Chapitre corrigé et publié le 12 décembre 2020
Note : Ce chapitre contient des répliques tirées du livre "Harry Potter et l'Ordre du Phénix". Elles ne m'appartiennent donc pas (bien que j'en ai réarrangée certaines).
Chapitre 47
Harry avait été presque peiné pour Colin lorsqu'il avait dû lui dire que prendre son appareil photo avec lui n'était pas une bonne idée. Il serait probablement confisqué avant qu'ils n'entrent dans le bureau de la Directrice Bones alors autant le laisser à Poudlard.
Il avait été fasciné par les gadgets qui se trouvaient dans le bureau du Professeur Dumbledore et Harry avait cru que les yeux de Colin allaient lui sortir du crâne lorsqu'il lui avait expliqué comment voyager en cheminette. Le jeune Gryffondor trottinait à ses côtés, sa tête bougeant de droite à gauche alors qu'ils traversaient le Hall du ministère en direction des ascenseurs.
Arrivé au département de la Justice magique, la secrétaire de Madame Bones les accueillit en leur proposant du thé et des biscuits –sans doute voulait-elle bien faire après ne pas l'avoir reconnu la première fois.
- C'est gentil, dit Harry, mais il ne faudrait pas faire attendre la Directrice Bones.
La secrétaire toqua à la porte du bureau de sa patronne et annonça l'arrivée des deux garçons. Elle se tourna ensuite vers eux et leur fit signe d'entrer.
Comme à son habitude, la sorcière portait un monocle et un chapeau d'une forme originale. Elle ne leva pas les yeux à leur entrée, leur disant simplement de s'asseoir, et elle continua d'écrire sur son parchemin. Elle rangea ensuite sa plume dans son porte-plume, plia le parchemin et le cacheta à l'aide de cire bleue et d'un tampon. Puis elle donna le parchemin à son assistante qui sortit du bureau et la Directrice du département de la Justice magique les regarda enfin.
- Monsieur Potter, le salua-t-elle. Monsieur Creevey.
- Madame Bones, salua à son tour Harry.
- Bonjour, dit poliment et timidement Colin.
- Avant de commencer, sachez que, selon la loi de la Grande-Bretagne magique, la présence d'un adulte n'est pas nécessaire lors de cette préparation pour le procès de Madame Ombrage. Par contre, il est vivement recommandé qu'un adulte représentant vos droits soit présent dans le tribunal le jour du procès, dit la sorcière au monocle.
- Mais je suis né-moldu, dit Colin. Comment je fais pour trouver quelqu'un ?
- Si je peux me permettre, intervint Harry d'abord à Madame Bones, je vais être représenté par Sirius Black et, comme Colin et moi sommes du même parti et qu'il n'y a donc pas de conflits d'intérêts entre nous, il me semble qu'il puisse aussi le représenter, non ? Si ça te va, ça peut être arrangé, dit Harry à Colin quand la Directrice du département de la Justice magique eut acquiescé.
Colin accepta, soulagé que ce détail soit réglé.
La sorcière ajusta son monocle, posa sa plume sur son parchemin puis la lâcha : la plume resta droite, attendant qu'on lui dicte des mots.
- Bien que Monsieur Potter m'ait tout expliqué, il me faut une trace écrite des rencontres entre vous et Madame Ombrage, Monsieur Creevey.
- Le vendredi 15 novembre, Madame Ombrage a demandé à me parler après les cours. Je suis venue à son bureau comme elle me l'a demandé et elle m'a accusé de participer à la publication du Poudlard Magazine.
- Poudlard Magazine ? Répéta Madame Bones pour avoir des précisions.
- Un journal qui a commencé à apparaitre sur nos tables l'année dernière. Il serait fait par des élèves, expliqua calmement Harry.
- Madame Ombrage a publié des décrets interdisant d'abord les rassemblements comme les groupes, les clubs et les équipes puis toute publication de la part des élèves. Et parce que j'ai un appareil photo, elle m'a accusé d'être l'auteur des photos dans le magazine. Je lui ai dit que ce n'était pas moi alors elle m'a donné une retenue pour mensonges le lendemain.
- Avez-vous prévenu quelqu'un de cette retenue ? Demanda la Directrice Bones.
- Seulement deux de mes amies, dit Colin.
- Pas de professeurs ?
- Non, je ne voyais pas l'intérêt, répondit-il en haussant les épaules.
- Est-ce qu'elle avait le droit de donner des retenues ? Demanda Harry. Elle n'était là que pour évaluer le programme des cours normalement.
- Si un enseignant accepte la retenue et la supervise, oui. Mais elle n'avait ni le droit de donner une retenue d'elle-même ni de la superviser seule, leur apprit-t-elle. Continuez Monsieur Creevey.
- Le samedi 16 novembre, reprit-il, je suis allé à son bureau vers treize heures trente. Elle m'a à nouveau demandé d'avouer que c'était moi qui avait pris les photos du magazine mais j'ai à nouveau dit que ce n'était pas moi alors elle m'a donné du parchemin et une plume et m'a demandé d'écrire « Je ne dois pas dire de mensonges ». Elle ne m'avait pas donné d'encre alors je le lui ai dit et elle n'a rien répondu. J'ai commencé à écrire et il y avait de l'encre rouge sur mon parchemin. Je pensais que l'encre venait de la plume mais ma main a commencé à me faire mal, dit Colin en frottant la dite-main avec ses doigts. Et les mots que j'écrivais sur le parchemin s'écrivait aussi sur ma peau.
- Une plume de sang, comprit sombrement la Directrice alors que sa plume grattait furieusement le parchemin devant elle. Outil jugé comme étant un instrument de torture en 1918 et depuis interdit d'utilisation sur le territoire britannique. Continuez Monsieur Creevey.
- Elle m'a laissé repartir une heure après en me disant de revenir le lundi après les cours. Elle m'a encore demandé d'avouer que j'étais le photographe du magazine, j'ai répondu la même chose et elle m'a encore faire écrire des lignes pendant une autre heure avant de me dire de revenir le mercredi.
- Les lundi 18 et mercredi 20, c'est bien ça ? Demanda Bones.
- Oui Madame, acquiesça Colin. Le mercredi, il s'est passé la même chose que le samedi et le lundi sauf que, après avoir quitté le bureau de Madame Ombrage, j'ai croisé Harry qui a remarqué que j'étais blessé à la main. Je la cachais au début car je ne voulais pas qu'il la voie par peur que Madame Ombrage ne l'apprenne et ne fasse pire mais Harry m'a rassuré et a insisté pour voir ma main. Il m'a tout de suite emmené à l'infirmerie en me disant de ne plus aller aux retenues que Madame Ombrage me donnait et il a dit qu'il s'occupait de tout. Ensuite Harry m'a laissé un mot le lendemain matin sur mon lit pour que je prenne une photo de ma main et que je la lui donne.
- Monsieur Potter a bien fait, confirma Madame Bones. Vous aviez encore les traces de ce que Dolores Ombrage vous faisait subir. Si vous aviez pris une photo un jour ou deux plus tard, il n'y aurait plus rien eu de gravé sur votre main.
Ensuite, elle demanda à Harry de lui raconter sa version des faits. Il ne parla pas du Poste ou des hublots lui permettant de voir certains endroits du château mais commença par le fait qu'il avait croisé Colin en montant les escaliers vers la salle commune des Gryffondor et que, trouvait que le jeune garçon avait un comportement inhabituel, Harry s'était inquiété.
Lorsqu'il eut terminé de raconter la conversation qu'il avait eu avec Colin à l'infirmerie, Harry se tut. Il ne raconta pas être entré dans le bureau d'Ombrage pour reprendre l'appareil photo confisqué de Colin car cela n'avait rien à voir avec le procès.
Puis la sorcière les prépara au procès en leur posant les questions susceptibles d'être posée par l'avocat d'Ombrage et dont les réponses devaient tourner autour de tout ce qui avait été raconté aujourd'hui.
- Surtout, les prévint-elle, ne répondez pas aux questions qui n'ont aucun rapport avec les charges tenues contre Madame Ombrage. Si, par exemple, on vous demande, Monsieur Colin, si vous avez participé à la fabrication de ce journal –Poudlard Magazine-, vous ne répondez pas. Je ferai objection car votre participation ou non à son élaboration n'a aucun lien avec le fait que Dolores Ombrage ait utilisé une plume de sang à plusieurs reprises sur vous.
Colin acquiesça, soulagé.
- Et si, Monsieur Potter, on vous demande comment j'ai été averti de ce qu'il se passait à Poudlard, ne répondez pas. Vous n'aviez pas l'autorisation de sortir du château du Directeur et, même si la manière dont j'ai été averti ou le fait que vous ayez enfreint le règlement de Poudlard n'ait aucun lien avec les charges tenues contre Madame Ombrage, son avocat essayera de trouver quelque chose pour détourner notre attention du crime commis et d'alléger la peine de sa cliente en pointant vos fautes. Est-ce compris ?
- Oui, Madame Bones, répondit Harry.
Colin était déjà parti depuis quelques minutes. Madame Bones lui avait permis d'utiliser sa cheminette personnelle afin de ne pas avoir à remonter jusqu'au hall. Cette fois-ci, harry était seul avec la Directrice du département et les questions qu'elle allait lui poser concernaient Barty Croupton Junior.
Elle lui avait demandé de raconter toutes les fois où il avait vu ou interagit avec le mangemort, qu'il soit conscient de son identité ou non. Il avait donc parlé des cours et de leur sujet –sorts impardonnables en théorie et en pratique- et de son rapprochement avec lui pour l'aider durant le Tournoi alors que les Champions avaient interdiction de demander de l'aide à un adulte.
- Il avait un comportement bizarre aussi, releva Harry. J'ai remarqué qu'il buvait très souvent dans sa flasque. Au début, avec mes amis, on pensait que, avec son expérience, il se méfiait qu'il pourrait y avoir du poison dans son verre. Mais je l'ai déjà vu boire une fois dans son verre donc ça ne pouvait pas être ça. Puis en décembre, le professeur Rogue a dit que la porte de son bureau avait été forcée et qu'un ingrédient avait été volé dans son placard. Comme il pense toujours que je prépare des farces ou autres méfaits, il a sous-entendu que c'était moi. Quand il a dit de quel ingrédient il s'agissait –de la peau de serpent d'arbre du Cap, j'ai fait des recherches et j'ai trouvé que ça servait dans très peu de potions, dont le Polynectar.
- Mais vous ne pouviez pas être certain que c'était Alastor Maugrey qui avait volé cet ingrédient ni qu'il avait servis à préparer du Polynectar.
- Non, confirma Harry. Je n'avais que des doutes. Le problème, c'est que chaque année, quand il se passait quelque chose et que je voyais ou entendait quelque chose de suspect, on m'a toujours dit que tout était sous contrôle, que je n'avais pas à m'inquiéter. Sauf qu'en première année, c'est moi qui ai sauvé la pierre philosophale du professeur Quirrel et, en deuxième année, j'ai tué le monstre de la Chambre des Secrets et sauvé Ginny Weasley.
Il s'interrompit puis demanda :
- Est-ce qu'on peut éviter de mettre le nom de Ginny ? Elle a vécu une mauvaise expérience et je ne veux pas que les gens sachent qu'elle a été manipulée pour ouvrir la Chambre des Secrets.
La sorcière acquiesça et le nom de Ginny fut rayé.
- En troisième année, quand j'ai appris la vérité sur Peter Pettigrew et Sirius Black, j'ai voulu tout raconter au Ministre. Mes amis Ron Weasley et Hermione Granger aussi puisqu'ils étaient présents. Mais le professeur Dumbledore nous avait dit que le Ministre ne croirait pas trois adolescent et la seule parole du Professeur Rogue qui détestait Sirius Black et qui était inconscient la plupart du temps a suffi au Ministre. Alors, quand j'ai commencé à me méfier du professeur Maugrey, j'ai enquêté seul, sans rien dire aux professeurs ni au Directeur.
- Qu'avez-vous fait exactement ?
Ne pouvant parler des hublots, Harry resta aussi vague que possible.
- Une nuit, je suis allé fouiller son bureau.
La directrice leva un sourcil.
- Je sais que ça ne se fait pas mais ce n'est pas comme si je l'avais fait pour changer mes notes, se justifia Harry. Il avait une malle à sept compartiments et je pensais pouvoir trouver, peut-être, des ingrédients servant à préparer du Polynectar. Et c'est exactement ce que j'ai trouvé dans le quatrième compartiment : quelques tiges de sisymbre, des sangsues et des chrysopes dans des bocaux, de la peau de serpent d'arbre du Cap et une corne de bicorne. J'ai ensuite continué à fouillé la malle et c'est là que, en ouvrant le dernier compartiment, j'ai découvert quelque chose de totalement inattendu : Maugrey Fol'œil en pyjama.
- Et ensuite ?
- J'ai couru jusqu'au bureau du Directeur pour l'en avertir et il m'a demandé d'aller chercher le professeur Rogue. Ils ont sortis le véritable Maugrey de sa malle puis, quand le faux professeur est revenu dans son bureau quelques minutes plus tard, ils l'ont neutralisé. Ensuite ils lui ont fait boire une potion pour lui rendre sa véritable apparence puis du Veritaserum pour lui demander son identité et pourquoi il avait usurpé l'identité d'Alastor Maugrey.
- Qui exactement a donné le Veritaserum à Barty Croupton Junior ?
- Le professeur Dumbledore, répondit Harry.
La Directrice nota quelque chose de sa propre main sur le parchemin avant de lui faire signe de reprendre.
- Le Directeur a demandé au professeur Rogue d'avertir le Ministre pour qu'il vienne avec des aurors arrêter Croupton mais j'ai suggéré au Directeur de vous avertir aussi.
- Et pourquoi avoir voulu ma présence ?
- Je trouvais que le Ministre était trop impulsif et décidait sans demander l'avis de personnes compétentes, répondit-il en haussant les épaules. Après tout, il voulait que Sirius subisse le baiser du détraqueur sans lui accorder de procès à la fin de ma troisième année. Et comme vous avez pu le voir, j'ai bien fait de demander à ce que vous soyez présente puisque vous avez empêché le ministre d'exécuter Croupton Junior sans qu'il n'ait de procès ou sans qu'on apprenne ses plans.
Après ça, Harry raconta ce que Croupton avait révélé de ses plans, contraint à dire la vérité à cause du Veritaserum, avant que le Directeur ne le renvoie à son dortoir. Il s'arrêta là car il n'était finalement pas parti dormir mais était revenu au Poste.
Il aurait bien voulu faire d'une pierre deux coups –révéler le retour de Voldemort à sa toute-puissance- mais malheureusement, il savait que le Ministre ferait en sorte d'étouffer l'affaire car il ne voulait pas y croire et que seul une véritable preuve le forcerait à voir la vérité en face. Il devait donc préparer un plan et faire au plus vite pour le réaliser car le monde magique devait au plus vite se rendre compte de la situation.
A son retour du Ministère, Sirius recontacta Harry et lui raconta les événements de la journée.
- Je n'arrive pas à croire que Kreattur avec le médaillon durant toutes ces années, soupira Sirius après l'avoir détruit avec un croc de basilic. Quand je lui ai dit que je finirai ce que Regulus avait commencé, il s'est jeté sur moi pour me remercier et s'est mis à pleurer.
- Il a l'air de beaucoup aimer ton frère, dit Harry. Tu devrais lui donner le faux médaillon avec le message dedans. Je pense que ça lui fera plaisir et que, peut-être, ça le rendra plus sympathique avec toi.
- Ce n'est pas comme si on en avait besoin, répondit Sirius en haussant les épaules. Je le lui donnerai avant la prochaine réunion de l'Ordre.
- En parlant de l'Ordre, j'aimerai assister à la prochaine réunion.
- Ecoute, tu fais comme tu veux, mais Dumbledore ne sera pas d'accord, sans parler de Molly.
- Je pourrais avoir trente ans que Mme Weasley ne serait pas d'accord avec ma présence à une réunion de l'Ordre, dit Harry en roulant des yeux. Et je sais bien que Dumbledore ne sera pas d'accord mais c'est pour le remettre à sa place que je veux y aller.
- Je te préviendrais quand il y en aura une, le soutint Sirius. Viens au château et je nous amènerai au Square Grimmaurd.
22 janvier
- Tu es sûr de vouloir faire ça ? Lui demanda à nouveau Sirius alors qu'ils se trouvaient dans le petit parc de Square Grimmaurd.
Harry inspira une grande bouffée d'air avant de se tourner vers son parrain.
- Allons-y.
Ils entrèrent sans encombre ; ils étaient apparemment les derniers à arriver.
Remus ne venait aux réunions que si sa présence était nécessaire ou si des informations importantes allaient être révélées. Comme ce n'était pas le cas aujourd'hui, Remus avait décidé de ne pas y aller. Et comme Harry n'avait parlé de son plan qu'à Sirius, il n'en voulait pas à son oncle de ne pas être présent aujourd'hui. Après tout, même Sirius avait dit le soutenir, Harry lui avait demandé de ne pas trop intervenir.
Lorsqu'ils entrèrent dans la cuisine où Mme Weasley terminait de verser du thé à toutes les personnes présentes, les discussions s'arrêtèrent. Harry avisa une place libre et s'assit, son parrain se tenant derrière lui les bras croisés.
- Harry, puis-je savoir ce que tu fais ici ? Demanda calmement Dumbledore, coupant net ce que Mme Weasley était sur le point de dire.
- Je voulais informer les membres de l'Ordre de détails cruciaux qu'ils devraient connaitre afin de savoir exactement pourquoi ils font telle ou telle chose.
- Je doute que vous possédiez une quelconque information pertinente Potter, répliqua Rogue avec sa douce voix méprisante.
- Alors je suis peut-être venu pour rien, déclara Harry. Si vous faites partie de cette organisation sans même vous poser des questions sur l'intérêt des missions que vous menez, si mission il y a, alors c'est que vous êtes juste les marionnettes de Dumbledore, conclut-il en haussant les épaules.
- Harry, tu ne peux pas parler ainsi du Directeur ! Réagit Molly, outrée.
- Laissez-le parler Molly, vous pourriez être intéressée par ce qu'il a à dire, intervint Sirius.
- Harry, tu ne devrais pas être là, insista Mme Weasley. L'Ordre est pour les adultes.
- Je ne suis pas ici pour rejoindre l'Ordre ou pour savoir quel est votre prochain mouvement, la rassura Harry. Je vous dis ce que je sais et, ensuite, je m'en vais.
- Sortir de l'enceinte de Poudlard sans autorisation est un motif d'expulsion, dit Rogue. Définitif, ajouta-t-il avec un sourire victorieux.
- En fait, j'ai regardé le règlement, dit Harry en regardant le professeur de Potion, et ce n'est écrit nulle part. Il est juste indiqué qu'en dehors des heures de cours, les élèves sont obligés d'assister aux retenues mais que, autrement, ils sont libres. Et puis, même si ça avait été dans le règlement, Dumbledore ne pourrait pas me renvoyer. Ça nuirait à ses plans, ajouta-t-il en regardant le directeur.
- Quels plans ? Demanda Arthur.
- Ca, Monsieur Weasley, c'est une excellente question ! Répondit Harry, faisant fi des remarques des autres sorciers qui ne le prenaient pas au sérieux. Dumbledore vous a-t-il dit ce que vous deviez faire dans le Département des Mystères ? Vous a-t-il dit ce que vous deviez surveiller exactement ?
- Non, il ne nous l'a pas dit, répondit Tonks qui avait été silencieuse jusque-là.
- Harry... tenta d'intervenir Dumbledore.
- Mais comment sais-tu que nous étions en mission dans le Département des Mystères ? Demanda Arthur les sourcils froncés.
Harry secoua la tête.
- Voilà pourquoi l'Ordre ne fait aucun progrès : vous restez fixé sur les détails inutiles et ne vous posez pas les bonnes questions.
- Nous devions faire des rondes dans quelques salles de ce département et prévenir le professeur Dumbledore si quelqu'un y entrait, répondit Tonks à la place de Mr Weasley.
- Miss Tonks vous ne devriez pas-
- Et ensuite Mr Weasley, vous vous êtes fait attaqué dans la salle des prophéties, c'est exact ?
- Oui, répondit-il à contrecœur.
- Et pourquoi ? Demanda Harry. Pourquoi dans cette salle ? Qu'est-ce que le serpent de Voldemort faisait dans cette salle exact-
- Harry, ça suffit ! Le coupa Dumbledore en élevant la voix.
Tout le monde à part Sirius trembla, d'abord de peur parce qu'Harry avait dit le nom du Seigneur des Ténèbres puis de surprise car Dumbledore ne levait jamais la voix habituellement.
Le Gryffondor tourna son attention vers le directeur.
- Vous ne voulez pas qu'ils sachent la vérité parce que vous savez que leur loyauté pour vous a des limites, dit Harry les lèvres pincées.
- Quelle vérité ? Demanda Kingsley, l'auror qu'Harry avait rencontré l'année précédente à Poudlard.
- Dans la salle des prophéties, il y a une prophétie nous concernant moi et Voldemort, stipulant dans les grandes lignes que je suis le seul à pouvoir le tuer. C'est cette prophétie que vous « gardiez » et, en ne vous ne le disant pas, Dumbledore vous a mis en danger. Oh, bien sûr, ajouta-t-il en voyant que Mr Weasley allait dire quelque chose, vous saviez que votre mission comportait des risques mais vous étiez inconscient de leur gravité. Après tout, il y a une grande différence entre accepter de rapporter le nom des gens, mangemorts ou non, que vous voyiez entrer au Département des Mystères et accepter de potentiellement mourir parce que Voldemort pourrait venir lui-même écouter le contenu de la prophétie.
Les membres de l'Ordre se regardaient entre eux, ne sachant pas quoi dire ou quoi croire. Tonks ne semblait pas étonnée, croyant Harry, mais Mr Weasley semblait pensif.
- Professeur Dumbledore ? Demanda un sorcier de la cinquantaine avec une barbichette blonde. Est-ce vrai ce que dit le garçon ?
Le vieux sorcier ne répondit pas, soupirant.
- Bien sûr que je dis vrai, dit Harry. Non pas que ce soit Dumbledore qui me l'ait dit. Je l'ai découvert moi-même et suis même allé au Ministère pour écouter ma prophétie. Mais Dumbledore est celui à qui la prophétie a été dite il y a seize ans. Il aurait dû me préparer à affronter mon destin ou au moins me la dire il y a des années pour que je me prépare mentalement et physiquement à ce qui va arriver. Mais non, dit-il en regardant le directeur. Il semblerait qu'il ait préféré me laisser sans défense devant le plus grand mage noir de notre époque.
- As-tu encore quelque chose à dire Harry ? Demanda Dumbledore, l'air las.
- Seulement ça : Si vous aviez prévu un entrainement de dernière minute avant ma mort, sachez que je ne vous ai pas attendu et que je n'ai pas besoin de vous.
Sur ce, Harry se leva, suivi de Sirius.
Son parrain ne pensait pas nécessaire de rester pour la suite de la réunion, si suite il y avait, et il devait de toute façon ramener Harry au château d'Ambroise pour que Dobby puisse le faire réapparaitre à Poudlard.
28 janvier
- Déclinez votre identité, dit Amélia Bones après avoir imposé le silence à l'assemblée.
Le procès se faisait à huit clos, ce qui signifiait que seuls les membres du Magenmagot et les personnes impliquées dans le procès comme Harry, Dumbledore, et Maugrey pouvaient être présents. Rogue n'avait pas été appelé comme témoin –surement un coup de Dumbledore, même si Harry ne comprenait pas pourquoi le professeur ne pouvait pas venir témoigner. Bien sûr, le Ministre présidait le procès mais c'était Amélia Bones qui contrôlait son déroulement afin que toutes les procédures soient respectées et un scribe notait tout ce qui était dit du début à la fin.
Harry ne serait appelé qu'à la fin du procès, pour connaitre son rôle dans la découverte du mangemort à Poudlard et sur ce qu'il s'était passé avant que le Ministre n'arrive à l'école.
- Bartémius John Croupton Junior, dit l'accusé, les yeux dans le vague.
La directrice Bones hocha la tête en regardant le Ministre qui prit le relais.
- Monsieur Croupton, révélez-nous comment vous vous êtes échappés d'Azkaban et à quel moment cela s'est produit.
- Ma mère était mourante, elle savait que sa fin était proche et sa dernière volonté était que je sois sorti d'Azkaban. Mon père aimait profondément ma mère et il a fini par accepter. Ils sont venus me voir en avril 1987 et ils m'ont fait boire du Polynectar contenant des cheveux de ma mère. Elle a ensuite but du Polynectar qui contenait l'un de mes cheveux. Elle a pris mon apparence et moi la sienne.
- Et les détraqueurs ? Demanda le Ministre. Ils n'ont pas réagi ?
- Ils ont dû ressentir que ma mère était mourante quand elle est entrée dans la prison avec mon père puis qu'une personne mourante en était sortie avec lui. Ils sont aveugles, c'était facile. J'avais mis les vêtements de ma mère pour duper les autres prisonniers puis nous avons quitté l'île.
- Pourtant, le registre de la prison stipule que vous êtes morts et avez été enterrés, releva Amélia Bones qui avait des parchemins devant elle.
- Ma mère a continué à boire du Polynectar jusqu'au bout. Quand elle est morte, elle avait toujours mon apparence. Elle a été enterrée, tout le monde pensant que c'était moi.
- Aux yeux du monde, vous étiez mort, répéta le Ministre. Mais votre mère avait disparu. Comment votre père a-t-il fait pour éviter tout soupçon ?
- Il a fait croire que ma mère était morte dans son lit et un enterrement a eu lieu dans la plus stricte intimité. Mais le cercueil était vide. C'est notre elfe de maison qui m'a soigné et m'a rendu la santé. Mais je devais être caché et, surtout, surveillé car, quand j'ai retrouvé mes forces, tout ce que je voulais, c'était rejoindre mon maitre…
Le procès a continué ainsi : le ministre posait des questions, Croupton Junior y répondait et Amélia Bones posait des questions sur des détails troublants. Il fut révélé que Coupton Senior avait usé du sortilège d'Imperium sur son fils pendant des années, que, début 1994, Bertha Jorkins avait découvert la présence de Croupton Junior dans leurs appartements et que Croutpon Senior lui avait fait tout oublié à l'aide d'un puissant sortilège d'Amnésie qui avait provoqué des dommages irréversibles sur sa mémoire.
Puis, d'après les informations obtenues par Dumbledore, ils évoquèrent la Coupe du Monde de Quidditch et les sorciers qui avaient attaqués le camping. Croutpon Junior raconta comment Winky, leur elfe de maison, avait réussi à persuader son père de le laisser assister au match, comment, en entendant les autres mangemorts attaquer le camping, son esprit été redevenu clair, alimenté par la colère, comment Winky l'avait emmené dans les bois, l'ayant magiquement attachée à lui.
- Puis je me suis souvenu que j'avais une baguette. C'est alors que je m'en suis servi pour faire apparaître dans le ciel la Marque des Ténèbres. Mais des sorciers du ministère sont arrivés et ils ont jeté des sortilèges de Stupéfixion dans tous les sens. L'un des sortilèges est passé entre les arbres là où je me trouvais avec Winky et le lien magique qui nous unissait a été brisé. Nous avons été stupéfixés tous les deux.
Quand Winky a été découverte, mon père a su tout de suite que je devais me trouver à proximité. Il a fouillé les buissons à l'endroit où on l'avait retrouvée et il a senti mon corps, toujours caché par la cape d'invisibilité. Il a attendu que les autres membres du ministère soient partis et il m'a à nouveau soumis au sortilège de l'Imperium pour me ramener à la maison. Ensuite, il a renvoyé Winky. Elle avait commis une faute en me laissant prendre une baguette magique. C'était presque comme si elle m'avait permis de m'enfuir. A partir de ce moment-là, nous sommes restés seuls à la maison, mon père et moi.
- Pourtant, vous avez attaqué Alastor Maugrey quelques jours plus tard, l'avez enfermé dans sa propre mal et vous êtes approprié son apparence, pointa Amélia Bones.
- Comment avez-vous échappé au contrôle de votre père cette fois-ci ? Demanda alors le Ministre.
La tête de Croupton oscilla sur son cou et ses lèvres s'étirèrent en un sourire de dément.
- Mon maître est venu me chercher. Il est arrivé chez nous un soir, très tard, dans les bras de Queudver, son serviteur. Mon maître avait appris que j'étais toujours vivant.
Pour les membres du Magenmagot qui n'était pas des mangemorts, la surprise fut immense : son maitre ? Le Seigneur des Ténèbres était encore en vie ?
- Balivernes, s'insurgea Fudge. Qu'on vérifie que le Véritaserum soit toujours actif !
Amélia Bones autorisa les deux gardes, debout près du prisonniers, à lui donner une nouvelle dose du sérum de vérité. Puis la directrice du Département de la Justice magique demanda à l'accusé de poursuivre.
- Il avait capturé Bertha Jorkins en Albanie, leur apprit-il, et l'avait contrainte à lui révéler beaucoup de choses en brisant le sortilège d'Amnésie infligé par mon père. Elle lui avait parlé de tout : du Tournoi des Trois Sorciers, de Maugrey, l'ancien Auror, qui allait enseigner à Poudlard, mais aussi de mon évasion d'Azkaban. Elle lui avait dit également que mon père me gardait prisonnier pour m'empêcher de chercher mon maître et de le rejoindre. Ainsi, mon maître a su que j'étais resté son fidèle serviteur -peut-être le plus fidèle de tous. Il a alors conçu un plan, grâce aux révélations de Bertha. Il avait besoin de moi. Il est arrivé chez nous peu avant minuit. C'est mon père qui a ouvert la porte.
Le sourire s'élargit sur le visage de Croupton, comme s'il évoquait le plus beau souvenir de sa vie. Plus personne dans l'assemblée ne disait mot, trop abasourdis par les propos du mangemort.
– Les choses se sont passées très rapidement. Mon père a été aussitôt soumis au sortilège de l'Imperium par mon maître. C'était lui, maintenant, qui était prisonnier, lui qui se retrouvait sous contrôle. Mon maître l'a forcé à poursuivre ses activités habituelles, à se comporter comme si de rien n'était. Et j'ai été enfin libéré. Je me suis éveillé, je suis redevenu moi-même, la vie est revenue en moi après toutes ces années.
– Et qu'est-ce que le Seigneur des Ténèbres vous a demandé de faire ? interrogea Amélia Bones.
Le ministre était pâle, figé sur sa chaise. La sorcière en profita pour mener le procès.
– Il m'a demandé si j'étais prêt à tout risquer pour lui. J'y étais prêt. Mon rêve, ma seule ambition, c'était de le servir, de faire mes preuves à ses yeux. Il m'a dit qu'il avait besoin d'un fidèle serviteur à Poudlard. Un serviteur qui guiderait Harry Potter à travers les épreuves du Tournoi des Trois Sorciers sans que personne ne s'en rende compte. Un serviteur qui veillerait sur Harry Potter. Et qui l'amènerait à être le premier à mettre la main sur le trophée. Un trophée qui aurait été transformé en Portoloin de telle sorte que quiconque poserait la main dessus serait immédiatement transporté auprès de mon maître.
Il révéla comment il avait neutralisé Maugrey avec l'aide de Queudver, comment il avait accueilli Arthur Weasley avec calme et l'avait dupé, comment il avait interrogé Maugrey en le soumettant au sortilège de l'Imperium pour connaitre son passé et ses habitudes afin que Dumbledore lui-même n'ait aucun soupçon.
- Mais votre plan a échoué, se reprit le Ministre, car Mr Potter vous a démasqué !
Jugeant qu'il n'avait plus rien à en tirer, le Ministre demanda à ce que le prisonnier soit amené dans un coin, ses deux gardes toujours à ses côtés, et attaché à des chaines magiques pour l'empêcher de s'échapper.
Ensuite, Harry fut appelé et il dut s'asseoir sur le même siège que Croupton avait occupé une minute plus tôt.
- Mr Potter, vous êtes la personne qui avez découvert Alastor Maugrey dans sa malle à Poudlard, est-ce exact ? Dit Amélia Bones.
- Oui, directrice Bones.
- Racontez-nous comment un jeune sorcier tel que vous en êtes venu à vous retrouver dans le bureau de votre professeur et à fouiller dans ses affaires, demanda le Ministre.
Evitant les détails qu'il ne voulait pas révéler, Harry raconta ses doutes, ce qu'il avait appris, son enquête en solitaire et le soir où il était entré dans le bureau de Maugrey en pensant découvrir les ingrédients du Polynectar dans la malle du sorcier.
- Mais ensuite, vous avez continué à fouiller cette malle, intervint le Ministre.
- Mes doutes étaient confirmés, dit Harry. Mais je devais en savoir plus. Et si je ne l'avais pas fait, Alastor Maugrey serait toujours enfermé dans cette malle et Croupton Junior aurait pu se débarrasser des preuves avant qu'il n'y ait une enquête à Poudlard.
Harry raconta les événements qui avaient suivis lorsqu'il avait été prévenir Dumbledore puis Rogue puis les révélations de Croupton Junior sous Veritaserum. Alastor Maugrey puis Dumbledore furent appelés à la barre ; le premier pour raconter ce qu'il savait –mais ayant été sous le sortilège de l'Imperium pendant des mois, ses souvenirs étaient flous- et le second pour raconter ce que Croupton Junior lui avait révélé –tout coïncidait avec ce que le mangemort avait dit quelques minutes plus tôt- et pour quelle raison le directeur de Poudlard avait usé du sérum de vérité alors que son utilisation relevait du domaine juridique et était très contrôlée.
- C'était bien la première fois que j'en faisais usage, dit Dumbledore avec son air de papi gâteau. La situation était exceptionnelle et puisqu'un imposteur potentiellement dangereux pour les élèves avait été découvert, il était de mon devoir de directeur d'assurer leur sécurité en découvrant la véritable identité ainsi que les intentions de l'imposteur.
Au final, les mangemorts ou partisans du Ministre n'étant pas assez nombreux par rapports aux membres loyaux à Dumbledore, le vieux sorcier s'en sortit avec une claque sur les mains.
Barty Croupton Junior, lui, fut condamné au baiser du détraqueur qu'il subirait l'heure suivante.
