Chapitre 3 : Légers changements
Plus d'un tiers des élèves ne sont pas revenus à l'école : leurs parents ont eu trop peur. Ce phénomène touche toutes les maisons.
L'ambiance n'est plus vraiment à la fête, à Poudlard...
Voir la Grande Salle aussi vide faisait encore un drôle d'effet à Ginny. Elle qui avait été habituée chaque matin à entendre le brouhaha des conversations...
Comme elle, de nombreux élèves se retrouvaient seuls, leurs amis n'étant pas revenus à l'école.
Ainsi, cela faisait bizarre de voir Dean Thomas sans Seamus Finnigan, tout comme de voir Lavande Brown qui ne pouffait plus de rire en bout de table avec Pavarti Patil...
Comme l'avait chanté le Choixpeau Magique, le temps était au changement, et tout le monde allait devoir s'adapter.
L'ambiance dans les salles de cours aussi avait changé.
Ayant moins d'élèves, les professeurs en profitaient pour s'attarder avec eux sur certains sujets, pour les prendre à part, et surtout pour mieux les surveiller, ce qui était particulièrement ennuyeux pour tous ceux qui auraient bien voulu somnoler tranquillement au fond de la classe…
Et si l'on rajoutait à cela les mauvaises nouvelles qu'apportaient quotidiennement le Daily Prophet, il était clair que le moral n'était vraiment pas au beau fixe à Poudlard.
Ginny était dorénavant seule dans son dortoir, avec une de ses camarades, Patty Fishburns, une fille blonde légèrement enveloppée, qui avait pris pour habitude de rapporter les derniers ragots de couloirs à ses compagnes de chambre.
Elles en avaient toutes deux profité pour prendre leurs aises, en éparpillant où bon leur semblait leurs affaires, ce qui donnait un petit côté post-apocalyptique au dortoir...
– T'imagines si la vieille McGonagall nous refaisait une inspection, comme en troisième année ? dit Patty sur le ton de la plaisanterie. J'te raconte pas les heures de retenue !
Elle et Ginny venaient de rentrer de leur dernière heure de cours de la journée, et elles ne pouvaient que constater l'étendue des dégâts.
– Tu m'étonnes. J'en fais encore des cauchemars. La tête qu'elle faisait, ce jour-là...
– 'Faut dire que faire une bataille de pus de crapaud taureau à deux heures du matin, y'a plus propre et plus discret.
– C'était pas ma faute, je te rappelle...
Ginny laissa tomber son sac dans un coin de la pièce.
– C'était Betty.
– Quelle folle celle-là. Elle avait réussi à se faire des anti-sèches pour les BUSE, tu le savais ? Avec les lignes de sa main ! Pas de pot, les exam' ont été annulés !
– Oui...
Ginny se laissa tomber sur le lit, s'étira, et fixa le plafond d'un air las.
– En tout cas, on peut être tranquille pour McGonagall, dit-elle. Entre son travail de Directrice, ses cours de Métamorphose et son rôle de Chef de Maison, elle a autre chose à faire que de patrouiller le soir chez des gamines qui n'ont pas fait leur lit.
– C'est clair. T'as vu la tête qu'elle nous fait ? Elle est surmenée, l'ancêtre...
Patty se tourna vers ses cahiers de cours, soupira longuement et s'allongea comme Ginny, l'air découragé.
– C'est ça, ou alors le Ministre fait encore des siennes, dit-elle. J'ai entendu dire qu'il lui envoyait un hibou par jour.
– Il la croit incompétente, mais c'est un idiot, répliqua Ginny. McGonagall a donné des cours à mes propres parents. Et elle a été directrice adjointe pendant je-ne-sais-combien d'années. Elle sait tout ce qu'il y a à savoir sur Poudlard et son organisation...
– Ben va's'y donc expliquer ça au Rufus ! Ce pauvre vieux est trop parano. Ça doit être le métier d'Auror qui veut ça…
Ginny pouvait en effet confirmer que les Aurors devenaient de plus en plus soupçonneux avec l'âge.
Elle s'était faite passer à l'Oeil Magique un nombre incalculable de fois, deux ans auparavant, par le vieux Maugrey Fol'Oeil. Mais à bien y réfléchir, il ne recherchait peut-être pas que des armes...
Une pensée dégoûtante était en train de lui venir à l'esprit quand Patty lui adressa la parole.
– Alors ? On fait quoi ?
– J'ai trop la flemme pour faire des travaux pratiques de Potions…, répondit Ginny, dans un bâillement.
– Pff... Moi aussi. Dommage... On a tout le matériel à portée de main.
Elle se tourna vers Ginny, et toute deux se fixèrent, avec un air complice.
– Bataille de pus de crapaud taureau ?
– Prépare tes munitions, rascal !
S'il y avait des choses qui avaient changé à Poudlard en cette première semaine, ce n'était certainement pas la décoration du dortoir de Ginny, qui retrouvait ses couleurs verdâtres d'antan...
