Chapitre 37

6 septembre

Daphné était dans les bras d'Harry, les deux adolescents assis dans un canapé moelleux en face d'un feu de cheminée. Les quatre modèles réduits de dragon gambadaient sur le tapis à côté d'eux se mordillant la queue et grognant les uns sur les autres. De temps en temps, Harry en prenait un dans ses mains et Daphné approchait son doigt pour qu'il le mordille avant de lui gratter la tête.

Il était dimanche et il était donc temps de voir ses amis comme ils en avaient pris l'habitude l'année dernière. Cette fois-ci, par contre, Harry pensa qu'il était plus sage de les faire venir dans la Salle-sur-Demande. Il leur avait juste donné rendez-vous dans le couloir à quatorze heures mais ne leur avait pas parlé de la particularité de cette salle. Seules Daphné et Hermione la connaissaient.

Il avait donné rendez-vous à Daphné vers treize heures, ainsi ils avaient pu passer du temps ensemble avant que les autres n'arrivent. Il lui avait dit qu'Ombrage l'avait convoqué dans son bureau pour lui faire une proposition afin de le dresser contre Dumbledore mais n'en avait pas dit plus. Il donnerait les détails quand tout le monde serait là.

Cette fois, en plus d'Hermione, Blaise et Tracy, il avait aussi invité Neville. Il savait qu'il devait tout faire pour que son ami ne se sente plus seul, qu'il trouve confiance en lui et qu'il devienne, avec le temps, enfin le sorcier qu'il était destiné à être.

En attendant, partageant quelques baisers et se prélassant dans les bras l'un de l'autre, ils s'étaientt raconté leurs vacances respectives. Enfin, ce qu'ils n'avaient pas eu le temps de se raconter lors de leurs brèves discussions les mercredis et les samedis. Harry lui avait parlé des heures passées dans les différents bureaux et services du Ministère mais n'avait pas évoqué la prophétie, ni son projet avec les loups garous. Daphné, elle, lui parla des différents week-ends passés à l'Etranger avec ses parents et sa sœur pour leur travail. Elle était allée en Italie, en France, en Allemagne, en Norvège et en Belgique. Le reste du temps, ses parents étaient restés travailler au Royaume-Unis ils étaient donc très présents au Manoir Greengrass cet été-là.

Jetant de temps à autre un coup d'œil sur la carte du Maraudeur, Harry aperçut ses amis se diriger vers le septième étage. Le Gryffondor demanda à la salle par la pensée de faire apparaitre deux autres canapés ainsi qu'une petite table. Lorsque Tracy et Blaise arrivèrent dans le couloir, le jeune Potter ouvrit la porte et les fit entrer. Il refit la même chose cinq minutes plus tard lorsqu'Hermione et Neville arrivèrent à leur tour.

Quand ils furent tous installés et que Dobby eut apporté du jus de citrouille et plusieurs verres, Harry pu enfin leur raconter sa conversation avec Ombrage.

- Ce n'est pas très intelligent de sa part de t'avoir approché.

- Elle semble penser que je suis digne de confiance et que je travaillerai plus volontiers pour le ministère que pour Dumbledore, commenta Harry en haussant les épaules.

Daphné ne le réprimandait plus lorsqu'il faisait cela, ayant compris que c'était peine perdue.

- Et elle a raison ? Demanda Neville.

- Je ne travaillerai ni pour l'un ni pour l'autre. Je pensais avoir été clair lorsque j'ai fait ma proposition d'alliance à ta grand-mère Neville.

- Désolé, répondit tout penaud le jeune Londubat. J'avais oublié.

- Est-ce qu'elle a dit comment elle allait procéder ? Demanda Daphné pour en revenir au sujet.

- Elle est restée plutôt vague : elle va évaluer les cours et faire des rapports au ministère. Peut-être que ce sont les rapports qu'elle fera qui permettra au Ministre de faire quelque chose.

- Donc pour le moment, on ne peut rien faire, dit Neville.

- Pour l'arrêter, non, dit Daphné.

- Mais pour lui mettre des bâtons dans les roues, ça reste à voir, ajouta Blaise.

- A part ne pas lui rapporter les actions de Dumbledore –s'il y en avait, que pourrait-on faire ? Demanda Tracy.

- Pour l'instant, rien, répondit Harry. J'ai averti Dumbledore de ses plans, à lui de faire attention. Pour l'instant, agissons comme d'habitude. Gardons juste un œil sur Ombrage. Si elle fait ou dit quelque chose de suspect, faites-le savoir aux autres, demanda Harry en regardant tour à tour ses amis.


Les essais de Quidditch qui se sont déroulés le vendredi s'étaient plutôt bien passés. Angélina Johnson était la nouvelle Capitaine de l'équipe de Gryfondor après le départ de Dubois et il leur manquait donc un gardien en plus d'un poursuiveur.

Ginny avait eu le poste de poursuiveuse. Mais il fut plus difficile de départager Cormac McLaggen et Ron qui étaient les finalistes pour le poste de gardien. Un dernier test de tir au but dut donc être organisé. Malheureusement pour Ron, il laissa passer un tir sur les cinq alors que McLaggen n'en manqua aucun. Cette décision prise à la loyale ne ravit pourtant pas l'équipe qui ne supportait pas le comportement de Cormac alors qu'ils ne l'avaient côtoyé qu'une heure.

Les entrainements promettaient d'être intenses.


- On n'abandonne pas le journal, répéta Harry pour la deuxième fois. Mais avec Ombrage qui rode, on va devoir se montrer prudent. Autant sur notre anonymat que sur les sujets que nous choisirons de publier.

- Qu'est-ce qu'on va faire alors ? Demanda Colin.

- Colin, Ginny, continuez ce que vous faites habituellement. Vos sections ne devraient pas poser de problème. Luna, si tu le souhaites, tu peux t'occuper des petites annonces.

La blonde acquiesça distraitement mais sembla ravie.

- Hermione, je pensais ajouter une section « Anecdotes magiques » : ça peut porter sur un sort, une potion, un fait sur une célébrité ou une plante. Ça doit rester à la portée de tout le monde et avoir une certaine utilité. A toi de voir la taille de ton article.

La brune prit des notes

- Et toi ? Demanda Ginny.

- Pour l'instant, la seule idée que j'ai pourrait pousser Ombrage et le Ministre à croire qu'ils sont dans le vrai à propos de Dumbledore. Il va falloir que je réfléchisse à autre chose. Je propose qu'on se revoie dans quatre semaines avec un brouillon de nos articles, ça vous va ?

Ils acquiescèrent. Pour le moment, ils ne pouvaient rien faire d'autre de toute façon.


Etonnamment, ce ne fut pas Rogue, ni Slughorn qui lui donnèrent le plus de fils à retordre, comme disait l'expression moldue, mais le professeur Babbling. Il semblait qu'elle n'avait pas oublié sa capacité à tracer une rune de lumière sur sa main et voulait voir ce qu'il pouvait faire d'autres.

Ainsi, lors des deux premières semaines, alors que les autres étudiants devaient revoir et retracer les runes déjà apprises en vue d'accéder au palier de connaissances suivant, Harry devait tracer des runes imposées par son professeur sur différents matériaux : d'abord sur du parchemin, ensuite sur le mur puis sur la paume de sa main.

Les runes n'étaient pas compliquées mais ils n'étaient pas sensé aborder les runes élémentaires avant la sixième année. Il y avait la rune de l'eau qui faisait apparaitre une bulle d'eau, la rune du feu qui faisait apparaitre une flamme, la rune de terre qui faisait apparaitre un monticule de terre et la rune du vent qui provoquait une brise.

Les tracer n'était pas l'étape la plus difficile en soi. Fallait-il encore qu'elles s'activent.

Sur le parchemin, Harry réussi à mouiller puis bruler le papier. Même la rune n'avait pas été effective à cent pour cent, le résultat était positif. Il réussit ensuite à faire bouger le parchemin grâce à la brise mais la rune de terre était plus difficile à maitriser.

La deuxième semaine, il réussit à activer les trois premières runes sur le mur et celle de l'eau sur sa main. Celle de la terre était récalcitrante et Harry ne parvenait à l'activer sur aucun support. Mais le professeur Babbling était extatique quant à son niveau, très avancé d'après elle.

Le cours de rune n'avait pas encore été évalué, peut-être Ombrage croyait-elle que ce cours ne servirait pas à se rebeller contre le ministère. Mais si elle ne voulait pas que Dumbledore et les enseignants ne se méfient plus que ce n'était déjà le cas, elle devrait l'évaluer aussi.

Non pas qu'Harry veuille qu'elle le fasse ou soit de son côté.

Mais Ombrage lui paraissait encore plus imbécile que lorsqu'il l'avait rencontrée.


- Hermione, tu penses qu'on étudiera cette rune à quel moment ? Demanda Harry en montrant son livre.

- Possiblement au semestre prochain, dit-elle. Si on en a le temps. J'ai l'impression qu'on prend du retard sur le programme habituel.

- Ah ? Tu peux dire ça après seulement deux semaines de cours ?

- Le rythme est tellement lent, dit Hermione tout bas en soupirant.

- Tu dois laisser aux autres le temps d'assimiler ce que le professeur Babbling nous apprend. On n'a pas tous un cerveau comme le tien, la complimenta-t-il avec un clin d'œil.

Elle le remercia d'un sourire.

Harry retourna à son livre. Peut-être pourrait-il maitriser cette rune avant Noël. Il essaierait bientôt cette façon de faire ainsi que les deux autres moyens à sa portée d'ouvrir ou faire apparaitre une porte ou une serrure.

La salle de Gryffondor serait bientôt ouverte. Foi de Potter !

Il termina son bol de porridge et se servit un verre de jus de citrouille lorsque les chouettes et hiboux arrivèrent avec le courrier. Depuis qu'il détenait une part importante de la Gazette, il recevait un numéro chaque jour. Puisqu'il était maintenant à Poudlard, Sirius avait dû s'abonner car il ne la recevait plus au Manoir. Un hibou brun et quelconque atterrit face à lui, un journal enroulé dans ses serres et il le délivra de son fardeau.

« D'autres quartiers moldus touchés : un serial killer moldu ou un sorcier meurtrier ?

Profil psychologique du tueur : page 2 et 3

Théories du mobile : page 4

Précautions : attention à vous sorciers ! Page 5»

Le ministère n'avait peut-être pas un regard aussi attentif qu'il le pensait sur ce qui était publié dans la Gazette. Car combien de sorciers et sorcières finiraient par penser que les mangemorts voire Voldemort étaient à l'origine de ces nombreuses attaques ?

Délaissant sa Gazette, Harry vida son verre et aperçut Malfoy en train de le regarder. Mais dès qu'il croisa son regard, le Serpentard baissa les yeux sur son assiette.

Avait-il quelque chose sur le visage, autre que sa cicatrice ? Manigançait-il quelque chose ?

Il demanderait plus tard à Daphné si elle pouvait garder un œil sur lui.

Repu, le jeune Potter se dirigea vers Ron qui discutait joyeusement avec Dean et Seamus.

- Hey Ron, je peux te parler une seconde ?

- Euh, oui, bien sûr !

Harry s'assit face à lui et les deux autres Gryffondor continuèrent leur discussion sur les équipes nationales de Quidditch.

- L'anniversaire d'Hermione est jeudi. Je vais demander à Dobby de préparer un gâteau et je vais prévenir Neville et Ginny qu'on se réunit dans la salle commune pour fêter ça. Tu veux en être ?

- Ouais, bien sûr ! S'exclama le jeune Weasley avec un grand sourire. Merci de m'avoir prévenu.

- Ce ne serait pas un bon anniversaire si un ami n'était pas présent à la fête, pas vrai ?

- Ouais, c'est sûr, acquiesça-t-il en souriant.

Ron était resté l'ami d'Hermione même si Harry et lui ne s'étaient plus côtoyés depuis l'année précédente. Mais Harry s'était promis de lui donner une seconde chance et, depuis cet été, il y arrivait petit à petit.


Hermione avait adoré cette petite soirée. Quand elle apprit que c'était Dobby qui avait fait le gâteau, elle avait remercié l'elfe qui en avait rougi jusqu'aux oreilles.

La date de son anniversaire ne permettait pas à la brune de le fêter avec ses parents alors le fait que ses amis y aient pensé et lui ait réservé cette surprise l'avait touchée.

Ginny n'avait eu aucun mal à s'intégrer au groupe malgré les réticences passées de Ron qui lui avait été plus timide que Neville qui commençait à être plus à l'aise en leur présence. Et Harry ne pouvait pas être plus heureux pour Neville qu'en entendant ce dernier faire des blagues et les taquiner. Même si ce n'était qu'entre eux, il prenait peu à peu confiance en lui.

La soirée s'était terminée vers vingt-trois heures. N'arrivant pas à dormir, Harry décida d'aller tester ses théories pour découvrir l'entrée de la salle de Gryffondor. Mais avant, il avait envie d'une collation. Le gâteau avait été mangé il y a trois heures après tout et il commençait à avoir un petit creux.

Affublé de sa cape d'invisibilité et surveillant les couloirs grâce à la carte du Maraudeur, Harry descendit les six étages jusqu'aux cuisines sans encombres. Il dut éviter Peeves puis Rusard qui le poursuivait -heureusement, il était trop occupé à courir après lui pour apercevoir Miss Teigne s'arrêter en regardant un endroit vide- mais il ne croisa aucun professeur ni aucun préfet. Arrivé au rez-de-chaussée, il rangea la carte -il n'en aurait plus besoin pour le moment- puis il prit l'escalier menant au premier sous-sol -étage qui se trouvait au-dessus des cachots- avant de longer le couloir où se trouvait l'entrée du Poste et l'entrée de la salle commune des Poufsouffles.

Mais, alors qu'il dépassait les tonneaux, il entendit des reniflements. Il ressortit la carte du Maraudeur et se dirigea vers la source du bruit. Cela venait de derrière une porte. Harry ignorait si c'était un placard ou une salle mais ce qui importait était surtout de savoir qui était là-dedans et pourquoi.

Ses sourcils se froncèrent lorsqu'il lut un prénom qu'il connaissait bien et il se dépêcha d'ouvrir la porte. Elle était fermée alors il l'ouvrit à l'aide d'un Alohomora sec qui fit se balancer la porte vers l'intérieur. C'était une petite salle vide ne faisant pas plus de dix mètres carrés. Dans un coin sur le sol, les bras enroulant ses genoux, son amie sanglota lorsqu'elle le vit.

Il se précipita vers Eleanor et la prit dans ses bras. Il lui frotta le dos, préférant la réconforter avant de lui poser des questions. Lorsqu'il se fut assuré que ses larmes étaient taries, il s'assit à côté d'elle et fit apparaitre un mouchoir.

- Il faut vraiment qu'on arrête de se rencontrer comme ça, dit Harry avec un sourire en coin, espérant la faire sourire.

Mieux encore, elle rit tout en séchant ses larmes.

- Encore les trois Serpentards ? Demanda-t-il.

Elle secoua la tête.

- Deux Serdaigles. Je ne les connais pas mais ils sont plus âgés.

- De mon âge ?

- Peut-être, répondit-elle en haussant les épaules. Je ne suis pas sûre.

- Ils t'ont blessée ? Harcelée ?

Elle secoua la tête en soupirant.

- Non, ils ont juste dit des choses. Des choses horribles sur moi.

- Je ne comprends vraiment pas ce qu'ils gagnent à être méchants avec les autres. Les trois Serpentards et maintenant deux Serdaigles ?

- Ça t'étonne que ce soit des Serdaigles et pas des Serpentard ?

- Non, lui répondit-il. Tous les Serpentard ne sont pas méchants, je suis même ami avec certains d'entre eux. Et mon amie Luna, qui est en quatrième année à Serdaigle, était souvent critiquée et embêtée par les élèves plus âgés de sa maison. Je m'étonne juste qu'on te prenne aussi souvent pour cible.

Il la regarda.

- C'était pour quoi cette fois ? Parce que tu es née-moldue ?

Elle baissa le regard, le menton tremblant.

- Pas seulement.

Harry passa un bras sur ses épaules et la regarda sans rien dire, lui laissant le temps de parler si elle le voulait.

- Je ne sais pas comment ils sont su ça… Je ne l'avais dit qu'à mes amis et je crois que les professeurs le savent mais… Ils ne disent pas ce genre d'informations personnelles aux autres élèves, hein ? Est-ce que d'autres personnes le savent ? Est-ce qu'on m'a entendu en parler ?

Elle s'arrêta de parler et renifla à plusieurs reprises, la main serrée sur le mouchoir.

- Ils ont dit que… Ils ont dit que personne ne voulait de moi… Mes parents parce que j'étais une sorcière et qu'ils ne comprenaient pas notre monde et le monde magique ne voulait pas de moi car je suis juste une née-moldue.

Harry essaya de comprendre mais il devait manquer quelques informations.

- Tes parents ?

- Ils m'ont abandonnée quand j'étais petite ou peut-être qu'ils sont morts, ajouta-t-elle en haussant les épaules et en séchant une nouvelle larme sur sa joue. Personne ne sait. Je porte juste le prénom et le nom qu'il y avait sur l'étiquette de mon sac.

- Tu es orpheline, comprit Harry en murmurant.

- J'avais trois ans quand on m'a laissé devant la porte de l'orphelinat, renifla-t-elle. Alors, quand j'ai reçu la lettre de Poudlard, j'ai cru à une mauvaise blague. J'ignorais bien qui aurait pu faire ça, c'est cruel et je n'avais aucun problème avec les autres enfants. Ce n'était pas l'amour fou mais on ne se faisait pas de crasse, crut-elle bon de préciser.

Harry acquiesça. Il comprenait totalement ce sentiment.

- Quand le professeur McGonagall est venue le lendemain, elle s'est excusée de son retard. Apparemment elle aurait dû me donner la lettre en main propre et m'expliquer que j'étais une sorcière et me prouver que la magie existait pour éviter toute confusion. Quand elle m'a tout raconté et qu'elle m'a emmenée faire mes achats au Chemin de Traverse, c'était le plus beau jour de ma vie.

- Je me rappelle, dit Harry, quand on s'est croisés à l'entrée, t'avais l'air vraiment heureuse d'être là. Même si tu te cachais à moitié derrière McGonagall, la taquina-t-il.

Elle lui frappa l'épaule en riant.

- Ma mère était née-moldue, dit-il soudainement.

Elle le regarda.

- Quand mes parents sont morts, on m'a déposé chez sa sœur. Mon oncle et ma tante n'ont jamais été aimants ou gentils avec moi. Ni mon cousin. Ils n'aiment pas la magie, lui expliqua-t-il. Alors ils ont choisi de ne me parler ni de mes origines, ni de mes dons. Et quand je faisais de la magie accidentelle, alors que je ne comprenais rien à ce qu'il s'était produit, ils me punissaient, me faisaient croire que j'étais un montre et un bon à rien. J'ai cru très longtemps que c'était de ma faute, que je méritais ce que je vivais et que je ne connaitrais que ça toute ma vie.

Harry se mordit la lèvre.

- La magie était la réponse à toutes mes questions, à tous mes doutes, à toutes mes peurs. J'appartenais à ce monde dont je ne connaissais même pas l'existence. J'y ai trouvé des amis, de la famille, des semblables. Je me suis fait des ennemis et des adversaires aussi. J'ai vécu des choses difficiles, certaines dangereuses, mais aussi beaucoup d'heureuses. On m'a jugé, critiqué, regardé, jeté des regards noirs, insulté mais on m'a aussi soutenu, cru, aidé et aimé.

Il regarda la jeune Poufsouffle avec un doux sourire.

- La rivalité entre les maisons n'existe qu'à Poudlard. Une fois dehors ou une fois tes études terminées, la maison dans laquelle tu te trouvais n'aura plus aucune importance. C'est difficile à assimiler maintenant, même pour moi, parce qu'on y est, on le vit et on doit y rester sept ans.

Il reprit sa respiration puis continua :

- Et tout ce que les autres, ces gens qui ne te connaissent pas, te disent, tu ne dois pas les croire, d'accord ? Car comment pourraient-ils savoir ? Tu m'as dit toi-même ne pas savoir pourquoi tu avais été laissée à l'orphelinat. Peut-être que tes parents étaient trop jeunes pour s'occuper de toi, n'avaient pas les moyens de t'élever ou sont morts et quelqu'un t'aura déposé à l'orphelinat. Qui sait ? Certainement pas les deux Serdaigles dont tu m'as parlé.

- C'est vrai, reconnut-elle d'une petite voix.

- On ne sait pas pour tes parents mais on sait que, dans le monde magique, tu es voulue et aimée. Tu veux savoir comment je le sais ?

Eleanor acquiesça.

- Personne n'a forcé tes amis à être gentil avec toi ou à trainer avec toi. Et je peux t'assurer que personne ne me force non plus à être assis à tes côtés pour te réconforter. Et si quelqu'un d'autre t'ennuie ou est persuadé que personne ne veut de toi, dis-leur de venir me voir et je leur dirai que tu es mon amie et pas eux, d'accord ?

La jeune fille lui sauta au cou, le sourire aux lèvres, quelques larmes coulant sur les joues. Mais, cette fois, c'était des larmes de joie et non pas de tristesse.


Quelques minutes plus tard, Harry se leva et tendit la main à Eleanor pour l'aider à se relever.

- Au fait, tu as perdu ta baguette ? Ou ils te l'ont prise ?

- Non, je l'ai, dit-elle en la sortant de sa poche. Pourquoi ?

- La porte était fermée, tu n'as pas pensé à utiliser « alohomora » ?

- Si, dit-elle en faisant la moue. Mais je pleurais tellement que je n'arrivais pas à dire le sort.

- Et Dobby ? Je t'avais dit que tu pouvais l'appeler en cas de problème.

- J'avais oublié…

Harry passa un bras sur ses épaules en soupirant.

- Heureusement que je passais par-là, dit-il en sortant de la pièce. Viens, je vais te raccompagner.

- L'entrée est seulement au bout du couloir Harry, lui rappela-t-elle.

- Je sais.

Arrivés devant les tonneaux, Eleanor reprit la parole :

- Tu as dit que tu avais des amis à Serpentard tout à l'heure. Est-ce que Draco Malfoy est l'un de tes amis ?

Harry leva les sourcils d'étonnement.

- Euh non. On ne peut pas vraiment dire qu'on s'apprécie. C'est même plutôt le contraire, en fait. Et ce depuis le premier jour de notre première année, précisa-t-il en grimaçant. Pourquoi cette question ?

- C'est que… Je l'ai vu plusieurs fois t'observer dans la Grande Salle depuis la rentrée. Je pensais que c'était parce que vous étiez amis.

- Oh que non. Il me déteste. Moi aussi, mais je ne fais plus attention à lui donc…

- Il n'avait pas l'air de te détester pourtant, commenta-t-elle en haussant les épaules. Bon, je vais y aller. Bonne nuit Harry !

- Bonne nuit Eleanor, lui répondit-il distraitement alors qu'il se retournait.

Se demandant ce que manigançait Malfoy, il monta les premières marches des nombreux escaliers menant à sa salle commune, oubliant qu'il avait eu faim plus tôt et oubliant même, qu'à l'origine, il avait voulu essayer d'ouvrir la salle de Gryffondor.


Les trois dernières fois, Harry avait fait appel à un livreur pour aller chercher les lots de potions tue-loup et les amener sur le terrain qui lui appartenait, Le livreur était un professionnel, payé pour ne pas poser de question et pour effectuer la livraison d'un point A à un point B tout en étant ponctuel. Et aucun retard n'était à déplorer non plus du côté des potionnistes.

Cette fois-ci, Harry prit le relais.

Il avait déjà prévenu Hermione qu'il serait occupé une heure ou deux le samedi matin et qu'il ne pouvait pas être dérangé. Heureusement, son amie avait appris à ne plus poser de questions. De toute façon, il n'y aurait pas répondu. Et il préférait ne pas lui révéler qu'il sortait du château.

Dobby le fit transplaner hors du château et ils arrivèrent dans le laboratoire. Il prit une fiole, descendit au rez-de-chaussée et la déposa sous le comptoir à l'intention de Remus. Puis il remonta au laboratoire et, la caisse dans les bras, Dobby le fit transplaner. L'elfe du réitérer le voyage trois autre fois puisqu'il y avait quatre bacs en tout.

Lorsqu'il apparut devant le bâtiment principal, celui dans lequel logeaient les loups garous, il s'aperçut que ces derniers étaient déjà au travail. Déposant tous les bacs dans le hall du bâtiment et jetant un sort de protection dessus au cas où, Harry regarda les progrès du chantier. Il avait reçu un compte-rendu de la part de Ragnock quelques jours auparavant mais voir de ses propres yeux était autre chose.

En un peu plus de trois semaines, ils avaient réussi à boucher les trous dans les murs et à réparer la toiture. Il y avait encore beaucoup de boulot considérant le manque de murs du second bâtiment mais le premier commençait à devenir moins insalubre.

Rejoignant Gustus et Indra qui bricolaient il ne savait quelle structure en bois, il leur demanda des nouvelles de Michael, le loup garou solitaire.

- Il ne parle pas beaucoup, dit simplement le premier.

- Mais il ne s'est pas plaint, ce qui est déjà un bon point, ajouta Indra.

- Vous pensez qu'il va rester longtemps ? Demanda Harry.

- Tant qu'il a un endroit où dormir, de quoi manger, de quoi occuper ses journées et qu'il reçoit de la potion tue-loup chaque mois, je pense qu'il est sûr de dire que oui, répondit Indra.

- Bien, bien, fut content Harry. En parlant de ça, j'ai ramené les fioles de potions tue-loup. Elles sont dans le hall et il y en a une pour chacun d'entre vous.

Et là, il aurait pu le jurer, Harry vit Gustus esquisser un sourire sous sa barbe broussailleuse.