Chapitre 42
Harry sut que Malefoy reprenait conscience lorsqu'il entendit que sa respiration n'était plus aussi paisible qu'auparavant. Le blond se redressa rapidement en position assise, regardant autour de lui avec curiosité.
Il était temps.
- Bonsoir Draco, dit Harry d'une voix impassible.
Le Serpentard se retourna et se leva d'un bond, posant une main sur sa poche où se trouvait sa baguette avant que le jeune Potter ne la lui prenne.
- Inutile de chercher ta baguette, ajouta-t-il avec un visage toujours aussi neutre malgré sa colère. C'est moi qui l'ai.
- Où on est Potter ?! Et qu'est-ce que tu me veux ?!
- Pour répondre à ta première question, je te souhaite la bienvenue dans la Chambre des Secrets, dit-il en ouvrant grand les bras.
A ces mots, le blond pâlit et ses yeux bougèrent dans tous les sens à la recherche de quelque chose.
- Ne t'en fais pas pour le monstre de Serpentard, Draco je l'ai tué il y a trois ans, dit Harry avec nonchalance, la tête penchée, presque amusé par la réaction du blond.
Cela sembla rassurer Malefoy qui, reprenant confiance, releva le menton et le fusilla du regard.
- Quand mon père saura ça, il-
- Ton père ne saura rien du tout, l'interrompit Harry, furieux. Sinon, il saura que tu as échoué. Car je suppose que manipuler Daphné n'était pas un simple passe-temps mais une mission qu'il t'a confiée.
- Je ne vois pas de quoi tu parles Potter, dit Draco avec un sourire amusé. Greengrass en avait juste marre de toi. Elle préférait ma compagnie, celle d'un sang-pur qui pouvait lui donner un avenir confortable et plus de plaisir que tu ne pourras jamais lui en donner.
Bien qu'il soit furieux contre lui, Harry ne pouvait faire ingurgiter du Veritaserum à Malfoy alors qu'il était inconscient –il n'était pas un criminel mais un adolescent ayant de mauvaises influences. Harry avait alors repensé aux cristaux qu'il avait achetés l'année précédente. Il avait donc demandé à Dobby de lui ramener le cristal jaune qui, actuellement dans sa main, chauffait.
Draco mentait.
- C'est drôle que tu penses que je vais avaler tes conneries, dit Harry avec un sourire en coin. Parce que Daphné est venu me parler quand j'étais à l'infirmerie et ça m'a permis d'avoir des informations plutôt intéressantes sur son comportement. J'ai rapidement compris que tu avais un rapport avec ça et, au moment même où nous parlons, Daphné a inhalé une potion de clairvoyance, lui redonnant la capacité de penser clairement par elle-même.
Il vit le Serpentard serrer les dents.
- Tu vas le regretter Potter ! Lui cracha-t-il à la figure.
- Et comment ? Hein ? Comment ? S'exclama Harry en s'avançant vers lui d'un pas furieux. Il me suffit de contacter Amélia Bones, de lui donner des preuves matérielles et tu seras non seulement renvoyé de Poudlard mais aussi privé de ta baguette. Bien sûr, jamais le Ministre ne laissera l'héritier Malfoy voir sa baguette se faire briser mais tu n'auras plus le droit d'aller Poudlard et tu seras privé de pratiquer la magie en Grande-Bretagne pendant une durée indéterminée.
Le blond lui lança un regard noir mais ne dit plus rien.
- Et quand Fudge aura terminé son mandat, je voterai pour un Ministre à qui ton père ne pourra pas donner de pots-de-vin. Et là, je demanderai un rappel pour que ta condamnation soit revue à la hausse.
- Tu ne peux pas faire ça, dit Draco entre ses dents.
- Je n'ai pas autant de pouvoir sur Fudge que je le voudrais mais un jour, très bientôt, quand j'aurais assez d'alliés au ministère, ta famille ne sera plus rien.
- Tu ne peux PAS FAIRE CA ! Répéta-t-il, le visage contracté -par la peur ou la colère ?- en criant de plus en plus fort.
- Et pourquoi pas ?
- Je vais te tuer Potter ! Je jure que je le ferais !
Mais sa voix tremblait et le cristal dans les mains d'Harry chauffa de nouveau.
- Et comment tu comptes t'y prendre ? Sans baguette ? Et dans un lieu que tu ne peux pas quitter sans mon aide ? Demanda Harry, curieux. Tu vas me frapper, peut-être ? Jusqu'à ce que mort s'en suive ? Tu penses en être capable ? Moi qui pensais que tu comptais toujours sur Crabbe et Goyle pour faire le sale boulot à ta place.
Malefoy souffla s'y fort par le nez qu'Harry vit ses narines s'élargir.
- Tu ne peux pas comprendre ! Dit-il avec une voix rauque et tremblante. Tu ne comprends pas ma situation ! J'y suis obligé ! Cria-t-il si fort que l'écho de ses paroles se répercuta dans toute la salle.
- Tu peux tenir tête à ton père si tu n'es pas d'accord avec ce qu'il fait, avec ce qu'il pense ou avec ce qu'il te demande de faire ! Rétorqua Harry.
- Mon père n'est pas le problème !
Le silence suivit les mots de Draco.
Harry voulait que le Serpentard soit puni pour ce qu'il avait fait à Daphné. Ce qu'il avait dit à propos d'Amélia Bones serait la meilleure chose à faire. Mais, en attendant de savoir s'il allait vraiment le dénoncer ou non, il devait en savoir plus sur ses intentions et il devait l'empêcher d'agir à nouveau contre lui et ses proches.
- C'est Voldemort t'as obligé à faire ça ? Demanda alors Harry, les bras croisés.
- Ne prononce pas son nom ! Siffla Malefoy en pointant son index vers le Gryffondor.
- Mais c'est lui ?
- Oui ! S'exclama le blond. Il… Il a menacé de s'en prendre à ma mère… Ajouta-t-il d'une voix plus faible.
Donc Draco n'était pas volontairement mauvais.
- Mais pourquoi s'intéresse-t-il à Daphné ? Demanda Harry complètement perdu.
- Il s'en fout de Greengrass ! S'énerva Draco, levant les mains au ciel. C'est toi qu'il voulait ! Je devais lui transmettre des informations sur toi ! Tes faiblesses, où tu te trouves quand tu n'es pas à Poudlard, l'heure à laquelle tu vas te coucher, la couleur de ton slip, tout !
- Pour info, je mets des boxers, dit-il quelques secondes plus tard.
Il n'était pas vraiment le moment de faire de l'humour mais cela l'empêchait de penser à ce que Daphné avait bien pu lui dire.
Draco lui lança un regard noir.
- On s'en fout de ce que tu portes Potter !
- C'est toi qui as demandé, se défendit Harry en haussant les épaules. Moi, ce que j'aimerais savoir, c'est ce que Daphné t'a dit sur moi.
- Tu penses sérieusement que je vais te le dire ? Demanda Maledoy, effaré.
- Ecoute, Malefoy : en un claquement de doigts, je peux avoir une fiole de Veritaserum, t'en faire avaler de force car, je te rappelle, tu n'as plus ta baguette et t'obliger à répondre à toutes mes questions.
Bien sûr, il n'allait pas le faire mais, ça, Draco n'avait pas à le savoir.
- Alors évitons de perdre du temps et passons aux aveux, d'accord ? Et ne penses surtout pas à me mentir : ce cristal me le dira si c'est le cas, ajouta-t-il en lui montrant le cristal jaune.
Le Serpentard fit les cent pas. Harry attendit, les bras croisés : il avait tout le temps du monde. Finalement, le blond soupira et ses épaules se baissèrent.
- Très bien, Potter. Tu as gagné, dit-il, défaitiste.
Il s'assit à même le sol. Harry décida de faire de même afin que le Serpentard soit plus à l'aise pour lui parler mais resta à une distance de sécurité au cas où ce serait une ruse.
- En fait, elle ne m'a pas dit grand-chose, avoua-t-il avec frustration en passant ses doigts dans ses cheveux. Elle me filait des infos peu importantes mais elle se retenait d'en dire trop et elle ne me faisait pas assez confiance.
- Et parmi les informations « peu importantes », qu'est-ce qu'elle a dit ?
- Que vous avez commencé à vous fréquenter à la fin de notre troisième année, en juin, parce que tu lui posais des questions sur le monde magique et tes parents. Elle a aussi dit que vous vous êtes vu pendant l'été avec Davis puis avec sa sœur et qu'elle t'aidait pour le Tournoi.
Le Serpentard réfléchit.
- Vous avez commencé à sortir ensemble à la fin de l'année dernière et tu es aussi ami avec Zabini. Elle n'a fait que me parler de toi, de votre relation d'abord amicale puis romantique, elle m'a dit à quel point t'étais parfait bien que parfois un peu exaspérant. J'en pouvais plus, ajouta-t-il avec une grimace de dégout. Je l'écoutais pour la mettre à l'aise, en confiance, mais dès que je dirigeais la conversation vers tes secrets, elle se renfermait.
Bien que cela ne plaise pas à Harry que Daphné ait parlé de leur relation à Malfoy, il fut rassuré de savoir qu'elle n'avait rien révélé de dangereux.
- Je l'ai déjà mise en danger en parlant de mes sentiments pour une fille pour Sorcière Hebdo, dit-il en haussant les épaules. Est-ce que Vold-
Draco écarquilla les yeux.
- Est-ce que Tu-Sais-Qui, reprit Harry en roulant des yeux, sait que Daphné est ma petite amie ?
- Non.
Le cristal resta froid dans sa main, ce qui le rassura.
- A la base, je devais utiliser Granger. Mais quand je vous ai surpris Greengrass et toi, quittant une salle de classe à plusieurs reprises, je vous ai soupçonné de sortir ensemble et je me suis dit qu'elle en saurait bien plus. Mais je ne voulais rien dire à mon père avant d'avoir des informations importantes car le Seigneur des Ténèbres n'aime pas qu'on lui désobéisse.
- Donc ton père croit toujours que tu manipules Hermione ?
- Oui.
- D'accord, dit Harry en hochant la tête, pensif.
- D'accord quoi ?
- Tais-toi une minute, je réfléchis.
- Ne me dit pas de me taire Potter.
- Malfoy, tu veux vraiment que je le fasse par magie ? Demanda Harry, lasse de l'entendre.
Le blond se tut, les lèvres pincées.
Harry réfléchit deux bonnes minutes avant de se décider. L'idée restait dangereuse mais l'information seule n'était pas si importante.
- Je suis l'héritier de Serpentard, dit finalement Harry.
- Quoi ? S'exclama Draco, surpris de l'information qui était venue d'un coup.
- Je suis l'héritier de Serpentard, répéta-t-il plus lentement.
- C'est impossible, dit Malfoy en secouant la tête. Le Seigneur des Ténèbres ne cesse de répéter qu'il est son héritier.
- De par le sang, oui. Mais je suis devenu le nouvel héritier de Serpentard quand j'ai tué le basilic.
- Le basilic… Répéta le blond.
- Le monstre de la Chambre des Secret était un basilic, oui. En le tuant, je suis devenu l'héritier de Serpentard par droit de conquête.
- Pourquoi tu me dis ça Potter ? Demanda-t-il, le regard méfiant.
- Pour deux raisons : premièrement, tu vas le dire à ton père qui le dira à Tu-sais-qui et l'information va le rendre furieux et donc, je l'espère, impulsif et imprudent. Deuxièmement, ça achète du temps de vie à ta mère. Par contre, fais croire que tu manipule Hermione ; ne parles surtout pas de Daphné.
- Non, je veux dire : pourquoi tu m'aides ?
- Ne rêve pas trop Malefoy, dit-il en se levant, je ne fais pas ça pour toi. Ça me donne juste du temps pour réfléchir à ce que je vais bien pouvoir faire de toi et à comment cette situation pourrait me servir.
Harry se dirigea vers l'un des tuyaux qui menait à la sortie.
- Tu vas me laisser ici ? Demanda Draco, abasourdi, en se levant.
- Pour qu'on remarque ton absence ? Non merci.
- Alors quoi ?
- Alors suis-moi idiot.
Le blond le rejoint d'un pas rapide.
- Et ma baguette ?
- Ecoute, dit Harry en se retournant brusquement et en enfonçant son index dans le torse du Serpentard, je te rendrais ta baguette une fois qu'on sera sortis d'ici et je te laisserai partir mais sache qu'au moindre faux pas de ta part j'ai tout ce qu'il me faut pour qu'Amélia Bones vienne te chercher à Poudlard dans les vingt-quatre heures qui suivent. Est-ce que c'est compris ?
Le blond hocha la tête, le regard haineux.
- Et inutile de me regarder comme ça ! Je te rappelle que j'ai décidé de ne pas te balancer à Mme Bones pour le moment et que je viens momentanément de sauver ta mère. En fait, tu devrais carrément me remercier.
La lueur de haine dans les yeux du blond ne disparut pas mais il serra les dents et hocha la tête, comprenant la situation.
Ils marchèrent en silence jusqu'à la porte circulaire aux serpents puis arrivèrent devant le tuyau penché dont l'entrée se trouvait dans les toilettes de Mimi Geignarde.
$Echelle !$
Harry regarda par-dessus son épaule alors que l'échelle apparaissait. Le blond avait perdu toute couleur sur son visage. Harry sourit à Malefoy qui pâlit encore plus. Ils commencèrent leur longue ascension, toujours en silence, Harry le premier et le Serpentard le suivant. Arrivé en haut, Harry lançant le sort Revelio afin de savoir s'il y avait quelqu'un dans les toilettes. Apparemment, il n'y avait personne et Harry espéra que Mimi ne soit pas là, le sort ne tenant compte que des gens vivantes.
$Ouvre-toi !$
Les éviers bougèrent jusqu'à laisser assez de place à Harry et Draco pour sortir. Harry referma l'entrée puis se tourna vers Malefoy qui avait gardé son air renfrogné. Il leva les yeux au ciel et sortit sa baguette, par mesure de précaution, avant de sortir celle du blond et de la lui rendre. Il la lui arracha des mains avant de sortir des toilettes d'un pas furibond.
Lorsqu'il fut certain que le Serpentard se soit éloigné, Harry sortit la carte du Maraudeur. Il vit Draco se diriger vers les escaliers, retournant probablement dans sa salle commune, puis chercha Daphné, Tracy et Blaise. Les trouvant dans la salle de classe désaffectée où ils avaient l'habitude de se réunir avant qu'il ne leur montre la Salle-sur-Demande, il se mit en marche.
Il toqua à la porte un certain nombre de fois, comme ils en avaient l'habitude, et Blaise vint lui ouvrir. Harry entra alors que le Serpentard fermait la porte derrière lui et laissa son regard vagabonder dans la pièce. Sur la gauche, là où il y avait un canapé, était assise Daphné, avec Tracy et Astoria, chacune à ses côtés. Astoria entourait ses épaules de son bras alors que Tracy lui frottait le dos. La brune avait la tête plongée dans ses mains, ses coudes sur ses genoux.
Harry s'avança doucement, ne sachant pas comment se sentait sa petite amie. Tracy releva la tête puis chuchota quelque chose à sa meilleure amie qui hocha la tête. La blonde lui fit signe de s'approcher et Harry se mit accroupi devant la brune, posant prudemment une main sur son genoux droit et le caressant avec son pouce.
- Hey, la salua-t-il avec une voix douce. Comment tu te sens ?
- Mal, dit-elle. Je t'ai traitée comme de la merde, ajouta-t-elle sans lever la tête.
Ce n'était vraiment pas le moment de sourire en pensant que Daphné avait dit le mot 'merde', elle qui mettait un point d'honneur à parler correctement, alors il se retient.
- Oh, à peine, rationalisa-t-il.
Elle releva la tête et croisa son regard. Ses yeux étaient brillants de larmes mais aucune ne coulait.
- Tu n'es pas à blâmer, Daphné, tu agissais contre ta volonté. Aucun de nous ne t'en veux.
Elle regarda les trois Serpentard autour d'elle qui confirmèrent les mots d'Harry d'un hochement de tête.
- Mais, plus sérieusement, comment tu te sens ?
- Mieux mais fatiguée, dit-elle en baillant. Vous n'imaginez pas à quel point c'est usant de se méfier de tout le monde.
Tracy fit un signe à Blaise vers la porte puis attira l'attention d'Astoria.
- On va vous laisser, dit Astoria qui avait compris l'idée de la blonde. A demain Daphné.
La jeune Serpentard serra sa sœur dans ses bras avant de rejoindre ses ainés et de quitter la salle.
- Je suis assise sur ce canapé depuis une heure, dit soudainement Daphné. Et je n'ai jamais connu plus inconfortable que celui-ci.
Harry eut une idée.
- Viens avec moi, je veux te montrer quelque chose, dit-il en lui tendant la main.
Elle s'y agrippa pour se lever et il fut soulagé lorsqu'elle ne la lâcha pas. Harry regarda la carte du Maraudeur pour s'assurer que personne n'était dans les parages. Ils devront être encore plus vigilants à l'avenir, sachant maintenant que Draco les avait vus quitter la même salle à quelques minutes d'intervalle. Une fois sortis, ils rejoignirent les escaliers et descendirent jusqu'au rez-de-chaussée.
- Les cuisines sont de ce côté, je te les montrerai une autre fois, indiqua-t-il lorsqu'ils arrivèrent près de la statue des trois farfadets. Regarde.
Il chatouilla le ventre du farfadet qui mangeait des poires et la statue bougea, révélant une entrée.
- Un passage secret ? Demanda Daphné, surprise.
- Oui mais pas seulement, dit-il, énigmatique.
Elle le suivit sans discuter sur les deux cents premiers mètres, fut étonnée de la destination des deux premiers tunnels puis passa les deux cents mètres suivants dans le silence jusqu'à la porte ronde.
- Les légendes disent que les fondateurs avaient chacun une salle secrète dans le château. Celle de Serpentard est la tristement célèbre Chambre des Secrets. La Salle-sur-Demande est celle de Serdaigle et, derrière cette porte, se cache celle de Poufsouffle.
Elle ouvrit grand les yeux en le regardant.
- Sérieusement ?
- Entre et dis-moi ce que t'en penses.
Daphné lâcha sa main pour la poser sur la poignée. Elle ouvrit la porte en grand puis entra dans la pièce. Elle regarda le canapé, la cheminée et les nombreuses plantes qui décoraient l'endroit. Ensuite, elle tourna sur elle-même et regarda les hublots avant de s'approcher d'un en particulier.
- C'est ma salle commune, constata-t-elle. Et là, dit-elle en se tournant vers un autre, c'est le bureau d'Ombrage.
- J'ai installé la brique de surveillance dans le bureau de Maugrey l'année dernière. Que Rogue choisisse de garder son bureau dans les cachots, donnant celui-ci à Ombrage est une heureuse coïncidence.
Elle bailla puis s'assit sur le canapé.
- Il est vraiment confortable celui-là, dit-elle ne baillant de nouveau.
- J'y ai beaucoup dormi ces dernières semaines, dit Harry en pensant aux nombreux soirs passé à regarder les hublots pour voir Daphné.
La brune du sentir le sous-entendu puisqu'elle baissa la tête en soupirant.
- Je suis vraiment fatiguée, dit-elle en passant une main sur son visage. Est-ce que… je peux dormir ici ?
- Bien sûr, acquiesça Harry. Tu veux que je reste ? Demanda-t-il avec hésitation.
- Si je n'avais pas voulu que tu restes, j'aurai fait l'effort de marcher jusqu'à mon dortoir, répondit-elle avec un sourcil levé.
Harry lui sourit puis alla dans un coin chercher le pull gris et le pantalon en coton noir qui lui servaient de pyjama. Il revint vers le canapé et les lui tendit.
- Tiens, c'est pour te mettre à l'aise.
- Et toi ?
- Je me suis plusieurs fois endormi habillés, dit-il en haussant les épaules. J'ai l'habitude.
Elle le remercia puis, alors qu'Harry attendait assis sur le canapé, elle se racla la gorge et montra les vêtements.
- Oh, oui, pardon.
Il sortit de la salle et attendit derrière la porte qu'elle se change. Elle l'avertit qu'il pouvait rentrer quelques minutes plus tard. Il s'approcha du canapé sur lequel elle était assise, ne sachant pas où il devait se mettre ni si elle préférait qu'il ne dorme pas dans le canapé avec elle. Elle bailla à nouveau en le regardant puis se leva, le poussa pour qu'il s'allonge puis prit place devant lui. Elle prit sa main dans la sienne, faisant en sorte que le bras d'Harry soit autour de sa taille puis soupira de contentement. Le jeune Potter sourit en resserrant sa prise sur Daphné puis ferma les yeux.
Il dormit très bien cette nuit-là.
Le lendemain, Harry se réveilla, détendu. Il voulut s'étirer mais une masse chaude tout contre lui l'empêcha de bouger. Il sourit en se rappelant les événements de la veille et ouvrit les yeux. Daphné s'était retournée pendant son sommeil, étant alors face à lui, le visage dans son cou. Il recula un peu et elle tourna la tête, le visage tourné vers le plafond. Le feu, bien qu'entretenu par Dobby durant la nuit, n'éclairait que faiblement la pièce mais cela fut suffisant à Harry pour observer les traits endormis et paisibles de sa petite amie.
Il traça un trait invisible sur son visage, en trainant le bout de son doigt sur son front, sa tempe, sa joue, son menton, son autre joue, sa deuxième tempe puis repasse sur le front pour redescendre sur le nez. Un fin sourire étira les lèvres de la brune qui ouvrit lentement les yeux et dirigea son regard vers lui.
- Bonjour, murmura-t-elle.
- Bonjour Miss Greengrass, la salua-t-il avec un sourire tendre. Avez-vous bien dormi ?
- Mon sommeil a été très reposant, confirma-t-elle. Grace à vous, Monsieur Potter.
Harry l'embrassa longuement sur la joue.
- Je pense qu'il n'est pas encore l'heure, sinon Dobby serait venu nous réveiller, dit-il.
Daphné prit la main d'Harry et amena son poignet devant son visage afin de voir le cadran de sa montre.
- Il n'est que six heures, dit-elle en lâchant le bras d'harry et en mettant son propre bras en travers de ses yeux et en baillant. Mais il me faut retourner à mon dortoir pour me laver et prendre mon sac. Ce serait mieux si je partais maintenant.
- Ou tu pourrais rester quelques minutes de plus et Dobby te ferait apparaitre dans la salle de bain de ton dortoir.
- Bien sûr, acquiesça-t-elle, effrayer mes camarades en apparaissant soudainement à côté de l'une d'elle, complètement nue sous la douche, est une excellente idée.
- Ou, réfléchit à nouveau Harry, Dobby peut aller chercher tes affaires et tu peux te doucher dans la Salle-sur-Demande.
- Dobby peut nous y faire apparaitre tous les deux ?
- Il peut nous faire apparaitre dans le couloir où se trouve la porte, confirma-t-il.
- Alors, d'accord pour quelques minutes supplémentaires, dit-elle en se tournant vers lui.
Harry sourit et l'entoura de ses bras, puis ferma les yeux.
Un Colin plus qu'inquiet vint le voir cet après-midi-là.
Ombrage n'ayant pas l'autorité pour enlever des points, elle ne pouvait pas forcer le Gryffondor à venir à ses retenues. Et elle ne pouvait pas non plus en parler aux professeurs, puisque ses soupçons sur Colin n'étaient pas vérifiés. Le blond craignait qu'elle ne parvienne finalement à lui faire du tort autrement et, en attendant, avait peur de la sorcière qui le regardait sinistrement à chaque fois qu'il la croisait.
Harry l'avait rassuré autant qu'il le pouvait sans lui parler de ses démarches auprès d'Amélia Bones. Le jeune Potter savait que ce genre de procédures était difficile à mettre en marche et pouvait prendre du temps à aboutir.
Après les cours, Harry fit ses devoirs avec Hermione et Neville. Il en profita pour leur parler de ce qui était arrivé à Daphné. La première réfléchissait à toutes les règles de Poudlard et toutes les lois de la communauté magique de Grande-Bretagne que le Serpentard avait enfreintes en manipulant Daphné tandis que le second se demandait ce qu'il fallait faire dans cette situation. Ce à quoi Harry répondit en expliquant de manière simplifiée sa discussion avec Draco. Il ne parla pas de son statut d'héritier de Serpentard ni que la mission du blond était de Voldemort -il leur dit que c'était un ordre de son père.
Les dix prochains jours ne furent pas de tout repos.
Une affiche parlant d'une nouvelle visite à Pré-au-Lard fut placardée sur le tableau d'affichage de la salle commune. Elle était prévue pour le samedi de la semaine suivante. A côté, une liste des dates des derniers entrainements de Quidditch prévus par Angélina. Elle n'était peut-être pas aussi stricte qu'Olivier Dubois, mais elle organisait beaucoup d'entrainements entre chaque match.
Harry reçu beaucoup de bonnes nouvelles aussi par courrier.
Le rendez-vous avec Lord Greengrass, Lord Davis, Lady Londubat et Lady Zabini fut fixé au vendredi deux janvier ; Amélia Bones lui annonça qu'une enquête sur Ombrage avait discrètement été lancée dans son département ; Ragnock lui confirma les bienfaits du projet des jumeaux Weasley pour l'avenir et lui conseillait de le financer selon certaines conditions juridiques et économiques, -Harry ne comprenait pas tout mais faisait confiance au gobelin. Harry envoya donc son aval et demanda au gobelin de rédiger un accord à envoyer ensuite aux concernés qui devraient le signer.
Angélina avait programmé les essais pour un nouveau gardien cette semaine-là. Il n'y eut pas beaucoup de volontaire ; seuls Ron, une élève de quatrième année plutôt grande pour son âge et un élève de deuxième année assez costaud se présentèrent. Harry et ses camarades de dortoir ainsi qu'Hermione et Ginny étaient assis dans les gradins afin d'encourager Ron. Fred et Georges étaient sur le terrain, batte à la main.
Comme la première fois, Ron bloqua tous les tirs sauf un tout en évitant efficacement les cognards. La quatrième année était plutôt rapide et évita les cognards et ne rata aussi qu'un seul but mais avait des difficultés à manipuler son balai. Le deuxième année, quant à lui, était plutôt lent et avait raté un souaffle sur deux, trop occupé à éviter les cognards.
Lorsqu'Angélina siffla pour arrêter les essais, elle se concerta avec Alicia Spinnet et Katie Bell, ses coéquipières poursuiveuses, puis elle annonça que le nouveau gardien était Ron car il avait raté le moins de souaffles tout en ayant une meilleure technique sur son balai. Quand Harry, Fred et Georges lui souhaitèrent la bienvenue dans l'équipe, ses oreilles furent tout rouges. Et ses joues suivirent lorsqu'Hermione le félicita à son tour.
Le samedi suivant leurs « retrouvailles », Harry et Daphné passèrent leur soirée dans la Salle-sur-Demande, après avoir demandé un terrain spacieux avec quelques arbres couchés et un petit saule pleureur où Dobby installa un pique-nique. Harry montra à la brune les progrès qu'il avait fait sous sa forme animagus féline en courant et sautant au-dessus des troncs puis la laissa caresser sa fourrure un moment. Daphné lui demanda à plusieurs reprises la forme de son second animagus mais Harry tint bon. Sa métamorphose n'était pas encore complète donc elle devrait attendre encore un peu.
Vers minuit, après avoir terminé leur repas depuis longtemps et avoir épuisé tous leurs sujets de discussions, ils auraient dû rentrer dans leur dortoir respectif. Mais ces neufs semaines de séparation leur pesaient encore et, sans même devoir en parler, ils changèrent la salle pour une pièce d'intérieur puis ils s'installèrent confortablement l'un contre l'autre, s'endormant paisiblement.
