NDA: Désolé d'une si longue absence, mais je suis sorti d'une période de problèmes d'inspiration. Non pas que je n'avais pas d'idées, mais je n'arrivais pas à choisir laquelle. En effet, j'étais à un tournant de l'histoire, et j'espère que le choix final vous plaira... Au moins un peu... Bonne lecture en tout cas.

Chapitre VII : Et pater, et fili, et spiritu…

La Shinra comptait donc deux nouveaux Turks, vu que Rufus avait été forcé de décliner la proposition de poursuivre un moment sa route au sein des hommes en noir. Si Reno et Rude regrettaient fortement la courte période de la R-Team, ils n'avaient guère le temps de lambiner. D'abord, ils durent éclaircir les points d'ombre de l'affaire Gast. Un scientifique qui fuit sans laisser de traces, cela ne faisait guère plaisir aux pontes de la Compagnie qui accablaient Tseng. Ce dernier avait au moins le mérite de ne jamais se défouler sur ses hommes, gardant sa rancœur pour lui, ou pour le jeune Sinclair quand il le prenait avec lui. A vrai dire, les deux nouveaux Turks ne se voyaient guère. Ils avaient eu quelques petites broutilles en commun, mais en général, ils étaient accompagnés d'un collègue plus âgé et donc plus expérimenté.

La recherche du fuyard était un fiasco, et cela dès le début, tous le savaient parmi le groupe, mais tous avaient des ordres à suivre. Parmi ceux-ci, interroger la famille. Vu qu'elle ne présentait pas de risques, la tâche fut confiée aux deux jeunes loups qui durent se rendre chez une marchande d'armes du Wall Market, une gamine des bas quartiers qui faisait constamment pression pour suivre la trace de sa sœur qui avait elle aussi la tenue sombre que portaient désormais en permanence nos deux héros. La jeune blonde, toujours aussi affable quand elle se trouvait en face d'un membre de la Shinra qu'elle jugeait utile pour son ambition, leur révéla le lieu de résidence de la femme et de la fille du fugitif, une fois sa liasse de gils perçue. Secteur Sept. Reno laissa échapper un soupir une fois leur indicatrice partie. Pourquoi fallait-il que cette corvée lui tombe dessus et qu'il se retrouve à fouler le secteur sept une fois de plus ? Il se mit en marche avec son compère muet, sans pouvoir rien déceler chez lui, maintenant que ses yeux étaient cachés derrière des verres fumés et qu'il avait banni toute expression de son visage.

Le lieu cherché n'était pas vraiment caché. D'après les renseignements glanés auprès du central de renseignements de la Shinra, il s'agissait bêtement de l'ancienne résidence du scientifique quand il faisait encore ses études. Une fois celle-ci achevée, il avait gardé l'appartement, acheté, pour le louer à des étudiants. Il était en théorie vide pendant les deux mois d'été, ce qui collait parfaitement, il avait fui au début des chaleurs estivales et aucun locataire n'avait été pris pour la rentrée estudiantine. Les possibilités que la famille se soit repliée là-bas étaient donc très fortes, mais cela paraissait étonnant que l'homme ait abandonné son épouse et sa fille, de sept ans plus jeune que les deux Turks qui allaient lui rendre visite. En arrivant sur les lieux, ils comprirent pourquoi la bâtisse était réservée aux locataires étudiants. Dans un des coins les plus chauds du secteur, on y accédant en traversant un dédale de rues bondées des bordels appartenant à Don Cornéo. Le bâtiment, un austère cube de béton gris, ne possédait qu'une douzaine de fenêtres sur sa façade alors qu'il semblait immense. Les murs gris étaient couverts de mousse et autres champignons qui indiquaient que l'eau était fournie, enfin au moins aux moisissures qui pullulaient le long des murs. En entrant, les deux hommes se dirigèrent vers l'escalier. Enfin le terme d'escalier semblait même pompeux pour ce qu'ils trouvèrent, un amas de planches et de gravas pour soutenir le tout, les différentes marches étant clouées dans le sol, et retenues par des cordes. Une fois en haut, il fallait se frayer un chemin entre les cafards, les blattes et les camés qui venaient finir leur dose ici, à côté de chez eux. Le moins que l'on pouvait dire, c'est que l'endroit était bruyant, entre les disputes, que ce soit entre couples ou entre voisins, les musiques, les enfants qui pleuraient, les bruits de la vie de tous les jours en fait. Ils avancèrent jusqu'à l'appartement seize, celui de leur cible. A l'intérieur, un dessin animé retentissait, visiblement l'enfant au moins était là. Ils frappèrent à la porte, et aussitôt le son se coupa. Une voix enfantine parlait à une personne, sans doute pour annoncer les visiteurs. On entendit des bruits de pas, des talons sur du plancher, et la porte s'ouvrit. Une femme, de taille moyenne, assez séduisante avec ses cheveux bruns et ses yeux bleus, son maquillage soigneusement entretenu et des vêtements la mettant en valeur, leur ouvrit. Elle blêmit et voulut refermer aussitôt la porte en réponse à la tenue de ses interlocuteurs. Mais Rude avait placé son pied dans l'ouverture et elle n'avait pas assez de force pour rivaliser.

Elle s'inclina à contrecoeur, et alla s'asseoir sur le canapé rouge, en partie défoncé, qui ornait le salon. Reno et son acolyte se placèrent sur les deux fauteuils de même teinte qui lui faisaient face. Une enfant vint se mettre sur les genoux de sa mère, les deux présentant une frappante ressemblance. Reno tenta un sourire, lui qui avait toujours la réputation d'un charmeur, mais la petite fille se cacha dans les bras de sa mère. Dépité par son approche infructueuse et sachant parfaitement que la fillette devait être terrorisée par l'univers dans lequel elle vivait et plus encore par l'irruption d'inconnus, il se tourna vers la mère pour l'interroger.

- Madame Gast, nous ne sommes pas là pour vous persécuter, nous voudrions juste savoir ce que vous avez à dire au sujet de votre mari.

- Parce qu'il a démissionné ?

- Non, parce qu'il a fui sans raison, répondit Rude. Il n'a jamais démissionné.

- Pouvez-vous nous dire pourquoi il a fui, redemanda Reno.

Il- n'a jamais fui pour moi. Il a fait ses valises en me disant qu'il partait dans un autre laboratoire, pour finaliser ses recherches. A vrai dire, cela faisait longtemps qu'il n'était plus question que de son travail, moins de nous deux. Il ne nous a pas abandonné, je n'ose pas le croire.

- Il vous a dit de quel laboratoire il s'agissait ? Et de quel travail il pouvait s'agir , renchérit le rouquin.

- A vrai dire, non. Mais il n'est plus le même depuis qu'il avait découvert ce médaillon dans les archives de la Shinra. Un vieux truc dont personne ne savait l'origine et l'utilisation. Il a beaucoup travaillé dessus, et un jour il est revenu surexcité, pensant avoir trouvé la solution. Le lendemain, il était changé de projet, devant travailler avec Hojo. Il ne l'a jamais aimé, et je crois que c'était réciproque.

- Quant il est parti, il a parlé à quelqu'un en particulier ? Avec des contacts ? Il a parlé de vous faire partir avec lui ou de le rejoindre plus tard ?

- A vrai dire, je ne pense pas trop vous aider si vous voulez le capturer quand il reviendra. Il a dit que nous serions au courant, par les journaux, de son retour. Il doit soit travailler sur quelque chose de révolutionnaire, soit penser que vous le capturer avant qu'il ne puisse nous contacter. Quant à sa fuite… Il me parlait toujours d'un homme qui l'avait contacté pour l'aider à fuir, un certain Sinclair.

Le regard que lança Reno à Rude était inquiet. Il se demandait dans quel piège il avait mis les pieds. Calmement, Rude demanda de préciser à la femme. S'il s'agissait d'un employé de la Shinra, d'un homme extérieur, d'un homme âgé, jeune, tout ce qu'elle pouvait dire à ce sujet.

- C'était un homme des bas quartiers. Il ne travaillait pas pour la Shinra, au ça non. Mon mari l'avait choisi comme allié parce que justement c'était un ennemi de son entreprise et qu'il pouvait l'aider à fuir. Il l'appelait le vieux lion, parfois la mort sur pattes, toujours pour plaisanter. Je l'ai entrevu une fois. Des cheveux gris, une allure de taureau…

Les deux Turks quittèrent la femme peu après, regagnant leur base d'opérations. Les informations glanées étaient largement plus précieuses que prévu, et les yeux de Reno brillaient d'un éclat sadique. Rude savait parfaitement que cela était dû à l'absence de déplaisir face à la perspective de détruire Red Death. Le vieux Sinclair était donc accusé de complot contre la Shinra, de haute trahison donc et aurait du mal à s'en sortir. L'homme aux lunettes fumées espérait simplement que cela ne tournerait pas au règlement de compte avec Reno qui cherchait visiblement à se venger de son père et qui tenait là une occasion en or.

Dans l'appartement déserté par les deux membres du personnel de la Shinra, la femme se détendit soudain. Renvoyant sa fille devant la télévision, elle alla vers une commode pas encore trop défraîchie, en sortit un verre, le moins poussiéreux du lot, ainsi qu'une bouteille contenant un alcool ambré. Elle alla s'asseoir là où elle était quelques minutes avant, but une longue gorgée et se mit à rire. Un quart d'heure et trois verres plus tard, de nouveau on tapait à sa porte. Elle alla ouvrir. L'enfant, intriguée, se rapprocha et distingua un nouveau personnage. Pas un inconnu, il était déjà venu voir plusieurs fois sa maman. Sa mère se mettait toujours en valeur devant ce monsieur et elle connaissait le rituel. D'ailleurs madame Gast le lui rappela alors qu'elle et l'homme entraient dans la chambre.

- Samantha, tu montes le son de la télé, sinon tu ne vas rien entendre avec la musique des voisins…

L'enfant fit ce qu'on lui demandait, tout en se demandant ce que le gros monsieur à la coiffure ridicule, une crête blonde, avait de si particulier pour que sa maman ne s'occupe pas d'elle pendant ses visites. Elle soupira et retourna à son programme, en se demandant bien pourquoi son papa l'avait laissé…

De retour au QG de la Shinra, Reno avait deviné la réponse de Tseng avant même qu'elle lui soit donnée. Des données à vérifier, qui ne légitimait pas une intervention contre Red Death et le début d'une guerre pénible dans les bas-fonds de la ville. En même temps, en extrême Occident, la petite cité d'Utaï utilisait au maximum ses possibilités pour agrandir le territoire dépendant d'elle. Le continent lui était subordonné, les troupes prenaient position dans les îles alentour. Le seul problème, c'est que cette expansion allait bientôt empiéter sur le territoire d'une autre cité état, celle de Mideel. Mis à part le pèlerinage pour l'accès à la Rivière de la Vie, il y a trente ans en arrière, cette cité touristique tirait l'essentiel de ses revenus de la sylviculture, se spécialisant dans les meubles de luxe en bois. Encore aujourd'hui, le building de la Shinra regorgeait d'exemples du savoir-faire des artisans de cette contrée. Mais l'énergie Mako avait remis en cause ce mode de vie, et surtout avait mêlé la Shinra à la politique locale. Le consortium avait bien évidemment de nombreux intérêts là-bas et voyait d'un très mauvais œil les envies utaïtes. Le conflit était imminent et la plupart des Turks étaient chargés de « négocier » des alliances en faveur de la Shinra, en faisant pression de toutes les manières possibles sur les dirigeants. Ils avaient évidemment convaincu le Village Fusée où la Compagnie était un employeur généreux, Junon et Mideel, mais les besoins en hommes prévus contre la redoutable armée de citoyens-soldats d'Utaï étaient encore loin d'être couverts.

Reno savait donc qu'il n'y avait guère de temps et d'argent à consacrer à cela, et que l'enquête sur la disparition de Gast serait sûrement enterrée en même temps que le conflit débuterait, on aurait besoin de tous les Turks pour assurer les arrières et multiplier les demandes du président qui voulait établir une alliance mondiale contre les rebelles. Il enrageait donc de ne pas pouvoir mener à bien son travail, malgré les tentatives de ses collègues pour le réconforter. Même Tseng qui lui disait que cela n'affectait en rien son talent ne put rien tirer de plus du jeune homme. Il lui donna donc un week-end de congés, ce qui était assez rare pour la charge occupée.

Le rouquin, qui avait refusé poliment une quelconque aide de Rude, au courant de son projet. En effet, lors de l'entretien avec la femme du scientifique en fuite, il était ressorti que son mari avait pris l'avion pour Junon le lendemain de sa disparition officielle, après avoir mis sa famille en sécurité dans le taudis. Il fallait donc suivre ses traces, ou du moins espérer en trouver là-bas.

Une fois sur place, le Turk prit la peine de se renseigner auprès de la capitainerie pour obtenir la liste de tous les passagers qui avaient embarqué dans des navires. Evidemment aucun Gast nulle part, et les photos, mesure obligatoire depuis des années qui obligeait les douaniers à copier les pièces d'identités, ne correspondaient pas non plus. Un brin dépité, Reno ne savait pas franchement où chercher. La ville ne comptait pas d'aéroport, mis à part celui de la Shinra, et là-bas tout le monde veillait à l'identité des personnes fréquentaient Air S, donc le scientifique n'aurait jamais pu passer. Il descendit dans les bas quartiers, empruntant l'immense monte-charge, après avoir convaincu à coups de gifles le planton de le laisser passer… Une fois en bas, il se renseigna en vain auprès des habitants, pour la plupart des personnes âgées, nostalgiques de la vie sans la plaque supérieure. Lui, employé de la Shinra était donc pas vraiment le bien venu. Il descendit s'asseoir sur la plage, admirer ce qu'il restait de vue, au milieu des piliers. Un navire le salua tristement de sa corne de brume.

Un écho lui répondit, un rire perfide glacial. Reno se leva du sable où il se reposait et faisait le tri de ses idées pour découvrir à dix mètres de lui une vieille connaissance. Des yeux verts qui auraient pu appartenir à une fouine, une peau d'ébène, dix centimètres de plus que lui. Le visage s'était émacié, un tatouage rouge, représentant le symbole des piques aux cartes, s'étendait sur le côté gauche de son cou, ses cheveux avaient été complètement rasés et révélaient une profonde cicatrice le long du cuir chevelu.

- Sarkiss , s'étonna Reno. Qu'est ce que tu viens foutre là ? Tu as été viré ? Vu comme tu es mauvais, cela ne m'étonnerait pas…

- Rigole, rigole, répondit l'intéressé. On m'a chargé de m'occuper de ton cas. Tu gênes un peu trop ton père, donc je vais régler ton compte. Même Gast sera content de savoir que le dernier chien de la Shinra a ses basques aura fini par payer…

- Viens donc, répliqua froidement Reno en dégainant son arme, la matraque électrique, viens me prouver que tu n'es pas une grande gueule…

- J'arrive merdeux, lança son adversaire, dégainant sa rapière.