Chapitre 30
Lorsqu'Harry atterrit sur les dalles mouvantes de la ruelle, il tomba sur ses genoux, ne parvenant pas à se tenir sur sa jambe gauche. Les blessures qu'il avait tant bien que mal soignées s'étaient rouvertes plus tôt et il n'avait rien ressentit à cause de l'adrénaline. Il jeta le stylo sur le côté et s'assit.
Jamais il n'aurait pensé que le Tournoi se finirait ainsi. Bien sûr, il avait pris ses précautions -on ne sait jamais- et avait bien fait de demander un Portoloin à Remus. Il savait que Barty Croupton Junior ne pouvait pas lui faire du mal puisqu'il était enfermé en attente de son procès mais il avait toujours le plan du mangemort en tête et il avait préféré parer à toutes éventualités.
Il regarda autour de lui. Comme prévu, le portoloin l'avait amené à Pré-au-Lard. Il se trouvait, s'il ne se trompait pas, dans la ruelle se trouvant à l'arrière des Trois Balais. Il s'appuya sur le mur derrière lui et ferma les yeux il lui fallait retrouver un peu d'énergie avant de pouvoir à nouveau lancer les sorts de soin.
*POP!*
Le jeune Potter ouvrit les yeux soudainement en entendant ce son si particulier et regarda sur sa gauche. Il sourit : il n'avait jamais été aussi heureux et soulagé de voir son ami.
- Harry Potter Monsieur ! S'exclama l'elfe soulagé, portant une chaussette rouge à pois jaunes et une autre rayé bleu et rose. Dobby vous a cherché partout ! Monsieur Remus et Monsieur Sirius m'ont demandé de vérifier si vous étiez ici !
- Désolé Dobby, je viens tout juste d'arriver, dit-il en riant bien qu'épuisé. Est-ce que tu pourrais m'amener au château ?
- Oui Monsieur mais Dobby peut seulement vous ramener dans votre dortoir ou dans les cuisines, avoua-t-il, embêté par ces contraintes.
- L'infirmerie est plus proche des cuisines, dit Harry. Amène-moi là-bas puis va avertir Sirius et Remus que je suis à Poudlard en train de me faire soigner, d'accord ?
- Oui Monsieur ! Acquiesça-t-il d'un mouvement de la tête.
Puis l'elfe lui prit le bras et ils transplanèrent.
Lorsqu'Harry se réveilla, il faisait encore clair dehors. Il bailla puis s'étira avant de grimacer. Il venait de se rappeler qu'il était blessé à la jambe. Il s'assit et regarda où il se trouvait.
Il était à l'infirmerie.
Victor Krum dormait au fond de la Salle alors que Fleur Delacour avait quitté l'infirmerie une heure plus tôt. Le bulgare n'avait aucune blessure et semblait s'être remis d'avoir subis l'Imperium durant la Troisième Tâche. Cedric, lui, n'avait pas eu cette chance : il avait été conduit à Sainte Mangouste pour récupérer des sorts de douleurs de longue durée qu'il avait subits. Heureusement, selon Dumbledore, il serait entièrement rétabli d'ici une ou deux semaines.
Harry se rappela avoir tant bien que mal rejoint l'antre de Mme Pomfresh en boitant depuis les cuisines. Le temps d'y arriver, Sirius, Remus, Dumbledore, Verpey et le Ministre Fudge l'attendaient déjà. Ils devaient être arrivés par la cheminée du bureau de Mme Pomfresh.
Soulagés et inquiets à la fois, Sirius et Remus s'étaient dépêchés de l'aider à se mettre sur un lit et Mme Pomfresh avaient rejetés toutes les tentatives d'interrogatoires du Ministre et de Dumbledore, les menaçant de les expulser de son infirmerie s'ils ne la laissaient pas soigner son patient dans le calme.
Après qu'elle eut soigné sa jambe et tartiné sa joue avec une pâte noire qui sentait l'œuf pourri, elle autorisa les deux sorciers à lui parler quelques minutes puis ils devraient le laisser se reposer. Sirius décida de partir avec Remus à la Taverne après les questions du Ministre et du Directeur.
Harry ne dit pas tout au Ministre. Se rappelant son comportement impulsif et irréfléchi avec Barty Coupton Junior, il préféra ne pas parler de Voldemort. Si Dumbledore insistait pour lui parler plus tard, il le lui dirait.
Il se contenta de dire qu'il avait été assommé après avoir constaté que le trophée n'était pas un portoloin. Puis s'être réveillé attaché à une pierre tombale dans un cimetière dont il ignorait la localisation. Là, Peter Pettigrew préparait une potion dans un chaudron de grande taille et Harry avait pu défaire les liens qui n'étaient pas très serrés alors que Pettigrew avait le dos tourné. Il avait alors appelé son elfe qui l'avait amené à Poudlard, non sans devoir se protéger d'un sort de stupefixion jeté par Pettigrew qui l'avait vu essayer de s'échapper.
Le ministre avait demandé comment il avait eu chaque blessure, celle à sa joue l'intriguant car elle n'avait pu être refermée avec un sort. Il lui raconta sa rencontre avec un scroutt à pétard et celle avec les centaures puis révéla que la coupe sur sa joue était ce qui l'avait réveillé dans le cimetière. Pettigrew l'avait coupé avec une dague et avait ajouté son sang dans le chaudron. Quand le Directeur lui demanda si Pettigrew avait dit ou fait autre chose, Harry lui répondit qu'il n'avait rien vu d'autres avant de s'échapper et que Pettigrew ne lui avait pas parlé, trop occupé à sangloter pour une raison qui lui était inconnue.
Le ministre était resté perplexe tout le long de la discussion ne comprenant pas ce que Pettigrew avait essayé de faire en enlevant Harry. Dumbledore lui suggéra que Peter Pettigrew devait être le complice de Croupton Junior mais avait raté sa mission puisqu'Harry avait réussi à s'échapper.
Le ministre, satisfait que la situation soit réglée, lui souhaita un bon rétablissement avant de quitter l'infirmerie. Verpey resta quelques secondes de plus pour le féliciter d'avoir gagné le Tournoi et lui donna la récompense de mille gallions. Dumbledore, lui, le regarda durant de longues secondes, ce qui rendit Harry méfiant mais il ne ressentit aucune tentative d'intrusion dans son esprit.
- Je suis heureux que tu ailles bien, Harry, lui dit-il en posant sa main sur son épaule. Il t'a fallu beaucoup de bravoure et de maturité pour ne pas paniquer et gérer cette situation aussi bien que tu l'as fait. Je vais te laisser te reposer et aller informer tout le monde que tu es le gagnant et que personne ne doit te déranger ce soir.
Harry acquiesça, étonné. Autant son air de papy gâteaux était habituel, autant il aurait cru qu'il lui demanderait s'il n'avait pas quelque chose à lui dire. Et le Directeur avait apparemment pris au sérieux son avertissement de ne pas recommencer à utiliser la Légilimencie sur lui. Il semblerait que Dumbledore commence à comprendre comment agir avec lui.
Lorsqu'il eut quitté l'aile médicale, le silence fut interrompu par un énorme bâillement de la part du jeune Potter.
- Repose-toi, dit Sirius. Tu me raconteras tout demain.
PDV Daphné
Quand Dumbledore annonça que le Tournoi avait été remporté par Harry, les élèves de Poudlard avait applaudit aussi fort que jamais. Les plupart des Serpentards s'arrêtèrent presque aussitôt, se rappelant qu'ils n'aimaient pas le Gryffondor, puis furent rapidement suivis par les Poufsouffles par solidarité avec Cédric Diggory.
Blaise, Astoria, Tracy et elle avaient poliment continué à applaudir, jusqu'à ce que les Serdaigles s'arrêtent. Les Gryffondors durèrent les plus longtemps, les jumeaux sifflant à tout va et recommençant à applaudir quand les applaudissements se firent plus rares.
Daphné et ses camarades dînèrent puis prirent le chemin jusqu'aux cachots. En sortant de la Grande Salle, elle fut lourdement bousculée par Hermione Granger et elle comprit que ce fut intentionnel. Elle mit ses mains dans les poches de sa robe et en eut la confirmation : un bout de parchemin s'y trouvait.
Elle le sortit et le lit discrètement, en se cachant derrière Blaise.
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Dans les toilettes de Mimi, à vingt-trois heures.
Viens seule.
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D'un coup de baguette, elle enflamma le parchemin qui disparut en quelques secondes dans les airs. Tracy la regarda d'un air curieux et Daphné lui fit signe qu'elle lui en parlerait plus tard.
Après que Tracy l'eut aidée à sortir de la salle commune sans qu'on ne l'aperçoive, la Serpentard se rendit au deuxième étage, guettant Rusard et Miss Teigne à chaque coin de couloir à l'aide de son miroir à double-sens.
Lorsqu'elle arriva dans les toilettes, il n'y avait aucun fantôme en vue. La porte d'une des cabines s'ouvrit et elle crut que Mimi Geignarde s'apprêtait à sortir de la cuvette en projetant de l'eau partout autour d'elle. Mais personne n'en sortit.
Puis Hermione apparut de dessous la cape d'invisibilité d'Harry juste devant elle.
- Hermione, salua Daphné d'un signe de tête.
- Je l'ai emprunté à Harry il la laisse sous son oreiller, expliqua Hermione avec air gêné. Personnellement, je ne veux pas attendre demain pour le voir et je me suis dit que tu voudrais venir, dit-elle à la Serpentard.
Daphné eut un petit sourire.
- Tu me fais un peu de place ?
Harry fut réveillé par un poids sur son épaule. Il faisait sombre cette fois-ci et il lui fallut plusieurs secondes pour que ses yeux s'habituent à l'obscurité. Il vit Pixel claquer sa queue d'un air mécontent avant de se rouler en boule sur son épaule en baillant.
- Le pauvre attendait devant la porte mais ne pouvait pas entrer, dit Hermione en sortant de sous sa cape d'invisibilité.
Harry sourit, content de voir son amie.
- J'espère que tu ne m'en veux pas d'avoir emprunté ta cape.
- Bien sûr que non. T'étais inquiète pour moi j'aurais fait la même chose.
- Je n'étais pas la seule à m'inquiéter, ajouta la Gryffondor.
Et sur ces mots, Daphné sortit à son tour de sous la cape.
- Et il y avait de quoi, dit cette dernière en fronçant les sourcils. J'ai entendu Dumbledore dire à ton parrain dire que tu avais disparu ! S'exclama-t-elle en chuchotant.
- Disparu ?! S'exclama Hermione avant de plaquer sa main sur sa bouche.
Ils guettèrent en silence le moindre bruit leur annonçant la venue de Mme Pomfresh mais l'infirmière n'avait pas dû les entendre.
- Je ne savais pas que tu avais disparu, expliqua Hermione. C'est pour ça que tu n'es pas revenu avec le Trophée ? Demanda-t-elle.
- Je ne sais pas ce qu'il s'est passé mais quand je l'ai touché, je ne suis allé nulle part. Ce n'était pas un portoloin comme on nous l'avait dit, dit Harry en baillant. Puis j'ai été assommé et enlevé par Queudver.
- Qui ? Demanda Daphné, confuse alors qu'Hermione écarquillait les yeux à la nouvelle.
- Peter Pettigrew. Il était ami avec mes parents, Remus et Sirius et a participé à la création de la carte du Maraudeur, d'où le surnom, expliqua-t-il amèrement. Enfin bref, quand je me suis réveillé, j'étais dans un cimetière je ne comprenais pas ce que je faisais là et je ne savais pas encore que c'était Pettigrew qui m'avait enlevé.
- Pourquoi dans un cimetière ? Se demanda Hermione à voix haute.
- Tu comprendras après, dit Harry avec un geste lasse de la main. A la base, c'est Croupton junior qui devait m'y amener mais, comme je l'ai démaqué, il n'a pas pu enchanter le Trophée en portoloin. Je vous raconterai tout en détail si vous le voulez plus tard mais le plus important est que Pettigrew avait besoin de moi pour une espèce de rituel avec une potion. Il a pris mon sang, dit-il en désignant sa joue, et l'a utilisé pour…
- Il est de retour, c'est ça ? Le coupa la Serpentard, à contre-cœur.
- Oui, Voldemort est de retour, confirma-t-il.
Hermione eut l'air horrifiée et plaqua à nouveau sa main sur sa bouche pour empêcher tout son d'en sortir. Daphné serait les poings et son regard était abaissé, ses yeux fixant les draps du lit où se trouvait Harry.
- Je n'ai rien dit au Ministre, il ne m'aurait jamais cru. Il a d'ailleurs voulu envoyer Croupton Junior se faire embrasser par un détraqueur dès qu'il a évoqué Voldemort. Je n'ai encore rien dit à Dumbledore mais je compte lui en parler demain.
Hermione semblait accepter sa décision, hochant la tête, toujours sous le choc de la nouvelle, mais Daphné ne dit toujours rien.
- Comment as-tu fait pour revenir ? Demanda la Gryffondor.
- J'ai eu peur que Croupton puisse m'atteindre, même enfermé. Alors j'ai demandé un portoloin à Remus, juste au cas où. On va dire que j'ai bien fait, murmura Harry.
- Alors tu l'as vu ? Demanda Daphné en chuchotant, comme si elle avait peur de ses propres mots.
- Il est encore plus laid et effrayant que quand il était à l'arrière de la tête de Quirrel. Et plus puissant, ajouta-t-il avec dépit. Je suis parti dès que j'ai pu, avoua-t-il, un peu honteux.
- Tu ne dois pas avoir honte d'avoir fui, Harry. Tu aurais pu mourir si tu étais resté une seconde de plus, lui dit Hermione en posant une main sur sa jambe pour le rassurer.
- Et c'était courageux, ajouta Daphné en relevant la tête. Courageux d'admettre que tu n'étais pas de taille face à lui. Certains Gryffondors sont impulsifs et ne réfléchissent pas avant d'agir heureusement, il semblerait que tu n'aies pas ce défaut.
- Il serait plus exact de dire qu'il ne l'a plus, précisa Hermione avec un petit sourire.
Harry leva les yeux au ciel. C'est vrai qu'il avait changé de ce côté-là. Avant il fonçait tête baissée. Maintenant, il réfléchissait davantage et cela l'avait gardé en vie.
- Il faut qu'on réfléchisse à… commença-t-il à dire mais il fut coupé par un énorme bâillement.
- Il faut surtout que tu te reposes, dit Hermione avec un petit sourire malgré les circonstances. On te reverra demain.
Elle jeta un œil vers le fond de l'infirmerie où se trouvaient Victor Krum puis se dirigea vers les portes, la cape sur ses épaules.
- Non, attend, il faut que je te parle, dit le jeune Potter à l'intention de Daphné en attrapant sa main.
- Ca ne peut pas attendre ? Demanda-t-elle en levant le sourcil.
Harry regarda Hermione, les yeux suppliants.
- Je vais vous laisser, proposa-t-elle. Ça ira pour retourner aux cachots, Daphné ?
- Je lui prêterai la carte, dit rapidement Harry sans même consulter la Serpentard.
Daphné soupira puis acquiesça à l'intention d'Hermione.
Lorsque la Gryffondor eut enfilé la cape et quitté l'infirmerie, le silence régna à nouveau dans la pièce. Harry tira doucement sur la main de la jeune Greengrass et celle-ci s'assit au bord du lit.
- Qu'est-ce qui te préoccupes, Harry ? Demanda-t-elle d'une voix douce.
- Ne t'éloigne pas, s'il te plait, la supplia-t-il en serrant sa main. Ta famille sera en sécurité, il suffit que ton père accepte ma proposition et on n'est pas obligé de dire à tout le monde qu'on est ami ou…
Mais son monologue au rythme effréné fut coupé par la bouche de Daphné sur la sienne. Elle posa sa main libre sur sa nuque afin de le rapprocher d'elle et Harry posa une main sur le côté du visage de la brune. Puis elle se détacha de lui en frottant doucement son nez au sien, un petit sourire à son encontre.
- Je te promets de ne pas prendre mes distances si tu me promets la même chose, dit-elle, les lèvres à seulement quelques millimètres des siennes, les yeux dans les yeux.
- Je te promets que je ne vais plus prendre mes dist- Jura Harry, le souffle court.
Mais il fut à nouveau délicieusement interrompu par les lèvres de la jeune fille.
Lorsqu'il se réveilla, Harry fut aveuglé par les rayons du soleil que laissaient entrer les grandes fenêtres de l'infirmerie. Il cligna plusieurs fois les paupières pour s'habituer à la luminosité et se frotta les yeux pour chasser les traces de sommeil qui subsistaient.
En soupirant, il fronça les sourcils, ne se rappelant pas s'être endormi. Puis il se rappela les événements de la veille et, surtout, de sa discussion avec Daphné.
A ces souvenirs, il ne put empêcher ses lèvres de s'étirer en un large sourire.
Après s'être embrassés pendant plusieurs minutes –minutes qui lui avaient semblées être des heures- et avoir expliqué à Daphné comment utiliser la carte du Maraudeur pour rejoindre son dortoir, ils avaient convenu que seuls leurs amis et proches pouvaient être au courant de l'évolution de leur amitié.
Petite amie, soupira Harry.
Daphné était sa petite amie !
Sa petite amie ! Cria sa conscience.
Son sourire s'agrandit encore plus.
- Qu'est-ce qui te fais sourire comme ça ?
Harry se redressa sur son coude et vit Sirius, la tête penchée sur le côté comme le faisait Patmol, lui sourire. Il ne l'avait pas aperçu, trop occupé à penser à Daphné.
Il rougit.
- Euh…
Harry regarda sur sa gauche : le lit de Krum était vide. Il regarda sur sa droite : pas de Mme Pomfresh en vue. Pixel n'était plus sur son épaule ni ailleurs dans l'infirmerie. Il était surement parti se balader.
- Le Champion de Durmstrang est parti déjeuner il y une heure, dit Sirius. Hermione était là avec lui d'ailleurs quand je suis arrivée. Et Pomfresh a dit que tu pourrais sortir pour le dîner.
- Bonne nouvelle, dit Harry.
Il lui faudrait quand même parler à Hermione, histoire de savoir ce qu'il en était entre elle et le bulgare. Lui avait-elle donné sa réponse concernant les vacances d'été ?
- Alors… ?
- Alors Daphné et Hermione sont venues me voir hier soir. J'ai pu discuter avec Daphné et…
Harry rougit.
- …et elle a accepté d'être ma petite amie.
- Ha ha ! S'exclama Sirius en tapotant plusieurs fois son épaule avec un grand sourire. Ça, c'est une bonne nouvelle ! Mon filleul devient un homme !
- Sirius … Gémit Harry, les mains cachant son visage embarrassé.
Puis, écartant ses doigts pour regarder son parrain, il dit :
- Tu peux le dire à Remus, mais c'est tout ! Daphné ne veut pas que ça se sache et qu'on mette sa famille en danger.
- Du moment que je peux te taquiner et être content pour toi, je ne le dirais à personne, dit-il en mimant une clé qu'il tourna devant sa bouche close avant de la jeter.
L'ambiance joyeuse demeura quelques instants avant qu'Harry ne réalise qu'il devait tout expliquer à son parrain.
Il lui expliqua avoir été assommé par derrière, qu'il s'était réveillé dans un cimetière, ligoté à une pierre tombale, et que la personne qui l'avait kidnappé avait coupé sa propre main pour la mettre dans un énorme chaudron avant de lui couper la joue pour lui prendre son sang et l'ajouter à la potion. Il lui parla de l'être minuscule et dégoutant que le sorcier portait dans ses bras et qu'il avait mis dans le chaudron. Puis il lui parla de l'horreur qu'il avait ressentie en voyant Lord Voldemort sortir du chaudron, le corps long et cadavérique et le visage aux allures de serpents, les narines substituées par des fentes et les yeux rouges. Enfin, il lui parla des mangemorts présents, de leur identité, de tout ce que Voldemort avait raconté sur sa survie durant ces quatorze dernières années et du duel à mort qu'il voulait avec Harry.
- Et c'est là que j'ai utilisé le portoloin. Je me suis dit qu'il ne se méfierait pas si je sortais un stylo… et effectivement, il ne s'est rendu compte de ce qu'il se passait que trop tard.
Sirius gratta son bouc en le regardant. Puis il baissa les yeux vers le sol et secoua la tête de gauche à droite en soupirant.
- Bon sang, pourquoi faut-il que tout ça t'arrive ? Demanda-t-il.
Mais Harry supposa que c'était une question rhétorique. Ils le savaient tous les deux qu'une prophétie était la cause de tous ses malheurs. Bien que tout ait commencé parce que Voldemort avait décidé d'aller dans son sens en cherchant à le tuer le soir du trente-et-un octobre 1981.
- Parce qu'un fou mégalomane a décidé qu'il voulait contrôler le Royaume-Unis et cru une comptine disant qu'un bébé pouvait l'arrêter ? Dit Harry avec humour.
Ça a eu le mérite de faire sourire son parrain.
- Je préfère te voir comme ça que pétrifié par la peur ou roulé en boule dans un coin.
Harry acquiesça. Heureusement qu'il n'était pas comme ça.
- Tu ne m'as pas dit… Tu as pu voir qui était le sorcier qui t'as enlevé ?
Harry soupira. Il fallait maintenant lâcher la bombe.
Calmer son parrain et le persuader de ne pas partit à la recherche de Queudver n'avaient pas été une mince affaire. Mais le fait qu'il pourrait être n'importe où au Royaume-Unis et qu'Harry ne voulait pas que Sirius l'abandonne – Harry s'en voulait un peu d'avoir joué cette carte- avait fait entendre raison au Lord Black. Il fulminait encore lorsqu'il quitta Poudlard mais promit à Harry de ne pas chercher vengeance, à moins d'un jour croiser Pettigrew par hasard.
Lorsqu'il entra dans la Grande Salle le soir-même, Harry fut tant surpris par la cacophonie qu'il dut se boucher les oreilles tout en avançant vers la table des Gryffondor où Hermione, Neville, Ginny et les jumeaux Weasley lui avaient gardé une place. Tous les élèves applaudissaient et hurlaient leur joie, les professeurs l'applaudissaient et lui souriaient –bien que Rogue tapaient des mains avec lenteur et à contrecœur, l'air ennuyé. Les Gryffondor scandant même son nom. Seuls les Serpentards restèrent silencieux, Malfoy et sa bande montrant leur dégout et/ou leur mépris. Bons joueurs, mêmes les Poufsouffles l'applaudirent et le sifflèrent pour montrer leur joie qu'un élève de Poudlard –même si ce n'était pas Cédric Diggory- ait gagné le Tournoi.
Lorsqu'il fut assis, les élèves de Gryffondor de son année, les quelques autres qu'il connaissait comme Colin et les joueurs de l'équipe de Quidditch vinrent le voir pour le féliciter – les garçons en lui tapant le dos, les filles en lui embrassant la joue. Harry qui n'avait jamais aimé sa renommée -ses parents avaient été héroïque alors que lui n'avait été qu'un bébé- et était gêné d'être le centre de l'attention, apprécia quand même ce qu'il se passait car il avait après tout gagné par lui-même -merci à ses amis de l'avoir aidé. Il acceptait les félicitations lorsque son équipe gagnait un match de Quidditch, alors pourquoi pas dans cette situation également ?
Même Ron vint le féliciter et lui dit que toute la famille Weasley était heureuse de sa victoire. Harry le remercia avec un grand sourire. Ce n'était pas l'heure des rancunes et Harry voyait bien que le jeune Weasley faisait des efforts.
Le bruit et les applaudissements se tarirent heureusement et il put manger entre deux tapes dans le dos et félicitations d'élèves. Certains lui demandèrent ce qu'il avait prévu de faire avec les mille gallions mais il leur dit qu'il n'avait pas encore d'idée. Il avait bien un projet pour le futur en tête mais il lui fallait y réfléchir cet été et en parler avec des personnes expertes dans le domaine.
Quand il quitta la Grande-Salle avec Hermione et Neville, il fut abordé par la jeune Eleanor qui lui sauta carrément dans les bras pour le féliciter avant de reculer les yeux écarquillé et les joues rouges.
- Pardon, Harry ! J'étais tellement contente que tu gagnes ! Je savais que ce serait toi qui gagnerais ! Félicitations !
La jeune Poufsouffle avait parlé d'une traite, rappelant à Harry son amie Hermione lorsqu'il l'avait rencontrée dans le train en première année.
- Tu vas bien ? Tu n'as pas été trop blessé ? Tu as rencontré quelles créatures dans la forêt ?
- Eh bien, dit Harry avec un sourire amusé, je comptais m'asseoir dans le parc avec Hermione et Neville pour tout leur raconter. Tu peux te joindre à nous, si tu veux.
Eleanor hocha vivement la tête puis s'excusa un instant, partant prévenir ses amis qu'elle serait avec Harry et ses amis.
- Ce n'est pas la première fois que je te vois parler à cette Poufsouffle, dit Hermione. Comment en êtes-vous venu à vous parler ?
- C'est un peu dû au hasard : je l'ai croisé quand elle avait besoin d'aide, je l'ai aidé et depuis je prends de ses nouvelles.
- C'est gentil de ta part, Harry, dit Neville.
Harry haussa les épaules, c'était normal pour lui d'aider quelqu'un qui avait besoin d'aide. La jeune fille de première année revint en sautillant et ils sortirent dans le parc.
