Chapitre 26

- Je voudrais le distribuer dans la nuit de dimanche à lundi, ainsi tout le monde en parlera en cours et on pourra entendre leurs commentaires. Vous en êtes ou ? Ginny ?

- J'ai les résultats des matches internationaux et britanniques, mais dans l'ensemble, rien de nouveau par rapport à ce que publiera la Gazette.

- Pour l'instant, on s'en contentera. L'année prochaine, tu pourras te concentrer sur les matches à Poudlard et je réfléchirai à une nouvelle rubrique à te donner si ce n'est pas assez.

- D'accord, patron ! Lui répondit-elle avec un clin d'œil.

- Colin ?

- Eh bien, j'ai une photo de Roger Davis qui suit Fleur Delacour et ça n'a pas l'air de plaire à la championne de Beauxbâtons puis une photo de Cédric Diggory embrassant Cho Chang et enfin une photo du professeur Slughorn en pyjama, devant la serre numéro trois.

Tout en parlant, il posa les photos sur la table.

- Qu'est-ce qu'il faisait devant la serre numéro trois ? Et en pleine nuit ? Demanda Ginny.

- Aucune idée, répondit le blondinet. Je ne voulais pas qu'il me voit alors je ne suis pas resté longtemps.

- Ginny, est-ce que tu aurais le temps de faire un petit article pour dimanche ?

- Ca dépend, dit-elle en grimaçant. Petit comment et à quel sujet ?

- C'est juste pour légender la photo avec Fleur Delacour. J'ai l'impression que, si elle pouvait contrôler ses pouvoirs de vélane, elle le ferait pour se débarrasser de Davis. Juste quelques lignes, précisa Harry.

- D'accord, je peux faire ça, accepta la rouquine.

- Concernant la photo de Diggory et Chang, je préférais ne pas la mettre, c'est quand même privé et je ne préfère même pas savoir comment tu as pu les prendre en photo sans qu'ils ne te voient.

- D'accord, accepta Colin en haussant les épaules. Et celle du professeur Slughorn ?

- Eh bien, comme on ne voit pas dans la photo qu'il se dirige vers la serre, on peut quand même la publier et, en légende, écrire quelque chose sur son pyjama, en disant qu'il est fringant dedans, par exemple.

Le jeune Crivey acquiesça et nota quelque chose sur un bout de parchemin.

- Moi, j'ai lu les lettres qu'on a reçues la dernière fois et j'y ai répondu. J'ai pensé qu'on pourrait prévoir une double page sur le courrier des lecteurs où on répond à leurs questions et aussi une double page avec des petites annonces. J'ai déjà préparé la rubrique point de vue avec tes photos, Colin et j'ai terminé mon article sur les Croupton qu'Hermione a relu. Est-ce que tu as terminé le tien Hermione ?

- Oui ! J'ai même interviewé un elfe de maison qui faisait le ménage dans notre salle commune !

- Très bien, je crois qu'on a plus qu'à les imprimer dimanche, si ça te va Luna ?

- Les nargoles seront absents, dit la jeune Serdaigle, ce qu'Harry prit pour une confirmation.

- Et qu'est-ce qu'en penses notre collègue mystère ? Demanda Ginny, cherchant à savoir qui c'était.

- Je lui en parlerai ce soir, promit Harry, sans donner de détail sur Daphné.


Le lendemain, Harry passa la soirée au Poste.

Cela faisait bien longtemps qu'il n'avait pas consulté le carnet de sorts qu'il avait acheté l'été dernier alors il chercha dedans un sort qui pourrait lui servir dans son exploration de la Chambre des secrets.

Après s'être perdu dans la lecture d'un sort pour plier son linge et un autre pour tracer un objet dont on a oublié la localisation, Harry trouva un sort qui pourrait faire l'affaire : tel un charmeur de serpent, il devrait répéter le sort dans une litanie, faisant apparaître une corde de nulle part, et ne s'arrêter que lorsque la hauteur à laquelle montait la corde lui allait. Le plus difficile étant de grimper à la dite corde.

Il savait ce qu'impliquerait sa prochaine séance d'entraînement.

Puis il prit le Grimoire des Potter. Étant un descendant de Gryffondor, Harry s'était dit qu'il trouverait peut-être quelque chose sur le fondateur dans le grimoire familial. La première fois, il ne l'avait que rapidement feuilleté donc il avait probablement raté quelque chose. Le Grimoire était divisé en quatre parti : la première était consacré à un arbre généalogique et à tous les membres de la famille Potter la deuxième aux exploits, alliances, accord politiques et économiques et guerre auxquels avaient participé un Potter; la troisième était au sujet de la magie familiale la quatrième étaient presque vide. Il n'y avait que, sur la dernière page, des morceaux de parchemins collés, sur lesquels il y avait des notes en anciens anglais, juste avant la page sur laquelle son père avait établi la liste de leurs alliés.

Autant il avait sur déchiffrer les écrits des autres fondateurs, autant les mots utilisés par Gryffondor -sa signature attestait de son identité- lui étaient presque tous inconnus. Et Harry ne se souvenait pas de la dernière fois où il avait utilisé un dictionnaire.

Ayant la flemme de se rendre à la bibliothèque, surtout qu'il devrait y aller sous sa cape d'invisibilité puisque c'était déjà fermé et qu'il ne pourrait pas demander à Mme Pince où se trouvait le rayon des dictionnaires, il referma le Grimoire après avoir recopié les notes sur un nouveau parchemin puis s'endormit dans le canapé.


A son réveil, il appela Dobby pour lui demander de lui ramener ses vêtements de sport. Puis il sortit dans le parc du château et commença son jogging matinal le long du lac. Trente minutes plus tard, alors qu'il faisait demi-tour, il croisa Krum courir dans le sens inverse. Ils se firent un signe de tête, alors qu'Harry ralentissait sa course pour rentrer dans le Hall. Il se rendit immédiatement à la Salle-sur-Demande pour s'entraîner à monter à la corde. La salle lui proposa deux cordes : la première avec des nœuds -autant commencer avec de l'aide, se dit Harry- et la seconde sans nœuds. Après une demi-heure d'essai -réussi pour la première corde mais difficile pour la deuxième, Harry secoua ses bras, les muscles le brûlant. Il alla ensuite prendre une douche puis appela à nouveau Dobby pour qu'il lui amène des vêtements propres et un petit déjeuner.

Après s'être rassasier et avoir repris de l'énergie, Harry se concentra sur sa formation animagus. Il commença par les pattes postérieures puis fit apparaître les ailes. Jusque-là, tout alla bien. Puis, alors qu'il envisageait la suite, il se rappela in extremis qu'il avait besoin d'un tapis en mousse, ce que la salle fit apparaître.

Puis il se focalisa sur le croupion et son torse. Il lui fallait les changer en même temps afin d'éviter de tomber. Il s'accroupit et modifia lentement les parties de son corps concernées. Il y parvint après vingt minutes de concentration sauf que, évidemment, il ne pouvait pas tout avoir : les plumes n'étaient pas apparues.

Harry reprit forme humaine, décidant que c'était suffisant pour le moment. En plus, il avait à nouveau mal aux bras à cause de la métamorphose et de ses exercices physiques précédents et il commençait à avoir faim -la formation animagus prenait beaucoup d'énergie.

Il appela à nouveau Dobby qui, heureux que son maître et ami ait autant besoin de lui aujourd'hui, sautillait à chaque fois qu'il l'appelait, pour lui demander de la nourriture pour le déjeuner.

N'ayant rien de spécial à faire avant la soirée du professeur Slughorn, il lança le sort de rayon X. Il dut s'y reprendre à trois fois pour que le résultat soit aussi bon que la dernière fois puis il alla se balader dans le château afin de croiser des élèves et essayer sa nouvelle vision sur eux.

A dix-sept heures, il remonta les nombreux escaliers menant à la Salle commune de Gryffondor et entra dans son dortoir pour se préparer à la soirée. Il avait prévu de porter un costume noir, et une chemise blanche avec une cravate verte pour correspondre avec ses yeux et une cape, noire également, en soie d'arachnide. A ses pieds, il chaussa les chaussures italiennes noires et brillantes, achetées avec Sirius l'été dernier.

Alors qu'il restait vingt minutes avant l'heure, il sortit du dortoir pour attendre Hermione. Celle-ci arriva moins de cinq minutes plus tard, portant une robe bleu marine dont les manches s'arrêtaient aux coudes et dont le jupon s'arrêtait au niveau des chevilles.

- Ta robe est très jolie Hermione, elle te va très bien, la complimenta Harry.

- Merci Harry, tu es toi-même très élégant dans ce costume, le remercia Hermione.

Ayant un petit sac de perles dans la main droite, Harry lui proposa son bras à sa gauche.

- On y va ?

Ils arrivèrent aux donjons avec cinq minutes d'avance.

Le professeur Slughorn les accueillit avec un grand sourire, vêtu d'une chic robe de soirée émeraude, chapeau assorti, et les invita à goûter aux petits fours et au punch -sans alcool, précisa-t-il avec un clin d'œil.

Quelques sorciers adultes étaient déjà présents : Harry reconnu Amélia Bones en train de parler à un sorcier noir au crâne chauve et à la robe violette. Hermione lui dit reconnaître Eldred Worpel, l'auteur de Frères de Sang : ma Vie chez les vampires, et Mélinda Bobbin, propriétaire d'une longue chaîne d'apothicaires. Harry n'avait jamais entendue ces noms mais, trente minutes plus tard, lorsque les autres élèves furent tous arrivés, il vit Gwenog Jones entrer dans la pièce.

- Tu crois qu'elle accepterait de me signer deux autographes ? Demanda-t-il en chuchotant à Hermione, suivant la célèbre joueuse de Quidditch du regard.

- Probablement mais pourquoi deux ?

- C'est la joueuse préférée de Ginny, expliqua-t-il.

Hermione allait lui répondre quand, soudainement, elle s'excusa, prétendant devoir se repoudrer le nez, puis partit se cacher derrière un rideau. Harry préféra ne pas poser de questions. Le jeune Potter alla manger deux petits fours tout en observant les invités.

La soirée se faisait en petit comité. Il y avait moins de dix élèves -il avait pour l'instant vu Draco Malfoy, Susan Bones, Marcus Belby, Blaise Zabini et Cormac McLaggen- et une dizaine d'invités. En allant saluer la Directrice du Département de la Justice magique, il apprit que l'homme à qui elle parlait était Kingsley Shackelbot, un auror. Celui-ci lui fit un grand sourire et secoua rudement sa main, ravi de le rencontrer. Ensuite, alors que Slughorn voulut le présenter à Monsieur Worpel, il fut intercepté par un homme aux cheveux et à la moustache poivre et sel.

- Ah, Barnabas, que je suis content que tu aies pu venir ! s'exclama le professeur de potions. Harry, je vous présente Barnabas Cuffe, le Directeur de la Gazette du Sorcier -et aussi l'un de mes anciens élèves, ajouta-t-il à son oreille. Barnabas, je vous présente Harry Potter, il est actuellement en quatrième année.

- Harry Potter, dit-il avec un sourire entendu, j'ai beaucoup entendu parler de vous dernièrement. De la part de Willy, notamment. Enchanté de pouvoir enfin vous rencontrer, dit-il en lui tendant la main.

Harry la serra.

- Ravi également, monsieur Cuffe. J'espère que Willy ne vous auras dit que de bonnes choses à mon sujet, dit le jeune Potter en levant un sourcil.

- Bien évidement, bien évidemment, répondit rapidement le Directeur. Eh bien, je vais vous laisser avec le professeur Slughorn, Monsieur Potter. Passez une bonne soirée !

- Vous de même Monsieur Cuffe, répondit-il avec un sourire amusé.

Le professeur de potions, ravi de l'échange le présenta à Eldred Worpel, qui lui proposa de faire sa biographie, ce que Harry refusa poliment. Lorsqu'il voulut s'éclipser pour tenter de trouver Hermione, il croisa le regard de Daphné, debout près du punch.

Il la regarda de bas en haut et déglutit.

Elle portait une robe sans manches aux bretelles larges. Elle était du même vert que celui des cravates des Serpentard et une ceinture large en cuir de la même couleur soulignait la finesse de sa taille. La robe tombait souplement en s'arrêtant au niveau de ses chevilles. Une fine veste en soie noire lui couvrait les épaules et s'arrêtait à ses coudes.

Elle lui fit un petit clin d'œil avant d'être abordée par une vieille dame au chapeau rose et orné de froufrous.

Harry chercha à nouveau Hermione du regard mais ne la trouva nulle part. Abandonnant pour le moment à la trouver, il prit son courage à deux mains et se dirigea vers la joueuse des Harpies de Hollyhead, seule dans un coin.


Fatigué mais heureux des deux autographes de la joueuse de Quidditch en sa possession, Harry donna le mot de passe à la Grosse Dame en baillant. Il était remonté seul, après avoir aperçu Hermione quitter la soirée une demi-heure plus tôt. Il avait discrètement souhaité une bonne nuit à Daphné en passant près d'elle puis était sorti des cachots et avait remonté les sept étages.

Hermione n'était pas encore couchée elle était assise sur l'un des fauteuils de la salle commune, dos à lui. Lorsqu'elle l'entendit entrer, elle se retourna et bondit soudainement devant lui.

- Je te présente Rita Skeeter ! Annonça-t-elle fièrement en levant un pot en verre à hauteur de son visage.

Harry regarda à travers le verre et vit un scarabée noir aux ailes bleues : il battit des ailes, s'envola puis se cogna plusieurs fois contre les parois du pot avant de se poser sur le fond en verre.

Puis il regarda alternativement son amie et le scarabée -trois fois- avant de se forcer à sourire -il était fatigué et voulait rejoindre son lit.

- J'ignorais que tu aimais les scarabées, Hermione. Il est très joli, tenta-t-il comme compliment.

Hermione le regarda fixement, en clignant des yeux lentement, avant de soupirer en levant les yeux.

- Mais non Harry, je n'ai pas une nouvelle passion pour les insectes ! C'est Rita Skeeter ! Elle est animagus ! Révéla-t-elle en secouant le pot devant le nez du jeune Potter.

Et là, la pièce tomba.

- Skeeter ?! C'est comme ça qu'elle obtenait ses infos ?!

- Oui ! J'ai tout deviné mercredi grâce à toi et Pixel mais j'avais besoin de preuves c'est pour ça que je t'ai demandé la carte. Je me doutais qu'elle ne pourrait pas résister à la soirée de Slughorn et qu'elle viendrait nous espionner. Et je l'ai eue la main dans le sac !

- Mais comment as-tu su que ce scarabée était elle ? La carte n'est pas aussi précise !

- J'ai trouvé un sort qui révèle si un animal est un animagus en le faisant briller je m'entraîne à le jeter sur Pattenrond, Hedwige et Coqcigrue depuis jeudi, avoua-t-elle.

- T'es vraiment la meilleur, Hermione, dit Harry, faisant rougir son amie. Mais, même si ça ne me dérange pas vraiment, tu devrais peut-être éviter de secouer le pot.

- Oh, euh, oui ! Oups !

Hermione lui dit avoir menacé Skeeter de révéler au ministère qu'elle était animagus non déclaré -ce qui est illégal et oblige à un petit séjour à Azkaban- si elle tente à nouveau quelque chose contre Harry et ses amis et qu'elle la gardait dans son pot jusqu'au lendemain matin pour la laisser réfléchir à sa proposition avant de la libérer.

30 avril

Alors que ce dimanche devait être une bonne journée, Harry fut happé par deux paires de bras en descendant les escaliers menant à la salle commune. D'abord raidi par la surprise et la malaisance due au contact physique, Harry se détendit, bien qu'ennuyé, lorsqu'il reconnut Lavande Brown et Parvati Patil. Elles l'obligèrent à s'asseoir sur le canapé et s'assirent, l'une à sa droite, l'une à sa gauche.

- Alors, Harry, comment vas-tu ces derniers temps ? Demanda Lavande, tout sourire.

- Bien, répondit-il, méfiant.

- Comment se passe le tournoi ? Est-ce que tu t'entends bien avec les autres champions ? Demanda à son tour Parvati.

- Et avec Cédric, vous vous parlez parfois ?

- Et j'ai entendu dire que Victor Krum n'était pas un grand bavard.

Harry cessa de tourner la tête à chaque fois que l'une d'elle prenait la parole ne voulant pas risquer un torticolis et s'enfonça davantage dans le canapé afin de les avoir toutes deux dans son champ de vision.

- Il n'y a pas vraiment beaucoup de contact entre les champions, finit-il par donner comme réponse globale avant de poursuivre : Qu'est-ce que vous me voulez vraiment ?

- C'est que… Commença la blonde.

- On ne voudrait pas paraitre indiscrète mais… continua la brune.

- Qui est la petite chanceuse qui a su voler ton cœur Harry ? Finit Lavande sur un ton mielleux alors que Parvati papillonnait des yeux.

- Ne comptez pas sur moi pour vous le dire, répondit le jeune Potter. Si je n'ai rien dit à Sorcière Hebdo, ce n'est certainement pas pour vous le dire.

- Oh allez, Harry ! Insista la blonde.

- Donne-nous au moins un indice ! Suggéra Parvati.

Harry réfléchit.

- Et si je vous en donne un, vous me laissez tranquille ?

Elles hochèrent rapidement la tête, les yeux brillants.

- J'ai dit au magazine qu'elle était, entre autres, sage et intelligente. Vous devriez procéder par élimination, à commencer par vous deux.

Avec un sourire en coin, pas peu fier de la pique qu'il leur avait lancée, Harry quitta précipitamment la salle commune : il avait rendez-vous avec la « chanceuse qui avait su voler son cœur ».


Enfin rendez-vous…

Il amenait Pixel à chaque fois. Astoria l'avait appris et avait demandé à venir puisqu'elle ne l'avait pas vu depuis longtemps. Puis Blaise, très intéressé par son ami volant, avait demandé à venir également. Quant à Tracy, hors de question pour elle de rester toute dans la salle commune des Serpentard alors que tous ses amis étaient avec lui.

Alors qu'Astoria discutait -ou plutôt, tentait de discuter- avec Pixel qui s'était assis sur une boite de craie, Blaise l'étudiait et le dessinait sur un parchemin. Harry était assis sur le sol, un magazine de Quidditch entre les mains alors que Daphné était allongée, la tête sur les genoux du Gryffondor, lisant un livre qui flottait au-dessus d'elle.

Tracy était assise à leurs côtés, les observant, un sourire immense sur le visage.

- Alors…

Harry l'observa du coin de l'œil tout en continuant sa lecture.

- … je peux te poser une question Harry ?

- Oui.

Sa réponse était trainante. La façon dont Tracy les regardait n'augurait rien de bon.

- Est-ce que c'est vrai que tu trouves Daphné douce et attentionnée, fière avec du caractère, sage et intelligente ?

- Je n'ai jamais dit ça, nia purement et simplement le jeune Potter, les yeux toujours rivés sur son magazine.

Il vit, par-dessus son article, Daphné le regarder du coin de l'œil, le sourcil levé.

- C'est pourtant ce que tu as dit dans le dernier numéro de Sorcière Hebdo.

- Je ne me souviens pas avoir cité quiconque, continua le brun.

- Faut vraiment être aveugle pour penser que tu parles de quelqu'un d'autre, émit-elle comme évidence en les pointant successivement du doigt.

- Et si nous, nous le savons alors qu'on ne vous voit pas souvent ensemble… Dit Blaise, toujours concentré sur son dessin.

- Je me demande comment tu peux trouver que ma sœur est « douce et attentionnée », intervient Astoria. Je pense que « chiante et brutale » sonnerait mieux, ajouta-t-elle en tirant la langue à son ainée.

- Fais attention à ce que tu dis, Astoria, la prévint Daphné, faussement menaçante.

- Ce n'est pas parce que j'ai dit la trouver « douce et attentionnée », répondit Harry, que c'est pour ça Astoria que je l'…

Harry s'interrompit en toussant.

Daphné venait de lui donner un coup de coude dans le ventre avant qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase. Il la regarda et la vit, les joues rouges, lisant son livre, essayant de faire comme s'il ne s'était rien passé.

- Finalement, je suis plutôt d'accord avec « brutale », rétorqua Harry avec amusement à Astoria.

Astoria et Tracy éclatèrent de rire, approfondissant la couleur des joues de l'héritière Greengrass. Blaise, dans son coin, bougeait sa tête de gauche à droite, l'air faussement exaspéré mais ne pouvant s'empêcher de sourire.


Son tutorat avec Mme Pomfresh approchant, Astoria sortit du château rejoindre ses amis alors que Blaise, Tracy et Daphné avait décidé de rentrer dans leur salle commune. Harry avait pris Daphné dans ses bras avant qu'elle n'atteigne la porte puis était sorti de la salle en courant avant que la Serpentard n'ait eu le temps de réagir.

N'ayant pas grand-chose à lui apprendre, l'infirmière lui demanda de ranger les potions et bandages par ordre alphabétique dans ses deux armoires puis elle lui parla brièvement des différentes catégories de sorts complexes de soin qu'elle connaissait mais qu'elle n'appliquait que rarement à l'école : généralement, les élèves étaient envoyés à l'hôpital Ste Mangouste.

Puis Harry lui demanda quels sort il pourrait éventuellement utiliser sur Pixel, si certains des sorts utilisés sur les sorciers étaient à éviter ou si certains nécessitait de contrôler le dosage de la magie qu'on y mettait. Quelques sorts comme celui pour régénérer le sang étaient dangereux et donc à éviter sur les créatures, même si elles avaient perdu beaucoup de sang. Les sorts pour redresser les os, faire apparaitre une attelle étaient à doser. Sinon, les autres sorts qu'il avait appris pouvaient être utilisés sur Pixel -en cas d'urgence uniquement- et il ne devait lui donner aucune potion, car elles étaient prévues pour les sorciers. Elle lui avait conseillé de voir un expert en créatures magiques s'il arrivait quoique ce soit à son ami ailé.

Après l'avoir remercié, il rejoignit la Salle-sur-Demande et appela Dobby pour qu'il lui apporte une collation. Ensuite, il demanda à la salle de faire des cordes de différentes tailles, largeurs et masses. Ensuite, il ressortit son petit carnet de sorts, leva sa baguette qu'il pointa sur la plus petite des cordes et incanta :

- Funis serpentes !

Rien.

Et les trois autres fois, toujours rien.

La quatrième fois, le bout de la corde tressauta.

Harry ignorait s'il fallait s'en réjouir ou non mais n'abandonna pas.

Il lui fallut dix essais supplémentaires pour obtenir de la corde qu'elle s'entortille en montant d'un mètre et une dizaine de plus pour faire s'enrouler sur elle-même la corde la plus grosse, bien qu'elle ne se soit élevée qu'à une trentaine de centimètres du sol.

Ensuite, il demanda à la salle un passage menant aux cuisines. Une fois là-bas, deux elfes vinrent rapidement à lui pour lui demander ce qui lui ferait plaisir mais Dobby les devança avec un petit panier rempli de toutes les choses qu'il aimait manger. Les deux elfes de Poudlard n'en semblèrent pas offusqués bien que l'un d'eux, une très vieille elfe, ne cessait de jeter des regards mauvais vers Winky, assise sur son tabouret près de la cheminée, qui se balançait et hoquetait. La pauvre elfe était l'elfe de Barty Croupton Senior et avait été virée par ce dernier après avoir utilisé une baguette et fait apparaitre la Marque des Ténèbres le soir de la Coupe du Monde de Quidditch. Son ancien maitre ne l'avait pas reprise à son service malgré les aveux de Croupton Junior de l'avoir manipulé avec le sortilège d'Imperium et Winky en avait été davanage dévastée en l'apprenant. La pauvre elfe n'avait pas bougé depuis la dernière fois qu'il l'avait vue et n'avait pas arrêté la boisson, malgré le soutien de Dobby qui venait lui rendre visite quotidiennement.

Après avoir remercié Dobby, il alla s'accroupir près de Winky.

- Bonsoir Winky, comment vas-tu ? Demanda précautionneusement Harry.

- Winky est une mauvaise elfe, dit-elle en haussant les épaules –à moins que ce ne soit à cause de son hoquet.

- Je ne pense pas que tu sois une mauvaise elfe Winky, je pense qu'il n'existe pas de mauvais elfe, à moins que leur maitre ne soit mauvais.

- Winky a déshonoré son maitre, insista Winky dans un sanglot. Winky est mauvaise, Winky est méchante, Winky est bonne à rien.

- Tu étais sous l'emprise du sortilège d'Imperium Winky. Certains sorciers sont capables de le contrer avec de l'entrainement, mais pas les elfes. Comment peux-tu t'en vouloir alors que ce que tu as fait n'était pas de ta volonté ?

- Winky aurait dû rester sur son siège, insista-t-elle. Winky n'aurait pas dû toucher à la baguette du jeune Weasley. Les elfes ne doivent pas toucher aux baguettes. Winky est une mauvaise elfe ! S'exclama-t-elle en hoquetant.

- Et si je te donnais une chance de te racheter Winky ? Proposa Harry.

L'elfe leva la tête vers lui, s'arrêtant de pleurer. En revoyant l'elfe dans son coin, l'idée lui était venue soudainement et il s'en voulut de ne pas y avoir pensé avant.

- Une chance monsieur ? Demanda l'elfe, confuse.

- Serais-tu prête à nous prouver, à toi et à moi, que tu peux être une très bonne elfe ?

- Qu'est-ce que Winky peut faire ? Dit-elle en hochant plusieurs fois la tête.

- Est-ce que ça te dirait de devenir mon elfe Winky ?

- Mais… monsieur a déjà Dobby … Dit-elle d'une petite voix, confuse.

- Dobby est un très bon elfe et il me rend beaucoup service pendant ma scolarité ici mais j'ai beaucoup de propriétés qui n'ont pas vu l'ombre d'un balai ou d'un chiffon depuis des années et j'aurai bien besoin d'un second elfe. Tu t'occuperais de mes nombreuses propriétés pendant que je suis à Poudlard, si tu acceptes.

- Harry Potter accepterais Winky comme second elfe ?

- Oui, ce serait une seconde chance. On fait table rase de ce qu'il s'est passé avec ton précédent maitre et tu deviens mon nouvel elfe de maison. Mais je ne suis pas un maitre comme les autres, c'est pourquoi il y a deux conditions.

Winky ouvrit grand les yeux, très attentives à ses mots.

- Premièrement, je ne veux pas que tu m'appelles maitre. Je préfère Monsieur Harry ou Monsieur Potter s'il est nécessaire d'être plus formel. Dobby m'appelle Harry Potter Monsieur ou par mon nom complet parfois mais ne l'imite pas s'il te plait, insista Harry. Et ma deuxième condition est que tu as droit à un jour de congé par mois. Ce n'est pas négociable et tu devras m'en avertir deux jours à l'avance.

- Mais Monsieur Potter, les elfes ne prennent pas de congés.

- Tout le monde a besoin de repos un jour ou l'autre. Et si tu trouves du repos en dormant, en allant voir d'autres elfes ou en époussetant les meubles, fais comme bon te semble.

L'elfe se tritura les doigts, le regard pensif.

- Et je suppose que tu serais outrée si je te proposais un salaire, tenta Harry.

L'elfe paniqua, les yeux écarquillés.

- Winky accepte Monsieur Potter mais pas de salaire s'il vous plait !


Le lundi commença bruyamment. Oubliés ses aveux dans le précédent numéro de Sorcière Hebdo et oublié la fin non attendue du week-end : tous les yeux étaient posés sur le nouveau numéro du Poudlard Magazine.

Harry fit semblant de s'intéresser au magazine -il ne voulait pas attirer l'attention de Dumbledore, après tout- et laissa la lettre d'Hélène Marshalls pour plus tard.

Barty Croupton Senior enfin sorti de Ste Mangouste !

CROUPTON SENIOR DIRECTEUR ET CROUPTON JUNIOR MANGEMORT : QUE S'EST-IL PASSé ?

Harry avait trouvé les archives et les souvenirs du procès de Croupton Junior en novembre 1981. Il n'avait pas pu expliquer les motivations de Barty junior de rejoindre les rangs de Voldemort, bien que le comportement sectaire et dominant de son père à son égard ait dû jouer à l'époque. Mais il avait pu relater le comportement de Barty Senior lors du procès, l'échange entre le fils et la mère à Azkaban et la mort de cette dernière.

Après avoir entendu quelques rires –surement à propos du charmant pyjama de leur professeur de potions-, Harry se concentra sur la lettre qu'il avait reçue.

Elle contenait un compte rendu des travaux finis dans les locaux français et l'avancement de la production des boissons. Hélène Marshalls avait trouvé quelques établissements qui avaient accepté de vendre ses boissons, la bière au beurre étant, depuis quelques années, célèbres en Europe occidentale.

Durant le cours de botanique, Harry écouta avec amusement les commentaires des autres élèves de Gryffondor -seul Neville n'en parlait pas, trop occupé à écouter le professeur Chourave. Puis il discuta de l'article sur les Croupton avec le jeune Longdubat en cours d'Histoire de la magie.

Le soir-même, après la fin du double-cours de défense avec Rogue, le Gryffondor aux cheveux noir de jais se rendit à la bibliothèque et demanda à Madame Pince de lui indiquer le rayon où se trouvaient les dictionnaires.

Avec un dictionnaire de langues anciennes, Harry traduit assez rapidement en anglais actuel les écrits de son ancêtre. Godric Gryffondor avait décrit l'intérieur de sa salle secrète ainsi que l'architecture de son entrée et seuls certains termes architecturaux le gênait pour le moment. Il dû utiliser un dictionnaire anglais normal afin de comprendre ce que les mots « ajouré, meurtrières, ogive et clef de voute » voulaient dire.

Après avoir relu plusieurs fois les descriptions de l'entrée de la salle, Harry en arriva à cette traduction approximative : « …inspirés des meurtrières se trouvant dans le couloir. Je les taillai de forme circulaire et les ferma de verre. Le parc du château était une vue dont je ne me lassai pas et la lumière naturelle entrant dans la salle permettait que je n'allume aucune flamme avant le coucher du soleil. Les ogives devant l'entrée me plaisant, je décidai d'en apporter à l'intérieur de ma salle, relevant le plafond d'origine. Sur la clef de voute de l'arcade au-dessus de l'entrée, j'y gravai mon emblème et … »

Alors, il devait trouver un couloir dont le mur avait des meurtrières. Hors il n'avait pas souvenir d'en avoir déjà vues. Peut-être était-ce dans une partie du château où il ne passait pas habituellement ou alors elles avaient été bouchées. Aussi, l'entrée devait se trouvée dans une des parties du château construites en dernier car les croisées d'ogives étaient un élément de l'architecture romane datant de la fin du XIe siècle. Cela lui demandait alors d'autres recherches car il ignorait quelles parties du château avaient été construites en dernier. Finalement lorsqu'il aurait trouvé ce fameux couloir, il ne lui serait pas difficile de trouver l'entrée. Par contre, il n'avait encore trouvé aucune indication quant à son ouverture.

Harry soupira.

Ça n'allait pas être aussi facile que lorsqu'il avait trouvé le Poste…