Chapitre 34 : Cauchemar

Ce n'était pas la première fois que Ginny se retrouvait face à lui.
Il était grand et mince, mais ses larges épaules compensaient sa maigreur cadavérique.
Il avait littéralement la peau sur les os. Une peau si pâle, qu'on pouvait voir ses veines au travers.
Quand Ginny l'avait connu, son visage était lisse et agréable, avec un sourire enjôleur, et de beaux yeux noirs. Ce n'était plus le cas.
On aurait dit qu'il s'était défiguré lui-même, en s'acharnant, pour être sûr qu'on ne puisse faire la relation entre le beau jeune homme d'autrefois et l'être qu'il était devenu. La peau de son visage était craquelée, abîmée, brûlée, usée par les sévices qu'il s'était infligé en s'immergeant complètement dans la Magie Noire. Deux entailles dissymétriques qu'on jurerait faites au couteau lui permettaient de respirer.
Ginny était à la limite de l'écoeurement.
Mais il y avait pire.
En entrant dans la pièce, ses petits yeux rouges, bien enfoncés dans leurs orbites, pivotèrent vers Harry, Hermione et Ginny.
Il tourna lentement la tête vers eux.
Il fit ensuite un immonde sourire découvrant ainsi deux rangées de dents jaunes et pointues, plantées dans des gencives d'une teinte grisâtre.
Ginny était terrifiée.
Elle sentait l'adrénaline se rependre dans tout son organisme. Si elle avait pu bouger, elle aurait été déjà loin.
Sa respiration s'accélérait, au fur et à mesure qu'il s'approchait.
Elle commença à trembler.
Il était là. Tout près.
Il la regardait.
Ginny détourna les yeux, mais il était trop tard pour oublier cet horrible visage.
Elle savait maintenant quelle créature hanterait ses cauchemars.
Elle savait maintenant pourquoi, depuis des années, les gens craignaient même jusqu'à son nom.
Lord Voldemort venait d'entrer dans la pièce.
Et il la regardait...
– Et bien, et bien…, dit-il, d'une voix calme. Quel magnifique tableau. Et si bien accroché au mur.
Ron ne pu s'empêcher d'esquisser un petit sourire.
Harry releva la tête, et regarda Voldemort droit dans les yeux.
– Vous…, dit-il, en serrant les dents.
– Moi. Ici, répondit Voldemort, d'un ton jubilatoire. C'est pourtant vrai…
Il attrapa Harry avec force, lui plaquant la tête contre le mur.
– Tu lui ressembles trait pour trait. Tu pousses même le mimétisme au point de faire les mêmes erreurs. Jamais je ne comprendrais cette fascination qu'a le clan Potter pour le Sortilège du Gardien. C'est un mystère pour moi…
– Allez vous faire foutre, répliqua sèchement Harry.
Voldemort le cogna.
Ginny ne pouvait rien faire.
– Petit insolent. Tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.
Il lâcha Harry, et retrouva son sourire carnassier.
– Voilà ce qu'il en coûte de faire confiance à un autre que soi…
– Qu'est-ce que vous lui avez raconté ? demanda Harry. Quel mensonge lui avez-vous mis dans le crâne pour le convaincre ?
Ron s'apprêta à répondre d'une manière assez violente.
Comme s'il avait anticipé son geste, Voldemort l'en empêcha.
– Je n'ai jamais eu besoin de convaincre personne, dit-il. Tous mes Mangemorts m'ont rejoint de leur plein gré. Qu'est-ce que tu crois ? Que je fais du porte-à-porte ?
Il se tourna vers ses fidèles, que Ginny avait complètement oubliés.
Ils étaient là, silencieux, à attendre bien sagement. À moins qu'ils n'aient simplement eu trop peur de parler sans l'accord de leur maître.
Ginny reconnut Bellatrix Lestranges, qu'elle avait déjà vu au Ministère de la Magie, deux ans plus tôt. Elle jubilait.
À côté d'elle, il y avait Narcissa Malefoy, la mère de Drago. Sa capuche empêchait de voir la totalité de son visage, à tel point que ça en paraissait volontaire.
Et enfin, il y avait Rogue. Bien évidemment. En supposant que tout ce beau monde soit la fine fleur des Mangemorts, l'assassin de Dumbledore y avait parfaitement sa place.
Voldemort pointa ce dernier du doigt.
– Jalousie…, dit-il.
Il désigna ensuite Bellatrix Lestranges.
– Haine…
Mme Malefoy.
– Avarice…
Queudver.
– Colère…
Ron.
– Un peu de tout...
Harry serra les poings.
– Chacun a ses propres raisons, continua Voldemort. C'est ça qui les motive. Si je les forçais, ils n'arriveraient à rien. Je n'ai que faire de fidèles qui ne sont pas sûr d'eux et de leurs convictions. Ceux-là, je les tue.
Mme Malefoy émit un petit gémissement plaintif.
Ron lui lança un regard mauvais.
– En somme, je ne fais que les aider à assouvir leurs désirs inavoués, ajouta Voldemort, d'un ton sarcastique.
– Et en contrepartie ? rétorqua Harry.
– Oh, bien sûr, ce n'est pas gratuit. En échange de tout cela, mes Mangemorts accomplissent quelques menus services. Trois fois rien…
Harry étouffa un petit rire.
– Un vrai bienfaiteur…
– N'exagérons pas, répondit Voldemort. Je laisse ce titre à feu Albus Dumbledore. Car, contrairement à lui, je récompense toujours ceux qui m'ont bien servi…
Il montra la main argentée de Queudver.
– Et…
D'un geste vif, il retira la capuche de Mme Malefoy.
Ginny eut le souffle coupé.
Mme Malefoy se couvrit le visage des mains, et poussa un sanglot, sous l'œil amusé de son maître.
Toute la partie supérieure de son visage était atrocement mutilée, comme brûlée à l'acide.
– Je punis toujours ceux qui m'ont désobéi, termina Voldemort.
Ginny était effarée par ce qu'elle venait de voir.
Mme Malefoy était l'une de ses fidèles, et pourtant…
De nouvelles larmes pointèrent aux coins de ses yeux. Des larmes de frayeur, cette fois.

Ils étaient perdus.

– Alors le petit service de Ron, c'était moi…, dit Harry d'un ton amer.
– Entre autre…, répondit Voldemort, tout en regardant d'un air narquois Mme Malefoy remettre sa capuche.
– Comment ça, "entre autre" ?
– Notre ami Ronald en avait gros sur le cœur. Nous avons beaucoup discuté.
– Vous avez discuté ?
Harry se tourna vers Ron.
– Qu'est-ce que tu lui as dit ? demanda-t-il.
Ron ne répondit pas.
– Qu'est-ce que tu lui as dit !? s'emporta Harry.
Ron jeta un œil à Voldemort, qui lui accorda le droit de parler.
Heureusement que ce n'était le larbin de personne…
– Tout, dit-il enfin, avec un sourire mauvais.
– Tout ?
– Oui, tout…, reprit Voldemort. Sept longues années de confidences, de doutes, de craintes, de joie, de peine… Tes points forts, tes points faibles… Ce que tu redoutes le plus…
Il se tourna vers Ginny.
– Ce qui te fais le plus envie…
Il se passa la langue sur les dents, d'une façon à la fois obscène et animale.
Ginny en eut des frissons.
Qu'avait-il derrière la tête ?
– Tu as eu une vie assez mouvementée, Harry, continua Voldemort. Tous ces monstres, tous ces dangers… Il est heureux que tu sois encore en vie, et que tu aies pu rencontrer cette charmante demoiselle…
Ginny fut prise de palpitation.
Voldemort s'approchait d'elle.
– Allons, pourquoi pleures-tu ? lui demanda-t-il, tout en sachant très bien qu'elle aurait été incapable de lui répondre. Tu as peur ?
Ginny tremblait de plus en plus.
Il était plus près que jamais.
Elle pouvait même sentir son souffle froid sur sa peau.
– NE VOUS APPROCHEZ PAS D'ELLE ! s'emporta Harry, en se débattant de toutes ses forces. SI VOUS LUI…
– C'est à elle que je parle, le coupa Voldemort, d'un ton sec. Alors, mon enfant, tu ne veux pas répondre ?
Ginny ne supportait pas ces ignobles petits yeux rouges qui la dévisageaient.
En larmes, elle lança à Harry un regard implorant.
Mais il ne pouvait rien faire.
– J'aimerais tellement entendre ta jolie voix, dit Voldemort d'un air sadique. Nous allons y remédier…
Il sortit sa baguette.
Non.
– NE LA TOUCHEZ PAS ! cria Harry.
Non…
Non…
– ARRÊTEZ ! ELLE N'A RIEN À VOIR LÀ-DEDANS !
– C'est ce genre de réactions humaines qui causera bientôt ta perte, dit Voldemort, à voix basse.
Il pointa le front de Ginny avec sa baguette.
– ARRÊTEZ-ÇA TOUT DE SUITE !
Ginny était tétanisée.
Non, non…
S'il vous plait…
– Non, parvint-elle à dire, d'une toute petite voix. Je… Je vous en pris…
– Harry… Tu t'emportes déjà, alors que je l'effleure à peine, continua Voldemort, amusé. Je n'ose imaginer la suite…
– S'il vous plaît, le supplia une nouvelle fois Ginny, dans un sanglot. Je vous en pris… Ne me tuez pas…
– Chut…, lui répondit Voldemort.
Il se pencha à son oreille.
– Pas encore.
Un éclair lumineux jaillit de l'extrémité de la baguette.
– GINNY !
Ginny ressentit un petit picotement à l'arrière de la tête.
– Voyons voir…, dit Voldemort.
Ginny ne savait pas ce qu'il faisait.
Ce pourrait-il qu'il…?
– Hmm… Tu es bien frivole, gamine. Quitter ainsi Poudlard… Tu ne connais donc pas les bienfaits de l'Éducation ? Je crois que tu aurais mieux fait de réviser tes cours de Potions au lieu de faire ce genre de chose. En tout cas, tu… Oh.
Il parut surpris.
Il baissa les yeux, puis eut un large sourire.
– Mais… Je comprends qu'il t'ait fait ça…, murmura-t-il. Oui…
Il caressa la joue de Ginny, pétrifiée.
Sa main était glacée.
Avec son long doigt crochu, il la griffa.
Du sang se mit à couler le long de sa joue.
– C'est vrai que tu es très belle…
Il porta le doigt à la bouche.
– Petite fille.
Le cœur de Ginny eut un soubresaut.
Oh, non.
Il savait.

– Laissez-la partir.
Harry.
– Tout ça ne la concerne pas… Libérez-la, et laissez-la s'en aller.
Voldemort l'écoutait à peine.
– Laissez-la partir, répéta Harry, d'un ton ferme. Elle ne vous sert à rien.
Voldemort daigna enfin se tourner vers lui en entendant ces mots.
– Tu sais ce que ce cher Ronald m'a aussi raconté ? demanda-t-il subitement.
Ron retrouva ce petit rictus méprisant qui commençait à le caractériser.
– Il m'a parlé de la Prophétie, dit Voldemort, en s'avançant vers Harry. Tu te rappelles ? C'est celle qui a mené à… Ça.
Il posa la main sur le front de Harry.
Ce dernier commença à hurler de douleur, sous le regard horrifié de Ginny.
– Mon dernier messager n'avait pas été très brillant, continua Voldemort, comme si de rien n'était. Il m'a privé d'une bonne partie des élucubrations de cette diseuse de Bonne Aventure de second rang…
Rogue baissa la tête, comme pour se faire pardonner.
– Heureusement, Ronald a mis fin à un suspense long de près de dix-sept ans ! Ainsi donc, tu serais supérieur à moi ?
Il claqua la tête de Harry contre le mur.
– Permets-moi d'en douter.
Il le lâcha enfin.
– De toute façon, je n'ai jamais cru à ces prédications de bonnes femmes…
Harry, le souffle court, était penché en avant, uniquement retenu par ses chaînes.
La souffrance que Voldemort lui avait infligée via sa cicatrice se lisait clairement sur son visage.
Pourtant, il tenait bon.
Il se redressa tant bien que mal, tout en reprenant une respiration normale, et il fixa de nouveau Voldemort droit dans les yeux : il ne se laisserait pas faire aussi facilement.
– Ah ouais ? dit-il, encore essoufflé.
Il eut un petit rire nerveux.
– Permettez-moi d'en douter.
Voldemort ne dit rien.
Il se contenta d'admirer l'une des rares personnes sur Terre qui osait lui tenir tête.
– Vous y avez cru, il y a près de dix-sept ans, continua Harry. Vous aviez peur, même. Peur d'un gosse qui savait à peine marcher. Pire encore : vous aviez peur d'un Sang-Mêlé. Entre moi et le fils des Londubat, le choix a été vite fait. Drôle de choix pour un être supérieur comme vous, qui ne croit pas aux prédications de bonnes femmes…
Harry était en train de provoquer Voldemort, ce qui, dans sa position actuelle, n'était pas une bonne chose.
Mais au lieu de s'emporter violemment, Voldemort sourit.
Et ça, ce n'était vraiment pas une bonne chose.
– Dis-moi, Harry… Qui t'a dit que j'avais choisi qui que ce soit ?
Le regard de Harry se figea.
– Qu'est-ce que vous racontez ?
– Tu crois vraiment que j'avais peur du rejeton d'un pauvre minable qui subsistait uniquement grâce à son héritage ? Toi et tes parents ne valaient pas mieux que les Londubat. Vous étiez tous des ratés. C'est le respect dû aux morts et aux éclopés qui a construit leurs réputations. Tout ça n'est qu'un simple concours de circonstances. Ce soir-là, les Potter et les Londubat auraient dû tous mourir.
Comme Ginny, Harry se mit à trembler.
Mais lui, c'était de rage.
– Vous mentez ! Pourquoi mes parents auraient fait le Sortilège de Fidelitas, alors ?!
Queudver baissa les yeux.
Il ne devait pas aimer cet épisode de son existence.
– Tu ne le devines donc pas ? répondit Voldemort. À moins que tu ne veuilles pas voir la vérité en face… Ils étaient terrorisés. Et ils ont préféré utiliser un de leur "ami" comme bouclier. Un "ami" serviable, qui prendrait tous les risques à leur place, pendant qu'eux resteraient bien au chaud à langer leur gosse. On dira ce qu'on voudra, mais les Londubat, eux, avaient du courage…
– C'est totalement faux ! s'écria Harry. Ils n'étaient pas comme ça ! C'est…
– C'est Dumbledore qui t'a raconté toutes ces idioties ? Quel pauvre imbécile. À la fois manipulateur et crédule… Il croyait à ces histoires de prédictions dur comme fer, alors que n'importe quel sorcier sait que c'est du vent.
Harry lui lança un regard noir.
– Vous vouliez la récupérer, cette Prophétie, dit-il. Une demi-douzaine de vos hommes y est passée…
– Bien qu'imbécile, Dumbledore restait un grand ennemi, répliqua Voldemort. Sa seule faiblesse, c'était l'Espoir.
– L'Espoir ?
– À l'époque, mes troupes étaient partout. Et son petit club d'attardés mentaux ne faisait pas des merveilles. Il misait tout sur l'Élu. L'Élu est devenu le Survivant. Il pensait avoir pris l'avantage. C'est alors que je suis revenu…
– Et que vous avez décidé de rejouer avec ses nerfs.
Tout le monde se tourna vers Hermione.
Elle s'était faire discrète, jusqu'à présent, et avait évité les ennuis.
Mais elle semblait avoir son mot à dire.
Espèce d'idiote.
Bellatrix Lestranges commença à s'agiter.
– Qui t'a autorisé à parler, pourriture ? vociféra-t-elle. Boucle-la, avant que je…
Voldemort la fit taire d'un geste de la main.
– Hermione, c'est ça ?
Il s'approcha d'elle.
– Le fleuron de la procréation moldue. L'antithèse parfaite.
– Votre plan consistait à affaiblir Dumbledore en réduisant à néant tout ce en quoi il croyait, dit Hermione, sans affronter le regard de Voldemort. Ce qui s'est passé avec Harry a juste été un grain de sable dans votre engrenage…
– Oui, continue…
– Des années plus tard, tandis qu'il vieillissait, vous vous êtes rapproché de l'Immortalité. Ensuite, vous avez tenté de faire fermer l'École, l'endroit qui lui était le plus cher. Vous avez placé des espions parmi ses collaborateurs, de telle sorte que la confiance qu'il avait envers ses proches soit diminuée. Quand vous avez retrouvé un corps, ça a été pire. Harry fut une fois de plus pris pour cible dans l'unique but d'atteindre Dumbledore moralement. Connaître la Prophétie dans sa totalité ne vous servait en fait qu'à enfoncer le clou, en la démontant point par point, et en lui faisant savoir que vous saviez tout de ses plans. L'Ordre du Phénix, infiltré par Rogue, sans qu'il se méfie, n'était plus d'aucun secours, et n'apportait rien. Vieux, isolé, sans aide véritable, il ne vous restait plus qu'à donner le coup de grâce…
Voldemort salua l'esprit de déduction d'Hermione en mimant une petite révérence.
– C'est lâche, ajouta celle-ci. Lâche et génial.
– On ne devient pas le Seigneur des Ténèbres rien qu'en écartelant une trentaine de Moldus tchécoslovaques, mon enfant, répondit Voldemort. J'ai une réputation à tenir.
– Le fait est que Dumbledore n'est plus. Votre plus grand ennemi est mort. Plus personne n'est capable de vous arrêter, à présent. Alors pourquoi en avez-vous toujours après Harry ? S'il ne vous fait pas peur, pourquoi avoir comploté avec Ron dès le début ?
Voldemort eut un sourire mauvais.
– Parce que c'est l'Élu, voyons.
Hermione parut ne pas comprendre.
– N'importe quel politicien te le dira…, continua-t-il. On ne peut rien faire sans le peuple, quels que soient les pouvoirs que l'on possède. Le peuple doit, soit être de votre côté, soit vous craindre. Les moyens pour y parvenir vont de la propagande à l'intimidation, en passant par le mensonge et la corruption. Ainsi peut-on espérer un jour diriger cette masse abjecte et puante qui vous servira bientôt de sujets. J'ai compris très tôt, à mon grand regret, qu'en étant seul, je ne m'élèverais pas. Je me suis donc entouré "d'amis". J'ai réuni des partisans, des sympathisants, comme les anciens propriétaires de cette maison, par exemple. Mais ça ne suffisait pas. Du moins, ça ne suffisait plus… Quand je suis revenu, les choses avaient changé. Les gens avaient quelque chose de plus, par rapport à la dernière fois : Harry Potter.
Ginny voyait où il voulait en venir.
Elle se rappela de tout ce matraquage médiatique sur Harry, et de toutes ces histoires d'Élu.
Que ce soit des sous-entendus dans les journaux ou de simples rumeurs se propageant dans la rue, c'était toujours la même chose.
Jamais elle n'aurait cru que l'ampleur de ce phénomène soit aussi forte, au point d'inquiéter Lord Voldemort lui-même.
– Rends-toi compte, Harry, reprit Voldemort. Tu n'es plus seulement un héros ou une curiosité. Tu es l'Espoir personnifié. À cause de toi, on s'oppose à ma volonté. À cause de toi, on cherche à me combattre. À cause de toi, on rit, on chante, et pense au lendemain.
Harry ne savait pas quoi répondre.
– Tu es la Lumière au bout du Tunnel, pour tous ces gens, et tu commences à m'aveugler. Tu empêches mes Ténèbres de se répandre et de persister. Avant, tu n'étais rien, hormis un être insignifiant dont le seul pouvoir était d'avoir eu une mère aux envies suicidaires. Mais maintenant, tu représentes tout ce que j'ai toujours voulu faire disparaître : l'Espérance. Même Dumbledore n'avait pas été aussi loin dans la frénésie populaire. Ton nom redonne joie et confiance. Ta présence redonne force et courage. Tu es mon contraire absolu, Harry. Et cet antagonisme m'insupporte.
– C'est pour ça que vous en aviez après moi, alors…, dit Harry. Vous vouliez détruire les espoirs de tout un peuple en me tuant…
Voldemort eut un petit rire.
– Sacré revers de la médaille, tu ne trouves pas ?
Harry revint à la charge.
– Vous êtes complètement malade !
– Et toi, tu es un obstacle depuis trop longtemps, rétorqua Voldemort. Je maudis le jour où ton père s'est laissé aller dans le lit conjugal. Sans toi, je serais déjà au sommet depuis plusieurs années. Ta perpétuelle bonne fortune m'a causé du tort. Je n'arrive toujours pas à croire qu'un sorcier aussi incompétent que toi ait pu contrecarrer mes plans autant de fois.
Il poussa un soupir faussement désabusé, et sourit.
– Heureusement, dans quelques instants, tout ça sera finit.
Dans quelques instants ?
– Ta fin est proche, Harry Potter…
Non.
Pas ça.
Voldemort brandit sa baguette.
– Très proche.