21h30. Merde, c'était mon tour de faire les courses, maintenant, les magasins sont fermés, pour sûr. Et merde.
« Maxwell, urgence. »
« Donne-la à Yuki, faut que je rentre, j'ai fini mon service depuis une heure ! »
« Yuki peut pas, il est à la cardio parce que la dame Irma, ben elle allait pas bien. »
« Ahaah, la bonne blague dame Irma ,elle ne va jamais bien ! »
« C'est une petite fille, une bête chute à vélo, je crois que c'est juste une jambe cassée, faudrait que le formulaire. »
« OK » Depuis ce matin que j'enchaîne les urgences, j'en peux plus .
Normalement, la jambe cassée, on la repère en deux secondes, hop la radio et c'est bon, puis pour remplir le formulaire d'autorisation pour le plâtre, hop deux seconde, et c'est bon, mais après, pour prévenir les parents, c'est l'enfer.
« Mais docteur, vous êtes sûr qu'elle n'a pas eu de choc crânien ? »
Les radios ont dit que non.
« Des fois on s'en aperçoit trop tard… »
Et blablablabla….C'est qui le médecin dans l'histoire ? Résultat, il est 22h30 quand je sors de l'hôpital. ET MERDE.
Après la guerre, j'ai décidé de faire des études de médecine, parce que j'avais tué tellement de gens que j'ai voulus en sauver d'autres. Sally m'a fait des cours vitesse grand V, résultat ? Docteur Duo maxwell, 18ans, médecin. Avouez, c'est classe non ? Heureusement, paraît que je fais plus vieux à cause des horaires pas possibles de l'hôpital, parce que sinon, pour sûr que m'en y aurait pas un qui viendrait dans l'hôpital !
J'ai voulu m'installer sur L2 et devinez qui a aussi voulu s'installer sur L2 ? Un cirque ! Bon d'accord, il est où le rapport, la conséquence,…En fait ce n'est pas n'importe quel cirque, c'est celui de Trowa. T-R-O-W-A. Vous savez le glaçon 02. J'ai pas du lui adresser plus de cinq phrases durant tout le temps de la guerre. D'un côté j'ai pas du lui adressé plus la parole depuis qu'on habite ensemble…
Ben ouais, c'est ça le grand BLOP, comme dirait mon copain Nemo, parce qu'au Barton, ça lui disait pas trop d'être acrobate 24h/24, c'était bien gentil pendant la guerre, sympa la planque mais voilà…La Catherine elle pouvait se faire un peu pesante à la fin (et sur ce point je compatis, parce qu'une nana, qui vous invite à dîner et vous offre une vielle soupe à la chaussette (remarquez, elle le dit elle-même). Donc, notre Trowa, il a eu vite fait de se trouver une place d'architecte à mi-temps. Pourquoi architecte ? Alors là…C'est le mystère total. Même Quatre a éclaté de rire quand je lui ai dit. N'empêche que quand il a compris que c'était pas une blague (ben ouais, parce que les miennes normalement elles volent plus haut), il en est resté baba, le petit'Winner. Bon d'accord, c'est bien joli tout ça, mais pourquoi il loge avec moi le glaçon 2 ? Ben là encore j'ai pas compris, remarquez, j'suis pas con hein, mais avec le Barton, j'ai un peu de mal. Je crois qu'un jour il est venu me demander si pour un temps, il pouvait squatter mon appart, remarquez, il est assez grand l'appart, et puis, il était sensé en trouver un pour lui et allait savoir pourquoi, c'est toujours pas fait !
La première chose que je vois quand je rentre dans l'appart, c'est la table, mise avec la carafe, les sous-plats, et tout…manque juste le plat…Où c'est qu'il est le plat-plat ? Ben ouais parce que Trowa, malgré ces deux boulots, il arrive à tout faire, les courses, la cuisine.. Mais pas le ménage. Pour le ménage, on a une femme de ménage. Je sais, on pourrait faire des efforts, mais c'est comme ça, dès que un de nous deux prend l'aspirateur en main, on a de l'urticaire. C'est…..Comme ça !
Trowa est dans le bureau, enfin, dans son bureau parce que moi, à part pour conclure mes impôts, j'ai pas besoin de bureau, lui par contre…De grandes planches avec pleins de traits, des dessins, des règles ….des maisons aussi, beaucoup de maisons…
J'entrouvre la porte et….Admirez.
C'est un moment que j'adore et qui me permet de décompresser du stress de la journée.
En fait, faut comprendre, Trowa, si vous lui dite que la terre s'écroulera demain, il vous soulèvera son sourcil et basta. Si vous lui dite « je suis renvoyé », il hochera la tête style « je compatis », mais rien de plus, il est pas du genre à s'embarrasser de sentiments, ou de paroles…Et pourtant, le seul moment où je vois ses yeux brillaient, où je le vois portait un intérêt vif, c'est quand il dessine ses plans. Nan, sans blague, c'est assez incroyable.
« Bonsoir »
Monsieur dédaigne tourner la tête.
« Bonne journée ? »
Trowa hoche la tête et se lève, il travaille très souvent ici, donc, quand je pars au boulot, il se met au travaille, quand je rentre, il arrête.
Et nous voilà dans la cuisine, mais dis-moi Trowa, que cherches tu comme ça des yeux ?
« C'était pas ton tour ? »
« Hein ? Ah…. »
Et voilà, un truc que je supporte pas chez lui. J'ai oublié de faire les courses et il le sait très bien, mais vous croyez qu'il va me reprocher quelque chose ? Nada ; limite, il en a rien à faire qu'il y est de la bouffe ou pas. Il est tuant ce mec, c'est comme vivre avec un mur, je vous jure.
« je suis désolé, je suis sorti trop tard »
« Pas grave »
Pas grave ? Mais moi j'aurai sauté au plafond si j'avais été à sa place ! De un, il est super tard et il doit trop avoir la dalle comme moi, de deux, c'est pas la première fois que je lui fais le coup.
« J'ai acheté une pizza surgelée et une tarte au citron »
Et la je suis sensé répondre quoi ? Merde, c'est pas possible, il pense à tout, même quand c'est pas à lui, il pense même au dessert ! En plus la tarte au citron, c'est ma préférée et il le sait.
Le four est déjà préchauffé.
Je bafouille un vague merci et m'affale sur le canapé. Ce mec j'arrive vraiment pas à le cerner. Des fois j'aimerai qu'il m'engueule, des fois j'aimerai qu'il fasse des gaffes, qu'il oubli des trucs importants. Trowa s'assoit sur le tabouret près du four et m'observe.
Heureusement que le téléphone sonne, je sais pas quoi dire.
« Allô ? »
« Duo ? »
« 'soir Quatre. »
« Ça fait des lustres, en temps normal je tombe toujours sur Trowa, paraît qu'être médecin c'est pas de tout repos hein ? »
« Mmm, peut-être, comment vas-tu ? »
« Génial, Wufei et Sally vienne dînait ce soir, et… »
« Qu'est-ce que t'as à pouffer ? »
« rien, c'est juste Heero qui s'est mis à la cuisine…Je te dis pas les dégâts… »
Je ne peux pas m'empêcher de sourire, Heero aux fourneaux…. Trop mignon.
« En fait je voulais juste souhaiter un bon anniversaire à Trowa avant que les autres arrivent, je sais qu'Heero a déjà téléphoné mais j'ai pas eu le temps…Wufei l'a sûrement déjà fait… »
ET MERDE ! MERDE ! MERDE ! Mon dieu, et je fais quoi là ? Quel con je suis ! C'est le genre de situation qu'on peut pas supporter.
« Duo ? »
« Mmm ? »
« Ça va ? »
« Je te passe Trowa. »
Je tends le combiné à Trowa qui le prend SANS un mot. Il me tourne le dos et pendant ce temps, j'attrape ma veste et sors en silence.
Son anniversaire ? Et personne ne m'a prévenu ? Si je lui souhaite maintenant, ça serait horrible, du genre, j'ai tout foiré, j'ai eu besoin d'entendre quelqu'un te le souhaiter pour me le rappeler. J'aurai du lui préparer un truc, n'importe quoi, inviter Catherine, les gens cirque, acheter SA tarte préférée. Mon dieu que je dois être bas dans son estime.
J'y crois pas….Il pleut. IL PLEUT ! C'est dingue ça !
J'étais très bien sans lui, pourquoi il est arrivé dans mon appart comme ça hein ? J'ai rien demandé à personne moi. Et en plus j'enchaîne les gaffes. Il m'énerve, et je ne sais même pas pourquoi. Je suis nerveux depuis la fin de la guerre, j'en ai ras le bol, je n'imaginais pas comme ça ma vie d'après guerre !
Ah, voilà je chiale, je me retrouve dans ce foutu cimetière, devant cette foutue tombe.
Ah mon père. Je m'adosse contre la pierre tombale et je regarde le ciel, mes larmes sont mêlées aux gouttes de pluie. Pourquoi je pleure, pourquoi je suis excédé comme ça ? Ça n'a pas de sens, J'en veux à Trowa d'être si parfait, si calme, et pourtant il n'y est pour rien. Pourquoi je ne peux pas être aussi bien que lui ? Rentrer à l'heure, réussir à le mettre à l'aise, et pas toujours l'inverse, arrêter de lui raconter des blablas sans intérêts… Je suis fatigué, j'ai chaud et froid. Ma veste est trempée, mes vêtements aussi.
Des bras m'entourent. Un murmure parvient à mon oreille.
« Si tu veux je m'en vais. »
Ahhh. Quel égoïste je suis !
A suivre.
