Wow, merci les filles pour toutes ces reviews, contente que cela vous plaise et comme j'aime bien faire plaisir, voici une petite suite.

oOo

Elle nous observe depuis un moment.

C'est une sensation étrange, rassurante et dérangeante à la fois, surtout lorsqu'au début vous ne comprenez pas tout à fait pourquoi.

Je me suis souvent posé la question : se méfie t-elle de moi ? Doute t-elle de mes capacités ? Après tout, ce n'est pas pour mon dossier militaire exemplaire qu'Elisabeth a demandé à ce que je fasse partie de cette expédition, non, c'est juste à cause de mon ADN. A cause … non, grâce au gène ATA. Je me surprends presque à remercier mes parents pour cet héritage, la seule chose qu'ils m'aient laissé de bon.

Je me rappelle de ses regards lorsque nous avons mis les pieds sur Atlantis ce tout premier jour. La Cité semblait revivre à chaque pas que nous faisions, à chaque pas que je faisais, et Elisabeth me regardait, à la fois éblouie et apeurée.

Et puis, il y a eu le retour de cette première mission catastrophe, celle lors de laquelle nous avons réveillé la version pégasienne du croquemitaine, ou plus exactement de l'ogre. Dans la salle de débriefing, je revois le regard à la fois triste et soulagé d'Elisabeth, sans doute parce qu'elle n'aurait pas à travailler avec Sumner ce dont je peux difficilement l'en blâmer, mais aussi parce que j'étais revenu sain et sauf.

Les deux années qui ont suivi ont vu se succéder bonnes et mauvaises missions, joies et deuils, et toujours, toujours le regard d'Elisabeth sur moi.

C'est étrange cette sensation d'être sans cesse observé, comme d'avoir des picotements dans la nuque, je me passe la main dans le cou et si je me retourne, je sais qu'elle sera là à m'observer. Seulement maintenant, cela ne me dérange plus, le regard d'Elisabeth fait partie de … en fait, je ne sais pas très bien de quoi il fait partie, surtout depuis que ce n'est plus seulement moi qu'elle regarde, mais nous

Nous. Rodney et moi.

Bien sûr, nous ne sommes pas un vrai nous, enfin, ce que je veux dire c'est que …. C'est que je ne sais pas ce que nous sommes.

J'aime bien McKay. J'aime sa compagnie, j'aime le fait qu'il ne soit pas impressionné par les militaires, j'aime son sens aigu et au combien juste, de la répartie, j'aime ses stupides mimiques de panique face aux insectes et aux fruits jaunes, j'aime … bref, je l'aime bien. Alors, il n'y a rien d'étonnant à ce que nous soyons souvent ensemble. En fait, je passe plus de temps à traîner avec lui qu'avec mes pairs. Et donc maintenant, c'est nous deux qu'elle observe, sauf que … sauf que son regard a changé.

Il y a eu l'étonnement. Il faut dire que nous formons un « nous » plutôt curieux, le militaire et le scientifique, deux mondes qui généralement s'affrontent. Et puis apparemment, ils sont peu nombreux ceux qui supportent le grand Rodney McKay. Il faut dire qu'au premier abord, Rodney n'est pas franchement le matériel idéal pour l'amitié, voir pour les relations humaines tout court. Les choses auraient peut-être été différentes s'il n'avait pas fait parti de mon équipe, enfin, je suppose … Je n'ai pas découvert le vrai Rodney, ilest justelà pour celui qui se donne la peine de chercher et j'aime ce que j'ai découvert.

Et donc Elisabeth est passée du regard étonné au regard bienveillant, genre « John vous êtes si gentil d'accepter Rodney dans votre équipe » et puis, le nous a commencé … quelques soirées ciné, des popcorns et puis, des journées sur le continent, et puis, des heures passées dans le labo à tester des artéfacts anciens …

Elisabeth est passée au fronçage de sourcils. Le nous s'est renforcé comme ça, naturellement … Rodney a joué au héros, il a aussi joué au scientifique fou ou tout simplement à l'abruti fini, mais le nous est resté. Les regards aussi.

Nous avons du passer une nuit entière à l'infirmerie, Elisabeth et moi, après le petit épisode de possession alienistique. Phoebius et Thalan ont laissé plus que des blessés physiques dans leur sillage. Teyla n'ose plus me regarder dans les yeux et Elisabeth … Elisabeth ne me regardait plus du tout. Son regard était fixé sur le plafond, sur ses couvertures, sur le visage de Carson, jamais sur moi … c'est étrange, comme si j'avais perdu quelque chose, l'impression d'être nu. Bizarre.

Jusqu'à ce qu'elle me parle. Ces mots ont été maladroits mais j'ai compris, oh oui, j'ai compris. Tout. Les regards de ces deux dernières années et leur absence depuis que nous étions les invités de Carson.

J'ai été franc, pas trop direct, mais franc. Je sais que je vais devoir m'expliquer aussi avec Teyla. Rodney a sans doute raison, je suis le Capitaine Kirk après tout. Ca doit être un phénomène pégasien parce que sur Terre je n'ai jamais eu un tel succès …

Le regard d'Elisabeth est revenu peu de temps après.

Et là encore, ce regard a changé. Oh, pas du genre Glenn Glose dans Liaisons fatales, non, en fait, maintenant, ce n'est plus moi qu'elle regarde, enfin, pas vraiment, c'est Rodney … non, ce n'est pas Rodney, c'est Rodney avec moi qu'elle regarde, comme si nous formions, je ne sais pas, un tout, ou …

Ma radio se met en marche.

/Colonel /

Tiens, quand on parle du loup …

« Oui, Elisabeth ? »

/Est-ce que je pourrais vous voir quelques instants dans mon bureau, Rodney et vous /

Je jette un coup d'œil interrogatif à Rodney – quelle bêtise a-t-il encore fait ? – mais il hausse les épaules en signe d'incompréhension.

« Pas de problème, nous arrivons. »

Nous montons les escaliers menant au bureau d'Elisabeth et je peux apercevoir son visage à travers la porte vitrée. Son regard est différent, comme … libéré d'un poids, j'ignore ce que cela veut dire mais je suppose que je ne vais pas tarder à le savoir.

Fini ?