Chapitre 19 : Promiscuité

Fin mars…

Après de longs mois d'attente, l'hiver était enfin parti, emportant avec lui son lot de courants d'air et ses journées glaciales.
Et oui, le 12, Grimmault Place, avait des problèmes d'isolation.
Ce matin-là, ce fut donc un des premiers rayons de Soleil du printemps qui se faufila à travers les planches de la fenêtre, pour frapper Ginny en plein visage.
Ne plus être soumise à l'emploi du temps de Poudlard lui plaisait beaucoup, et elle ne se privait pas d'en profiter tous les jours.
Encore légèrement ensommeillée, Ginny ouvrit un œil, et sourit.
Harry était là, en train de la regarder.
– Bonjour.
– Hmm… Bonjour, répondit Ginny. Tu es debout depuis longtemps ?
– Je ne sais pas. J'étais en train de te regarder dormir.
Ginny leva un sourcil.
– Me regarder dormir ?
– Oui. Tu es belle, quand tu dors. Tu as l'air si paisible…
Ginny lui sourit de plus bel.
– Et puis… J'aime aussi quand tu te réveilles. Quand tu ouvres tes grands yeux, quand tu me fais un sourire… Mais, ce que j'aime par-dessus tout, c'est ta voix, qui me dit…
– Embrasse-moi.
Harry se pencha vers elle, et s'exécuta.
Le premier baiser du matin était toujours le meilleur, car c'était aussi le premier d'une longue série.
Harry et Ginny n'auraient manqué ce rituel pour rien au monde.
– Alors, Princesse… Ça fait quel effet de dormir dans un lit de grande personne ?
– C'est mieux qu'avant, répondit Ginny en s'étirant. Mais…
Il fallait qu'elle lui dise.
C'était une question de confiance et de respect mutuel.
– Ce n'était pas la première fois.
Le sourire de Harry s'effaça.
– Comment ?
– En fait, j'ai… J'ai déjà dormi avec un garçon dans un grand lit. Mais, en même temps…
Ginny s'assit à califourchon sur Harry.
– C'était avec Ron, on était chez ma grande tante Adela, j'avais sept ans, et il ronflait.
Harry pouffa de rire.
– Tu n'étais certainement pas en petite tenue non plus, dit-il.
– Pour le peu que je m'en souvienne, non. Mais par contre, Ron ronflait, ça j'en suis sûre. Et moi ? Je ne ronfle pas, j'espère ?
– Non, mais tu as les pieds froids, et tu piques toutes les couvertures.
– Menteur…
Elle l'embrassa.

En effet, la veille au soir, ils avaient (enfin) rendu au lit son état originel.
De toute manière, continuer à avoir deux lits parfaitement séparés aurait été hypocrite. Autant assumer pleinement leur sexualité.
Ils étaient adultes, après tout.
Ces deux matelas ne leur avaient pas été très utiles.
Quelques jours seulement après son arrivée, Ginny avait déjà… Célébré ses retrouvailles avec Harry.
Depuis cette nuit-là, elle avait toujours dormi avec lui, blottie entre ses bras (c'était sans doute pour cela que la rigueur de l'hiver l'avait épargné).
Sauf qu'il fallait tromper les apparences.
De ce fait, Ginny en était venue à devoir défaire son lit chaque matin afin d'éviter que Ron ne se doute de quelque chose. Un stratagème un peu ridicule, et surtout inutile.
Ron n'était pas dupe (il dormait au deuxième étage).
Et quand bien même, il n'aurait eu que de simples doutes… Cette fameuse matinée où Ginny était malencontreusement descendue prendre le petit déjeuner, avec pour seul habit la chemise que Harry portait la veille, aurait confirmé ses doutes.
Mais avoir enfin un vrai grand lit à eux représentait bien plus que ça.
Pour Ginny, c'était avant tout un symbole. Le symbole d'une union réelle.
Harry n'était plus seulement son petit copain. Ça allait plus loin que ça.
Depuis hier soir, c'était "officiellement" son amant.
Et ça, dans tous les sens du terme…

– Tu vas m'empêcher de bouger comme ça encore combien de temps ? demanda Harry.
– Tu veux vraiment me faire croire que ça ne te plait pas quand je te chevauches de la sorte ? répondit Ginny, en le plaquant sur le matelas par les épaules.
– Mais ce n'était pas un reproche…
Ginny contempla avec délice le panorama qui s'offrait à ses yeux.
Les longues séances d'entraînement au Quidditch avaient porté leurs fruits…
Rien que de le voir, comme ça, entre ses cuisses, elle se mordit la lèvre de désir.
Elle en avait vraiment envie.
Elle voulait le sentir en elle, une nouvelle fois.
– Je t'aime, lui dit-elle au creux de l'oreille. Fais moi un gros câlin.
– Encore ?
– Oui, je suis d'humeur câline, en ce moment…
Elle commença à l'embrasser langoureusement, la poitrine pressée contre son buste.
Harry avait compris le message, et y répondait par l'affirmative.
Ginny sentit sa main lui remonter petit à petit dans le dos.
D'un geste expérimenté (qu'il avait eu beaucoup de mal à maîtriser), il dégrafa son soutien-gorge.
Ginny se redressa, l'enleva, le jeta quelque part dans la chambre, puis revint à la charge.
Harry la saisit ensuite par la taille, et avec vigueur, l'allongea sur le dos.
Il lui caressa alors les seins, tout en l'embrassant dans le cou, comme il savait maintenant si bien le faire.
Le rythme cardiaque de Ginny s'accéléra.
La main de Harry descendit lentement, très lentement, tout le long de son corps, passa par son ventre, pour enfin terminer sa course dans s…
– Haaa…
Les premières fois, Harry faisait attention à ne pas faire mal à Ginny.
Mais par la suite, il tenta surtout de lui faire du bien.
Le plus possible.
Afin que le plaisir ressenti pendant ces moments-là soit plus fort à chaque fois.
Une attention louable, que Ginny ne regrettait pas.
Il faisait ça avec beaucoup de doigté (sans mauvais jeu de mot), et elle avait l'impression de découvrir les secrets de son corps un petit peu plus à chaque fo…
– Ha !
Harry accélérait le mouvement, toujours avec délicatesse.
Pour décupler ses sensations, Ginny commença à se caresser la poitrine.

Avant, elle croyait que faire l'amour, ce n'était pas important.
Elle n'avait pas tout à fait tort…
Mais avec le temps, elle comprit quelque chose : ce qu'elle prenait pour un acte instinctif et un peu malsain pouvait aussi être une preuve de tendresse.
Et si on pouvait aisément faire l'amour sans être amoureux, il était plus difficile d'être amoureux sans faire l'amour…
Bien sûr, jamais Ginny n'oserait juger cela comme étant le summum de sa relation avec Harry, mais elle était bien forcée de l'admettre : le sexe, c'était génial.

Ginny poussa un petit gémissement de plaisir.
Elle avait de plus en plus chaud.
Et ce n'était que le début…
Harry l'embrassa sur la bouche.
– Tu es toute mouillée…, lui murmura t-il.
Ça y est.
Ginny lui rendit son baiser.
– Je veux que tu m'aimes très fort.
Harry fit descendre sa petite culotte humide le long de ses jambes.
Il la lui enleva, et le sous-vêtement alla se perdre quelque part, au fin fond des couvertures.
Ginny était maintenant complètement nue, prête à s'offrir à lui.
Frénétiquement, Harry dénoua sa ceinture, et déboutonna son jeans.

C'était ce qu'elle attendait depuis tout à l'heure.
L'Apothéose.

Sans dire un mot, Ginny écarta les cuisses.
Harry se posta au-dessus d'elle, l'embrassa une nouvelle fois, et…

TOC TOC !

– Ouh ouh ! Vous êtes réveillés ?
– AH, MAIS MERDE !
De l'autre côté de la porte, Hermione venait de tout gâcher.
Harry roula sur le dos, sans finir ce qu'il avait commencé, au grand dam de Ginny.
– Oh non… Je le crois pas…
Ginny non plus, n'y croyait pas.
– Hé ! Vous êtes debout ? dit ensuite Ron.
Comment ils pouvaient leur faire ça ?
– Ils m'énervent, ils m'énervent…, répétait Harry, exaspéré, la tête entre les mains.
Ginny soupira.
– C'est décidé. On déménage.
– Non. On va les foutre dehors, ça ira plus vite…, répliqua Harry.
Ginny, carrément insatisfaite, n'en pouvait plus.
Être interrompu comme ça, en pleine action, était l'une des choses les plus frustrante au monde.
Et ce n'était pas la première fois que cela arrivait.

Qui aurait pu croire que dans cette grande maison, avec ses trois étages et ses innombrables pièces, Harry et Ginny souffriraient de la promiscuité ? Personne de censé.
Les statistiques étaient en leur faveur : à eux la tranquillité et l'émancipation des sens.
Hélas, rien ne se passait comme prévu. Limite, ils avaient tout bonnement la poisse…
La population du 12, Grimmault Place, n'était pas immense, mais elle suffisait à leur gâcher la vie.
La semaine précédente, par exemple.
Hermione était rentrée dans la salle de bains pour prendre sa brosse à cheveux, juste au moment où Harry et Ginny étaient en pleine expérimentation buccale (le rideau de douche leur avait sauvé la mise, ce jour-là).
Quelques jours plus tôt, c'était Ron qui venait chercher Harry avec un prétexte idiot, alors qu'il était en train d'embrasser Ginny un peu partout (et partout un petit peu).
Une fois, Pattenrond était même sorti de dessous le lit, après coup. Depuis, il regardait Ginny avec un drôle d'œil…
Partout où ils allaient, ils avaient l'impression d'être espionnés.
Le pire, ce que ce n'était pas le cas.
Ces interruptions castratrices étaient de pures coïncidences : Hermione était assez ouverte sur le sujet pour les laisser faire, Ron ne voulait même pas l'imaginer, et Pattenrond (aussi pervers aurait-il pu être) n'était qu'un chat.
Par contre, ce qui était sûr, c'était que Harry et Ginny n'avaient presque aucune intimité.
Ils pensaient pouvoir être tranquilles dans leur chambre.
Même pas.

Priver deux jeunes adultes surexcités de leur petit moment de bonheur personnel était inhumain. Encore une fois, un vide législatif se faisait ressentir.
– Princesse, j'en peux plus, dit Harry, qui semblait sur le point d'exploser. Je crois que tout ça va finir en bain de sang…
– Du calme, du calme, répondit Ginny, qui tentait de suivre son propre conseil, en serrant les dents. Ce n'est pas grave, ce n'est pas…
– Oh ! Quoi que vous fassiez, arrêtez tout de suite ! s'exclama Ron.
Ouuuuuh…
C'en était trop.
Les nerfs de Ginny lâchèrent.
Elle sauta hors du lit, enfila sa robe de chambre, saisit sa baguette, et alla leur ouvrir, bien décidée à mettre les points sur les "i".
La promiscuité, ça allait bien cinq minutes.
Elle ouvrit brusquement la porte par magie, laissant apparaître Ron et Hermione, qui avaient collé leur oreille dessus pour écouter.
– BON, ÉCOUTEZ, LES DEUX MARIOLES ! MOI ET HARRY, ON COMMENCE SÉRIEUSEMENT À EN AVOIR PAR-DESSUS LA TÊTE ! ÇA PEUT VOUS PARAÎTRE SURRÉALISTE, MAIS SI ON S'ISOLE TOUS LES DEUX DANS NOTRE CHAMBRE, C'EST PAS POUR FAIRE DES GAUFRES ! ON AIMERAIT AVOIR UN MINIMUM D'INTIMITÉ, UNE FOIS DE TEMPS EN TEMPS !
Harry, resté assis sous les couvertures pour des raisons purement masculines, n'en pensait pas moins.
Ron et Hermione, eux, préféraient ne pas prendre de risques : Ginny était armée, et potentiellement dangereuse.
– VOUS NE POURRIEZ PAS NOUS LAISSER UN PEU TRANQUILLE, NON ? continua celle-ci, en brandissant sa baguette. C'EST TROP VOUS DEMANDER ? ON VA QUAND MÊME PAS DEVOIR VOUS FAIRE UN DESSIN ? COMME SI ÇA NE POUVAIT PAS ATTENDRE, EN PLUS ! QU'EST-CE QU'IL Y AVAIT DE SI URGENT, HEIN ? QUELQU'UN EST MORT, OU QUOI ?
– Oui, répondit Hermione. Drago Malefoy.