Chapitre 39
- Elle est comme ça depuis combien de temps ?
- Depuis qu'on est arrivé, dit Neville qui consulta sa montre. Donc vingt minutes.
- Ah, dit simplement Harry avec un sourire amusé en s'asseyant sur la même banquette que sa meilleure amie. Aloooooors, c'est le cadeau de Victor ?
Hermione releva la tête, les yeux brillants et le sourire grand.
- Oui ! C'est un livre sur les anciens sorts, les rituels et les étapes intermédiaires à la création des sorts tels qu'on les connait aujourd'hui, lui expliqua-t-elle, excitée. C'est tellement…
- Intéressant ? Proposa Harry, toujours aussi amusé.
La brune acquiesça, déjà à nouveau plongée dans sa lecture.
- Je vais aller commander, dit le jeune Potter à Neville.
Lorsqu'il revint avec une pinte de bière au beurre, Ron venait d'arriver. Il commanda une pinte également pour lui puis les trois Gryffondor discutèrent de choses et d'autres : les nouvelles plantes dans la serre numéro deux dont Neville s'occupait avec le Professeur Chourave, les filles -quelqu'un en vue, Neville ?- et les matchs de Quidditch internationaux.
Hermione ne se joint pas à leur conversation –le Quidditch n'était pas sa tasse de thé- mais montra qu'elle les écoutait en hochant la tête de temps à autres avant de replonger le nez dans son livre. Mme Rosemerta leur apporta leurs assiettes entre deux, ils continuèrent leur débat sur l'équipe des Canons de Chudley et l'équipe de Flaquemarre puis repartirent au château deux heures plus tard.
Ginny donna le brouillon de son article. Il n'y avait pas grand-chose qu'Harry pouvait dire alors Hermione en vérifia l'orthographe mais la rouquine écrivait très bien.
Luna avait trié et réécrit les petites annonces et avait répondu à certains courriers. Harry les relu et fut soulagée de voir que, tant qu'elle ne parlait pas des créatures telles que les nargoles, on ne pouvait pas deviner que c'était elle qui avait écrit.
Colin avait quelques photos compromettantes de couples –Harry ne comprenait vraiment pas comment il faisait pour ne pas se faire repérer- mais tout le monde fut d'accord que ce ne serait pas bien de les publier. Il avait également une photo du phénix de Dumbledore volant près d'une tour avant de disparaitre. Harry pensa qu'il fallait la mettre en grand sur une page dans la section « point de vue ».
Hermione avait bien sûr écrit deux articles au lieu d'un. Le premier portait sur la dangerosité de l'Armortensia et le second sur le sort de séchage qu'Harry leur avait appris.
Harry lui avait finalement écrit un article sur ce qui devrait changer à propos des cours optionnels, tel que proposer aux élèves d'assister à un cours de chaque afin qu'ils s'aperçoivent de ce qu'il en est afin qu'ils puissent choisir correctement.
- Ce n'est pas un peu trop contre Dumbledore, considérant qu'Ombrage est officiellement à Poudlard pour ça ?
- Je me suis servi de mon expérience et de mon ressenti pour écrire cet article et, comme Ombrage est contre notre journal et cherche à tout prix les responsables de sa parution, je me suis dit que cet article plutôt innocent et allant dans son sens pourrait calmer sa méfiance, s'expliqua Harry.
La rouquine trouva l'explication logique et fut d'accord sur l'approche du jeune Potter.
- On se revoit la semaine prochaine pour placer les articles et l'impression ?
Tous acquiescèrent avant de quitter la salle.
6 octobre
S'appuyant en arrière sur ses mains, Harry contemplait Daphné qui arrachait des brins d'herbes, les sourcils froncés.
- Ron nous a rejoints hier, dit Harry. Enfin, Hermione l'a invité et ça s'est bien passé.
- Je pensais que tu ne pardonnerais pas à Weasley.
- On ne retrouvera pas notre amitié telle qu'elle était avant mais ça me plait de redevenir ami avec lui. On n'est juste moins proches. Ainsi, je n'aurais plus à subir sa jalousie. Mais j'ai remarqué qu'il faisait des efforts donc…
- Mouais, dit la Serpentard en arrachant une autre brindille. T'as vite changé d'avis à son sujet. Je te rappelle que tu étais tout seul lorsque la coupe de feu a recraché ton nom, qu'Hermione ne savait pas quel camps choisir alors que moi je t'ai cru tout de suite.
- Je n'ai pas oublié, dit Harry d'une voix douce. La confiance que tu avais en moi, que tu as toujours en moi, c'est une des choses qui m'ont fait tomber amoureux de toi, tu sais.
Daphné détourna le regard, mais cessa d'arracher le gazon.
- Je suis allé à la Taverne de Remus hier. Sirius m'a prévenu qu'un type voulait me voir.
- Pourquoi tu ne me l'as pas dit avant ? Demanda-t-elle soudainement.
- Je ne l'ai su qu'il y a quelques jours et-
- Tu aurais pu me prévenir via le miroir, rétorqua-t-elle avec virulence.
Harry s'arrêta de parler, surpris par son ton.
- Parfois j'ai l'impression que tu me cache des choses, ajouta-t-elle en le regardant droit dans les yeux. J'ai raison ?
Harry sentit son cœur s'affoler. Il ne lui avait ni parlé des horcruxes ni de la prophétie pour sa sécurité. Les horcruxes étaient des artéfacts créés par la magie noire et étaient donc méconnus du grand public. Les prophéties étaient davantage connues mais vues comme des fables. Elle ne pouvait donc pas avoir la moindre idée qu'il cachait ce genre de chose. De quoi parlait-elle donc ?
- Daphné, je suis aussi honnête qu'il m'est possible de l'être avec toi, dit-il. J'ai autant de secret que tu en as probablement et je ne te demande pas de me les révéler.
- Alors, tu ne me fais pas confiance ? Demanda-t-elle sèchement.
Elle se leva alors Harry en fit autant. Il était confus par rapport à son comportement et la tournure de leur discussion ne lui plaisait pas. Il ne voulait pas se disputer avec elle.
- Bien sûr que je te fais confiance, insista-t-il en mettant ses deux mains en évidence pour apaiser sa colère. Mais certains secrets sont dangereux. S'il te plait, comprends que-
- Je comprends surtout que tu me caches des choses et je n'aime pas ça ! S'exclama-t-elle avant de ramasser sa baguette et de sortir de la Salle-sur-Demande d'un pas furieux.
Déboussolé, Harry ne la retint pas. Il l'appela à travers le miroir ce soir-là et le soir suivant mais elle ne lui répondit pas. Harry soupira, le cœur lourd, et espéra qu'elle accepte de lui parler quelques jours plus tard.
13 octobre
Le dimanche suivant, alors que Daphné ne lui avait pas parlé de toute la semaine, Harry l'attendit dans la Salle-sur-Demande.
Au bout d'une heure, il regarda la Carte du Maraudeur et trouva Daphné dans la bibliothèque. Il attendit encore une heure, regardant le point de sa petite amie, scrutant le moindre mouvement.
Les élèves ne s'attendaient pas à ce qu'un nouveau numéro du Poudlard Magazine se retrouve sur leur table ce matin. Certains élèves avaient passé le petit-déjeuner à mouiller leur manche ou le devant de leur robe afin de tester le sort de séchage, tandis que d'autres débattaient de l'article sur les cours optionnels. Les nouveaux élèves de première année, eux, s'étaient surtout concentrés sur la carte de Poudlard qu'Harry avait à nouveau glissé dans le journal. Ombrage n'avait pas l'air heureuse qu'un nouveau numéro du journal ait été imprimé mais n'avait rien à dire sur les articles s'y trouvant.
Sortant de ses pensées, Harry regarda à nouveau sa montre puis la carte.
Daphné ne viendrait pas.
Les deux semaines qui suivirent leur dispute furent difficiles.
Daphné refusait toute communication avec lui, que ce soit en face à face, par le miroir ou même par un simple regard à travers la Grande Salle. Il avait pourtant essayé de lui parler discrètement en cours de runes et de la prendre à part dans un couloir, mais elle n'avait rien voulu savoir. Il avait l'impression qu'elle se vengeait de la manière dont il l'avait traitée l'année précédente quand il avait cessé de lui parler après les vacances de Noël.
Tracy ne put l'aider davantage. Elle lui rapporta que sa meilleure amie parlait peu de lui ou de leur dispute et qu'elle se braquait dès qu'elle ou Astoria essayait de lui en parler. Ne pouvant rien y faire et espérant que Daphné accepterait de lui parler avec le temps, c'est le cœur lourd qu'Harry se concentra sur d'autres choses.
Un jour sur deux, il mangea avec Eleanor lors du petit-déjeuner afin de montrer qu'elle était sous sa protection. Bien sûr, pour accentuer son action, il faisait bien attention à s'asseoir face à la table des Serpentard et à fixer les élèves de Serdaigle qui les regardaient trop longtemps. Il intensifia son entrainement animagus, alternant entre les déplacements de sa panthère et la métamorphose de ses bras en ailes de son aigle. Il faisait pousser ses cheveux puis les raccourcissait. Ce n'était pas grand-chose mais il ne pouvait faire que ça sans que Tonks ne soit présente et c'était déjà pas mal. Il essaya trois sorts devant faire apparaitre les éléments architecturaux cachés de la salle de Gryffondor mais il n'y eut toujours aucun résultat. Il courrait dans le parc car il ne faisait pas encore trop froid puis s'entrainait à lancer des sorts sur des mannequins dans la Salle-sur-Demande. Le soir, il visitait son esprit grâce à l'Occlumencie –ça le détendait- soit dans la Salle-sur-Demande, soit au Poste et s'y endormait à chaque fois.
Le samedi dix-neuf octobre, deux semaines après sa « dispute » avec Daphné, il alla livrer les potions tue-loup –tout en laissant une fiole à Remus- à ses ouvriers avant de revenir au château pour reprendre sa formation animagus.
Lorsqu'il quitta la salle vers quatorze heures, ayant faim après avoir raté l'heure du repas, il fut attrapé par Astoria au rez-de-chaussée.
- Astoria ?
Harry regarda autour d'eux mais il n'y avait que peu d'élèves et aucun ne faisait attention à eux. Mais préféra être prudent.
- C'est Daphné ? Demanda-t-il en baissant la voix.
Elle l'attira dans un coin et regarda autour d'eux avant d'acquiescer.
- Elle s'est un peu disputée avec Tracy. Blaise et moi étions là. Elle s'est énervée pour rien ! Et depuis elle ne traine plus avec eux et ne leur parle que quand c'est nécessaire. Avec moi, elle reste méfiante mais elle s'énerve moins facilement.
- Ne lui en parle plus pour le moment, je ne voudrais pas qu'elle t'exclue aussi, lui conseilla Harry.
- Tracy m'a dit que vous vous étiez disputés, lui dit-elle. C'est à cause de toi qu'elle se comporte comme ça ?
- Honnêtement, je n'en sais rien. On parlait puis elle a commencé à mettre mes paroles en doute. Et si c'était seulement moi, elle n'aurait pas mis Tracy et Blaise de côté.
- Il y a autre chose de bizarre que j'ai remarqué, dit-elle après quelques secondes de silence. Il m'arrive de croiser et de parler brièvement avec Malfoy de temps en temps, dit-elle en rougissant, et je l'ai vu parler avec Daphné trois fois ces deux dernières semaines.
- Je sais qu'elle n'aime pas Malfoy mais ils sont dans la même maison et dans la même année, ça devait arriver. Qu'y avait-il de particulièrement bizarre à ça ?
- Elle paraissait inquiète ou contrariée, je ne sais pas trop. Je ne l'ai que rarement vu autrement que confiante, que ce soit à la maison ou à Poudlard.
Harry mis cette information dans un coin de sa tête, ne voyant pas ce qu'il pouvait y faire pour le moment.
- Dis-moi si son comportement change, si elle continue de parler avec Malfoy et, si tu apprends de quoi il parle et qu'il faut s'inquiéter, dis-le moi ou à Tracy. Mais ne te la met pas à dos, d'accord ? Il ne faut pas qu'elle soit seule, elle a besoin de sa petite sœur.
- D'accord, accepta-t-elle à contrecœur. Mais c'est ma sœur, je n'aime pas l'espionner pour toi. Il va falloir que vous vous parliez tous les deux.
- Dès que j'ai compris ce qu'il se passe ou qu'elle le veut bien, je lui parlerai, promit-il.
Le lendemain, il passa sa journée au Poste, son regard bougeant des nombreux hublots à la Carte du Maraudeur. Il appela Daphné à travers le miroir plusieurs fois durant la journée mais elle ne répondit toujours pas. Il demanda à Dobby de suivre Malfoy et Daphné quelques fois par semaines. S'inquiétant du bien de « l'amie de Harry Potter », Dobby accepta, bien que voir Malfoy n'était pas un plaisir pour lui.
26 octobre
Lors du cours de potions du lundi qui réunissait les Gryffondor et les Serpentard, Slughorn invita Hermione, Harry, Daphné et Blaise à une fête d'Halloween ce samedi. Neville, lui, ne fut pas invité. Sans doute le professeur de potions ne l'avait-il pas trouvé assez intéressant.
Entre devoirs, entrainements de Quidditch, ses fomations magique, physiques et animagus, Harry n'eut que peu de temps pour être triste en pensant à Daphné. Il aida Neville en Défense contre les forces du mal, Hermione relut ses essais et Neville l'aida en botanique. Les équipes de Quidditch des trois autres maisons eurent l'autorisation la semaine précédente de se reformer et celle de Serpentard s'entraina trois fois sous une pluie battante alors que celle de Gryffondor avait prévu depuis longtemps les deux seuls jours où le temps était clément.
A la fête de Slughorn, il y eut quelques invités venant de l'extérieur du château dont trois fantômes de chevaliers ayant participé à la quête du Graal. Etrangement, détonnant dans sa tenue rose, Ombrage était également présente.
Voyant peu Pixel depuis la rentrée et ce dernier voulant faire quelque chose avec lui, Harry lui avait proposé de venir à la fête avec lui. Le Nix était posé sur son épaule après avoir fait le tour de la salle en virevoltant. Le jeune Potter avait pris une petite assiette au buffet et partageait ses mets avec son ami. Hermione l'avait abandonné quelques minutes auparavant pour discuter avec un sorcier qu'il n'avait jamais vu et dont il ne connaissait pas le nom.
Un verre de jus de citrouille à la main, Harry se balada dans la salle, jetant un coup d'œil de temps en temps sur Hermione, n'aimant pas trop le regard lubric que le sorcier posait sur sa meilleure amie. Il vit Daphné et Blaise à plusieurs reprises ce dernier restait près de la brune mais elle ne lui parlait pas. Blaise le salua d'un mouvement de tête de loin alors que Daphné ne lui jeta même pas un regard.
Harry termina son verre d'un trait et s'éloigna, soudainement très triste et confus. Ne sachant pas quoi faire, ni à qui parler, il commença à s'ennuyer mais cela ne serait pas correct de quitter la fête alors qu'il n'y était que depuis une heure et demie. Pour éviter qu'on vienne lui parler, n'ayant plus envie de sociabiliser, il remplit à nouveau son assiette au buffet puis alla regarder la vue par la fenêtre, caché derrière un grand rideau vert.
- Vous êtes tout à fait charmante ce soir... Entendit-il quelques minutes plus tard.
Harry se retourna à la voix qui lui était familière et, au travers du rideau, tenta d'apercevoir celui qui parlait. Il entendit un gloussement féminin et ridicule mais ne sut pas de qui il s'agissait.
- Et vous, vous être un sacré charmeur professeur Slughorn !
Et Harry ne pouvait pas se tromper : cette voix grinçante appartenait à Ombrage.
- Appelez-moi Horace, je vous prie, Miss Ombrage. Vous n'êtes pas mariée, n'est-ce pas ?
Harry voyait leur silhouette à travers le tissu vert.
- Non, je ne le suis pas, répondit-elle. Appelez-moi Dolores dans ce cas, ronronna-t-elle.
Avec une grimace de dégout, Harry chercha un moyen de passer derrière eux sans qu'ils ne le voient mais ils étaient juste devant le rideau.
- Pixel, rejoint Daphné et reste avec elle jusqu'à demain matin si elle le veut bien, d'accord ?
Le petit Nix acquiesça et sortit du rideau. Le mouvement attira le regard des deux sorciers vers la gauche et Harry pu sortir discrètement de l'autre côté sans se faire repérer. Il rejoignit Hermione qui discutait avec les trois fantômes de chevaliers et la prévint qu'il partait se coucher.
Sur le chemin du retour, il ne croisa ni Rusard, ni Miss Teigne ni préfets. Le calme l'accompagna jusqu'à la salle commune où seul le crépitement du feu de cheminée vint briser le silence. Soupirant, il alla se coucher, après avoir mis soigneusement sa robe dans sa malle.
Lorsque Pixel revint le lendemain matin dans le dortoir, Harry le questionna sur le comportement de Daphné. Mais aux dires, ou plutôt aux bruits de kazoo que le nix avait faits, la Serpentard s'était montrée aussi gentille et bienveillante envers lui qu'habituellement.
Cela força Harry à se demander si, après tout, il n'avait pas dit ou fait quelque chose pouvant expliquer son comportement.
2 novembre
Juste avant le match opposant Gryffondor à Serpentard le samedi suivant, Harry vit de la fumée sortir de la cheminé de la cabane d'Hagrid. Ce qui signifiait que son ami était enfin de retour à Poudlard.
Après le match que Gryffondor gagna 250 à 120, Harry alla rendre visite au garde-chasse avec Hermione. Le demi-géant étant toujours très bavard, il leur raconta, un steak posé sur son œil cocardé, avoir rencontré des géants pour l'Ordre du Phénix avant de se rendre compte qu'il n'était peut-être pas sensé leur révéler ces informations.
Il changea rapidement de sujet, leur demandant de leurs nouvelles, puis donna le steak à Crocdur avant que les deux Gryffondor ne le saluent et ne retournent au château.
Délaissant Hermione qui voulait aller à la bibliothèque –très peu pour lui-, Harry se dirigea vers les toilettes des filles du deuxième étage. Vérifiant sur la carte qu'elles étaient désertes et ne voyant pas d'eau ni n'entendent de pleurs, il entra dans la Chambre des Secrets. Il lui fallait commencer à tracer un plan des salles et des tunnels afin de pouvoir un jour les ajouter sur la carte du Maraudeur.
Autant Harry n'aimait pas la jalousie, autant il ne pouvait s'empêcher d'en ressentir lorsqu'il apercevait Daphné et Malfoy parler dans un coin via les hublots du Poste. Dobby avait réussi à les espionner par deux fois mais n'avait pas pu s'approcher suffisamment pour entendre ce qu'ils disaient et malheureusement, les deux Serpentards chuchotaient et se trouvaient trop loin de la brique de surveillance. Il avait juste compris quelques bribes. Apparemment, Daphné « ne voulait pas » faire quelque chose et le blond repartait avec un air frustré à chaque fois.
Grâce à ses instructions, Sirius avait trouvé le croc de basilic qu'Harry avait gardé précautionneusement au château et avait pu s'en servir pour détruire l'horcruxe contenu par la bague de Gaunt.
Un de moins.
Depuis il le tenait informé chaque samedi des événements en lien avec les métamorphes. Remus ne pouvant quitter sa Taverne et Harry ne pouvant quitter Poudlard plus de quelques heures, Sirius était parti en France en compagnie de David afin d'observer le train de vie et les aider à se cacher en attendant de les préparer à venir s'installer au Royaume-Unis
Ombrage avait instauré deux autres décrets depuis la dernière fois : le premier interdisait toute publication de la part des élèves et le second obligeait les élèves à lui demander l'autorisation pour l'organisation de toute rencontre des clubs, groupes d'études et équipes de Quidditch.
Le samedi soir suivant, Harry ne parvenait pas à trouver le sommeil. Il prit sa cape d'invisibilité, la carte du Maraudeur, son livre sur les portes et serrures magiques et le carnet de Gryffondor. Arrivé devant l'arche cachant l'entrée de la salle de Gryffondor, Harry s'assit à même le sol pour réfléchir.
Il avait trouvé une rune plus tôt dans la semaine qui permettait de ressentir la magie. Cette rune était habituellement utilisée par les briseurs de sorts afin de déterminer si un objet était magique ou non.
Il traça cette rune sur sa paume avec sa baguette et elle brilla d'une lumière rouge avant de redevenir couleur peau. Il passa sa main sur le mur entourant la porte du bureau de Flitwick, de haut en bas, et de gauche à droite. Sa main chauffa devant l'une des briques. Malheureusement, celle-ci était semblable en tout point aux autres briques. Il passa sa baguette sur cette brique.
Rien.
Peut-être y avait-il un mot de passe ou un code à taper comme sur le mur de briques menant au Chemin de Traverse.
Il ouvrit le carnet de Godric. Il l'avait lu et relut trois fois et, à part la description des environs l'ayant aidé à trouver l'endroit où se trouvait l'entrée, il n'y avait pas d'autres informations utiles. Il avait juste appris que le fondateur et Salazar étaient proches avant qu'il n'affirme sa volonté d'accepter les nés-moldus à Poudlard et de les accepter dans sa maison. Godric s'était amusé durant les derniers jours de Serpentard à Poudlard à faire des références magiques venant du monde moldu.
Peut-être devrait-il faire quelques recherches sur la magie vu par les moldus avant le 9e siècle.
12 novembre
Hagrid avait rapidement repris l'enseignement. Lors de son premier cours de soins aux créatures magiques, Harry pu observer à nouveau les sombrals et même les caresser. Contrairement à ce que laissait croire leur physique squelettique, leur peau était recouverte d'un fin duvet gris-noir et était douce. A ses côtés, Neville les regardait avec crainte mais le jeune Potter le persuada d'en caresser un et le comportement affectueux de l'un deux finit de convaincre le Gryffondor qu'ils ne devaient pas être craints.
Tous les autres élèves de Gryffondor et de Serpentard ne les voyaient pas. A part peut-être Théodore Nott, puisqu'il en fixait un avec dégout. Certains, comme Dean ou Hermione, avancèrent leur main à l'aveugle jusqu'à atteindre un sombral et le caresser. Les filles de Gryffondor refusèrent de toucher à la viande mais Ron s'y essaya et laissa échapper un cri peu viril lorsqu'un sombral s'empara du bout de viande.
Alors qu'il guidait la main de Neville pour qu'il nourrisse le sombral devant eux, Harry vit Daphné, Tracy et Blaise caresser et nourri un sombral dans leur coin. Les autres Serpentards restèrent en arrière, peu investi dans le cours. Malefoy, cependant, jetait quelques coups d'œil vers les sombral, l'air pale. Peut-être les voyait-il ou les imaginait-il tel que Hagrid les avait décrits au début de la leçon.
- Elle ne te parle toujours pas ? Demanda discrètement Neville qui l'avait vu jeter des regards vers Daphné.
- Non, soupira le jeune Lord. Et je ne sais toujours pas pourquoi…
Harry riva à nouveau son regard vers le sombral dont ils s'occupaient. La créature le regardait de ses yeux blancs globuleux qui semblaient refléter la tristesse qui le rongeait.
Il soupira de nouveau. Il fallait absolument qu'il parvienne à parler à Daphné, au moins pour comprendre ce qu'il avait fait de mal. Et si ce n'était que parce qu'il lui cachait des choses, il ferait en sorte d'arranger la situation car la jeune Serpentard lui manquait.
Deux jours plus tard, alors que le sommeil lui échappait à nouveau, Harry se retrouva une nouvelle fois devant le mur où devait se révéler l'entrée de la salle de Godric Gryffondor.
Ses recherches en bibliothèque n'avaient rien donné. Il avait essayé de trouver des coutumes moldus qui pouvaient être liées aux murs ou aux portes qu'ils soient physiques ou métaphoriques et avait même cherché dans la littérature moldue. La solution la plus probable - « Sésame, ouvre-toi ! »- finit par ne pas l'être car la référence datait du 18e siècle.
Harry devenait frustré devant l'insoluble mystère. Autant il était normal que ce soit difficile de trouver le moyen d'entrer -c'était après tout une salle secrète-, autant il était découragé par la difficulté qu'il avait à découvrir cette salle alors que celles de Serdaigle, Serpentard et Poufsouffle lui étaient déjà ouvertes.
La situation avec Daphné n'arrangeait pas les choses. Harry était triste, confus et maintenant frustré. Il ignorait ce qu'il avait fait et, par conséquent, ne pouvait pas trouver de solution. La forcer à lui parler n'avait pas fonctionné la dernière fois mais il recommencerait jusqu'à ce qu'elle l'écoute ou lui parle.
Une larme coula sur sa joue. D'un geste presque rageur, il l'essuya d'un revers de la main avant de taper du poing sur la brique sensé lui ouvrir l'entrée de la salle secrète de Gryffondor.
- Mais ouvre-toi par Merlin !
La brique en question fut prise de tremblements avant de s'enfoncer dans le mur et, comme pour l'entrée du Chemin de Traverse dans le Caudron baveur, toutes les briques aux alentours se mirent à bouger et à tourner sur elles-mêmes. Quelques secondes plus tard, les mouvements cessèrent et Harry, remit de sa surprise, pu entrer et observer la salle.
La salle était grande, elle faisait presque la moitié de la Grande Salle. La lumière lunaire traversait cinq grands vitraux représentant quatre lions dans des positions différentes et, au milieu d'eux, un homme aux cheveux bruns, aux yeux verts
Sur le mur de droite étaient accrochés une centaine d'épées de toutes les tailles, la plupart plates, certaines avec des reliefs, la plupart droites, certaines avec un double tranchant ou des ondulations. La plus grande lui arrivait à la poitrine –environ un mètre trente- et la plus courte devait fait une soixantaine de centimètres. Il y avait aussi beaucoup de dagues, certaines très sobres, d'autres très finement élaborées avec des reliefs, des gravures ou des pierres précieuses. Certaines, au vue de la ressemblance, allaient même par paires.
Sur le mur de gauche, il y avait des cotes de maille sur des mannequins, des casques de chevalier sur des grosses boules de bois et mêmes quelques armures -mais celles-ci n'étaient pas animées contrairement à celle se trouvant dans les couloirs du château. Au fond, il y avait deux armoires contenant des protections pour les poignets et des jambières et, entre les deux armoires, il y avait quelques boucliers de différentes formes appuyés contre le mur. Il y en avait des grand et rectangulaire en bois, quelques-uns circulaire aussi en bois et les autres étaient en métal mais de forme banalement circulaire -bien que de tailles différentes.
Au centre, sur le sol, se trouvait une structure à la forme étrange. On aurait dit qu'il y avait deux structures de formes différentes mais imbriquées l'une dans l'autre. La première zone était circulaire et permettait surement de faire des duels moldu. La seconde était longue et rectangulaire et rappela à Harry l'arène de duel durant sa deuxième année.
Il n'y avait ni table, ni chaises, ni canapés. Mais Godric Gryffondor ayant été dépeint comme un duelliste accompli en son temps, autant avec une baguette qu'avec une épée à la main, il était logique qu'il y ait autant d'armes et pas un seul tabouret pour s'asseoir. Le fondateur avait dû passer des heures et des heures dans cette salle durant toutes ses années en tant que directeur de la maison Gryffondor.
Harry resta une petite heure, regardant les armes de plus près, et lançant quelques sorts inoffensifs afin de parcourir en long et en large la structure rectangulaire. La salle était pratique pour s'entrainer mais pas pour dormir ou y rester plusieurs heures alors il la quitta pour regagner son dortoir. Lorsqu'il sortit de la salle, il essaya à nouveau les mots « ouvre-toi » et « Merlin » afin de vérifier quel était le mot de passe.
Il s'agissait de « Merlin ».
Comme quoi, les jurons pouvaient s'avérer utiles de temps en temps.
Lorsqu'il se mit au lit quelques minutes plus tard, il se dit qu'il devrait y retourner avec son miroir à double-sens pour montrer, comme promis, la salle à Sirius puis il s'endormit rapidement, ravi et soulagé d'avoir percé ce dernier mystère.
Le blond était à deux doigts de s'arracher les cheveux.
Lorsqu'il pensait enfin progresser dans ses plans, tout s'écroulait et il devait tout recommencer. Malheureusement, le temps lui manquait. Il fallait absolument qu'il réussisse. Et vite !
Il ne savait plus quoi faire afin qu'elle lui fasse confiance. Tout semblait aller dans son sens puis elle reculait, indécise. Les effets de la potion avaient des limites, il devait gagner sa confiance seul. Mais elle résistait. Encore et toujours. Et à chaque fois, il devait se montrer rassurant afin d'apaiser la méfiance qu'elle avait envers lui. Il avait réussi à lui mettre des doutes en têtes mais, au lieu de lui servir, cela avait eu l'effet inverse. Il savait qu'elle savait des choses mais refusait de lui dire quoi que ce soit. Et comme elle ne voulait plus parler à Potter, elle ne pouvait pas non plus lui apporter de nouvelles informations.
Et, pour le moment, il ne savait pas grand-chose d'utile.
Il avait communiqué le peu qu'il avait découvert en septembre puis avait suivi les directives de son père. La première étape s'était bien passée mais il était désormais bloqué.
La vie de sa mère était entre ses mains et il craignait qu'elle s'écourte abruptement.
