Merci pour les reviews que vous m'avez laissé !
Et très contente de voir que Regards d'Autrefois est toujours apprécié ;-D… Promis, j'avance, lentement, mais sûrement... J'ai avancé la saison 3 (logique, quand tu nous tiens... J'ai pas fini la 2...). Ainsi que ma fic sur Naruto (et je n'ai rédigé que les passages avec le personnage en plus... Ca fait 270 pages, pas fini... Galère...)
Et voici…SAIYUKI : REGARDS D'AUTREFOIS, épisode 14.
Île de Marie-Galante, Antilles.
"Lidy ! Attends moi !"
La petite noire se retourna, son cartable à la main, et tira la langue à son poursuivant :
"Tu ne m'attraperas pas, Melchior !
-Mais attends moi !"
La petite fille éclata de rire et accéléra la course.
"C'est toi qui doit aller plus vite, Mel, Madame sera pas contente si tu arrives en retard ! En plus, aujourd'hui, c'est répétition !"
Madame, c'était l'institutrice. Une femme aimant les enfants, mais très respectueuse du règlement.
"Melchior… Vous êtes encore en retard…
-Désolé, Madame…, murmura l'enfant devant son bureau.
-Désolé, désolé… Je veux bien te croire, Melchior… Mais cela ne suffit pas. Allez, rends moi trois bons points."
L'enfant grimaça devant la punition, et tendit les trois bouts de cartons :
"Très bien, aujourd'hui, comme vous le savez, c'est répétition !", dit-elle en tapant dans les mains, enjoignant tous les enfants à partir au dehors.
Toute la journée, ils répétèrent le spectacle de fin d'année. Et, vers la fin de la journée, lorsque Lidy et Melchior firent route ensemble vers leurs maisons, le petit garçon ne cessa pas de s'émerveiller devant la souplesse de son amie.
"Lidy, c'est vraiment super, tu peux refaire ton enchaînement ?
-Melchior…
-Juste pour moi…
-Naaaaaan , sourit la gamine en commençant à courir.
-Lidyyyyy ! Attends moi !
-Nan nan nan ! T'as qu'à aller plus vite , rit la petite noire en pénétrant dans le petit chemin qui menait chez elle. Allez, à demain, Melchior !
-A demain !", sourit le petit garçon en faisant de grands signes de la main.
Il ne savait pas qu'il n'y aurait pas de demain.
"Biiiiiiig Mama , cria la gamine en claquant la porte d'entrée.
-Lidy, je t'ai déjà dit de ne pas appeler ta mère comme ça, la gronda un homme qui sortait du salon.
-Biiiiiiiig Papa !", répondit-elle en s'échappant vers l'étage.
-Espèce de petite coquine !", cria celui-ci en la poursuivant, je vais t'apprendre à te moquer de tes parents !"
La poursuite dura quelques minutes, pendant lesquelles la maison fut remplie des hurlements joyeux des poursuivants.
Enfin, la voix maternelle s'éleva :
"A table, ou je mange tout toute seule !"
Nul ne se le fit dire deux fois, et chacun se trouva assit devant une énorme assiette de légumes tous chauds :
"Ouah ! Trop bon !", sourit la fillette, les lèvres recouvertes de sauce.
-Je vois ça.", répondit sa mère en l'essuyant, riant sous cape.
Le téléphone sonna, et le père parla quelques instants avec la personne à l'autre bout du fil.
"Ce sont les voisins, soupira-t-il en raccrochant, ils ont un problème avec leur alimentation en eau… Tous les magasins sont fermés à cette heure-ci…
-Je suppose donc que nous allons devoir leur en emmener, sourit la mère.
-Oui… La maison est trop petite pour qu'on les accueille, même pour une nuit… Bon, alors, Miss, ceci est ta première soirée toute seule !", dit-il en soulevant sa petite fille et la faisant tournoyer dans l'air. Interdiction de regarder la télévision après 9h, et tu te couches à 10h30 maximum !
-Oui papaaaa !", rit l'enfant en planant.
Le moteur de la voiture s'éloigna dans le chemin de terre. Aussitôt, des lames luisirent, reflétant les rayons de la lune, et trois ombres s'approchèrent de la maison déserte.
Fatiguée… Oulalah, elle avait beau essayer de tenir les yeux ouverts, le sommeil s'emparait d'elle. Tant pis. Elle n'y résisterait pas plus. Elle s'allongea sur le canapé, sa chambre étant trop chaude en cette saison, et sombra aussitôt dans le sommeil.
Les ombres lancèrent des cailloux, qui percèrent les vitres dans un grand fracas.
Personne ne réagit.
Alors l'un d'entre eux s'approcha d'un mur, sur lequel il vida un bidon d'essence. Une allumette craqua, et les flammes montèrent lentement sur la maison blanche. Une fois leur forfait accompli, les hommes s'égaillèrent dans la nuit.
Une lame. Un cri. Plus rien.
Le hurlement des sirènes retentit dans l'air du soir. Melchior, que le bruit avait éveillé, jeta un coup d'œil par la fenêtre. Il poussa un hurlement de terreur :
"MAMAAAN ! Y A LE FEU CHEZ LIDY !"
Un pompier tentait d'éteindre ou tout du moins de réduire les flammes, lorsqu'il aperçut un bras qui pendait du canapé, à travers la vitre et la fumée.
Abandonnant le tuyau à ses camarades, il fonça à l'intérieur, et trouva une petite fille évanouie. La prenant délicatement dans ses bras, il retrouva avec joie l'extérieur :
"Appelez une ambulance, elle est gravement brûlée , cria-t-il en faisant demi-tour, retournant à l'intérieur de la maison afin de vérifier l'éventuelle présence d'autres survivants.
Il n'y avait personne.
Lidy ouvrit les yeux le lendemain matin à l'hôpital. Elle était branchée sur respirateur, et un bandage sur le visage l'empêchait de voir tout ce qui se passait autour d'elle. Elle tenta de bouger ses bras, ses doigts… Peine perdue. Un cliquetis retentit dans la pièce, et la poignée s'abaissa. Un médecin, portant une petite tablette, entra dans la pièce. Voyant qu'elle était réveillée, il lui adressa un gentil sourire :
"Bonjour, petite demoiselle… Tu vas mieux ?"
Lidy hocha la tête, peu concernée par ce qui se passait autour d'elle. Ses paupières étaient lourdes, lourdes…
"Attends un tout petit peu avant de te rendormir, s'il te plaît…", demanda le médecin en s'asseyant près d'elle," je voudrais te poser quelques questions. Tu étais seule ce soir ? Où étaient tes parents ?
-Partis… Chez les voisins…, murmura-t-elle faiblement.
-Vos voisins ? Monsieur et Madame Bani ?
-Oui…
-Et ils sont partis par le petit chemin de terre, non ?
-Oui… Pourquoi ?"
Le praticien soupira, hésitant à lui annoncer la nouvelle. Il finit pourtant par se jeter à l'eau :
"On a retrouvé sur cette route une voiture abandonnée… Dedans, il y avait deux cadavres… Ce sont les seuls à avoir emprunté cette route hier soir… Je suis désolé, petite demoiselle, mais… tu es orpheline…"
Gémissant dans son lit d'hôpital, Lidy commença à s'agiter. Non, non ce ne pouvait pas être vrai… Pas Big Mama… Pas Big Papa… Oh non, pas eux…
Les larmes brûlèrent sa chair à vif, lui arrachant d'autres cris de douleur. Le médecin posa une main tranquille sur son bras, et la consola du mieux qu'il le pouvait, alors qu'une infirmière entrait et lui faisait une piqûre afin qu'elle rejoigne les bras de Morphée.
Lidy eût du mal à reprendre contact avec la vie quotidienne. Les crimes racistes n'avaient pas eu lieu depuis un bon bout de temps sur Marie-Galante, et celui qui l'avait touché l'avait détruite. A la fois physiquement et moralement.
Ses bras, complètement brûlés, ne répondaient plus à aucun de ses ordres. Le rééducateur lui avait promis qu'avec plusieurs séances, la mobilité de ses mains lui reviendrait peut-être. Chaque jour, elle allait le voir, et passait deux heures à enchaîner les exercices.
Elle recouvra peu à peu le contrôle sur ses bras, puis avants-bras et mains. Ce qui la gênait le plus était peut-être la brûlure qu'elle avait au visage : toute la joue droite avait laissé place à un amas de chairs carbonisées. Fort heureusement, une autogreffe de peau lui avait permis de retrouver un visage normal.
Cela, encore, c'était "réparable." Pas son esprit.
Elle refusait de quitter sa chambre, de revenir à l'école. Si bien que Melchior finit par lui apporter chaque jour le travail qu'ils avaient à faire. Elle l'exécutait de mauvaise grâce, mais rendait toujours ses devoirs et apprenait ses leçons.
Elle offrait à tous les gens qui venaient lui rendre visite l'image d'une petite fille heureuse, souriante et gaie, mais n'importe quelle personne examinant en profondeur son comportement aurait reconnu tous les signes de son désespoir.
Le petit garçon ne s'attardait donc guère dans la chambre, tant l'image de son amie l'oppressait. Il se contentait de cinq minutes de discussion, une petite bise, puis repartait chez lui.
Lorsque enfin, elle se décida à sortir, les infirmières proposèrent de l'emmener faire un tour dans le parc de l'hôpital, ce qu'elle accepta avec plaisir. Elle redécouvrit les joies de la marche et de l'air du dehors.
Un jour, elle courait dans l'allée principale, suivie d'une toute jeune infirmière nommée Agnès, qui s'était attachée à elle.
"Lidy, pas trop vite, je n'arrive pas à te rattraper !", cria cette dernière en s'arrêtant pour reprendre son souffle.
L'enfant, se sentant d'humeur moqueuse, se retourna, et lui tira la langue, avant de sentir le sol changer de côté, et de se retrouver les yeux dans les nuages.
"Lidy ! Tu ne t'es pas fait trop mal ?", demanda l'infirmière en arrivant à sa hauteur.
-Non, non, ne t'inquiète pas, Agnès !", sourit cette dernière en se massant le crâne, "j'ai oublié qu'il y avait une marche ici…"
Elle se redressa, et son regard traversa une vitre voisine : dans une cuisine, une femme plaçait une grosse marmite sur une cuisinière à gaz. Les petits flammèches bleues prirent d'assaut le fond de la casserole, alors que dansaient dans les prunelles noires d'autres flammes, plus grandes, plus terrifiantes. Elle s'effondra à genoux, la tête entre les mains, hurlant, cherchant à mettre le plus de distance possible entre l'élément maudit et elle. Elle hurlait :
"LE FEU ! LE FEU !"
Peur panique et réactions incontrôlées. Les infirmières et le médecin eurent beaucoup de mal à la calmer cette nuit-ci…
Elle finit pourtant par quitter l'hôpital après plusieurs mois passés. L'orphelinat lui apparut comme un lieu de bagarre perpétuelle, où chacun ne devait s'élever qu'à la force de ses poings.
Elle n'avait pas ce don. Une petite bande de garçons faisait la loi dans la cour, et rackettait tous ceux qui passaient un peu trop près de leurs chaussures.
Lidy décida alors de se servir de ses propres atouts pour faire sa place. Un soir, pendant l'étude, alors que le surveillant les avait abandonné pour quelques minutes, elle se leva, fit face à la foule d'élèves, et lança :
"Yé crick ?"
On la regarda avec les yeux ronds, mais certaines répondirent :
"Yé crack !"
Elle commença son histoire.
Lorsque le surveillant revint, tous étaient sages comme des images, un petit sourire en coin, contents. Chaque soir, elle recommençait, enivrant toujours plus le public dans ses mots…
Et un soir, on leur demanda de préparer un petit numéro, chacun sa spécialité, pour participer au concours de la plus belle fête de l'école.
Chacun se mit au travail avec enthousiasme, et, à la fin de l'année scolaire, les contes, ombres chinoises et contorsions de la petite antillaise remportèrent le premier prix.
"Un jour, on nous a annoncé l'arrivée de plusieurs couples… Ils sont tous repartis avec un enfant. Et moi, j'ai fait ma valise, et j'ai quitté Marie-Galante en tenant la main d'Ambre… J'ai eu du mal à vaincre ma peur phobique du feu, et même aujourd'hui, j'ai du mal à m'approcher d'un brasier… Mais l'important, dans tout ça… C'est que j'ai retrouvé ma joie de vivre avec mes frères et sœurs…", sourit-elle en achevant les histoires par un applaudissement, qui fut repris par tous.
Chacun se leva, les plus petits baillèrent, certains dodelinaient de la tête… Bref. La soirée avait été longue.
Tadam…
Voici donc pour la fin des flash-back !
J'espère que ça vous a plu !
Bon, c'est pas tout ça, mais on a une saison à avancer… (lol, c'est plus une fanfic, c'est un roman-fleuve…) Je poste le chapitre suivant tout de suite...
