Chapitre 36 : Réveil douloureux

Ginny ouvrit les yeux, et les referma aussitôt, éblouie par une lumière bleutée.
– Ginny…, dit une voix, à côté d'elle. Heureusement, tu es réveillée…
Ginny tourna la tête.
– He… Hermione ? balbutia-t-elle. Mais que…
– Chut… Tout va bien. On est à l'Hôpital, répondit Hermione.
– À… À l'Hôpital ?
– Oui. En Pathologie des Sortilèges…
Ginny jeta un œil autour d'elle.
Elle était allongée dans un grand lit en métal, assez spartiate.
Ses vêtements étaient posés sur le rebord.
Elle remarqua alors qu'elle portait une robe de chambre typiquement hospitalière, et que des bandages couvraient ses poignets.
Un paravent entourait son lit, lui donnant un semblant d'intimité.
– Mais… Qu'est-ce que je…
Ginny se redressa.
Ses articulations lui faisaient mal.
– Calme-toi, dit Hermione. Tu dois te reposer…
Ginny se prit la tête entre les mains.
Elle avait un horrible mal de tête…
Ça l'empêchait de réfléchir correctement.
Elle essaya néanmoins de se rappeler ce qui avait bien pu l'amener ici.
Les pensées se bousculèrent dans son esprit…
Il…
Il y avait Queudver. Oui… Et Ron. Les Mangemorts… Voldemort… La Prophétie… Et…
– Harry.
Ginny enleva ses couvertures d'un coup sec.
– Où est Harry ? s'écria-t-elle.
– Reste tranquille, répondit Hermione. Tu ne dois pas…
– Où est ce qu'il est ?
Hermione hésita, l'air anxieuse.
– Il… Il est encore au bloc opératoire.
Le cœur de Ginny s'emballa.
Oh, non.
Elle sauta du lit, pieds nus, et tira le paravent.
– Ginny, attends ! cria Hermione.
Mais Ginny ne l'écoutait plus.
Elle courut hors de la chambre, affolée.
S'il vous plait, non.
Pas lui.
Elle se retrouva face à un écriteau.
Accueil
Cafeteria
Bloc Opératoire.
Son rythme cardiaque s'accéléra encore.
Par là.
Elle se remit à courir, le long d'un grand couloir blanc, étrangement désert.
S'il vous plait…
Faîtes qu'il soit encore…
Au loin, Ginny vit une double porte en ébène.
C'était là.
Elle accéléra sa course.
Pourvu qu'il ne soit pas trop tard.
Elle ne le supporterait pas…
Ginny passa la porte à double battant, et entra dans une grand pièce, abondamment éclairée.
Son cœur s'arrêta.
Elle resta figée sur place.

– Harry ?

Entourés d'infirmières, une dizaine de guérisseurs s'affairaient, baguettes à la main, autour de quelqu'un.
Quelqu'un d'atrocement mutilé.

– Bordel, faites-la sortir d'ici ! vociféra un des guérisseurs.
– HARRY ! cria Ginny.
– Mademoiselle, vous ne pouvez pas rester ici…, dit une infirmière, en s'approchant d'elle. Venez, il faut…
– HARRY, NON !
Ginny se débattit.
– Lâchez-moi ! Je veux…
– Vous n'êtes pas autorisé à entrer ! répliqua l'infirmière, en la traînant de force hors du bloc opératoire.
– Ginny !
Hermione était dans le couloir, essoufflée.
– Ginny, tu ne peux rien faire pour lui…, dit-elle, en attrapant Ginny par le bras.
– Je ne laisserai pas Harry tout seul là-dedans ! rétorqua celle-ci, en tentant de se libérer de son étreinte.
– Je t'en pris, il faut que tu te calmes…
– Lâche-moi, espèce d'idiote !
– Tu dois retourner à ta chambre !
– Je vais très bien !
– Non, tu ne vas pas bien !
– Mais qu'et-ce que tu en sais, toi, hein ?!
– BON SANG, GINNY, TU ES MORTE !
Le regard de Ginny se figea.
– Tu es morte, Ginny ! répéta Hermione, des sanglots dans la voix. Tu es morte…
Ginny arrêta de se débattre.
– Qu… Quoi ?

L'infirmière raccompagna Ginny jusqu'à sa chambre et s'assura qu'elle allait bien.
Elle la laissa ensuite seule avec Hermione.
– Hermione…, commença Ginny. Que… Qu'est-ce que tu veux dire par "morte" ?
Hermione baissa les yeux, et ne répondit pas.
Ginny était de plus en plus inquiète.
– Hermione… Explique-toi…
Hermione souffla un grand coup.
– Tout ça s'est passé si vite…, dit-elle, d'une voix mal assurée. Tu… Tu es tombé, et… Harry s'est précipité vers toi. Il était sous le choc. C'est alors que Voldemort en a profité pour…
Elle s'arrêta quelques instants, puis continua.
– Après, il s'est passé quelque chose. Je n'y croyais pas… Tu étais vivante. Tu t'es mise à cracher du sang, et ensuite j'ai vu que…
Elle s'arrêta encore.
– C'est là que j'ai compris.
Ginny avait du mal à suivre.
– Tu as compris quoi ?
Hermione releva la tête.
Elle pleurait.
– Oh, Ginny… Tu aurais dû me le dire…
– Mais… Dire quoi ? répondit Ginny, anxieuse.
Hermione lui prit la main.
– Ginny, il faut que tu comprennes… Le… Le sortilège qu'a lancé Voldemort… C'était le Sortilège de la Mort.
Le cœur de Ginny eut un soubresaut.
– Et… Il t'a touché en plein ventre.

Lentement, Ginny se tourna vers ses vêtements, posés sur le rebord du lit, et les regarda de plus près, notamment sa jupe.
– Non…, murmura-t-elle.
Sa vision se troubla.
Une première larme coula le long de sa joue.

Elle avait saigné.