Chapitre 40
16 novembre
Après un énième rapport non concluant de la part de Dobby, Harry a décidé qu'il parlerait à Daphné le lendemain après avoir pris compte des avancements dans les travaux de son projet secret.
Au matin, il prit un rapide petit-déjeuner, laissant Pixel avec Neville dont il s'était pris d'affection ces dernières semaines. Les élèves se dirigeaient vers le terrain de Quidditch alors que les joueurs des équipes de Poufsouffle et de Serdaigle entraient dans les vestiaires. Le match qui allait se jouer d'ici une demi-heure était l'occasion parfaite pour quitter le château.
Grâce à Dobby, Harry sortit du château et arriva devant son terrain. Il désactiva les barrières magiques afin d'entrer sur les lieux puis les réactiva en se dirigeant vers les loups garous au travail. Il salua ceux qu'il croisa, demanda à certains où se trouvaient Indra et Gustus puis entra dans le second bâtiment plus loin derrière. Malgré la fraicheur des températures du mois de novembre, la plupart des ouvriers travaillaient en t-shirt ou avec une légère blouse de travail noire. Gustus et quelques autres étaient sur le toit ; la toiture était à trois-quarts finie et les tuiles noires et brillantes donnaient un aspect moderne à la bâtisse.
L'ayant probablement vu de loin, Indra sortit du hall d'entrée. Elle lui montra l'intérieur de ce bâtiment-là, puisqu'ils étaient devant. Tous les murs avaient été réparés et de nouveaux murs avaient été montés là où il en manquait. L'agencement des pièces avait été revu par Indra afin que certaines pièces, initialement petites, soient bien plus grandes. On y perdait au nombre mais Harry fut plutôt satisfait du travail d'Indra et n'avait donc rien à y redire.
Ils allèrent ensuite dans le premier bâtiment. Les anciennes vitres qui avaient été placés temporairement afin de leur permettre d'y dormir avaient été remplacées par de nouvelles fenêtres. Certains planchers craquants avaient été réparés et les escaliers fragiles avaient été consolidés. Il ne manquait plus qu'à faire quelques finitions sur ce qui avait déjà été fait avant de passer à la suite.
Le chantier avançait un peu plus vite que prévu. Lui qui avait pensé que vingt-quatre mois seraient à peine suffisants en cas où il y aurait des imprévus qui leur ferait perdre du temps. Finalement, les loups garous avaient effectués en trois mois tout le travail qu'il pensait qu'ils feraient en cinq.
Harry quitta Indra avec la promesse qu'il réfléchirait à un cadeau de Noël adéquat pour le bon avancement des travaux.
A Poudlard, il dîna au Poste, le regard braqué alternativement sur les hublots et sur la carte du Maraudeur. Il vit des élèves rentrer par les portes du château, certains sortir de la Grande Salle, d'autres entrer dans la bibliothèque ou se diriger vers leur salle commune. Il vit Hermione, Neville et Ron, entre autres, dans la salle commune de Gryffondor ; Ginny et Luna jouaient aux échecs dans la Grande Salle ; Colin quittait le couloir du quatrième étage où se trouvaient la salle de classe de Défense contre les Forces du Mal et le bureau d'Ombrage ; Malefoy rentrait dans la salle commune des Serpentards, alors que Daphné se dirigeait vers les escaliers permettant de quitter les cachots.
Harry se leva d'un bond et, se recouvrant de sa cape d'invisibilité, quitta le Poste au plus vite. Il parcourut les tunnels terreux en courant, passa la statue aux farfadets et se dirigea vers la porte menant aux cachots. Lorsqu'il y arriva, il vit Daphné marcher à quelques mètres devant lui. Il la rattrapa le plus discrètement possible, souleva la cape, posa une main sur sa bouche et la recouvrit de la cape.
- Mh !
- C'est moi, Harry ! C'est moi ! Je veux juste te parler !
Mais Harry n'avait pas réfléchit au fait que, la cape étant plus petite que lors de sa première année -ou plutôt, lui avait grandi et donc l'espace sous la cape avait diminué-, pour se cacher entièrement, ils devaient se tenir très près l'un de l'autre. Daphné, elle, le constata rapidement et cela ne sembla pas lui plaire car elle fronça les sourcils et se débattit un peu pour le lui faire comprendre.
- Désolé ! S'excusa Harry en enleva sa main et en se reculant le plus possible sans faire dépasser ses pieds. Je voulais juste te parler. Je sais que toi tu ne veux pas, mais je te demande juste d'écouter ce que j'ai à dire. Tu veux bien ?
La Serpentard tourna la tête sur le côté, comme pour augmenter l'espace qui les séparait, puis hocha la tête.
- Je ne peux pas expliquer ton comportement mais je suis persuadé qu'il se passe beaucoup de choses pour toi en ce moment. Mais je ne suis pas un héros. Je ne peux pas sauver tout le monde, ni régler tous les problèmes du monde. Je vais donc me contenter de régler le problème entre nous deux.
Comme la brune ne dit toujours aucun mot mais ne faisait plus aucun geste pour partir, il continua :
- Je ne suis pas sûr de la raison pour laquelle tu ne me parles plus. Si tu étais juste fâchée ou blessée parce que je ne t'ai pas dit tous mes secrets, je pense que tu me l'aurais dit assez rapidement ou que tu aurais fini par me parler après un moment. Mais tu fais tout pour m'éviter et tu fais de même avec Tracy et Blaise alors qu'ils n'ont rien fait. Je suis prêt à tout de dire, Daphné. Tous mes secrets. Je te fais confiance, Daphné. Je n'ai juste pas eu beaucoup de raison de faire confiance aux gens en grandissant chez les Dursley et j'en oublie que tu es là, que tu as toujours été là pour moi depuis l'été qui a précédé notre quatrième année, que je peux te compter sur toi pour garder mes secrets. J'en oublie même parfois que, en acceptant les sentiments que j'ai pour toi, en te les révélant et en apprenant qu'ils étaient réciproques, je t'ai aussi confié mon cœur. Il est à toi, seulement à toi. Et si je dis ou fais quelque chose de stupide, si je te blesse, si je te trahis d'une quelconque façon, tu as raison de me le dire ou de me le faire comprendre.
Il déglutit face à son manque de réaction et décida de conclure :
- Sauf que là, tu ne me parles pas, tu ne m'explique pas ce que j'ai fait de mal. Et si c'est vraiment à propos de me secrets, je te les révélerais quand tu le voudras bien. Voilà. Je t'ai dit tout ce que j'avais à dire. Je te remercie de m'avoir écouté et j'espère que tu accepteras de me parler bientôt.
Lorsqu'il eut terminé de parler, il recula puis regarda autour d'eux pour vérifier qu'ils étaient seuls. Quand il en fut certain, il embrassa rapidement la joue de la brune et repartit vers le Poste, la cape d'invisibilité glissant sur la tête de Daphné, la laissant visible au milieu du couloir.
Là-bas, il s'allongea sur le canapé, dos aux hublots, laissant la cape glisser sur le sol, et renifla à plusieurs reprises mais ne laissa couler aucune larme.
Il ne dormit pas beaucoup cette nuit-là.
- Des progrès avec Daphné ? Lui demanda Sirius comme chaque semaine.
- Je lui ai parlé hier, dit Harry, allongé sur le canapé du Poste, en regardant le plafond.
Il s'était réveillé il y a quelques minutes à peine quand Sirius l'avait appelé. Il avait posé le miroir sur la table basse et l'avait appuyé contre un pot de fleur pour le faire tenir debout.
- Je n'ai pas l'impression que ce que je lui ai dit l'ai touchée. Je ne sais pas…
Il se racla la gorge.
- Vous êtes arrivés sur le territoire ? Demanda-t-il pour changer de sujet.
- Nous sommes arrivés tôt ce matin, confirma le vieux Black. La plupart des métamorphes n'ont pas beaucoup dormis ces derniers temps alors ils dorment actuellement dans les différentes chambres du château. Deux couples ne sont pas venus : le premier attend un enfant et préfère vivre cacher en France et le second couple a décidé de rester caché chez des parents moldus.
- Ca a été pour tous les installer ?
- Certains métamorphes sont en couples ou ont l'habitude de partager un lit pour dormir donc oui. Pour les autres, cela ne leur dérangeait pas de partager une chambre mais on a du transformer les grands lits à baldaquins en lits jumeaux. Ils sont tous au deuxième étage sauf David et sa compagne ; l'étage était complet alors je les ai installés dans l'une des chambres d'amis du premier étage.
- C'est bien, acquiesça Harry. Le château devait être bien vide depuis que je suis à Poudlard ; le terrain leur profitera.
Son parrain resta silencieux pendant un moment puis :
- Harry ?
Le susnommé tourna sa tête vers le miroir.
- Tu sais que tu peux m'appeler à travers le miroir à tout moment si tu en as besoin ou même venir discrètement voir Remus à la Taverne ?
- Oui, je sais, confirma Harry avec un petit sourire. Merci Sirius.
Hermione et Neville montrèrent leur inquiétude chacun à leur façon. Neville lui parlait de botanique afin de le distraire alors qu'Hermione le fixait du regard, attendant qu'il lui parle. Avant elle lui posait des questions sur Daphné ou sur son humeur qui n'était pas au beau fixe depuis un moment mais Harry lui avait fait aussi gentiment que possible comprendre qu'il ne voulait pas y répondre.
Il ne les voyait que lors des cours ou du déjeuner car il petit-déjeunait avec Eleanor et dînait directement dans les cuisines. Avant et après cela, il continuait ses transformations en faucon -tenir l'équilibre lorsqu'il était presque entièrement transformé lui posait encore problème et rendait difficile sa concentration pour changer ses bras en ailes- et, pour s'assurer un sommeil réparateur et instantané, il jetait des sorts sur des mannequins et faisait quelques exercices physiques pendant deux heures dans la Salle-sur-Demande avant de rejoindre le Poste.
Le mercredi soir, alors qu'il venait de passer la lourde porte donnant sur le Poste, il s'installa sur le canapé dans l'intention de s'endormir lorsqu'un détail l'interpella. Il vit Colin quitter le couloir du quatrième étage. Jusque-là rien de spécialement étrange mais ce qu'il avait déjà vu sans pour autant y prêter attention –et ça, il ne pouvait le voir qu'en s'approchant fortement du hublot-, c'était que Colin pleurait et se tenait la main. En sang.
L'adrénaline le réveillant d'un coup, il bondit du canapé, pris la carte du Maraudeur et sortit en courant. Il consulta la carte au bout de chaque couloir et escalier, ce qui lui permit d'éviter Rusard qui sortait d'un couloir du deuxième étage, et vit Colin monter les escaliers au niveau du cinquième étage. Il désactiva la carte et la rangea dans la grande poche de son sweat.
- Colin ! L'interpella-t-il.
Le blondinet rentra la tête dans les épaules et frotta ses joues avant de se tourner.
- Oh, Harry ? Reconnut-il d'une voix faible.
Il serrait sa main sur son côté, la cachant de la vue d'Harry.
Le jeune Potter s'approcha de lui, gardant son regard au niveau de son visage pour ne pas l'inquiéter.
- Ça fait un moment qu'on ne s'est pas vu, Colin. Comment vas-tu ?
- Oh, euh… Ça va, dit-il en haussant les épaules. Tu rentres à la salle commune ?
- Ouais, je travaillais et je n'ai pas vue l'heure passée. Heureusement l'heure du couvre-feu n'est que dans dix minutes. Tu viens d'où toi ?
- Oh, je… j'avais une retenue.
- Avec Rogue ? Demanda Harry en se rappelant que Colin venait du couloir où se trouvait la salle de Défense.
- Non…
- Avec Ombrage ? Demanda-t-il en fronçant les sourcils. J'ignorais qu'elle avait ce droit…
- Ecoute Harry, je suis plutôt fatiguée, j'aimerais aller me coucher. On y va ?
- Attends ! L'arrêta Harry.
Depuis qu'il le connaissait, Colin avait toujours été très souriant, joyeux et émerveillé par la magie. En le voyant aussi pâle et renfermé, Harry eut la confirmation que quelque chose n'allait pas. Et il fallait absolument qu'il sache ce qui se passait avec sa main.
- Colin, montre-moi ta main s'il te plait.
Le jeune Gryffondor ne chercha même pas à la cacher plus longtemps et en sembla presque soulagé. Il montra sa main, recouverte d'écritures sanguinolentes. Harry la prit soigneusement par la paume et parvint à lire : « je ne dois pas dire de mensonges ».
Oscillant entre horreur et fureur, Harry serra les dents et lui demanda le plus doucement possible :
- C'est Ombrage qui a fait ça ?
Le jeune garçon hocha la tête.
- Comment ?
- Avec une plume, murmura-t-il. Elle m'a surpris à faire des photos la semaine dernière et elle m'a accusé d'avoir participé à la création du journal de Poudlard. J'ai nié et elle m'a donné des retenues.
- Et comment fonctionne cette plume ?
- Elle m'a fait écrire des lignes avec une plume rouge spéciale. Elle utilise mon sang comme encre et les lignes sont gravées sur ma peau.
- C'est de la torture, marmonna Harry, furieux. Viens avec moi, on va soigner ça.
- Non ! Si elle l'apprend, ce sera pire !
- Colin ! Ecoute-moi ! Lui dit-il en tenant ses deux épaules pour qu'il le regarde dans les yeux. Est-ce que tu me fais confiance ?
- Bien sûr, Harry.
- Tu vas venir avec moi soigner ta main et je vais faire en sorte qu'Ombrage ne puisse plus utiliser cette plume sur toi. D'accord ?
Le blondinet acquiesça.
Ils se rendirent à l'infirmerie où Mme Pomfresh, fidèle à elle-même, prit immédiatement le patient en charge sans poser de questions. Elle prit la main de Colin, l'examina et fronça les sourcils en marmonnant.
- Et vous, Mr Potter, demanda-t-elle en le voyant debout derrière elle, vous êtes blessé aussi ? Ou malade ?
- Non, non, s'empressa-t-il de répondre.
Il avait séjourné bien assez souvent à l'infirmerie ces quatre dernières années.
- Alors, rejoignez votre salle commune avant le couvre-feu. Vite, vite ! Le pressa-t-elle avant de se diriger vers son bureau pour aller chercher il ne savait quoi.
- Quand est ta prochaine retenue avec Ombrage ? Demanda-t-il au blond.
- Samedi.
- Très bien… N'y va pas, je m'occupe d'elle.
- T'es sûr ? Qu'est-ce que tu vas faire ?
- Lui parler serait inutile et je ne veux pas que ça te retombe dessus. Je vais parler à quelqu'un de plus haut placé au ministère dès demain.
Voyant Madame Pomfresh revenir avec une bouteille contenant un liquide jaune, Harry se dirigea vers la porte. Il ne voulait ni se faire réprimander ni être forcé à rester cette nuit.
- Soigne-toi bien !
- Harry !
Ce dernier se retourna.
- Elle a aussi confisqué mon appareil photo... Avoua-t-il avec une mine déconfite.
- Je m'en occupe !
Ne pouvant déranger Amélia Bones à une heure si tardive, Harry s'occupa de l'appareil photo. Il retourna au Poste pour récupérer sa cape d'invisibilité puis, recouverte par elle et à l'aide de la carte du Maraudeur, il arriva rapidement au quatrième étage devant le bureau d'Ombrage. Heureusement, elle n'y était plus ; malheureusement, elle était dans ses appartements dont la porte se trouvait dans le bureau.
Il ouvrit la porte facilement à l'aide d'un simple alohomora et entra silencieusement. Malgré sa cape le cachant de leur vue, les chats figurants sur les assiettes ornant les murs le suivirent du regard. Il se dirigea vers le bureau de la sous-secrétaire et ouvrit les tiroirs un à un. Malgré ses efforts, le bois était vieux et frottait, faisant du bruit.
Un chaton miaula.
Puis un second.
Malheureusement, il ne pouvait pas user des sorts Bloclang ou Silencio car ils n'étaient pas vivants.
Harry ouvrit le troisième tiroir et trouva l'appareil photo. Il consulta la carte et vit Ombrage bouger dans son appartement mais elle ne sembla pas venir vers le bureau. Il prit l'appareil photo et referma le tiroir qui grinça.
Plusieurs chatons se mirent alors à miauler.
Harry jura. Ses maudites assiettes allaient le dénoncer !
Il n'attendit pas pour regarder si cela alertait Ombrage et quitta le bureau au plus vite.
Le lendemain, Harry vit Colin bavarder joyeusement avec Ginny et Luna lors du petit déjeuner. Sans doute avait-il vu l'appareil photo qui était sur son lit ce matin. Il espérait qu'il avait également vu la note et fait ce qu'il avait demandé.
Après les cours de métamorphose et de défense, le déjeuner avec Neville et Hermione et les cours de botanique, runes et sortilèges, il eut enfin l'occasion de quitter le château.
Disant à ses amis qu'il avait un projet à faire, il se rendit au Poste pour se changer –il ferait moins tâche en chemise blanche et pantalon noir qu'avec sa robe de Poudlard et sa cravate Gryffondor- avant d'appeler Dobby pour qu'il le fasse apparaitre dans une ruelle du Londres moldu non loin de l'entrée du ministère. Comme il pleuvait, il courut jusqu'à la cabine téléphonique et y entra.
Lors de son « stage d'été », il n'était venu au ministère qu'en prenant la cheminette mais, au cas où, il avait demandé quels étaient les autres entrées. Il y avait des zones d'arrivées et de départs de portoloin et de transplanage –mais il ne voulait pas qu'on le voit être amené par Dobby dans le hall- et, autre que la cabine téléphonique moldue, il y avait des toilettes publiques dans lesquelles il fallait se mettre pieds joints et tirer la chasse.
Très peu pour lui.
Il prit le combiné, composa le code 62442 sur le clavier et attendit. Une voix féminine lui demanda son nom et le but de sa visite :
- Harry Potter, je viens voir Amélia Bones.
- Le département de la justice magique est au niveau 2 et le service du Magenmagot et de ses services administratifs sont sur votre droite.
- Merci, murmura Harry bien qu'il sache que personne ne l'entendait.
La voix était un enchantement et pas celle d'une véritable personne.
Ce qu'il y avait de dérangeant avec le ministère, c'est qu'il était quasiment impossible d'entrer au deuxième niveau sans que cela ne soit répertorié. Il était obligatoire de passé par l'enregistrement des baguettes afin que votre nom soit écrit sur le registre. Mais bon, il ferait avec aujourd'hui, en espérant ne pas venir pour rien.
L'intérieur de la cabine descendit et il arriva rapidement dans le hall du ministère. Il baissa la tête pendant sa longue marche pour arriver jusqu'à l'ascenseur, espérant que personne ne le remarquerait ou ne le reconnaitrait, et entra dans le petit habitacle où une femme en tailleur bleu attendait que les portes se ferment, sans lui jeter le moindre regard.
L'ascenseur descendit d'un niveau et la voix féminine entendue plus tôt dans la cabine téléphonique retentit :
- Niveau 2 : Bureau des Aurors, Brigade de la police magique, Magenmagot et ses services administratifs, Cours de Justice magique, Service des détournements de l'artisanat moldu, Service des usages abusifs de la magie, Bureau de détection et de confiscation des faux sortilèges et objets de protection, Département de contrôle de l'équipement magique.
Harry sortit dès que les portes s'ouvrirent et s'arrêta quelques mètres plus loin devant un guichet où un vieux sorcier lisait le journal. Il toqua poliment contre la vitre et le sorcier releva la tête avec un air ennuyé avant que son visage ne s'éclaire d'un sourire.
- Monsieur Potter ! Quelle visite inattendue !
Il replia son journal qu'il mit de côté et sortit une petite balance en cuivre.
- Bonjour Eugène.
- Baguette, s'il vous plait !
Harry la lui donna et le vieux monsieur la pesa avant de noter sa taille, sa masse et son bois avant de la lui rendre.
- On a des vues sur le Département de la Justice, Monsieur Potter ?
- La justice, ça me plait bien, répondit-il vaguement en haussant les épaules. Vous savez si Madame Bones est là ?
- Elle est entrée dans son bureau ce matin et je ne l'ai pas vue en sortir depuis.
- Merci Eugène ! Bonne journée !
- Bonne journée à vous aussi Monsieur Potter !
Le vieux bougre était complètement fan de lui et était d'une extrême gentillesse alors qu'Harry savait qu'il était grognon avec la plupart des gens. Et il aimait lui donner quelques menues informations quand le jeune Potter lui posait une ou deux questions durant les trente secondes que durait leur échange.
Il y avait trois couloirs : un à sa gauche, un face à lui et un à sa droite. Il tourna à droite et ouvrit la troisième porte sur sa gauche. Il entra dans une salle d'attente dans laquelle une jeune femme de moins de trente ans écrivait sur divers parchemin. A son entrée, elle leva son regard avant de revenir à ce qu'elle faisait pendant quelques secondes puis rangea sa plume dans son pot.
- Vous désirez ?
Elle le regarda de haut en bas. Sans doute se demandait-elle ce qu'un garçon de son âge et sensé être à Poudlard faisait ici.
- Parler avec Madame Bones.
- Vous avez rendez-vous ? Demanda-t-elle avec un sourcil levé.
Harry s'approcha de son bureau.
- Non, mais c'est une urgence.
- Eh bien, dites-moi de quoi il s'agit et, si c'est vraiment urgent, j'en ferais part à ma supérieure, lui dit-elle avec un air condescendant.
- Dites-lui juste… Fit-il semblant de réfléchir en posant ses deux mains sur le bureau et en se penchant en avant. Dites-lui qu'Harry Potter veut lui parler et que c'est une urgence.
Il espérait que son nom suffirait.
- Harry Potter ? Répéta-t-elle, les yeux écarquillés. Je vais voir avec ma patronne.
Elle se leva le plus naturellement possible mais Harry vit qu'elle se dépêchait d'atteindre la porte du bureau d'Amélia Bones sur ses talons aiguilles. Elle toqua à la porte et entra lorsqu'elle y fut invitée. Elle avait à peine fermé la porte derrière elle qu'elle la rouvrit aussitôt et lui fit savoir que sa supérieure allait le recevoir.
Quand il entra dans le bureau, Harry ne put s'empêcher de le trouver décoré avec goûts. Le mobilier était en bois foncé. Les quelques objets en métal étaient en cuivre et le sol était recouvert d'un damier bleuté. Une grande bibliothèque recouvrait le mur de gauche et deux chaises confortables se trouvaient face à lui devant le bureau de la Directrice du département de la Justice magique, avec la Directrice qui y était assise. Sur la droite, il y avait juste une table et une chaise devant une grande fenêtre donnant magiquement -on était sous terre après tout- vu sur une plaine enneigée.
- Monsieur Potter, cela fait bien longtemps depuis notre dernière rencontre, dit la femme au monocle en lui faisant signe de s'asseoir
- En effet, Lady Bones, répondit-il en prenant place sur une des deux chaises.
- Mon assistante m'a fait part du caractère urgent de votre venue, dit-elle avec l'ombre d'un sourire amusé. Je suis une femme très occupée mais j'ai quelques minutes à vous accorder.
- Je vous remercie Lady Bones, dit-il en inclinant sa tête par respect. Je viens vous faire part d'un acte de torture commis à Poudlard sur un élève.
- Ce qui se passe à Poudlard ne relève pas directement de ma…
- Je m'excuse de vous interrompre Lady Bones mais cela a été fait par un représentant du ministère. Par Dolores Ombrage, plus exactement. Et, avant que vous ne le demandiez, j'ai des preuves de ce que j'avance, ajouta-t-il rapidement lorsqu'il vit qu'elle allait parler.
- Pouquoi ne pas en avoir parlé à votre Directeur en premier ?
- Qui vous dit que je ne l'ai pas fait ?
- Dumbledore vous aurait dissuadé de venir m'en parlé si ça avait été le cas, répondit-elle du tac au tac.
Alors elle connaissait bien Dumbledore. Mais était-elle pour ou contre ses méthodes ?
- Le professeur Dumbledore ne peut rien contre Madame Ombrage car elle a été envoyée à Poudlard par le Ministre lui-même afin de trouver des failles dans sa gestion de l'école et le faire renvoyer -ses mots, pas les miens. Monsieur Fudge la défendra, j'en suis certain. Et le Directeur n'est pas très présent depuis le début de l'année. J'ai donc pensé avoir plus de chance d'être écouté en venant ici.
- En règle générale, je ne reçois personne avant d'avoir reçu un dossier et de l'avoir approuvé. Qu'est-ce qui vous fait penser que j'agirais pour vous ? Qu'auriez-vous de différent des autres sorciers m'envoyant leur demande par courrier ?
- Vous m'avez déjà aidé par le passé. Grâce à vous et à votre sens de la justice, un homme innocent est libre après avoir été enfermé injustement à Azkaban pendant douze ans et avoir vécu dans la clandestinité pendant presque deux ans. Vous n'étiez pas obligé de m'écouter ou de prendre les documents en ma possession mais vous l'avez fait. Je ne dis pas être différent. Je dis que vous êtes différente. En bien, s'empressa-t-il de préciser.
Elle redressa son monocle avant de croiser les mains sur son bureau.
- Exposez-moi les faits.
A son retour à Poudlard, Harry rejoint son dortoir et sortit l'ensemble de correspondance que Daphné lui avait offert pour Noel l'année dernière. Hermione et Neville n'étant pas dans la salle commune lorsqu'il y était entré, il n'avait pas perdu de temps avec des explications.
Il écrit une lettre identique pour Lord Davis, Lady Londubat et Lady Zabini, demanda une rencontre pendant les vacances de Noël afin de connaitre leur décision et une lettre plus simple adressée à Lord Greengrass demandant également de le rencontrer durant les congés afin de discuter et de signer leur alliance. Ensuite, il écrivit une lettre à Tonks afin de demander si elle était disponible durant les vacances pour quelques séances de métamorphomagie. En dernier, il écrivit une courte missive à l'intention d'Amélia Bones mais ne scella pas le parchemin.
Il enverrait ces lettres le lendemain matin après avoir récupéré la photo auprès de Colin.
