Chapitre 23 : Plus qu'une simple bêtise

Le visage de Harry se décomposa.
– Qu… Quoi ?
– Je suis enceinte, répéta Ginny, à voix basse. De toi.
Il lui lâcha la main et se leva d'un bond.
– QUOI ?!
Ginny s'attendait à cette réaction.
– Mais… Mais… Tu en es sûre ?
"Sûre" ?
Plus que jamais.
Quinze jours de retard sur son cycle, cela ne voulait dire qu'une seule chose…
– Oui, répondit-elle.
Harry avait l'air complètement paniqué.
– Non…
Il y avait de quoi.
– Non, non, non…
Hélas…
– Mais, mais… Ce n'est pas possible ! dit-il, le souffle court.
Et pourtant.
– Enfin, je veux dire… J'ai… J'ai toujours fait ce qu'il fallait, quand il le fallait, je te jure !
En effet.
Même si ce n'était pas très romantique, Harry s'était toujours retiré au dernier moment.
À priori, cela aurait dû leur éviter ce genre de problème.
À priori, seulement.
– Je sais, dit Ginny. Mais apparemment, ça… Ça n'a pas suffit.
– "Pas suffit" ? Ah, ça oui, ça n'a pas suffit !
Harry commença à faire les cent pas, en grommelant.
– C'est pas vrai… C'est pas vrai… Oh, merde…
Il tentait de se calmer, mais il avait beaucoup de mal.
Ginny, elle, restait immobile, la tête baissée.
– Et… C'est arrivé quand ? demanda t-il.
Cela faisait longtemps que Ginny ne faisait plus précisément attention à ses périodes de règles.
Et encore moins à la fréquence de ses rapports sexuels.
Néanmoins, elle pouvait estimer cela à…
– Il… Il y a cinq semaines. Peut-être plus.
– Bon sang… Cinq semaines !
Cela sembla l'affoler encore plus.
Il s'appuya contre le mur, la tête entre les mains.
S'il se mettait dans des états pareils, c'était uniquement à cause de Ginny, elle le savait.
Elle avait honte de rester là, sans rien dire, alors qu'elle lui causait tant de soucis.
C'était vraiment une bonne à rien. Une vraie nulle.
Elle sentait déjà les larmes lui monter aux yeux.
– Tu le sais depuis combien de temps ? demanda Harry, en soupirant.
Au début, Ginny n'avait pas fait la relation. Les nausées, les maux de tête…
Elle ne pensait pas que tout était lié.
– J'ai… J'ai compris…
Elle avait du mal à parler.
Elle avait la gorge sèche.
– Il y a un peu plus d'une semaine, dit-elle enfin.
– J'le crois pas… Et tu pensais me le dire quand ? s'emporta Harry.
– Je ne sais pas ! J'a… J'avais peur de ta réaction…
– Ma réaction ? Ginny, tu es enceinte ! Ce n'est pas un truc qu'on garde pour soi, merde !
Il se rassit à côté d'elle, en fulminant.
Ça y est, il criait.
Ginny le savait…
Mais il avait raison, avec une idiote pareille.

Ginny avait tout fait de travers.
Déjà, elle se faisait renvoyer, ce qui n'était pas particulièrement malin.
Ensuite, elle arrivait ici sans prévenir, amenant la discorde et les embêtements…
Elle n'était même pas capable de faire quelque chose d'utile à la maison…
Et maintenant, ça.
Avec cette grossesse, Ginny ne faisait que voir confirmer ses doutes : elle n'était qu'un fardeau pour Harry. Une fauteuse de troubles. Une fauteuse de troubles qui allait lui pourrir la vie.
Ça devait être ça, sa punition.
Si seulement elle était restée à l'École…

– Je suis désolée.
Ginny commença à sangloter. Une fois de plus.
Elle n'était bonne qu'à ça, de toute façon…
Comment Harry avait-il pu tomber amoureux d'une fille comme elle ?

– Ne pleure pas.
Elle se tourna vers lui.
– S'il te plait. Ne pleure pas, dit-il, d'un air attristé. Je ne veux pas que tu pleures.
Ginny ne pouvait pas s'en empêcher. C'était trop dur.
– Oh, Harry…
Il la prit dans ses bras.
Elle sanglota de plus bel.
– Excuse-moi ! Je ne…Je ne voulais pas…
– Ce n'est pas ta faute…
– Si ! J'aurais… J'aurais dû rester…
– Tu n'y es pour rien. C'est… C'est moi. Je pouvais faire quelque chose contre ça, mais…
Il la serra très fort.
– S'il te plait, ne pleure pas…, répéta t-il.
Cela lui était impossible.

Seize ans. Ginny n'avait que seize ans.
Ce n'était pas une adulte.
Pourtant, elle était enceinte. Elle attendait un enfant.
Et elle était terrifiée.

– Harry, qu'est-ce qu'on va devenir ? Comment on va faire ? On… On n'arrive même pas à s'occuper de nous même ! Je ne suis même pas censé être là ! Et puis, je… Je ne suis pas prête à avoir un bébé !
– Calme-toi, calme-toi…
C'était peine perdue.
– On est trop jeune ! Nous ne sommes que des gosses ! On ne peut pas avoir un enfant, on… On n'est même pas mariés ! On n'y arrivera pas…
Ses larmes étaient aussi fortes que ses craintes.
– Qu'est-ce qu'on va faire, Harry ? Qu'est-ce qu'on va faire ?
– Je n'en sais rien, Ginny !
Sa voix commença à tressaillir.
– Je n'en sais rien…

Ils croyaient être adultes. Ils croyaient savoir ce qu'ils faisaient.
Mais ils avaient tort.
Ce n'était encore que des enfants.
Des enfants paniqués après avoir fait une bêtise.
Une grosse bêtise…