Et voici le moment que tout le monde redoutait. Et, ça va vraiment être horrible !


Et tout s'effondra

Après mon rendez-vous avec Ginny, je passai tout l'après-midi à essayer de trouver une façon d'aborder avec Ron la raison pour laquelle je l'avais quitté quatre ans auparavant. Et je ne pouvais absolument pas pensé à une manière délicate d'amener ce sujet épineux sur le tapis. Je proposai des choses comme : "Ron, je t'aime. A propos, je t'ai quitté parce que je suis stupide." Je n'aimais pas la façon dont cette phrase résonnait dans ma tête, donc je pensai à une autre, celle-là à dire pendant le dîner : "Ron, j'ai déjeuné avec Ginny aujourd'hui et j'ai réalisé que je n'aurais jamais dû te quitter. J'ai été bête. S'il te plaît, passe-moi les petits pois." C'est comme ça que je passais mon après-midi.

J'estimais que c'était un petit prix à payer, si on considérait que j'avais vraiment été une imbécile et que je n'aurais jamais dü partir. Ron et moi n'en avions jamais parlé, ce qui faisait que je ne savais pas ce qu'il ressentait à propos de cet 'incident'. Est-ce que je l'avais blessé ? Est-ce qu'il m'avait détesté d'avoir fait ça ? Probablement. Je n'en savais rien. Et, c'était ça qui me minait.

Oh, j'avais posé des questions à Ginny et Harry sur l'état de Ron quand j'étais à Vienne, mais je n'obtenais rien de plus que le laconique "Il va bien" avant qu'ils ne changent de sujet. Quand j'y repensais, le plus que Harry m'ait dit à propos de Ron ces quatre dernières années, c'était quand il m'avait parlé de la salope. Harry ne m'avait jamais rien dit sur la vie privée de Ron et, à y bien regarder, c'était assez surprenant.

Et maintenant, Ron et moi en étions là, de nouveau ensemble sans aucun mot sur notre relation précédente. Ron agissait comme si nous ne nous étions jamais séparés et, je devais le confesser, moi aussi... du moins jusqu'à mon rendez-vous avec Ginny. Je ne pouvais pas m'empêcher de penser que j'avais loupé quelque chose, comme si j'avais un pressentiment. Ce n'était pas que je n'aimais pas Ron ; je l'aimais. Je l'aimais plus que la vie elle-même. Peut-être était-ce juste ce sentiment de culpabilité écrasant que je ressentais. Non, ce n'était pas ça. C'était quelque chose à laquelle je ne m'attendais pas du tout. Et ça me pourrissait la vie. Méchamment.

Cinq jours entiers avaient passé depuis mon déjeuner avec Ginny et je n'avais pas encore parlé à Ron de mes appréhensions. 'Où est passé mon courage de Griffondor ?' pensais-je. J'étais une poltronne ; la seule raison pour laquelle j'évitais le sujet était que je ne voulais pas entamer une dispute. Ca, et le fait que je me faisais de plus en plus à l'idée que Ron ne me le demanderait jamais. L'ignorance évite la souffrance.

Le vendredi tôt dans la soirée, Ginny nous téléphona pour nous demander si nous voulions essayer une boîte de nuit moldue. Je songeai que ce pourrait être drôle : je n'avais pas été en boîte depuis un bon bout de temps. Cependant, Ron hésitait et il me fallut user de beaucoup de persuasion avant qu'il ne se laisse fléchir. Je dus même promettre de l'accompagner au prochain match des Canons de Chudley.

Nous transplanâmes chez Harry et Ginny, vu qu'ils habitaient dans le Londres moldu, nous partîmes tous les quatre pour la boîte décidée par Ginny. La boîte était caractéristique, sombre, bondé et bruyant. Les murs tremblaient à cause des vibrations des basses de la musique. Jetant un coup d'oeil à Ron, je remarquai son petit sourire ; c'était exactement la façon dont il aimait la musique : forte.

Nous traversâmes la piste de dance, en évitant la foule gesticulante, et nous essayâmes de trouver une table. Harry nous montra un petit endroit vacant et nous y conduisit avant qu'on nous le prenne. Une fois installés et nos verres commandés (je refusai tout bruvage alcoolisé, vu ce qui c'était passé la dernière fois !), Harry et Ginny commencèrent à s'embrasser dans le coin sombre.

"Beurk. Je ne peux pas regarder ça ! Tu veux danser ?" me demanda Ron.

J'acquiesçai, et il prit ma main, m'emmenant sur la piste. Par chance, un slow débuta et je pus me lover contre lui. Ron était plus grand que moi, donc je devais tendre mes bras pour les enrouler autour de sa nuque. Je posai ma tête contre son torse, alors qu'il glissait ses bras autour de ma taille. Tout le temps de la danse, je pouvais sentir ses mains masser le creux de mes reins, envoyant des frissons de plaisir dans tout mon corps. S'il ne faisait pas attention, je devrais trouver mon propre coin sombre et me le faire sur le champ dans la boîte.

Nous dansâmes ensemble pendant longtemps, que ce soit une chanson lente ou rapide (bien que je préfèrais les lentes) et, après environ une heure, Ginny nous interrompit. "J'ai besoin d'aller aux toilettes. Tu viens, Hermione ?"

"C'est quoi cette manie pour les filles d'aller aux WC en groupes ?" demanda Ron. Il semblait assez contrarié par l'interruption de Ginny.

"C'est pour nous refaire une beauté avant de retourner vers nos hommes", le taquina Ginny alors qu'elle me traînait derrière elle.

Nous aperçûmes les toilettes, qui étaient, bien sûr, situées de l'autre côté de la boîte. Je dus encore jouer des coudes pour me frayer un chemin parmi les corps enchevêtrés. Une fois les WC atteints, nous dûmes attendre en file indienne quelques minutes avant que plusieurs cabines se vident.

"Tu as parlé à Ron ?" demanda Ginny de son côté des toilettes.

"A propos de quoi ? Du week-end ou de ma promesse du déjeuner ?" lui répondis-je.

"Les deux en fait."

"Pas de problème pour le week-end ; Ron l'attend avec impatience. Pour tout dire, je pense qu'il est surtout impatient de me voir en maillot de bain." 'Pourtant je ne sais pas pourquoi. Il me voit nue tout le temps', ajoutai-je silencieusement.

Ginny ricana. "Et à propos de l'autre chose ?"

Je sortis de la cabine et j'allais vers le lavabo pour me laver les mains. "Est-ce qu'on doit vraiment parler de ça maintenant ?" demandai-je.

"Je vais prendre ça pour un non".

Je m'appuyai contre le mur en soupirant, pour attendre Ginny. "Je ne sais pas Ginny. J'ai essayé de lui en parler mais..." Je tus brusquement en entendant une voix familière juste de l'autre côté de la porte des toilettes. Non ! Non ! Non ! Pas ici. Pas ce soir. Ce n'était pas possible !

"Dépêche-toi Kathy." Oh, mais c'était possible ; je reconnaîtrais cette voix n'importe où. Lydia. La pétasse était de retour.

"Hermione, est-ce que ça va ?" me demanda Ginny, inquiétée par mon silence, mon silence choqué pour dire la vérité.

Soudain, j'eus l'impression d'être jetée dans un film moldu ; il me semblait que le temps s'était ralenti alors que la porte des toilettes et celle de la cabine de Ginny s'ouvraient en même temps. Ne voulant pas être vue par la garce, je repoussai Ginny dans ses toilettes et je verrouillai la porte avant que Lydia n'aie une chance de me voir.

"Qu..." commença Ginny mais je la fis taire en mettant ma main sur sa bouche. Ses yeux m'interrogèrent.

"La salope de Ron", murmurai-je. Ginny écarquilla les yeux.

Pendant notre conversation au restaurant lundi dernier, j'avais appris que Ginny n'avait jamais rencontré Lydia mais qu'elle avait entendu beaucoup de choses sur elle par Harry. Cette histoire n'avait pas plu à Ginny. J'enlevai ma main de sa bouche et nous nous appuyâmes toutes les deux contre le mur de la cabine pour les espionner par la fente de la porte.

Lydia était devant le lavabo à retoucher son maquillage, pendant que son amie occupait les toilettes que j'avais quitté quelques minutes avant. Sa copine finit et alors qu'elle se lavait les mains et se remaquillait, les deux femmes bavardaient. Ginny et moi étions d'accord pour nous taire, une qualité définitivement exigée pour l'espionnage.

"Tu as remarqué ce mec avec lequel tu étais amie ? Tu sais le rouquin ? Je l'ai vu ce soir. Il est mortellement sexy ! Je sortirais bien avec.mais j'ai déjà Frank. Peut-être que tu devrais sortir avec !" dit sa copine.

"C'est déjà fait. Enfin, si on peut dire ça", répondit Lydia. Qu'est-ce qu'elle voulait dire par 'si on peut dire ça' ?

"Qu'est-ce que tu veux dire par là ?"

"Et bien, j'ai vécu dans son immeuble pendant un temps, après avoir déménagé de chez Josh. Et, tu sais combien cette période a été pénible pour moi ? Ron m'a donné un coup de main."

'Quel est le rapport avec tout le reste ?' m'interrogeai-je.

"Donc un jour", continua Lydia, "il m'a demandé de l'aider à propos de quelque chose, un plan pour faire revenir son ancienne petite amie."

Attendez, est-ce que j'ai compris correctement ? Plan ? Ginny et moi nous regardâmes et mes peurs furent confirmées. Je pouvais voir dans ses yeux les mêmes questions, qui voulaient désespérément des réponses ; pourtant, j'avais le terrible pressentiment que je connaissais déjà ces réponses.

"Il voulait que je fasse semblant d'être sa copine pour qu'elle soit jalouse et qu'elle lui revienne."

""C'est affreux !" s'exclama l'amie. J'étais tout à fait d'accord.

"Je sais", répliqua Lydia en grimaçant légèrement. "Je n'aimais pas cette idée, mais je sentais que je lui devais bien ça après toute l'aide qu'il m'avait apporté. La partie la plus pénible a été quand j'ai rencontré son ex. Ron a persuadé un de ses amis, un mec mignon avec des lunettes, de l'amener jusqu'à son appartement."

A cette phrase, les yeux de Ginny s'assombrirent. "Je vais tuer Ron et Harry", chuchota-t-elle.

Lydia continua son histoire ; elle n'avait pas entendu Ginny. "J'ai dû agir comme une vraie salope avec elle ; je l'ai insultée et plus. Une honte ; en fait je l'aime bien. Elle est intelligente et tout ça."

"Elle ne doit pas être si intelligente si elle n'a pas capté le petit plan de son mec", dit son amie.

"Allez Kathy. Tu sais que l'intelligence n'a rien à voir avec l'amour."

"Quoiqu'il en soit, je me sens mal pour la pauvre fille. Imagine, être manipulée comme ça !"

"Ouais. Ecoute, si on partait ? Je n'ai pas envie de rencontrer Ron et sa petite amie."

Une fois que Lydia et son amie furent parties des toilettes, je quittai lentement la cabine. "Hermione ?" demanda Ginny timidement. Je ne répondis pas. Je ne pouvais pas. J'étais paralysée. A cet instant, j'avais l'impression que tout dans ma vie s'écroulait autour de moi. Comment avait-il pu me manipuler comme ça ? Comment avait-il pu me faire ça à moi ? Il disait qu'il m'aimait. J'avais vraiment été stupide !

Sans un mot, je marchai vers la porte et j'entendis Ginny jurer doucement avant d'entendre un faible bruit, alors qu'elle disparaissait. Si je m'en étais soucié, j'aurais été très en colère contre elle pour avoir brisé les règles de transplanage mais, vu la situation, je me frayai un chemin dans la foule et je me dirigeai vers le vestiaire pour chercher ma veste. Je refusai de retourner à la table. Je refusai de faire face à Ron. La file semblait ne pas avancer parce que chaque fois que je regardais ma montre, une seule minute avait passé.

J'étais la prochaine de la file quand je remarquai une chevelure rousse traverser la foule. Ginny devait avoir transplaner jusqu'à notre coin et elle devait leur avoir dit ce que nous avions entendu dans les toilettes. Il se rapprochait. Mon dieu, je voulais juste qu'ils se dépêchent au vestiaire pour que je puisse m'en aller. Ma veste me fut enfin rendue et je partai à toute hâte, alors que j'entendais Ron appeler mon nom. Je ne regardai pas en arrière.

Je quittai la boîte en marchant rapidement vers la ruelle au coin du pâté de maisons ; je pourrais transplaner en sécurité sans que les Moldus me voient. Alors que je tournai dans la ruelle, une main m'attrapa le bras et me retourna. C'était Ron. "Chérie, je peux t'expliquer", dit-il. Il semblait désespéré.

"Qu'est-ce qu'il y a à expliquer, Ron ? Tu as joué avec moi comme si j'étais un pion sur un échiquier. 'Rendons Hermione jalouse et voyons à quelle vitesse elle revient en courant' ? C'était ça ?" Les larmes menaçaient de tomber mais je les retenais. Avec énormément de difficulté.

"Non. Ce n'est pas ce que ça semble être. Donne-moi du temps pour t'expliquer", supplia-t-il. Je ne pensais pas avoir déjà vu Ron aussi dévasté. Tant pis pour lui.

"Non." Je me libérai de son étreinte.

"S'il te plaît Hermione. Ne me laisse pas encore."

Ce furent les derniers mots que j'entendis avant de disparaître.


Je ne vous avais pas menti : c'est vraiment affreux. La prochaine fois, la déprime d'Hermione. Reviews please !