Note de l'auteur : 17 avril 2020
Tous les chapitres de l'épilogue à ce chapitre inclus ont été corrigés.
Bonne lecture !
Chapitre 32
16 juillet
- Zzzz ! ZzZzZ !
- Grmph…
- ZZZzzzzZ !
- Grmpp quoi ? Grmph… Aïe !
Harry se réveilla en sursaut et se massa le cuir chevelu. Son ami le Nix lui avait tiré une mèche de cheveux pour le tirer du sommeil.
- ZzZZz !
- Oui Pixel, c'est bon, je suis réveillé, dit-il précipitamment pour empêcher le petit être volant de lui tirer à nouveau les cheveux.
Harry se frotta la joue douloureuse. Une grande ligne scindait le côté droit de son visage parce qu'il s'était endormie, la tête posée sur le bord de son manuel sur les portes et serrures magiques.
- ZzZzzzzz ! ZzzZ ! S'exclama de plus belle le petit Nix en faisant claquer sa queue comme un fouet, signe d'agacement.
- Qu'est-ce qu'il y a Pixel ?
Le jeune Potter suivit son ami qui volait à vive allure en battant rapidement de ses petites ailes et qui le conduisait jusque dans la cuisine. Harry s'arrêta net lorsqu'il vit plusieurs hiboux et chouettes alignés sur le rebord de la fenêtre. Quatre d'entre eux portaient dans leurs serres une lettre fermée par un blason familiale, une chouette brune lui délivrait une lettre ne portant aucun cachet et un hibou grand duc lui apportait une réponse du ministère.
- Merci Pixel !
Il n'était peut-être que cinq heures du matin lorsque le petit être ailé l'avait réveillé mais plus vite il lisait ces lettres, plus vite il pourrait mettre ses plans en marche. Il libéra tous les volatiles de leur fardeau avant de leur servir des bols d'eau fraiche puis s'installa à table pour ouvrir et lire son courrier.
Il ouvrit tout d'abord la lettre qui n'était pas fermée par un cachet officiel : elle venait d'Hermione. Sa meilleure amie lui racontait être actuellement en Bulgarie depuis une semaine chez les Krum avec ses parents. Les parents de l'attrapeur mondialement connu faisaient visiter leur pays aux parents de la brune, laissant cette dernière faire du tourisme avec Victor. Ils avaient visités quelques musées archéologiques, deux monastères et la ville de Plovdiv. La description qu'en faisait Hermione ainsi que son écriture penchée témoignaient de son excitation, ce qui fait rire Harry. Elle écrivait timidement –si on pouvait dire d'une écriture qu'elle était timide- que Victor se comportait en parfait gentleman et qu'ils s'étaient rapprochés, discutant tard le soir sur un des balcons de la propriété des Krum.
Elle lui racontait qu'il était prévu de visiter quelques villes de renom, comme Pomorié, Madjarovo, Bélogradtchik, Ardino et Koprivchtitza, la semaine qui suit avant de rentrer au Royaume Unis et de, bien sûr, venir à son anniversaire.
Il mit la lettre de la Gryffondor de côté et ouvrit celle de la mère de Blaise et du père de Tracy. Les réponses de Lady Zabini et Lord Davis étaient brèves mais positives. Celle de Lady Londubat était plus sèche. Mais positive aussi. Il ouvrit ensuite celle de Lord Greengrass :
#
Lord Potter,
Je vous assure avoir eu bonne réception de votre invitation et vous confirme ma venue ainsi que celle de ma femme et de mes deux filles en ce trente-et-un juillet. J'aimerai également avoir l'occasion de discuter avec vous de l'offre faite à ma famille il y a quelques semaines ce même-jour.
J'autorise mon héritière et sa sœur cadette à rester quelques heures dans votre demeure le temps de célébrer votre anniversaire mais mes filles seront attendues au manoir Greengrass pour l'heure du dîner.
En attendant ce jour de célébration et discussion entre nos maisons, je vous envoie, Lord Potter, mes salutations distinguées.
Lord Daniel Greengrass
Lord de la noble et ancienne famille des Greengrass
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Harry laissa échapper un soupir de soulagement : le père de Daphné était ouvert aux discussions concernant l'offre qu'il lui avait faite en avril et les Greengrass seraient présents à son anniversaire. Il mit le parchemin de côté, notant mentalement que cela devrait vouloir dire que Daphné était autorisé à lui envoyé des lettres désormais, et prit le dernier courrier.
#
Cher Monsieur Potter,
C'est là une demande bien inhabituelle que vous me faite, surtout pour un sorcier de votre âge, mais je comprends tout l'intérêt que vous y apportez.
Ayant conscience de votre enfance dans le monde moldu et donc votre ignorance sur certaines facette du monde sorcier, je ne peux qu'accepter votre requête et demanderai à ma secrétaire de vous confectionner un badge vous donnant libre accès à tous les niveaux du ministère. Un fonctionnaire de chaque étage sera chargé chaque lundi et jeudi de vous faire visiter les bureaux ainsi que de vous expliquer les différentes tâches des membres de notre personnel.
Un jeune sorcier de votre trempe sera plus que le bienvenu pour travailler au ministère de la magie après l'obtention de votre diplôme et il est plus que naturel que je vous aide à trouver votre voie en vous montrant toutes les possibilités qui s'offre à vous.
Veuillez recevoir, Monsieur Potter, mes sentiments les meilleurs.
Cornélius Fudge
Ministre de la Magie
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Harry mis le parchemin de côté, de très bonne humeur. Il commença à préparer le petit-déjeuner composé de fruits coupés en rondelles, d'œufs, de lard et de toasts tout en sifflotant.
Il avait pensé faire cette demande à la Directrice Bones puis s'était rétracté et avait joué de son nom en envoyant une lettre au Ministre. Il lui avait demandé s'il lui était possible de visiter les bureaux du Ministère parce qu'il souhaitait y faire carrière mais n'en savait pas assez sur les emplois existants pour se décider. Il lui avait dit que le rencontrer en personne l'avait impressionné et qu'il avait été très intéressé par ce que lui avait dit l'auror Shacklebolt sur son travail lorsqu'il l'avait rencontré à la soirée organisée par le professeur Slughorn.
Un peu de charme, de flatteries et d'innocence avait suffi à gonfler l'égo du Ministre et à le faire accepter non seulement sa demande mais aussi de lui donner libre accès à tous les étages du ministère. En somme, cela avait été aussi facile que de voler sa sucette à un bébé. En plus, il n'avait envoyé sa lettre que six jours plus tôt, donc Fudge lui avait répondu plutôt rapidement, ce qui était un bon point : il voulait bien se faire voir auprès du jeune Potter.
Pourquoi avoir demandé cette visite ? Eh bien, Harry avait plusieurs objectifs en tête et espérait pouvoir en atteindre au moins un.
Lors de la dernière réunion de l'Ordre du Phoenix, Dumbledore avait demandé à Arthur Weasley et à Tonks de se relayer au Département des mystères. Mais Sirius en ignorait la raison, seuls les deux concernés ayant été mis au courant par le Directeur de Poudlard. Et bien qu'il sache qu'il lui serait difficile de savoir quel était le réel but de cette mission, il espérait au moins savoir quelle salle les deux sorciers devaient surveiller. Cela lui donnerait peut-être un indice sur les plans de Dumbledore.
Ensuite, être dans les bonnes grâces du Ministre. En informant la population du retour de Voldemort, Harry aurait été pris pour cible par le ministère et on aurait crié à la diffamation. Le jeune Potter regrettait que le Ministre ne soit pas prêt à la guerre à venir mais au moins le Gryffondor n'aurait pas à se préoccuper d'avoir la presse et le ministère sur son dos. Il pourrait vaquer à ses occupations tranquillement dans son coin.
De plus, comme l'acceptation de sa demande, avoir une bonne relation avec le Ministre lui donnerait des avantages dans le futur.
Finalement, Harry voulait en savoir plus sur les gens travaillant pour le monde magique. Après Ludo Verpey qui avait des problèmes d'argent avec les gobelins, Croupton Senior qui avait envoyé son parrain à Azkaban sans procès et découvert que son fils était un mangemort bien trop tard et le Ministre lui-même qui avait bien failli faire embrasser Croupton Junior par un détraqueurs sans l'intervention bienvenue de la Directrice Bones, Harry ne faisait pas confiance au ministère. A part Amélia Bones qui était aussi juste et incorruptible que le demandait son poste, il ignorait en qui il pouvait avoir confiance et, considérant que le ministère de la magie britannique dirigeait le monde magique de Grande-Bretagne -ce qui revenait à environ cinq cent mille sorciers- c'était vraiment inquiétant pour l'avenir de la Grande-Bretagne.
Alors quoi de mieux que de trainer dans les bureaux du Mministère, demandant aux fonctionnaires d'expliquer leur travail tout en sympathisant et utilisant son nom pour se faire des connexions ? Et si tous les mangemorts ou adeptes des idéaux de Voldemort agissaient comme Lucius Malfoy envers lui, les reconnaitre parmi les fonctionnaires ne seraient pas si difficile que ça. Du moins, il l'espérait. Soyez proches de vos amis et encore plus de vos ennemis, disait l'adage.
Harry servit le petit-déjeuner sur la table après l'avoir débarrassée de son courrier. Il devrait envoyer une courte missive avec le nom de son château aux invités et inscrire leurs noms dans le livre d'or afin de leur permettre d'entrer par sa cheminette. Il s'assit lorsqu'il entendit des pas approcher de la cuisine et vit son parrain entrer en baillant. Harry lui sourit et lui fit un câlin avant que l'ainé des deux ne s'installe à sa place et creuse dans son assiette.
Tout allait pour le mieux et il espérait que le penser n'allait pas lui porter malheur.
Harry signa sa lettre adressée à Gripsec et l'attacha à l'une des pattes d'Hedwige. Sa fidèle chouette partit après un hululement et le Gryffondor pu s'occuper d'attacher les courtes missives à l'intention de ses invités aux pattes des autres hiboux.
Quand ce fut fait, il descendit dans le hall, attendant que Sirius ne le rejoigne.
La veille, ils s'étaient rendus sur le Chemin de Traverse Sirius s'occupant de certains détails bancaires, Harry vadrouillant dans les allées de Fleury et Bott. Ils avaient déjeunés à La Faim de Loup et Sirius avait aidé Remus pendant deux heures alors qu'Harry observait sa clientèle. Il avait demandé à son oncle honoraire qui était les clients réguliers et il avait retenu quelques personnes parmi les vampires et les loups garous. Malheureusement, les premiers dormaient car c'était le jour et les autres étaient très méfiants. Harry les avait simplement salués avec un sourire pour leur montrer sa sympathie puis Sirius et lui étaient rentrés.
Aujourd'hui, ils y retournaient.
Sirius et Remus devaient se rendre à une réunion de l'Ordre à dix-neuf heures, ce qui arrangeait bien Harry. Il avait prévenu le loup-garou qu'il viendrait manger à la Taverne et lui avait assuré qu'il interviendrait s'il y avait un problème –à moins que ce ne soit trop dangereux pour lui- et cela lui permettrait de croiser les vampires si la réunion durait longtemps. Remus avait d'abord hésité, car les jeunes employés n'avaient pas encore eu affaire aux vampires en son absence, mais avait finalement décidé de leur laisser une chance, en espérant qu'aucun incident ne survienne.
Lui donnant le bras, Sirius les fit transplaner jusqu'à la zone d'arrivée aux abords du Chemin de Traverse. Ils traversèrent la rue, jetant un coup d'œil rapide aux vitrines de certains magasins mais ne s'arrêtèrent qu'une fois arrivée devant les locaux de la Gazette du Sorcier. Ils y entrèrent, Sirius allant s'installer sur l'une des chaises dans la salle d'attente, Harry se dirigeant vers le bureau de la secrétaire.
- Bonjour, Mr Handson est-il dans son bureau ?
- Monsieur Potter, bonjour ! S'exclama la jeune femme après avoir sursauté en le reconnaissant. Monsieur Handson est bien dans son bureau, voulez-vous que je-
- Inutile, je connais le chemin, lui dit Harry en prenant la direction dudit bureau.
Après avoir frappé, il ouvrit la porte sans attendre de réponse, sans pour autant faire de bruit. Après tout, il y avait peut-être quelqu'un d'autre et ne voulait pas déranger. Il était Lord mais pas impoli non plus.
- Mons- Lord Potter ! Se rappela le Directeur de la rédaction. Que me vaut le plaisir de votre visite ?
Le vieil homme se leva prestement et lui tendit une main sûre. Harry la secoua.
- Bonjour Willy. J'aurai une annonce à publier dans le numéro de demain, si c'est encore possible ou dans celui d'après-demain, le cas échéant.
- Votre annonce sera lue demain par tous nos lecteurs, assura-t-il d'un vif hochement de tête.
- Toutes les réponses à cette annonce viendront dans vos bureaux. Envoyez-moi une lettre pour que je vienne les chercher.
- Sans problème, Lord Potter, dit-il en prenant le papier que lui tendait Harry. Je vous souhaite une bonne soirée Lord Potter.
- Bonne soirée à vous aussi, Willy.
Harry grimaça lorsqu'il eut fermé la porte. Appeler un adulte par son prénom n'était pas chose aisée pour lui mais il devait affirmer sa supériorité hiérarchique quand il en avait besoin.
- Sirius, j'en ai fini ici, dit-il à l'intention de son parrain. Au revoir, Miss Mardone, dit-il ensuite pour se montrer poli, après avoir lu la petite plaque se trouvant à l'avant du bureau de la secrétaire.
- Au revoir, Monsieur Potter ! Dit-elle avec un grand sourire.
Quittant les locaux du journal, ils se dirigèrent vers la limite entre le Chemin de Traverse et l'Allée des Embrumes. Arrivé devant la taverne, ils s'arrêtèrent devant la large porte de la taverne de Remus. De l'extérieur, elle semblait être un pub-restaurant tout à fait normal, que l'on pourrait également trouvé dans le Londres moldu. On n'entendait aucun bruit mais on apercevait des silhouettes à l'intérieur sans pour autant voir les clients.
En entrant, le contraste fut saisissant : l'intérieur était décoré chaleureusement tout en restant sobre. Les couleurs -bleu, marron et gris- des tissus, du bois et des murs donnaient du cachet au lieu sans cela ne soit luxueux. L'espace avait été aménagé de façon à être pratique et confortable juste le strict nécessaire. Remus était au bar, secondé par un garçon aux cheveux bruns plus âgé qu'Harry, environ dix-huit ans. Il s'appelait Zeke. Anya, une fille du même âge, les cheveux noirs et courts, servait des repas en salle.
- Salut Anya ! La salua Harry.
Elle lui fit un petit sourire mais ne lui répondit pas. Ce n'était que la deuxième fois qu'il la voyait depuis qu'elle travaillait ici et, déjà, il l'aimait bien. Il avait découvert par Remus qu'elle avait un fort caractère et qu'elle ne se laissait pas faire, ce qui était un avantage quand on avait des créatures magiques comme clients. Harry était parvenu, par insistance, à la dérider, elle qui souriait peu et ne parlait presque pas. Elle ne parlait qu'aux clients et il s'agissait du strict minimum.
- Salut Potter ! Le salua l'autre employé au bar.
- Salut Zeke !
Le susnommé avait toujours le sourire aux lèvres et était énergique, autant dans sa façon de travailler que dans son attitude envers les clients. Harry aimait bien sa bonne humeur et son sourire facile.
- Harry, tu es sûr de vouloir rester ici ? Demanda Remus.
- Oui, ne t'inquiète pas, sourit Harry. Allez-y, ne soyez pas en retard !
Après quelques dernières consignes à ses employés, Remus rejoignit Sirius à la porte et ils sortirent. Ils avaient prévu de prendre la cheminette du Chaudron Baveur pour plus de discrétion.
Harry s'assit au bar et Zeke lui servit une bière au beurre.
- Pas d'alcool avant dix-sept ans, lui répondit-il avec un clin d'œil en lui servant sa chope.
Harry lui sourit puis se retourna sur son tabouret, son regard balayant la salle.
Les rares gobelins à faire partie de la clientèle de la taverne ne venaient que tard le soir et pas très souvent habituellement, ils restaient à la banque ou chez eux. Les vampires pouvaient descendre dans la salle commune avant le coucher du soleil car il y avait un sortilège anti-ultraviolet sur les vitres. Il en vit d'ailleurs trois assis à une table au fond, de sexe masculin et au teint pâle. Ils avaient l'aspect d'homme ayant la cinquantaine et discutaient à voix basse. Un autre vampire, une femme cette fois ayant l'air d'avoir la trentaine, au teint pâle et aux cheveux bruns, était attablée seule deux tables plus loin et sirotait une grande tasse de ce qui semblait être du sang. Ce qu'Harry ne comprit pas. Normalement les gobelins et les vampires restaient en groupe. Seuls les loups garous venaient la plus part du temps seuls ou par deux. Il y en avait d'ailleurs une dizaine, et seuls deux d'entre eux étaient à la même table et, par les gestes affectueux qu'ils s'échangeaient, Harry supposa qu'ils formaient un couple.
Tentant sa chance, le jeune Potter prit sa chope et s'approcha de la vampire.
En temps normal, il serait effrayé. Après tout, ces créatures magiques étaient réputées pour leur charme envoutant et leur soif de sang. Selon le Clan auxquels ils appartenaient, soit ils buvaient au cou des humains consentants, soit au cou des humains non consentants. Pour ces derniers, l'issue du dîner était malheureuse la plupart du temps.
- Bonsoir, est-ce que je peux m'asseoir là ?
La vampire ne lui répondit pas et reconnut à peine sa présence, son regard dirigé devant elle. Elle continua de siroter sa tasse de sang alors qu'il reculait la chaise face à elle. Lorsqu'il s'assit, il eut enfin une réaction : elle déposa sa tasse sur la table et l'observa.
Harry regarda le bois sinueux de la table en buvant sa bière au beurre. Il ne savait pas trop comment commencer cette conversation et si elle ne répondait pas du tout ? Autant commencer par un vampire seul, et par une femme qui plus est. Peut-être serait-elle moins méfiante ou plus encline à l'écouter ?
- Je n'ai jamais vu de vampires avant, avoua Harry avec air gêné. Enfin si, la semaine passée et ici aussi mais jamais d'aussi près. J'espère que je ne vous dérange pas.
La vampire continua de le regarder mais jamais dans les yeux. Son regard voyageait sur son visage.
- Qu'est-ce que vous pensez de cet endroit ? A ce que je sache, c'est le premier de ce genre en Grande-Bretagne. Je veux dire que c'est surement la première taverne britannique à accueillir tout le monde, et surtout les créatures magiques. C'est moi qui en ai eu l'idée, ajouta-t-il.
- Un jeune sorcier comme vous ?
La voix de la créature était douce et basse.
- Le patron fait partie de la famille, il est comme un oncle pour moi, dit-il en haussant les épaules. Mais à cause de son statut de loup-garou, il avait des difficultés à se trouver un logement et surtout un travail.
La femme le regarda de haut en bas, le visage impassible. Elle finit par légèrement plisser les yeux et parler
- Et vous lui avez soufflé l'idée d'ouvrir une taverne pour nos genres ?
- Il n'a pas vraiment eu le choix, dit Harry avec un sourire contrit. J'ai acheté l'endroit et je lui ai proposé de tenir la taverne. J'ai fait de lui le patron ainsi que le propriétaire pour des facilités administratives. Et qui de mieux qu'une créature magique pour tenir une taverne pour créatures magiques ? Conclut-il avec un sourire. Vous ne m'avez toujours pas dit ce que vous en pensiez…
- Le patron est poli et serviable, répondit-elle avec lenteur en détachant chaque syllabes. Le sang est de qualité et la jeune serveuse est à croquer, finit-elle avec un sourire taquin.
- Je suis ravi que le service vous plaise je ferai part de vos compliments au patron.
Harry essayait de se montrer amusé- et il l'était un peu- mais il n'en oubliait pas, au fond, qu'il parlait à une vampire, créature très dangereuse qui buvait du sang, et restait sur ses gardes.
- Je ne vais pas vous déranger plus longtemps, dit-il en se levant. Je vous remercie pour la discussion. Je m'appelle Harry, ajouta-t-il en lui présentant sa main, Harry Potter.
- Elisandre, lui répondit-elle après une seconde de silence.
Elle lui tendit la main pour serrer la sienne et Harry fit un baisemain, gentleman qu'il était. Et puis, avec une vampire, autant mettre toutes les chances de son côté. Quel âge pouvait-elle avoir ? Peut-être était-elle de l'aristocratie du dix-septième siècle et appréciait la galanterie, qui sait ?
- Charmant prénom, je ne l'avais jamais entendu.
Les coins de ses lèvres se levèrent quelque peu au geste et au compliment.
- Charmant, peut-être, mais désuet aujourd'hui. Appelez-moi Eli, Monsieur Potter.
- Si vous m'autorisez à être aussi familier, je dois vous demander d'en faire de même et de m'appeler Harry.
Ses yeux rougeoyèrent brièvement.
- Je préfère m'en tenir à Monsieur Potter.
- Comme vous voulez, n'insista pas Harry.
Alors qu'il s'éloignait d'un pas de la table, elle lui attrapa le poignet. Durement.
- Evitez mes semblables, surtout lorsqu'ils sont en groupe. Vous n'aurez pas autant de chance qu'avec moi la prochaine fois, Harry Potter.
Il n'avait pas grimacé mais elle dut se rendre compte de la fermeté de sa prise car elle finit par lâcher rapidement son poignet.
- Merci pour le conseil Eli. Je vous souhaite une bonne soirée.
La vampire reprit la dégustation de sa tasse de sang alors qu'il se dirigeait vers le bar.
Si Anya l'avait aperçue à la table d'Elisandre, elle n'en dit rien. Zeke, lui, ne l'avait pas vu, trop occupé au bar. Une heure passa et plusieurs clients –essentiellement des loups garous et un sorcier un peu louche- quittèrent l'établissement. Seuls deux loups garous –ils étaient reconnaissables par leurs traits tirés, leurs cicatrices et leurs vêtements de seconde main- entrèrent pour commander une boisson avant de partir.
Harry avait tenté d'entamer une discussion avec un loup-garou solitaire mais il l'avait rabroué avec rudesse puis il était allé voir un groupe de trois loups garous mais ils l'avaient regardé avec méfiance avant de lui demander d'aller voir ailleurs.
Peu importe. Avec tout ce que Remus lui avait dit sur sa condition et sur la vie des loups garous de Grande-Bretagne depuis la dernière guerre, le jeune Potter avait assez d'informations. De plus, son annonce lui donnerait des réponses assez tôt.
Il laissa une pile de flyers sur le comptoir du bar quand Sirius et Remus furent revenu de la réunion de l'Ordre et qu'ils repartirent au château avec son parrain.
Quatre jours plus tard, deux chouettes arrivèrent au Château d'Ambroise. Harry mangeait ses œufs brouillés quand Sirius se leva pour ouvrir la fenêtre et que les deux volatiles entrèrent et se posèrent sur une des chaises inoccupées.
- Mange d'abord, lui dit Sirius quand il vit son filleul se lever. Elles ne s'envoleront pas tout de suite.
Harry s'y conforma et termina rapidement son assiette, pressé de découvrir les nouvelles. Un hibou grand-duc arriva ensuite pour délivrer la Gazette, que Sirius s'empressa de lire en terminant son café. Quand le jeune Potter libéra les deux chouettes de leur fardeau, elles s'envolèrent par la fenêtre encore ouverte. Il y avait une lettre avec le sceau de Gringott -surement des nouvelles de Ragnock- et un colis venant de Willy Handson.
Harry alla dans sa chambre et déposa le tout sur son bureau. Non pas qu'il ait quelque chose à cacher à Sirius mais il arrivait mieux à se concentrer ici.
Le gobelin lui avait envoyé quelques documents.
Microsoft Inc. allait lancer une nouvelle version de leur logiciel d'exploitation -Harry n'y comprenait pas grand-chose- le mois prochain et le montant dont il allait bénéficier avec le lancement de Windows 95 était phénoménal.
Mais Harry était davantage intéressé par les autres documents. Ragnock ne lui avait envoyé de contrat immobilier que pour un ensemble de bâtiments. C'est qu'il devait être certain que cela correspondait parfaitement à ce qu'il avait demandé.
Et c'était le cas.
Sur les photos qui accompagnaient les documents, on pouvait voir deux grandes bâtisses de briques côte à côte, plusieurs cheminées et un toit -avec plusieurs pointes- conçu pour un éclairage efficace. Typique des bâtiments industriels. Et ils étaient abandonnés depuis quinze ans. Ils appartenaient au ministère moldu pour le moment et rien avait été prévu –ni réaménagement ni destruction des bâtiments. C'était parfait.
Harry écrivit sa réponse à Ragnock immédiatement et signa le contrat qui se trouvait face à lui. La somme de rachat des deux bâtiments au ministère moldu était dérisoire par rapport à ce qu'il avait prévu de faire. Il ne manquait plus qu'à engager un briseur de sort affilié à Gringott pour installer une barrière autour du site afin de repousser les moldus et la première étape de son plan serait terminée.
Dans le colis que le Directeur de la rédaction lui avait envoyé, il trouva une trentaine de lettres. Harry pensait bien avoir des réponses mais pas autant et pas si rapidement. Il les étudia une par une. La plupart, voulant l'impressionner, avait envoyé des lettres de recommandations obtenues par d'éminents maitres de potion à la retraite ou encore au service du ministère anglais ou étranger. Certains avaient des curriculum vitae si longs qu'Harry se demanda bien l'âge qu'ils devaient avoir.
Alors il fit un tri.
Une pile de candidats ayant entre trente et cinquante ans. Entre assez expérimenté pour brasser la potion tue-loup et assez jeune pour le respecter. Il ne voulait pas d'un sorcier de soixante ans lui parlant comme s'il était un gosse et lui un vieux sage. Il en avait assez avec un Dumbledore, pas la peine d'en côtoyer d'autres. Il y avait sept candidats.
Une pile de candidats ayant une expérience hors de l'ordinaire et n'essayant pas de le charmer avec le nom de leurs patrons –ou le manque de patron car travaillant à leur compte. Cela fit une pile de quatre candidats.
La dernière pile fut pour tous les candidats ne répondant à aucun de ces critères. Donc une vingtaine de sorciers.
Aux onze potionnistes sélectionnés, il envoya une lettre afin d'organiser une rencontre le vingt aout. Il leur révèlerait l'adresse où aurait lieu l'entretien d'embauche cinq jours avant. Ses plans avançant, il pouvait désormais se concentrer sur la planification de son anniversaire.
