Chapitre 43
Le samedi matin, lors du petit-déjeuner, les chouettes et hiboux s'engouffrèrent dans la Grande-Salle par centaines. Et malheureusement, ce n'était pas la première fois cette semaine.
Deux jours plus tôt, à la Une de la Gazette, on pouvait voir les visages émaciés et les sourires édentés de Rodolphus, Rabastan et Bellatrix Lestrange, trois mangemorts très connus pour avoir appartenu au cercle restreint et proche de Voldemort. Le journal annonçait que ces trois-là et quelques autres mangemorts moins connus s'étaient évadés d'Azkaban. Une partie de l'article contenait le bref témoignage du Ministre qui incitait la population magique à garder son calme et l'informait que les aurors pourchassaient activement les criminels.
Ce matin, il reçut un courrier officiel du département de la Justice magique. Amélia Bones le convoquait comme témoin pour le procès de Croupton Junior le 18 janvier. Il était invité à se rendre à son bureau deux semaines plus tôt afin de le préparer aux questions qu'on lui poserait.
La Une du jour était à la fois semblable et très différente des nouvelles récentes. Il y avait eu un nouveau quartier moldu dont les habitants avaient été tués. Ce qui changeait des trois dernières fois était que, cette fois-ci, la marque des ténèbres flottait dans le ciel.
Voldemort avait-il changé d'avis sur le fait de rester dans l'ombre ? Ou l'un des mangemorts récemment évadés avait-il été impulsif et contredit les ordres de son maitre ?
Harry vit Neville, qui était assis à ses côtés, serrer le poing tout en lisant l'article. Le jeune Potter avait vu son ami pâlir à la lecture de la Une du jeudi et le jeune Londubat s'était ensuite renfermé, préférant aller se coucher tôt le soir-même plutôt que de rester en la compagnie de ses amis dans la salle commune. Aujourd'hui, une sortie à Pré-au-Lard était prévue et de nombreux aurors seraient présents dans le village pour assurer leur sécurité.
Malheureusement, Harry savait d'avance que Neville ne viendrait pas avec eux.
N'ayant rien de particulier à faire et le froid les poussant à rester à l'intérieur, Harry et Hermione entrèrent aux Trois Balais. Ils ne voulaient pas rester loin du château trop longtemps –Hermione avait également remarqué que Neville n'était pas dans son assiette mais ce dernier avait insisté pour qu'ils aillent au village- mais voulaient boire une boisson avant de rentrer.
Lors d'une de leur dernière discussion, Sirius lui avait parlé des deux salles à l'étage de la taverne. Si on s'y prenait assez tôt, il était possible de les réserver. Harry avait donc réservé les deux salles pour ses amis de Serpentard, Hermione et lui-même afin qu'aucune personne indésirable ne puisse monter –avec l'excuse d'aller dans la salle non réservée- et tomber sur eux.
Ainsi, tel qu'il l'avait voulu depuis l'année dernière, Harry pouvait enfin passer du temps avec sa petite amie et -presque- tous ses amis à Pré-au-Lard.
- Comment va Neville ? Chuchota Daphné alors qu'Hermione et Blaise écoutaient avec amusement les péripéties de Tracy.
- Il n'a pas bien pris la nouvelle, dit Harry avec un sourire triste. Je vais essayer de lui parler demain.
- Si tu as besoin de temps avec lui, on peut annuler notre rendez-vous de demain, lui dit Daphné, les sourcils froncés d'inquiétude.
- Ouais, je pense que c'est une bonne idée. Je vais avoir besoin de la salle-sur-Demande aussi. J'ai pensé à un moyen de comprendre ce qu'il ressent et à un moyen de l'aider. J'espère que ça fonctionnera.
- Tiens-moi au courant, d'accord ?
- Bien sûr, acquiesça Harry en l'embrassant chastement.
- Qu'est-ce qu'on fait ici Harry ? Demanda Neville, les sourcils froncés.
Le jeune Londubat avait accepté de le suivre sans poser de question mais maintenant qu'il regardait autour de lui et voyait les mannequins d'entrainement et les tapis, Harry comprenait que Neville se pose cette question.
- Tu ne peux pas quitter Poudlard et pourchasser Bellatrix pour te venger, dit Harry avec précaution. Mais tu peux dire ce que tu as sur le cœur ou te défouler sur ces mannequins. Ça permettra, j'espère, de te sentir un peu mieux même si ça ne change rien à la situation actuelle et à t'améliorer magiquement.
Neville ne dit rien pendant une minute, laissant son regard étudier les deux mannequins face à eux. Puis il se tourna vers Harry, les yeux brillants.
- Je ne suis pas très fort en magie, Harry. Je doute que lancer des sorts sur ces mannequins me rendent plus fort alors que ces quatre années à Poudlard ne m'ont pas rendu plus fort.
- Défoule-toi d'abord. On verra plus tard ce qu'on peut faire pour que tu t'améliores, d'accord ?
Lui conseillant de lancer des Expelliarmus et Stupefix pour commencer, Harry observa Neville jetant sorts sur sorts. Si son ami articulait bien et que sa prise sur sa baguette semblait bonne, les sorts n'étaient pas très puissants. Les mannequins bougeaient à peine, comme si on les avait effleurés et non violemment bousculés comme quand c'était Harry qui lançait des sorts.
Soudain Harry se souvint du changement de puissance qu'avait connu Ron entre leur deuxième et troisième année. Et la cause avait été sa baguette, qui était transmise de génération en génération dans la famille Weasley, ces derniers ne pouvant se permettre d'acheter de nouvelle baguette.
- Neville ?
Harry attendit qu'il reprenne son souffle avant de lui poser la question :
- Ta baguette, tu l'as achetée chez Ollivanders ?
- Non, c'est celle de mon père. Grand-mère disait que papa était un puissant sorcier et que sa baguette m'aiderait à être comme lui. Mais je pense que la baguette ne suffit pas… Finit-il en fronçant les sourcils.
- Quand je suis allé chez Ollivanders, il m'a dit que c'était la baguette qui choisissait son sorcier. Je pense que la baguette de ton père l'avait choisi lui mais que celle-ci n'est pas faite pour toi, essaya de lui faire comprendre Harry.
Pensif, Neville se tourna à nouveau vers les mannequins et relança des sorts.
Harry n'en reparla plus mais il espéra que son ami y réfléchirait.
Ombrage l'avait convoquée à son bureau le lundi après les cours. Alors qu'il buvait sa tasse de thé, il pouvait voir que la sorcière n'était pas de bonne humeur. D'ailleurs, les chatons des assiettes décoratives devaient le sentir car ils étaient si agités qu'elle avait dû les faire taire d'un mouvement de baguette.
Leur discussion n'avait duré que deux minutes.
Elle lui avait fait part des murmures qu'elle avait entendu durant le week-end. Après les articles inquiétants de la semaine précédente, les élèves craignaient que les mangemorts ne reprennent leurs actions, que leur maitre soit là ou non. Certains craignaient même que Voldemort -bien sûr, Ombrage ne dit pas son nom à voix haute- ne soit pas mort.
Elle lui demanda d'arrêter ces rumeurs puis le congédia brusquement.
Harry ignorait comment il pouvait bien faire ça -et de tout façon, il ne comptait pas le faire- mais acquiesça, ne voulant pas la mettre davantage de mauvaise humeur.
Sans doute son agitation avait un lien avec l'enquête d'Amélia Bones sur sa personne.
Bien.
Cela prouvait qu'elle avait quelque chose à cacher.
En une heure, Harry ne parvint pas à faire grand-chose. Et s'il se fiait aux grognements frustrés de sa meilleure amie à sa droite, Hermione n'en menait pas large non plus.
A chaque fois qu'il touchait la boule avec ses doigts, elle éclatait et mouillait son bureau, son pull et son pantalon. Pas moyen de la diviser si juste la toucher avait cet effet. Et ça faisait une semaine qu'il n'y avait eu aucune amélioration.
A la fin de la première heure de cours, le professeur Babbling proposa à ses élèves de passer à la rune de terre afin de faire taire leur frustration et faire quelque chose de productif.
Alors Harry alla chercher l'un des pots que leur professeur avait mis à leur disposition à l'avant de la classe, revint à son bureau, traça une rune de terre sur sa paume gauche et une boule se forma à partir des particules de terre se trouvant dans le pot.
Comme deux semaines auparavant, il la changea de forme. La boule devint un cube, puis une pyramide et, enfin, avec un peu de concentration, un bonhomme de neige –enfin, de terre ! Harry resta concentré mais en profita pour appeler doucement Hermione qui roula des yeux tout en souriant devant son chef-d'œuvre.
Le professeur Babbling le félicita en passant puis il lui redonna sa forme sphérique. Par contre, diviser la boule ne fut pas simple. A chaque fois, la boule d'origine s'effritait. Ce n'est qu'à la fin de l'heure qu'Harry réussit à se concentrer suffisamment pour la diviser en deux.
Pouvoir jouer avec les éléments était ce qu'Harry préférait pour le moment. Mais la Nature n'était pas si docile. S'il parvenait à faire ça dans une salle de classe, cela ne voulait pas dire qu'il y arriverait aussi facilement à l'extérieur.
Ne pouvant se permettre de refuser une invitation de Slughorn, Harry prit son mal en patience et essaya de ne pas montrer son ennui. Bien que certains de ses camarades ne s'embêtent pas à le cacher. Echanger quelques regards rapides avec Daphné fut le seul amusement du jeune Potter qui n'attendait qu'une chose : passer la soirée avec sa petite amie avant le départ du Poudlard Express le lendemain matin.
Heureusement, il ne les retint que deux heures -habituellement, ils devaient rester bien plus longtemps- et Harry put se rendre immédiatement dans la Salle-sur-Demande. Hermione, qui était au courant de ses plans pour la soirée, lui adressa un sourire amusé face à son empressement.
Hermione ne comprenait que trop bien qu'il veuille passer autant de temps que possible avec sa petite amie, elle-même ayant dû repousser la date à laquelle elle reverrait Victor. Ils continuaient de s'échanger de nombreuses lettres, bien que la distance les séparant fatiguait rapidement les chouettes, allongeant considérablement le délai d'attente entre deux lettres. Les parents d'Hermione avait été favorable à ce qu'Hermione passe quelques jours en Bulgarie avec Victor mais les entrainements de son équipe de Quidditch et des séances d'autographes prévues à la dernière minutes avaient changé leurs plans. Victor avait promis de se rattraper.
Harry aurait bien voulu les aider afin de leur permettre de se voir plus souvent mais, à son échelle, il ne voyait pas ce qu'il pouvait faire pour le moment. Surtout qu'il n'avait aucun contrôle sur le Quidditch ou sur les fans. Et l'argent n'était pas un problème sinon il aurait payé le voyage à l'un comme à l'autre.
Il expliqua le problème à Daphné lorsqu'elle arriva mais elle confirma qu'il ne pouvait rien faire pour changer l'emploi du temps du joueur de Quidditch et qu'elle comprenait qu'Hermione ne veuille pas sacrifier le peu de temps qu'elle avait avec ses parents pour le passer entièrement avec Victor.
Ils passèrent la soirée et la nuit à discuter et à se prélasser sur le canapé devant la cheminée, se gavant de pâtisseries et chocolats chauds.
Le lendemain matin arriva trop vite à leur gout. Harry avait demandé à Dobby de les réveiller à huit heures pour que Daphné puisse rejoindre son dortoir au plus vite. Leurs yeux collaient et ils baillaient à s'en décrocher la mâchoire mais le trajet en train leur permettrait de rattraper leur sommeil. Quand l'elfe disparut avec sa petite amie, il prit le chemin de sa salle commune.
Heureusement, comme à son habitude, il avait déjà préparé ses affaires la veille. Il laissa sa malle ici mais prit quelques livres et fournitures dont il aurait besoin pour faire ses devoirs dans un sac à dos. Alors qu'il était sous la douche, il se remémora ce qu'il y avait mis afin de s'assurer qu'il n'avait pas oublié quelque chose d'important. Et c'est là qu'il eu une idée pour aider Hermione.
Pixel arriva dans le dortoir quand il sortit de la salle de bain.
- Alors, t'étais passé où, petit vadrouilleur ?
Par de petits gestes de la main et en se dandinant, Pixel essaya de lui faire comprendre qu'il était avec quelqu'un.
- Avec Astoria ?
Ron ronflant toujours et Neville finissant calmement de préparer ses affaires. Dean et Seamus était partit déjeuner pendant qu'il prenait sa douche donc il n'y avait pas d'oreilles qui trainaient.
- ZzZ ! ZzZ ! confirma Pixel.
Harry ouvrit à nouveau sa malle et sortit deux miroirs à double-sens. Il avait déjà prévu d'en donner un à Hermione en fin d'année scolaire mais, puisque sa meilleure amie ne pouvait que très peu communiquer avec Victor, autant le lui donner plus tôt et lui en donner un second afin qu'elle le transmette au Bulgare. Ce serait son cadeau de Noël.
Le nix s'assit ensuite sur son épaule et, lorsque Neville eut fermé sa malle, ils descendirent déjeuner. Ils croisèrent de nombreux élèves dans le hall, la plupart trainant leur malla derrière eux, d'autres remontant précipitamment les escaliers pour finir de préparer leurs affaires avant l'arrivée du Poudlard Express.
Hermione était déjà assise à la table des Gryffondor, son sac à ses côté, déjeunant tranquillement. Bien sûr, ayant déjà préparé ses affaire et ayant utilisé la salle de bain pendant que ses camarades couraient dans tous les sens pour retrouver leur maquillage ou une jupe, Hermione n'avait aucun besoin de courir.
Avant de quitter la Grande Salle, Eleanor le rattrapa en criant son nom. Elle n'était pas encore à sa table lorsqu'il était arrivé, ils n'avaient donc pas déjeuné ensemble. La jeune fille le serra dans ses bras brièvement avant de reculer, le rose aux joues, puis lui souhaita de passer un joyeux Noel avant de retourner à sa table avec ses amis.
- Mooooooh, fut attendrie Hermione.
- Ne commence pas, la menaça faussement Harry avec un sourire.
- C'est mignon, se contenta de dire Neville avec un sourire. On dirait une petite sœur qui dit au revoir à son grand frère.
Harry roula des yeux à ce commentaire mais ne put empêcher un sourire d'étirer ses lèvres.
Une main secouant son épaule le réveilla en douceur.
- Harry, on sera à King's Cross dans moins de dix minutes, lui dit Hermione.
Harry s'était endormi même pas une heure après le départ du train. Les quelques minutes restant avant leur arrivée en gare lui permirent de chasser les derniers signes de somnolence avant de se lever pour se dégourdir les jambes dans le couloir.
Heureusement, il avait donné les miroirs à Hermione dès qu'ils s'étaient installés dans le compartiment. Sa meilleure amie avait hésité entre être émerveillé par cet objet magique et être heureuse du cadeau et de sa signification. Bien sûr, elle l'avait remerciée avant de finalement lui poser des questions sur les miroirs. Bien qu'il ne sache pas grand-chose dessus, il fit son possible pour étancher sa soif de connaissance.
- A dans trois semaines ! Le saluèrent Hermione et Neville, la première traversant ensuite le mur menant au côté moldu de la gare et le second rejoignant sa grand-mère.
- Sirius ! Le salua Harry en prenant son parrain dans ses bras.
Le Lord Black fit face à son enthousiasme puis, posant les mains sur ses épaules, recula pour mieux regarder son filleul.
- T'as encore grandi on dirait !
- Je suis un ado en pleine croissance, répondit Harry avec un grand sourire. Et encore, tu n'as pas vu Ron : il me dépasse presque d'une tête !
- Ah les Weasley ! S'exclama-t-il en marchant vers la zone de transplanage. A part Charlie, tous les fils de Molly sont grands !
Arrivés au bout du quai, ils disparurent. Quand il ouvrit les yeux, Harry reconnut la petite cour à l'arrière de la taverne.
- On reste une petite heure puis on s'en va, d'accord ? Ton amie vampire n'était pas là tout à l'heure, l'informa Sirius. Mais elle est peut-être descendue de sa chambre depuis.
Le remerciant et lui donnant son sac à dos, Harry se dirigea vers la salle alors que son parrain entrait dans les cuisines.
Son parrain n'avait pas été très à l'aise à l'idée qu'il soit ami avec une vampire au début bien qu'il fassent des efforts car c'était la taverne de Remus et que son meilleur ami était aussi une créature magique. Mais Sirius les avait observés durant l'été et Remus n'avait rien eu de négatif à dire sur la vampire. Donc il était plus tranquille avec l'idée depuis quelque temps.
Une tasse de sang chaud entre les mains, Elisandre le regarda s'asseoir face à elle sans dire un mot. Son regard ne luisait pas, le cercle rouge typique des vampires autour de son iris marron étant très fin et terne.
- Bonjour Eli, la salua Harry poliment mais avec un grand sourire.
Même si elle restait gentille avec lui et lui permettait de l'appeler par son diminutif, elle restait une créature dangereuse à ne surtout pas froisser.
- Harry Potter, répondit-elle d'une voix suave.
Mais elle ne dit rien de plus, buvant son breuvage une gorgée à la fois, son regard ne se détournant jamais de lui.
- C'est meilleur chaud que froid ? Demanda-t-il par curiosité mais surtout pour faire la conversation.
- La température interne du corps humain est de trente-sept degrés donc le sang fraichement sorti de la carotide…
Elle laissa sa phrase en suspens.
-… est chaud, termina Harry en grimaçant intérieurement. J'en conclus que vous le préférez chaud, ajouta-t-il, serrant les lèvres en une ligne fine.
Eli eut un sourire en coin.
- Votre scolarité se passe-t-elle bien ?
- Aucun problème de ce côté-là, répondit-il en secouant la tête. Quel groupe ? Demanda-t-il en pointant la tasse.
- O négatif. Votre ami loup-garou a de très bons fournisseurs.
Harry n'avait aucune idée de la manière dont Remus se fournissait en sang mais, même s'il était convaincu de la légalité de la chose, il ne voulait pas le savoir.
- Ravi que ça vous plaise, je lui en ferai part.
L'anneau rouge de ses yeux luit brièvement, ce qu'Harry prit pour un signe d'amusement.
- J'ai quelque chose pour vous, dit-il ensuite en se levant. Je reviens dans une minute.
Harry se dirigea vers les cuisines pour aller récupérer son sac et fouilla à l'intérieur. Il en sorti un paquet, reposa son sac puis revint à la table d'Eli.
- Tenez.
Le paquet était un sachet blanc portant le logo de la boutique de bonbons Honeydukes.
- Des sucreries ? Fut-elle surprise.
- J'espère que ce n'est pas déplacé, lui dit-il, un peu nerveux, lorsqu'elle découvrit ce qu'il y avait à l'intérieur. C'est pour vous remercier de votre gentillesse.
La vampire sortit une sucette rouge et leva un sourcil.
- Ce sont des sucettes parfumées au sang, précisa-t-il.
Elle eut un sourire amusé en rangeant la sucette dans le sachet.
- On ne m'avait jamais fait pareil cadeau. Merci pour le geste Harry Potter, ajouta-t-elle en posant brièvement sa main froide sur celle d'Harry et de la serrer avant de la remettre autour de la tasse.
L'amitié entre sorcier et vampire était un fait rare –seul le vampire Sanghini côtoyait l'auteur du livre qu'il avait aidé à écrire- et Harry l'appréciait énormément, non pas par sa rareté mais par la personnalité de sa nouvelle amie.
C'est reposé qu'Harry entra dans la cuisine du château, saluant Sirius qui buvait son café en lisant la Gazette. Habillé d'une écharpe et d'un bonnet, Pixel était déjà parti virevolter à l'extérieur alors qu'Hedwige dormait tranquillement sur le perchoir dans sa chambre.
Tonks n'allait pas tarder à arriver et Harry était impatient de commencer la leçon. Il n'avait plus eu de leçon de métamophomagie depuis l'été et ça lui manquait. Plus que quelques leçons et peut-être que Tonks l'aiderait à trouver ce qu'il pouvait faire d'autres que modifier ses cheveux. A supposer qu'il ait le pouvoir de faire autre chose.
Son parrain lui demanda ses plans pour la semaine et, alors que Dobby lui servait son petit-déjeuner, lui révéla vouloir aller sur le Chemin de Traverse cette après-midi pour acheter des cadeaux et devoir s'occuper d'un projet secret.
Sirius et Remus savait qu'il avait un projet –mais ils en ignoraient la nature. Non pas qu'il ne leur fasse pas confiance mais il voulait leur en parler lorsque les travaux seraient presque terminés.
Lorsque la cousine –ou plutôt, petite cousine- de Sirius arriva, Harry remarqua que, malgré ces airs joyeux, elle semblait fatiguée. Elle les salua avec un grand sourire puis, alors que Sirius les laissait seuls, elle demanda :
- Remus n'est pas là ?
- Non, il travaille à la Taverne, lui répondit-il comme à chacune de ses visites.
- Ah… Dit-elle déçue bien qu'elle s'y attendait. Et il travaille aussi demain ?
- Il ne prend congé que demain soir avant de reprendre mercredi matin.
- Il travaille trop, dit-elle, exaspérée. Enfin bref, dit-elle subitement, les joues roses, reprenons là où on en était.
Harry fut amusé par sa réaction mais ne commenta pas. Il ferma les yeux –il s'était aperçu qu'il n'y arrivait pas les yeux ouverts car toute chose pouvait le déconcentrer- et pris une grande inspiration.
Il visualisa ses cheveux noirs et courts pousser lentement tout en prenant graduellement une teinte plus claire. Il sentit la magie monter en lui et n'ouvrît les yeux que lorsque les picotements dus aux changements capillaires se soient arrêtés.
- Bien, le félicita l'auror.
Harry remarqua que Pixel était assis sur l'épaule de Tonks. Il avait dû arriver discrètement alors qu'il avait les yeux fermés.
- Je ne vois aucun défaut et ça t'as pris moins longtemps que la dernière fois. On va essayer de corser les choses maintenant.
- C'est-à-dire ? Demanda Harry, curieux et impatient.
- Eh bien, si tu veux que le changement soit parfait, il faut que TOUS les poils de ton corps soient de la même couleur : tes sourcils, les poils sur ton torse si tu en as, ta moustache et ta barbe –quand ça commencera à pousser, ajouta-t-elle en lui faisant un clin d'œil-, les poils au niveau de la ceinture, ceux sur tes jambes, absolument tous !
Harry referma les yeux et s'appliqua à visualiser plusieurs parties de son corps qui étaient poilus, une à une, changeant de couleur. Cela prit plus de temps et, alors que les picotements se faisaient habituellement ressentir au niveau du crâne, Harry réalisa que la magie se déplaçait là où les changements devaient avoir lieu.
Cela lui prit une dizaine d'essai et de vérification dans une autre pièce -hors de question de regarder dans son boxer devant l'auror- avant d'y parvenir. Il les changea en blond et raccourcit ses cheveux puis les boucla. Lorsqu'il eut à peu près réussi –il avait trop bouclé les poils de ses jambes et de ses sourcils- et que l'heure du déjeuner approcha, Harry était fatigué.
- Tu es sûre que tu ne veux pas rester pour le repas ? Demanda à nouveau le jeune Potter.
- Non merci, je vais manger avec mes collègues pour me mettre au courant de ce qui a été fait depuis hier soir.
- Tu penses qu'on pourrait se revoir pour une leçon la semaine prochaine ?
- Malheureusement, je ne peux rien te promettre, lui apprit-elle avec un sourire désolé. Avec les mangemorts qui se sont échappés et les attaques sur les quartiers moldu, nous avons peu de repos en ce moment.
- Désolé d'avoir pris de ton temps libre, réalisa Harry.
- Non, ne t'excuses pas, dit-elle en faisant un geste de la main, c'est reposant et très distrayant pour moi de te donner ces leçons. Tu me semble contrôler suffisamment les changements qu'on a fait jusqu'à aujourd'hui. En tout cas, tu es capable de corriger tes erreurs donc je t'encourage à t'entrainer même quand je ne suis pas là.
Après le départ de l'auror que Sirius eut juste le temps de saluer à nouveau, ils furent appelés dans la cuisine pour le repas par Dobby. N'ayant besoin de rien sur le Chemin de Traverse et Harry insistant pouvoir y aller seul, Sirius accepta de ne pas l'accompagner mais à la condition qu'il appelle Dobby au moindre problème. Pixel voulut venir avec lui mais il insista pour qu'il reste caché de la vue de tous pour ne pas attirer les curieux.
Harry préféra aller sur le fameux chemin magique sorcier en empruntant la cheminette du Chaudron Baveur. Il aimait passer par le mur de briques mouvantes. Cela lui faisait toujours penser à la toute première fois où il y était venu avec Hagrid.
Il avait déjà réfléchis à ce qu'il allait faire pour ses employés méritants pour ce Noël et avait déjà une idée de ce qu'il allait offrir à Daphné et Neville. Pour tous les autres, il espérait qu'il trouverait en fouillant dans chaque boutique.
Il commença par la boutique de duel et équipements sorciers. Les objets et équipements vendus dans cette boutique lui étaient pour la plupart inconnus mais heureusement il y avait des petites pancartes expliquant la fonction de chacun. Ce qui attira son attention fut les holsters pour baguette. En cuir et proposé en plusieurs couleurs, il pouvait se fixer facilement avec ses sangle sur plusieurs parties du corps. De plus, s'il était attaché au bras, il projetait la baguette dans la main de son propriétaire d'un seul coup de poignet. Sa petite amie lui en avait parlé l'année précédente. Cet accessoire était très utilisé par les aurors expérimentés.
Il repensa à la Troisième Tâche et surtout au moment où il avait été enlevé par Queudver. Lorsqu'il avait voulu se détacher, sa baguette était inaccessible, tombée à ses pieds. S'il avait eu un holster à ce moment-là, peut-être aurait-il pu se libérer.
Harry en choisit un noir pour lui et pour Neville, un gris pour Daphné -car sa baguette était en bois clair- et un marron pour Hermione. Lorsque le vendeur le reconnut, il lui proposa de lui faire une offre mais, n'aimant pas utiliser sa renommée inutilement car il pouvait payer ces articles sans problèmes, il refusa poliment.
Ensuite, il entra dans la boutique de Quidditch. Pour Ron et Ginny, il trouva facilement ce qu'il allait leur offrir : un abonnement d'un an à Quidditch Magazine pour le premier et un abonnement de six mois pour sa sœur ainsi qu'une paire de gants pour poursuiveuse –Harry ayant entendu la rouquine dire qu'elle s'entrainait pour rejoindre l'équipe de Gryffondor l'année prochaine.
La boutique suivante était une bijouterie.
Pour Eleanor, il choisit rapidement un fin bracelet rigide en argent sur lequel il fit graver les valeurs de Poufsouffle -loyauté, patience, gentillesse, modestie, travail acharné, fair-play, persévérance, justice, sincérité, tolérance, amour de la nature- pour qu'elle ait un rappel de Poudlard lorsqu'elle n'y était pas.
Pour Daphné, ce fut un peu plus long. Autant trouver le bracelet en argent fut rapide, autant le choix des charmes à y accrocher fut long et compliqué. Il lui en fallait quatre car il comptait en transformer trois en portoloins d'urgence –détail qu'il ne précisa pas au vendeur car il devrait passer par une boutique de l'Allée des Embrumes pour le faire illégalement. Il l'aurait bien fait au ministère mais il fallait détailler la raison et la destination du portoloin et toutes les informations étaient archivées. Harry ne voulait pas que ces portoloins soient connus, il lui fallait donc se passer du service des portoloins du ministère.
Il vérifia que le vendeur soit assez loin dans la boutique et fit sortir Pixel pour qu'il l'aide à choisir les charmes qu'il mettrait sur le bracelet.
Il choisit la patte d'une panthère –du moins, il pensait que ça en était l'empreinte- pour rappeler son premier animagus. Ce charme amènerait Daphné au Château d'Ambroise. Ensuite, il choisit une aile pour rappeler son second animagus –qu'il révèlerait à Daphné en janvier-et qui devrait l'amener à la Faim de Loup –il avait toute confiance en Remus pour mettre Daphné en sécurité si elle avait besoin d'utiliser ce portoloin. Puis il choisit une clé. Avec l'autorisation du père de Daphné, ce portoloin devrait la ramener au Manoir Greengrass. Et enfin, pour dernier charme qui ne serait pas un portoloin, il choisit un cœur.
Pas très subtil mais Harry espérait que sa petite amie aimerait et surtout que le cœur ne l'empêcherait pas de le porter. En tout cas, Pixel avait donné son approbation lorsqu'il lui avait montré le résultat final.
Puis Harry entra dans la libraire Fleury et Bott, pas pour Hermione car son cadeau était déjà presque prêt –les miroirs ne comptant pas vraiment car c'était un ajout de dernière minute- mais pour Luna à qui il voulait offrir un livre sur les créatures mythiques. Il fouilla les étagères des rayons « mythologie » et « zoologie » avant de trouver une encyclopédie intitulée « Créatures mirifiques des légendes d'Europe ». Toutes les créatures citées venaient d'histoires basées sur des faits réels mais non prouvés.
Les cadeaux pour Tracy, Blaise, Colin et Astoria furent plus compliqués à trouver. Ne les connaissant pas assez et ne trouvant rien en rapport avec le peu qu'il savait sur ces quatre-là, Harry dut se résoudre à acheter des cadeaux moins personnels que pour ses autres amis, se promettant intérieurement sur faire mieux l'année prochaine.
Quand il rentra au Château, il lui restait encore beaucoup de choses à faire : emballer ses cadeaux, les envoyer grâce à Hedwige et Dobby –sa pauvre chouette ne pourrait pas faire tous les voyages avant Noel- et organiser le repas de Noel qu'il avait prévu pour les loups-garou. Il ne pouvait pas demander à Dobby de l'aider, le pauvre elfe devant préparer le repas du réveillon au château pour les métamorphes, Sirius, Remus et lui-même alors il lui fallait trouver un traiteur -en espérant que cela existe dans le monde magique car il craignait s'y prendre trop tard s'il demandait les services d'un traiteur moldu.
Il envoya tout d'abord sa chouette au Terrier avec les cadeaux de Ron et Ginny et Dobby chez Daphné pendant qu'il copiait les carnets de notes d'Helga Poufsouffle pour Hermione. Dobby revint quelques minutes plus tard et put déposer les carnets fraichement emballés chez les Granger.
Encore six présents à emballer et envoyer avant la fin de la journée.
Encore un traiteur à trouver et à payer chèrement pour préparer un repas de Noel pour vingt-sept personnes pour le lendemain.
Cette soirée promettait d'être bien longue…
