Chapitre 2 : Le Seigneur des Ténèbres

Bonsoir, je sais il est déjà tard mais dites-vous que vous pourrez déguster ce chapitre juste avant d'aller vous coucher ! :) De mon côté aujourd'hui en dehors de mes cours, j'ai réussi à relire le chapitre 29 dans son intégralité et il est officiellement prêt pour sa publication lorsque viendra son tour ! :D Je suis contente d'avancer à un bon rythme, j'espère que ce deuxième chapitre de la réécriture de DISS' vous plaira, Harry et Tom vont se faire face et échanger quelques mots pour la première fois mais ce ne sera pas la dernière, je peux vous l'assurer ! Bonne lecture, n'hésitez pas à m'envoyer une review, je serais un train de répondre à celles que j'ai reçu au moment où vous lirez ces lignes ! :)


Harry sentit son corps défaillir et toutes les brides qu'il tentait désespérément de maintenir sur sa magie flanchèrent, se réduisant à néant alors que Voldemort, ou plutôt une version plus jeune de celui-ci, sortait d'un coin de la salle pour se placer sur l'estrade près de la directrice, applaudi par les autres élèves.

Harry envoya un regard meurtri et meurtrier à Minerva McGonagall et celle-ci lui fit signe qu'ils discuteraient plus tard.

La magie du Survivant se fit complètement instable et si personne n'agissait, les autres élèves finiraient par le remarquer.

Severus Rogue s'approcha de Potter et lui souffla de le suivre, ce que fit immédiatement Harry. Il savait que s'il restait dans la même pièce que l'autre, rien ne s'arrangerait.

Il réussit à atteindre un coin désert du château avant de relâcher définitivement la pression, sa magie s'écrasa avec violence sur un des murs du château qui implosa aussitôt. Ce déchaînement dura plusieurs secondes avant que tout doucement, Harry ne réussisse à l'enfermer de nouveau. Le déchirement et la douleur provoqués par une nouvelle inhibition de sa magie le firent tituber et il s'appuya sur les gravats pour tenir debout.

Severus qui, depuis tout ce temps, regardait la scène en essayant de garder son calme demanda d'une voix moins assurée qu'à l'accoutumée.

— Dois-je vous emmener à l'infirmerie, monsieur Potter ?

Il vit Harry se relever et ses yeux le fixèrent, brûlant de la lueur de l'Avada Kedavra. Le Survivant ne lui répondit pas en anglais, seul un sifflement hargneux et assez terrifiant sortit d'entre ses lèvres.

Severus serra les dents quand l'image du Seigneur des Ténèbres se superposa à celle de Potter. À cet instant même, ceux-ci étaient plus similaires que jamais.

Il dit, d'une voix plus déterminée.

— Veuillez vous exprimer dans un langage correct, nous ne sommes plus en guerre.

Apparemment cela fonctionna car, bien que tous les mots aient un accent sifflant, Severus comprit.

— Vous étiez au courant !

Severus soupira et répondit avec précaution, ne souhaitant pas démarrer un combat inutile avec Potter.

— La directrice m'avait tout expliqué, mais ce n'est pas ce que vous croyez. Il a complètement perdu la mémoire. Ces derniers souvenirs datent de l'époque durant laquelle il étudiait à Poudlard. Je l'ai moi-même testé sous Veritaserum puis j'ai exécuté la Legilimancie. Il ne se souvient absolument de rien de postérieur à la création de son premier Horcruxe. Alo-

Potter se mit à hurler, furieux.

— Alors quoi ? Vous lui aviez dit qu'il pouvait rester ici en tant qu'élève, que tout le monde avait le droit à une seconde chance ? Vous vous moquez de moi ! Combien de fois il va falloir que je le tue pour que vous compreniez ? Que faut-il faire pour être coupable dans ce pays ? Il doit commettre combien de meurtres avant d'être arrêté ? Vous savez très bien pourquoi il est là ! Et vous le laissez libre ? Non mieux, non seulement vous le laissez en liberté, mais en plus vous me mettez à sa disposition ! Il veut certainement me tuer ou me torturer... ou faire quoi que ce soit ayant un rapport avec le fait de me voir souffrir. Il est complètement malade !

Rogue ouvrit la bouche pour le contredire mais il n'en eut pas le temps, car le Gryffondor continua.

— Même si ce que vous dites est vrai et qu'il a perdu la mémoire, ça ne change rien. J'ai combattu une version de lui qui avait seulement seize ans et vous pouvez me croire, il était loin d'être sain d'esprit. Vous ne pouvez pas savoir à quel point il a bousillé ma vie. Il est hors de question que je reste ici et cela vaut aussi pour les élèves. Vous ne pouvez pas laisser une école à un psychopathe. Si vous le gardez ici sans surveillance, dans trois jours la moitié de Poudlard lui mangera dans la main et dans une dizaine de jours, vous vous jetterez à ses pieds pour être à nouveau marqué comme l'un de ses partisans !

Au moment où Harry finit sa tirade, Minerva McGonagall fit son apparition, Hermione la suivait et elle se précipita près d'Harry. Elle l'ausculta du regard puis leva la tête vers les dégâts, grimaçant quand elle vit que le professeur Rogue était couvert d'égratignures plus ou moins importantes.

McGonagall fut la première à reprendre la parole.

— C'est justement pour cela que j'ai décidé de le placer dans votre classe. Je suis sincèrement désolée pour tout ce que je vous fais subir mais je n'avais pas le choix, le seul crime commis par monsieur Jedusor date d'il y a plus de cinquante ans, il y a prescription. Severus et moi-même avons expliqué la situation actuelle à Tom Jedusor et il sait tout ce qu'il doit savoir sur la guerre. Il a accepté de rester sous votre surveillance constante et a prêté un serment magique sur sa vie et sa magie qu'il ne blesserait personne volontairement tant qu'il fût dans l'enceinte de ce château. Je sais que la situation est très difficile pour vous mais nous n'avions pas d'autre solution, vous êtes le seul capable de le garder ici sans difficulté, personne ne le connaît mieux que vous et, s'il est en train d'utiliser une ruse, je sais que vous la trouverez. Je m'en remets à vous et je vous demande de rester ici pour le surveiller.

Harry ne répondit rien mais la magie qui tournoyait autour de lui était clairement menaçante. C'est Hermione qui répondit à la directrice.

— Sauf votre respect, madame la directrice, Harry n'est pas une arme. Il n'est pas un objet et vous n'avez en aucun cas le droit de lui imposer quelque chose d'aussi horrible. Ce que vous avez fait ce soir était dangereux. Harry n'était pas le seul à connaître le vrai visage de Voldemort. Pratiquement toutes les huitièmes années et une grande partie des septièmes l'ont reconnu et je peux vous assurer que la nouvelle les laisse autant voire plus inquiets qu'Harry. Harry n'est pas un souffre-douleur et même s'il accepte votre odieux chantage, vous serez responsable des problèmes que ça causera.

Minerva McGonagall, les lèvres pincées, dit faiblement.

— Ce n'est pas du chantage...

Harry se redressa de toute sa hauteur, ses pouvoirs bridés de nouveau, il avança vers la directrice.

— Si je pars, je laisse le Seigneur des Ténèbres dans Poudlard. Je lui laisse des centaines d'étudiants à corrompre ou à abattre. Je le laisse se fabriquer une armée pour que dans quelques années, nous puissions de nouveau nous faire la guerre. Si je reste, je suis enfermé vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jours sur sept, avec mon némésis pendant un an et vous dites que ce n'est pas du chantage ! Vous n'êtes pas en position de force, professeur. Je pourrais créer la panique en quelques minutes, je pourrais retourner la situation en ma faveur. Au mieux, je vous accuse d'être sous son Impérium et au pire, je vous fais passer pour une partisane du Seigneur des Ténèbres. À votre avis, qui le ministère croira ? Vos élèves ayant déjà combattu Voldemort ou vous, isolée dans ce château à sa merci ?

L'ancienne professeur de Métamorphose blêmit brusquement. Harry s'arrêta de marcher, soupira, passa une main dans ses cheveux désordonnés et ajouta.

— Mais je ne le ferai pas, et vous le savez. Je ne m'abaisserai jamais à utiliser les mêmes techniques que lui... je reste, ce château est le seul endroit que j'apprécie. Mais vous êtes prévenue, s'il fait quoi que ce soit que je considère comme préjudiciable, je le tuerais sans états d'âme et comme Hermione vous l'a expliqué, c'est vous qui irez expliquer la situation au ministère. Sur ce, j'ai besoin de quelques minutes pour discuter de tout ça avec les autres. Rendez-vous dans votre bureau pour les termes de l'accord à vingt-deux heures. D'ici là, si je le vois rôder près de mes quartiers, je le tue, j'en fais un Inferius et je l'envoie maudire Fudge pour moi.

Après ces derniers mots, Harry se dirigea vers la Salle sur Demande où il savait que les anciens membres de l'A.D. l'attendaient.

Minerva reprit peu à peu contenance, elle s'adressa à Severus.

— Vous devriez aller faire soigner cela, je vais convoquer monsieur Jedusor pour lui expliquer la situation.

Severus sortit une potion des poches intérieures de sa cape, l'avala d'un trait et il répliqua.

— Je ne vous laisserai pas seule avec lui. Potter a peut-être légèrement tendance à l'exagération mais en ce qui concerne le Seigneur des Ténèbres, j'ai appris qu'il possédait un instinct plus que précis. S'il dit que Jedusor, qu'importe son âge, serait capable de déclarer une guerre en une dizaine de jours, alors je le crois. Monsieur Potter sait malheureusement de quoi il parle.

Minerva regarda les écorchures sur le visage du Maître des potions et finit par soupirer.

— C'est d'accord, vous restez. Mais dès que le contrat sera signé des deux côtés et que Tom Jedusor sera sous la surveillance d'Harry Potter, vous filerez à l'infirmerie.

Severus acquiesça et ils se rendirent tous deux dans le bureau de la directrice où ils convoquèrent Tom Jedusor qui était actuellement assis dans la Grande Salle sous le nom d'emprunt de Thomas Gaunt.

Tom Jedusor pénétra dans le bureau directorial et resta debout, au centre de la pièce, tout en demandant.

— Vous m'avez demandé, madame la directrice ?

Minerva fit signe à Tom de s'asseoir. Severus, lui, regarda avec attention chaque geste du garçon, cherchant un signe, quelque chose qui trahirait le jeune Seigneur des Ténèbres. Celui-ci s'assit en croisant les jambes, son charisme et sa magie étaient similaires à ceux de Voldemort, mais Tom Jedusor, d'après les dires de Dumbledore et de Potter, avait toujours été ainsi.

Minerva commença par dire dans un souffle et d'une voix un peu faible.

— Il a accepté.

Aussitôt, Severus vit le visage de Tom s'éclairer et un léger sourire apparut sur ses lèvres, le jeune homme eut l'air très satisfait juste avant que l'expression tout entière ne disparaisse, remplacée par un masque vide.

Jedusor dit avec un air assez détaché.

— Le château tout entier a tremblé sous sa colère. Je pensais, au vu du regard meurtrier qu'il m'a lancé, qu'il me tuerait dans l'heure ou qu'il quitterait l'Angleterre.

Severus répondit, ayant lui-même subi la colère du Gryffondor.

— Vous pouvez me croire, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Mais Potter, malgré ses quelques éclats, est parfaitement capable de réfléchir et de prendre une décision mûrie.

Severus guettait le moindre signe de colère chez Jedusor, il savait que le Seigneur des Ténèbres aurait été complètement fou de rage face à cette réplique. Mais à la surprise de Severus, Tom Jedusor se mit à sourire.

— Pour un Gryffondor, c'est étonnant. Vous semblez avoir beaucoup de respect pour lui, professeur.

Severus ne répondit rien, surpris par les propos du jeune Seigneur des Ténèbres. Après un silence de courte durée, ce fut Minerva qui répondit.

— Toutes les personnes de ce château respectent Harry, certains ne l'apprécient pas particulièrement et d'autres y sont indifférents, mais tous le respectent ; comme on respecte quelqu'un lorsqu'il nous sauve la vie.

Jedusor fronça alors très légèrement les sourcils.

— Je ne sais pas précisément ce que j'ai fait durant votre guerre, je n'ai pas eu l'occasion de me renseigner mais cela devait être assez terrible pour que le monde magique tout entier soit si reconnaissant envers monsieur Potter.

Severus reprit la parole, testant toujours le Seigneur des ténèbres.

— Vous vous trompez. Certes, vos actes étaient terribles mais pas plus que ceux d'autres Seigneurs des Ténèbres. Ce n'est pas seulement grâce à votre destruction que le monde magique le respecte. Harry Potter, que vous fussiez là ou pas pour empirer la situation, s'est toujours attiré tout un tas de problèmes.

Minerva McGonagall eut un sourire empreint de nostalgie et elle dit doucement.

— Il est vrai qu'il était un enfant étonnant. Je me souviens qu'alors qu'il n'était qu'un bébé, il a accidentellement enchanté les peluches qui lui avaient été offertes. James et Sirius ont d'abord trouvé ça très amusant mais les peluches mobiles empêchaient ses parents de l'approcher et c'est finalement Lily qui a dû les détruire. Il me semble qu'Harry Potter ne doit même pas connaître cette histoire...

Jedusor, sa tête contre ses mains liées accoudées à son fauteuil écoutait avec attention la petite histoire, ses yeux prirent une teinte rougeoyante lorsqu'il dit.

— C'est impressionnant, un enchantement si puissant réalisé pendant sa petite enfance. Harry Potter n'est vraiment pas ordinaire.

McGonagall, toujours plongée dans ses souvenirs, corrigea Jedusor sans le voir.

— En fait, il venait seulement de fêter son premier anniversaire.

Puis elle regarda Jedusor et remarqua immédiatement la lueur rougeâtre dans les yeux du jeune homme. Celui-ci murmura lentement fascinant et Minerva eut un frisson désagréable.

Severus, lui aussi particulièrement mal à l'aise, mit fin à cette conversation déplaisante.

— Il a été convenu qu'il viendrait ici à vingt-deux heures pour établir un accord avec vous. D'ici là vous êtes libre de faire ce qu'il vous plaira monsieur Jedusor. Harry Potter a aussi ajouté que s'il vous croisait près de ses quartiers avant l'accord, il vous tuerait, vous transformerait en Inferius et vous enverrez maudire monsieur Fudge pour lui. Je vous prierai donc d'éviter le septième étage.

Jedusor fit un autre sourire, ses yeux rougeoyant toujours.

— Charmant, je ne savais pas qu'il donnait dans la nécromancie.

Severus se sentit obligé de répliquer.

— Il combat le feu par le feu, c'est un Gryffondor.

Jedusor était déjà en train de franchir le pas de la porte, mais Severus était sûr qu'il souriait encore plus désormais.

Dès qu'il entendit les pas de Jedusor s'évanouir dans l'escalier, il prit immédiatement une chaise et les jambes tremblantes, il s'adressa à Minerva.

— Monsieur Potter a raison Minerva, Tom Jedusor, qu'il soit ou non le Seigneur des Ténèbres, est obsédé par lui. Il a un problème, vous l'avez vu comme moi, je ne sais pas ce qu'il prévoit de faire mais cela a un rapport avec Harry.

Minerva comprenait la réaction de Severus mais elle essaya tout de même de le rassurer.

— Voyons Severus, vous exagérez. Son intérêt me paraît normal : imaginez que vous perdiez tous vos souvenirs et que l'on vous explique ensuite que vous êtes à l'origine de la dernière guerre magique et que l'homme qui vous a éliminé se trouve maintenant tout proche de vous. Vous voudriez probablement savoir qui est cette personne et pour monsieur Jedusor, c'est la même chose. Il s'intéresse seulement à ses souvenirs perdus, il n'y a aucun mal à cela.

Severus grogna quelque chose d'inaudible avant de dire.

— Si vous le dites. Mais je soutiens le fait que son intérêt pour Potter est tout sauf naturel. Vous ne l'avez pas vu lorsqu'il était Seigneur des Ténèbres. Potter était devenu son obsession, bien plus que d'éliminer les moldus ou que prendre le pouvoir sur le monde magique. Son but premier était de tuer Harry Potter coûte que coûte, de toutes les manières possibles et imaginables. Vous-savez-qui avait, et a toujours eu, une obsession particulièrement malsaine concernant Harry Potter et je ne pense pas que cela changera.

Minerva soupira et ajouta dans un murmure.

— Car aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survit...

Severus sentit un mal de tête conséquent poindre le bout de son nez ; cette année allait être bien trop compliquée pour lui.

C'est sur cette pensée qu'Harry retrouva les huitièmes années et la Salle sur Demande.

La Salle sur Demande s'était adaptée pour correspondre à une salle commune ordinaire comme celle des quatre autres maisons de Poudlard, tout en restant très similaire à cette salle qu'Harry utilisait il y a quelques années pour donner des cours de Défense contre les forces du Mal.

Le Gryffondor appréciait l'endroit, il était heureux que cette salle ait été reconstruite et qu'elle soit leur nouvelle salle commune.

Harry, debout face à ses camarades, leur demanda d'abord du calme. Depuis que la nouvelle était tombée, la panique avait pris le dessus et les huitièmes années - dont nombre d'entre eux étaient d'anciens membres de l'A.D. - se comportaient comme si une bataille allait éclater à tout moment.

Harry s'adressa à tous.

— S'il vous plaît, ce n'est pas en hurlant que l'on réglera le problème.

Seamus cria, appuyé par Dean.

— Harry a raison, il n'y a pas plusieurs solutions. Le mieux est encore de le tuer, de réduire son corps en cendres puis de les sceller. Cela l'empêchera de revenir.

La moitié de la salle les regarda d'un air un peu inquiet, ils avaient l'air très satisfait de leur idée. Hermione soupira.

— Les garçons, sérieusement. Vous savez que l'on ne peut pas faire ça. Harry a accepté l'accord alors on va devoir supporter Jedusor et le surveiller. Mais s'il fait quelque chose de mal, et uniquement à ce moment-là, vous pourrez mettre votre plan à exécution. Personnellement, après avoir scellé les cendres, je les balancerais à travers le Voile de la mort.

La moitié de la salle acquiesça avec sérieux et Drago Malefoy éclata de rire. Il s'excusa.

— Je suis désolé, je suppose que c'est nerveux mais vous êtes trop drôles.

Harry qui s'était assis dit.

— Malefoy a raison, c'est ridicule. Pour le moment, contentez-vous d'être capables de croiser Jedusor sans le maudire. Je sais que pour nous tous, il est le meurtrier qui a détruit nos familles, mais nous devons attendre une erreur de sa part avant d'agir. Ensuite seulement, nous le traînerons en justice et il recevra le Baiser du Détraqueur. Nous ne sommes pas en guerre alors essayons d'agir comme des civils et si cela ne fonctionne pas... On improvisera.

Un silence lourd s'étendit, il fut brisé par un sanglot étouffé de Neville.

— Je... je pensais que c'était fini qu'on était libre, que cette année, on pourrait se reposer tous ensemble... je voulais être tranquille, je voulais avoir une année normale...

Luna le prit immédiatement dans ses bras pour le bercer un moment. Les paroles de Neville jetèrent un froid sur la salle. Harry sembla en être le plus affecté.

Il dit en s'adressant non seulement à Neville mais aussi aux autres.

— Tu peux partir Neville si tu veux. Vous pouvez tous partir. Je serais très heureux si vous restez avec moi mais si vous voulez partir pour passer vos diplômes ailleurs, dans une autre école, dans un autre pays. Alors ça me va, si j'avais eu le choix, je suppose que j'aurais aimé pouvoir partir moi aussi.

Neville, toujours larmoyant, releva son visage triste vers Harry. Il se leva et prit son ami dans ses bras avec force. Ce n'était qu'un murmure, mais tout le monde l'entendit.

— Comment peux-tu penser que l'on serait plus heureux loin de toi, loin de Poudlard ? Tu es idiot. On est là et on ne compte pas s'en aller. Voldemort n'est plus ton problème, il est celui de cette école. Tu n'as pas à porter ça tout seul.

Harry finit par lui rendre son étreinte, soulagé.

Le temps passa très vite et après cela, toutes les huitièmes années s'éparpillèrent dans la salle commune en se préparant plus ou moins à cette rentrée scolaire peu ordinaire.

Un petit groupe constitué d'anciens Serdaigles et Poufsouffles avait décidé de créer des amulettes protectrices contre l'Imperium et tout autre sort de contrainte mentale. Ils savaient le Seigneur des Ténèbres habile à cela et ils voulaient être protégés de ses manipulations. Harry avait approuvé l'idée avec le sourire.

Tous se retrouvèrent alors à fabriquer de petites amulettes magiques avec des protections assez puissantes pour dévier au moins un Legilimens.

Peu de temps après, chaque huitième année avait une chaînette au ras-du-cou, enchantée pour résister à Jedusor.

Hermione et Drago ainsi que Neville et Luna - qui malgré son année d'écart restait souvent avec eux en souvenir de l'A.D. - travaillaient sur une version plus puissante du collier qu'ils voulaient offrir à Harry puisque celui-ci était occupé à placer les enchantements sur chaque petite amulette.

Quand la vingt-deuxième heure sonna, Harry se leva, tendu. La quasi-totalité de la salle voulait qu'Harry y aille accompagné mais celui-ci préférait s'y rendre seul.

Étrangement, seul Malefoy réussit à le convaincre.

— Cela ne me dérange pas que tu y ailles seul, tu peux gérer Jedusor mais j'aimerais venir avec toi. Contrairement aux personnes de cette salle, je ne connaissais pas le vrai visage du Seigneur des Ténèbres. Je veux me faire une idée plus exacte de la personne à qui je devrais faire face alors me laisser t'accompagner me rendra service.

Hermione avait remarqué que cette mise en scène était simplement une technique de Serpentard pour pouvoir veiller sur Harry. La majorité des personnes de cette salle étaient des Gryffondor et aucun d'entre eux n'aurait eu l'idée d'utiliser un tel stratagème, ce qui rendait Drago crédible.

Mais, au vu de l'expression d'Harry lorsqu'il accepta, il avait parfaitement compris ce que faisait Malefoy et cela ne le dérangeait pas. Le principal, au final, était que quelqu'un aille avec Harry pour garder ses arrières.

Harry se dirigea jusqu'au bureau de la directrice, Drago sur ses pas. Ce dernier, légèrement sensible à la magie, pouvait sentir celle d'Harry s'élever avec férocité autour de lui, le protégeant, prête à se déchaîner à la moindre menace.

Harry était sous pression et cela se ressentait dans tous ses mouvements. Plus rapide, plus précis ; chacun de ses gestes était fait comme si la moindre erreur pouvait lui coûter la vie. Dans son esprit, c'était probablement le cas. Pour tous, une erreur face à Lord Voldemort était le synonyme de la mort.

Harry essayait de garder son calme. Il avait repéré depuis un moment maintenant la présence de Jedusor face à lui. À plusieurs centaines de mètres, certes, mais c'était bien l'aura magique de Tom Jedusor - ou de Voldemort - peu importe son nom.

Il utilisa le surplus magique qui lui échappait continuellement pour renforcer ses boucliers d'Occlusions ; ceux-ci avaient tendance à être fragilisés lorsqu'il se retrouvait en présence de l'autre.

Drago se mordit l'intérieur des joues lorsqu'il vit Tom Jedusor, le Seigneur des Ténèbres, sagement appuyé contre le mur près de l'escalier menant au bureau directorial. Un livre était présent entre ses mains et le blond sentit son appréhension grandir lorsqu'il en déchiffra le titre : Harry Potter sa vie, son histoire. Magie noire et organisation secrète, découvrez la vérité derrière les titres du Survivant. Par Rita Skeeter.

Drago lança un regard légèrement inquiet à Harry. Non seulement il devait faire face à Voldemort mais en plus, Drago se souvenait de sa réaction lorsqu'il avait découvert ce bouquin. Le 12 Square Grimmaurd ne s'en serait jamais relevé si Hermione ne lui avait pas assuré qu'elle réussirait à faire interdire ce livre à la vente...

Harry s'approcha de Jedusor dans un calme étrange, semblable à celui qui vient avant la tempête. Bien sûr, Jedusor releva immédiatement la tête et un petit sourire étira ses lèvres, ce qui augmenta de plusieurs crans la colère de l'Élu. Pourtant, extérieurement, le Gryffondor resta très calme.

Sa magie, même sans maîtrise, s'installa autour de lui, puissante et protectrice. Il connaissait le Seigneur des Ténèbres et qu'importe la version à laquelle il avait affaire de celui-ci, il ne le craignait pas.

Il le salua d'ailleurs le premier d'un "Voldemort" prononcé calmement.

Le visage de Tom Jedusor devint véritablement joyeux et il dit.

— Vous êtes la première personne que je croise qui ose m'appeler par mon véritable nom. Ravi de faire votre connaissance, monsieur Potter.

Harry ne réagit pas à cela. Soit Jedusor était un excellent comédien, soit Rogue avait dit la vérité et la mémoire de celui-ci remontait à l'époque où il était à Poudlard.

Toujours face à Tom, ne faisant aucun mouvement superflu, prêt à saisir sa baguette lorsqu'il le faudrait il répliqua.

— J'aurais aimé t'en dire autant mais malheureusement, notre dernière rencontre était tout sauf amicale.

Drago regardait l'échange comme on regarde un match de tennis moldu, un coup à droite puis un coup à gauche. Il était tellement inquiet de la tournure que pourraient prendre les choses qu'il hésitait à saisir dès maintenant sa baguette.

— C'est ce que j'ai cru comprendre, répondit avec facilité Jedusor.

Il agita négligemment le livre qu'il tenait encore de sa main gauche et rajouta en fixant intensément Potter.

— Ainsi nous avions l'habitude de nous tutoyer ?

Harry, ne se laissant pas déconcerter par cette question inattendue, répondit par automatisme.

— Tu ne m'as jamais vouvoyé et j'ai arrêté de le faire le jour où tu as commandité la mort de mon parrain.

Drago se sentit particulièrement mal à l'aise d'observer cette conversation qui, il le savait, ne finirait pas bien. Il se racla la gorge, ce qui attira immédiatement l'attention des deux mages les plus puissants de Poudlard, voire d'Angleterre, sur lui. Drago déglutit silencieusement et dit lentement, en gardant du mieux que possible son calme.

— Nous avions rendez-vous à vingt-deux heures, la directrice doit nous attendre.

— Tu as raison allons-y, acquiesça Harry.

Il s'avança vers l'escalier, suivi de près par Tom. Drago, bien que derrière eux, put entendre Jedusor chuchoter à Harry d'un air amusé.

— Un Malefoy ?

Harry ignora la question de Jedusor et ils arrivèrent tous les trois dans l'habituel bureau circulaire.

Harry s'attendait toujours à voir Albus Dumbledore debout derrière ce meuble mais ce n'était plus le cas. Minerva McGonagall et Severus Rogue étaient tous les deux derrière le bureau assis côte à côte.

Harry gratifia la directrice d'un regard meurtrier, puis salua poliment Rogue d'un signe de tête.

Il prit silencieusement place sur une des deux chaises face au sous-directeur et à la directrice et vit Jedusor faire de même. Il ne l'avouera jamais à voix haute, mais il fut rassuré de sentir la présence de Malefoy dans son dos. Il savait que celui-ci était de son côté et qu'il le resterait.

McGonagall commença les hostilités.

— Je suis contente que vous soyez venu monsieur Potter.

Harry répondit, toujours tendu.

— Je vous ai dit que j'acceptais, je ne change pas facilement d'avis.

Les étagères autour du bureau tremblèrent un peu et les objets en verre tintèrent sinistrement. Minerva soupira. Elle avait l'air triste et fatiguée, de larges cernes marquaient ses yeux.

Severus comprit que la directrice était un peu dépassée par les événements, alors il dit.

— Monsieur Potter, vous devez simplement accepter de garder un œil sur Tom Jedusor, ici nommé Thomas Gaunt, pendant toute la durée de l'année scolaire qui déterminera si, oui ou non, monsieur Jedusor ici présent est digne de confiance.

Harry Potter vrilla ses yeux dans ceux du professeur Rogue de manière à voir si celui-ci croyait réellement les inepties qu'il racontait.

Severus soutint le regard de son élève un moment, se demandant si celui-ci irait jusqu'à utiliser la Legilimancie, qu'il lui avait lui-même enseignée, sur lui. Mais Potter finit par détourner le regard.

Harry se réinstalla profondément sur son siège et dit d'un coup.

— Malefoy, je t'en prie.

Immédiatement, Drago Malefoy sortit un parchemin et le tendit à Potter qui le regarda un moment puis le posa à plat sur le bureau, juste en face de Jedusor.

— Si tu signes ça, alors nous aurons un accord.

Severus et Minerva avaient beau regarder le parchemin, ils ne voyaient rien d'autre que de multiples vagues de toutes tailles et dans tous les sens qui ondulaient sur le parchemin de manière hypnotique.

Jedusor saisit le parchemin sur le bureau puis il lança un regard appréciateur à Potter.

— Du fourchelang écrit.

Ce n'était pas une question, juste une affirmation et Harry ne répondit rien. Le mage noir passa un certain moment à lire le parchemin, parfois à voix haute tout en regardant Potter qui demeurait muet.

Jedusor fit un mouvement légèrement plus brusque que les autres en reposant le parchemin et en un quart de seconde, il se retrouva avec une baguette crépitante de manière menaçante sous sa gorge.

Tom se contenta de lever les yeux vers Harry qui tenait toujours sa baguette contre sa gorge et siffla quelques mots en fourchelang que personne à part Harry ne comprit. Harry retira lentement sa baguette de la gorge de Voldemort et se rassit. Il fit apparaître une plume de sang d'un coup de baguette et la tendit à Jedusor sans un mot.

Celui-ci la saisit et inscrivit une autre ligne composée de vaguelettes sur le parchemin. La ligne se reproduisit immédiatement sur le dos de la main gauche de Jedusor en lettres de sang. Quand il eut fini, il lança un regard à Potter qui dit.

— C'est parfait. L'accord est conclu. Si vous n'avez plus besoin de moi, j'ai un premier jour de classe à préparer.

Alors qu'Harry s'apprêtait à se lever de son siège, la directrice lui demanda.

— J'aurais aimé connaître le contenu de ce contrat ?

Les étagères tremblèrent de nouveau.

— Si je l'ai écrit en fourchelang, c'est qu'il y a une raison. Mais je suis sûr que Voldemort se fera un plaisir de vous expliquer en quoi consiste ce contrat. Si vous voulez bien m'excuser, j'aimerais profiter de mes dernières heures de calme pour réunir une équipe de recherche.

Severus fronça les sourcils, alors qu'il regardait Potter se lever, il demanda.

— Pardonnez-moi monsieur Potter, mais je ne vois pas à quoi une équipe de recherche pourrait vous servir.

Harry se retourna d'un quart de tour avant de franchir la porte. Il lança d'abord un regard à Voldemort avant de revenir sur le professeur Rogue.

— Vous aviez raison professeur, Voldemort a perdu plus de cinquante années de souvenir. Et si ce que vous m'avez dit est vrai et que son dernier souvenir est réellement celui d'avoir fabriqué son premier Horcruxe, alors tout comme lui, ce Horcruxe est peut-être de retour. Nous ne pouvons pas laisser un possible Horcruxe dans la nature. Par conséquent je compte retrouver ce Horcruxe, récupérer un croc de Basilic et le détruire avant que le fait d'avoir un Horcruxe ne donne des idées de mégalomane à Thomas Gaunt.

Harry avait ouvert la porte et commençait à descendre l'escalier quand Minerva McGonagall ajouta en se levant.

— Comment pouvez-vous être sûr qu'il ait réellement perdu la mémoire ?

Harry répondit, au loin.

— Le Voldemort que j'ai combattu n'aurait jamais signé ce contrat.

À suivre...