Disclaimer : Toujours rien à moi…
CHAPITRE 4
Confession
« Est-ce que Remus est revenu? » Hermione entendit Harry demander à Molly à voix basse pendant le petit déjeuner.
« Oui, il est revenu, » répondit assez froidement la mère de Ron. « Il est probablement en train de dormir, il est revenu tard. Il a besoin de se reposer, on n'ira pas le chercher avant midi. »
Il y avait quelque chose de définitif dans le ton de sa voix, comme si elle ne souhaitait pas avoir cette conversation. Ron retourna à son assiette, maussade, tandis qu'Hermione tendait le plat de bacon à Harry. Elle se demandait de quelles affaires mystérieuse Remus s'était occupé pendant la nuit. Pourquoi était-il parti avec tant d'empressement, et pourquoi est-ce que Molly s'était comportée de manière si inhabituelle après cela ? Cela signifiait souvent qu'il s'était passé des chose graves ; des choses qui, comme d'habitude, devait leur être cachées.
« Nous devons mettre la main sur la Gazette des Sorciers, » Harry murmura silencieusement dès que la mère de Ron eut le dos tourné.
« C'est pas une bonne idée, » Ginny fronça les sourcils. « Tu sais que maman surveille toujours─ »
« Je sais ça, » Harry rétorqua, fuyant le regard de Ginny pour une raison qu'Hermione ignorait. « Je sais qu'elle nous a interdit de lire le journal, et je sais qu'elle fait très attention à ce que nous lisons. Mais on pourrait peut-être arriver à s'en procurer un. Je hais rester dans le brouillard. Si quelque chose se passe, ça fera les gros titres. »
Il y eut une courte pause. « Il a raison, » décida Ron. « C'est injuste. On a le droit de savoir ce que le monde devient. Imagine si on se pointe pour notre entretient d'embauche au Ministère sans la moindre idée de se qui est en train de se passer. On aura l'air idiots. »
« J'essayerais d'en ramener un incognito cette après-midi, » déclara Ginny à la surprise générale. « Ou d'avoir des informations par Susan. »
Il fallut trois bonnes secondes avant qu'Hermione ne réalise de quoi Ginny parlait, puis elle se souvint que la sœur de Ron avait obtenu l'autorisation d'aller rendre visite à une de ses amies cet après-midi là auprès de Dumbledore. Pourquoi en avait-elle eu le droit alors que tous avaient été confinés à Square Grimmauld pendant un mois ? Selon elle, Dumbledore souhaitait que Ginny continue d'avoir des relations avec ses amies avant de les perdre avant la rentrée. Harry s'était plaint. Lui et Ron voulaient aller chez Dean, Seamus ou Neville, mais ils s'étaient heurtés à un non catégorique. Tout ça sûrement parce que Harry devait rester en sûreté. Il y avait tant à perdre s'il était blessé…
En tous cas, Ginny aurait une chance de leur rapporter des nouvelles fraîches, ce qui était une opportunité trop rare pour la laisser passer.
Remus avait peu dormi. A neuf heures il s'était réveillé et s'était mis au travail, profitant du fait que tout le monde le croit endormi pour s'occuper sans être dérangé de certaines affaires pour l'Ordre du Phénix.
A midi on frappa à sa porte et le visage de Ron apparut dans l'embrasure. Par simple précaution Remus retourna ses parchemins. De là où il se tenait, Ron lança un regard intéressé dans sa direction et essaya d'apercevoir ce qui était écrit, et puis─
« A table, Remus ! »
Il avait travaillé non-stop pendant trois heures, faisant l'emploi du temps des membres de l'Ordre. Maintenant ils étaient un de moins pour assurer toutes les tâches─ ou plutôt deux, puisque Rogue devait être protégé sans relâche. C'était réellement un casse-tête ; certains comme Tonks devaient travailler au Ministère en parallèle sans qu'on les soupçonne de quoi que ce soit ; d'autres avaient des missions secrètes dont seul Dumbledore connaissait la vraie nature mais qui devaient être accommodées dans leurs planning. En résumé, il y avait trop peu de gens pour faire tous ce qui devait être fait. Peut-être même que Remus devrait les aider et devrait quitter Grimmauld Square plus tôt que prévu─ bien qu'il s'attendait à ce que Dumbledore ne le laisse pas repartir avant de s'être d'abord reposé.
Remus se leva et rangea ses parchemins dans un tiroir qu'il ferma à clef. Il espérait que Ron et Harry n'étaient pas si désespérés de rentrer dans l'Ordre qu'ils se faufileraient jusque dans sa chambre ; mais après tout c'était une précaution élémentaire.
Ensuite il descendit les escaliers, passa à travers le salon, puis la pièce vide dans laquelle ils s'entraînaient à parer des sorts ennemis tous les après-midi─ au moins ça leur donnait quelque chose à faire─, il descendit de nouveau des escaliers et arriva dans la cuisine au sous-sol. Harry, Ron, Ginny et Hermione était là, et plus loin dans la pièce Molly était en train de commander à l'énorme chaudron sur le feu de tourner, ordonnait à la poêle de frire du maïs, etc ; tout en agitant sa baguette dans toutes les directions.
Remus n'osa pas regarder Hermione quand il s'assit. Ce qu'il ressentait à présent après cet étrange malaise de l'autre soir n'était pas quelque chose à laquelle il voulait penser.
Bientôt ils furent tous confortablement installés et parlaient, en vérité, de tout et de rien. Remus évita à tout prix d'aborder le sujet de la veille au soir, bien qu'il sentait de la curiosité venant d'Harry, Ron, Ginny et Hermione. Molly savait probablement ce qui s'était passé puisque Dumbledore et elle communiquait─ il fallait que les autres ne sachent rien.
« Où est papa? » Ginny demanda soudainement. Ils étaient en train de manger et Harry tentait de convaincre Ron que peut-être ils devraient penser à d'autres stratégies de Quidditch au cas où ils joueraient un jour de nouveau.
Molly lui lança un regard acéré et Remus ne put se retenir de grimacer. Arthur était celui qui avait prit la relève de la garde à Ste Mangouste après Fol Œil. Bien sûr, répondre sèchement que cela relevait des affaires de l'Ordre mettraient fin à la discussion, mais Remus sentit qu'Harry, Ron et Ginny ne trouveraient pas, cette fois, la réponse satisfaisante.
« Votre père est sortit, » dit Molly sévèrement. « Je vous est dit qu'il ne serait pas de retour avant ce soir. »
« Ca ne répond pas à ma question, » Ginny lui jeta le même regard acéré. « Où est-ce qu'il est parti ? Au Ministère ? »
« Il est avec le Professeur Rogue, » déclara Remus en se surprenant lui-même. Depuis quand est-ce qu'il appelait Rogue Professeur ? « Et aussi Dumbledore, » ajouta-t-il. Ce n'était pas un mensonge puisque Dumbledore était censé aller voir Rogue dans la journée. Quand il croisa le regard de Molly il vit que le sien était plein de reproches mais l'ignora pour se tourner vers Ron qui, il prévoyait, continuerait à argumenter.
« Alors c'est encore les affaires de l'Ordre ? » Ron semblait heureux de voir certaines de ses questions obtenir une réponse.
« Oui, en effet. »
« Qu'est-ce qui s'est passé ? » dit Ron et, au même moment, Harry demanda pour la énième fois, « quand est-ce qu'on peut devenir membres ? »
« Vous saurez ce qui est arrivé quand vous entrerez dans l'Ordre. Et non, je ne sais pas quand ça arrivera. » Remus secoua la tête. Si on lui avait donné un Gallion chaque fois qu'ils avaient posé la question, il serait assez riche pour ne plus jamais avoir à se préoccuper d'autre chose.
« Les enfants, aidez-moi à débarrasser la table maintenant, » interrompis la mère de Ron. Elle n'était pas vraiment en colère ; juste satisfaite que Remus n'ai rien dit d'autre.
Alors qu'ils nettoyaient la cuisine après cela, les voies basses de Molly et Remus qui parlaient près de l'évier atteignirent les oreilles d'Hermione. Elle comprit vite qu'ils parlaient de Ginny.
« … penses que c'est une bonne idée, après ce qui s'est passé ? » murmurait Molly.
« Dumbledore a dit de ne rien changer… ça signifie qu'il croit que les risques sont faibles… »
Remus arrêta de parler quand il croisa le regard d'Hermione, et alors que ses yeux s'attardaient sur elle elle se sentit rougir. Leur conversation était terminée, laissant Hermione avec une drôle d'impression au creux de l'estomac.
Quand ils eurent tous bu leur thé Ginny et sa mère partirent. Harry, Ron, Remus et Hermione étaient seuls pour l'après-midi. Hermione s'excusa rapidement et alla dans la salle de jeu où elle avait laissé un livre, pendant que les garçons et Remus restaient dans la cuisine pour parler.
Le sujet de la discussion devint vite celui que Remus redoutait le plus. Il souhaitait encore qu'ils arrêtent de l'embêter sur l'Ordre et qu'ils cessent de lui demander quand ils seraient autorisés à en faire partie.
Peut-être que cela aurait arrangé un certain nombre de choses s'il ne leur avait jamais dit qu'Arthur était avec Dumbledore. En vérité ça ne voulait pas dire grand chose, ça ne révélait rien de bien secret, mais maintenant ils voulaient en savoir plus, comme si Remus avait déjà commencé à leur laisser prendre part aux projets de l'Ordre. « Non, » répéta-t-il encore et encore. Il ne pouvait pas en dire plus, il ne savait pas quand il pourraient en faire partie.
En fait ça n'était pas complètement vrai ; lors de la dernière réunion de l'Ordre du Phénix il en avait été question.
Certains avaient dit que puisque Harry, Ron et Hermione n'étaient plus à Poudlard et étaient légalement adultes, ils devraient pouvoir se joindre à eux si il le désiraient. Ceux-là avaient été Tonks, encore jeune et intrépide, et Rogue qui, avec un air mauvais et un ton désintéressé, avait déclaré qu'il était de leur côté. Remus était presque tombé de sa chaise─ mais ça avait été avant que le Professeur de Potion n'ajoute, avec un sourire narquois et une froide indifférence, qu'il était libre à eux d'aller se faire tuer si ils le voulaient.
Alors ils avaient débattus un moment pendant que les autres restaient silencieux. Arthur avait hésité, Molly avait été totalement opposée à l'idée, McGonagall était restée neutre. Elle voyait autant de pour que de contre. Kingsley avait dit qu'ils devraient peut-être attendre encore d'être plus âgés ; après tout, Fred et George venaient juste de se joindre à eux, bien après leurs 18 ans. Fol Œil avait simplement fait remarquer que les jumeaux étaient bien moins sérieux que Ron, Harry et Hermione─ heureusement Fred et George n'avaient pas été là pour l'entendre.
Lui, Remus, n'avait rien dit alors que le débat s'éternisait. Il n'aimait pas particulièrement l'idée que de jeunes âmes innocentes risquent leurs vies pour une cause qui était loin d'être gagnée─ même si, Dieu seul le savait, ils avaient besoin de nouvelles recrues pour combattre dans l'Ordre. C'était bien de les protéger. Ils vivaient dans une ère de haine et de violence, au milieu de laquelle Square Grimmauld une sphère de paix. Un dernier paradis, un dernier refuge qui tiendrait debout jusqu'à ce que tout espoir soit perdu.
D'un autre côté─ à quoi cela servirait-il de les garder à rien faire en train d'attendre d'être engagés comme Aurors si le monde s'écroulait autour d'eux ? Ils ne devaient pas aimer l'idée d'être enfermés.
Sirius n'avait pas aimé ça.
« Franchement, Remus, on n'est plus des gamins! On a tous dix-huit ans ! Et en plus, on va bientôt travailler, » Ron insista, et Harry hocha résolument la tête pour montrer qu'il était d'accord. « On a eu nos lettres du Ministère hier, ils nous ont sélectionnés pour les premiers tests de qualification afin de devenir Aurors… »
Cette nouvelle secoua légèrement Remus. Bien sûr, il avait toujours su qu'ils seraient acceptés… mais l'entendre signifiait que cela arriverait bientôt.
Et alors ? Ca ne voulait pas dire qu'ils faisaient déjà partie de l'Ordre. A présent sa patience s'amenuisait. Il fit claquer sa langue avec énervement, cherchant un argument pour mettre fin à la discussion. Il savait qu'elle ne les mènerait nulle part sinon à un cul-de-sac─ encore une fois. « Ecoutez, ça n'est pas à moi de décider si vous joindrez nos rang, et si ça l'était alors vous n'en feriez jamais partie. »
Il y eut un silence; Ron et Harry avaient l'air stupéfaits de ce ton soudainement tranchant. Mais il ne fallut pas longtemps à Harry pour ouvrir de nouveau la bouche. « Alors t'est pas de notre côté, » dit-il comme si il avait beaucoup de mal à se faire à cette idée. Puis ses yeux s'emplirent de colère. « Pas toi, Remus, » il serra les dents. « C'est toi qui voulait qu'on soit prêts à se battre dans de vrais combats. Et maintenant tu ne veux même pas admettre que tu nous laisserait faire partie de l'Ordre ! Tu crois pas que c'est le moment de─ »
« Taisez-vous ! » Remus cria soudainement.
Harry se tût, pris de cours devant cette soudaine démonstration de rage, mais dans un sens cela ne calma pas du tout Remus. Ils ne comprenaient pas pourquoi il se fâchait ? Il leur ferait comprendre. Il n'était pas seulement en furieux quand il avait des Mangemorts face à lui─ pour une fois, ce serait sur eux qu'il crierait.
« Vous ne comprenez pas, pas vrai? » Remus bondit hors de sa chaise afin d'être plus haut qu'Harry et Ron. « Ca n'est pas comme un jeu de cartes dans lequel vous roulez par terre en cous tordant de rire pendant que vous faites exploser les cartes de vos copains. Il y en a qui MEURENT dans cette guerre ! » Remus poussa sa chaise violemment et sortit en claquant la porte, laissant derrière lui deux garçons de dix-huit ans avec la bouche ouverte.
Il essaya de se calmer; sa réaction était exagérée et il le savait. Ils ne pouvaient pas comprendre, et c'était parfaitement normal ; ils n'étaient que deux garçons… aucun d'eux n'était assez mature pour imaginer ce que c'était, aucun d'eux n'avait réellement vu l'horreur de la guerre. Ils avaient connu quelques batailles, Cédric et Sirius étaient mort, et d'autres gens après cela. Bien sûr. Mais ce n'était pas comme s'ils avaient vu des dizaines de meurtres pas jour. La résistance mentale nécessaire n'était pas une chose à laquelle ils étaient habitués ; la pression sur les amis et la famille n'était pas quelque chose qu'ils pouvaient imaginer.
Ils n'avaient pas été de ceux qui avaient traqué des Mangemorts pendant des jours; ils n'avaient pas été vraiment là-bas, dehors. Et ils n'avaient jamais tué quelqu'un.
Que Dieu les protège de jamais savoir ce qu'on ressentait après cela.
Pour l'instant ils n'étaient que des enfants. C'était normal qu'ils n'agissent pas encore en adultes.
En réalité, se dit-il en voyant Hermione dans le canapé, au moins une personne semblait comprendre. Le livre qu'elle lisait en était un qu'il avait lu lui-même et qui parlait de la reconnaissance que les Elfes de maison méritaient. Au moins elle était assez mature et ses idées sur la liberté des différentes créatures étaient intéressantes. Du fait qu'il était un loup-garou il avait un respect d'autant plus grand pour les gens qui voulaient se battre pour les droits de ceux qui étaient… eh bien, différents.
Hermione entendit ses pas et posa son livre de côté quand il entra. « Est-ce que tout va bien ? » demanda-t-elle, ayant entendu les éclats de voix mais ne voulant pas qu'il se fâche encore plus.
Il soupira et fit plusieurs fois le tour de la pièce en silence, ayant l'air réellement énervé, si bien qu'Hemione finit par se demander si poser une telle question n'avait pas été une erreur. Peut-être aurait-elle dû garder le silence ; sont irritation était évidente.
« Je ne voulais pas─ » commença-t-elle. Elle voulait qu'il comprenne qu'il n'avait pas besoin de parler si il ne le souhaitait pas.
« Ca va, » l'interrompis-t-il. « Seulement─ » il semblait chercher les mots justes. Puis il dit à voix basse, « Ils ne comprennent pas ce que c'est que de combattre. »
Elle avait deviné qu'il parlait de Ron et Harry ; elle aussi s'était souvent demandé si ils savaient que des gens mouraient dans une guerre. Deux ans auparavant, ils connaissaient le danger ; mais maintenant qu'ils n'en avaient plus vu ; pas de batailles, pas de morts pendant deux ans… peut-être qu'ils devenaient insouciants. « Ils veulent juste aider, c'est tout, » dit-elle sans prendre de parti.
« Je sais, » répondit-il les yeux dans le vague. « Ils sont jeunes, » ajouta-t-il ensuite. Elle avait leur âge aussi, et ils le savaient tous les deux. « Ils ne savent pas ce que ça fait de se lever le matin sans savoir si l'on va revenir. » Il vint s'asseoir à côté d'elle sur le canapé, la tête posée dans la paume de la main et un coude sur le genou. Elle frissonna. Sa voix était devenu plus sombre, plus sèche, mais son regard, alors qu'il fixait le mur d'en face sans le voir, était plus perçant que jamais.
« Ils croient savoir… mais ils ne savent rien ! » Remus pensa à Rogue qui reposait dans un lit d'hôpital.
Hermione garda le silence. Elle ne savait pas quoi répondre.
« Ils pensent que c'est simple… »
Remus laissa les mots en suspens, se releva et alla vers la fenêtre. Il ouvrit un rideau, révélant ce qui se trouvait derrière. Il pleuvait dehors ; de gros nuages noirs assombrissaient le ciel. Il continua à regarder, se sentant aussi perdu qu'on petit bateau à rame sur un océan tumultueux. Il n'y avait pas de terre en vue, pas de refuge, rien pour indiquer où il se trouvait. Il n'y avait pas non plus de lumière ; c'était comme si les couleurs n'avaient jamais existées. Tout était gris, d'un gris morose comme son humeur.
Il finit par se retourner. « Ca ne sert à rien d'être brave. Si l'on n'a pas peur on est un idiot, parce qu'il n'y a rien de bon dans la guerre… pas d'honneur… pas de bravoure… » Il ferma les yeux. « Tout est répugnant de toute façon… et quand quelqu'un meurt… il n'y a aucune gloire, aucune fierté. On est juste révolté… Révolté parce qu'on a volé une vie. » Sa voix était empli de regret et les mots sortaient avec difficulté.
Il fallut un moment avant qu'Hermione ne réponde. « Ils savent que ce n'est pas un jeu. »
« Vraiment ? » Il secoua la tête, sa voix se brisant. « Ils pensent qu'ils sont forts et qu'ils sont prêts… » Ils écarta les mains d'impuissance. « Mais ils ne sont absolument pas prêts. Ils n'ont jamais tué personne… » Remus s'arrêta tout d'un coup et Hermione ressentit un besoin pressant de s'approcher de lui pour le réconforter. Elle ne savait pas pourquoi il lui disait tout cela, mais quelque part ça n'avait pas d'importance. Elle aimait entendre sa voix, et savait qu'il se sentirait mieux après avoir parlé à quelqu'un. Sa confession avait beau être étrange, elle voulait qu'il se sente mieux.
« Je suis sûr que leur désir de faire bouger les choses est grand, » Remus prit une longe inspiration pour reprendre confiance en lui. « Mais ils ne savent pas que cela n'a pas d'importance quand on se bat. Tuer un homme et lui prendre la vie… l'entraînement n'est d'aucune utilité pour ça… si on a un cœur ça nous brise de l'intérieur… »
Il s'arrêta, réalisant qui était à côté de lui. Pourquoi disait-il tout cela à Hermione ? C'étaient des choses qu'il gardait toujours enfouies au plus profond de lui-même.
Il ouvrit la bouche pour se justifier. Il savait pertinemment qu'il ne devrait pas lui parler de Rogue… que révéler des secrets de l'Ordre pourrait conduire à pire qu'un simple revoit… Ils avaient des accords secrets, ce n'était pas pour rien. Sauf que… il était sûr qu'elle comprendrait ; sûr qu'elle ne dirait rien à personne, même pas à Ron ou Harry. Et puisqu'il n'y avait personne d'autre dans la pièce…
« Avant, je le haïssais vraiment, » Remus murmura avant de redevenir silencieux.
Elle se tint immobile dans le silence pesant, n'osant pas faire un geste. Alors que la pluie recommençait à tomber elle sut qu'il ne pouvait parler que de Rogue. Rogue était le seul en dehors des Mangemorts qu'elle connaissait que Remus avait haï.
Ses yeux s'écarquillèrent pendant un bref instant mais ce fut tout, et soudainement il devint certain qu'elle savait de quoi il parlait. « Maintenant je ne peut pas m'empêcher de me demander si ça aurait pu être différent. »
Elle ne répondit toujours pas mais hocha pensivement la tête, avec compréhension.
« J'étais aveugle. Mais ça c'est trop tard, pas vrai?" dit-il avec dérision. « Je suis un peu lent, non ? » Son ton devient empli de fureur. « Il m'a dit… Il m'a dit qu'on aurait dû être amis. Moi je n'aurais jamais franchi ce pas jusqu'à lui, mais lui l'a fait. » Il eut un rire sans joie. « Et je suis censé être plus humain ! »
Hermione avait presque peur maintenant. Peur de ce qu'il disait, peur parce qu'elle savait qu'il se faisait du mal. Et peur parce qu'elle ne l'avait jamais vu comme cela.
« Je ne peux pas vivre avec ça ! Je le haïssait comme je hais Voldemort et tous ceux qui combattent à ses côtés ! » Maintenant c'était du dégoût qui ressortait ; du dégoût et du désespoir. « Mon Dieu, je le détestais autant que tous les Mangemorts que j'ai jamais croisé ! »
Elle n'avait auparavant jamais voulu l'aider autant à porter ce fardeau. « Ca ne fais pas de vous l'un d'eux, » trouva-t-elle l'audace de dire.
Il tourna vivement la tête vers elle, comme si il avait oublié qu'elle était là. Pendant un instant elle eut l'impression qu'il répliquerait avec colère, mais non. Tous d'eux écoutèrent pendant quelques secondes la pluie lacérer les vitres, et alors que le bruit s'intensifiait Hermione songea que, s'il n'y avait pas eu cette chaleur suffocante, elle aurait pu se croire déjà en Décembre.
« Je suis désolé, » dit Remus après un moment. Aucune trace de colère─ juste de la fatigue─ ne restait sur son visage quand il revint s'asseoir, cette fois de manière plus calme. Il croisa ses bras sur ses genoux. « Je ne suis pas doué pour remonter re moral de quelqu'un, » il tenta une pointe d'humour pour relâcher l'atmosphère, mais elle ne se sentait pas le moins du monde amusée. Elle avait plus envie de pleurer, en fait.
Remus se releva et cette fois alla jusqu'à la porte. Hermione ne put résister à son désir de le regarder quand il marcha. Il s'arrêta, la main sur la poignée de la porte qui était en forme de serpent. « Cette guerre n'aurait jamais du commencer, » déclara-t-il le dos tourné. Sur ces mots il partit et remonta jusqu'à sa chambre, dans son sanctuaire où, à la lumière du jour, il pouvait s'appesantir sur ses pensées sans personne pour l'observer.
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Harana : Oui il faut souhaiter pas mal de courage à Remus ! Merci encore pour les commentaires…
Lupini-filiae : ah oui le rogue plus humain c'est sûr que ça change ! J'avais toujours eu envie d'écrire une scène où il serait moins froid et distant, alors voilà c'est fait !
Estelle01 : la suite arrive, elle cours !
