Euuuuh…

Pardon… Mille excuses pour mon incroyable retard…

Mais les partiels sont dans une semaine et demie, et j'ai vraiment pas envie de recommencer la première année parce que c'est trop de boulot et Lio s'étale sur sa vie alors qu'il y a pas besoin…

Voici donc…

SAIYUKI, REGARDS D'AUTREFOIS : SYMBIOSE, épisode 12.


Egypte. Alexandrie, sept heures du soir.

"Sale petite voleuse, reviens ici tout de suite !"

Le marchand de fruits courait après une petite gamine rieuse, les larges pans de sa robe voletant autour d'elle.

"Reviens tout de suite !

-Attrape-moi, gros tas, tu n'y arriveras pas, tu n'y arriveras pas !"

Les moqueries de l'enfant retentirent dans l'air du soir alors qu'elle s'échappait pour de bon.

Le gros homme pesta en s'arrêtant pour reprendre son souffle : cette petite voleuse était vraiment la plus enquiquinante des gamines perdues d'Alexandrie.

Bah. D'ici trois jours serait organisée une grande rafle d'enfants. Il ne la verrait plus. Plus du tout.

Souriant presque, il fit demi-tour et retrouva sa boutique emplie de mille fruits aux couleurs chatoyantes.


"Hey, Cléopâtra, qu'est-ce que t'as trouvé là?", cria une petite voix masculine.

-Rien qui ne t'intéresse , répondit l'enfant en se tenant fièrement devant ses interlocuteurs.

-Tout nous intéresse, Cléo. Alors, tu as volé le gros Fajid ?

-Ouais, fanfaronna la gamine en jonglant habilement avec son maigre butin, trois pommes d'Europe et un grappillon de vieilles dattes. Ca se pourrait.

-Eh, cria l'un des garçons en fixant les fruits ronds qui montaient et descendaient en cadence, ce sont des pommes de France ! De France !

-Qu'est-ce que t'en sais, crétin, tu ne sais même pas lire !" , cria Cléopâtre en cachant soudain les fruits tentateurs.

-Allez, Cléo, si lui ne sait pas lire, moi si, et ces pommes viennent de France !

-Il paraît que les pommes de là-bas ont le goût de l'alcool et du miel à la fois !

-Et que si on en mange une, on n'a plus soif pour la journée !

-Allez, Cléo, donne tes pommes !

-Non, vous n'aurez pas ça ! Vous avez qu'à aller les prendre chez Fajid !

-Y a que toi qui es assez rapide pour le semer dans les ruelles, gémit le plus jeune en s'approchant de la fillette, imité par ses compagnons, jusqu'à l'acculer contre un mur.

-Fichez-moi la paix !", cria-t-elle en se redressant fièrement, défiant l'aîné du regard. "Vous pouvez pas me toucher !

-Pourquoi, Cléo ?

-Parce que je suis Cléopâtra, la Reine d'Egypte !

-Cléopâtre la Reine des Rues d'Alexandrie, oui, plutôt ! Allez, donne nous ces pommes !

-Non !

-Donne-les-nous !", hurla l'aîné en se jetant sur elles et la giflant.

Elle se défendit vaillamment, rendant morsures sur morsures, gifles sur coup… Mais à un contre cinq, elle n'avait aucune chance.


"Je les ai, je les ai !", cria le plus jeune en désignant les trois ronds rouges tentateurs. Les garçons abandonnèrent aussitôt leur victime sur les pavés du Caire, riant de sa déconfiture.

"Cléopâtre, Reine des Pavés, Reine de la Saleté, Reine des Déchets !"

L'enfant, contempla ce qui lui restait pour son dîner, les maigres dattes desséchées, et songea qu'au moins, elle n'avait pas perdu sa journée. Elle dînerait ce soir.


Elle remonta les rues de la cité, alors que le soleil tombait sur la mer Méditerranée, la teintant de rouge et d'or. Elle s'assit sur les pierres blanches et contempla le coucher de soleil. Ses yeux commencèrent à rêver : Cléopâtre, Reine d'Egypte, dernière pharaon que la Terre ai porté…

"Moi aussi, je suis une pharaon…", pensa l'enfant en se plaçant dos au Soleil , imitant les postures des peintures exposées à tous les coins de rue des villes touristiques d'Egypte.

"Je suis une Reine, la Reine d'Egypte, et j'irais un jour rendre visite à mes ancêtres sur la Terre des Rois, là où le Nil charrie les crocodiles, les perches et le limon fertile."

En attendant, le Nil charriait surtout des plaques vaseuses, des sacs en plastiques et quelques bouteilles d'eau minérale.

Il était loin, le rêve…

Elle chercha longuement un coin où passer la nuit à l'abri, et finit par s'endormir au beau milieu d'un terrain vague, rêvant de pyramides et de couchers de Soleil.


"Espèce de sale petite voleuse, reviens ici tout de suite !"

Le gros Fajid avait décidément bien besoin de changer de disque, ces temps-ci…

"Tu fatigues, Fajid, tu fatigues ! Tu ne m'attraperas pas !", rit Cléopâtre en esquivant les passants avec habileté et disparaissant dans les ruelles tortueuses.

Le marchand pesta, tempêta, puis finalement, parvint à se calmer. La livraison serait pour bientôt, il ne verrait plus cette gamine tourner autour de ses fruits.


Cléopâtre retrouva facilement l'endroit où elle avait passé la nuit et, essoufflée, contempla son larcin : une pomme de France, une banane, un sachet complet de figues fraîches et une grappe de gros raisins rouges.

Quelle chance !

"Cléopâtre, qu'as-tu volé aujourd'hui ?"

Elle n'attendit pas d'en savoir plus, remballa aussitôt sa prise et commença à courir vers le port. Là, ces petits gamins ne la trouveraient pas, et elle pourrait déjeuner tranquillement.


Les pêcheurs l'accueillirent rudement :

"Ho, fillette, va-t-en de là, ou tu vas prendre une claque !

-File tout de suite de mon bateau, microbe, ou je vais te prendre dans mes filets !

-Ne marche pas là, vagabonde, ce filet coûte une fortune !"

Bah. Partout, c'était la même chose.

Elle n'était qu'une enfant de la rue, une fillette parmi tant d'autres.

"Dis moi, petite demoiselle… Qu'est-ce que tu fais sur le port comme ça ?"

Elle se retourna pour faire face à son interlocuteur : un grand échalas maigre comme un clou, souriant de toutes ses dents.

"Rien qui ne vous regarde.

-D'accord, ce sont tes affaires… Moi, ce que j'en disais…"

Il jeta un coup d'œil sur les vêtements rapiécés et déchirés.

"Dis-moi… Ca te tente d'avoir de nouveaux vêtements ?

-Ceux de la déchetterie me vont bien, et ils ne sont pas si vieux., grogna l'enfant.

-Je ne te parle pas de ce genre de fripes, mais de vrais vêtements. Allez, viens, on va trouver un magasin sympa…", dit-il en lui tendant la main.

Un peu hésitante, elle finit par accepter. Peut-être que la Roue tournait… Peut-être allait-elle avoir sa part de chance.


Quelques instants plus tard, elle était enfermée dans une cave avec d'autres enfants de son âge :

"Bougez pas, les marmots, ou on va vous flanquer une correction dont vous n'avez jamais eu idée.", grogna une seconde personne, chargée de leur surveillance.

Parfois, le grand maigre entrait et poussait un jeune dans la pièce. Aussitôt, le gardien l'envoyait avec les autres enfants, qui, pour le moment, se tenaient tranquilles.

"Où on est ?", demanda une voix plaintive.

-Ta gueule !", cria le gardien en élevant la voix, faisant frémir les enfants, qui décidèrent alors de murmurer :

"Moi je sais…, dit l'un des prisonniers. On est chez des gens qui aiment les enfants.

-Ils aiment les enfants ? Mais pourquoi ils nous enferment ? Pourquoi on doit rester ici ?

-Pas comme ça, idiot ! On va…"

Des coups résonnèrent sur la porte d'entrée :

"Ouvrez, ouvrez immédiatement !"

La police. Nul ne sut s'il devait se sentir en sécurité ou en danger : tous n'étaient pas forcément en règle. Quelques minutes plus tard, la porte fut défoncée, chaque enfant évacué, et emmené au commissariat.


"Quel est ton nom ?

-Cléopâtre, murmura la petite fille enveloppée d'une grosse couverture devant un policier en uniforme, qui semblait compréhensif quand à son état.

-Cléopâtre comment ?

-Je ne sais pas.

-Tu es une fille de la rue ?

-Oui…

-Dis moi… Comment ces hommes t'ont abordée ?

-Je… j'étais sur le port, et l'un d'eux, un grand maigre, est venu me voir. Il m'a demandé ce que je faisais là… Et puis si je voulais de nouveaux habits… Je l'ai suivi…, murmura-t-elle en serrant contre elle le pan de tissu vieilli par l'usage.

-Tu as de la chance, Cléopâtre, beaucoup d'enfants comme toi ont disparu ainsi… On va te confier à un orphelinat.

-Je… S'il vous plaît, monsieur…

-Quoi ?

-Je ne veux pas aller à l'orphelinat… Ils… Ils ne m'acceptent pas là-bas…

-Tu devras y aller, Cléopâtre, car on ne peut pas te laisser seule dans la rue… Allez, courage…", sourit-il en passant à un second enfant alors qu'un policier venait la chercher pour l'emmener à ce nouvel endroit.


On la confia à des personnes qui n'avaient, soit dit en passant, absolument rien à faire de nouveaux abandonnés. On lui donna de nouveaux vêtements, de quoi manger, mais pour la chambre, il aurait fallu se battre avec plus fort que soi. Elle préféra le retour à la rue. Moins sûr, peut-être, mais au moins dormirait-elle tranquillement. Qui, à part les déshérités, voulait dormir dans un terrain vague ?


La rue l'accueillit de nouveau, pareillement. C'est à dire, pour plus de précisions, complètement indifféremment. Comme toujours, les gens couraient, cherchant à échapper à un quotidien trop pressant. Comme toujours, les marchands apostrophaient les passants en vantant les mérites de leurs marchandises, toutes les plus variées.

Comme toujours, les sandales claquaient sur les pavés froids et parfois recouverts d'une substance non identifiée, non identifiable.

Comme toujours, nul ne prenait garde à une petite orpheline égarée.

Personne.

"Espèce de sale petite voleuse, reviens ici tout de suite !"

Que c'était bon de rentrer chez soi.

"Fajid, ton disque est rayé !", rit-elle en commençant à courir, tirant la langue à son poursuivant qui suait sang et eau à essayer de la rattraper pour récupérer son bien.

Cléopâtre sourit : elle était chez elle. La rue était une mère ingrate parfois, souvent même. Mais une mère. Qui lui avait permis de survivre jusqu'à aujourd'hui. Et alors que ses petites sandales neuves claquaient en rythme sur les pavés, elle fit la promesse de ne jamais plus lui manifester de ressentiment.


"Ahi !"

Ayant rencontré un obstacle, Cléopâtre, brisée dans sa course, s'étala sur le sol.

"Mam…, geignit l'enfant qu'elle avait percuté, un petit asiatique aux yeux noirs, qui avait rencontré avec force les pavés, et se tenait le coude.

"Evan ! Tu t'es fait mal ?

-Non, non, ça va", finit par terminer l'enfant en se redressant, gémissant un peu.

Encore une fois, personne ne faisait attention à elle. Elle s'apprêta à se relever pour reprendre sa course lorsqu'une grosse poigne s'abattit sur son col.

Ses prunelles s'arrondirent de terreur. Il l'avait rattrapée.

"Ah, je te tiens , cria-t-il triomphalement en la secouant comme un prunier. Alors, comme ça, tu me voles depuis des années ? Et ben tu vas tout me rendre, ma petite, jusqu'au fruit le plus pourri…

-What did this girl do ?", demanda le père en voyant le marchand brutaliser l'enfant.

-She stole me everyday since her born. And that's not your problem.", grogna le marchand en signifiant d'un geste que l'enfant ne les concernait pas.

"How much ?

-Wh…what ?

-How much money did she steal you ?

-Erm… Don't know… I have to see in my counts…"

Ils accompagnèrent le marchand qui tenait toujours fermement la fillette par le bras jusqu'à sa boutique, où il leur annonça le montant des vols, en arrondissant un peu la somme qui s'avérait bien pauvre en fin de compte.


L'homme le paya sans faire d'histoires, et prit l'enfant par la main, doucement, mais fermement. Accompagné de sa femme et de leurs cinq enfants, il l'entraîna vers un hôtel, où il la confia à son épouse, qui la lava et l'habilla de vêtements propres.

"Zaïde , demanda-t-elle alors qu'elle revenait dans le petit salon de leur appartement où jouaient les enfants, je te confie cette fillette. Nous allons, ton père et moi, au poste de police, voir ce qu'on peut faire pour elle…"

Souriants, ils adressèrent un dernier signe aux enfants, et disparurent dans le couloir.


Cléopâtre commença :

"Vous aussi, ils vous ont enlevés ?

-Enlevés ?", commença Zaïde, qui la comprenait le mieux. Non !

-On est pas chez les gens qui aiment les enfants ?

-Si ! Papa et Maman aiment beaucoup les enfants, sourit la petite marocaine en butant un peu sur les traductions différentes entre l'égyptien et l'arabe. Je m'appelle Zaïde, et toi ?

-Cléopâtre.

-Elle s'appelle Cléopâtre , cria la fillette en battant des mains, alors que toute sa fratrie se réunissait autour de la nouvelle venue :

-Cléopâtre ?

-C'est super joli !

-Comme la Reine d'Egypte !

-Tu as déjà vu des pyramides ?

-Et le Nil, il est beau, le Nil ?

-Tu es montée à dromadaire ?"

Autant de questions auxquelles elle pouvait difficilement répondre. Elle choisit alors de leur raconter son monde, la rue et les bagarres, les rencontres, les amis, les vols et le gros Fajid…


Un claquement sec brisa la conteuse : les parents étaient rentrés. Chaque enfant se jeta sur les figures aimées pour obtenir sa part d'affection :

"Papa ?

-Oui ?

-Cléopâtre, elle va venir avec nous ?"

Le père sourit devant la beauté du prénom et l'innocente question :

"Tu t'appelles donc Cléopâtre, sourit-il en s'agenouillant devant elle. Très bien. Moi, c'est Théo, et ma femme, Ambre… On va t'emmener… La police est d'accord."

Zaïde traduisit du mieux que possible, et les enfants sautèrent de joie en accueillant une nouvelle sœur dans la fratrie déjà nombreuse.


"Aujourd'hui, je vis en France, au beau milieu d'une famille aimante et sympathique. J'ai de la chance, sourit l'égyptienne en charmant de ses mots un auditoire bouche bée devant les histoires racontées. Beaucoup d'enfants, qui ont commencé comme moi, finissent très mal… Allez, Boby, à toi…", termina-t-elle en s'effaçant devant le Bulgare.

"Il n'y a pas si longtemps que ça, dans un petit coin perdu de cette foutue planète qui s'appelle Bulgarie… Il était donc une fois…"


Encore Gômen pour le retard… J'ai droit aux reviews ;) ?