Chapitre IV : les sentiers de la gloriole :

Après le concours, chacun avait du se séparer, Rufus refusant de se mêler au commun des mortels, Reno étant confiné dans ses quartiers de la Tour Shinra. Rude s'ennuyait à mourir et tuait le temps en s'entraînant au combat au corps à corps. Son frère lui servait souvent de sparring-partner et morflait souvent. Silencieusement, sans grand cri, sans d'expression buccale fracassante, l'aspirant Turk frappait, variant les rythmes, les angles, les enchaînements. Son frère, vigile dans une boutique des Taudis, avait beau être confronté assez souvent à la lie de la société, il n'avait jamais été aussi souvent débordé que dans les combats contre son frère cadet. C'était Mary, leur mère qui stoppait les combats, récupérant deux combattants aussi épuisés l'un que l'autre, mais avec un aîné couverts d'ecchymoses et de plaies alors que le plus jeune ne semblait guère atteint. C'était dans ses moments que les conseils étaient distillé à Rude, de remonter sa garde, d'éviter de faire des mouvements inutiles, de faire attention à ses yeux trop expressifs, ce qui montrait que le plus vieux était quand même celui qui possédait le plus d'expérience. Les défauts pouvaient être corrigés assez vite, mais pour son regard, il ne voyait pas trop quoi faire à par des lunettes opaques, de soleil ou pour l'alpinisme. Et il n'avait pas encore les moyens pour ça.

Un soir, la petite famille reçut la visite d'Howie qui apportait dans ses basques son protégé roux. Il était depuis longtemps convenu d'une sortie entre les deux adultes, mais chacun se retrouvait avec un aspirant Turks sur les bras. La sortie au Honey Bee Inn aurait dû se faire dans ces circonstances, mais Mary ne l'entendait pas de cette façon, sa voix rugissante fit bien comprendre son désaccord sur ce point. On choisit alors le Mermaid, un bar plus calme, moins sulfureux, à l'autre bout de la ville. Reno eut un petit sourire en coin, ce bar avait été pendant longtemps le lieu de rende-vous de Red Death pour la préparation des mauvais coups, il y avait mis plusieurs fois les pieds. Pendant le trajet en train jusqu'au secteur qui abritait ce lieu de festivités dans la pure tradition locale de bagarres, ivrognerie et comas éthyliques, les deux aspirants Turks se mirent à discuter, enfin le mutisme de Rude permettait d'avoir quelques parcelles d'échanges.

-Tu connais le Mermaid , hasarda Reno.

-Non.

-Tu es déjà sorti ?

-T'as vu ma mère ? Elle te semble du genre à me laisser sortir ?

-Ouais c'est vrai. Tu parles jamais beaucoup , demande Reno après un long blanc.

-J'aime pas vraiment parler, répliqua Rude.

-Parce que ?

-Parce que j'aime pas.

-Ca te dérange pas que je parle ? demanda Reno.

-Fais-toi plaisir. J'aime pas parler, mais j'écoute.

-Merci, répondit le rouquin tout sourire.

Et Reno s'entreprit de mieux se faire connaître de son camarade, qui restait étonné d'une telle nonchalance et décontraction qui aurait suscité chez la moindre personne qu'il connaissait un élan d'orgueil à l'évocation de faits de gloire même mafieux. Rude nota aussi un semblant de bris de voix et des yeux un peu moins lumineux quand Reno aborda le sujet de Julie et surtout de son meurtre. Il ne s'attendait pas à un passé aussi lourd chez quelqu'un d'aussi calme, d'aussi fêtard que semblait dire son camarade, qui entamait désormais la description de la plupart des boîtes de nuits, des pubs, des bars et de tous les lieux de vie nocturne de la ville basse. L'arrivée de l'autorail dans la gare du quatrième secteur fut marquée par le grincement systématique des freins que l'on mettait en action. Reno suggéra avec un immense sourire aux lèvres de faire visiter la ville basse à Rufus une fois la seconde épreuve achevée. La vision de ce gosse de riches, baigné dans le plus infini des luxes depuis son enfance, marchant au milieu des Taudis, au milieu de la crasse et des pauvres arracha des sourires à l'ensemble du quatuor. Ils prirent le chemin boueux qui menait à bar où ils allaient passer une bonne partie de leur soirée.

Le Mermaid avait une réputation à défendre. Mais c'était avant tout une bâtisse faite de planches et de tôles, dans un assemblage qui pouvait sembler hâtif, le tout recouvert d'une peinture bleue qui commençait à craqueler. L'enseigne était aussi en train de défraîchir considérablement. Mais elle attirait encore les passants, du moins leurs regards. L'immense panneau de bois, au fond blanc, représentait une sirène bien évidemment, comme le caractérisait l'immense queue de poisson qui enveloppait le corps de la jeune femme à partir de son bassin. Le haut était attirant, la jeune femme brune avait des formes superbes, cachées par le minimum requis pour éviter les amendes d'attentats à la pudeur. Bref, l'affiche donnait envie d'entrer voir si le modèle n'était pas serveuse dans le bouge ou du moins ne le fréquentait pas assidûment. Rude se demandait même si cette affiche n'était pas responsable du choix du bar pour ce soir, en interrogeant son frère, il avait appris que Reno y avait eu ses habitudes.

Le rouquin était rentré dans le bar paisiblement, comme s'il recherchait une atmosphère dans laquelle il avait longtemps baignée. Les meubles bancals et couverts de poussière pour ceux qui étaient plus hauts que les tables ou le comptoir, les photos défraîchies des pin-ups sur les murs, le bar, avec le même gros homme chauve derrière, et son miroir terni. Tout lui rappelait l'époque où il venait souvent ici avec son père ou d'autres membres du gang pour fêter ce qu'ils avaient à célébrer. Sans les trois énergumènes qui l'accompagnaient, il se serait cru un an ou deux en arrière. Mais les choses avaient bien changées et même ici il pourrait ne plus être le bienvenu. Il alla se caser dans l'angle de la pièce le plus long du comptoir, s'encastrant entre le mur et la table, sur la banquette en tissu rouge. Les autres le rejoignirent, Howie et Kenji, le frère aîné de Rude, ayant eu le temps de s'allumer une première cigarette entre temps.

-Le Mermaid, ça fait quoi ? Quatre ans qu'on n'y avait pas mis les pieds, commença Howie.

-Ouais, la dernière fois, c'était quand on passait notre temps avant que tu ne passes la deuxième phase du concours de Turk, s'assombrit légèrement Kenji.

-Ah merde c'est vrai ! Excuse-moi vieux, s'étouffa Howie.

Visiblement, les deux avaient un secret en commun, assez lourd pour ne pas vouloir le divulguer. Rude, pour une fois curieux, aurait voulu savoir de quoi il s'agissait. Mais avant qu'il ne puisse poser sa question, une serveuse, jeune, blonde, aux yeux bleus et aux formes qui attiraient le regard des clients, vint prendre leurs commandes. Rude, comme il en avait l'habitude, commanda un verre de TGV pour commencer, mélange de vodka tequila et gin, puis choisit un simple hamburger et des frites. Le dessert il verrait plus tard. Rude choisit une bière, noire. Il avait été attiré par cette qualité spéciale de la bière, la couleur était inhabituelle pour lui qui n'avait jamais bu que des boissons houblonnées aux couleurs de l'ambre. Il fit le même choix alimentaire que son équipier. Les deux aînés se lancèrent dans leur activité favorite, la course à la boisson, chacun choisissant pour l'autre les alcools les plus forts. Pour manger, ils commandèrent des kakis, ces fruits étant leur mets préférés.

Une vingtaine de minutes plus tard, alors que la gaieté était au rendez-vous, une petite équipe de quatre personnages fit irruption dans le bar, coupant court à presque toutes les conversations. Les quatre hommes étaient vêtus de caches poussières gris bruns. Ces vêtements cachaient en partie des chaussures à la particularité d'avoir des croûtes noires accrochées à leurs pointes. Rude fit remarquer à ses camarades que cela semblait fort être du sang séché. Reno le va la tête, détaillant les quatre hommes et donna toutes les informations qu'il avait sur ces quatre membres de Red Death.

A la droite du groupe, se tenait Serval, le surnom de Damian. C'était le plus petit du groupe, mais il devait être aussi haut que Reno. Son visage aux traits angéliques, aux yeux bleus très pâles et aux longs cheveux blonds, cachait sa nature de sadique, qui ne vivait que par son arme, une longue lance, au manche bleue parsemée de piques de fer sur le haut, qu'il sanglait dans son dos grâce à al séparation du manche en deux.

Sur la gauche du groupe, se tenait Nefir, un type dont le vrai nom était imprononçable. Il venait d'Utaï, ce qui était attesté par ses yeux bridés. Selon Reno, c'était un métis, ce qui expliquait sa peau claire, qui collait si peu au bridage des yeux, et le fait que contrairement aux très renfermés Utaïtes, Nefir était venu jusqu'à Midgar. Il ne possédait pas une seule arme, mais des dizaines de poignards qu'il lançait avec plus ou moins de dextérité, inversement à sa sobriété. Le voir dans un bar signifiait qu'il fallait soit le provoquer vite, soit faire le mort pour le reste de la soirée.

Au centre se tenaient les frères Callahan. Matt et Pitt. Sarkiss et Dunno. Les deux avaient le même visage, un peu bouffi, des joues rondes, des cheveux bruns coupés très courts autour d'yeux verts. Le tout sur une peau noire. Sarkiss, celui de droite dans cette paire étrange, était un homme de taille déjà grande, mais ce n'était rien en comparaison de son frère qui culminait deux têtes plus haut, pas loin du double mètre dix. Si Dunno, comme son surnom l'indiquait, n'avait pas l'air brillant, Reno confirma que sauf quand son frère lui demandait de se battre, il était un gars gentil, capable d'aider les vieilles dames à traverser, tout en conservant son arme sur le dos. Sarkiss et ses yeux de fouine promettait d'être le leader de l'équipe. Chacun avait une arme adaptée à lui-même. Le géant portait une sorte de hachoir à viande à son format, Rude se demandant si l'arme n'avait pas été la possession d'un Ekarissor par le passé, tandis que l'autre avait sa rapière qui dépassait de son manteau.

-Dis, ils sont costauds ces types, demanda Howie, qui commençait à être légèrement éméché.

-Pas spécialement. A nous quatre, on les étale facilement, répliqua sobrement Reno.

Les discussions reprirent entre les quatre fêtards, peu craintifs de ces clients. Leurs rires finirent par déranger Sarkiss qui envoya son frère réclamer le silence.

-Messieurs, excusez-moi, mais mon frère voudrait que vous vous taisiez, commença Dunno. Sinon, il a dit qu'il vous ferait comprendre ce que ça veut dire souffrir.

-Tiens Dunno, répliqua joyeusement Reno. Content de te voir. J'ai un message pour ton frère et je sais que tu pourras lui porter, continua-t-il, faisant briller de joie les yeux du géant par la confiance que lui accordait le fils du patron.

-Oh ! Monsieur Sinclair ! Je suis si content de vous revoir. Quel est le message ?

-Tu lui dis de prendre un tabouret et une corde, et de cesser de nous importuner.

-D'accord, répondit tout sourire son messager. Mais pourquoi une corde et un tabouret ?

-Te fais pas de souci, il comprendra.

Et effectivement, il comprit puisqu'il pulvérisa son verre sur le bord du comptoir avant de sortir son arme et de se précipiter vers la table qui venait de l'insulter. Son haleine était chargée d'alcool, il sentait la sueur, la terre et le sang.

-Tiens, le lâcheur. Tu débarques ici et tu penses que tu vas faire ta loi ? Tes nounous vont avoir du mal à te protéger de l'As de Pique !

-L'As de Pique ? C'est quoi encore ce truc ? Franchement vous faîtes n'importe que depuis que je vous ai laissé en plan, répliqua calmement Reno, irritant son adversaire encore un peu plus.

-Ton départ a fait voir au chef qu'il n'aurait jamais dû compter sur toi ! Il a initié une sorte de conseil des chefs. Y en a quatre j'en suis et voici mon équipe, lança-t-il en montrant ses trois camarades.

-Youhou , s'exclama Reno. Je savais que j'avais fait le bon choix en rejoignant les Turks ! Si t'es membre de ce conseil, c'est que le paternel est devenu bien sénile et que le gang va disparaître sous peu.

-Les Turks ? ces mecs sont même plus capable de descendre dans nos rues depuis le changement de président y a six mois. Encore trois et on les aura complètement oublié, ricana Sarkiss.

-Qu'est ce qui te dit que ce n'est pas ce qu'ils veulent ? Agir discrètement et vous tabasser tranquillement, parce que vous ne saurez même plus qui ils sont , lança perfidement Howie.

-Ok, tu veux toujours joué les caïds… bats mon frangin et on te laisse pépère, sinon…

Reno se leva et quitta sa place. Il sortit de l'intérieur de sa veste sa canne mécanique à électrocution. Il s'excusa auprès de Dunno du mal qu'il pourrait lui faire, inquiétant un peu le géant qui fut tancé par son frère et vite mis en condition. Howie n'était plus aussi dissipé et regardait attentivement la scène, ses yeux semblant voler sur chaque détail. Il interpella Reno.

-Pas d'heures supplémentaires ce soir Reno. Tu le sais.

-Te fais pas de bile, une passe d'armes et il a perdu.

Il se retourna vers son adversaire, qui le regardait haineusement. Il tenait sa lame à l'horizontale et Reno savait déjà ce qu'il allait faire. Le géant prit son arme à deux mains et lança un coup circulaire à une vitesse inaccoutumée pour quelqu'un de son gabarit. Reno, pourtant vif comme un chat, avait du mal à l'esquiver. Il avait pourtant réussi à plonger et frappa le derrière du genou du géant. Il essayait de le faire trébucher, mais sa prise à une main ne servit qu'à déclencher l'hilarité de ses anciens sous-fifres. Il les regarda avec un sourire méprisant, puis posant sa deuxième main sur le manche, il fit valdinguer son adversaire. Certes il avait utilisé le pressoir qui lui permettait de faire passer l'électricité tout le long du manche, mais personne n'eut le temps de remarquer la légère pression qu'il avait effectué. Son adversaire s'étala de tout son long, tenant encore fermement le manche de son arme. Tant qu'on n'a pas lâché son arme, on n'a pas perdu, tel était le credo des combattants de Red Death. Il appuya sa matraque sur le manche métallique du hachoir de Dunno qui encaissa tout le voltage lâché par le rouquin. Il tint deux trois minutes avant de céder et de lâcher son arme. Il resta à terre, gémissant de douleur. Son frère dégaina sa rapière, mais retrouva sur sa route Rude. Ce dernier avait estimé qu'il ne risquait pas grand-chose face à la lame fine et peu acérée de son adversaire, qui allait surtout tenter des attaques avec la pointe de son arme.

Serval dégaina sa lance, sans toutefois l'assembler, il se contentait de la partie qui possédait les pointes et le fer, ce qui lui semblait amplement suffisant pour venir à bout du démon roux qui venait d'abattre l'un de ses équipiers. Et puis il avait remarqué que les jeunes filles du bar n'avaient que peu d'yeux pour lui ce soir, et il en rendait responsable le fils du boss. Il se jeta sur Reno qui eut juste le temps de parer, sans pour autant réussir à ne pas se faire érafler les mains. Il maugréa et tenta un coup au visage de son adversaire, qui esquiva et frappa au flanc. Le geste fut manqué de peu, le roux ayant réussi à bouger au dernier instant et Damian n'accrocha qu'un bout de tissu au bout de sa lance. Il pesta un peu et fit tournoyer sa lance, afin de prévoir son assaut plus intelligemment.

Pendant ce temps, Nefir avait bougé du zinc, il s'était décalé vers le fond du bar et sortit deux petites lanières au bout desquelles pendaient à chaque fois trois couteaux de lancer. Il les sortit, les accrocha entre ses doigts, le pouce excepté, et commença à viser ses deux ennemis. Il était en pleine concentration, mais cette intense phase de préparation fut interrompue par un claquement métallique et le contact froid de l'acier contre sa tempe. Il tourna sa tête pour se retrouver avec le canon d'un revolver sur le front. Au bout de cette arme, en acier luisant, avec un immense dragon gravé dessus, se trouvait Howie, tranquillement installé au fond d'une chaise, les pieds sur la table devant lui. Il regardait avec un immense sourire le désarroi de l'assassin.

-Pas de bol l'ami, lança le Turk.

-Mouais c'est ce que tu veux vraiment voir , répliqua l'utaïte.

Le lanceur de couteaux reprit sa position et se préparait à lancer ses armes létales quand le canon heurta plus violemment la tête de ce dernier. Il se retrouva à terre, avec assez vite une chaussure qui vint lui appuyer la gorge sur le sol. Howie le tenait en respect, l'air toujours aussi calme.

-Allez du calme petit, je ne voudrais pas te faire de mal, lâcha le Turk en tirant une latte sur sa cigarette

-OK, je me calme… Une question : pourquoi on vous voit plus rappliquer dans les rues comme avant ?

-C'est une punition et une récompense, répondit calmement Howie.

-Comment ça ? demanda l'occidental soudain intéressé.

-On a un nouveau président depuis quelques semaines. Le fils de l'ancien. Il nous a promis des trucs pour qu'on lui facilite l'accès à sa place. Son père et quelques membres du conseil le gênaient. En échange, il nous a ramenés auprès de lui, comme le veut notre qualité de formation d'élite. Et en échange, on se salit les mains à sa place, murmura l'homme au pistolet.

-Tu ne sais pas combien cette info vaut cher…. En tout cas je me souviendrais de toi !

-Elle coûte le prix de ta vie, ma trombine tu peux t'en souvenir puisque c'est le dernier visage que tu verras.

Sans laisser le temps d'une réplique à son adversaire, le Turk appuya deux fois sur la gâchette, répandant le sang et les matières cérébrales sur le plancher du bar. Encore une fois, la réputation de coupe-gorge de l'endroit était justifiée. Howie reprit lentement la combustion de sa cigarette, faisant fi des cris de rage des autres combattants de Red Death, qui n'avaient pas l'avantage face à Reno et Rude, et des glapissements des autres clients qui fuyaient le lieu. Il semblait attendre quelque chose, qui se matérialisa sous la forme d'une escouade de dix miliciens de la Shinra et du sergent qui les menait. Ces derniers entrèrent et, au lieu de parler au propriétaire comme cela était la règle, ils menottèrent Rude pour parler tranquillement à Sarkiss. Le sergent commença à regarder les quatre hommes que désignait l'épéiste. Il montra les trois autres à ses sbires qui menottèrent Reno et Kenji. Howie leva son arme sur le front du premier soldat qui approcha de lui, le menaçant de rejoindre le lanceur de couteaux. Le sergent, qui ne cachait pas la liasse de billets que venait de lui remettre Sarkiss, s'approcha l'air goguenard.

-Tu fais le malin ? T'inquiètes, on en a brisé des plus durs que toi, lança le sergent.

-Avant toute chose, la corruption est un crime fédéral, passible de la peine de mort, répliqua calmement Howie.

-Et alors ? dans l'état où tu seras, tu ne pourras même pas articuler, proféra le sergent, frappant du plat de son sabre Howie.

Howie tomba à terre, se relevant en riant. Il fouilla dans ses poches et en sortit un porte-cartes noir. Dedans se trouvait une simple carte plastifiée, avec le symbole de la Shinra et la photo de son possesseur en tenue noire. Le sergent faillit s'étouffer quand il lut « Howie Delano, Turk n°17 ». Il rendit sa carte à son propriétaire et se lança dans un salut militaire que son interlocuteur interrompit d'un geste de la main.

-Inutile de faire toutes ces simagrées, demain vous passerez en commission de discipline.

-Bien, bafouilla le sergent.

-Maintenant l'individu mort s'est tiré une balle dans la tête par accident, l'un des fuyards a dû emporter l'arme. Et arrêtez moi ces tris zigotos qui jouent leurs durs, ordonna Howie en désignant Sarkiss, Dunno et Serval.

Sarkiss blêmit en entendant les ordres Son camarade avait été assassiné, il y avait des dizaines de témoins qui enverraient le type en taule. Par contre, il ne pouvait pas résister à son arrestation, tout mouvement briserait le cercle de corruption qui permettait à son gang de ne plus être inquiété. S'il ne pouvait invectiver les patrouilleurs, il ne se gêna pas pour ce qui concernait Howie.

-Tu vas vite me rejoindre au trou pour faux témoignage et là-bas je te ferais payer. T'as interêt à regretter la mort de Nefir….

-Tu n'as pas compris un truc, c'est qu'en tant que Turk, je suis enquêteur, juge et bourreau sur les enquêtes qui nous concernent. Malgré tous les gars qui pourront faire leurs témoignages, c'est ma version qui sera accréditée. Et malheur à ceux qui protesteront, un accident est si vite arrivé… A eux ou à leurs familles….

-La peur ? Où est passé la conciliation et le dialogue du précédent président ?

-Enterrés avec lui… La peur est plus pratique pour contrôler Midgar, on négociera ailleurs !

-Et tu n'as même pas honte de toi ?

-Qu'importe la mission, je l'exécuterais toujours, parce que c'est mon boulot, répliqua froidement Howie.

Une fois les gangsters emmenés, le patron du bar, tremblant de peur malgré l'air imposant qu'il essayait de se donner, vint demander aux quatre vainqueurs de quitter le bar, arguant qu'il faisait fuir la clientèle. De toute façon, l'heure était déjà pas mal avancée et chacun devait regagner ses pénates. Ils sortirent pour se retrouver dans les rues, faisant s'éloigner les passants, leur réputation avait déjà fait son chemin.

-J'ai un seul regret, maintenant va falloir oublier pendant cinq ou six ans ce bar, soupira Kenji.