Chapitre 33 : Le désir de Ron
Ginny tourna la tête, et ouvrit de grands yeux.
– R… Ron ?
Ron se tenait là, brandissant sa baguette magique.
Heureusement, il n'avait rien.
Il devait se cacher dans le Grand Salon, en attendant le bon moment pour intervenir.
– J'ai trouvé ça dans la Cuisine, dit-il.
Il laissa tomber quelque chose par terre.
Hermione poussa un cri de stupeur.
C'était Pattenrond. Il était mort.
– Il était en train de fouiner, ajouta Ron. Il ne fouinera plus, maintenant…
Comment Queudver s'y était-il prit pour...?
– Ron…, dit Harry, en serrant les dents. À quoi tu joues ?
À quoi il jouait ?
Mais, il les…
Oh, bon sang.
Ginny remarqua quelque chose.
Ron brandissait sa baguette. Mais ce n'était pas Queudver qui était visé.
C'était eux.
Ron eut un petit rire.
– Je dois dire que Boule de Peluche me tapait sur le système depuis déjà un certain temps…
Non…
Ron poussa un soupir de soulagement.
– Ça m'a fait un bien fou de lui faire sa fête.
Non…
Impossible…
– Mais… Ron…, balbutia Hermione. Comment tu as pu faire ça ?
Ron parut ne pas l'entendre.
Ou plutôt ne pas l'écouter.
– Laisse, je m'occupe d'eux, dit-il à Queudver. Toi, va chercher les Horcruxes. Ils doivent être au troisième étage.
– Où ça ? demanda Queudver.
– J'en sais rien, ils ne m'ont rien dit. Elle a dû les planquer dans sa chambre, ou dans la Bibliothèque.
Queudver baissa sa garde et se dirigea vers l'escalier.
Pendant un court instant, Ginny crut que Ron allait en profiter pour l'attaquer par derrière.
Malheureusement, il n'en fut rien, et Queudver disparut dans les escaliers.
– Ron…, commença Harry.
Ron fit la sourde oreille.
S'il avait voulu les libérer, c'était maintenant ou jamais.
Mais Ginny dû se rendre à l'évidence : il les avait bel et bien trahi.
– RON !
Ron afficha un petit sourire satisfait quand il daigna enfin regarder Harry en face.
– Tu te souviens de cette journée, à Godric's Hollow ? demanda-t-il, subitement.
– Hein ?
– Queudver était là, dans un coin du cimetière. Je l'ai reconnu tout de suite. Quand, pendant plusieurs années, ton meilleur confident est un rat, on ne l'oublie pas facilement… C'était logique qu'il soit là. Après tout, c'était une des rares personnes à savoir où s'étaient planqués tes parents…
Si Harry n'avait pas été attaché, il se serait jeté sur Ron illico.
– Je l'ai suivi. Mon absence ne vous a même pas inquiété, d'ailleurs… Quand j'y repense, c'est marrant. Je faisais ça rien que dans le but de vous prouver que j'étais utile…
– Que tu étais utile ? le coupa Hermione. Voyons Ron, nous n'avons jamais dit que…
– Ferme-la ! s'emporta Ron. J'en ai ras le bol que tu l'ouvres à tout bout de champ, sans qu'on t'ait demandé ton avis…
Hermione se tut.
Ron semblait vouloir déverser son sac.
Tant mieux, car tout ceci méritait des explications…
– Je l'ai menacé, continua-t-il. Mais il a commencé à me raconter quelque chose… Il m'a parlé d'un mec, qui avait un ami, à l'École. Un ami très populaire. Pas évident d'être pris en considération, avec un ami qui prend autant de place… Le problème étant que l'ami considérait son "pote" comme un imbécile. Un bon-à-rien à qui il fallait toujours prêter main forte. Ce garçon n'était pas spécialement incompétent, ça non. Mais toute sa vie, il avait été traité comme tel. Il avait préféré ne rien dire, et laisser faire. C'était son ami, après tout…
Où voulait-il en venir, avec tout ce baratin ?
– Mais un jour, ce type en a eu marre. Il a compris que son ami se servait de lui pour faire ses sales besognes, qu'il se moquait de lui, et qu'il serait toujours dans son ombre. C'est alors qu'il a rencontré quelqu'un qui lui a proposé mieux. Et il a accepté.
– En quoi ça te concerne, tout ça ? lança Harry.
– Ça me concerne parce que j'avais l'impression d'entendre Queudver raconter ma vie ! Et ça me concerne aussi parce que décidément, tu ressembles beaucoup à ton père…
Harry parut comprendre l'allusion.
– Jamais… Jamais je n'ai…
– Tu sais ce que m'a demandé Queudver, après m'avoir raconté cette histoire ? reprit Ron. Il m'a demandé si mon plus grand désir était toujours le même. Et tu sais quoi ? J'ai répondu "oui"…
Son plus grand désir…
Ron en avait parlé à Ginny, quelques années plus tôt, quand il lui avait raconté sa mésaventure avec le Miroir.
Ce Miroir montrait ce que l'on désirait le plus, et à l'époque, il s'y était vu adulé, reconnu, et couvert de mérite.
– Alors, c'est donc ça…, dit Harry, d'un air sombre. Tu t'es rallié à Voldemort pour ça. Pour la gloire…
Ron le dévisagea.
– La gloire, c'est juste un petit bonus. De nombreuses personnes ont la gloire, sans même l'avoir mérité. Seul le respect m'intéresse, et tout ce qui va avec…
– Le respect ? Le respect ?!
Harry commença à se débattre violemment.
– Comment tu peux parler de respect ?! Tu nous as trahi !
– Tu ne peux pas comprendre ! Toute ta vie, on a clamé ton nom ! Toute ta vie, tu as été considéré comme un grand sorcier, alors qu'en fait, tu n'avais rien fait !
– Je n'ai pas demandé ça !
– Peu importe ! Moi, j'ai toujours été celui qu'on oublie, même quand j'étais gosse. Je n'ai jamais pu me démarquer. C'était comme si je n'existais pas. Je n'étais qu'un parmi d'autres…
– Tu te trompes ! intervint Ginny. Maman et Papa ne t'ont jamais ignoré !
– Qu'est-ce que tu en sais, toi ? répliqua Ron. Tu étais la petite dernière, la petite préférée… Si les parents faisaient un peu attention à moi, c'était parce que tu me collais aux basques. Je n'étais pas le plus fort, le plus intelligent, ou le plus jeune… Je ne les intéressais pas.
– C'est totalement absurde !
– Réfléchis, Ginny ! Les seules fois où ils ont bien voulu m'accorder un peu d'attention, c'est quand j'ai rencontré Harry Potter, et quand je suis devenu préfet !
Il était complètement à côté de la plaque.
Les parents de Ginny aimaient tous leurs enfants de la même façon. Leur amour ne marchait pas au mérite.
Malheureusement, Ron ne s'en rendait pas compte : sa vision des choses était faussée.
– Tu dis n'importe quoi…
– Pour faire partie de ce Monde, il faut susciter l'intérêt, dit Ron, d'un ton amer. C'est pareil partout. En entrant à Poudlard, je pensais pouvoir faire mes preuves. Mais sans le vouloir, j'ai reproduit le même schéma qu'à la maison. Vous ne pouvez pas savoir quel effet ça fait d'être juste "l'ami de Harry Potter". Les gens ne vous regardent pas. Ils vous répondent à peine. Et quand ils viennent vous voir, ce n'est certainement pas pour vous parler de vous. Vous ne tenez pas la comparaison. Vous êtes considéré comme de la merde…
Ron avait déjà ressenti de la jalousie envers Harry, Ginny s'en rappelait.
C'était pendant le Tournoi des Trois Sorciers.
Il passait alors le plus clair de son temps à maugréer, et à pester contre tous ces champions qui n'étaient pas si forts que ça, en plus.
– Vous avez su vous en sortir, vous, continua Ron, en désignant Hermione et Ginny. Moi pas...
Il eut un petit rire nerveux.
– Bordel… Y'avait même des types qui ne connaissaient pas mon prénom, alors que ça faisait plus de quatre ans qu'on avait cours ensemble ! Vous trouvez pas ça dingue ?
Harry, Hermione et Ginny ne savaient pas quoi répondre.
À l'École, quand on les interpellait, c'était toujours des "salut Harry", ou "tu t'appelles Ginny Wesaley, c'est ça ?".
Mais il était vrai que Ron avait surtout reçu de simples "hé, toi".
Trop, apparemment.
– Et tout ça pourquoi ? reprit-il. Parce que j'étais beaucoup moins intéressant que mon ami, Harry Potter !
– Justement…, dit Hermione. Ne l'oublie pas. Harry est ton ami. Comme nous tous, ici. Qu'importe ce que disent ou pensent les autres…
Ron se rapprocha d'elle.
– Mes amis… Oui, sans doute… Au début. Mais par la suite, tout ce que j'ai pu recevoir de vous, c'est de la pitié.
– De la pitié ?
– "Pauvre Ron, il ne pourra pas y arriver tout seul", "il faut aider Ron, sinon il ne comprendra rien", "Ron ne pourra jamais faire ça, il est trop stupide"… Vous me preniez vraiment pour un tocard, hein ?
– Mais non, pas du tout ! C'est… Enfin, c'était juste que…
Il avait raison.
Ginny s'en rendait maintenant compte, et il n'y avait pas de quoi être fière.
Que cela soit pour le taquiner ou non, elle ne s'était jamais gênée pour le rabaisser. Elle parlait parfois de lui avec les autres, et ce n'était pas en termes élogieux.
Quand elle était petite, Ron était le meilleur grand frère du Monde.
Mais l'estime qu'elle avait pour lui s'amenuisait avec le temps, comme si elle comprenait un peu plus chaque jour qu'il n'était pas si fort que ça.
Elle ne le prenait plus du tout au sérieux.
Et c'était pareil pour les deux autres.
– Crois-moi, Ron, continua Hermione. On… On ne pensait pas à mal ! Tout ce qu'on voulait, c'était t'aider !
– Oui. Comme lors des sélections pour l'équipe de Quidditch, je suppose ?
Le regard d'Hermione se figea.
– Une fois de plus, tu m'as prise pour un abruti… Tu croyais vraiment que je n'avais rien remarqué, pour McLaggen ? Le Quidditch était le seul truc où j'aurais pu faire mes preuves tout seul. Mais il a fallu que tu t'en mêles, comme à chaque fois. J'aurais encore préféré rester dans les tribunes plutôt que d'être accepté dans l'équipe de cette manière. Même chose pour le coup du Felix Felicis, Harry…
Harry ne répondit pas.
– La confiance que vous avez en moi est décidément bien mince…, dit Ron, avec dépit.
Hermione baissa les yeux.
– Je… Je n'ai pas fait ça parce que j'avais pitié de toi, Ron. Je… J'ai fait ça parce que je t'aimais.
Ron se mit à sourire d'une façon sournoise.
– Mais ça aussi, je le savais.
– Qu… Quoi ?
– Comme je suis un crétin, vous pensiez que je n'avais rien vu ? Pourtant, ce n'était pas bien difficile à comprendre… J'avoue que j'ai été tenté. Mais tu as continué à faire ta mijaurée. Hermione Granger, la meilleure élève de Poudlard, une des membres du fameux Club de Slughorn, amoureuse de Ron Weasley, l'un des types les plus insignifiant de l'École ! C'était dur de ne pas éclater de rire, chaque fois que tu rougissais en ma présence… Quand tu me l'as annoncé de vive voix, ça a été plus fort que moi !
Hermione serra les poings.
– J'étais sincère en disant ça. Je t'aimais. Et je suis maintenant contente de pouvoir dire ça à l'imparfait.
Ron sourit de plus bel.
– Tu peux être fier, Ron, continua Hermione. Grâce à toi, la meilleure élève de l'École s'est trompée. J'ai fait l'erreur de te sous-estimer. Tout le monde t'a sous-estimé…
Ron se délectait de l'entendre dire ça.
– Oui, Hermione a raison, dit Harry. Livrer ses amis aux Mangemorts pour un peu de reconnaissance. On t'a vraiment sous-estimé…
Il lança à Ron un regard noir.
– En fait, t'es encore plus con qu'on pensait… Ouch !
– Harry ! cria Ginny.
Ron venait de lui donner un coup de poing dans le ventre.
– Ne redis plus jamais ça…
Harry releva la tête.
– Pourtant… C'est la vérité. Tu te plaignais de rester dans l'ombre, et voilà que tu joues les larbins pour Voldemort. C'est complètement idiot !
Ron le frappa encore.
– En quittant Poudlard, je pensais que tout allait changer, dit-il. Mais c'était pire. J'ai juste eu le droit de faire les corvées, pendant que vous deux, vous tentiez de sauver le Monde…
Il remonta sa manche gauche.
– Mais je ne suis le larbin de personne.
Il n'y avait rien.
Aucune marque.
Rien qui ne le liait à Voldemort, hormis sa propre volonté.
– C'est comme disait Fletcher, l'autre jour, continua Ron. Tous ces Sangs Purs qui se croient supérieurs aux autres… Peuh ! Le sorcier le plus puissant du Monde est lui-même un Sang Mêlé ! Lui et moi, on s'est mis d'accord… Dès que je pouvais, j'allais le voir, lui et ses potes. Il m'a appris. Il m'a donné du pouvoir. Il m'a enseigné des choses…
Il leva sa baguette.
– Qui dépassent l'entendement.
– AAAH !
Les chaînes qui retenaient Harry, Hermione et Ginny se resserrèrent.
Ginny sentait le métal lui limer la peau.
Du sang commença à couler le long de ses avant-bras.
– Grâce à ça, ils vont tous voir de quoi je suis capable, ajouta Ron. Je vais enfin avoir droit à ce que je mérite.
Il arrêta son geste.
Les liens se relâchèrent.
– Je ne serais plus un moins-que-rien à qui on ne fait pas attention. Je serais enfin quelqu'un.
Ginny avait maintenant les poignets à vifs. La douleur lui faisait monter les larmes aux yeux.
Mais ce n'était pas le plus important.
Ron perdait la tête.
Il était fou de penser ce genre de chose.
– Tu fais fausse route, Ron…, dit Ginny.
– C'est-à-dire ?
– Ça ne marche pas comme ça… Tu n'obtiendras pas le respect de cette façon. On s'est peut-être mal comporté, c'est vrai… Ce n'était pas voulu, et on est prêt reconnaître nos torts, s'il le faut. Car on a forcément fait quelque chose de mal. Mais… Ce n'est pas ça qui t'apportera l'estime de Papa et Maman.
Ron ne répondit pas tout de suite.
Ginny avait touché un point sensible.
– Tu es mal placée pour dire ça, dit-il enfin.
– Hein ?
– Tu ne faisais pas parti de mes projets, Ginny. Tu n'avais rien à faire dans cette maison. J'ai tout fait pour te faire partir. Je faisais ça dans ton intérêt. Mais tu es resté, dans l'unique but de pouvoir te faire sauter par lui !
– Ça n'a rien à voir ! J'ai…
– Il est loin, le temps de la petite fille modèle... Tu n'as aucune leçon de morale à me donner, sale garce !
– Je t'interdis de lui parler comme ça ! s'emporta Harry. Elle n'a rien à voir là-dedans !
– Oh… Petit Chéri est en colère, rétorqua Ron. Le dépuceleur de ces dames ne veut pas qu'on touche à sa petite putain…
Harry lui cracha au visage.
– Espèce de connard.
Ron s'essuya d'un revers de manche.
– Tu peux parler. Ça, on peut dire que t'en as bien profité. J'étais aux premières loges. Comme si te voir la tripoter du matin au soir ne suffisait pas. Mais t'imaginer en elle… J'étais au bord de l'écoeurement à chaque fois qu'elle se mettait à jouir, avec toi entre les cuisses.
Ginny supportait mal de l'entendre parlait ainsi de Harry et de elle.
– Entendre sa petite sœur se faire baiser par son "meilleur ami" est l'une des pires choses au Monde, ajouta-t-il. Dès que le matelas commençait à grincer trop fort, j'avais des envies de meurtres… Heureusement pour ta petite gueule, on m'a dit d'attendre.
– Attendre ?
– Lord Voldemort a de grands projets pour toi Harry. Mais pour tout mettre en place, il avait besoin de tous les Horcruxes. Et tu étais là pour lui mâcher le travail.
– Alors tu étais au courant de tout ? dit Hermione, décontenancée.
– Bien entendu. La Coupe, la Définition de l'Être Humain, l'Orphelinat… C'est assez paradoxal, tu ne trouves pas ? La personne qui aurait pu vous aider le plus était chargée des sandwichs ! Vous voir galérer comme des malades était à la fois frustrant et jubilatoire. Enfin, je savais quelque chose qu'Hermione Granger ne savait pas !
Quel salopard…
Il savait pour la Marelle.
– Tu aurais pu éviter le piège de l'Orphelinat, dit Ginny avec colère. Tu savais que c'était une fausse piste !
– Vous ne m'auriez pas écouté, répondit Ron. Et puis, je n'étais pas censé le savoir.
– Et pourquoi tu as soigné Harry, hein ? Ça t'aurait arrangé qu'il meure !
– Lord Voldemort savait pour Regulus Black, mais il ne savait pas ce qu'il était advenu du Médaillon. Seul Harry pouvait le récupérer. Moi, je devais attendre qu'il ouvre enfin les yeux. Tu n'es pas très perspicace, mon vieux.
Harry eut un petit rire.
– Qu'est-ce qui te fait marrer ? demanda Ron.
– Rien, répondit Harry. C'est juste qu'il manque encore un Horcruxe. Pauvre imbécile.
Ron le frappa, sous le regard impuissant de Ginny.
– C'est là que tu te trompes. Mais ne t'inquiète pas, bientôt, tu sauras tout. Bientôt, il va venir. J'aurais rempli ma part du marché, et j'obtiendrais ce qui m'a été interdit pendant si longtemps : le pouvoir qui m'est dû.
– Ron, s'il te plaît…, supplia Hermione. Ne fais pas ça.
– C'est trop tard, Hermione…
– Non, il n'est pas trop tard ! Tu peux encore renoncer ! Je t'en pris, ne fais pas quelque chose que tu regretteras ! Jusqu'à présent, tu n'as encore rien fait d'irréparable !
– Je t'ai dit que c'était trop tard !
Trop tard ?
Mais…
– Ron… Qu'est-ce que tu as fait ? demanda Harry, d'un air grave.
Ron les toisa du regard.
– Il y a quelques mois, Lord Voldemort m'a demandé un service, répondit-il. Il m'a demandé d'intercepter quelqu'un. Il me faisait plus confiance que vous deux…
Voldemort, lui demander un service ?
– D'ailleurs, je pensais que ça allait vous plaire. Mais vous avez chialé comme des gosses. Ce jour-là, Harry, je me suis rendu compte qu'on n'avait vraiment plus rien en commun…
Il…
Il ne parlait tout de même pas d'avoir…
– Je savais qu'il allait venir ici. Il ne savait pas pour le Sortilège du Gardien… Je l'ai attendu toute la nuit. Il craignait de se faire repérer en transplanant, et Hyde Park était le plus court chemin. Tu aurais dû voir sa tête. C'était comique !
Hyde Park ?
Oh non…
– Bon sang… Le Samaritain, c'était toi…, dit Harry, effaré.
– Et oui, répondit Ron, avec une fierté non dissimulée. Malefoy voulait vous prévenir. Je croyais l'en avoir empêché, mais je n'ai pas pensé à le fouiller. Heureusement, vous n'avez pas fait le rapprochement…
– Nous prévenir ?
– Oui, Harry…
Il eut un large sourire.
– "ATTENTION AU TRAÎTRE".
Ginny n'arrivait pas à le croire.
C'était un vrai cauchemar.
Ron…
Il ne pouvait pas avoir fait ça. Il ne pouvait pas les avoir trahi ainsi.
Ce n'était pas un assassin.
C'était son grand frère.
Celui qu'elle aimait tant. Celui qui l'avait toujours protégé…
Et c'était aussi son ami. Ainsi que le meilleur ami de Harry et d'Hermione.
Jamais il n'aurait pu faire une chose pareille. Ce n'était pas son genre.
Queudver, les chaînes, le sang…
Tout ceci n'était pas réel. Oui, c'est ça.
Ça ne pouvait être qu'un mauvais rêve, et elle allait bientôt se réveiller…
Quelqu'un descendit les escaliers.
– J'ai les Horcruxes, dit Queudver, qui tenait à la main la Coupe de Poufsouffle et le Médaillon de Serpentard.
– Parfait, répondit Ron. Appelle-les.
– Ron, je t'en supplie…, tenta une nouvelle fois Hermione. Tu fais une grossière erreur.
Mais Ron ne l'écoutait pas.
Queudver releva sa manche, découvrant la Marque des Ténèbres qu'il avait sur le bras.
– L'échéance approche, Harry, dit Ron. Il va venir.
"Il" ?
Queudver toucha la Marque du bout de sa baguette.
Celle-ci se mit à rougeoyer.
– Ils arrivent, murmura Queudver.
Harry poussa un hurlement.
– Harry ! s'écria Ginny. Harry, qu'est-ce qui…
– Ma… Ma cicatrice…, dit-il, avec difficulté. Ça veut dire que…
Des détonations se firent entendre à l'extérieur.
Quatre silhouettes encapuchonnées s'avancèrent vers la maison.
La plus grande d'entre-elle monta lentement les marches du perron et passa le seuil du 12, Grimmault Place.
Le cœur de Ginny s'arrêta de battre.
