Chapitre 4 : En manque
Ginny a été nommée Capitaine de l'équipe de Quidditch pendant les vacances. Et la nouvelle de sa séparation avec Harry a déjà fait le tour de l'école...
Moins d'élèves à Poudlard signifiait aussi moins d'élèves se proposant pour jouer au Quidditch.
L'absence de réelle concurrence était une occasion rêvée pour tous ceux qui voulait postuler pour l'équipe. Ils avaient ainsi plus de chances d'être les meilleurs lors des essais.
Mais pour Ginny, c'était un vrai calvaire, puisqu'elle était parfois dans l'incapacité de trouver mieux.
Plus de la moitié de l'équipe de l'année précédente été absente, et les bons joueurs se faisaient rares.
Ginny n'avait pas vraiment d'autres solutions que de prendre les moins mauvais, quitte à se retrouver avec un groupe médiocre, dont elle savait qu'il n'irait pas bien loin.
Tout ce qu'elle pouvait espérer, c'était que le problème soit le même pour les autres maisons…
Ginny était continuellement harcelée dans les couloirs par des candidats potentiels, qui ne pensaient qu'à une chose : rentrer dans l'équipe à tout prix, même s'ils étaient d'un faible niveau.
Elle ne pouvait plus passer un moment tranquille sans que quelqu'un ne vienne la déranger pour demander quand auraient lieu les prochains essais, ou si elle avait réfléchi à qui jouerait au poste d'Attrapeur.
– Tu vas reprendre le poste d'Attrapeuse, cette année, dis ?
– De quoi ? Qui tu es, d'abord ?
– Paul Parker, répondit le petit troisième année. Alors, tu vas jouer Attrapeuse ou Poursuiveuse ?
– Pour la quatrième fois aujourd'hui... J'ai déjà dit que tout dépendrait du candidat. Si on trouve un bon Attrapeur, je jouerais Poursuiveuse. Et vice-versa...
– Ah. Cool. Tu m'appelles si tu te décides !
Cette situation exaspérait Ginny plus que tout. Recevoir son insigne de Capitaine lui avait fait plaisir sur le moment, mais elle regrettait de plus en plus de l'avoir en sa possession.
Le Quidditch, dans les circonstances présentes, n'avait plus rien d'amusant.
L'équipe ne comptait plus aucun de ses amis (sa relation avec Dean Thomas étant toujours très brouillonne), et elle avait beaucoup de mal à se concentrer sur le Championnat.
En fait, Ginny se désintéressait complètement du Quidditch.
Être Capitaine n'était plus un honneur ou un plaisir.
C'était plutôt une corvée.
Il était clair que sans cet insigne, elle aurait déjà quitté l'équipe. Elle n'avait vraiment pas la tête à ça, avec tout ce qui se passait à l'extérieur de Poudlard.
Seulement, abandonner l'équipe aurait été très mal vu...
Tout ce que Ginny souhaitait pour le moment, c'était de pouvoir être tranquille.
Jusqu'à présent, elle avait bien surmonté ses problèmes, mais ceux-ci revenaient au galop.
Elle ne pouvait que penser à Harry, s'inquiétant pour lui.
Que faisait-il en ce moment même ?
Est-ce que lui, Ron et Hermione couraient de gros risques ?
Elle aurait voulu le savoir, mais elle ne pouvait pas rentrer en contact avec eux...
Elle aurait tant aimé demander à Harry quoi faire, en tant que Capitaine. Après tout, il avait tenu ce rôle à la perfection l'an passé.
Mais bien sûr, elle ne lui aurait pas parlé que de ça...
Ginny se rendait dans la Grande Salle avec les autres élèves quand quelqu'un l'interpella une fois de plus.
– Hé Ginny ! Ça serait pour te demander si...
– Je n'ai pas encore pris ma décision, je déciderais selon les essais, répondit-elle, d'une manière quasi-automatique, sans même se tourner vers son interlocuteur.
– Oui, d'accord. Mais ce n'est pas du tout ce que je voulais te demander.
Ginny se retourna. Elle n'avait pas reconnu la voix de Colin Crivey.
– Oh. C'est toi. Mais qu'est-ce que tu veux, alors ?
– Ben, en fait, ce serait pour savoir si... Euh...
Colin paraissait un peu gêné, ce que Ginny trouva très louche.
S'il y avait bien quelque chose qu'on pouvait dire sur les frères Crivey, c'est qu'ils étaient très francs et bavards.
Ils se conduisaient parfois de manière excessive, se souciant très peu des conséquences de leurs paroles et de leurs actes.
Ainsi, ils n'étaient pas rares de les entendre parler à voix hautes en classe ou de les voir déranger les autres avec leurs gamineries, comme si tout cela faisaient parti des règles de courtoisies traditionnelles.
Malgré cela, cela faisait plus de cinq ans que Colin était dans la classe de Ginny, et il n'y avait jamais eu d'anicroches entre eux.
– Ben... Est-ce que tu veux sortir avec moi ?
Ginny se figea sur place.
Elle n'en croyait pas ses oreilles.
L'assistance non plus, d'ailleurs, puisque plusieurs élèves ralentirent leur marche pour mieux écouter.
– Pa… Pardon ? balbutia Ginny.
– Ben oui..., dit Colin, avec un petit sourire en coin. Étant donné que tu es toute seule en ce moment, je me suis dit...
– Non.
– Quoi ?
Ginny n'avait jamais pensé à ça...
Les élèves autour d'eux s'étaient arrêtés, et écouter la conversation, l'air de rien.
– Tu... Tu es avec quelqu'un ? demanda Colin.
Ginny se sentit rougir.
– Oui. Enfin... Non !
Colin leva un sourcil.
Les autres trouvaient cela de plus en plus intéressants.
– Tu es bien toute seule, non ? insista Colin. C'est Patty qui me l'a dit...
Ginny aurait voulu donner des claques à sa camarade de chambre.
– Elle se trompe. Enfin, je...
– Oh... Si tu as quelqu'un d'autre en vue, je peux comprendre, dit Colin, un peu déçu.
Dans l'assistance, des petits rires s'élevaient déjà.
– Non ! Ce n'est pas ça, répliqua Ginny. C'est juste que...
Elle ne savait pas quoi dire.
– Je ne suis pas prête.
Des filles pouffèrent de rire.
– Ah oui, je vois, dit Colin. C'est depuis que Harry t'a plaqué...
Ginny aurait voulu ne jamais avoir à aborder ce sujet.
Elle reprit lentement sa marche vers la Grande Salle, suivi de près par Colin.
– Oh, je comprends, continua-t-il sur un ton compatissant. Il t'a laissé tomber, et maintenant, tu as peur de commencer une nouvelle relation…
La vie privée de Ginny Weasley devait apparemment être un des thèmes à la mode, étant donné le nombre de personnes qui tendaient l'oreille à ce moment là.
– C'est normal de réagir comme ça, ajouta Colin. Mais il faut que tu repartes de l'avant, et que tu oublies cette histoire avec Harry…
Ginny avait beaucoup de mal à rester sereine.
Elle, vouloir oublier cette "histoire" ?
– Harry ne m'a pas plaqué, dit-elle, d'un ton sec.
– Ah ? C'est ce que tout le monde a dit, pourtant, répondit Colin, intrigué. C'est toi qui l'as largué ?
– Je ne... Oh, laisse tomber.
Elle accéléra, sous les commentaires des autres élèves.
– Tu n'as pas à avoir honte, tu sais, dit Colin d'une voix forte, pour être sûr que Ginny l'entende alors qu'elle s'éloignait de lui. Ça veut dire que vous n'étiez pas fait l'un pour l'autre. S'il t'aimait vraiment, il serait resté avec toi coûte que coûte !
Ginny marchait de plus en plus rapidement, tout en essayant de rester impassible.
Mais quand elle entendit derrière elle les moqueries des autres, elle ne pu retenir ses larmes.
Elle alla encore plus vite, ce qui lui donnait une démarche un peu ridicule.
Cela qui ne calma pas les autres.
– On ne peut pas toujours tomber sur la bonne personne, rajouta Colin. Ce n'est pas ta faute s'il ne t'aimait pas.
Ginny éclata en sanglot, et se cacha le visage avec la main.
Elle se mit ensuite à courir dans la direction opposée à celle de la Grande salle, en tentant d'échapper le plus vite possible au regard des élèves.
Elle pleurait à chaudes larmes, et son sac surchargé ne l'aidait pas dans sa course.
Elle prit un escalier sur la droite, et monta jusqu'à l'étage où se trouvait l'entrée de la Salle Commune de Gryffondor, qui, à cette heure-ci, devait heureusement être vide.
Elle ralentit et essaya d'articuler le plus clairement possible le Mot de Passe.
– Bou... Boursoufflure ! dit-elle, entre deux souffles.
– C'est bien cela, répondit la Grosse Dame. Mais... Quelque chose ne va pas ?
Ginny ne répondit pas et se précipita dans la Salle Commune, où elle se jeta sur un divan.
Elle sanglota pendant un long moment.
Elle essayait de se calmer, la tête entre les mains, mais dès qu'elle repensait à ce que Colin avait dit, ses pleurs reprenaient de plus bel.
Et s'il avait raison ?
Et si Harry l'avait plaqué pour de bon ?
Après tout, s'il l'aimait vraiment, il ne l'aurait pas laissé toute seule, sans même un moyen pour lui parler.
Ginny ne savait plus quoi penser.
D'un autre côté, Harry lui avait dit qu'il ne se reverrait que s'il accomplissait ce qu'il avait à faire. Ce qui voulait dire qu'il voulait la revoir.
À moins que ce ne soit autre chose...
Ginny ne voulait même pas y penser. Cela lui était insupportable.
Harry l'aimait, c'était évident.
Colin n'y connaissait rien.
Et puis de toute façon, leur relation était différente des autres.
S'il ne voulait pas la revoir, c'était uniquement pour la protéger.
C'était donc une preuve d'amour...
Ginny focalisa ses pensées sur ces phrases, dans l'unique but de se rassurer.
Après un long moment, elle se calma enfin, et cessa de pleurer.
Elle alluma un feu dans l'antre de la cheminée pour se réchauffer.
Elle regarda les flammes danser devant ses yeux délavés, en tentant de réfléchir à sa situation.
Une chose était maintenant sûre pour Ginny.
Vivre loin de Harry lui était définitivement impossible, malgré toutes ses tentatives pour relativiser les choses.
Il fallait qu'elle le revoit, et cela par n'importe quel moyen...
