Chapitre 35 : Le Sortilège de la Mort

Dans un cliquetis métalliques, les chaînes qui retenaient Harry, Hermione et Ginny se desserrèrent et disparurent dans la cloison.
Tous trois tombèrent à genoux, au pied d'un Voldemort particulièrement satisfait.
– C'est trop d'honneur, dit-il, d'un ton sarcastique.
Il donna un violent coup de pied dans la tête de Harry.
– HARRY ! cria Ginny en se précipitant vers lui.
– Relève-toi. Je mérite mieux qu'un homme à terre, dit Voldemort.
Harry, l'arcade sourcilière ouverte, s'exécuta, et se posta devant Hermione et Ginny, qui tremblait trop pour se relever toute seule.
– Laissez-les partir. Elles ne vous sont d'aucune utilité.
Voldemort jeta un œil à Ginny, complètement terrorisée.
S'il avait eu des sourcils, il en aurait levé un.
– Quel gentleman. Dommage que ce ne soit pas toi qui décide.
Il claqua des doigts.
Les Mangemorts se postèrent autour d'eux.
Il n'y avait plus aucune échappatoire.
Ginny croisa le regard de Ron.
Voir sa petite sœur en larmes, avec les poignets en sang, et menacée de mort, ne semblait pas lui procurer une quelconque émotion.
Pourtant, n'importe quel grand frère digne de ce nom aurait réagi dans ce genre de situation.
Ginny n'avait jamais vécu cela avant.
Instinctivement, elle prit la main de Harry, pour se rassurer.
Mais ça ne marcha pas.
Cette fois, ils n'en ressortiraient pas vivants.
– Nous allons en finir en beauté, Harry, dit Voldemort, d'un air mauvais. D'homme à homme. J'aimerais dire "d'égal à égal", mais je ne peux pas me rabaisser autant…
Harry ne répondit pas à ses provocations.
– Toutefois… Je ne veux pas prendre de risques. Une fois m'a suffit.
Que voulait-il dire ?
– Queudver ?
Queudver s'approcha timidement de Voldemort.
– Corsons un peu les choses…
Il prit la Coupe de Poufsouffle des mains de Queudver.
Il la toucha du bout de sa baguette et émit un long sifflement aux sonorités familières.
Harry fronça les sourcils.
Du Fourchelang.
Aussitôt, une petite lueur verte jaillit de la Coupe, qui ensuite se mit à rouiller à vue d'œil, jusqu'à noircir, puis se désagréger.
– Tu sais ce que je fais, non ? demanda Voldemort, en prenant en main le Médaillon de Serpentard.
Harry serra les poings, écrasant presque les doigts de Ginny.
– Oui… répondit-il avec rage.
Le Médaillon connut le même sort que la Coupe.
Il s'ouvrit, émit une petite lueur verte, et tomba peu à peu en poussière dorée.
– Vous éliminez vos points forts.
Voldemort sourit.
– C'est tout à fait ça. Telles sont les règles du jeu.
Ginny ne comprenait pas.
– Et maintenant, c'est ton tour, ajouta Voldemort. Et si on en croit la Prophétie…
Harry lâcha la main de Ginny, et se plaça devant elle, comme pour la protéger.
– Recule, lui dit-il.
– Voyons, Harry, ce n'est pas très fair-play…, répliqua Voldemort.
Pourquoi regardait-il Ginny en disant ça ?
Et c'était quoi cette histoire de points forts ?
– Ha… Harry… De quoi il parle ? demanda Ginny, paniquée.
– Recule, répondit Harry, sans quitter Voldemort des yeux.
– Tu ne voudrais pas passer pour un tricheur, tout de même ? dit ce dernier, en s'avançant vers eux. Moi, par exemple, j'ai même sacrifié Nagini avant de venir. Tu pourrais en faire autant…
– Harry, qu'est-ce qu'il…
– JE T'AI DIT DE RECULER !

Trop tard.

Lord Voldemort était vraiment très rapide.

Ginny n'eut même pas le temps de comprendre ce qui se passait.
Elle ne vit même pas le coup venir.

En une fraction de seconde, elle se retrouva étendue sur le sol.
Les paupières closes.