Chapitre 1 : Première promesse
Nous sommes le 11 août. Ginny fête aujourd'hui ses seize ans.
Mais c'est aussi le jour du mariage de Bill et Fleur.
Après une cérémonie très réussie, la fête bat son plein au Terrier...
Ron éclata de rire quand il vit que c'était Hermione qui avait récupéré le bouquet de la Mariée. Ce qui ne semblait pas faire très plaisir à celle-ci...
Ginny, elle, se sentait un peu abandonnée. En même temps, elle n'avait pas vraiment le moral à faire la fête.
Bien sûr, elle était très heureuse pour son frère et pour sa belle-soeur (même si cette pensée lui paraissait encore surréaliste), mais cela ne changeait rien à son état d'esprit.
Surtout qu'il était là.
Il était là, et il semblait bien s'amuser avec les autres.
Ginny n'avait pas osé lui parler de la journée. Il faut dire que leur relation s'était mal terminée.
Et elle n'arrivait pas à s'y faire.
Elle aurait aimé pouvoir passer à autre chose, comme avec les autres, mais cette fois, ça lui était impossible.
Ginny préféra aller s'isoler sur le banc au fond du jardin, plutôt que de continuer à faire tapisserie parmi les autres.
Elle regardait le Soleil se coucher, sans vraiment y prêter attention. Les clameurs de la fête résonnaient au loin, mais elle semblait ne pas les entendre.
Cela faisait plus d'un mois qu'elle ne l'avait pas vu.
Et tous les jours depuis cette triste journée de juin, elle avait pensé à lui, comme maintenant, le regard vide.
Une sorte de mélancolie la prenait à chaque fois.
Elle n'arrivait pas à savoir pourquoi c'était comme ça avec lui.
Ses petits amis précédents ne l'avaient pas marqué autant. Ses précédentes ruptures non plus.
Mais contrairement aux autres fois, ce n'était pas elle qui avait quitté le garçon, mais l'inverse.
C'est peut-être ça qui faisait toute la différence.
À moins que ce soit parce que, cette fois, elle était vraiment amoureuse ?
Plongée dans ses pensées, Ginny ne l'entendit pas arriver.
Quand elle tourna la tête, son coeur fit un bond.
Harry se tenait là, debout.
Il avait des confettis dans les cheveux et sur sa robe de soirée, et il tenait dans la main une des roses bleues que Fleur avait absolument voulu avoir pour son bouquet de Mariée.
Lui aussi regardait le Soleil se coucher.
Joli spectacle, dit-il, comme pour faire la conversation.
Oui, répondit Ginny. Mais j'ai connu plus passionnant...
Harry eut un petit rire.
– Je peux m'asseoir ?
Ginny se décala sur le côté.
– Oui, va s'y.
Elle préféra ne pas le regarder en face.
Elle avait peur de sa propre réaction.
Harry s'assit.
Ils restèrent comme ça pendant un bon moment, tous les deux, sans rien dire, Ginny, le regard baissé, Harry, jouant nonchalamment avec sa rose.
Alors que quelques semaines plus tôt, être avec Harry était un de ses passe-temps favoris, voilà que Ginny trouvait cette situation particulièrement embarrassante.
Il était clair qu'il y avait un problème.
La dernière fois qu'elle avait ressenti ce sentiment de gène, elle n'était qu'une gamine.
Ginny pensait avoir surmonté ce genre de chose, mais voilà qu'elle revenait plusieurs années en arrière, comme si rien n'avait changé entre sa première rencontre avec Harry et cette soirée...
Elle ne savait pas quoi faire.
Elle était à la fois gênée que Harry soit là, à moins d'un mètre d'elle, mais elle était aussi très heureuse. Au point qu'elle ne savait pas ce qui la faisait rougir le plus.
Son attitude était stupide.
Elle avait pensé à lui pendant toutes les vacances, et voilà qu'elle se comportait comme une fillette de dix ans.
Elle se décida à briser la glace...
– Alors ? Ça s'est bien passé, ton dernier été chez les Moldus ?
– Oui. C'était beaucoup plus amusant avec Ron et Hermione. Même si ça n'a pas plu à l'Oncle Vernon.
Penser à son oncle hébergeant chez lui deux sorciers pouvant pratiquer la Magie aurait dû le faire sourire.
Mais Harry semblait plutôt enclin à la mélancolie.
Il n'avait plus le ton enjoué d'autrefois, comme si sa bonne humeur avait disparu...
Cela ne remonta pas le moral de Ginny.
– Euh... Il y a quelque chose qui ne va pas ? tenta-t-elle.
Harry approcha la rose de son visage, et la sentit.
– Ne t'inquiète pas pour moi, dit-il d'un air las. Tout va bien.
Ginny n'était pas convaincue par cette réponse.
Elle savait parfaitement le but que c'était fixé Harry. Et elle savait aussi que c'était ce même but qui avait conduit à leur séparation.
En somme, tous deux avaient leur vie gâchée à cause de ça, et cela leur était insupportable.
À quoi cela leur servait-il de se torturer ainsi ?
Ils tournèrent la tête et se regardèrent dans les yeux.
Les derniers rayons du Soleil se reflétaient dans les lunettes de Harry.
Celui-ci semblait avoir parfaitement compris où Ginny voulait en venir.
Ils se rapprochèrent lentement l'un de l'autre.
Ginny avait l'impression d'être revenue deux mois en arrière, au moment où ils sortaient encore ensemble.
Au moment où ils étaient tous les deux heureux.
Elle ferma les yeux et pencha son visage vers le sien.
Ginny pensait pouvoir goûter une nouvelle fois à la douceur des lèvres de Harry, mais tout ce qu'elle sentit, ce fut sa main sur sa bouche.
– Non. Il ne faut pas, dit Harry.
Il s'écarta de Ginny.
– Mais... Harry...
– On en a déjà parlé. Je ne peux pas faire ça.
– Harry, je t'en pris... Je sais très bien que tu n'es pas heureux.
– Moi aussi, je le sais. Mais ce n'est pas une question d'être heureux ou non.
En entendant ces mots, Ginny se sentit mal.
Comment pouvait-il dire que le bonheur ne comptait pas ?
Comment pouvait-il dire que leur bonheur ne comptait pas ?
– Mais… C'est stupide, dit-elle. Rien ne t'empêche de...
– C'est beaucoup trop dangereux pour toi, la coupa Harry. Et pour moi aussi. Je n'ai pas le droit à l'erreur. Je n'ai pas le droit d'avoir de faiblesses.
– L'Amour n'est pas une faiblesse ! Quant à cette histoire, personne ne pourrait le savoir, on pourrait...
– N'importe qui pourrait le découvrir. Et je n'ai pas envie que mon Amour pour toi te détruise d'une façon ou d'une autre.
Des larmes commençaient à apparaître aux coins des yeux de Ginny.
– Tu ne peux pas ignorer tes propres sentiments, Harry !
– Je le sais. Ils existent…, répondit Harry d'un air grave. Et tout ce que je peux faire, c'est tromper les apparences... Au moins jusqu'à ce que j'ai fini ce que j'ai à faire.
Ginny se mit à pleurer.
Peu importe la promesse que Harry avait faite ou non, elle n'en avait rien à faire.
Cela était peut-être dangereux, mais pour elle, oublier tout ce qu'ils avaient vécu tous les deux, juste "au-cas-où", lui était insupportable.
Et surtout, impossible.
Elle aimait Harry, et rien ne pourrait changer cela, pas même une totale indifférence de sa part...
– Ne pleure pas pour moi, lui dit Harry. On ne peut pas dire que je le mérite vraiment... Garde tes larmes pour quand tu devras faire jouer McLaggen dans l'équipe de Quidditch.
Ginny laissa échapper un petit rire, ce qui sembla réconforter Harry.
Après qu'elle eut séché ses larmes, il lui tendit la rose.
Ginny la prit délicatement, effleurant la main de Harry au passage.
Il avait enlevé toutes les épines.
– Tu pourrais en avoir besoin un jour...
Ginny ne comprenait pas ce qu'il voulait dire par-là.
Harry l'embrassa sur la joue.
– Joyeux anniversaire.
Il se leva, et alla rejoindre les autres.
Ginny resta assise sur le banc un long moment, repensant à tout ce qu'ils s'étaient dit.
Elle ne savait pas quoi ressentir.
Leur séparation semblait maintenant officielle.
Mais en même temps, Harry avait fait quelque chose que peu de personnes avaient fait ces derniers jours : il avait fait attention à elle.
La nuit était déjà tombée depuis longtemps quand la mère de Ginny découvrit celle-ci endormie sur le banc, la Rose Bleue dans la main...
