Et voici….
SAIYUKI : REGARDS D'AUREFOIS, épisode 21
Le moteur ronronnait tranquillement, et la voix d'un animateur radio s'élevait dans le véhicule. Le conducteur et le passager avant, discutaient, tranquillement.
"On va par où ?
-La sortie numéro… Bah, je ne sais plus… La Porte de Versailles.
-Enfin, Paris… J'ai cru qu'on y arriverait jamais, s'étira le passager.
-Allez, vous plaignez pas, on a le plus gros derrière nous… Encore 200 kilomètres, et on y sera.
-On s'arrête pour un café ?
-Avec plaisir.
-Et la miss derrière, plaisanta le médecin, sachant parfaitement qu'il avait affaire à une personne dans un coma profond, elle veut un café, ou elle préfèrerait un Coca ?
-Iya, iya, itaï sassoku desu ga !", hurla-t-elle en se débattant.
A ces mots, le conducteur pila au beau milieu du périphérique, manquant de déclencher un gigantesque carambolage en cette heure de pointe. Le médecin cria :
"Garez-vous sur la bande d'urgence, vite !"
Il s'exécuta, et le praticien passa à l'arrière de la voiture.
"Mademoiselle, vous m'entendez ?
-Iya, iya, Gojyo, ikanaide (ne pars pas) ! Itaï sassoku desu ga (pas maintenant, risque d'erreur.) , criait-elle, se débattant contre un invisible ennemi.
-Elle délire, je lui donne un calmant !"
Le sommeil eût raison d'elle.
"Tout droit, troisième à gauche, descendre les deux escaliers…", murmura soudain Gokû, les yeux perdus dans le vague.
-Dis donc, saru, nous fait pas le coup de J'ai une prémonition, on peut pas prendre le luxe de se perdre, grogna le kappa.
-Y a une femme qui me parle…, murmura le singe en tentant du regard de convaincre Hakkai et Sanzo du bien fondé de ses dires.
-Pourquoi à toi et pas à moi , ricana Gojyo en s'avançant, suivant le chemin indiqué par Gokû, obligeant les deux autres à les suivre.
-Tais toi, cafard barbu, barbu kappa , cria-t-il en le rattrapant, se faisant taquiner par son compagnon, alors que Sanzo et Hakkai soupiraient, l'un souriant, l'autre exaspéré. Même au cœur de la place ennemie, il fallait que ces deux là se fasse remarquer…
"Ça y est, le spectacle va commencer…", sourit Nî en s'écartant du tableau de commande, alors que la lueur du pentacle palpitait doucement dans les ténèbres de la salle. Les vrombissements des machines s'amplifièrent, la lumière devint aveuglante. Aussitôt, Gyokumen s'empara de la traduction des sûtras, et commença à psalmodier longuement. Les sûtras vibrèrent, se déroulèrent, se trouvèrent, se quittèrent… Tissant une immense coupole autour du cadavre démoniaque et de ses sacrifices. Kogaiji fut touché le premier par une douleur indicible. Flottant dans le liquide matriciel, il se tordait de douleur, hurlant sa souffrance dans un long cri muet, ininterrompu. Presque aussitôt, Ririn fut atteinte par le même mal, puis Mimi, Dokugakuji, Yaone… La reine psalmodiait toujours, alors que la lueur s'intensifiait, et que les premières fumées sortaient des machines épuisées.
"Docteur Huang, à votre poste, les machines commencent à chauffer", ordonna Nî en s'installant lui-même devant le système de refroidissement.
"Dites, vous ne trouvez pas que ça sent le cramé ?"
Une intense odeur de caoutchouc brûlé montait d'un escalier voisin.
"Doit-on en déduire que c'est par là, Gokû ?", questionna l'ancien humain en se retournant vers le benjamin de la troupe.
Celui-ci, perdu dans le vague, murmurait doucement.
"L'escalier à droite, puis un long couloir, tout droit… Traversez les 5 laboratoires… Puis la première porte à gauche dans le couloir. Je serais là. Dépêchez vous, ou ils vont tous mourir…"
Il reprit aussitôt conscience, et, sans un mot, s'engouffra dans l'escalier, sautant des marches, courant, alors que ses compagnons lui criaient de l'attendre.
"Dépêchez vous, ou ils vont tous mourir…"
Les derniers mots de la voix inconnue résonnaient dans son esprit.
Dans la salle du trône, un second sceau vola en éclat.
"Plus qu'un… Plus qu'un dernier sceau…, murmura Kanzeon en observant les pétales de sa fleur de lotus. Les gouttes de rosées, cachées au plus profond du calice, lui révélèrent la suite du combat.
"Plus qu'une dernière clef, Nataku, et ta patience n'aura pas été vaine. Plus qu'un sceau, et la dernière partie pourra commencer. Jiroshin, les pièces sont elles en place ?
-Kanzeon, n'est-ce pas dangereux ?
-Alors… La reine noire dans sa tour… Son roi est près d'elle… Ainsi que deux fous, un cavalier… Les pions ont déjà été pris…, sourit-elle.
-Et les blancs, Bodhisattva ?
-Les blancs… Le roi blanc… Il est devant toi. Les deux reines sont pour le moment sous l'emprise de la tour noire…
-Deux reines ?
-Une noire… Devenue blanche… Il suffit parfois de quelques paroles pour perdre un allié…", sourit la Kwannon en continuant.
"Deux fous, deux cavaliers…
-Votre groupe…
-Non… Le prince yokai, son escrimeur, l'herboriste, et sa sœur.
-Mais…
-Ce sont des pions promus… Pour la première et unique fois dans l'Univers, une partie d'échec se jouera avec cinq rois blancs… Admire, Jiroshin, un tel spectacle, quelle que soit l'issue de la bataille, ne se reproduira plus jamais…"
Le serviteur se pencha par la fenêtre, suivant le conseil de la Kwannon, et ne put retenir un cri de stupeur. Dans le ciel, une immense tornade noire se dessinait, menaçante, filant telle la lumière vers la forteresse céleste.
"Maintenant, Gokû, il s'agit de faire vite, avant que les derniers pions blancs ne soient détruits…
-Qui sont les derniers pions, Bodhisattva ?
-Mais… Tu ne l'avais pas compris, Jiroshin , rit-elle en se tournant vers lui. Il s'agit de nous-même… Les dieux… les êtres les plus puissants que l'on peut trouver dans ce monde… Ne sont que de simples pions.", termina-t-elle alors que le vent naissant faisait trembler les fenêtres.
"Plus que quelques instants…", murmura Nî, un vague sourire sur les lèvres, s'approchant d'une connexion. On allait s'amuser un peu…
Tous couraient dans les couloirs, suivant le singe, qui lui, semblait voler entre les parois métalliques.
"Plus vite, plus vite…", murmurait-il, franchissant les pièces en quelques secondes à peine.
Enfin, une dernière porte chuinta en s'ouvrant, révélant la salle de Rasetsunyo. Aussitôt, prit d'une intense douleur, il tomba à genoux au sol, et commença à hurler, sa couronne dorée brillant doucement dans la salle sombre.
Le troisième et dernier sceau vola en éclats dans la salle du trône :
"Accroches toi, Jiroshin, ça va secouer !", rit la Bodhisattva en agrippant une colonne, alors que la tornade arrivait sur la forteresse et que la pièce située derrière les battants s'illuminait doucement… Puis de plus en plus fort…
Soudain, les battants explosèrent, et deux oiseaux de lumière s'en échappèrent. Le premier quitta le palais, fusant dans les couloirs, transperçant sans les blesser les occupants du château qui se trouvaient sur son passage, et fila vers la terre. En quelques secondes, il parcourut toute la distance qui séparait la forteresse céleste du Sud du royaume de Tenjiku, pénétra dans la forteresse yokai, illumina les couloirs, sa lueur flamboyante disparaissant dans un tournant dès que l'on posait les yeux sur la queue de cette comète de lumière… Pour terminer sa course dans la couronne dorée de Gokû.
Le second ne quitta pas la salle. Il fila en plein cœur de l'enfant dieu assis sur le trône, les yeux perdus dans le vague.
Son Gokû.
Je me souviens… Je suis le Grand Sage Céleste Son Gokû, fils unique du Rocher aux milles Tantra, adopté par le peuple des singes qui firent de moi leur Roi. Recueilli par une âme de lumière… Dans un palais aux mille colonnes rouge sang, je courais, les chaînes aux pieds, au cou… Je me souviens…
Je me souviens de toi, Konzen Doji.Un jet de lumière fusa de la couronne, frappa Sanzo en plein front, au centre de son châkra.
"Sanzo !", cria Hakkai en le voyant devenir blanc comme neige, ses yeux améthystes se voilant de souvenirs, de dizaines de vies antérieures… Pour revenir à la principale.
Longs cheveux blonds, yeux violets, bureaucrate, aussi râleur qu'aujourd'hui (Sanzo : retire ça tout de suite ! Lio : Iyaaaaaa !)… Je n'ai pas changé.
Je me souviens de toi, Tempô Genshui.
Immédiatement, Hakkai subit le même sort. Cheveux d'ébène, larges lunettes, un haut gradé… J'aime les livres… Une grande bibliothèque… Je n'ai pas changé.
Et Gojyo se trouva seul, incapable de réagir, pétrifié devant ses compagnons habités par une autre âme…
Je me souviens de toi, Kenren Taishou, grand frère…
Le kappa ne tarda pas à être affecté par l'étrange lueur, et bientôt, lui aussi se trouva à revivre toutes ses précédentes réincarnations. Un long manteau de cuir noir… Des cheveux courts et déjà rouges… Gradé, je suis officier… Ami du général Tempô, rebelle, amoureux du saké… Mais pas des règlements… Frère officieux d'un petit singe aux longs cheveux bruns et à la couronne dorée… Je n'ai pas changé.
Je me souviens de toi… Nataku, mon ami.
Aussitôt, à des centaines de kilomètres de là, les vents soufflant avec violence dans la salle où il se tenait, les yeux dorés d'un enfant guerrier quittèrent l'infini morose qu'ils habitaient depuis plus de cinq siècles. Résistant à le tempête comme le roseau au vent du Nord, il se leva, s'empara de son sabre posé près de son trône, et, dans un hurlement de rage, se jeta au cœur de la tempête.
"GOKÛÛÛÛ !"
Vaincre les vents ne fut guère difficile, pour celui qui avait affronté avec succès le Démon Taureau. La tornade agonisa dans un gémissement sifflant, alors que les dieux quittaient la protection des murs pour assister au spectacle.
"Nataku !
-Le prince Nataku est réveillé !"
Chacun s'approcha, mais, d'un geste, l'enfant dieu les écarta, et courut vers la gigantesque porte de bronze. Hors de l'enceinte de la forteresse, il se retourna, adressa un signe de tête à la Kwannon qui le regardait du haut de l'un des couloirs, puis disparut, happé par les nuages.
Direction, le Tenjiku.
Tadam... Le réveil de sa majesté Nataku !
Bon, j'admet... Grand classique.
A bientôt pour l'épisode 22 !
