TITRE: Et pour sceller le Calice, l'Ordre créa la Clé...
SERIE: Harry Potter
AUTEURS: Teh SFF's
GENRE: Action, humour
RESUME: Et si le sort du monde tout entier ne reposait pas uniquement sur les épaules de ce pauvre Potter ? Et si, 7 ans avant l'arrivée d'Harry à Poudlard, l'Ordre avait découvert l'existence d'un Calice contenant une partie des pouvoirs de Tom Riddle… ? Chroniques d'un Calice imbibé et d'un Clé névropathe…
NOTE: La présente histoire ne tient en aucun cas compte du sixième ouvrage de la saga Harry Potter...
BLABLA INUTILE: Ermmm euuuh.. bon... euhhh... Ah je sais ! On va vous tirer une blague !
Eileen, bondissant frénétiquement, la main en l'air : Je peux, je peux, je peuxxxxx? J'ai une blague, j'en ai uuuunnne, je peeuuuux ?
Ana, haussant un sourcil suspicieux : Je suis pas certaine du génie de cette idée...
Eileen : Qu'est-ce que deux squelettes dans un placard?
Ana, se prenant la tête dans les mains : Je le savais... On est perdues...
Eileen, souriant de toutes ses dents : Crabbe et Goyle qui ont gagné une partie de cache-cache...
Ana : Vodka, vodka...Il me faut de la vodkaaaa, 'faut que j'oublie un tel affront...
Auteuses, impassibles : Ca, c'est fait...(cochant une case dans leur liste)
)))oOo(((
Et sur ce, après moult divergences, nos deux comparses se retrouvent finalement, au terme d'une flopée de marches, devant une immense porte de pierre taillée…
Obéissant à des conventions obsolètes en ce monde, la plus grande des deux jeunes filles s'avance et tape trois coups saccadés contre le mur.
"-Ne frappez pas comme ça ! s'exclame une voix chaude et accueillante à l'intérieur. Il suffit de caresser le mur et il s'ouvre.
-Logique, grimace Eileen d'un air sceptique. Caresser un mur… un peu gore tout de même…
-Ma foi, souffle Ana, s'avançant de quelques pas afin de laisser glisser le dos de sa main le long de la pierre froide et humide qui les sépare du bureau de l'Ancien…"
Subitement, le sol de la pièce se met à trembler sous leurs pieds, les murs semblent s'agiter et se rapprocher, se déformer et s'étendre avant de laisser place à une large ouverture, baignée d'une chaude lumière cuivrée…
"-Ah, Miss Kszinwinski, Miss McKenny… c'est un plaisir de faire enfin votre connaissance, sourit le vieux mage, plein d'entrain. Une sucrerie ?"
Suspicieuse, Ana lève un sourcil et regarde son accolyte s'approcher du bureau du vieil homme et se servir copieusement dans un saladier de friandises colorées…
"-Si ça ne vous dérange pas, s'amuse la blonde en laissant tomber une grande part de sa prise dans la poche droite de son veston.
-Bien-sûr que non, la rassure le barbu. Une commande de Monsieur Smith je présume."
Surprise, Eileen jette un regard incrédule au vieil homme qui leur fait signe de s'installer dans les deux sièges qui lui font face.
"-J'ai comme qui dirait, une conscience très étendue de ce qui se passe entre les murs de Poudlard.
-Poudlard, répète Ana. C'est le nom de l'endroit dans lequel nous nous trouvons, n'est-ce pas ?
-Absolument, chère enfant… Poudlard, ou l'Ecole britannique de Sorcellerie…"
A ces mots, Eileen s'interrompt dans son dépiautage de bonbon pour laisser échapper un léger ricanement cynique.
"-Sorcellerie… c'est cela même. Et vous et votre majestueuse assemblée avez jugé bon de nous inviter car…
-Car vous êtes des notres bien évidemment !
-Ca coule de source, s'exclame la jeune irlandaise, roulant des yeux d'un air peu convaincu avec un geste de main théâtral…"
Amusé par la scène, Dumbledore prend note de l'influence déjà prononcée d'un certain Serpentard reconverti…
"-Excusez-là, soupire Ana avant de prendre place aux côtés de sa compatriote. Poursuivez, je vous prie…
-Il n'y a pas de mal, poursuit le vieil homme. Vous voyez, ce monde, que vous pensiez certainement limité à votre réalité, se subdivise en deux mondes plus ou moins distincts, qui sont le monde moldu, qui est le vôtre, et le monde sorcier, ou le nôtre…
-Un peu comme dans Silent Hill… ? s'enquit Eileen, intéressée malgré elle.
-D'une certaine manière je suppose… étant sorcier, j'ai peu de références en matière de jeux vidéos… Quoiqu'il en soit, il arrive que certains individus appartenant au monde magique s'égarent et ne parviennent jamais à rejoindre notre… côté du miroir.
-Comme Luc Skywalker par exemple…
-Probablement… vous deux êtes l'exemple même de ce genre d'incidents, sourit Dumbledore."
Inhabituellement statique, Eileen jette un regard plein de perplexité au vieux mage avant de reporter son attention sur Ana qui semble assimiler la chose avec plus d'aisance…
"-Donc, pour résumer, tous les jeunes ici sont des… des sorciers. Et ce château est une…
-Ecole de magie, intervient Dumbledore.
-Ayant pour but…
-D'aider les jeunes sorciers à user de leurs dons sans mettre l'équilibre de notre monde en danger, conclut le vieux barbu d'un air triomphant.
-Afin de ne pas contrarier La Force, ricane Eileen.
-Quelque chose comme ça…"
Un long silence plane sur la pièce l'espace d'interminables secondes avant qu'Ana ne reprenne la parole.
"-Donc nous avons été transportées ici afin d'éviter un déséquilibre dans La Force, si on puit dire…"
Sans un mot, Dumbledore, toujours aussi souriant, hoche la tête d'un signe affirmatif.
"-Logique, souffle Eileen.
-Vos camarades vous donnerons tous les détails nécessaires le moment venu… n'hésitez pas à vous adresser à vos préfets en cas de problème… ou au directeur de votre maison qui se fera une joie de vous aiguiller.
-Comptez-y, soupire Ana qui se redresse avec finalité. Sommes-nous autorisées à regagner nos… quartiers ?
-Bien évidemment, Dobby se chargera de vous escorter."
A la mention de son nom, un étrange individu gobelinesque apparaît sur le bureau.
"-Ah bah oui, j'me disais bien que ça manquait de Gollum pour une réalité parallèle, raille Eileen, toujours aussi sceptique.
-Voici Dobby… c'est un elfe de maison, explique le directeur. Ils sont chargés de l'entretien du château, de la préparation des repas et de tout ce qui s'en suit…
-Un vieux château hanté habité par des apprentis sorciers juvéniles, dirigé par un vieil excentrique dépendant aux sucreries et entretenu par des clones de Gollum, murmure Eileen pour elle-même. La destination idéale pour un petit congé scolaire mérité…
-Miss Kszinwinski, veuillez suivre Dobby… Il va vous ramener jusqu'à votre dortoir, commence le vieil excentrique en question. Il semblerait que Miss McKenny ait besoin d'un peu plus de détails avant d'être renvoyée à sa salle commune."
Suivant l'étrange petite créature, Ana franchit la lourde porte de bois. Arpentant lentement le long chemin menant à sa salle commune et bravant les nombreux couloirs, elle jette de temps en temps un coup d'oeil aux tableaux les plus effrayants ornant les murs de pierre. Voyant soudain Gollum s'arrêter net à l'angle sombre d'un couloir, elle ralentit légèrement le pas, arrivant à la hauteur de l'elfe.
"- Mademoiselle Ana est arrivée. Mademoiselle Ana excusera Dobby mais Dobby ne peut pas aller au-delà de ce couloir pour des raisons de sécurité, couine la créature, étrangement peureuse.
- Euh, ah d'accord, mais c'est où la salle commune?
- Dobby conseille à Mademoiselle Ana de tourner à droite juste après la statue du Troll Eugène et de se présenter devant le tableau au grand serpent noir. Mais Dobby s'excuse car Dobby ne connaît pas le mot de passe.
- Mmm...d'accord. Sinon ça te dérange pas que je t'appelle Gollum?
- Dobby ne répond qu'au nom de Dobby! s'excite soudain ledit Dobby.
- Oui...et bien pour moi ce sera Gollum, mon précieux, répond sournoisement la polonaise, énervée que la sympathie avec laquelle elle a posé la question n'ait pas attendrit la créature...elle qui est si froide d'habitude...C'est scandaleux!"
"- Mademoiselle Ana excusera Dobby mais Dobby doit se retirer pour aller préparer le dîner, couine à nouveau l'elfe, s'inclinant terriblement bas devant la jeune femme, son nez effleurant presque le sol.
- Bien, merci Gollum! sourit diaboliquement Ana, remarquant au passage le léger plissement d'yeux de la créature avant qu'elle ne disparaîsse dans un claquement de doigts."
Après quelques pas en direction de la statue peu artistique du dénomé Eugène, troll à l'allure fichtrement sexy d'un point de vue post-ingurgitation de produits psychotropes, Ana trouve enfin ledit tableau au serpent.
Puis, bénissant brièvement Merlin et ses apôtres pour leur gratitude envers sa personne et sa chance pour rencontrer, à cet instant précis, un petit Serpentard de première année et sa connaissance parfaite du mot-de-passe, notre amie slave s'engouffre dans le passage sombre et humide, se retrouvant dans ce qui se révèle être la salle commune de Serpentard.
La fraîcheur et l'obscurité de l'endroit se trouvent être parfaitement à son goût. A l'instar des couleurs argentées et verdoyantes qui ornent chaque parcelle du mobilier décoratif. Même la pierre dure et froide transpirante d'humidité s'harmonise, à ses yeux, parfaitement avec le reste.
Cependant, c'est à la rencontre des locataires des lieux que les complications débutent. Une fille brune, au faciès lui rappelant vaguement le portrait du bouledogue de sa grand-mère accroché au dessus de sa cheminée s'approche alors, le sourire mauvais (ou, dirons-nous, la grimace mauvaise...), ses cheveux ternes, coupés au carré, voletant légèrement à son arrêt net devant la nouvelle venue.
"- Alors...c'est toi la polak? éructe-t-elle, les bras négligemment croisés sur la poitrine.
- Ta tête me revient pas..., beugle une autre fille, assise sur un fauteuil près de la cheminée. Ca doit être le manque d'argent qui fait ça! Ca rend le teint cireux..."
Toute l'assemblée éclate d'un rire gras et cruel tandis que la polonaise hausse un sourcil satisfait.
"- Ouais, t'as raison Milicent, renchérit la première fille en grimaçant, ça se voit tout de suite ce genre de choses...
- Ch'uis sûr que c'est même pas ses vêtements" se moque à son tour un charmant mais ...terriblement stupide énergumen du fond de la salle, affalé sur un canapé de cuir ébène en compagnie d'un jeune métisse et de deux étranges gorilles à l'air relativement intelligent.
Ana n'a toujours pas émit le moindre son et se délecte de ces paroles viles et vicieuses, attendant le moment fatidique où ces perverses personnes deviendront ses amis... ou, du moins, feront partie de ses connaissances. Cet univers est tel un bain de miel et d'orange. Ces gens-là font définitivement partie de son espèce...
C'est alors qu'un spécimen particulièrement intéressant fait son entrée, le menton dédaigneux et les épaules droites.
L'individu possède, tout d'abord, une chevelure hors-norme: lisse, blonde, presque blanche et d'un aspect d'absolue douceur. Sa paire d'iris se montre, de même façon, peu commune. Elle oscille entre un gris orageux et le bleu de l'océan. Son visage est froid mais ses yeux semblent pétiller de curiosité.
Il se mouve d'une manière terriblement féline et son expression aristocratique laisse deviner son engouement pour toute personne n'appartenant, ne serait-ce que totalement, à la supériorité indubitable de son rang. Toute la salle semblait n'attendre que lui. Le jeune homme demeure réellement intéressant...
"- Tiens..., commence-t-il, le ton traînant et supérieur, ne serait-ce donc pas notre nouveau joujou? Qui veut la taper en premier?"
L'assemblée pouffe à nouveau et la fille à la face de bouledogue vient s'aggriper relativement élégament au bras du blond.
"- Laisse tomber Drakichou...elle ne vaut même pas la peine que tu la regardes. Elle ressemble à une clocharde...".
La clocharde en question lève brusquement les yeux vers la brune, les gardant grand ouvert, dans une expression hypnotique, sa pupille se teintant à nouveau de noir, puis attend l'effet escompté. En effet, la jeune Serpentard émet un hoquet de surprise, lâchant subitement le bras du blondinet puis recule de quelques pas, se tenant l'arrière train dans une expression qui se veut...douloureusement contrite. Le jeune homme, quant à lui, conserve un visage serein, la surprise n'ayant cependant pas quitté ses pupilles.
La polonaise tourne alors la tête vers lui, retrouvant une expression neutre.
Puis inclinant la tête d'une manière espiègle, un sourire moqueur accroché aux lèvres, elle s'avance subtilement vers le blond.
"- Hnnn...comment c'est déjà? Ah oui, Drakichou. Et bien, Drakichou, serais-tu en mesure de m'aiguiller vers...hnnn, et bien vers le dortoir des filles? Je dois ranger mes effets personnels..."
On aurait entendu, à cet instant précis, une mouche se gratter le dessous de bras. On entend d'ailleurs un moustique désireux de se dégourdir les ailes, mais son existence prend malheureusement et subitement fin entre les mains d'un des deux gorilles, dans un claquement sec...
Ecumante de rage, la petite brune à la face canine vient à nouveau se planter devant la nouvelle arrivante, les poings serrés le long du corps à s'en enfoncer les ongles dans les paumes.
"- Non mais tu te prends pour qui, espèce de...
- Toi, le clebs, tu ranges ton haleine fétide et tu fermes ton clapet, l'interrompt sereinement Ana. La prochaine fois que j'entends encore un de tes insupportables aboyements, je t'arrache l'oeil et je le mange."
Dans un silence plus que pesant, voire pachydermique, la brunette se voit contrainte de se tenir coïte sous l'effet d'une évidente surprise, la machoire tombante et les yeux agrandis d'effarement, attendant désespérément une réaction quelconque de son compagnon décoloré. Ledit décoloré n'émettant pas davantage le moindre son.
"- Bien, continue alors Ana, j'aimerais maintenant que quelqu'un fasse preuve de courtoisie et m'indique le dortoir des filles."
Après quelques instants de flottement, une petite main tremblante se tend finalement vers l'étage, désignant une lourde porte de bois surmontée d'un serpent d'argent s'enroulant lascivement autour d'une rose. La petite main appartenant à une fillette rousse, probablement en deuxième année vu son jeune âge.
"- Merci, répond poliment Ana, un petit sourire étirant ses lèvres."
Puis se dirigeant vers l'escalier en colimaçon, la jeune femme se retourne une dernière fois, laissant voler légèrement ses cheveux bruns le long de son dos.
"- Moi qui pensait que les anglais étaient galants..."
)))oOo(((
Quelques longues minutes s'écoulent après le départ d'Ana sans qu'aucun des deux derniers occupants de la pièce n'émette le moindre son…
Eileen, sceptique quant au discours du vieux mage, le fixe d'un œil scrutateur, tentant tant bien que mal de déceler une faille quelconque au fond de ce regard d'acier…
"-Votre amie Ana m'a tout l'air d'une jeune fille très laconique, commence Dumbledore.
-Pourquoi l'avez-vous fait sortir ?"
Un sourire bienveillant aux lèvres, le vieil homme ferme les yeux une minute et retire ses lunettes pour les nettoyer dans sa longue barbe blanche.
"-Ana est quelqu'un de très spécial Eileen… Vous êtes toutes deux des êtres exceptionnels.
-Des sorcières, oui, j'ai crû comprendre, s'impatiente la jeune irlandaise.
-Pas seulement, poursuit le directeur. Je ne vais pas vous mentir, Eileen…
-Mais mentir à Ana ne vous pose pas plus de problème que cela, à ce que je vois…
-Vous comprendrez en temps voulu, mon enfant. Je vais commencer par le commencement, si vous le permettez…
-Faites donc…
-Il y a bien des années, un grand sorcier du nom de Tom Elvis Jedusor a basculé dans la Magie noire... Du côté obscur de La Force si vous préférez. Cet homme, aujourd'hui connu sous le nom de Voldemort ou Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom…
-Vous-savez-qui ?
-Exact… cet homme a mis le monde à feu et à sang durant des décennies afin de purger le monde sorcier de tous ceux qu'il considérait 'impurs'… les enfants de moldus, ou êtres non-magiques qui avaient été admis à Poudlard et dans les autres écoles de magie…
-Tels que nous ? s'enquit la blonde.
-Non, non… vous et votre amie Ana êtes ce que nous sorciers appelons des 'sang-purs'… Quoiqu'il en soit, cet homme, Voldemort, fut temporairement vaincu par un jeune enfant du nom de Harry Potter, il y a 16 ans de cela…"
Silencieuse, Eileen tente de se remémorer les mots exacts du jeune garçon avec lequel elle s'est accrochée lors que la cérémonie de Répartition…
On ne se moque pas de Harry Potter !
Il a sauvé le monde magique de Vous-savez-qui !
"-J'ai entendu parlé de lui, oui…
-Bien entendu, sourit Dumbledore, ostensiblement fier de son petit protégé. Cependant, il semblerait que Voldemort ait disséminé diverses parties de son âme aux quatre coins du monde afin d'échapper à la mort… c'est de cette manière qu'apparurent les sept Horcruxes de Lord Voldemort…
-Une sorte de… copie de sauvegarde si je comprend bien, tente la nouvelle arrivante.
-Absolument… mais ce n'est pas tout, souffle le vieux magicien d'un air plus sombre. Tom a également dissimulé une partie de ses pouvoirs en utilisant un ancien rituel de Magie noire… le Rituel du Calice. Le Calice agit tel un réceptacle et permet au créateur de sauvegarder une partie de son énergie magique en cas de dernier recours afin de pouvoir s'en réemparer le moment venu…"
Visiblement ému par son propre récit, il s'interrompt pour remettre ses lunettes et jette un regard intense à la jeune irlandaise…
"-Je ne vois toujours pas ce que tout ceci a avoir avec nous…
-Il y a sept ans, les premiers signes du retour de Lord Voldemort se sont fait sentir… L'Ordre du Phoenix, une organisation que j'ai fondée ayant pour objectif de protéger le monde magique des méfaits de Tom Jedusor, a donc tout fait pour mettre la main sur le Calice avant Voldemort. Et, afin de nous assurer qu'il lui serait impossible de l'ouvrir, nous l'avons scellé…grâce à une Clé…"
Perplexe, Eileen lève un sourcil interrogateur, invitant silencieusement le vieux mage à expliciter ses dires…
"-A notre grande surprise, nous découvrîmes que le Calice de Voldemort n'avait rien d'un simple objet... Il s'agissait d'une petite fille âgée de sept ans…
-Il a utilisé une petite fille comme… réceptacle pour dissimuler ses pouvoirs… ? s'indigne la jeune fille.
-Effarés, nous fûmes contraint de créer une Clé adaptée au Calice, afin d'éviter tout déséquilibre dans le rituel… une autre petite fille, de sept ans également, poursuit prudemment le mage. C'était il y a de cela dix ans… elles ont toutes deux 17 ans aujourd'hui… et Voldemort est de nouveau à leur poursuite."
Figée de stupeur et parcourue d'un terrible frisson, Eileen laisse les mots résonner encore et encore dans sa tête, envisageant toutes les possibilités, de la plus cohérente à la plus farfelue.
Tout semble avoir un sens, en théorie…Le discours tient la route…
Déglutissant avec difficulté, la gorge nouée par l'émotion, la jeune irlandaise tente de reprendre son souffle et ferme les yeux pour se calmer… malgré elle, ses mains blanches se crispent sur le tissu de sa jupe, sa mâchoire se serre.
Prenant une grande inspiration pour se ressaisir, elle se redresse et lance un regard étrange au vieil homme…
"-Ana est le Calice dont vous parlez, n'est-ce pas ? siffle-t-elle.
-Et vous êtes la Clé…
-La Clé que vous avez créée… de toute pièce… pour protéger vos petits intérêts personnels…
-Miss McKenny…
-J'ai toujours eu conscience d'être… différente, en quelque sorte… un peu décalée, jamais vraiment à ma place nulle part…j'ai passé des années à me demander pourquoi les autres enfants, eux, étaient capables de se remémorer des événements de leur vie qui s'étaient produits dans leur jeune enfance…"
Un long frisson de dégoût court le long de son échine et bientôt, elle perd son regard dans la contemplation du gigantesque oiseau flamboyant qui les fixe de son perchoir…
Un battement d'aile, un clignement d'œil…
Puis deux, puis trois…
"-Je comprends maintenant, murmure-t-elle, plus pour elle-même qu'à l'intention du vieux mage vêtu de mauve. Je ne suis pas réelle… je ne l'ai jamais été."
Attristé par la tournure de cette conversation, Dumbledore secoue la tête d'un air compatissant.
"-Bien-sûr que si, sourit-il avec douceur… Vous êtes réelle… aussi réelle que moi ou que n'importe quel autre jeune sorcier sous ce toit… les circonstances de votre naissance sont simplement… différentes…"
"-Je n'ai pas besoin de votre compassion, grogne la jeune fille avec toute la défiance d'un ange rebelle s'adressant à son créateur. Je ne suis pas réelle… pas comme vous, pas comme les autres sorciers de cette école ! Je suis un objet !
-Eileen…
-Un objet investi d'une mission, si j'ai bien compris… et aussi stupide que cela puisse paraître, sourit-elle avec une once de tristesse, je finirai sûrement par m'y faire…"
Surpris, Dumbledore hausse les sourcils et fixe la jeune fille d'un regard cristallin emprunt d'une sincère bienveillance…
"-Etes-vous sûre, commence-t-il…
-Relativement… aussi sûre qu'on puisse l'être en de telles circonstances, sourit-elle. J'accepte cette mission qui m'est, plus ou moins, dévolue…
-Vous m'en voyez ravi et infiniment soulagé, ma jeune Eileen. Veuillez bien me croire quand je vous assure que s'il existait une quelconque autre solution nous l'aurions trouvée…
-Je m'en doute, souffle-t-elle, visiblement plus accablée par la situation qu'elle ne veut bien l'admettre. "
Au bout de quelques instants d'intense silence, Eileen semble arriver à une décision et se redresse dans son siège pour fixer le vieux sorcier d'un regard plein de détermination.
"-Puis-je regagner mon dortoir à présent ?
-Bien entendu, bien entendu… je vais vous faire raccompagner par Fumseck…"
A l'appel de son nom, le grand oiseau de feu s'élève d'un battement d'aile au dessus de son perchoir et vient se poser sur l'épaule de vieux mage.
"-Il va vous guider jusqu'à la salle commune de Poufsouffle.
-Merci…
-Merci à vous, sourit Dumbledore."
Souriant malgré son affliction, Eileen se redresse et se dirige vers la porte d'un pas décidé.
"-Une dernière question…
-Oui, répond le vieil homme.
-Comment suis-je censée m'y prendre pour protéger Ana ?
-Chaque chose en son temps, mon enfant, chaque chose en son temps… Allez prendre un peu de repos, vous venez de vivre une journée troublante. Un coffre empli de vêtements et des divers items nécessaires à votre année scolaire a été déposé dans votre dortoir… votre préfet se chargera du reste, il a été prévenu…
-Finch-Fletchley, sourit Eileen, regagnant une once de sa bonne humeur habituelle.
-Vous avez déjà fait sa connaissance il me semble… ainsi que celle de Monsieur Smith."
Amusée par le ton exaspéré qui souligne ce dernier nom, Eileen se retourne vers la porte…
"-Bonne soirée, Monsieur… euuuhm… Directeur…
-Professeur…
-Bonne soirée, Professeur Dumbledore.
-A vous de même, répond le mage… allez, au pas de course maintenant. Il se fait tard et même les élèves de septième année ne sont pas autorisés à déambuler librement dans les couloirs après le couvre-feu…"
)))oOo(((
Le chemin du retour se fait sans grandes complications… les escaliers se succèdent encore et encore, les fantômes errent sans but, saluant au passage la jeune britannique sans parvenir à la tirer de sa réflexion…
Une Clé…
Comment a-t-elle donc pu en arriver là… ?
Eloignée de tout ce qu'elle a bien pu connaître et précipitée dans une école de sorcier avec pour mission ultime d'éviter qu'un mage noir surpuissant ne se réaccapare ses propres pouvoirs… qui se trouvent enfermés dans le corps de sa meilleure amie…
Secouant vigoureusement la tête, Eileen se ressaisit juste à temps pour voir le majestueux oiseau s'arrêter net devant un petit escalier de pierre dont la voûte relativement étroite est recouverte d'un magnifique tissu tout d'ambre et d'ébène décoré…
Reconnaissant là les couleurs des écharpes Poufsouffles, le jeune fille laisse un sourire décontracté étirer ses lèvres fines et se retourne pour saluer l'oiseau et le remercier chaudement avant de s'engouffrer dans le passage étroit.
A peine a-t-elle passé la porte qu'elle se retrouve joyeusement portée par une ambiance pleine de bienveillance et de bonne humeur. Un groupe de petites filles lui sourient en lui faisant de grands signes de main et deux jeunes filles qu'elle identifie rapidement comme Hannah et Susan, les deux adolescentes que Smith lui a présentées, s'approchent d'elle, les bras chargés de livres.
"-Salut, Eileen ! Le briefing s'est bien passé ?
-Pas trop mal, sourit l'irlandaise, peu désireuse d'entrer dans les détails…
-Génial. Le professeur Chourave nous a donné des livres pour toi, on les posera sur ton lit… "
Et sans un mot de plus, les deux joyeuses Poufsouffles s'éloignent en direction d'un second escalier de pierre…
Un puissant cri de guerre emplit soudain la salle et, dans une symphonie de piaillements viriles, bondissant de nulle part, une furie blonde survoltée vient se pendre au bras de la jeune irlandaise qui, perplexe, fixe un regard interrogateur sur son assaillant.
Zacharias Smith, l'œil malicieux et le cheveu anarchiste, affiche un large sourire narquois…
"-Eileen, s'exclame-t-il plein de cette radiance propre à l'être espiègle ayant juste accompli le méfait escompté…
-Smith… ?
-Alors, ce briefing… ? questionne-t-il, visiblement peu concerné mais peu désireux de voir cette conversation arriver à son terme.
-Dramatique, sourit la jeune fille d'un air accablé."
C'est alors que dans un vacarme de jurons plus colorés les uns que les autres, Ernie McMillan se propulse hors de l'alcôve qui mène vraissemblablement au dortoir des Poufsouffles mâles, affublé d'un saillant pyjama de soie bleu…
"-ZACHARIAS SMITH ! "
Visiblement peu impressionné, Smith se retourne et adresse un signe de main amical à son camarade de chambrée…
"-Lui-même, répond-t-il, un sourire faussement innocent aux lèvres.
-Espèce de petite larve anaérobie !"
Fictivement outré, le jeune survolté porte une main à sa bouche, ses yeux bleus allongés brillants de malice malgré lui…
"-Ne fais pas l'innocent ! s'égosille le petit blond, fumant d'une rage mal contenue…
-Mais de quoi tu parles, Ernie ?
-Je sais que c'est toi ! Il n'y a qu'un débile profond dans ton genre pour faire ce genre de trucs, barbare !"
Intriguée, Eileen se rapproche de la scène…
"-Tu dois te tromper, intervient-elle."
Surpris, Smith se retourne pour lui lancer un regard inquisiteur.
"-Qu'est-ce que tu veux dire ? demande McMillan.
-Quoiqu'il te soit arrivé ces deux dernières heures, Smith ne peut en aucun cas y avoir été mêlé… il vient tout juste de me raccompagner du bureau de Dumbledore…"
Interloqué, Ernie jette un regard suspicieux à Smith qui se contente de hausser les épaules en guise de confirmation.
"-C'est… mais…
-Tu as entendu la demoiselle, Ernie… il est physiquement impossible que j'ai quoi que ce soit à voir avec ton problème, quel qu'il soit…"
Frustré au plus haut point, le plus petit des deux blonds se détourne et regagne son dortoir d'un pas lourd et traînant…
"-Ca, c'était GRAND ! s'exclame Smith, ses yeux bleus brillants d'un panachage d'agréable surprise et de fierté. Les prémices d'une grande et fructueuse amitié !
-C'est cela même, pouffe la blonde avant de se diriger vers le coin de cheminée auprès duquel Finch s'est assis en tailleur pour bouquiner. Tu lui a fais quoi au juste ?
-Ah, rien de bien terrible…
-Sois plus précis…
-Et bien, j'ai peut-être légèrement… comment dire… tondu son chat, admet le dément, pas repentant pour un sou. Je l'ai tondu à raz en fait… j'essayais juste d'égaliser un peu le tout, hein, rien de bien méchant..."
Pouffant de rire, Eileen se laisse choir à quelques pas de Finch, suivie de près par Smith qui se place nonchalamment aux cotés du brun.
"-J'ai cautionné les méfaits de la main du Malin, ricane la blonde.
-Méfaits, méfaits… je m'ennuyait un peu c'est tout… j'avais besoin de m'occuper en attendant le début de la saison… Et tu sais ce qu'on dit chez les moldus hein, 'les mains oisives sont les jouets du Diable'…"
Souriant malgré lui à la référence Biblique, Finch referme son manuel de Botanique et lance un regard mollement réprobateur à son accolyte avant de reporter son attention sur sa nouvelle camarade de classe.
"-Zach est une vraie mine de références moldues… c'est impressionnant…
-J'ai crû remarquer, sourit Eileen. Un vrai moulin à paroles…
-Très bien, très bien, s'exclame Zacharias. Puisqu'il en est ainsi, je me vois dans l'obligation de vous dépourvoir de mon inestimable présence… je vais aller tanner ce pauvre McMillan avant qu'il n'aille se coucher le bougre. Bonne nuit à vous, gente demoiselle. On se voit plus tard Finch ?
-Sûr, acquiesce le brun en le regardant se redresser et quitter la salle commune."
Au bout de quelques secondes, Finch se retourne vers Eileen et lui lance un sourire avenant…
"-Alors, ce briefing… ?"
Perdant aussitôt sa bonne humeur, la jeune irlandaise laisse son regard se perdre dans contemplation du foyer crépitant…
"-On fait aller, répond-t-elle d'un ton neutre."
Concerné, le jeune préfet se penche vers elle et pose sur elle un regard plein d'attention…
"-Tu as l'air un peu démontée… quelque chose ne va pas ? demande-t-il, visiblement inquiet.
-Un peu dépaysée je suppose, sourit-elle faiblement. J'ai un peu de mal m'adapter…
-Je comprends… c'est délicat… les circonstances de votre arrivée précipitée à Poudlard font parler pas mal de monde à travers le château. Il est très rare que des élèves soient admis dans une école de sorciers au-delà de leur onzième année… ça doit être assez difficile pour vous deux sans qu'on en rajoute avec nos questions stupides… désolé…
-Non, non, sourit la blonde avec un geste vague de la main. C'est gentil de ta part, d'essayer de me mettre à l'aise.
-C'est un peu normal, rougit Finch, détournant les yeux d'un air gêné. Tu dois être épuisée après une journée pareille. Tu dois probablement avoir envie d'aller te coucher. Ana et toi êtes dispensées de cours demain matin… vous devez aller au Chemin de Traverse afin de vous procurer quelques manuels de cours et une baguette... Smith et moi on s'occupera de prendre tes cours de la matinée."
Touchée par l'attention du brun, Eileen laisse un sourire sincère ourler ses lèvres et lui adresse un regard reconnaissant.
"-Merci, souffle-t-elle simplement, apaisée par la sincérité du jeune Poufsouffle après les révélations troublantes du vieux mage excentrique.
-De rien, sourit Finch en se redressant, manuel en main. Je vais te laisser, il faut que j'aille réparer un peu les bêtises de Zach…
-Pauvre Ernie, sourit Eileen… j'espère juste que les poils de chat ne mettent pas autant de temps à repousser dans ce monde que dans le notre…"
