Un duo presque parfait : L'Affaire Andrew Jackson I
Chapitre 10
Jeudi 4 Octobre- 9h35 au carrefour Creek Street de la banlieue "Delta 9".
Sasuke et son partenaire étaient sur place, là où s'étaitdéroulée cette terrible fusillade, causant notamment la mort d'un de leurs confrères policier. Un agent de police vint à leur rencontre pour leur donner plus de détails sur la situation.
Le soleil n'avait pas encore montré le bout de son nez, seuls trois des nombreux lampadaires présents sur la scène de crime remplissaient la lourde tâche d'éclairer ces vieux bâtiments en piteux état. Le froid se faisait ressentir, l'automne allait bientôt céder sa place à l'hiver. Cette atmosphère glaciale avait au moins le mérite de distraire Gintoki qui s'amusait à faire des cercles de vapeur avec sa bouche.
– Gintoki! réprimanda à haute voix son coéquipier l'inspecteur.
– Quoi? demanda ce dernier d'un air innocent en continuant ses pitreries.
– Cesse donc de faire l'enfant.
– Quoi, c'est marrant, tu devrais essayer.
– Gintoki !
– Ok, relax mec.
– Bonjour. Vous devez être Sasuke Uchiwa, du commissariat central,les interrompit le jeune policier d'un ton hésitant.
– Exactement, et voici mon partenaire, précisa-t-il en montrant du doigt Gintoki qui se tenait à sa droite.
– Yo Sakata Gintoki desu!
– Alors, qu'est-ce qu'on a?
Le jeune homme resta silencieux. Il ne fit nul doute qu'il était vraisemblablement très perturbé par ces événements et essayait tant bien que mal de rester calme.
– Est-ce que ça va? demanda Gintoki au jeune agent de police.
– Oui... bien. Trè-Très bien. C'est juste que je n'ai jamais vu de cadavre de policier mort, répondit-il sans se rendre compte de la bêtise qu'il venait de sortir.
– Oui, je comprends, voir un cadavre mort, c'est quelque chose hein, Sasuke? se moqua le consultant. Mais cela aurait pu être pire.
– Vraiment? s'étonna l'agent.
– Ouais, ça aurait pu être un cadavre vivant, dit-il en esquissant un sourire.
– Je n'y avais jamais pensé.
– Agent, vous…, commença Sasuke avant de se faire interrompre.
– Yamada. Je m'appelle Yamada.
– Agent Yamada, vous ne m'avez pas répondu, reprit l'inspecteur.
– Ah oui, désolé. Je…
– Salut, inspecteur Uchiwa, dit soudain une douce voix derrière eux.
– Emma? laissa échapper l'Uchiwa, malgré lui.
– Inspecteur Alvarez! rectifia la belle latina aux formes généreuses, les mains fourrées dans son trench noir.
– Que fais-tu là?
– Je travaille. Et toi?
– Pareil.
– Comment tu vas?
– Bien, et toi?
– Bien.
– Quoi de neuf?
– Rien de rien. Et toi?
– La routine.
L'inspectrice regarda quelques secondes Gintoki qui les fixait en silence jusqu'alors.
– Ce type doit être ton nouveau partenaire, supposaà raison la jeune femme.
– Euh...oui. En effet, c'est mon partenaire.
– Yo Sakata Gintok idesu! se présenta tout sourire le concerné.
– Oui, c'est cela, bonjour, répondit-elle sèchement avant d'en revenir à Sasuke. Elle se rapprocha du brun et déposa affectueusement sa main droite sur sa joue. Sasuke, je suis désolée pour Karin.
– Inspecteur Alvarez, cet agent ici présent était justement en train de nous expliquer la situation, voudriez-vous continuer? demanda Sasuke, en retirant sa main de son visage.
La réaction de Sasuke fit rire la belle inspectrice.
– Bien sûr. Ce matin, à huit heures, l'officier Andrew Jackson a appelé le Central pour une demande de renfort, après avoir vu deux suspects armés qu'il a identifiés comme étant des dealers. Puis, des coups de feu ont été tirés. Andrew et l'un des deux suspects ont été touchés, le deuxième dealer présumé a pris la fuite. L'officier Jackson, homme brun, d'environ un mètre soixante-dix, assez musclé, dans la police depuis deux ans et âgé de vingt-quatre ans, s'est pris deux balles: une dans l'estomac et l'autre dans la cuisse, touchant l'artère fémorale. Il s'est vidé de son sang en moins de quatre minutes.
– Comment se fait-il qu'un policier de ce secteur patrouille seul? fit le brun.
– De ce secteur? demanda Gintoki, pas vraiment au courant de la situation.
– Tu n'es pas d'ici toi, hein? sourit-elle.
– Non, pas vraiment. Je viens d'Edo, avoua-t-il.
– Delta9 est classée « Zone à risque ». C'est un quartier avec un fort taux de criminalité. Il y a un trafic de drogue important et cet endroit est contrôlé par plusieurs gangs notoires, l'informa la latina.
– Vous pensez que c'est l'œuvre d'un gang? poursuivit Gintoki.
– Non, Creek Street est un endroit neutre. Ce carrefour délimite les frontières des quatre gangs qui se partagent le pouvoir de cette zone, répondit son collègue.
– Donc il n'y a pas de problème alors? relativisa le natif du Royaume d'Edo.
– Je ne dirais pas ça, étant donné la peur que suscitent ces groupes et "le grand amour" que porte la population de Delta9 à notre égard, je doute qu'elle nous aide dans cette affaire. Pour en revenir à ta question, Sasuke, son partenaire s'occupait d'une dispute entre automobilistes à Alpha Station quand le Central l'a appelé pour l'informer de la demande de renfort de l'officier Jackson. Mais il a mal entendu l'adresse. Il ne devrait pas tarder, le renseigna-t-elle.
– Je vois, merci pour ces renseignements, la remercia Sasuke.
– De rien.
– Agent, notre médecin légiste est censé être déjà sur place…
– Encore lui?! se plaignitson collègue sans pouvoir se retenir d'interrompre la conversation.
– Oui! Pouvez-vous m'indiquer où il se trouve?
– Tu me vouvoies maintenant?
– Ce n'est pas à toi que je parle!
– Oui, veuillez me suivre, s'il vous plaît, les invita l'agent.
– Au revoir, Sasuke.
– Au revoir.
– Bye Bye!
– Bye Gintoki.
À quelques mètres de là, debout et en plein travail, les attendait Orochimaru. Il était à côté des corps sans vie de l'officier Jackson et du jeune dealer présumé.
– Bonjour Orochimaru.
– Inspecteur Uchiwa.
– Yo, l'égorgeur de chatons, sourit le consultant.
– Je vous ai déjà dit que je n'égorge plus de chatons ! se défendit le légiste.
– Orochimaru, au lieu de te laisser distraire par les pitreries de mon collègue, dis-moi plutôt ce qu'il y a d'intéressant à savoir sur la mort de ces deux-là.
– Euh...oui, très bien. Je n'ai pas encore procédé à l'autopsie, mais je peux déjà vous dire ceci: il y a neuf douilles éparpillées sur la scène du crime provenant de deux armes différentes.
Gintoki s'accroupit devant le cadavre de la seconde victime, toujours inconnue.
– Un problème, Gintoki? interrogea son partenaire.
– Rien, il a l'air jeune.
– D'après ses papiers, il n'avait que dix-neuf ans, néanmoins il savait déjà manier un trente-huit millimètres. Six des douilles viennent de son arme et les trois restantes d'un calibre vingt-deux, révéla Orochimaru.
– Ya-t-il des empreintes ADN ou autres relevées sur les lieux? poursuivit le brun.
– Oui, deux jeux d'empreintes digitales ont été trouvés sur un sachet rempli de drogue à proximité du cadavre du jeunot, sûrement du crack. Je l'envoie au labo tout de suite pour analyse.
– Très bien, l'un d'entre eux appartient probablement au deuxième suspect.
– Inspecteur, le coéquipier de l'agent Jackson, l'agent Mura, est là, l'informa l'agent.
– Ok, on va l'interroger.
Assis sur un banc à une dizaine de mètres de là, fixant le sol d'un air désolé, comme rempli d'un profond sentiment de remord, se trouvait Shinji Mura, le collègue de l'officier Jackson. Un homme d'une quarantaine d'années, les yeux gris, la tête dépourvue du képi qui, posé à sa droite, laissait apparaître ses cheveux noirs coiffés en bataille. Il était assez enrobé, cent quinze kilos pour un mètre soixante.
– Agent Mura, bonjour. Je suis Sasuke Uchiwa et voici mon partenaire, Sakata Gintoki.
– Yo!
– Bonjour.
– Je vous présente mes sincères condoléances.
– Merci.
– Nous aimerions connaître votre version des faits.
– Je m'occupais d'une altercation à la gare. Un chauffeur Uber et un chauffeur de taxi se disputaient un client. Andrew a continué tout seul sa ronde pendant que je réglais cette histoire entre les chauffeurs. Je... Je…
Comme submergé par l'émotion, l'agent Mura n'arrivait pas à terminer sa phrase.
– Prenez votre temps, je sais que vous traversez une épreuve difficile.
– J'aurais dû l'accompagner. Je m'en veux, je vous assure! J'étais son partenaire et je l'ai laissé seul. Je m'en veux terriblement.
– Ne vous torturez pas l'esprit, ce n'est pas votre faute.
– Ouais, les risques du métier, fit Gintoki toujours aussi souriant.
– Oui, mais j'ai mal noté l'adresse. J'ai noté Leek Street au lieu de Creek Street.
– Votre radio marchait correcte…
– Fonctionnait, le corrigea l'inspecteur.
– Oh c'est bon, c'est pareil.
– Une radio n'a pas de pattes ou de jambes, alors elle ne marche pas.
– Ok, relax mec. Votre radio FONCTIONNAIT-elle correctement?
– Oui, mais le bruit des insultes des deux chauffeurs ne m'a pas aidé, c'est certain.
– Il serait préférable que vous veniez nous voir un peu plus tard pour nous faire un rapport plus détaillé. En attendant, rentrez vous reposer, le congédia Sasuke.
– Entendu.
9H55 - dans la voiture de Sasuke sur le trajet du retour.
Gintoki, arborant un large sourire, fixait en silence son partenaire avec un regard accusateur.
– Quoi encore? s'énerva Sasuke.
– Rien.
Le silence reprit alors pendant quelques secondes, avant de se faire chasser par le bruyant rire de Gintoki.
– Quoi?
– Rien.
Sasuke, le regard divisé entre la route et le perturbateur à sa droite, essayait, comme il le pouvait, de rester calme. Après ce rire fortuit, le calme reprit ses droits avant de se faire dégager encore une fois par le rire du consultant.
– Mais qu'est-ce qu'il y a de drôle à la fin?!
– Mais rien, je te jure, assura le consultant, hilare.
– Gintoki!
– Ok, relax mec! s'écria-t-il enfin prêt à délier sa langue. Je me disais juste que, finalement, tu es un homme comme tout le monde.
– De quoi tu parles?
– Juste du fait que finalement, toi aussi, tu as été amoureux.
– Hein ? Mais n'importe quoi ! Ne m'insulte pas. « Amoureux » ? Moi? Et puis quoi encore?
– Qu'y a-t-il de mal à être amoureux?
– Être amoureux, cela veut dire avoir la bêtise de croire sans réserve en quelqu'un et jamais je ne serai aussi naïf.
– Dans ce cas, qui était cette ravissante latina qui t'a salué tout à l'heure ?
– Nous y voilà. Je me disais bien que tu étais trop calme sur ce sujet. Est-ce que tout cela est vraiment important?
– Oui.
– Très bien. Elle fait partie de la brigade anti-gang de Konoha et…
– Non, moi, ce qui m'intéresse, c'est ce qu'il y a eu entre vous deux, le coupa Gintoki.
– Je n'y vois aucun intérêt.
– Donc, il y a bien eu quelque chose entre vous?
– Non, je dis seulement que je ne vois pas l'utilité de répondre à cette question.
– Allez, sois cool, réponds-moi!
– Une prochaine fois peut-être.
Quelque part dans Konoha, devant un magasin de prêt-à-porter d'une grande marque, deux individus vêtus d'un long manteau noir orné de trois nuages rouges cerclés de blanc étaient en pleine dispute.
– Je ne suis pas d'accord, hm! cria le premier.
– C'est un ordre, tu n'as pas à être d'accord ou pas, tu dois juste obéir, répondit le second, bras croisés, qui ne semblait guère être prêt à négocier.
– Mais je suis un homme!
– Et alors, tu répètes sans cesse que t'es un artiste, non?
– Quel est le rapport?
– Prends ça comme un rôle de composition.
– Cause toujours, hm! Et puis d'ailleurs, pourquoi le patron a changé le plan initial?
– Il a reçu de nouvelles infos. Bien, entrons, on n'a pas que ça à faire.
– Bon ok, mais c'est moi qui choisis la robe, hm!
– Fais-toi plaisir, blondie, se moqua l'Uchiwa en rentrant dans le magasin.
– Oi, attends-moi, hm !
12H30 - Laboratoire d'expertise médico-légale du Commissariat de Konoha
– Il avait seulement vingt-quatre ans et l'autre, à peine dix-neuf ! s'étonna la jeune Hyuga. C'est horrible. Ils étaient trop jeunes pour mourir!
– Il n'y a pas d'âge pour mourir. Dis-nous plutôt ce que tu sais, au lieu de nous faire perdre notre temps en commentaires inutiles, s'impatienta l'Uchiwa.
– Désolée. Le sac trouvé sur la scène de crime, celui qui contenait du crack, j'y ai relevé deux jeux d'empreintes.
– Oui, ça, on le sait déjà. Ce qui nous intéresse, c'est à qui elles appartiennent.
– Le premier vient du cadavre du dealer présumé: Yamazaki Kura. Le second appartient à Théo Smith, un jeune homme noir avec un super casier judiciaire, répondit calmement la scientifique derrière un des nombreux ordinateurs présents en ces lieux.
– Qu'a-t-il fait exactement, ce Théo Smith?
– Arrêté pour trafic et vente de drogue : héroïne, crack, LSD, ecstasy et corazón.
– « Corazón » ?
– Une nouvelle drogue, faisant déjà pas mal de ravages, qui est apparue récemment sur le marché. Elle provient de Dressarosa, une île se trouvant dans l'un des « Sept royaumes ». Ce joli nom lui vient de son apparence en forme de cœur. Quoi d'autre,Hinata?
– Euh…Oui, malgré tout cela, il a été relâché pour manque de preuves.
– C'est un petit veinard.
– Plus maintenant.
– J'oubliais, il fait partie des « Black boys », le gang qui règne au sud de Creek Street.
– Intéressant. Son adresse?
– Je l'ai déjà transmise à Rider.
– Ok, bien joué. On y va tout de suite.
Alors que le brun avait pris congé, Gintoki, lui, était resté tenir compagnie à Hinata.
– Moi, tu ne me feras jamais perdre mon temps, Hinata d'amour. Excuse-le, il n'est pas d'humeur, quoique, il n'est jamais de bonne humeur, rit-il.
– Ce n'est pas faux, rit-elle à son tour.
– C'est fou, on dirait qu'il a ses règles en permanence.
– T'es limite sexiste là, tu sais? lui fit remarquer la jeune femme en souriant.
– Quoi, je suis sexy ? Si tu le dis, sourit-il.
– T'es trop bête, dit-elle en riant.
– Gintoki! s'écria l'Uchiwa en le fusillant du regard.
– Ah, le devoir m'appelle.
– À plus, Gintoki-kun.
– Ouep, à plus. Tu me manques déjà, ajouta-t-il avec un sourire.
– Gintoki ! s'impatienta son coéquipier.
– Ok, c'est bon, j'arrive ! Relax mec !
