Chapitre 36

1er septembre

Ron et Hermione furent les deux préfets de cinquième année de Gryffondor.

Non pas qu'Harry soit jaloux –il avait assez de chose à faire durant l'année scolaire sans avoir à penser aux patrouilles et aux réunions- mais il se demandait si lui –ou Dean ou Neville- n'avait pas été plus méritant que Ron pour ce poste à responsabilité.

Il était vrai que Ron, Hermione et lui n'avaient pas vraiment suivi toutes les règles de l'école durant ces quatre dernières années mais était-ce vraiment leur faute ? Harry aurait bien sûr préféré que Dumbledore ou McGonagall s'occupe de Quirrel lorsqu'ils avaient prévenu leur professeur de métamorphose que la pierre philosophale était en danger. Il aurait préféré que Dumbledore sauve Ginny et détruise le journal à sa place. Il aurait préféré ne pas avoir affaire aux détraqueurs et sauvé Buck lui-même. Et, surtout, Il aurait préféré ne pas participer au Tournoi des Trois Sorciers et se faire enlever par Queudver.

Toutes ces choses étaient arrivées contre son gré et il avait dû faire quelques entorses au règlement pour survivre. Cela faisait-il de lui un élève indigne d'être préfet ?

Dean était assez bon élève et ne s'était encore jamais fait punir –que ce soit par des points retirés ou par des retenues données par les professeurs- et Neville, bien que maladroit, aurait pu faire un préfet très rigoureux et cela aurait pu lui donner confiance en lui.

Harry secoua la tête. Il s'en fichait de savoir que Ron était préfet.

Tant mieux pour lui.

Peut-être que cela le fera murir un peu.

En attendant, il avait hâte de féliciter Hermione pour ce titre qu'elle méritant et voulait tant.


Peu de temps après qu'Hermione soit partie faire une ronde, et alors qu'Harry discutait avec Ginny et Neville, la porte s'ouvrit. Un élève de deuxième ou troisième année de Poufsouffle entra, hésitant, en tendant un parchemin.

- Est-ce qu'il y a un Neville Londubat ici ? Demanda-t-il timidement.

- C'est moi, s'annonça le brun.

- C'est pour vous ! Dit rapidement l'élève en lui donnant le parchemin avant de quitter précipitamment le compartiment.

Pixel, réveillé par le bruit, bailla avant de se retourner et de se rendormir sur l'épaule d'Harry.

- Une lettre d'amour ? La taquina Harry en faisant osciller ses sourcils.

- N'importe quoi ! Balbutia Neville, rougissant.

Il ouvrit le parchemin et le lit en fronçant les sourcils.

- Un problème Neville ? S'enquit Ginny.

- Le professeur Slughorn m'invite à le rejoindre dans son compartiment pour prendre le thé, dit-il, étonné. Qu'est-ce qu'il me v-

Sa phrase fut coupée par l'ouverture de la porte du compartiment.

- Est-ce que Ginny Weasley est ici ? Demanda une élève qui devait être en première année vu sa robe noire.

Pixel sursauta, surpris par le bruit soudain.

- Oui, c'est elle, dit Harry en pointant la rouquine du doigt.

- Tenez, dit la petite fille avant de quitter le compartiment.

- Une invitation à boire le thé ? Demanda Harry qui commençait à être amusé par la situation.

- Oui, dit-elle les sourcils levés d'étonnement après avoir ouvert le message. C'est étr-

La porte du comportement s'ouvrit à nouveau et Pixel, qui bondit de peur, fit des bruits d'agacement avant de voir qu'il s'agissait de Daphné et de se calmer.

- Potter, tu dois venir avec moi, dit-elle sur un ton froid.

Supposant qu'elle utilisait ce ton car Ginny était présente et ne savait pas qu'ils étaient amis –ou plutôt qu'ils sortaient ensemble, Harry accepta de la suivre.

- Londubat, Weasley, salua-t-elle d'un signe de tête tout en restant stoïque.

- A tout à l'heure, leur dit Harry en fermant la porte.

Le Gryffondor suivit la brune. Ils traversèrent le wagon et entrèrent dans le suivant. Daphné s'arrêta devant un compartiment et regarda à l'intérieur avant d'en ouvrir la porte. Elle lui fit signe d'y entrer puis referma la porte derrière eux. Ensuite elle tira le rideau et jeta un sort de verrouillage.

- Zz ! Zz ! S'exclama Pixel en claquant sa queue comme fouet.

Lassé qu'on le réveille et qu'on le bouge dans tous les sens, il quitta l'épaule d'Harry et s'installa dans le filet à bagages afin de se rendormir.

- Tout ça pour qu'on se retrouve seuls ? La taquina Harry. Tu sais, moi aussi t-

Mais il fut coupé par les lèvres de sa petite amie plaquées sur les siennes.

Ça commençait à devenir une habitude, qu'elle l'interrompe ainsi.

Non pas qu'il s'en plaigne.

Il posa ses mains sur la taille de la Serpentard pour la rapprocher de lui alors qu'ils s'embrassaient alors que la brune enlevait ses mains de ses joues pour entourer son cou avec ses bras.

A bout de souffle, ils finirent par se détacher -à peine- mais restèrent dans les bras l'un de l'autre, la tête sur l'épaule de l'autre.

- Je disais, reprit Harry avec un sourire amusé, les yeux fermés et respirant son parfum, que tu m'avais manqué aussi.

Pour toute réponse, il sentit un sourire se former dans son cou.


- Bon, ce n'est pas comme si j'avais quelque chose de plus important à faire, dit Daphné quelques minutes plus tard, mais j'avais un message à te transmettre.

Ils s'étaient assis sur les banquettes après qu'Harry ait pu officiellement la féliciter d'être préfète.

- Un message ?

- Oui, j'ai rencontré Slughorn à l'avant du train et il m'a invité à boire le thé avec d'autres élèves dans son compartiment. Quand il a parlé de toi, j'ai proposé de te livrer son invitation.

Elle sortit un parchemin de sa poche et le lui donna.

- Vous êtes si serviable et désintéressée Miss Greengrass, la taquina Harry.

- Un bon Serpentard doit pouvoir saisir toutes les occasions qui lui sont offertes, récita-t-elle en lui faisant un clin d'œil.

Le jeune Potter déroula le parchemin et le lut. Le message était semblable à celui qu'avaient reçu Neville et Ginny plus tôt. Il devait se rendre au compartiment sept à quinze heures trente. Il lui restait donc une petite heure avant de s'y rendre.

- On devrait éviter de s'y rendre ensemble ou d'arriver en même temps, fit remarquer Daphné.

- Pressée de me quitter ? Ironisa le Gryffondor.

- Eh bien, techniquement, je n'ai pas terminé ma ronde, et Blaise et Tracy doivent se demander où je suis. Ou pas, ajouta-t-elle après réflexion. Et bien que Londubat sache pour nous deux, je ne voudrais pas que Weasley devienne soupçonneuse si je te retiens trop longtemps.

- Je n'ai qu'à lui dire que j'ai rencontré mon partenaire secret en chemin et qu'on a discuté.

- Ton partenaire secret ?

- Pour le Poudlard Hebdo, précisa-t-il. Ginny aimerait bien savoir qui tu es mais je ne le dirais pas. Du coup, elle te surnomme comme ça. Et les autres aussi maintenant.

- Ainsi, tu ne lui dit pas mon prénom, ni avoir passé du temps avec moi -alias ta petite amie- mais tu ne lui mens pas non plus. Intelligent, fit-elle remarquer.

- Ca m'arrive, dit-il avec un clin d'œil.

- Et très souvent, contrairement à ce que tu crois, le rassura-t-elle avec un chaste baiser. Au fait, où en es-tu avec tes formes animagus ?

Harry sourit. Sa petite amie ne lâchait décidément pas l'affaire.

- Je me débrouille plutôt bien avec ma panthère maintenant.

- Et avec ta seconde forme ? Demanda la Serpentard après quelques secondes de silence de la part de son petit ami.

- J'avance lentement mais surement, dit-il simplement, son sourire s'agrandissant, amusé par la situation.

- Allez, dis-moi, demanda-t-elle. S'il-te-plait ! Insista-t-elle en accompagnant chaque mot d'un baiser.

Mais, tout souriant, Harry se contenta de secouer la tête de gauche à droite.

Daphné essaya encore de le faire parler mais quand elle comprit que c'était peine perdue, elle abandonna.

Pour le moment.

Ils profitèrent de quelques minutes supplémentaires ensemble avant que Daphné ne termine sa ronde et rejoigne ses amis alors qu'Harry revenait à son compartiment pour retrouver Ginny, Neville et Hermione qui avait terminé sa propre ronde.

Une heure plus tard, Harry, Neville, Hermione et Ginny quittèrent leur compartiment. Ils traversèrent plusieurs wagons pour arriver dans celui suivant la locomotive et toquèrent à la porte du compartiment numéro sept.

La porte coulissa sans que quiconque n'y ait touché et le jeune Potter vit Slughorn ranger sa baguette avant de se lever.

- Messieurs Potter et Londubat ! Entrez, entrez ! Ah, Miss Granger et Miss Weasley, bienvenues !

Harry regarda autour de lui tout en se dirigeant vers la place que leur professeur lui montrait. Neville le suivit et s'assit à côté de lui. Hermione et Ginny s'installaient en face d'eux.

- Nous n'attendions plus que vous, lui dit-il.

Autre que lui, il y avait déjà Daphné et Blaise, Cormac McLaggen, Gryffondor de sixième année, puis quatre autres élèves qu'il ne connaissait. Slughorn les présenta comme étant Sophia Bobbin, une Poufsouffle de quatrième année –un lien avec la Mélinda Bobbin rencontrée à la soirée du mois d'avril ?-, Marcus Belby, élève de Poufsouffle de septième année et Flora et Hestia Carrow, des jumelles de Serpentard, commençant leur deuxième année.

Le thé fut servi par l'enseignant à coups de baguette magique alors qu'il commençait à questionner Marcus sur son oncle.

- Je ne le connais pas très bien. Mon père et mon oncle ne s'entendent plus depuis des années. Je ne sais pas pouquoi, ajouta-t-il en haussant les épaules.

Harry apprit que son oncle était en fait Damoclès Belby, l'inventeur de la potion tue-loup.

Intéressant…

A ces mots, Harry vit le sourire de Slughorn diminuer avant qu'il ne se détourne du Serdaigle pour questionner Ginny sur ses aptitudes magiques. Apparemment, il l'aurait vu jeter un sort sur un garçon qui l'importunait en fin d'année dernière et en avait été impressionné.

- Je ne sais plus si je vous l'ai déjà dit Harry mais votre mère faisait partie du club lors de sa scolarité !

Harry, qui était perdu dans ses pensées, regarda Slughorn, surpris qu'il lui parle.

- Vraiment ? Demanda le jeune Potter, intéressé par ce que le professeur de potions pourrait dire.

- Oui, bien sûr. James Potter et Lily Evans ont été mes élèves. Votre père était un jeune homme farceur et très talentueux mais je ne le connaissais que très peu. Votre mère, en revanche… Une si brillante élève, dit-il avec nostalgie. Elle avait un talent particulier pour les enchantements et les potions. J'ai remarqué que vous n'étiez pas mauvais dans ma classe, au contraire, et vous nous avez tous bluffé lors de votre participation au Tournoi ! Est-ce également le cas dans d'autres domaines ?

- Je n'ai pas de talent particulier, dit Harry en secouant la tête. J'essaie d'être assez bon dans toutes les classes pour avoir mes B.U.S.E.S. et mes A.S.P.I.C.S., c'est tout.

Harry n'aimait pas se vanter.

- Harry est vraiment bon au Quidditch, intervint timidement Neville.

Slughorn tourna son attention vers le jeune Londubat.

- Et en runes aussi, ajouta-t-il. Tu as commencé les cours avec le Professeur Babbling seulement l'année dernière et tu rejoints le cours de cinquième année cette fois, non ?

Neville !

N'étant pas seul, Harry ne pouvait pas discrètement jeter de regard noir à son ami pour lui faire comprendre de se taire. Le jeune Potter était ennuyé : il n'aimait pas se vanter ni qu'on le mette sur un piédestal.

- Eh bien ! S'exclama le vieux professeur en tapant des mains. Vous avez réussi à étudier deux années de cours en une seule ! C'est tout simplement épatant ! Et considérant vos prouesses sur un balai lors de la Première Tâche du Tournoi, j'attends avec impatient de vous voir jouer à un match cette année !

- Merci Professeur, se contenta de dire Harry avec un sourire forcé.

Même s'il ne voulait pas que Slughorn s'intéresse trop à lui, il ne pouvait pas non plus se montrer impoli envers lui.

Ne connaissant pas assez les autres pour dévier l'attention de Slughorn sur eux, Harry essaya de faire les éloges de Neville propos de son talent pour la botanique, talent reconnu par le professeur Chourave.

Ravi de pouvoir parler davantage avec le fils d'Alice et Franck Londubat, Slughorn se désintéressa d'Harry plus vite qu'un enfant de cinq ans face à une assiette de légumes.


- Hé Harry !

Un pied sur la première marche du carrosse, le concerné se retourna et aperçut Eleanor deux carrosses plus loin avec trois autres élèves de son âge. Il lui sourit et lui fit signe avant de monter et de s'asseoir avec Neville, Hermione, Ginny, Luna et Colin.

Protégé de la pluie par magie, Harry observait les créatures qui tiraient le carrosse. Des sombrals, avait dit Luna. Ils étaient noirs, squelettiques et un peu effrayants avec leurs yeux blancs et vitreux. Mais ils dégageaient une aura de tristesse, du moins c'est ce que Harry ressentait en les regardant. En même temps, cela devait être normal quand on ne pouvait voir ces créatures que lorsqu'on avait vu la mort.

Après avoir utilisé le sort de séchage qu'il avait appris dans son carnet de sort l'année dernière sur lui-même et ses amis, Harry s'assit à la table des Gryffondors. Ron, Dean et Seamus arrivèrent juste après eux et Harry entendit Ron se plaindre qu'il avait faim et qu'il espérait que la cérémonie de répartition ne prenne pas trop de temps.

Harry leva les yeux au ciel.

Il ne changera jamais.

Bizarrement, Ron arrêta ses plaintes au même moment. Harry le regarda et croisa brièvement son regard avant que le rouquin ne détourne les yeux.

Ah. Il avait dû le voir lever les yeux.

Le professeur McGonagall entra peu après, suivie d'une ribambelle de nouveaux élèves. La cérémonie fut plus longue, le nombre d'élèves étant plus important encore que les autres années. Hermione le remarqua également et chuchota à Harry qu'après la mort de Voldemort, le désir d'enfant avait dû monter en flèches puisque la peur pour leur sécurité n'avait plus lieu d'être et que les gens avaient célébré sa chute. Cela s'appelait le « baby boom ».

Douze élèves finirent à Serpentard, quatorze à Serdaigle, treize à Poufsouffle et douze à Gryffondor, dont le petit Euan Abercrombie qui s'assit près d'Harry et ses amis. Le jeune Potter lui offrit un sourire rassurant et le jeune élève lui sourit en retour, arrêtant de trembler comme une feuille.

- Bienvenue aux nouveaux élèves et bon retour aux anciens ! S'exclama Dumbledore devant son pupitre. Cette année, aucun changement n'est à déplorer dans le corps enseignant : le professeur Rogue reste à son poste de professeur de Défense contre les Forces du Mal et le professeur Slughorn a aimablement accepté de revenir vous donner des cours de potions.

Des gémissements et autres plaintes se faisaient entendre à travers la salle en entendant la réaffectation du professeur Rogue alors que la plupart des Serpentard applaudissaient chaudement leur directeur de maison. Les autres élèves les imitèrent ensuite avec des applaudissements polis pour le professeur Slughorn.

- Et comme le veut le dicton moldu « jamais deux sans trois », je vous informe que le Ministère a, dans son incroyable sens du devoir envers l'éducation, décidé d'évaluer le niveau d'études de Poudlard afin de déterminer si quelques changements doivent avoir lieu dans le programme scolaire. Pour ce faire, je vous demande d'accueillir, Mme Ombrage !

L'incompréhension parcourut la salle : on entendait davantage les chuchotements confus des élèves que leurs applaudissements. La femme aux cheveux bouclés et au visage ressemblant sans s'y méprendre à celui d'un crapaud fit un discours des plus froids sur la discipline et l'amitié entre elle et les élèves. Harry n'avait pas besoin d'écouter Hermione pour savoir que le ministère se mêlait des affaires Poudlard et avait envoyé Ombrage pour surveiller Dumbledore. Sirius l'avait prévenu après tout.

Simplement, le Directeur fit régner l'ordre en tapotant le bord de son pupitre avec sa baguette.

- Sur ce, je n'aurai que trois choses à dire : barre de mars, chapeau et mangez !

A ce dernier mot, il tapa des mains et les tables furent instantanément garnies de plats et mets divers.

- Je me demande à quoi va ressembler notre année, dit Neville.

- Je suppose qu'elle sera tout aussi mouvementée que les autres, répondit Harry.

- Evite les ennuies, Harry, lui demanda Hermione. Avec Mme Ombrage à Poudlard, il faudra être prudent sur ce que tu feras et diras afin que ça ne te retombe pas dessus.

- Ne t'en fais pas pour moi, lui répondit-il. Le Ministre ne se méfie pas de moi, au contraire, et je saurais rester dans les rangs pour qu'Ombrage me laisse tranquille.

Ou alors, il fera en sorte de ne pas se faire attraper.

- Et pour le Poudlard Hebdo ? Demanda-t-elle en chuchotant. C'est le genre de chose qui va attirer l'attention d'Ombrage et donc du ministère.

- On en discutera une autre fois, préféra-t-il dire. Mais on n'abandonne pas le journal.


Le premier jour de cours commença par un double cours de potions avec le professeur Slughorn. Il introduisit cette première séance en leur présentant trois chaudrons dont les élèves devaient deviner le contenu.

- Oui, Miss Granger ? Interpella Slughorn quand Hermione leva la main.

- Celle-ci est rempli de Veritaserum, dit-elle, un sérum de vérité, le second de polynectar –c'est très difficile à préparer- et ça, c'est de l'Amortensia, le plus puissant philtre d'amour au monde. Il a une odeur différente pour chacun selon ce qui l'attire.

Le potionniste acquiesça d'appréciation.

- Moi, je sens une odeur d'herbe coupée et… de parchemin neuf et… de dentifrice à la menthe.

Quelques filles à l'arrière pouffèrent. Gênée, Hermione reprit sa place à côté de ses camarades et Slughorn leur donna quelques explications.

- L'Amortensia ne crée pas vraiment un sentiment d'amour -ce serait impossible- mais provoque une puissante attirance, une obsession et c'est pourquoi c'est sans doute la plus dangereuse potion qui se trouve ici.

Slughorn mit un couvercle sur le chaudron et les quelques filles qui s'étaient avancées, comme en transe, reprirent leur place à l'arrière.

- Mais pour aujourd'hui, nous allons nous contenter de brasser un filtre de paix, une potion bien plus à votre niveau. Celles-ci, dit-il en montrant les trois chaudrons, ne seront étudiées qu'en vue de vos ASPIC. Vous trouvez les instructions à la page quatorze. Allez ! Hop ! Hop !

Les élèves prirent place chacun derrière un chaudron ou allèrent chercher les ingrédients nécessaires pour leur potion.

Après ces deux premières heures, le cours de Défense contre les Forces du Mal ne se passa pas dans la bonne humeur, contrairement au cours donné par Slughorn. Comme à son habitude, Rogue lança des piques à Harry, s'attendant à ce qu'il réponde à tout moment pour lui enlever des points ou lui donner une retenue -mais le jeune Potter tint bon- et humilia Neville à l'aide de remarques négatives. Cependant, il fallait reconnaitre qu'il s'y connaissait en contre-sorts donc Harry, bien que mécontent de l'ambiance, se concentra afin d'apprendre au mieux.

Pour Neville, malheureusement, tout ce qu'il pouvait faire, c'était le rassurer et lui sommer de ne pas croire un mot sortant de la bouche de Rogue.


Durant les premiers jours, Ombrage étaient partout.

Elle évalua le cours de sortilège en septième année le lundi, ceux de métamorphose et de soins aux créatures magiques en sixième année le mardi et celui de divination en cinquième année -fait rapporté par Ron- le mercredi.

Ce soir-là, Harry reçu un parchemin de la part d'Ombrage lui demandant de se présenter à son bureau -se trouvant dans l'aile est au cinquième étage- le lendemain après son dernier cours.

Ne voulant pas se mettre le Ministre à dos et qu'Ombrage se méfie de lui et se mette à surveiller le moindre de ses faits et gestes, Harry décida d'y aller, bien qu'il n'en ait aucune envie.

En politique, les apparences sont importantes, avait dit Sirius.

Peut-être, mais l'idée qu'il lui faille faire de la politique à Poudlard n'enchantait pas Harry.


- Asseyez-vous Mr Potter, l'accueillit Ombrage avec une voix mielleuse.

Les yeux parcourant rapidement la salle dans laquelle la sorcière avait installé son bureau, le Gryffondor fut quelque peu inquiété par l'obsession évidente de la femme pour les chats : une centaine d'assiettes décoratives à leur effigie étaient accrochées aux murs. Harry soupira intérieurement, redoutant déjà la lourdeur et la longueur de la discussion à venir.

- J'ai été surpris par votre invitation Mme Ombrage, commença-t-il.

- Un peu de thé ? Lui demanda-t-elle, faisant fi de sa remarque.

Se méfiant d'elle mais ne pouvant le montrer, Harry accepta avec un sourire poli.

- Mr le Ministre m'a parlé de votre intérêt de faire une carrière au ministère, dit-elle en posant une tasse remplie du breuvage devant lui. Vous l'avez même contacté cet été afin de faire un tour de nos services, ajouta-t-elle.

- En effet, se contenta-t-il d'affirmer sans toucher à la tasse.

- Nous pouvons peut-être nous aider mutuellement, proposa la sorcière. Je suis la sous-secrétaire du Ministre, je peux tirer quelques ficèles afin de vous faire entrer dans le service de votre choix.

- C'est bien aimable de votre part Mme Ombrage, commença Harry, mais-

- En échange, bien entendu, j'aurai besoin de votre aide, ici à Poudlard.

Etait-elle sur le point de lui révéler ce qu'elle venait faire ici ? Etait-elle bête à ce point ? Se demanda Harry en fronçant les sourcils.

Autant profiter de la situation.

- Je suis tout ouïe, Mme Ombrage, fut intéressé Harry. Que pourrais-je, moi, simple étudiant de cinquième année, faire pour vous aider ?

- Eh bien, Mr Potter, le Ministre est très inquiet pour les élèves de Poudlard. Vous voyez, il a eu une conversation des plus insensées avec le Directeur qui affirmait que Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était l'investigateur de votre enlèvement lors de la Dernière Tâche du Tournoi des Trois Sorciers.

- Ce n'est pourtant pas ce que j'ai rapporté à Mr le Ministre lorsqu'il m'a demandé ce qu'il s'était passé, dit Harry faussement concerné, qui ne mentait pas puisque qu'il n'avait pas tout révélé à Fudge.

- Il semblerait -et Mr le Ministre est tout à fait d'accord avec moi- que le professeur Dumbledore ne soit plus tout à fait apte à diriger cette école. Peut-être même est-il un danger pour les élèves, ajouta-t-elle après avoir bu une gorgée de thé.

- Les événements passés semblent le confirmer, dit Harry qui hésitait sur la marche à suivre.

Dumbledore était un piètre directeur si l'on se référait aux quatre années de scolarité d'Harry mais, sans lui, Poudlard ne serait plus protégé de Voldemort. Et Harry n'avait peut-être plus confiance en ce vieux manipulateur mais il voulait qu'il reste à sa place, c'est-à-dire, Directeur de Poudlard. Alors comment jouer sur les deux tableaux sans se faire attraper ?

- Je ne comprends pas ce que vous attendez de moi, dit-il, voulant en savoir plus.

- Je ne vous demande pas grand-chose, Mr Potter. Seulement d'être mes yeux et mes oreilles. Si vous voyez ou entendez quelque chose qui pourrait nous aider à prouver l'incompétence de Dumbledore, alors venez me le rapporter. Je peux vous octroyer des avantages durant votre scolarité, des laisser-passer également s'il vous en faut pour pouvoir mener votre mission à bien, ajouta-t-elle, et Ministre sera plus que reconnaissant de votre aide.

Son cerveau travaillant à toute vitesse, Harry prit une grande inspiration, la montrant volontairement à la sorcière, et lui dit :

- Si vous pouvez me promettre que personne ne saura que j'ai été mêlé à ça… Dit-il en faisant semblant de craindre pour lui. Beaucoup ont de l'admiration pour Dumbledore et je ne voudrais pas devenir la cible de fanatiques, si vous voyez ce que je veux dire…

Le sourire d'Ombrage grandit. Elle ressemblait presque au chat de Cheshire, mais avec un visage laid et dépourvu de poils. Harry ignorait si elle avait mis quelque chose dans sa tasse mais il se félicita de ne pas en avoir bu une seule gorgée et qu'elle ne lui en ait pas fait la remarque.

- Et si vous pouviez également remercier le Ministre pour moi, ajouta-t-il pour la frotter dans le sens du poil, pour m'avoir permis cette visite spéciale au Ministère cet été.

Beurk, pensa Harry en réfléchissant bien à l'expression.

- Je n'en ai eu l'occasion que par lettre et, comme c'est un homme très occupé, je ne crois pas que j'en aurai l'occasion en face à face.

- Cela pourrait se faire si notre entreprise réussit, dit-elle à nouveau avec ce ton mielleux.

Harry n'avait qu'un souhait : pouvoir sortir au plus vite de ce bureau. Malheureusement, il devait la supporter encore un peu.


- Je sais qu'il n'est pas dans son bureau, dit Harry à la gargouille qui le regardait avec suspicion. Je veux juste lui laisser un mot alors laisse-moi passer ! Barre de mars, chuchota-t-il pour la troisième fois.

Enfin, la statue accepta de faire un pas sur le côté, laissant la voie libre à Harry pour monter l'escalier en colimaçon.

Il avait presque perdu patiente, Ombrage mettant beaucoup de temps avant de lui révéler de quelle manière elle comptait s'y prendre pour prendre la place de Dumbledore en tant que Directeur et la méfiance de la gargouille avait mis ses nerfs à rude épreuve.

Enfin !

Cela faisait vingt minutes qu'Ombrage l'avait lâché et la gargouille n'avait pas voulu le laisser passer car Dumbledore n'était pas là. Mais c'était justement parce qu'il était dans la Grande Salle et que cela lui permettait de ne pas le croiser qu'il avait choisi d'entrer dans son bureau maintenant. Et il avait en soi son autorisation puisque, de manière « subtile », le Directeur lui avait donné son mot de passe lors du Grand Banquet le jour de la rentrée.

Arrivée dans le bureau, il referma la porte en bois derrière lui avant de rejoindre précipitamment le bureau de Dumbledore. Plusieurs parchemins vierges étaient couchés sur le bureau, aussi Harry en prit un et, à l'aide de la belle plume du Directeur et son encre couleur émeraude, il lui laissa une note.

Le phœnix du vieux sorcier roucoula sur son perchoir, attirant son attention.

- Ton maitre est en danger Fumseck, lui dit Harry en allant le caresser. Assure-toi qu'il voit ma note et que personne d'autre ne la lise avant lui, d'accord ?

La majestueuse créature acquiesça avec un trille mélodieux.

Sur ce, Harry quitta le bureau après un rapide coup d'œil sur la carte du Maraudeur.

Personne en vue.

Bien.