Waw !
Je suis bien contente que ce genre de chapitre vous plaise ! Voici venu celui de Capucine !
Merci à tous pour vos reviews, vos encouragements !
Et voici :
SAIYUKI : REGARDS D'AUTREFOIS, SYMBIOSE, épisode 9.
"Capu ! Capu, attends moi !"
La rousse soupira, se résignant à ralentir le pas.
"Huf, tu marches vite, j'ai eu du mal à te rattraper, sourit le garçon qui l'avait appelée.
-Reynald, tu m'énerves.
-Je sais. Depuis le temps que tu me le dis, sourit le garçon en calquant son pas sur celui de sa compagne.
-Qu'est-ce que tu veux ?
-Simplement marcher avec toi jusqu'à mon école… C'est pas souvent que je peux être avec toi, alors…
-Reynald, si je ne te connaissais pas, je dirais que tu es en train de me draguer."
L'enfant rougit et détourna les yeux.
"Bah, t'as deviné aussi vite , sourit-il en passant sa main derrière le crâne, gêné.
-Reynald, t'as quel âge ?
-Cinq ans, pourquoi ?
-Moi, j'en ai six. Alors tu penses qu'on a l'âge ? Allez, voilà ton école, laisse-moi, j'ai encore 10 minutes si je ne veux pas être en retard…
-Dis Capucine…
-Hm ?
-Pourquoi tu ne veux pas aller à l'école en même temps que les autres orphelins ?"
L'enfant détourna les yeux, et tomba sur une fresque récente :
"Pour que personne ne sache que j'en suis une…", soupira-t-elle en s'éloignant dans la rue, courant.
La journée avait été très longue, et les autres enfants particulièrement embêtants. Capucine fut heureuse de retrouver la simplicité de sa chambre, et s'installa pour faire ses devoirs. Elle eût à peine commencé que :
"Capucine ?
-Oui ?
-Ouvre, s'il te plaît."
Soupirant, désespérant d'un peu de calme, la petite rousse finit par déverrouiller sa porte. Elle tomba sur la directrice de l'orphelinat.
"Oui, Mme Lenihan ?
-Suis-moi."
Les talons de la femme claquaient sur le parquet, étouffant le trottinement des petites chaussures de l'enfant.
"Très bien, Capucine, assieds-toi., lui dit-elle en lui désignant un siège de son bureau.
-Je… J'ai fait quelque chose de mal, Madame Lenihan ?
-Non, Capucine… Enfin… Pas vraiment.
-Qu'y a-t-il ?
-Je sais que tous les matins, lorsque les orphelins partent pour l'école, tu les suis sur quelques mètres, puis tu empruntes une autre route. Je ne sais pas comment tu échappes au surveillant, mais tu dois savoir que ce matin, il a eu une peur bleue en ne te comptant pas parmi les élèves… Il a cru qu'il t'étais arrivé le pire, et a refait tout le trajet en sens inverse, puis a exploré toutes les rues adjacentes, de fond en comble… Puis il a fini par tomber sur des membres de l'I.R.A. Sais-tu ce que c'est ?
-Oui, Mme Lenihan. L'I.R.A, c'est l'Armée Républicaine Irlandaise.
-Bien… Ce ne sont pas de mauvais bougres, tu sais. Il veulent juste que les Anglais ne viennent plus en Irlande du Sud, et nous rendent l'Irlande du Nord. Mais ils se trompent simplement de voie. Ils emploient la violence. Les Anglais sont parfois très mal vus en Irlande… Tu sais sans doute de quelle ville vient Mr Trimble ?
-Il… il vient de Birmingham, Mme Lenihan, pâlit soudain Capucine, comprenant ce qui s'était passé.
-Il est à l'infirmerie.", termina simplement la directrice en lui ouvrant la porte, laissant passage à un petit ouragan roux.
Oh, pourvu que ce ne soit pas trop grave… Pourvu qu'il ne soit pas gravement blessé… Pourvu que…
Depuis le massacre de ce légendaire Bloody Sunday, toutes les hypothèses étaient permises.
Elle pénétra en trombe à l'infirmerie, se faisant rouspéter par l'infirmière.
"Enfin, Capucine, tu sais que les malades ont besoin de calme…
-Mr Trimble, s'il vous plaît, je voudrais voir Mr Trimble…, supplia-t-elle, les larmes aux yeux.
-Ne t'excites pas… Il est dans le dernier lit de la rangée de droite, là-bas."
Plus elle s'approchait, et plus ses pas se faisaient lents. Plus elle avançait, et plus elle se tordait les mains. Arrivant près du rideau qui séparait les lits, elle s'arrêta.
"Et bien, vas-y, bécasse, il ne va pas te manger.", la poussa l'infirmière en passant.
Capucine, déséquilibrée, tomba sur le col, juste devant une paire de chaussures de cuir noir.
"Tu ne t'es pas fait mal, Capucine ?", entendit-elle.
Elle se redressa brusquement, faisant face à celui qui avait encaissé les coups parce qu'il avait eu peur pour elle.
"JevousdemandepardonMrTrimblejenesavaispascequejefaisaisjesuisvraimentdésoléedecequivousestarrivé…, murmura-t-elle à toute vitesse, sans le regarder.
-Pardon ? On ne t'a jamais dit qu'il fallait articuler lorsque l'on parle, Capucine ?"
L'enfant osa alors lever les yeux vers Mr Trimble, et vit les conséquences de son geste. C'était un homme débonnaire, bon vivant, adorable avec les enfants. Mais le visage qui se dressait devant elle s'ornait d'un œil au beurre noir, de cicatrices récentes, de marques de coups… Des bandes de gaze dissimulaient la seconde moitié du visage, sur ses bras, on voyait des coupures, brûlures… Pourtant, les lèvres souriaient, et les yeux pétillaient de bonheur. C'en fut trop pour la fillette, qui fondit en larmes :"Pardon, pardon, Mr Trimble ! Je suis désolée, parvint-elle à dire entre deux hoquets.
-Enfin, Capucine ! Ne pleure pas pour ça, la consola le surveillant en l'asseyant sur son lit, ce n'est pas grand chose, je n'en veux à personne, je ne suis pas tombé au bon endroit au bon moment…
-Pardon, pardon…
-Capucine… Tu n'as pas à t'excuser… Explique moi juste pourquoi tu n'étais pas avec les élèves…
-…
-Tu faisais l'école buissonnière ?"
Hochement de tête négatif.
"Pourquoi alors ?
-Je… Je ne voulais pas arriver en même temps que les orphelins…", parvint-elle à dire.
Un peu surpris par cette raison un peu… loufoque, le surveillant l'encouragea à continuer.
"Avant, lorsque j'étais dans la même école que Reynald, commença-t-elle.
-Reynald ?
-Un ami. Tout le monde se fichait de moi. J'avais mes deux parents, je n'étais différente de personne… Et puis… Et puis…
-Et puis il y a eu Bloody Sunday, continua Mr Trimble à sa place.
-Ou…i… Je suis entrée ici, et Mme Lenihan m'a inscrite à l'école voisine… Je n'ai jamais dit à mes anciens amis que j'avais perdu mes parents… Juste que j'avais changé d'école… Et puis… Il fallait que je passe avec Reynald pour qu'ils voient que j'habitais toujours dans le même coin…
-Tu as alors commencé à quitter la file des élèves, l'encouragea le surveillant, commençant à comprendre.
-Oui… Tout le monde croyait mes mensonges, je ne voulais pas changer, je ne voulais pas… Pardon, Mr Trimble…", termina-t-elle en explosant en sanglots.
L'homme soupira, et essuya ses larmes.
"Tu sais, Capucine… Je vais te raconter quelque chose… Moi aussi, je suis orphelin…"
A ces mots, les yeux de l'enfant s'arrondirent de stupeur. Quoi ? Mr Trimble, orphelin ?
"Et oui, Capucine, comme toi, j'ai grandi dans ce genre d'établissements. Comme toi, je suis allée à l'école avec des dizaines d'autres, en souffrant parfois des moqueries de mes camarades… Et puis, un jour, j'ai compris que ce n'était pas une tare, d'être orphelin… C'était une force. J'avais grandi avec quelque chose en plus comparé aux autres. Un peu à part. Puis des gens m'ont adopté. Mr et Mme Trimble, dont je porte le nom aujourd'hui… J'ai redécouvert le bonheur d'être un enfant normal. De vivre avec d'autres pareils à moi… Mais j'avais toujours une longueur sur eux dans l'apprentissage de la vie. Je savais ce que c'était d'être seul, sans les siens… Ne t'inquiète pas..., lui sourit-il en ébouriffant ses tresses, ton tour viendra, et crois-moi, je serais fier de te voir ce jour-là, partir avec de nouveaux parents."
Capucine serra contre elle la grosse main de leur surveillant en pleurant.
Oui, je suis orpheline. Et alors ? Je n'ai plus de parents ? Et alors ? J'ai un tas d'amis... Et un jour, j'aurais mes parents.
Elle lui sauta au cou et l'embrassa, le remerciant pour la leçon qu'il venait de lui donner. Demain, elle suivrait les orphelins dans leur marche vers l'école.
Un an plus tard…
"Un peu d'attention, s'il vous plaît , demanda sèchement la directrice en tapant sur la table du réfectoire. J'ai une importante annonce à vous faire."
Aussitôt, plus aucun bruit ne s'éleva.
"Dans quelques jours, trois couples vont venir adopter un enfant ici. Vous avez donc toutes vos chances. Je compte sur vous pour participer aux tâches ménagères avec plus d'ardeur que d'habitude, et non pas de tirer au flanc, comme certains en ont pris la désagréable coutume… Essayez de donner la meilleure image de vous-même. Vous pouvez manger."
Les bruits de couverts et de conversations discrètes emplirent le réfectoire.
"Trois couples ? Donc au moins trois vont partir , s'extasia un petit garçon au bout de la table.
-Hey, ne rêve pas trop fort, Nathan, on est plus de 100 à prétendre au poste.", rigola un autre orphelin près de lui…
Deux jours plus tard, tous les enfants, vêtus de leurs plus beaux habits, vinrent accueillir les couples. Il y avait… Une petite famille, composée de deux parents, un petit garçon aux yeux bridés, qui tenait à la main sa petite sœur, brune, grosses lunettes, qui s'extasiait devant tout ce qu'elle voyait. Un second couple, qui portait un petit bébé dans leurs bras… Et un troisième, plus âgé, sans enfants.
"Mesdames, messieurs… Bienvenue à l'orphelinat de Carrick-on-Shannon, sourit la directrice en leur serrant la main.
La journée commençait tout juste.
Le soir même, cinq enfants quittèrent l'orphelinat.
Deux, avec le couple le plus âgé.
Deux autres avec les jeunes parents.
Et Capucine avec le dernier.
"Merci, Mr Trimble…", murmura-t-elle en franchissant les lourdes portes ouvragées, adressant un signe de la main au personnel, abandonnant son ancienne vie entre ces murs.
"Dis, Maman…, questionna la petite fille. C'est notre nouvelle petite sœur ?
-Oui, Mimi… Elle a le même âge que toi, et elle s'appelle Capucine. Dis lui bonjour.
-Bonjour, Capucine !", sourit la petite fille aux lunettes.
La rousse, devinant qu'il s'agissait sans doute d'une salutation, se contenta de hocher la tête, et essaya :
"Bonne…jourh…, tenta-t-elle sans grand succès.
-Elle ne parle qu'anglais, sourit la mère, Mimi, Evan, je compte sur vous pour lui enseigner les beautés de la langue française…
-Yes, Mum , rirent les enfants en entraînant dans un petit jeu dans la rue leur nouvelle sœur.
"La barrière de la langue fut un peu difficile à briser, mais aujourd'hui, nous avons tous retiré le meilleur de tous les endroits d'où nous venons…", termina l'Irlandaise en invitant Zaïde à venir prendre sa place.
"Il y a encore moins longtemps, commença la marocaine en faisant tinter les bracelets qu'elle portait aux chevilles, à peu près à la même distance…"
Voici donc la fin de l'épisode 9 (c'est dingue, ça va vite !)
Bon, je vais quand même donner les réponses pour Lane... Alors, il y a : un bon couple, bonne place, et 4 bons couples à la mauvaise place...
Voilà, à bientôt !
