaient Harry ou ses actions avaient des conséquences néfastes. Alors il était heureux qu'une de ses actions ait, pour une fois, fait du bien à quelqu'un.
Le soir-même, à l'étage du bureau de Maugrey, il attendait au bout du couloir que ce dernier sorte afin de rejoindre ses appartements. Il avait la brique du Grand Hall, posée à ses pieds. Lorsqu'il fut deux couloirs plus loin, il regarda la carte. L'étiquette du nom d'Alastor Maugrey figurait toujours dans le bureau. Devant la porte, il toqua. Si on lui répondait d'entrer, il avait une réponse toute prête. Sinon, il entrait et il verrait quoi faire à ce moment-là.
Personne ne lui répondit. Sur la carte, Maugrey ne semblait pas bouger. Il entra mais ne vit personne. Vérifiant à nouveau sur la carte, il se déplaça pour arriver jusqu'à l'endroit où Maugrey –ou l'étiquette sur la carte- se trouvait. Il buta contre la malle à plusieurs compartiments de l'ancien auror. Haussant les épaules, il se reconcentra sur le but premier de sa venue et, montant sur un bureau proche du mur, installa la brique à la place d'une autre. Déloger la brique d'origine fit un peu de bruit et un peu de poussière tomba au sol mais la carte l'informa que Maugrey ne bougeait toujours pas. Il descendit de son perchoir et jeta une rapide sort de nettoyage.
Il regarda à nouveau sur la carte l'étiquette nommée Barthemius Croupton. Il était dans les appartements du professeur Maugrey, il avait donc le temps. Il se tourna à nouveau vers la malle et déverrouilla le premier compartiment. Il n'y avait que des vêtements. Dans le deuxième, il y avait des bocaux avec des araignées et des flacons. Dans le troisième, des jambes de bois différentes ainsi qu'en d'autres matières. Dans la quatrième, des ingrédients de potion. Il les regarda plus attentivement. Il n'y avait pas grand-chose : quelques tiges de sisymbre, des sangsues et des chrysopes dans des bocaux, de la peau de serpent d'arbre du Cap et une corne de bicorne.
Harry et Ron n'avait pas fait grand-chose à l'époque ; c'était Hermione, la meilleur des trois en potions, qui avait préparé la concoction mais Harry se souvenait bien de ces ingrédients : ils entraient dans la composition du Polynectar.
Des idées folles tourbillonnant dans sa tête, il se dépêcha d'ouvrir les autres compartiments. Dans les deux suivants, il y avait des objets qu'Harry ne reconnut pas. Puis, il déverrouilla le septième compartiment.
Au premier abord, il ne vit rien et crut qu'il était vide. Puis il se pencha pour en voir le fond mais, le compartiment étant profond de plusieurs mètres, il ne vit rien tant l'intérieur était sombre.
- Lumos Maxima !
La lumière envahit le compartiment jusqu'à son fond et Harry y vit quelque chose.
Ou plutôt, quelqu'un.
- Professeur Maugrey ?! S'exclama-t-il, surpris.
Il entendit un grognement.
- Alastor Maugrey ? C'est Harry Potter.
L'homme leva péniblement la tête.
- Potter ?
- Qu'est-ce que vous faite là-dedans monsieur ? Demanda Harry, bien qu'il commença à comprendre la situation.
- Allez chercher le directeur Potter ! Lui dit Maugrey, la voix rauque. Et vite, avant que l'autre ne revienne et ne vous trouve ici.
-Oui monsieur, je me dépêche !
Harry regarda sa carte mais l'étiquette de Bartemius Croupton, qui devait être l'autre Maugrey sous Polynectar, était toujours dans ses appartements. Le directeur, lui, était dans son bureau. Harry sortit du bureau de Maugrey, de sa salle de classe puis courut dans les couloirs afin de rejoindre le bureau de Dumbledore au rez-de-chaussée.
- Patacitrouille ! Mars ! Sorbet citron !
La dernière sucrerie était la bonne et la gargouille bougea sur le côté.
Harry grimpa quatre à quatre les marches le menant à la porte et l'ouvrit sans prendre la peine de frapper. Le directeur, penché sur des documents, sursauta à son arrivée.
- Harry, que…
Mais Harry le coupa :
- Monsieur, Alastor Maugrey est dans sa malle il a été enfermé par celui qui se fait passer pour notre professeur !
- Comment ?!
- Le professeur Maugrey est un imposteur ! Il a gardé Alastor Maugrey pour prendre ses cheveux et l'utiliser pour prendre son apparence avec du Polynectar.
Le directeur se leva et passa devant lui pour descendre les escaliers.
- Harry, va chercher le professeur Rogue et rejoignez-moi dans le bureau d'Alastor. Vite !
Harry sortit du bureau à sa suite en sautant les marches puis descendit au cachot. Rogue n'allait pas être content d'être dérangé à cette heure, surtout par lui en plus, mais il y avait urgence. Lorsqu'il martela la porte des appartements du professeur de Potions, celui-ci ne tarda pas à l'ouvrir, pas l'air content du tout.
- Potter, comment osez-vous me dér…
- Le professeur Dumbledore m'a envoyé vous chercher, le coupa-t-il. On doit aller dans le bureau de défense pour libérer Alastor Maugrey qui a été enfermé dans sa malle par quelqu'un qui a pris son apparence avec du Polynectar. Vite monsieur !
Harry n'avait jamais vu Rogue courir jusqu'à aujourd'hui.
Et il courait vite !
Ils arrivèrent au sixième étage en moins de cinq minutes et entrèrent dans le bureau, baguette à la main. Le professeur Dumbledore avait déjà sorti Maugrey qui s'était habillé d'une robe simple et s'était assis sur une chaise.
- Professeur, vous allez bien ? Demanda Harry au vieil auror.
- Ca peut aller, dit Maugrey, la voix rauque.
Le professseur Dumbledore fit apparaitre un verre qu'il remplit d'eau avant de le donner à l'auror. Celui-ci le but et se racla la gorge.
- Mais je ne suis pas votre professeur, Potter, dit-il avec une voix bourrue, alors appelez-moi Fol Œil. Je ne vous ai jamais enseigné quoi que ce soit après tout, ajouta-t-il en plaçant son œil magique sur son crâne.
Harry regarda sa carte alors que Rogue avait le dos tourné et discutait avec Fol Œil et Dumbledore. L'étiquette de Barthemius Croupton avait quitté ses appartements et se dirigeait par ici. Il y serait dans deux minutes.
- Professeurs ! L'imposteur se dirige vers nous ! Il ne va pas tarder !
Ils ne lui demandèrent pas comment il savait cela, bien que Dumbledore devait s'en douter et que Rogue avait ses soupçons depuis l'année dernière. Ils sortirent leur baguette, prêts à sauter sur le faux professeur Maugrey.
Une minute plus tard, ils entendirent le bruit caractéristique de la jambe de bois claquant sur sol de pierre du château. Quelques secondes plus tard, il entra et n'eut pas le temps de sortir sa baguette que Rogue le désarmait et que le Directeur l'attachait sur une chaise.
- Severus, allez chercher l'antidote.
Le professeur de potions les quitta et revint dix minutes plus tard, essoufflé. Pendant ce temps, l'imposteur n'avait que ricané et léché ses lèvres à plusieurs reprises. Dumbeldore lui fit avaler l'antidote du Polynectar de force et le sorcier commença à changer : son corps s'amincie, s'allongea et son visage se modifia. D'ailleurs, l'œil magique tomba, n'ayant plus de place pour tenir.
L'homme devant eux devait avoir la trentaine. Il avait des taches de rousseur et des cheveux couleur paille, ébouriffés et sales. Il léchait ses lèvres de manière compulsive ce devait être un tic. Et ses yeux étaient ceux d'une personne consumée par la folie.
- Barthemius Croupton Junior, chuchota Harry.
Les deux professeurs le regardèrent, étonnés qu'il connaisse son identité. Le jeune Croupton, lui, semblait ravi.
- Plus intelligent qu'il n'en a l'air, le Potter, dit-il en ricanant.
Dumbledore lui fit avaler une autre potion. Harry ignorait ce que c'était.
- Qui êtes-vous ? L'interrogea le Directeur.
- Barthemius Croupton Junior, confirma-t-il.
- Pourquoi avoir usurpé l'identité d'Alastor Maugrey ?
- Pour faire entrer Harry Potter dans le Tournoi des Trois Sorciers.
Harry comprit aux grimaces de Croutpon qu'il tentait de ne pas parler et donc que ce devait être la potion de vérité : le Veritaserum.
- Qui vous a engagé ?
- Le Seigneur des Ténèbres !
- Pourquoi Lord Voldemort me veut-il dans ce Tournoi ? Demanda à son tour Harry.
- Potter, n'intervenez pas ! S'écria Rogue.
Mais, sous la contrainte du Veritaserum, Croupton répondit :
- La dernière tache contient un trophée que je devais transformer en portoloin pour vous amener à lui !
- Vous confirmez que Lord Voldemort est bien vivant ? Demanda Dumbledore.
- Oui ! Et plus puissant que jamais !
- Alors pourquoi a-t-il besoin d'Harry Potter ?
- Il est l'un des ingrédients d'un rituel servant à redonner un corps à mon maitre.
- Je crois que nous avons tout ce dont nous avions besoin, dit Dumbledore. Severus, avertissez le Ministre par cheminette et demandez-lui de venir avec des aurors pour arrêter Monsieur Croupton.
- Il faudrait peut-être aussi appeler Amélia Bones, la Directrice du Département de la Justice Magique, non ? Suggéra Harry au Directeur.
Celui-ci opina sans paraître surpris qu'Harry connaisse Amélia Bones, sans soute trop occupé à garder un œil sur leur prisonnier.
Dumbledore suggéra à Harry de rejoindre son dortoir, mais cela ressemblait plus à un ordre qu'à une demande. Il s'en alla mais ne partit pas dormir. Au contraire. Se rappelant le but premier de sa présence dans le bureau d'Alastor Maugrey, il descendit les escaliers et entra au Poste. Puis il alla s'installer dans le canapé et observa ce qu'il se passait dans le bureau du vieil auror à travers la brique de surveillance.
Le ministre Fudge, la Directrice Bones et trois aurors dont Tonks arrivèrent vingt minutes plus tard. Le ministre ne crut pas les propos du mangemort, même sous Veritaserum, et jugea qu'il fallait lui faire subir le baiser du détraqueur.
Quel imbécile, pensa Harry, révolté qu'un homme comme lui soit leur Ministre.
Bones le raisonna sur l'importance de prendre en compte les informations du mangemort et de le mettre en garde à vue pour l'interroger avant de l'envoyer à Azkaban. Les trois aurors arrêtèrent Croupton Junior et le Ministre les suivit. Amélia Bones resta car Dumbledore l'avait apostrophée :
- Amélia, un mot, s'il vous plait ?
Elle se tourna vers lui, son monocle reflétant l'ennui dans son regard.
- Albus Dumbledore, je vous écoute.
- Je n'avais pas vraiment pensé à vous appeler ici. C'est Harry Potter, l'auteur de cette surprenante découverte, qui a suggéré votre présence.
La femme aux cheveux bruns, tombant sur ses épaules, n'exprima ni surprise ni quoi que ce soit d'autre. Elle attendait patiemment que Dumbledore en vienne au point qu'il voulait aborder.
- Avez-vous déjà rencontré Mr Potter ? Ou parlé avec lui ?
Harry ricana. Sachant qu'il ne lui donnerait aucune réponse après leur précédente rencontre dans son bureau, Dumbledore s'était tourné vers la principale concernée.
- Je n'ai jamais parlé à Mr Potter, ne l'ai jamais rencontré ni vu d'une quelconque façon, Dumbledore. Si c'est tout, je dois me rendre au ministère.
Sur ces mots, elle tourna les talons.
Dumbledore resta dans le bureau avec Maugrey et Rogue et ils aidèrent le vieil auror à aller jusqu'à l'infirmerie. Harry se leva pour sortir du Poste, emportant au passage le document envoyé par Tonks, attestant l'envoie de Sirius à Azkaban. Il fallait qu'il intercepte Amélia Bones pour lui parler.
Devant le bureau du Directeur, il attendit que la femme arrive. Quand elle tourna dans le couloir où il se trouvait, elle ne sembla que légèrement surprise d'être attendue.
- Bonsoir Lady Bones, je suis Harry Potter. Je suis enchanté de pouvoir enfin vous rencontrer, lui dit-il en inclinant la tête.
- Monsieur Potter, j'aurais dû me douter que c'était vous, dit-elle.
- Pardonnez-moi pour le dérangement, je voulais juste savoir si vous aviez reçu mes deux lettres.
- Oui, je les ai reçues.
Elle ne dit rien d'autre.
- Et qu'est-ce que vous allez faire à ce propos ? Osa-t-il demander.
- J'étudie les preuves que vous m'avez envoyées et je vous convoquerais sous peu pour que vous témoigniez.
- Cela sera-t-il connu du grand public ? Demanda-t-il, inquiet.
- Ce sera fait à huit clos et ni presse ni civile n'en entendra parler avant le procès de Monsieur Black.
Il acquiesça, soulagé.
- J'ai en ma possession une information que je pense utile à l'enquête que vous menez, dit-il.
- Et quel est-elle ? Demanda-t-elle en ajustant son monocle.
- Sirius Black a été envoyé à Azkaban sans jamais avoir eu de procès.
- Et comment pouvez-vous savoir une telle chose ?
- J'ai eu accès aux archives publiques et il n'y a aucun document de procès.
- Très bien, Monsieur Potter. Si vous avez encore des documents à l'avenir, faites-les-moi parvenir et gardez toutes vos découvertes pour votre témoignage. Je vous en communiquerai la date cette semaine.
Sur ce, la femme au monocle monta les marches du bureau de Dumbledore et disparut.
29 janvier
Le vendredi, Harry reçut enfin sa convocation au tribunal. Il serait interrogé à huit clos par Amélia Bones, en présence d'un scribe. Il devait se présenter au premier sous-sol, à la salle numéro huit, le samedi treize février à quatorze heures.
Toute la semaine, les rumeurs sur le professeur Maugrey allaient bon train. Les élèves savaient que leur enseignant était un imposteur mais ignoraient son identité. Ils savaient également que le vrai Maugrey Fol Œil était enfermé dans sa malle dans son bureau et qu'il avait été découvert dans la nuit du lundi au mardi.
Le véritable Maugrey avait été emmené à Ste Mangouste pour malnutrition, sédentarisation forcée -sa malle ne lui permettait pas de s'allonger- et blessures. Ils n'avaient donc pas d'enseignant de défense pour le moment.
Harry passa la soirée, comme toutes les soirées de la semaine, la tête sous l'eau. Hermione et Ginny s'entrainaient avec lui, pas forcément tous les jours, ni forcément en même temps. Pour le moment, il tenait le sort quarante minutes à l'air libre et environ trente minutes sous l'eau.
Le lendemain, il reçut un courrier d'Hélène Marchalls en personne. Et avec le mot, un rapport des ventes du mois. Les trois nouvelles boissons semblaient avoir été commandées et/ou achetées par la moitié des sorciers de Grande-Bretagne. Et la bière au beurre voyait son chiffre de vente doubler. L'entreprise n'avait jamais effectué un aussi bon chiffre d'affaires et les travaux de l'annexe avançaient à vitesse grand V.
Dans sa lettre, Madame Marchalls lui expliquait avoir trouvé des locaux de taille importante et à prix raisonnable en Europe : un en Allemagne, un en Norvège et un France. Elle lui expliqua souhaiter exporter sa marque sur le marché européen et attendait sa réponse ainsi que celle de son gestionnaire. Il faudrait qu'il lui demande une copie des dossiers dans sa prochaine lettre pour qu'il y jette un œil avant de les envoyer à Ragnock il était meilleur investisseur que lui.
Après le déjeuner, il se rendit dans la salle du cinquième étage où ses amis et lui se donnaient rendez-vous pour le journal. Ginny lui rendit son article et Hermione lui rendit le sien qu'il avait fini quelques jours plus tôt -il lui avait demandé d'en corriger la fin. Colin avait développé les photos demandées et, tous ensembles, ils disposèrent les articles et les photos pour que Luna puisse les imprimer avec du papier journal. Ensuite, ils se mirent d'accord pour la disposition des titres et de l'article de la première page portant sur Maugrey Fol Œil.
Une fois qu'un journal fut terminé et imprimé, Luna lança l'impression des trois cents quarante journaux qu'Harry déposerait sur les tables de la Grande Salle pendant la nuit.
Le soir, au Poste, Harry sortit son grimoire. Il voyait par les hublots que quelques préfets et professeurs veillaient encore dans les couloirs. Il allait donc encore attendre avant de sortir.
Il tourna les pages jusqu'à arriver au chapitre traitant de la magie de sa famille.
Cela faisait penser à Harry à Arthur et les chevaliers de la table ronde. Sans les chevaliers, Arthur n'avait aucun pouvoir mais, avec eux, il était puissant, militairement et socialement parlant. La magie des partageurs fonctionnait d'une manière semblable. Les familles alliées à la siennes étaient ses chevaliers. En cas de besoin, de danger, il pouvait compter sur la magie de ses alliés pour le protéger. Il pouvait puiser leur pouvoir à travers le lien qui les unirait afin de devenir temporairement plus puissant et, plus il aurait d'alliés, plus il serait puissant et pour plus longtemps. Et cela fonctionnait également dans l'autre sens. Si une famille de sorcier, alliée à sa famille, était en danger, le chef de la famille pouvait puiser dans les pouvoirs d'Harry et de leurs alliés afin d'augmenter ses chances de combattre l'ennemi. Le point fort de cette magie était que 'puiser' ne signifiait pas 'affaiblir'.
Faire cette analogie fit se redresser le Survivant.
Daphné avait peur que leur relation n'oblige sa famille à revoir ses positions : soit ils soutenaient Voldemort -ce qu'ils ne voulaient pas- soit ils soutenaient Dumbledore et se mettaient en danger vis-à-vis de Voldemort. Mais si les Greengrass ne choisissaient aucune des deux et se trouvaient sous la protection de la famille Potter ? Il pourrait utiliser la magie des partageurs –la magie de sa famille- et assurer la protection de la famille de Daphné…
Quand, via les hublots, il ne vit plus personne dans les couloirs, Harry referma le grimoire et sortit, les journaux réduit à la taille d'une boite d'allumettes dans sa poche.
L'idée de rallier les Greengrass à sa famille résoudrait le problème mais il s'agissait de la magie de sa famille ce n'était pas une décision à prendre à la légère. Et se décider à le faire uniquement pour être avec la fille de laquelle il était amoureux, Harry ne pensait pas que son père -s'il avait été vivant- aurait approuvé. De plus, s'il prenait du recul, il ne connaissait Daphné que depuis sept mois. S'il avait réfléchi à cela pour Hermione peut-être aurait-ce été déjà plus raisonnable. Après tout, il la connaissait depuis trois ans et demi. Mais encore, il ne savait pas si elle lui était plus loyale qu'à Dumbledore.
Il lui fallait murir sa réflexion avant de décider de quoi que ce soit…
Mais, en attendant, il avait des journaux à distribuer…
