Chapitre 6 : La fois de trop

Le plus gros problème de Ginny semble être résolu : son moral remonte.
La découverte du Miroir du Risèd y est bien sûr pour quelque chose...

Seule Ginny aurait été capable d'expliquer un phénomène tel que son changement brutal de comportement.
Car c'était quelque chose que tous avaient remarqué tellement il en était surprenant.
Ginny Weasley était passée du jour au lendemain du stade de jeune fille déprimée au stade de jeune fille pleine d'entrain.
Elle était souriante, elle s'intéressait au cours et elle arrivait même à parler aux autres sans taper de crise de nerfs.
Les Gryffondors tentaient de comprendre cela, mais il ne semblait pas y avoir d'explication plausible (étant donné qu'aucun Poltergeist n'avait prit possession de son corps, d'après ce qu'avait dit Nick-Quasi-Sans-Tête, l'expert en matière d'esprits de la Tour).
Ils s'étaient bien sûr tous tournés vers Patty Fishburnes, une fois que Ginny eut le dos tourné.
– J'sais pas, répondit celle-ci. C'était l'autre jour, on s'est disputé, elle est partie, et puis elle est revenue, trois heures plus tard, avec une bonne mine. Et depuis, des fois, elle disparaît un petit moment, on sait pas où...
– Allez, tu peux nous le dire, supplia Romilda Vane. Tu vis dans le même dortoir qu'elle, quand même ! Elle a pris quelque chose ?
– Tu crois que moi, je cacherais quelque chose d'aussi important ?
Romilda voulut rétorquer quelque chose, mais il s'avéra que Patty n'avait pas tort sur ce coup là...
Découvrir le secret de la bonne humeur de Ginny Weasley était devenu une des priorités des Gryffondors.
Il faut dire que pour une fois qu'un événement positif avait lieu, il aurait été dommage de passer à côté...

Ginny n'avait aucune idée de l'intérêt que lui portait les autres.
Maintenant, elle se fichait du regard de ses camarades.
Sa découverte du miroir semblait l'avoir ramener à la vie.
Elle n'était plus préoccupée par l'absence de Harry.
Elle avait pris pour habitude de retourner dans la salle de cours abandonnée dès que l'envie lui en prenait.
Cela pouvait être plusieurs fois par semaine. Dès qu'elle avait un coup de blues, elle faisait un large détour avant ou après les cours de la journée, dans le seul but de se réconforter.
Il était clair pour Ginny que s'extasier devant un pâle reflet (le mot était tout trouvé) de Harry pouvait sembler un peu ridicule, mais elle ne pouvait s'en empêcher.
C'était devenu comme une drogue dont elle pouvait difficilement se passer.
Et puis, elle essaya de se convaincre qu'il n'y avait aucun mal à cela, puisque cela équivalait à entrer en contact avec Harry par courrier : c'était lui, mais pas vraiment en face (c'était tout ce que Ginny avait trouvé pour ne pas se sentir trop ridicule)…
L'addiction de Ginny à "Harry" était en plus accrue par l'attitude de ce dernier.
En effet, à chaque nouvelle entrevue, il se montrait de plus en plus tendre avec le reflet de Ginny, au point qu'elle devenait jalouse de sa propre image.
Au début, cela se limitait à des mots doux glissés au creux de l'oreille.
Puis vint le temps où tous deux se prirent par la main.
Dans les jours qui suivirent, le reflet de Ginny se montra de plus en plus "tactile" à chaque fois, se rapprochant de "Harry", se blottissant dans ses bras, ou posant la tête sur ses genoux...
Depuis quelques temps, ils en étaient à s'embrasser continuellement, à pleine bouche.
Ginny se demandait jusqu'au cela pourrait aller...
Selon son raisonnement, ce comportement était dû à son propre désir pour Harry, qui ne faisait que grandir un petit peu plus à chaque fois qu'elle se plaçait devant le miroir.
C'était parfaitement logique.
Mais n'était-ce pas un cercle vicieux ?
L'assouvissement du désir qui provoque un désir encore plus grand ?
Ginny réfléchissait à ça quand "Harry" lui fit un clin d'oeil complice.
Elle soupira de contentement, et oublia alors à quoi elle pensait...

Ginny devait toutefois se retenir, et ne pas abuser de ces bons moments.
Plusieurs fois, elle fut proche d'arriver en retard aux cours.
La voir ainsi courir, être essoufflée, mais en même temps avoir l'air de bonne humeur, ne faisait que semer encore plus le doute dans l'esprit de ses camarades de classe.

Pourtant, un jour, Ginny comprit que toute cette histoire allait trop loin.
C'était à la mi-novembre.
Gryffondor venait de gagner son premier match de Quidditch.
L'ambiance était encore à la fête dans la Tour, et cela ne faisait qu'amplifier encore plus la quasi-euphorie de Ginny.
Elle s'était très bien débrouillée, autant en matière de Capitaine que de Poursuiveuse.
Une grande confiance émanait d'elle.
Elle décida de se rendre dans la salle de cours, comme pour partager toute cette joie avec "Harry".
Mais elle ne se sentait pas capable d'attendre le week-end suivant.
Ginny quitta la Salle Commune très tôt le matin, son sac sur l'épaule. Elle rejoindrait la Grande Salle pour manger en vitesse, comme elle l'avait déjà fait plusieurs fois.
Elle prit garde à se montrer discrète.

Arrivée dans la classe, elle jeta son sac à terre, et s'assit devant le miroir.
Elle attendit quelques secondes, puis il apparut.
Toujours aussi souriant, "Harry" se plaça à côté du reflet de Ginny et l'entoura avec son bras.
Le reflet mit la tête contre son épaule, puis ferma les yeux, paisible, ne semblant penser à rien d'autre qu'à cet instant.
Une fois de plus, Ginny était conquise.
Puis, le reflet releva la tête, et se mit à embrasser "Harry" comme si ça avait été la dernière fois de toute sa vie.
La passion qu'elle mettait dans ce baiser était exceptionnelle. Ginny se demanda si elle aurait été capable d'une telle chose un jour…
Ce fut ensuite que les choses allèrent plus loin.
Le reflet semblait en vouloir plus.
Elle commença à relever la chemise de "Harry" avec sa main.
Celui-ci eut un regard ébahi et l'arrêta.
Le reflet lui sauta littéralement à la bouche pour l'embrasser encore, mais "Harry" la stoppa, comme intimidé.
Elle lui dit alors quelque chose.
Tous deux discutèrent pendant un long moment, le reflet semblant supplier quelque chose.
Ginny n'était pas sûre du sujet de la conversation.
Ils n'allaient quand même pas…?
Quelques secondes plus tard, "Harry" acquiesça quelque chose. Il avait l'air grave, presque inquiet, avec toutefois un petit sourire aux coins des lèvres.
Ils se remirent à s'embrasser.
Le reflet s'attaqua de nouveau aux vêtements de "Harry", mais cette fois, celui-ci se laissa faire.
Bientôt, il se retrouva torse nu.
Ginny avait le souffle coupé.
Le reflet commença lui aussi à se dévêtir.
Bientôt, elle se retrouva en soutien-gorge, devant un "Harry" particulièrement gêné.
Mais les baisers reprirent de plus bel, le reflet en profitant pour caresser le torse de son compagnon.
Ginny était étonnée par sa propre audace.
Continueraient-ils ainsi ?
En pleine fougue, "Harry" prit le reflet par la taille et serra sa poitrine contre la sienne.
Il commença à dégrafer son soutien-gorge.
Le reflet de Ginny se retrouva à demi-nue.
Toujours en l'enlaçant, "Harry" allongea doucement le reflet sur le sol.
On aurait dit que plus rien n'aurait pu les séparer.
Ils continuaient à s'embrasser, quand le reflet glissa sa main près de la fermeture de sa jupe, et commença à l'ouvrir.
Puis, elle la fit descendre le long de ses cuisses, laissant apparaître sa petite culotte.
Pendant ce temps, "Harry" avait déboutonné son pantalon...
Ginny n'arrivait à croire ce qu'elle voyait.
C'était une expérience vraiment gênante : se voir ainsi...
Elle avait l'impression d'être une vulgaire voyeuse, alors que ce qu'elle voyait n'était pourtant que son propre désir.
Son affection pour Harry allait donc à ce point là ?
Au point de lui proposer ce qu'elle avait de plus cher ?
Ginny avait la sensation d'être d'une perversité maladive.
Elle n'arrivait pas à détacher son regard du couple.
Et plus cela allait, et plus elle se sentait envieuse. Elle aurait souhaité être à la place de son reflet.
Ginny sentait vraiment le désir monter en elle. Elle se mordu la lèvre.
Elle voulait ressentir par elle-même le plaisir qu'avait son reflet.
Mais...
Oh, et puis tant pis.
La tentation était trop grande.
Tandis qu'elle regardait le couple s'aimer, Ginny se mit à genoux, releva lentement le bas de sa robe, et abaissa sa petite culotte...

Ginny avait honte de ce quel venait de faire.
Comment avait-elle pu succomber à ses pulsions de cette façon ?
Au début, elle venait dans cette salle de cours dans l'unique but de revoir Harry.
Mais voilà que son besoin légitime de voir le garçon qu'elle aimait était devenu une vulgaire perversion.
Ginny regrettait de s'être laisser aller ainsi.
Elle ne voulait pas que sa relation avec Harry ne se limite qu'à ça : de simples contacts physiques.
Il était arrivé la même chose à son frère l'année précédente, et cela c'était mal terminé.
Ginny repensa à ce que son reflet avait proposé à "Harry".
À bien y réfléchir, c'était écoeurant.
"Harry" ne semblait pas d'accord au départ, et s'était laissé convaincre, sans doute attirer malgré lui par quelques promesses dégoutantes.
Ginny ne voulait pas devenir comme ça.
Une histoire d'amour, c'est une chose qui se décide à deux, sans forcer la main à l'autre. Et pas besoin non plus d'en venir à faire… Des choses.
Ou alors, pas de cette façon.
Encore heureux que le Miroir ne montrait pas l'avenir…

Il fallait que Ginny abandonne quelques temps ces "séances", encore plus si cela devait dégénérer ainsi.
Appuyée contre le mur, elle pouvait voir son reflet, le regard honteux.
"Harry" était en train de la consoler, de lui dire que cela n'était pas grave, et de la serrer dans ses bras.
Ginny souhaita pouvoir avoir un jour une relation aussi fusionnelle avec le véritable Harry.
Celui-ci pourrait-il un jour lui pardonner d'avoir osé pensé à lui uniquement de cette manière ?
Ginny soupira une dernière fois, et regarda sa montre.
10 h 05.
Oh oh.
Elle avait passé beaucoup trop de temps ici.
– Et m…!
Elle venait de rater la première heure du Cours de Métamorphose.
Paniquée, elle se releva, récupéra son sac, et courut vers la porte à toute vitesse.
Elle l'ouvrit, et se précipita dans le couloir, sans même penser à refermer la classe.
Comment tout cela avait-il pu dériver ainsi ?
Voilà qu'elle était en retard à une des matières les plus importantes, et cela parce qu'elle avait passé son temps à se... À se lamenter sur son comportement (entre autres choses).
Ginny courait à présent en direction de la Salle du Professeur McGonagall.
Quelle excuse pourrait-elle donner ?
Il était clair qu'elle ne pouvait vraisemblablement pas dire la vérité. Surtout si c'était devant la classe entière.
Elle ne s'en remettrait pas.
Et bien que le professeur McGonagall soit une femme, Ginny néanmoins doutait qu'elle puisse comprendre, si elle lui expliquait en privée : elle ne devait plus ressentir ce genre de pulsions depuis bien longtemps…
Ginny abordait maintenant l'escalier principal.
Elle monta les marches deux à deux.
Une panne d'oreiller ?
Elle avait déjà quitté la chambre quand Patty s'était levé.
Malade ?
Elle aurait dû être clouée au lit ou être passée à l'infirmerie, plutôt que de courir de cette façon.
Perdue ?
Personne ne l'aurait cru. Tout le monde savait qu'elle connaissait Poudlard comme sa poche depuis ses activités nocturnes avec Harry et les autres.
Une erreur d'emploi du temps ?
Plus de deux mois après le début des cours, cela était improbable.

Ginny avait épuisé le stock de bonnes excuses que lui avaient appris Fred et Georges, quand elle arriva devant la porte de la classe.
Elle reprit son souffle.
Quoi qu'elle dirait, cela se devait d'être convaincant...