Chapitre 4 : Camoufler nos vices

Coucou ! Nous sommes le 6 mars et voici le chapitre 4 ! Ce qui signifie que vous aurez le chapitre 26... le 28 mars et je pense vous publier le 27 le dernier jour de ce mois-ci (c'est un 31 non ? Je ne suis jamais sûre !) ainsi vous aurez toute la réécriture plus le premier chapitre inédit dans le même mois. Je suis en train de réfléchir à un rythme de parution et plus j'y pense et plus je me dis que deux chapitres par mois ce serait très bien, je n'arriverais pas à faire plus et un seul chapitre par mois, c'est trop peu ! Bon j'arrête de vous embêter avec mes calculs et je vous souhaite de passer une bonne lecture sur ce chapitre 4 qui est un des chapitres du début de l'histoire qui apportent pas mal d'éléments de compréhension pour la suite ! Laissez-moi une petite (ou grande) review en partant !


Tom resta un moment avec Harry sur le rebord de l'alcôve sans parler, sans même faire le moindre mouvement.

Les deux sorciers étaient plongés dans leurs propres pensées et aucun d'eux ne semblait particulièrement gêné par la présence de l'autre.

C'est seulement une heure plus tard, alors que le soleil était maintenant haut dans le ciel, qu'Harry se releva en s'étirant.

— Nous ferions mieux de retourner à la Salle sur Demande. J'ai envie de prendre une douche.

Jedusor acquiesça en silence et se contenta de se maintenir à la hauteur de Potter pendant que celui-ci les reconduisait vers le septième étage. Il observa ses manœuvres mais jamais il ne distingua ce qui déclencha l'apparition de la porte.

Une fois rentrés dans la salle commune - qui avait gardé les couleurs de Gryffondor - Harry se dirigea immédiatement vers la salle de bain, abandonnant ainsi le Seigneur des Ténèbres au milieu des fauteuils et des tentures rouge et or.

Il savait que Voldemort ne pourrait pas sortir d'ici sans lui. La porte avait disparu dès qu'il l'avait passée et Jedusor ne connaissait pas le moyen permettant de la faire réapparaître. C'est donc sans inquiétude qu'il laissa Voldemort se promener dans la parfaite réplique de la salle commune des lions.

Hermione faisait toujours partie des premiers levés. Elle savait qu'Harry dormait peu, voire pas du tout, donc elle réservait toujours une partie de sa mâtinée à vérifier qu'il n'était pas parti s'attirer des ennuis.

Elle avait confiance en lui mais Harry avait un don pour s'empêtrer dans des problèmes d'une envergure toujours plus grande, veiller à ce que celui-ci soit en bonne santé chaque matin était alors devenu une mauvaise habitude.

Lorsqu'elle pénétra dans la salle commune, Hermione ne fut pas surprise par la décoration toute Gryffondor qui régnait dans la pièce.

Par contre, elle eut un petit mouvement de recul instinctif lorsqu'elle vit Tom Jedusor - assis dans un des seuls fauteuils de la salle qui n'avait pas changé, lisant innocemment un livre ayant pour titre : Harry Potter, sa vie, son histoire. Magie noire et organisation secrète, découvrez la vérité derrière les titres du Survivant.

Hermione pouvait dire, en regardant Jedusor, que celui-ci ne devait pas avoir dormi de la nuit. Sa tenue était parfaitement similaire à celle d'hier soir. Or, si Tom Elvis Jedusor n'avait pas dormi de la nuit, alors Harry ne l'avait pas fait non plus.

Elle demanda avec suspicion.

— Où est Harry ?

Le mage noir ne daigna même pas lever les yeux de son livre, il répondit avec neutralité.

— Les gens ayant un minimum d'éducation commencent par saluer quelqu'un avant de lui poser une quelconque question. Mais, étant donné que la politesse ne semble pas avoir d'importance ici, monsieur Potter est actuellement en train de prendre sa douche et ce, depuis environ huit minutes. Satisfaite, mademoiselle Granger ?

Hermione renifla et souffla un.

— Oui, très satisfaite. Même si le fait que vous comptiez le nombre de minutes que Harry passe dans la salle de bain me semble anormal.

Jedusor ne répondit rien et ne montra aucun signe d'avoir entendu Hermione, il poursuivit sa lecture sans ciller. Ce fut seulement trois minutes plus tard, quand Harry descendit les marches menant à la salle de bain, qu'Hermione entendit Jedusor dire sur un ton légèrement provocant.

— Onze minutes et trente-trois secondes.

Hermione ignora le mage noir qui, de toute évidence, faisait exprès de l'énerver et alla saluer Harry, ravie de constater que celui-ci avait l'air en forme.

Il ne portait pas encore sa robe d'uniforme, seulement un pantalon noir et une chemise blanche sans cravate non plus, juste un écusson à l'image des quatre maisons sur sa poitrine, mais Hermione connaissait assez bien Harry pour savoir que celui-ci ne porterait probablement pas une seule fois son uniforme correctement de toute l'année scolaire.

Cela la fit plus sourire qu'autre chose, Harry n'obéissait jamais aux règles et ça ne changerait pas.

Le brun passa d'ailleurs une main dans ses cheveux encore légèrement humides en souriant.

— Tu es bien matinale. Je te rassure tout de suite, je vais bien. Oh ! et Malefoy va sûrement être de mauvaise humeur ce matin, il a mal dormi.

Alors qu'Hermione allait répondre, Dean et Seamus descendirent en bâillant. Ils dirent de concert.

— Cela ne changera pas de d'habitude.

Et on entendit au loin.

— Je suis réveillé, alors évitez de parler dans mon dos quand je peux vous entendre.

Harry fit un clin d'œil aux deux Gryffondor et dit en parlant plus fort.

— Oui, chaque lundi matin il est imbuvable et il fait subir sa mauvaise humeur à tout Poudlard.

Seamus et Dean acquiescèrent alors que, de loin, on entendait Malefoy crier.

— Potter ! Je te jure que, si je t'attrape... arg, qui a laissé traîner ses manuels ?

Harry éclata de rire en entendant le bazar que Malefoy faisait au premier étage. Il ajouta.

— Il faudrait déjà que tu arrives à sortir de ton lit, Malefoy.

Seamus et Dean éclatèrent de rire alors que l'on entendait Malefoy trébucher en jurant. Il n'était pas du matin.

Hermione leva les yeux au ciel et secoua la tête en prenant la direction du dortoir des garçons.

— Ce n'est pas drôle, je vais essayer de faire en sorte qu'il soit prêt avant le cours du professeur Binns.

Seamus caqueta, toujours mort de rire.

— Au pire, il pourra finir sa nuit pendant le cours. Harry le fait depuis qu'il a treize ans et personne ne lui a jamais rien dit.

Hermione monta l'escalier en grondant.

— Harry n'est pas un exemple !

Ce qui fit de nouveau éclater Seamus et Dean de rire.

Rires qui s'arrêtèrent immédiatement lorsque les deux compères de Gryffondor se rendirent compte de la présence d'un intrus dans la salle. Effectivement, dès que Seamus et Dean virent que Tom Jedusor observait Harry Potter, ils pâlirent un peu, soudainement effrayés.

Harry remarqua immédiatement leur inconfort. Il se contenta d'un geste apaisant et les deux Gryffondor se détendirent, comprenant que la situation était sous contrôle. D'ailleurs, Jedusor ne tarda pas à s'éclipser vers la salle de bain, ce qui permit à Dean et à Seamus de dire à Harry, l'air un peu inquiet.

— Harry, on ne veut pas t'effrayer ou un truc comme ça, mais Jedusor ne te regarde vraiment pas d'une manière normale.

Neville, qui était arrivé discrètement peu avant, renchérit.

— C'est vrai, je l'ai vu te regarder de haut en bas et ses yeux sont devenus rouges.

Harry se frotta un peu la nuque, signe d'agacement chez lui, et finit par dire.

— Écoutez, Voldemort a toujours eu une sorte d'obsession me concernant. Je ne pense pas que ça va changer maintenant. Je peux gérer ça, ok ? Il ne fera rien dans l'enceinte de Poudlard et je ne sais même pas encore quels sont ses plans. S'il tente quelque chose, je l'arrêterai.

Seamus n'eut pas l'air convaincu.

— Ouais, si tu veux, mais à mon avis tu ne devrais pas rester seul trop longtemps avec lui. Je ne sais pas ce qu'il te veut, mais c'est forcément un truc pas net. Comme t'utiliser pour un rituel de magie noire lui permettant de récupérer ses souvenirs, ou te tuer pour créer un mouvement de panique lui permettant de reprendre le pouvoir. Voire pire, il pourrait te laver le cerveau pour faire de toi sa marionnette-

— Stop !

Harry arrêta Seamus avant que celui-ci n'aille plus loin et dit, un peu inquiet en pensant que Jedusor devait avoir pensé à tous ces plans bien avant Seamus.

— Je crois que j'ai compris. Je ferais attention et je compte sur vous pour ne pas plonger tête baissée dans l'un de ses pièges. En attendant, vous jouez la comédie ; il est Thomas Gaunt, un étudiant étranger qui passe son diplôme à Poudlard dans le dessein de pouvoir vivre en Angleterre par la suite. Pas de Seigneur des Ténèbres, ni de mage noir. Essayez de jouer le jeu au moins en dehors de la Salle sur Demande afin de ne pas créer de mouvement de panique. Si vous pouviez passer le mot aux autres, ce serait génial. Plus notre comportement envers lui aura l'air naturel, moins les élèves les plus soupçonneux feront des recherches. Les professeurs sont au courant donc si vous n'avez pas envie de jouer le jeu en classe, vous pouvez. Tant que ça reste entre les huitièmes années, il n'y a pas de problème.

Seamus, Dean et Neville acquiescèrent sérieusement, comprenant le véritable enjeu derrière leurs comportements lorsqu'ils sortiront d'ici.

Peu à peu, tous les huitièmes années se réveillèrent et la cohue habituelle que provoquait un premier jour de classe envahi toute la Salle sur Demande. Certains auraient pensé que la guerre avait changé ces enfants en soldats, et qu'ils n'étaient plus capables d'agir comme des adolescents, mais cela aurait été une pensée erronée.

Parfois, certains silences étaient lourds, empreints de regret, et d'autres fois certaines conversations anodines tournaient à la crise de larmes, mais les élèves les plus âgés de Poudlard avaient su rester eux-mêmes.

Harry non plus n'avait pas changé de comportement, il faisait les choses exactement de la même manière qu'il les avait faites toute sa vie. Pour lui la guerre n'avait jamais prit fin car elle n'avait jamais vraiment commencé.

Tout petit déjà, les Dursley l'avaient obligé à se battre pour survivre, puis Hagrid et Dumbledore lui avaient maladroitement expliqué qu'un mage noir sous forme d'esprit souhaitait l'abattre et depuis, les choses étaient restées ainsi.

Chaque année, Harry combattait, des enfants méchants à l'école moldu jusqu'aux Mangemorts tueurs multirécidivistes à Poudlard. C'était l'évolution logique des choses. La guerre ne pouvait pas le briser, il n'avait jamais eu le temps de se construire autrement qu'avec elle.

Cette année serait la dernière qu'il passerait à Poudlard et, peut-être était-il temps pour lui et pour tous les enfants qui avaient vécu cette guerre de l'intérieur de construire leur vie, au-delà de la peur de se réveiller acculé par un fou voulant démolir le monde afin de le reconstruire à son image.

Le mot au sujet du comportement à adopter envers Tom Jedusor parcourut rapidement la salle et tous furent au courant en un temps-record.

Des groupes se formèrent rapidement, certaines personnes partirent vers la Grande Salle pendant que d'autres allèrent récupérer des manuels à la bibliothèque pour pouvoir faire le premier cours d'Histoire de la magie dans de bonnes conditions.

Si bien qu'Harry, Neville et Luna se retrouvèrent en compagnie de Jedusor à attendre Drago qui semblait prendre son temps pour se préparer. Hermione tapait du pied en décomptant les minutes à voix haute devant la salle de bain en espérant - en vain - que cela ferait sortir plus vite le blond.

Malefoy sortit finalement cinq bonnes minutes plus tard en faisant la moue. Ses premiers mots furent.

— Je ne peux pas sortir coiffé comme Potter, cela détruirait à jamais ma réputation.

Harry entendit Neville demander en chuchotant, sans méchanceté.

— Mais de quelle réputation il parle ? Suivit du rire mélodieux de Luna.

Ils entendirent de loin Hermione dire à Drago qu'il était très bien ainsi. Ce qui eut au moins le don de convaincre le blond à sortir petit déjeuner.

Harry lança un regard à Jedusor qui, toujours tiré à quatre épingles, lisait la même horreur que la veille. Voldemort capta immédiatement son regard et Harry dit en s'adressant à tous.

— Si vous êtes prêts, on peut y aller ?

Tous acquiescèrent en se levant. Immédiatement, une porte apparut pour donner juste devant la Grande Salle.

Harry sentit Jedusor se placer à sa droite, un peu trop proche de lui à son goût, mais il ne dit rien et se contenta d'entrer dans la Grande Salle.

Tom pensa qu'il aurait fallu être aveugle et sourd pour manquer l'arrivée de Potter. La Grande Salle tout entière devint silencieuse plusieurs secondes et tous les regards se tournèrent vers Harry. Le plus étonnant était sûrement que celui-ci ne se rendit absolument pas compte de la situation, continuant de bavarder tranquillement avec Hermione Granger, comme si de rien n'était, tout en se dirigeant vers la cinquième table réservée aux huitièmes années.

Peu à peu les conversations reprirent et Tom entendit Malefoy chuchoter à côté de lui.

— Ne faites pas attention à ça, Potter est inconscient de ce genre de choses, ils arrêteront dans quelques jours.

Jedusor releva un sourcil, surpris que Malefoy lui adresse la parole, et répondit en suivant le groupe vers la table.

— Inconscient ?

Malefoy acquiesça en lançant un coup d'œil à Harry.

— Une sorte de mécanisme de défense peut-être ? Une part de lui doit penser qu'en ignorant l'attention des autres, ceux-ci finiront par oublier son existence. Autant vous dire que cela ne fonctionne pas toujours.

Jedusor reporta son attention sur Potter qui, à peine assit, fut accosté par une fille rousse qui le salua en se collant à lui. Jedusor grimaça en demandant.

— Qui est-ce ?

Malefoy fit également une grimace lorsqu'il vit les épaules d'Harry se raidir.

— Ginny Weasley, Gryffondor de septième année. Elle l'aime depuis des lustres. Potter lui a gentiment expliqué que ce n'était pas possible entre-eux cet été mais elle ne semble pas l'avoir compris.

Jedusor siffla un mot que Drago ne comprit pas quand Weasley entoura la taille d'Harry avec l'un de ses bras.

Tom sentit la magie de Potter gronder mais apparemment, Weasley ne comprit pas le message. Or, plus la situation se prolongeait, plus Harry semblait désespérément empêcher sa magie de faire valdinguer Ginny à l'autre bout de la table.

Malefoy finit par dire.

— Vous devriez vous mettre à côté d'elle, ça devrait la faire fuir.

De toute façon, Jedusor comptait bien faire partir la rousse ; hors de question qu'elle continue de toucher ce qui lui appartenait impunément. Harry Potter était à lui et personne n'avait le droit de se comporter de cette manière avec ce qui était sien.

Il s'assit juste à côté de la septième année qui lui lança d'abord un regard vide avant de pâlir et de bégayer une litanie de choses incompréhensibles en tremblant de peur. Elle finit par glapir de terreur lorsque Jedusor lui envoya un regard noir. Elle s'enfuit rapidement après cela et Tom eut le plaisir de voir Harry se détendre. Jedusor s'installa à côté de Potter, sans gêne, ignorant la vingtaine de regards noirs l'invitant à changer de place.

Harry l'aurait presque remercié d'avoir éloigné Ginny mais il se contenta d'un hochement de tête en signe d'accord que celui-ci prenne la place près de lui.

Harry réussit à se détendre un peu, sans pour autant avaler quoi que ce soit. Il fut rappelé à l'ordre quand Hermione le servit, sans son accord, elle s'inquiétait pour sa santé et trouvait qu'il devait manger un peu plus.

L'ambiance à la table ne fut pas tendue après l'incident. Tous avaient compris et jouaient leur rôle à la perfection, traitant Voldemort comme Thomas Gaunt, le nouvel étudiant.

Harry capta le regard de Severus Rogue à la table des professeurs. Il vit celui-ci froncer les sourcils en regardant Jedusor et lui tour à tour. Harry comprit tout de suite que Rogue aurait préféré qu'il évite tout rapprochement avec Jedusor, même si cela ne devait être qu'une place au petit déjeuner.

Severus était inquiet. Voldemort se comportait exactement comme il l'avait imaginé, ce qui n'était pas une bonne chose.

Voldemort accaparait Potter, surveillait le moindre de ses gestes et fixait toutes ses réactions avec attention. De plus, sa possessivité envers Harry était déjà visible. Le fait qu'il se mette à la place la plus proche du lion était un message clair pour toutes les personnes pouvant le comprendre « il est à moi ».

La plupart des élèves voyaient seulement un nouveau venu un peu perdu, désirant la protection du meilleur élève de l'école, alors que les autres voyaient clairement le Seigneur des Ténèbres commencer à placer ses pions sur l'échiquier.

Severus envoya un regard à Minerva, montrant qu'il désapprouvait la situation. La directrice ne capta pas son regard, trop occupé, elle aussi, à observer Potter et Jedusor.

Pour le moment, Jedusor devait être en train de regrouper des informations sur Potter, le peu de choses écrites dans les livres n'avaient pas dû lui suffire. Actuellement, il n'était donc pas plus dangereux que n'importe quel Serpentard essayant de regrouper des informations.

C'était ce qu'il ferait de ces informations qui pouvait être dangereux. Soit il tuait Potter en le considérant comme nuisible, soit il le prenait comme allié et dans les deux cas le résultat serait une catastrophe.

Le petit déjeuner ne traîna pas et bien vite, les élèves se dirigèrent vers leurs salles de cours. Harry fut l'un des premiers à partir, suivi de Malefoy et d'Hermione, Jedusor toujours présent près de lui.

Ils se rendirent tous les quatre devant la salle du professeur Binns. Malefoy et Hermione expliquèrent à Tom que le professeur était devenu un fantôme depuis le temps mais qu'il continuait toujours à faire cours.

Lorsqu'ils entrèrent dans la salle de classe, Tom Jedusor laissa Harry s'installer près du mur, sachant que le reste de la classe verrait mal le fait qu'il se mette une seconde fois près de Potter. Neville Londubat le rejoignit rapidement, Hermione Granger s'installa juste derrière et, ainsi, Tom se retrouva à côté de Malefoy, deux rangs derrière Potter.

Harry essaya pendant quelques minutes de se concentrer sur le cours, mais Binns avait recommencé son énième discours sur la dernière guerre gobeline et cela le fit bâiller d'ennui.

Il dodelina un moment de la tête en pensant que le fantôme était probablement la berceuse la plus efficace au monde. Il céda finalement à la tentation et finit par croiser ses bras sur la table en posant sa tête dessus. Il se tourna sur sa gauche et chuchota à Neville.

— Bonne nuit.

Cela fit sourire Neville qui secoua un peu la tête en lançant un sort à la plume d'Harry afin que celle-ci prenne tout de même des notes du cours. Quelques minutes plus tard, il sut qu'Harry s'était assoupi quand son souffle devint plus profond et que ses muscles se détendirent complètement. Dans ces moments-là, Harry semblait avoir dix ans de moins et son visage reprenait les traits d'un enfant, une partie de la classe lui jeta un regard attendri.

Tom, lui, n'était pas attendri mais plutôt stupéfait. Il voyait l'aura magique d'Harry se délier pour s'étendre dans toute la pièce. Cela faisait comme une sorte de halo multicolore autour de lui. De la magie dans son état le plus pur.

Potter s'était endormi et sa magie s'échappait de son corps, comme si un barrage longtemps maintenu venait de céder. Ce n'était pas normal. L'aura magique de quelqu'un venait de l'essence même de sa magie, elle ne pouvait pas s'étendre en dehors et autour du corps de son propriétaire.

Et même en théorisant la possibilité qu'un mage particulièrement puissant puisse le faire, la couleur d'une aura magique, si elle venait à être visible, était et devait être monochromatique. Elle n'était certainement pas censée être comme celle-là. Seule la magie dans son état le plus primitif l'était. La magie pure pouvait s'incarner de toutes les couleurs mais la magie d'un sorcier n'en avait qu'une seule. Enfin, c'était ce que Tom avait lu dans les livres et jusqu'à aujourd'hui, il y croyait fermement.

Complètement déconcentré du cours, Tom se retrouva à étudier la silhouette endormie d'Harry. Sa magie s'échappait par tous les pores de sa peau, formant une sorte de voile multicolore qui ondulait autour de lui sur environ un à deux mètres de circonférence, englobant Londubat avec lui et ce dernier ne semblait se rendre compte de rien.

Tom, complètement absorbé par la vue du phénomène magique, se rendit compte seulement après un petit moment que Malefoy s'était, lui aussi, arrêté d'écrire pour regarder Potter.

Il lança un regard interrogatif à celui-ci et Malefoy, dit tout en fixant Potter.

— J'ai toujours été légèrement magico-sensible, je suppose que ce que vous voyez doit être encore plus impressionnant que ce que je vois.

Alors il n'était pas le seul à le voir. Bien. Au moins il était sûr qui ne s'agissait pas d'une illusion. Il demanda en reportant son regard sur Potter.

— Cela arrive souvent ?

Malefoy lui lança un drôle de regard, l'air suspicieux, puis il dit avec lenteur.

— Chaque fois qu'il s'endort. On a étudié le problème avec Hermione et on a fini par conclure que, lorsqu'il dort, il perd le contrôle de ses restrictions magiques et que, par conséquent, le surplus se manifeste sous cette forme. D'après Hermione, ce ne serait qu'un échantillon des pouvoirs qu'il possède. Elle a lu dans d'anciens livres d'Histoire que les premiers sorciers étaient capables de bien mieux manipuler la magie et en plus grande quantité, elle pense que Potter aurait accès à ce genre de pouvoir mais qu'il les rejetterait intentionnellement, et ce depuis plusieurs années.

Tom resta silencieux un long moment après ça.

— Si votre théorie est bonne, il est en train de se tuer. Personne ne peut rejeter son essence magique. Les enfants qui le font deviennent des Obscurial. Monsieur Potter a atteint sa majorité magique, alors ce ne doit pas être son cas, mais le fait de rejeter ou de brider sciemment une grande partie de ses pouvoirs ne peut pas être bénéfique. Un sorcier doit contrôler ses capacités, pas les supprimer. Je ne sais pas pourquoi il fait ça mais c'est dangereux, s'il perd le contrôle de ses restrictions, il risque d'en mourir.

Malefoy siffla méchamment.

— Vous ne savez pas pourquoi il fait ça ? Si quelqu'un est responsable de ça, alors c'est vous ! Potter fait tout ce qu'il peut pour être le plus éloigné possible de ce que vous représentez. Il ne veut pas être puissant parce que vous l'êtes, il a refusé d'aller à Serpentard car vous y étiez allé et il a rejeté mon amitié car mon père vous servait. Vous êtes le plus mal placé pour le critiquer. Il fait tout son possible pour que le monde entier le voit comme un sorcier banal alors qu'il sait pertinemment que ce n'est pas le cas. La plus grande peur d'Harry Potter est de devenir comme vous, Voldemort.

Tom resta pensif après cette tirade. Jusqu'à maintenant, il ne s'était pas réellement rendu compte de tout cela. Il ne s'était pas rendu compte de la véritable ampleur qu'avait prise Voldemort dans la vie d'Harry Potter. Oui, Voldemort avait en quelque sorte créé Harry mais Tom s'était trompé en pensant que Voldemort avait élevé Potter à son niveau. Non, la présence du Seigneur des Ténèbres dans sa vie n'avait fait que contraindre celui-ci à brider et à refouler ses pouvoirs magiques.

Tom pensait son homologue à l'origine de la puissance d'Harry Potter mais ce n'était pas le cas. La folie de son alter ego avait failli tuer un sorcier bien plus capable que lui. Sa version déchirée par la création répétitive d'Horcruxe aurait probablement pu créer l'Obscurial le plus dangereux de la Création.

Tom fut dégoûté par les actes de son autre lui. Il n'était déjà pas fier d'avoir créé un Horcruxe sans avoir examiné tous les risques et maintenant il se sentait coupable de ce qu'il avait fait subir à un autre sorcier.

Tom était pour la conservation de la magie. Celle-ci le fascinait et il n'avait jamais voulu détruire le monde magique ou causer la mort de millier de sorciers. Au contraire, ses ambitions visaient la conservation de la magie et pour cela, il était normal qu'il veuille écarter les moldus.

Les moldus n'étaient pas des êtres magiques, ils n'avaient pas à se mélanger à eux. Le simple fait d'imaginer des sorciers et des moldus cohabiter lui donnait des sueurs froides. Pour lui, si les moldus venaient à apprendre leur existence, alors le monde magique serait condamné. Les souvenirs du bombardement londonien de 1940 à 1942 lui revenaient toujours en mémoire et Tom savait que les moldus étaient incapables d'accepter la magie. Ils n'acceptaient déjà pas les différences entre eux, alors la magie...

Leurs deux mondes devaient être les plus éloignés possible l'un de l'autre, c'était une question de logique.

Tom prit conscience que les erreurs de Voldemort étaient irréparables - du moins pour ce qui était du monde magique - mais il considérait qu'il était de sa responsabilité de faire en sorte qu'Harry Potter devienne ce qu'il aurait dû être.

Et puis, il n'avait toujours pas changé d'avis ; il était le seul à mériter Potter et il ne comptait pas le laisser se tuer à petit feu en rejetant ses pouvoirs magiques.

Tom passa le restant du cours d'Histoire de la magie à regarder le Survivant dormir, sa magie s'échappant de son corps pour former ce halo multicolore et translucide autour de lui.

Apparemment, peu de personnes étaient capables de voir ce phénomène pourtant clairement visible pour Tom. Malefoy avait avoué le distinguer.

Tom demanda à Malefoy après un moment.

— Qui est au courant pour sa magie ?

Malefoy lui renvoya le même regard suspicieux qu'avant mais finit par dire.

— Très peu de personnes. Harry lui-même l'ignore et vous êtes prié de vous taire à ce sujet. S'il apprend que cela arrive à chaque fois qu'il s'endort, il ne dormira plus jamais en public, et encore moins dans une salle de classe. Il est déjà pratiquement incapable de s'endormir alors pas un mot là-dessus. Si vous lui révélez ce que vous avez vu, je révèlerai votre identité à toute l'école. Potter est peut-être assez gentil pour vous laisser vous promener en liberté mais le Ministère, lui, ne fera pas deux fois la même erreur.

Jedusor fit un sourire mauvais à Malefoy.

— Je vois que le sang des Malefoy coule tout de même bien dans vos veines. N'ayez crainte, je ne compte pas le lui dire.

Malefoy ne répondit rien et Tom reprit la contemplation de ce phénomène magique probablement unique. Quand le cours pris fin, Tom vit Londubat secouer Harry par l'épaule dans le but de le réveiller.

Immédiatement, le corps du brun se raidit et l'intégralité du halo magique retourna dans la poitrine de Potter qui brida immédiatement sa magie, ce qui lui tira un gémissement de douleur. Un peu inquiet, Neville lui demanda innocemment.

— Tout va bien Harry ?

Potter répondit rapidement, un peu trop même pour que cela paraisse naturel.

— Très bien, j'ai juste dormi dans une mauvaise position.

Londubat hocha bêtement la tête et Tom vit Granger observer Harry Potter avec peine. Il y avait de quoi l'être ; Potter ne faisait confiance en personne. Il cachait ses pouvoirs et faisait ensuite croire à longueur de journée que tout était parfaitement normal. La vérité était sûrement que Potter était terrifié par ses propres capacités, terrifié par le fait d'être rejeté et traité de monstre par ses amis.

Il ne mentait pas pour arranger la situation mais seulement par crainte. Tout comme il ignorait l'attention que les gens lui portaient en pensant qu'ainsi, ceux-ci l'oublieraient. Granger avait dit que Potter était plutôt du genre solitaire et maintenant, Jedusor comprenait pourquoi.

Harry Potter ne se sentait pas à sa place dans cette école ; il ne se sentait à sa place nulle part. Il n'était pas solitaire, mais le fait d'être entouré par d'autres sorciers lui rappelait qu'il était différent, alors il s'isolait pour éviter que d'autres personnes ne s'en rendent compte

Le jeune Seigneur des Ténèbres connaissait ce ressenti, la question était de savoir si Potter faisait ça de manière consciente ou non...

Tom comprenait maintenant son obsession pour Harry, il comprenait même pourquoi son homologue avait souhaité le tuer ; Potter était comme lui.

Seulement, alors que lui s'était intéressé aux Horcruxes lorsqu'il avait compris que ses pouvoirs étaient trop puissants, incontrôlables, Harry se contentait de les supprimer, les rejetant constamment, même si c'était douloureux.

C'était une solution instable, mais également la seule qu'il avait trouvé ; diviser pour se contrôler afin de mieux régner, avec l'immortalité en prime. La solution lui avait semblé idyllique maintenant, elle lui paraissait seulement désespérée...

Voldemort, dans sa folie, avait pris Potter pour rival car, tout comme lui, celui-ci était différent. Deux personnes différentes des autres devenaient similaires entre elles. C'était ce que fuyait Potter en rejetant ses pouvoirs et c'était ce qu'avait fui Voldemort en voulant tuer Potter. Pour cacher au monde entier et à eux-mêmes leur dissemblance.

Tom savait qu'il lui manquait des données essentielles pour comprendre les événements de la guerre mais il pensait tout de même que son raisonnement actuel était proche de la vérité.

Harry Potter et Voldemort étaient similaires. Ainsi, le fait qu'ils se refusent tous deux à l'être avait créé cette inimitié entre eux. Accepter le fait d'avoir un lien serait revenu à accepter le fait qu'ils ne soient pas comme les autres sorciers.

Tom avait pu comprendre tout cela en se plaçant en tant que personne extérieure au problème. Ce qui n'était pas vraiment le cas étant donné que, même si il lui manquait une grande partie de ses souvenirs, il était Voldemort. Ou plutôt, il avait été Voldemort.

Il ferait comprendre à Harry Potter qu'il n'était pas le seul à être différent et qu'il n'y avait aucun mal à l'être. Cela les rendait supérieurs.

Tom était certain que d'autres sorciers naîtraient avec cette puissance magique et, si rien n'était fait, ces enfants deviendraient des Obscurials ou des Seigneur des Ténèbres. Et, au lieu de renforcer le capital magique du monde, celui-ci diminuerait car, au lieu d'encourager cette différence, ils la discrimineraient, créant tout un tas d'êtres rejetés et rongés par la haine.

La magie, siècle par siècle, finirait par disparaître.

Tom eut un léger mal de tête et il se rendit compte que réfléchir à tout cela était inutile pour le moment. La priorité était qu'Harry débride sa magie et accepte l'intégralité de ses pouvoirs.

Jedusor se dit que ce n'était pas gagné en croisant le regard de Potter.

Ils sortirent du cours de Binns et peu après, Hermione Granger dit.

— On a une heure trente avant que le déjeuner soit servi. Personnellement, je pense faire un petit tour à la bibliothèque. Il y a plusieurs livres que je souhaite consulter.

Malefoy se tourna vers Potter pour lui proposer.

— Vu que tu as pioncé durant tout le cours tu dois être en forme. Qu'est-ce que tu dirais d'un petit duel aérien ?

Jedusor vit un sourire carnassier prendre possession du visage de Potter alors que celui-ci répondait.

— Je dirais que tu vas mordre la poussière et que tu vas finir la semaine à l'infirmerie, Malefoy.

Ce dernier ricana avant de dire.

— C'est ce qu'on verra, Potter. Tu n'as pas eu le temps de jouer l'année dernière, tu t'es forcément encrassé depuis. Rendez-vous dans un quart-d'heure sur le terrain de Quidditch.

Hermione soupira en secouant la tête, se dirigeant vers la bibliothèque après avoir laissé aux garçons une dernière mise en garde.

— Si l'un de vous termine à l'infirmerie, je détruirai tous les balais de cette école et la coupe de Quidditch de cette année sera annulée.

Harry et Tom se retrouvèrent donc tous les deux. Le premier dit au second, l'air faussement détendu.

— Tu peux faire un match avec nous si tu le souhaites, mais je sais pour ton aversion envers le Quidditch donc si tu préfères rejoindre Hermione à la bibliothèque, il n'y a pas de problème.

Tom fit un sourire au brun.

— Même si je n'apprécie pas y jouer, je trouve la technique de ce sport intéressante. De plus, le livre de Rita Skeeter a mentionné le fait que vous étiez le plus jeune attrapeur depuis un siècle. J'aimerais beaucoup avoir une démonstration.

— Ce maudit bouquin, grommela Potter en se frottant la nuque, ce qui fit sourire Jedusor.

Moins de personnes il y avait autour de lui, plus Potter se détendait. Tom soupçonnait Malefoy d'avoir provoqué le lion dans le seul but de lui changer les idées.

À suivre...