Chapitre 29 : Le Parloir
Fletcher se tourna vers le garde.
– Euh… J'ai le droit de refuser ?
VLAN !
Le garde lui ferma la porte au nez.
– Je crois que ça veut dire "non".
Il fit volte-face, et croisa le regard de Harry.
– Hé. Harry ! Comment ça va ? dit-il d'une voix mal assurée. J'espère que tu es en bonne sant… OUCH !
Ginny savait que Harry avait un compte à régler avec Fletcher.
Son expression depuis que ce dernier était rentré dans le Parloir était assez équivoque. Il n'avait pas encore digéré le fait que Fletcher ait profité de la mort de Sirius Black pour dévaliser le 12, Grimmault Place.
D'après ce qu'on lui avait raconté, Fletcher avait fui avant qu'il n'ait pu faire quelque chose. Autant dire qu'il attendait cette rencontre avec impatience.
Venir à Azkaban permettait à Harry de déverser toute sa frustration, toute sa colère envers Fletcher. Il voulait lui rendre la monnaie de sa pièce.
Bien que ce ne soit pas un comportement très courtois, c'était légitime.
Et même si elle n'aimait pas le voir dans un état pareil, Ginny comprit parfaitement le profond sentiment de haine qui émana de Harry quand celui-ci colla cette magnifique beigne à Fletcher.
N'empêche que ça surprenait.
– HARRY ! s'exclama Hermione.
Fletcher se retrouva contre le mur, la main sur le visage.
– VOUS N'ÊTES VRAIMENT QU'UNE POURRITURE ! cria Harry.
– Et t'as trouvé ça tout… TEUH !
Un deuxième coup de poing. Dans le ventre, cette fois.
Fletcher tomba à genoux, le souffle coupé.
Ça allait trop loin.
– Harry, arrête ça tout de suite ! s'écria Ginny en l'attrapant par le bras. Tu vas finir par le…
– Ça va, je contrôle…
Ginny l'éloigna un peu de Fletcher, qui tentait de se relever péniblement.
– Non, tu ne contrôles rien ! Calme-toi !
– Oh, lâche-moi un peu !
Il libéra son bras d'un coup sec.
– Il n'a eu que ce qu'il méritait.
Oui, et bien ce n'était pas le seul à mériter des claques…
Fletcher se redressa enfin, en prenant appui sur une des chaises. Il avait la lèvre en sang, ainsi qu'un sourire narquois.
– On t'a pas appris les bonnes manières, à l'École ? dit-il.
– Bouclez-la, répondit Harry avec colère. Espèce de fils de pute.
Fletcher eut un petit rire.
– T'as enquêté sur moi ? Je suis flatté…
Il se toucha la lèvre du bout du doigt, et se rendit compte qu'il saignait.
– Hmm… Jolie droite, petit. Que me vaut l'honneur ?
– Comme si vous ne le saviez pas… Vous avez pillé la maison de Sirius ! Vous avez osé dépouiller un mort !
Fletcher rit de nouveau.
– T'es encore sur cette vieille histoire ? Bon sang ! T'es encore plus rancunier que ce dealer de Potions, à Newport. Et puis, c'est pas comme si c'était la première fois que je faisais les poches à un cadavre…
Harry l'attrapa par le col.
– Hé !
Ron se précipita pour les séparer.
– Vous aviez prévu ça depuis longtemps, hein ? dit Harry, avec colère. Vous attendiez qu'il crève d'une façon ou d'une autre, c'est ça ?
– Disons plutôt que j'ai saisi le Souafle au vol, répliqua Fletcher. Dans mon métier, il faut savoir improviser…
– Lâche-le ! cria Ron.
Harry s'exécuta.
Décidément, Ginny adorait la façon dont il "contrôlait"…
– Vous me débectez, dit Harry, sur un ton confirmant ses dires.
– Tu m'en vois ravi, répondit Fletcher, amusé.
– Vous avez trahi Sirius ! Vous avez trahi l'Ordre !
– Rappelle-moi de m'en vouloir, surtout…
Son attitude était clairement provocatrice. Il cherchait la bagarre, et l'avait trouvé.
Il ne devait pas être submergé par le remord non plus…
Pendant tout le temps qu'elle l'avait côtoyé, Ginny avait toujours vu Fletcher comme un petit voleur de bas étage, plutôt amicale. À part peut-être sa mère, tout le monde avait trouvé en lui un compagnon sympathique et blagueur.
Mais apparemment, il avait bien caché son jeu. Ce qui, pour un truand, était signe de professionnalisme.
Ils auraient difficilement pu devenir copains comme cochons avec l'homme qui se pavoisait devant eux.
– Dumbledore vous faisait confiance ! continua Harry. Vous vous êtes foutu de sa gueule, à lui aussi !
L'expression de Fletcher changea du tout au tout.
– Dumbledore ?
– Oui, Dumbledore ! Il vous a laissé rentrer dans l'Ordre, en pensant qu'au final, vous étiez un type bien. Mais vous vous êtes servi de lui pour préparer vos combines en douce ! Après tout ce qu'il a fait pour vous !
Fletcher resta silencieux, puis pouffa de rire. Mais ce n'était pas un rire moqueur.
C'était plus un rire nerveux, comme si son propre sort l'amusait beaucoup.
Tout en se gondolant, il s'assit sur une des chaises.
– Pauvre petit con, dit-il.
– Quoi ?!
– Tu ne sais rien de ce qui s'est passé ! Tu ne sais rien de l'Ordre du Phénix ! Et tu ne sais rien de Dumbledore !
Harry frappa du poing sur la table.
– J'en sais plus que vous ne le croyez.
– Tu ne sais que ce que le vieux voulait que tu saches, répondit Fletcher avec dédain. Tu t'es laissé manipuler. Comme les autres.
Harry ne sembla pas comprendre.
Ça tombait bien, Ginny et les autres non plus.
– Q'est-ce que vous insinuez ? demanda Harry.
– Tu crois que ce vieux schnock était assez débile pour me faire confiance ? dit Fletcher.
– Hein ?
– Sers-toi de ta tête. Avec sa manie de toujours tout savoir, de se croire meilleur que les autres… Tu penses sincèrement qu'il aurait pu se laisser berner par un "minable" tel que moi ?
Il n'avait pas tort.
Dumbledore avait toujours été capable de sonder l'esprit des gens. De deviner qu'elle était leur véritable nature.
Prévoir que Fletcher ne refreinerait pas ses pulsions cleptomanes aurait dû être à sa portée.
– Dumbledore ne faisait confiance à personne, continua Fletcher. Et il sous-estimait tout le monde. C'est pour ça qu'il était toujours seul.
– C'est faux, dit Harry. Il avait beaucoup d'amis !
Fletcher leva les yeux au ciel.
– Il avait surtout des subordonnés fidèles. Ou du moins, qu'il savait rendre fidèles…
Mais… De quoi il parlait ?
– Des "subordonnées" ? Les membres de l'Ordre du Phénix étaient loin d'être des pions, et encore moins des petits soldats, rétorqua Harry. Ils étaient tous voués à leur cause, et prêt à défendre leurs idéaux, au mépris du danger. L'Ordre n'avait rien d'une armée. C'était juste des gens qui combattaient Voldemort, pour préserver leur Liberté !
Fletcher applaudit des deux mains.
– Bravo ! Tu as bien retenu ta leçon. L'ennui…
Il regarda Harry droit dans les yeux.
– C'est que ton prof ne t'a pas exposé toutes les données du problème.
– Oh, laisse-le, Harry ! s'insurgea Ron. On n'est pas venu pour ça. Il ne fait que te mener en bateau. Il se fout de toi !
Harry l'ignora.
Il s'assit sur la seconde chaise, bien décidé à ne pas se laisser intimider.
– Et bien, allez-y. J'ai tout mon temps.
Fletcher posa les pieds sur la table.
– Je vais te raconter une petite histoire, commença-t-il. C'est l'histoire d'un jeune garçon, plutôt beau gosse. Plutôt poissard, aussi. Il avait grandi dans un milieu pas très recommandable. Un jour, il est parti à l'École. Et un autre jour, il est revenu. Avec plein d'amis, plein d'idées, et plein de sortilèges pour mettre en œuvre ces idées. Sauf qu'une des idées a mal tourné, à cause d'un des amis. Et à cause d'une petite fille qui aurait mieux fait de laisser les messieurs finir leur "travail" en paix, surtout le plus nerveux d'entre eux…
Quoi ?
Ils… Ils avaient tué une gamine ?
– On a tous plongé. Pour diverses raisons, continua Fletcher. On est venu s'installer chez les spectres. Ça n'avait rien de très réjouissant. Un soir, je me suis retrouvé dans cette pièce. J'étais encore sous l'effet des Détraqueurs, je n'ai pas bien tout suivi. Mais il y avait quelqu'un dans la pièce. Quelqu'un avec un regard faussement amical.
– Dumbledore ? demanda Harry.
– Tout juste.
L'amabilité qu'avait Dumbledore en toute circonstances était légendaire.
– Il a dit qu'il se souvenait de moi, reprit Fletcher. Que j'étais pourtant promu à un bel avenir. Qu'il était déçu. Bla, bla, bla…
– Et alors ?
– Je lui ai dit que je me souvenais de lui. Que j'en avais rien à foutre. Qu'il devait en venir aux faits, et arrêter son concours de politesse. Il a changé de ton. Il m'a proposé un marché : il me faisait libérer, et faisait disparaître mon casier, par la même occasion. Mais en contrepartie, je jouais les indics pour sa pomme.
– Les "indics" ? C'est-à-dire ?
– Tu connais l'Allée des Embrumes ? Et bien moi, encore mieux. Le vieil Albus avait le bras long, mais pas assez. Alors il s'est créé un bon petit réseau d'informateurs dans toutes les branches du Monde Magique. Ministère, Aurors, Gringotts… Mages Noirs. Il était parano. D'après lui, Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom était en vie, des trucs dans le genre – l'Histoire lui aura donné raison. Moi, ses petits tracas, je m'en foutais un peu. Tu-Sais-Qui ou pas Tu-Sais-Qui… C'est pas le régime en place qui t'apporte ta croûte.
– Vous n'aviez qu'à vous barrer, dit Harry, d'un ton abrupt. Si vous ne croyiez même pas à ses idées…
– Ces idées, c'était du baratin, répliqua Fletcher. Sang Pur, Sang-De-Bourbe… Ce genre de discours, c'est juste bon à attirer les crétins dans un des deux camps. Qu'est-ce que tu crois ? La plupart des Mangemorts font ça par intérêt, ou parce qu'ils y sont forcés. C'était pareil pour l'Ordre…
– Dumbledore n'aurait jamais obligé quelqu'un à le suivre !
C'était vrai.
Les parents de Ginny l'avaient rejoint parce qu'ils avaient confiance en lui, et parce qu'ils savaient que le Ministère ne ferait rien contre Voldemort.
– Certes, certes… Mais il s'arrangeait toujours pour qu'on ne puisse pas lui refuser ce… "Petit service", continua Fletcher.
– Comme menacer les gens de les renvoyer en prison, là où il devrait être ? rétorqua Harry.
– Entre autre. Ou alors faire qu'on ait une dette envers lui, pour que tout le monde "lui doivent bien ça", comme on dit. À ton avis, qui a permis au gros Hagrid de rester à Poudlard ? Qui a aidé Lupin à cacher sa Lycanthropie ?
– Il les avait aidé, justement ! Rien de plus naturel !
– Qui a trafiqué le dossier de Maugrey, pour y effacer cette malencontreuse bavure avec le petit jeune de quinze ans ? Qui a permis à Tonks de réussir miraculeusement son examen d'entrée chez les Aurors ? Qui a modifié la mémoire de l'ex-femme de Podmore ?
Fletcher se tourna vers Ginny.
– Qui a créé et fait renouveler les subventions du Service de Détournements de l'Artisanat Moldu, alors que tout le monde sait que c'est un département bidon ?
Ginny n'apprécia pas cette dernière remarque.
– Vous racontez n'importe quoi ! s'indigna-t-elle.
– Ginny, reste en dehors de…
– Papa n'aurait jamais risqué sa vie pour une chose en laquelle il ne croyait pas ! Il n'aurait…
– Ton père était au chômedu, avec deux gosses à charge et un troisième dans le tiroir de ta mère, la coupa Fletcher. Ses beaux-frères jouaient déjà aux petits espions. Gentil Barbu n'a fait qu'anticiper les choses. Quelques années plus tard, il a pu récupérer toute la clique, et même plus encore – encore bravo à Madame. Une bande de jeunes élevés dans son culte, et qui auraient fait n'importe quoi pour lui et sa bonne cause…
– Et après ? Dumbledore n'était peut-être pas parfait. Il utilisait peut-être des moyens douteux, ainsi que des gens douteux… Mais il était du bon côté.
– T'as jamais entendu parler du Décret 301-222 ? Et son amendement sur la Coalition Economique entre les Gobelins et le Ministère, qui a failli passer, il y a six ans ? Le vieux croulant n'était pas blanc comme neige. Et il vous a tous bourré le mou.
– C'était un type bien ! C'était notre ami !
Fletcher eut un sourire mauvais.
Il descendit de sa chaise, et dévisagea successivement Ron, Hermione, et Harry.
– Crois-moi, petite.
Il se tourna vers Ginny.
– Les Amis et les Ennemis ne sont pas toujours ceux que l'on croit.
Ginny n'aima pas du tout le ton qu'il employa pour dire ça.
Cela ressemblait tant à une menace qu'à une mise en garde.
Que voulait-il dire par…
– Ça suffit.
Ron attrapa Fletcher par la chemise et le plaqua contre le mur.
– Tous vos bobards, on s'en moque. On n'est pas ici pour écouter vos petites insinuations.
Tiens, oui, c'était vrai.
– Oh moi, vous savez, si je peux faire un brin de causette…, rétorqua Fletcher.
– Ron…, commença Harry.
– On est en train de perdre notre temps !
Hermione, qui n'avait pas osé intervenir jusqu'alors, acquiesça.
– Il a raison, Harry. On s'est relativement écarté du thème principal de notre visite.
Ils avaient raison.
Harry leva les yeux au ciel.
Ses envies vengeresses avaient pris le dessus. Cela l'empêchait d'être objectif.
– Quel thème principal ? demanda Fletcher, comme si être cloué au mur par un grand balèze était de la routine.
Ron le lâcha. Un peu.
– La maison de Sirius Black, dit-il, d'un ton sec.
– Encore ?!
– Oui, une fois de plus, dit Hermione, avec diplomatie. On voudrait vous reparler de ce vol…
– D'ordinaire, je n'aime pas trop me vanter…
Harry serra les poings, mais ne dit rien.
– Vous avez fait le tour de toutes les pièces, ce soir-là, n'est-ce pas ? continua Ron. Tout de suite après la bagarre, vous êtes retourné au QG, et vous avez fouillé partout…
– Pas vraiment, répondit Fletcher, heureux qu'on s'intéresse à son travail. J'avais déjà repéré les lieux. Et je savais que tous les objets de valeur se trouvaient au Grenier, dans une grosse malle. Tu remercieras tes frangins pour l'info…
Un jour, on fermera la bouche de Fred et George avec du fil et une aiguille. Et le monde sera meilleur.
– Ainsi, vous êtes directement monté là-haut, dit Hermione. Bien. C'est ce qui nous intéresse.
– Qu'est-ce que vous avez piqué ? enchaîna Ron.
– J'étais pressé. Je n'ai pas pris grand-chose., répondit Fletcher. Des coupes, des couverts, quelques perles. Un service à thé, aussi. C'était pas du luxe de chez luxe. Mais ça m'a fait un bon pécule…
– Et… Le Médaillon ?
Fletcher les regarda tous, et leva un sourcil.
– Qui ?
– Jouez pas au malin ! s'emporta Harry.
– Harry, s'il te plaît…, supplia Ginny à voix basse.
– C'est bon, c'est bon…
– Parmi les objets que vous avez volés, il y avait un gros pendentif en or, reprit Hermione. Un serpent était gravé sur le dessus. Et nous voudrions le récupérer.
Fletcher sembla ne pas comprendre.
– Mais… De quoi vous causez ?
– Ne faites pas l'innocent, dit Ron. Cet objet est précieux. Très précieux. On sait très bien que vous ne seriez pas passé à côté.
– Oh la, les jeunes…
Fletcher s'écarta d'eux.
– J'ai pas vu un seul médaillon, pendentif ou autre qui ressemble à votre bidule.
– Arrêtez de mentir !
– Je ne mens pas !
Encore un peu, et Ginny y croyait.
– Écoutez… Ce médaillon est très important pour nous, dit Hermione. Et pas seulement pour nous. Il est vital qu'on le retrouve au plus vite. Alors, s'il vous plait, dites-nous ce qu'il en est advenu.
Fletcher commença à faire les cents pas.
Comme s'il essayait de se rappeler de quelque chose.
– J'en ai fait des casses. Pas toujours chez des gens friqués. J'ai toujours su faire la part des choses, et dégoter ce qui avait le plus de valeurs, même si c'était planqué au fond d'une armoire… Je ne dirais pas que je me souviens de tout ce que j'ai piqué, mais j'en suis sûr…
Il s'arrêta.
– Chez Black, il n'y avait pas de médaillon en or.
– Si, il y en avait un ! s'écria Ron, qui commençait à perdre patience. Et c'est vous qui l'avez !
– Je l'ai jamais vu, votre machin ! Je suis prêt à le jurer !
Ce qui ne devait pas arriver souvent…
– Et qu'est-ce qui nous le prouve ? demanda Harry.
Fletcher frappa du poing sur le mur.
– Et ça, c'est quoi ? Réfléchissez ! Si j'avais volé votre supposé pendentif, qui est si précieux, vous croyez que je me serais fait choper en train de cambrioler cette piaule minable, à Bedford ?!
Pas faux.
Mais…
– Peut-être n'avez-vous pas eu le temps de le revendre, intervint Ginny. Peut-être est-il encore chez vous, caché, à attendre que vous purgiez votre peine ?
– Bien vu, petite, ironisa Fletcher. Maintenant, tu vas m'expliquer pourquoi j'ai préféré revendre des petites cuillères, alors qu'une petite fortune traînait dans la poche intérieure de ma veste ?
Euh…
– En fait, Harry avait raison, dit Ron. On ne peut pas vous faire confiance.
– Lâche-moi les pantoufles, répliqua Fletcher.
Ron s'approcha de lui, avec un air menaçant.
– Avouez.
– C'est pas moi.
– Alors qui ?
– J'en sais rien.
– Pour un indic', vous ne savez pas grand-chose.
– Je sais que t'es un grand con, ça me suffit.
Ron attrapa Fletcher par le col, et le souleva littéralement du sol.
– Vous allez avouez !
– Puisque je vous dis que c'est pas moi !
– AVOUEZ !
– Ron…, dit Hermione timidement.
– Ça ne peut être que vous !
– C'EST PAS MOI !
Il avait l'air de croire à son mensonge.
Et si…
– Ron, lâche-le, dit Harry.
– Il se fiche de nous depuis le début, rétorqua Ron. Il nous ment. Il sait où est le Médaillon !
– Mais écoutez-moi, merde ! s'écria Fletcher.
– Ron. Laisse-le. Je ne le répèterais pas.
Ron obéit, bien à contrecœur.
Fletcher s'éloigna d'eux.
– Votre embrouille, elle pue. J'ai pas l'intention de prendre deux ans de cabane en plus, dit-il, le souffle court. Surtout pour un truc que j'ai pas fait.
– Il n'est pas question de ça, répondit Hermione. On ne veut pas vous attirer d'ennuis.
Se faire soulever de terre par un grand rouquin était pourtant très ennuyeux.
– Je vous le demande une dernière fois. Répondez nous franchement. Avez-vous, oui ou non, récupéré ce médaillon ?
Fletcher ne répondit pas tout de suite.
Son expression avait changé, par rapport à tout à l'heure.
Il ne semblait plus aussi sûr de lui, maintenant.
On pouvait presque lire l'inquiétude sur son visage.
– Non, dit-il enfin.
Harry, Ron, Hermione et Ginny faisaient partis des rares personnes à Azkaban pouvant se vanter de pouvoir admirer l'Océan.
Quand la grande porte se referma derrière eux, Ginny prit un grand bol d'air marin.
Encore un peu, et elle devenait claustrophobe.
– Vous croyez qu'il bluffe ? demanda-t-elle aux autres.
– Impossible à dire, répondit Hermione, alors qu'ils remontaient le quai pour rejoindre le Charon. Il avait l'air "sincère".
– C'est un truand professionnel ! répliqua Ron. Il ment comme il respire…
– Sauf qu'il n'a pas tort, intervint Ginny. Avec le Médaillon, il aurait pu prendre sa retraite. Rien que de lui en parler, il devait déjà calculer combien il aurait pu en obtenir au marché noir. Et c'est plus le genre à escroquer qu'à se faire escroquer par un revendeur mal intentionné.
– Et alors quoi ? Ça voudrait dire que quelqu'un l'a volé avant lui ?
– Ben… Je ne vois pas d'autres explications.
– Mais qui ? Vous voyez vraiment un autre membre de l'Ordre faire ça ? dit Hermione. Ils ne sont peut-être pas tous aussi débonnaires qu'on le pensait, mais au point de détrousser Sirius sous son nez et sous son toit…
Ginny aussi avait du mal à imaginer l'Ordre du Phénix peuplé de gens malhonnêtes. Elle espérait que Mondingus Fletcher était l'exception confirmant la règle.
Mais malheureusement, ça ne pouvait être que l'un d'eux…
– On se retrouve à la case Départ ! fulmina Ron. Encore une fausse piste !
– Pas tout à fait.
Harry n'avait encore rien dit, depuis que Fletcher avait été ramené dans sa cellule.
Tous se tournèrent vers lui.
– Le Médaillon a bel et bien été volé, ajouta-t-il. Mais on a oublié un élément important.
– Quoi ?
– Je n'en suis pas sûr. Mais si c'est ce à quoi je pense, alors on est les pires chasseurs d'Horcruxes qui existent sur Terre…
En même temps, ils n'étaient pas nombreux dans la corporation…
– Et bien, dis-nous ! s'impatienta Hermione, alors qu'ils arrivaient à hauteur du bateau.
– Non… On doit d'abord aller voir quelqu'un à Poudlard, répondit Harry, en grimpant sur le pont, suivi par Ron et Hermione.
Poudlard ?
À plusieurs milliers de kilomètres d'ici ?
– Mais qu'est-ce que tu veux aller foutre à Poudlard ? demanda Ginny.
Cet endroit à plusieurs milliers de kilomètres d'ici…
– Il faut que je parle à Kreacher. Il sait quelque chose.
– Kreacher ? dit Ron, d'un ton incrédule. Ce vieux machin complètement gâteux ?
Hermione n'apprécia pas cette appellation, qui collait pourtant à la réalité.
– Justement, il est gâteux, dit Harry, d'un air grave.
Il tendit la main à Ginny pour l'aider à embarquer.
– Et je crois savoir pourquoi.
Ginny poussa un long soupir, et monta à bord.
Et c'est reparti…
