Chapitre 35
Les jours jusqu'à la rentrée à Poudlard passèrent dans un flou tellement Harry était occupé.
Chaque lundi et jeudi, il se rendait au ministère afin de visiter un département différent ou plusieurs fois le même si les bureaux et services y étaient nombreux.
19 août
Harry marcha plus rapidement, profitant du manque de personnel dans les couloirs.
Il pensait que son idée était tombée à l'eau lorsqu'il avait croisé Cédric Diggory et son père –qui travaillait au département de contrôle et régulation des créatures magiques- dans l'un des couloirs du département des mystères –d'ailleurs que faisaient-il là ? Leur département se trouvait au niveau quatre !
Mais, heureusement, alors qu'Amos Diggory montrait très clairement sa déception quant au fait qu'il avait gagné le tournoi et pas son fils, ce dernier avait coupé court à la discussion, rappelant à son père qu'un travail important les attendait, le tout avec un sourire d'excuse pour le jeune Potter.
Heureusement, ils ne lui avaient pas posé de questions.
Harry secoua la tête : ce n'était pas le moment d'être distrait. Il devait se dépêcher de visiter toutes les pièces avant que le langue-de-plomb devant lui faire visiter les quelques bureaux pas trop secret ne parvienne à le retrouver.
Il avait déjà visité deux pièces. Elles étaient toutes les deux meublées avec une multitude d'étagères mais ne contenant pas le même type d'objet. Même si la salle contenant des centaines de retourneurs de temps tous différents, que ce soit en taille, en couleur ou en quantité de sable l'avait surpris, c'est surtout les bocaux de la seconde salle contenant des cerveaux flottant dans un liquide inconnu qui l'avait de plus éberlué.
Que pouvaient-ils bien faire avec ça ? Mais surtout : d'où provenaient ces cerveaux ?
Il atteint une troisième porte -les couloirs semblaient petits au premier abord puis s'allongeaient au fur et à mesure qu'on y avançait- et l'ouvrit.
Une lumière bleutée régnait dans l'immense pièce qui ressemblait à une cathédrale.
Comme dans les autres salles, de multiples étagères étaient alignées et, devant chacune d'elle, il y avait une petite pancarte avec des dates. Regardant sur l'étagère devant lui, il y vit une sphère en verre contenant de la brume sur un socle avec un panonceau sur lequel il était écrit :
« F.H. à D.L.F et S.P.
Dronan le fugitif et Silicia Parkro»
Harry posa le doigt dessus.
Deux choses se passèrent simultanément : il sentit un froid glacial traverser son doigt puis une voix grave et solennelle apparut dans sa tête :
« Treize lunes il te restera quand le voile tu déchireras
L'amour de l'élue seul te sauvera et p… »
Harry retira son doigt en reculant et déglutit.
C'étaient des prophéties.
Harry préféra ne plus y toucher et sortit de la rangée à reculons pour se diriger vers la droite, se laissant guider par les pancartes jusqu'à celle qui l'intéressait : 1977-1981. Il s'engagea dans l'allée en question et lu rapidement les panonceaux, les doigts glissant sur le rebord en bois des étagères. Il s'arrêta finalement lorsqu'il lut son nom :
« S.P.T. à A.P.W.B.D.
Le Seigneur des Ténèbres et Harry Potter »
Sa prophétie.
Et les initiales A.P.W.B.D. devaient être celles de Dumbledore. Bien qu'il ne se rappela plus des autres noms du directeurs -la carte de chocogrenouille à son effigie avait été perdue depuis longtemps-, il était certain que son prénom étaient Albus.
Il glissa un doigt timide sur la surface de la sphère. Elle était tiède au toucher. Mais aucune voix n'apparut dans sa tête. Il tendit son autre main dans l'intention de la prendre lorsqu'il entendit du bruit :
- Mr Potter ?
Harry jura intérieurement et se rendit aussi rapidement qu'il lui était possible sans faire de bruit à l'autre bout du rayon où il pouvait voir une lumière blanchâtre au loin. Il entendit des pas à l'autre bout de la pièce alors il se mit à courir aussi silencieusement que possible jusqu'à avoir quitté les étagères. Devant lui, sur un piédestal en granit noir, un rectangle flamboyant blanc et lumineux se dressait fièrement. Des chuchotements atteignirent ses oreilles et Harry fut attiré par eux.
Que disaient-ils ?
Qui étaient-ils ?
Il marcha vers le rectangle de lumière et ne fut plus qu'à quelques pas de lui lorsqu'on le tira brusquement par l'épaule.
- Mr Potter !
Harry cligna rapidement des yeux et repris ses esprits. Les chuchotements s'étaient tus et le langue-de-plomb le regardait avec les sourcils froncés.
- Ces voix… Ces chuchotements que j'ai entendus… Qu'est-ce que c'étaient ?
- Nous l'ignorons, avoua le langue-de-plomb avec hésitation. Ce n'est pas pour rien si le Voile se trouve au département des mystères. Vous allez bien Mr Potter ?
- Oui, oui, je vais bien, dit-il en hochant la tête, le regard toujours dirigé vers le fameux Voile. Désolé, ajouta-t-il en regardant son guide avec une moue penaude, je me suis perdu et j'ai vu de la lumière donc…
- Ce n'est rien, le coupa le langue-de-plomb. Ne dites juste pas à mon patron que je vous ai perdu de vue, hum ?
- Bien sûr ! Assura le jeune Potter en mimant un verrou fermé à clé au niveau de sa bouche.
- La sortie est par ici, Mr Potter, suivez-moi.
Harry le suivit après avoir jeté un dernier regard aux centaines de prophéties posées sur les innombrables étagères.
Harry supposa que la mission de Tonks et Arthur Weasley se passait dans la salle des prophéties. Mais il ignorait toujours ce qu'ils étaient censés y faire.
En parlant de Tonks. Lorsqu'il se rendit au département des aurors, elle lui dévoila son « cadeau d'anniversaire ».
12 août
- Alors, normalement, il n'y aura personne à cette heure-là donc tu auras la salle pour toi tout seul lui dit Tonks avant d'ouvrir la porte. Allez, entre !
Il fit quelques pas dans une salle aussi haute que large. Il n'y avait rien sur les murs et la salle était presque entièrement vide. Presque car une dizaine de mannequins, chacun à cinq mètre l'un de l'autre, étaient alignés au milieu de la pièce.
- Des mannequins d'entrainement ?
- Ouep ! Et pas n'importe lesquels ! Regarde un peu !
Elle se dirigea vers l'un deux et pointa sa baguette sur la tête en tissus. Elle murmura quelques mots et le mannequin prit vie. Il tourna la tête vers Harry et leva le bras, un bout de bois sortant de sa main en cuir. Une lumière rouge sortie de cette fausse baguette et se dirigea vers Harry qui, écarquillant les yeux, se baissa rapidement, évitant ainsi le sortilège.
- Hé ! T'aurais pu prévenir ! S'indigna faussement Harry alors que l'Auror appuyait à nouveau sa baguette sur le mannequin qui baissa le bras.
- Mais où aurait été le plaisir ? Demanda Tonks avec un clin d'œil.
- Alors, qu'est-ce qu'il peut faire au juste ? Demanda-t-il en s'approchant.
- Il bouge dans toute la salle, se focalise sur une cible à la fois et jette des sorts. Il ne peut pas les contrer mais peut les éviter. Cool, non ?
Harry eut un sourire en coin.
- Je peux essayer ?
Harry sourit en se remémorant l'entrainement intense qui avait suivi. Tonks l'avait observé avec intérêt et lui avait donné quelques conseils. Elle avait avoué le trouver impressionnant car il avait une esquive rapide et une grande endurance pour quelqu'un de son âge.
Bien sûr, le mannequin s'adaptant au niveau du sorcier qui le combat avant de rendre les choses difficiles, Harry finit par se faire toucher par un sortilège de stupéfixion lors de son troisième duel après vingt minutes d'échange de sorts.
Si seulement il pouvait se procurer ce genre de mannequin pour son entrainement personnel… Quand il en avait subtilement parlé à Tonks, cette dernière avait répondu, avec un sourire amusé, que la société qui les leur fournissait n'en vendait qu'aux organismes officiels comme le département des aurors ou les complexes sportifs européens où des championnats de duels étaient organisés.
Mais Harry ne s'avoua pas vaincu. Avec l'argent, peut-être était-ce quand même possible pour lui de s'en procurer un… Par conséquent, à chaque fois qu'il voyait Tonks le mercredi pour ses leçons de métamorphomagie, il essayait de grappiller des informations sur la société en question.
Mais ce n'était pas tout.
Chaque mardi et vendredi, il s'asseyait à la même table de la Faim de Loup afin de discuter avec Eli –quand elle était là- ou avec les loups garous. Il n'avait pas encore approché d'autres vampires, prenant le conseil d'Elisandre au sérieux.
13 août
- Indra. Gustus. Bonsoir ! Les salua-t-il avec un sourire.
Le loup-garou grincheux se contenta de grogner mais Indra eut la décence de hocher la tête.
- Des nouvelles recrues ? Voulut savoir Harry lorsqu'il fut assis face à eux.
- Michael, un solitaire, précisa Indra. Mais il veut une période d'essai. Il ne te fait pas confiance.
Harry hocha la tête, compréhensif.
- Dites-lui de venir à la date convenue. Je préparerais un contrat juste pour lui.
Puis il réfléchit.
- Il sera libre de quitter le chantier quand il le voudra si le travail ne lui convient pas et il sera payé en fonction du nombre de jours qu'il aura fait. Et bien sûr, il aura droit à sa dose de tue-loup même s'il part plus d'une semaine avant la pleine lune. Mais s'il démissionne, il devra quitter votre dortoir le jour-même.
Indra hocha la tête, semblant d'accord avec ses conditions. Gustus le regardait, l'air un peu moins grincheux. Il avait l'air d'apprécier ce qu'il avait dit.
- Je peux vous servir quelque chose ?
Fidèle à elle-même, Anya avait un air très sérieux et faisait un peu peur à voir quand elle ne souriait pas. Ses traits asiatiques la rendaient belle mais aussi intimidante. Mais Harry avait, depuis le début, choisit d'être le plus joyeux possible lorsqu'il lui parlait, essayant de la faire sourire.
- Anya, tu tombes bien ! Ils avaient justement une petite faim. Cadeau de la maison, ajouta-t-il en faisant un clin d'œil à Indra et Gustus. Je vais changer de table mais j'aimerais bien un repas du jour, s'il te plait, Anya.
Et il quitta la table, se dirigeant vers le fond de la salle, là où il avait aperçu Eli s'asseoir.
- Un roi ? J'ignorais que ça fonctionnait comme ça, dit Harry.
- Et comment pensiez-vous que nous fonctionnons ?
- Euh… En fait, je ne sais pas… Je pensais peut-être que chacun de vos clans avaient un chef ou quelque chose comme ça…
- Tous les clans sont dirigés par notre roi. Même si chaque clans à ses propres règles, nous respectons tous la loi qu'il nous impose. Auriez-vous regardé trop de films sur les vampires, Monsieur Potter ?
- En fait, non. Tu sais ce qu'est un film ? S'étonna-t-il.
- J'étais moldue quand j'ai été transformée, avoua-t-elle, impassible, tout en sirotant sa tasse de sang chaud. Je me tiens au courant de l'évolution de la technologie dans le monde moldu autant que de l'actualité du monde magique. Il faut bien s'occuper quand on est immortel, ajouta-t-elle sur un ton blasé.
Harry sourit en levant un sourcil, amusé par le comportement d'Eli.
- Qui dit roi veut dire reine ? Demanda-t-il.
Elisandre bougea lentement la tête de gauche à droite.
- Plus depuis une centaine d'années. Depuis la mort de sa femme, le roi refuse de prendre une autre épouse.
- Il a dû la connaitre et l'aimer longtemps, commenta Harry, compatissant.
- Ils étaient nos dirigeants depuis sept cent quatre-vingt ans quand la Reine fut tuée par des chasseurs de vampires moldus, dit-elle en serrant les lèvres. Ce fut un coup dur pour tous les vampires. Nous aimions beaucoup notre reine.
- Mais, et si votre roi se faisait tué à son tour, alors qui vous dirigerait ?
A cette question, Elisandre plissa les yeux et son regard rougeoya comme des braises.
- Je ne le souhaite pas ! S'exclama Harry en levant les deux mains. Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. Je m'intéresse juste à votre système.
Lorsque les yeux d'Elisandre cessèrent de briller dangereusement, il reprit :
- Est-ce qu'il y aurait une succession ? Ou une élection ?
- Vous êtes très curieux, dit-elle avant d'ajouter, sur un ton suspicieux : Peut-être un peu trop.
- On a peur de ce qu'on ne connait pas, dit Harry. C'est pour ça que les sorciers et même les moldus ont peur des vampires. Je sais que tu es capable de me tuer en quelques secondes. Mais je n'ai pas peur de toi en tant que personne. Je sais que tu ne me veux pas de mal personnellement.
Eli reprit une gorgée de sang.
- Vous êtes quand même trop curieux pour votre propre bien, répéta-t-elle. Et l'ascension au trône n'est possible que pour un vampire de sang royal. Ils sont rares, c'est pour cette raison qu'ils sont fortement protégés. Si le roi venait à mourir, répondit-elle avec hésitation, la princesse deviendrait alors reine et devrait trouver un vampire digne d'elle pour gouverner à ses côtés.
- La princesse ? S'exclama-t-il, surpris. La fille du roi ?
- Vous posez trop de question, le coupa-t-elle en vidant sa tasse. Ça suffit.
Puis elle se leva et tapota le front d'Harry avec son index.
- Et les vampires ne peuvent pas concevoir d'enfants. Réfléchissez un peu.
Oui, bon. Il avait été un peu bête et hâtif sur ce coup-là. Bien sûr, il savait que les vampires ne pouvaient pas avoir d'enfants biologiques. Mais elle avait dit « princesse ». Il avait donc automatiquement pensé « fille du roi ».
Harry bailla et se retourna dans son lit, cherchant le sommeil. Mais il y avait tellement de choses auxquelles penser. Tellement de choses à faire.
Même ses dimanches étaient chargés ! Entre les potionnistes, les loups garous à rencontrer dans les deux bâtiments nouvellement achetés et le suivie des travaux, il avait l'impression de courir partout.
20 août
Les onze potionnistes arrivèrent au compte-goutte entre treize heures quarante-cinq et quatorze heures. Comme lors du meeting avec les loups garous, Harry était debout devant la grande table ovale autour de laquelle les sorciers avaient pu choisir librement où s'asseoir.
Dans son annonce, Harry n'avait pas précisé quelle(s) potion(s) il voulait leur faire brasser par peur que les candidats soient trop peu nombreux. Harry n'avait que faire de ce que pensaient les potionnistes des loups garous, puisqu'ils ne seraient jamais en contact avec ses nouveaux employés de toute façon. Tout ce qu'il voulait, c'était qu'ils préparent les potions correctement et à temps.
Après leur avoir souhaité la bienvenue, Harry leur donna un questionnaire à remplir. Les questions étaient toutes à réponse ouverte et sur des sujets variés et il avait fait en sorte d'y glisser plusieurs sur la potion tue-loup sans que cela ne soit trop évident. Ainsi ils seraient évalués de deux manières : premièrement sur leurs connaissances et, deuxièmement, sur leur technique pour préparer la potion tue-loup.
Trois potionnistes ne seraient pas de trop, sachant qu'il y avait vingt-huit loups garous qui travaillaient pour lui -en comptant Michael pour le moment- et que le contrat avec eux avait une durée approximative de vingt-quatre mois. Sachant que les loups garous devaient avaler une fiole du breuvage chaque jour durant la semaine précédant la pleine lune, cela reviendrait à plus de quatre mille fioles de cent millilitres. Sachant que la potion était plus efficace lorsqu'elle est élaborée dans un chaudron en cuivre –qui peut contenir maximum deux litres de breuvage-, alors il était possible de préparer vingt fioles par chaudron et donc il faudrait une totalité de soixante-dix-huit chaudrons –ce qui en ferait vingt-six par potionniste.
Trois potionnistes pouvant gérer deux chaudrons en même temps et la préparation de la potion tue-loup durant cinq jours, il les ferait travailler du lundi au vendredi, cinq semaines d'affilées tous les deux mois et demi afin d'avoir un stock d'avance à chaque pleine lune. Cela devrait durer au minimum jusqu'au mois de mars 1997 pour remplir les termes du contrat. Si d'ici là, d'autres loups garous venaient travailler pour lui, alors il devra embaucher des potionnistes supplémentaires.
Lorsque tous les potionnistes lui rendirent leurs copies, il sortit de la salle pour se rendre dans l'appartement de Remus –coin plus propice à la concentration- afin de vérifier les réponses. Quatre des sorciers n'avaient pas des réponses satisfaisantes, deux autres aurait pu faire l'affaire mais n'étaient pas les meilleurs et il hésita entre cinq personnes avant de faire son choix.
De retour dans la salle, il cita le nom des quatre potionnistes qui pouvaient partir les premiers. Maugréant qu'il n'était qu'un gosse qui n'y connaissait rien, ils partirent en claquant la porte. Ensuite, Harry cita le nom des trois potionnistes choisis avant de s'adresser aux autres :
- Le choix a été difficile mais il fallait le faire. Vous être tous de bons potionnistes et, si j'ai besoin d'embaucher d'autres personnes, je penserais à vous en premier.
Les quatre autres sorciers non choisis le saluèrent poliment, déçus de ne pas avoir été choisis mais espérant être embauché un jour ou l'autre par Harry.
Puis Harry se tourna vers les sorciers sélectionnés par ses soins et fit apparaitre un contrat face à eux.
- Lisez et n'hésitez pas à poser de questions avant de signer.
Après seulement deux minutes de lecture, l'un d'eux, Georges Graffon, demanda :
- Vous voulez que nous commencions demain ? S'étonna-t-il.
- Oui, j'ai une commande de potions plutôt urgente.
L'homme hocha la tête. Cela n'avait pas l'air de lui poser problème de commencer dès le lendemain.
- L'heure n'est pas indiquée, pointa celui qui s'appelait Franck Bradwick.
- Le laboratoire mis à votre disposition sera ouvert du lundi six heures au vendredi vingt-deux heures, expliqua Harry. A vous de gérer votre planning de préparation. Je ne serais pas derrière vous pour vérifier que vous brassez du matin jusqu'au soir. Je compte sur vous pour me préparer des potions de qualité et à temps. Vous devrez embouteiller les potions dans des fioles en cristal de cent millilitres que moi ou l'un de mes associés viendra récupérer le samedi.
- Et si ce n'est pas prêt à temps ? Demanda le dernier, Joshua Hamilton, le plus jeune des trois.
- J'ai quatre autres personnes en tête qui seraient plus que ravies de vous remplacer, dit Harry froidement. Le contrat stipule que les deux chaudrons demandés à chacun d'entre vous doivent être prêt en temps et en heure et les fioles remplies quand elles sont récupérées le samedi. Tout a été étudié pour que cela soit possible.
Les trois sorciers finirent par signer leur contrat. Harry leur montra la salle au fond du couloir. C'était là qu'il avait fait installer laboratoire et avait demandé à Sirius et Remus de jeter des sorts de sécurités sur le plancher, le plafond et les murs.
Autant éviter qu'un malheureux accident fasse exploser la taverne !
29 août
Un casque de chantier sur la tête -pas vraiment nécessaire car il aurait pu jeter un bouclier mais il en avait eu envie-, Harry avança d'un pas déterminé vers le premier bâtiment sur lequel s'acharnaient les loups-garou. Ils étaient au courant de sa présence mais il ne les arrêta pas, voulant voir de lui-même ce qu'ils avaient déjà fait.
En seulement six jours, ils avaient retirés tous les gravats se trouvant à chaque étage et sur le terrain. Ils avaient également placé temporairement par magie des vitres à toutes les fenêtres afin d'éviter que la pluie n'entre -heureusement, il n'avait pas encore plu cette semaine- et ils commençaient tout juste depuis la veille à réparer le toit.
Il leur avait dit de commencer par ce bâtiment puisqu'il était le moins 'abîmé' et qu'ils avaient l'espace nécessaire pour installer leur dortoir au dernier étage.
L'autre bâtisse était bien plus endommagée. Il manquait quelques murs et le toit était à refaire entièrement. Cela leur prendrait bien plus de temps mais la priorité pour le moment était de réparer les dégâts du premier bâtiment et de l'isoler afin que les conditions du contrat soient au maximum respectées.
Heureusement, les loups-garou avaient été de plutôt bonne humeur –si, si, vraiment !- depuis que la dernière pleine lune se soit passée ici. Harry leur avait donné rendez-vous dimanche dernier afin qu'ils puissent prendre connaissance du lieu et s'installer avant leur transformation le soir-même.
Le terrain était délimité par des sorts afin de repousser les moldus et des barrières magiques avaient été installées afin d'empêcher les loups-garou de sortir. Bien sûr, c'était à eux de les activer et les désactiver au moment venu il ne voulait pas les enfermer ici jusqu'à la fin du contrat. Ils étaient libres de faire ce qu'ils voulaient ailleurs avant ou après le travail. Mais pour le moment, ils avaient l'air d'apprécier de travailler car aucun d'eux n'avaient fait autre chose que de manger, dormir ou travailler. S'il les avait écoutés, il aurait changé le contrat pour leur permettre de travailler le dimanche. Mais il leur fallait un jour de repos dans la semaine et le dimanche, jour de repos mondial, était le choix évident.
Dès qu'ils se levaient, ils travaillaient. Ils prenaient une courte pause à midi pour manger puis reprenaient aussitôt le travail, ne s'arrêtant que pour boire lorsque la chaleur était intense. Ensuite, ils s'arrêtaient de travailler entre dix-neuf et vingt-heures selon la tâche qu'ils accomplissaient, puis mangeaient ensemble avant de finalement aller se coucher.
Ils formaient une petite communauté, s'entendaient tous à peu près bien –de toute façon, au moindre problème, Gustus et Indra devait l'en informer et Harry agirait en conséquence- et la plupart semblait moins se méfier de lui. Gustus, surtout. Il grognait toujours autant mais il lui parlait plus volontiers.
Lorsqu'il fut satisfait de ce qu'il avait vu, il repartit vers la grille en fer forgé au bord du terrain en saluant Indra et Gustus d'un signe de la main, qu'ils lui rendirent sous forme d'un mouvement de la tête.
Heureusement, le samedi, il pouvait se reposer. Il flânait dans le château, lisait son livre sur les serrures magiques et parlait avec Daphné via leur miroir le soir. S'il le pouvait il lui parlerait tous les jours mais il n'en avait le temps que le mercredi et le samedi. Les autres soirs, il s'affalait sur son lit et s'endormait sur le champ.
Mais ce qui rendit le mois d'août si spécial pour Harry, ce fut le cadeau d'anniversaire de Sirius.
1er août
Dès le lendemain de sa fête, alors qu'Harry se levait difficilement pour commencer son entrainement physique, Sirius l'interrompit dans son jogging pour lui dire qu'ils partaient quinze minutes plus tard pour son cadeau.
Après une rapide douche, Harry rejoint son parrain dans le hall d'entrée. Devant se rendre dans le Londres moldu, mais dans un lieu trop éloigné du Chaudron Baveur, ils ne pouvaient pas prendre la cheminette. Harry serra le bras de son parrain qui les fit transplaner du château à une ruelle déserte mais ensoleillée.
Quelques poubelles et caissettes en bois trainaient contre l'un des murs, l'autre étant immaculé de tout déchet. Sirius plaça la pointe de sa baguette contre l'une des briques et deux d'entre elles disparurent rapidement, laissant place à une paire d'yeux marron affublés de sourcils broussailleux.
- C'est pourquoi ? Demanda une voix rauque.
- Sirius Black, j'ai rendez-vous avec l'Aiguille.
Les yeux disparurent aussitôt et le trou fut refermé.
- Euh… Sirius ? Il se passe quoi ? Demanda Harry.
Mais son parrain lui fit signe de patienter.
Quelques secondes plus tard, le mur se mit à onduler. Sirius posa une main sur l'épaule de son filleul, l'incitant à le suivre à travers le mur. Et ils le traversèrent comme s'il n'existait pas.
Harry se retrouva dans une grande pièce lumineuse, éclairée par les rayons solaires passant par les nombreuses vitres au plafond. Il y avait deux grand fauteuils chirurgicaux de chaque côté de la pièce et des armoires remplies de matériels. Sur les murs, une multitude de dessins décoraient l'endroit.
En voyant au centre de la pièce un grand homme maigre et chauve ayant de multiples piercings et tatouages, Harry comprit ce qu'ils faisaient ici.
Sirius lui offrait un tatouage.
- Sirius… Commença Harry avec un sourire grandissant.
- Ne me remercie pas, dit-il. Remercie plutôt l'Aiguille d'avoir accepté de te tatouer un dimanche.
- Eh bien, quand j'ai appris que le client en question n'était autre qu'Harry Potter, je ne pouvais pas refuser cet honneur, répondit l'homme avec une voix rauque.
L'homme de tout à l'heure !
Sauf qu'il n'avait pas du tout les mêmes sourcils. Mais Harry préféra ne pas le questionner là-dessus.
- Au fait, appelez-moi juste Dustin, ajouta-t-il avec un clin d'oeil. Alors, une petite idée de ce que vous voulez ? Le dessin, la taille, en noir, en couleurs ? A la mode « moldu » ou la mode « sorcier » ?
- La mode « sorcier » ? Qu'est-ce que c'est ?
Sirius et le tatoueur échangèrent un sourire complice.
- A la mode « sorcier », choisit Sirius pour lui.
- Pour le dessin, j'hésitais entre les lettres J et L entrelacées ou un cerf et une biche, dit Harry.
- On peut très bien faire les deux, répondit Dustin.
- Ca ne fera pas trop ?
- Disons qu'à la mode « sorcier », non. J'ai même déjà une idée de ce que je vais faire. Vous voulez de la couleur ?
- Fais-toi plaisir Harry, lui dit Sirius. Ne regarde pas au prix.
- Non, dit Harry après réflexion. Tout en noir.
Dustin parla quelques minutes avec Sirius au fond de la salle, Harry regardant les dessins sur les murs pour patienter. Ensuite, le tatoueur vint l'installer sur l'un des sièges, approcha une petite tour sur laquelle il y avait plusieurs pots d'encre et sortit sa baguette.
- La différence entre un tatoueur moldu et un tatoueur sorcier, c'est son instrument. On me surnomme l'Aiguille mais je n'en utilise pas. J'utilise ma baguette et, grâce à différents sorts et des années de pratique et de techniques spéciales, je parviens à intégrer l'encre à la peau. Tu vas sentir une brulure tout le long du tracé, c'est légèrement douloureux mais bien plus supportable que si je le faisais avec une aiguille.
Après avoir insisté deux fois qu'il était prêt, Harry ferma les yeux et laissa l'expert se mettre au travail. Il grimaça de temps en temps car la brulure était parfois plus douloureuse à certains endroits mais, en somme, ça allait. Son épaule était en feu, une heure et demi plus tard, lorsqu'il put se relever.
- Je vais appliquer une pommade qui va réduire la douleur, tu ne ressentiras presque plus rien dans une minute, lui dit le tatoueur.
Lorsqu'il eut terminé, Harry sentait encore que son épaule était sensible mais il n'y avait plus de douleur. Quand il tenta de voir son tatouage, Sirius lui en empêcha en lui tirant l'oreille.
- Aïe !
- C'est pas encore fini ! L'informa Sirius. Il y a la dernière étape.
- Comment ça « c'est pas encore fini » ? Demanda Harry en mimant les guillemets avec ses doigts. Il est fini le tatouage là !
- Patience, patience, Mr Potter, lui dit Dustin. Ce sera fini dans quelques secondes.
Du coin de l'œil, Harry le vit pointer sa baguette sur son épaule et murmurer une litanie de sorts. Une douce chaleur apparut au niveau de son épaule, se répandit sur toute la zone tatouée puis disparut, laissant une drôle de sensation qu'Harry ne pouvait décrire.
- Voilà ! S'exclama fièrement Dustin.
Sirius se mit dans son dos et siffla en voyant le résultat.
- Alors, je peux voir ? Demanda Harry, aussi impatient qu'excité.
Dustin le guida devant un miroir au fond de la salle puis en fit apparait un autre afin de lui montrer son épaule.
Harry fut bouche bée. Tout ce qu'il avait demandé était présent. Le tatouage n'était pas grand et, pourtant, grâce aux sorts lancés par Dustin, il remplissait toute son épaule.
Le J et le L était écris en style gothique avec des fioritures et étaient entrelacés, comme il l'avait demandé, formant un petit cœur entre les deux lettres. Autour, un petit cerf et une petite biche gambadaient, couraient l'un après l'autre, se réunissant après quelques tours pour quelques câlins et coups de têtes affectueux.
- Votre parrain m'a expliqué ce que représentaient les lettres, le cerf et la biche, expliqua Dustin. J'espère que le résultat vous plait.
- C'est magnifique, répondit Harry, aussi ému qu'heureux.
Ce n'était pas du tout le tatouage auquel il avait pensé. Celui-ci était bien plus beau.
- Merci Dustin. Merci Sirius.
31 août
VLAM !
Harry sursauta, lâchant le pull qu'il avait à la main.
Soit un courant d'air faisait claquer les portes, soit Sirius était rentré de la réunion de l'Ordre du Phoenix mécontent.
Harry ramassa le pull et le replia correctement avant de le ranger dans sa malle. Puis il laissa le rangement de ses affaires pour plus tard et descendit rejoindre son parrain.
Le seigneur Black maugréait dans sa tasse de café quand Harry entra dans la cuisine.
- Qu'est-ce qu'il y a ?
- Dumbledore, dit furieusement Sirius, comme si ce nom était une injure. Dumbledore a "parlé" au Ministre du supposé retour de Voldemort, arguant que Queudver n'avait pas pu planifier de t'enlever seul et que ce qu'il t'a fait dans le cimetière était pour son maître. Le ministre la remballé et Dumbledore vient d'apprendre que sa sous-secrétaire serait à Poudlard cette année en tant qu'évaluatrice.
- Et qu'est-ce qu'elle est supposée évaluer ? Demanda Harry.
- Officiellement, elle va évaluer le niveau des cours donnés à Poudlard. Officieusement, elle va surveiller tout le monde et rapporter à son cher patron tout ce qui ne va pas et ce dont le ministre devrait se méfier.
- Du genre, Dumbledore annonçant le retour de Voldemort aux élèves, devina le jeune Potter.
- Entre autres, oui. Et le Ministre est persuadé que Dumbledore veut semer le trouble chez la population pour qu'il prenne la tête du ministère.
- Mais c'est idiot, commenta Harry. Dumbledore a été choisi deux fois pour être Ministre par le passé et il a refusé à chaque fois. Si c'était son plan, il y arriverait très bien sans devoir faire tout ça.
-On parle de Fudge, dit juste Sirius en levant les yeux au ciel comme si c'était une évidence.
- Ce qui m'ennuie vraiment, reprit Harry une minute plus tard après s'être servis à boire, c'est que la population va être au courant de cette divergence d'opinion et que Voldemort pourrait en profiter. Le monde magique de Grande-Bretagne va quand même finir par paniquer un jour ou l'autre. Et en attendant que son retour soit confirmé ou infirmé, les sorciers vivent déjà dans la peur.
- Au moins, si tu restes tranquille, le Ministre n'a aucune raison de se prendre à toi publiquement
- A ton avis, pourquoi je joue le jeune sorcier auror en devenir depuis un mois au ministère ? Demanda-t-il réthoriquement avec un sourire complice.
Sirius sourit avant de se rembrunir.
- Et ce n'est pas tout. Malheureusement pour toi, Snivellus va continuer à « enseigner », dit-il en mimant les guillemets, la Défense contre les Forces du Mal.
- Quoi ? S'exclama Harry, indigné. Mais… Mais pourquoi ? Je croyais que c'était seulement le temps de trouver quelqu'un d'autre pour septembre !
- Apparemment, le Ministre voulait choisir lui-même un nouvel enseignant si Dumbledore ne trouvait personne. Et Dumbledore n'a pas besoin d'un autre espion en plus d'Ombrage entre les murs de Poudlard. Donc Snivellus reste à son poste.
- Mais… Qui va donner le cours de potions ?
- Slughorn aurait accepté de rester, dit Sirius en haussant les épaules. Pas étonnant le connaissant.
Il soupira avant d'ajouter plus sérieusement :
- Ne te laisse pas manipuler par lui, d'accord ? Il va pouvoir passer plus de temps à Poudlard à organiser son petit club et il va en profiter pour t'avoir dans ses petits papiers.
- Il m'a déjà invité, tu sais, lui dit Harry bien que Sirius soit déjà au courant. Comme l'a dit Daphné, il pourrait être utile d'être dans ses bonnes grâces. Pour l'instant, on ne s'est que très peu parlé mais, ne t'en fais pas, je serais prudent.
