Chapitre 8 : Âmes-sœurs

Bonjour ! Je suis en pause entre deux cours, ce qui me laisse le temps de jeter un coup d'œil à ce chapitre et de le publier ! :) Ce chapitre regroupe trois anciens chapitres à lui seul et j'aime bien cette disposition, les évènements s'enchaînent bien et on a aussi une révélation importante pour nos héros, enfin c'est une chose que seul Tom comprendra mais c'est important pour Harry aussi ! Je vous laisse y jeter un œil et me dire ce que vous en pensez et on se retrouve demain ! :D


Après cela, les évènements du reste de la nuit restèrent flous dans l'esprit d'Harry. Il se souvint d'être rentré à la Salle sur Demande où tous les huitièmes années l'attendaient sur le pied de guerre. Severus Rogue leur avait tout dit et Harry lui en était reconnaissant. Il avait réussi à expliquer les choses de manière à ce qu'elles paraissent ne dépendre que de la volonté d'Ilvermorny et de personne d'autre, ils n'avaient donc pas compris que tout cela avait été orchestré par la directrice.

En revanche, Hermione s'en était rendue compte et avait lancé un regard empli de tristesse et de colère à Harry. Elle en voulait à la directrice pour lui avoir fait cela, pour l'avoir trahi.

Mais le pire était sûrement la pitié qu'Harry avait lue dans les yeux de Malefoy, c'était le même regard qu'il aurait donné à un chiot en train de se noyer. Celui-ci avait tous les éléments en main pour comprendre et quand Hermione avait compris, il l'avait fait aussi.

Harry avait eu envie de le frapper et de lui hurler qu'il n'était pas faible et qu'il n'avait pas besoin de sa pitié. Mais il savait qu'au fond, la pitié du blond était seulement la preuve que celui-ci souffrait de le voir toujours empêtré dans des situations impossibles. Alors, il s'était retenu d'envoyer un coup dans sa mâchoire.

Il était resté un moment avec tout le monde, à écouter leurs plaintes et leurs recommandations. Des phrases vides de sens telles que : « fais attention à toi », « méfie-toi de Voldemort », « si Severus Rogue vient avec vous, surveille-le, il était un Mangemort dangereux auparavant »...

Les membres de l'A.D. ne voulaient pas qu'il parte mais Harry savait qu'au fond, tout au fond, ceux-ci étaient soulagés de le voir emmener Voldemort.

C'était cruel de penser cela mais c'était la vérité. Il n'avait pas besoin d'être Legilimens pour voir dans leurs yeux, dans leurs mouvements plus détendus, qu'ils étaient rassurés de voir Voldemort partir, même si cela devait être avec lui. Ils avaient vécu des horreurs, avaient perdu leurs parents à cause de cette guerre. Harry savait qu'ils ne pourraient jamais pardonner à Tom Jedusor et qu'ils étaient rassurés de savoir que celui-ci serait loin d'eux pendant un long moment.

Cela lui faisait mal au cœur mais Harry l'avait toujours su et c'était pour ça qu'il n'avait jamais été franc avec eux en leur parlant de ses problèmes, de son enfance, et de ses pouvoirs magiques instables. Cela faisait presque dix ans maintenant, et même après tout ce temps Harry n'avait jamais réussi à s'intégrer au groupe.

Il les dirigeait pendant la guerre. Il les avait soutenus et il ne les aurait jamais trahis, mais ce n'était peut-être pas réciproque. Non, ses amis l'aimaient, il en était sûr mais ils aspiraient au calme et à la liberté et en restant avec eux, Harry les condamnait à supporter son rythme de vie infernal et il ne le voulait pas, il ne souhaitait être un poids pour personne et c'était le sentiment qu'il avait avec ses amis, même les plus proches.

Il ne se sentait pas à sa place parmi eux. Parfois, il pouvait voir chez les Serdaigle une lueur d'envie lorsqu'il exécutait un sortilège simple sans baguette, sans incantation. Les Poufsouffle adulaient le héros, le Survivant, mais ils le craignaient aussi. Les Serpentard, ou plutôt ce qu'il en restait, faisaient ce qu'ils avaient toujours fait, suivre la personne ayant le plus de pouvoir à leur portée. Enfin, les Gryffondor avaient essayé de toutes leurs forces de l'aider. Sans succès. Peut-être était-il temps d'arrêter les frais, peut-être que les Gryffondor seraient mieux sans lui.

Pendant toutes ses années à Poudlard, Harry n'avait pas une seule fois créé de lien assez fort pour que celui-ci dépasse son statut de Survivant, de héros ou, au contraire, de monstre. Hermione était la personne la plus proche de lui mais, même avec elle, il savait qu'il n'arrivait pas à être totalement en confiance. Ce n'était pas de la faute de ses amis... c'était lui, il craignait de les décevoir, de les effrayer, de les perdre.

Hermione était heureuse maintenant, elle avait Drago et Harry ne pouvait plus rien lui apporter à part des dangers à répétition. Elle avait déjà perdu Ron à cause de lui... penser à Ron était encore trop difficile pour lui. Nagini, Nagini l'avait tué...

Il était temps qu'il fasse cavalier seul pour ne pas empêcher les siens d'atteindre ce qu'il n'aura jamais : une vie heureuse et tranquille.

Finalement, il réussit à les rassurer et les huitièmes années partirent vers leur dortoir se reposer quelques heures, avant que le soleil ne se lève.

Harry, après tout cela, s'assit lourdement dans le canapé face à la cheminée et, passant une main lasse sur son front, soupira profondément.

Oui, la fin de cette nuit était floue dans sa mémoire et c'était peut-être mieux comme ça, puisque Harry n'avait pas envie de se rappeler la solitude qu'il avait ressentie en prenant conscience qu'il ne faisait confiance en personne. Depuis toujours il était seul. Tout seul. Pas de parents, pas de famille et il n'arrivait même pas à garder ses amis.

Alors que ces pensées traversaient son esprit fatigué, un poids se posa sur son épaule et Harry sursauta avant de reculer. Il reconnut quelques secondes plus tard la présence de Tom Jedusor. Celui-ci, pas plus gêné que cela de s'être fait repousser, reposa une seconde fois sa tête sur l'épaule d'Harry, les yeux fermés. Le mage noir avait l'air fatigué.

Harry aurait voulu dégager Jedusor de son épaule mais ce contact le rassura, quelque chose en lui lui soufflant qu'il n'était pas seul. Le mage noir s'était tenu en retrait pendant la discussion avec les huitièmes années, Harry savait que celui-ci aurait préféré que ce soit la directrice qui explique la situation mais Jedusor n'était pas allé contre son choix d'expliquer lui-même les choses. Il était resté silencieux et l'avait laissé gérer la situation, si bien qu'Harry avait presque oublié sa présence.

Difficile de le faire maintenant ; Jedusor s'appuyait contre lui et s'était étendu de manière à ce que sa tête repose contre son épaule.

Harry souffla en se reprenant sans pour autant repousser une seconde fois Jedusor.

— Tu m'expliques ce que tu es en train de faire ?

La voix de Tom lui parut ensommeillée lorsque celui-ci lui répondit, d'une simplicité déconcertante.

— J'essaie de dormir un peu.

Harry répliqua avec incompréhension.

— Ici ? Contre moi ?

Jedusor, pour toute réponse, appuya son dos contre le flanc d'Harry, les yeux fermés et sa tête reposant contre l'épaule de celui-ci.

Harry ne fit aucun mouvement. Il n'arrivait plus à avoir de pensées concrètes. Le fait que Voldemort souhaitait dormir contre lui, le laissait complètement stupéfait. Tom Jedusor n'était pas censé faire ce genre de chose. Non. Pas du tout. Ils étaient censés vouloir s'entre-tuer.

Pourtant, Harry avait décidé de séparer Tom Jedusor de Voldemort dans son esprit, mais Jedusor restait tout de même un mage noir aux idéaux extrémistes, avec une grande propension à la manipulation. Il avait des choses affreuses même avant ses seize ans.

Cependant, Harry se sentit incapable de rejeter celui-ci. Jedusor était avec lui et il ne se sentait plus seul. C'est sur cette pensée qu'Harry ferma les yeux. Il ne s'endormit pas, incapable de se détendre, mais il se sentit mieux. Tom était comme lui, et ni l'un ni l'autre ne voulaient devenir Voldemort.

Une ou deux heures plus tard, Tom Jedusor se réveilla en sursaut. Harry, surpris et inquiet par le mouvement brusque, se releva d'un coup. Il lança un regard à Tom et remarqua que celui-ci semblait reprendre son souffle difficilement. Un cauchemar. Tom venait de faire un cauchemar.

Harry ne savait pas quoi faire, alors, il laissa Jedusor reprendre ses esprits. Celui-ci releva la tête vers lui et, après un moment à le regarder, ses yeux, beaucoup plus sombres qu'à l'accoutumée, s'éclaircirent pour reprendre une teinte légèrement rougeoyante.

Jedusor se redressa sans pour autant se lever. Il baissa la tête un moment puis la releva vers lui, il semblait perplexe. Il déclara.

— J'ai rêvé de toi.

Harry lui adressa un regard légèrement horrifié et Jedusor reprit.

— Non. Je n'ai pas rêvé de toi. J'étais toi. Tu avais sept ans et tu dormais dans un placard-

Harry le coupa brutalement ;

— Rien du tout. Je ne dormais nulle part. Comme tu viens toi-même de le dire, c'était un rêve.

Puis il s'enfuit vers la salle de bain.

Tom resta un moment à ressasser ses pensées ainsi que le rêve qu'il avait fait.

Potter avait réagi trop brutalement pour que cela ne soit qu'un rêve. Il avait vu un souvenir mais pas l'un des siens. Non, c'était un souvenir d'Harry lorsqu'il était petit.

Tom se souvint du placard minuscule couvert de poussière et d'araignées, de la couverture trouée sur le lit de camp et du petit garçon tremblant de froid et de faim. Son oncle l'avait appelé pour faire le petit déjeuner mais Harry avait trop mal aux côtes pour se lever. Dudley et ses amis l'avaient brutalisé hier et le petit Harry savait que plusieurs de ses côtes étaient abîmées, il les sentait chaque fois qu'il respirait.

Cette vision était bien trop réelle pour seulement venir de son imagination, bien trop détaillée. L'enfance d'Harry Potter ne ressemblait pas à ce qu'il avait imaginé. Il pensait qu'Harry avait été entraîné depuis tout petit pour l'abattre. Il ne pensait pas qu'il avait vécu avec des moldus, dans des conditions aussi atroces. Il se souvint de la douleur du petit Harry de sept ans comme si elle avait été la sienne. Les moldus étaient des barbares et jamais les sorciers n'auraient dû se mêler à eux.

Rien, dans les livres qu'il avait lus, n'évoquait ne serait-ce qu'une petite partie de l'enfance d'Harry Potter, toutes les histoires à son propos commençaient à son entrée à Poudlard. Avant cela, il n'était qu'un bébé ayant survécu à l'Avada Kedavra.

Maintenant, Jedusor comprenait mieux. Il avait pensé qu'Harry détestait Voldemort pour l'avoir condamné à une vie sans ses parents où il avait été élevé comme une arme pour le vaincre, mais la vérité était tout autre, bien plus cruelle ; Voldemort avait condamné un enfant à vivre la même enfance que lui.

Froide, violente, sans rien d'autre que la faim et la peur.

Plus Jedusor en apprenait, plus il se rendait compte que sa vie et celle de Potter se ressemblaient. Leurs expériences étaient différentes mais elles avaient le même fond, un fond de solitude et de souffrance.

Lorsque Potter revint de la salle de bain, il ne portait pas l'uniforme, mais une robe de bataille noire faite d'un mélange de tissus souples et de cuir. Le tout ajusté à sa taille.

Il semblait déterminé. Il s'approcha de lui pour lui dire.

— Prépare-toi, on va récupérer ta baguette aujourd'hui. On a aussi des papiers à remplir au ministère pour pouvoir aller en Amérique. J'aimerais faire tout cela dans la journée. Rogue m'a indiqué que l'on partirait avant la fin de la semaine et je préférais que tout soit prêt d'ici-là.

Donc Potter voulait sortir dans cette tenue. S'attendait-il à être attaqué ? Tom eut un flash : bien sûr qu'Harry allait sortir habillé ainsi, le contrat précisait seulement qu'il ne pouvait pas l'attaquer entre les murs de Poudlard et cela signifiait qu'en dehors, il en était libre et Harry pensait qu'il profiterait de l'occasion. Potter pensait qu'ils allaient se battre une fois sortis de Poudlard...

Harry attendait que Jedusor soit prêt et, pendant ce temps, il ne pouvait s'empêcher de revenir sur les paroles du Serpentard ce matin. Celui-ci avait rêvé être lui. Cela lui arrivait aussi de rêver être Voldemort ou Tom Jedusor, et ça ne pouvait pas être une coïncidence. Pendant la guerre, Harry pensait que la connexion entre Voldemort et lui était due au fait qu'il était son Horcruxe, mais maintenant, ce n'était plus le cas et, bien que la connexion n'ait pas refait surface avec la même intensité qu'auparavant, ces rêves prouvaient qu'il y avait quelque chose. Un lien.

Harry ne voulait pas y penser pour le moment. Chaque chose en son temps. Déjà, il devait voir comment Tom Jedusor se comporterait à l'extérieur. Au moindre pas de travers, il ramènerait celui-ci à Poudlard, mais pour le moment, il devait essayer de considérer Jedusor comme un étudiant normal.

Jedusor le rejoignit et Harry fronça les sourcils en voyant celui-ci avec l'uniforme de Poudlard. Il se rendit compte seulement maintenant que Tom ne possédait rien, ni argent, ni vêtements. En théorie, étant donné qu'il était son tuteur, c'était à lui d'acheter ce genre de choses. C'était assez étrange. Il ne se voyait pas acheter quoi que ce soit à Voldemort. Il pourrait tout simplement donner une somme d'argent à celui-ci mais il avait peur du résultat.

L'image d'une dizaine de grimoires sur la magie noire ainsi qu'un serpent de huit mètres de long s'imposa dans son esprit et il secoua la tête pour la chasser. Il dit tout de même, se donnant bonne conscience.

— S'il te faut faire des achats, nous les ferons en Amérique. Je n'aime pas trop traîner dans le Chemin de Traverse.

Tom lui demanda pourquoi et Harry grimaça en déclarant.

— Je pense que tu t'en rendras compte bien assez tôt puisque l'on doit se rendre au ministère en premier.

Ils sortirent ensuite de la Salle sur Demande et Harry dit, alors que Tom s'accordait à son pas.

— La seule cheminée reliée au ministère est celle du bureau de la directrice et elle donne directement sur l'Atrium. Cela nous fera gagner du temps, même si je n'ai pas envie de la revoir.

Harry essaya, comme d'habitude, d'ignorer le regard insistant de Tom qui fixait tous ses mouvements du regard. Voldemort aussi faisait ça lorsqu'ils se retrouvaient dans la même pièce et Harry avait toujours détesté ça. Il avait l'impression que celui-ci attendait un instant de faiblesse, une ouverture pour attaquer.

C'était peut-être de la paranoïa mais Jedusor était dangereux et, même si Harry tentait de lui accorder une certaine forme de confiance, il n'oubliait pas qu'il pouvait retrouver la mémoire et décider de le tuer à tout moment. Dès qu'ils sortiraient de Poudlard, Jedusor aura l'autorisation d'utiliser la magie contre lui.

La gargouille du bureau de la directrice pivota directement à son approche. Depuis la mort de Dumbledore, celle-ci lui accordait l'accès sans mot de passe.

En pénétrant dans le bureau, Harry remarqua que ce n'était pas Minerva McGonagall derrière celui-ci mais Severus Rogue. Il le salua et demanda.

— J'aimerais utiliser votre cheminée pour me rendre au ministère, nous avons des papiers à remplir pour Ilvermorny. De plus, je dois récupérer des effets personnels au Square Grimmaurd.

Rogue adressa un regard furtif à Jedusor et Harry acquiesça, affirmant ainsi qu'il voulait que Tom l'accompagne.

Le sous-directeur fit un bref signe de tête et dit ;

— Allez-y, et pas d'esclandre monsieur Potter. Si vous avez un problème, utilisez ceci.

Rogue lui lança un objet qu'il réceptionna avec facilité, réflexe d'attrapeur. C'était une fiole vide mais il ne fallut que quelques secondes à Harry pour deviner qu'il s'agissait d'un Portoloin. Ce qui, d'ailleurs, était tout à fait illégal mais ils n'étaient plus à cela près.

Il remercia le Maître des potions d'un signe de tête et vit en passant près de ce dernier qu'il remplissait des documents similaires à ceux qu'ils devraient eux-mêmes remplir au ministère pour avoir le droit d'aller en Amérique.

Harry se posta près de la cheminée et, alors que Tom prenait place à côté de lui, il se frotta la nuque, gêné, en déclarant ;

— Je ne suis pas très doué avec les transports sorciers et généralement cela ne se passe pas bien.

Jedusor souleva un sourcil et Harry décida qu'une démonstration valait mieux qu'un discours. Il relâcha une poignée de poudre dans l'âtre en prononçant

— Ministère de la Magie. Atrium.

Il atterrit avec violence et fut expédié à quelques mètres de la cheminée. Harry grogna de douleur en se remettant debout, couvert de suie. En se retournant, il vit que Tom, lui, non content d'être impeccable et debout, le regardait en souriant, apparemment très amusé.

Harry, ne trouvant pas cela drôle du tout, envoya un regard noir au Serpentard, et se nettoya d'un coup de baguette et n'eut pas le temps de soupirer avant d'entendre les premiers.

— C'est Harry Potter !

Suivis du bruit d'une foule se ruant vers lui. Il adressa un regard légèrement paniqué à Tom et dit précipitamment.

— Suis-moi !

Avant de partir en courant comme s'il avait le diable aux trousses.

Habitué à ce genre de course, il esquivait avec facilité les gens, se fondant dans la masse, et réussit à se frayer un chemin vers l'ascenseur privé qui menait directement chez le ministre.

Il s'engouffra dedans et Jedusor le rejoignit quelques secondes plus tard. Alors qu'Harry pianotait le code d'accès, Jedusor demanda, sa voix dénotant un amusement non feint ;

— Est-ce bien une statue en bronze de toi qui s'élève en plein milieu de l'Atrium ?

Harry grogna, il y avait effectivement une série de statues qui représentait la Bataille de Poudlard dans l'Atrium et l'une d'elles lui ressemblait trait pour trait.

— Un jour je la ferai exploser, ils n'ont pas le droit de faire des trucs comme ça.

Jedusor savait que le monde magique vouait un culte à Harry Potter, mais voir et savoir étaient deux choses différentes. Des journalistes présents au ministère s'étaient rués vers Potter et cette statue de bronze trônait en plein milieu de l'endroit censé représenter le gouvernement magique. Le ministre aurait dû avoir une statue ici mais c'était la bataille de Poudlard et Harry Potter à sa place, et cela démontrait bien que, politiquement parlant, le ministre de la magie avait moins de pouvoir que les héros de la dernière guerre.

L'ascenseur arriva rapidement à destination et Harry pénétra dans le bureau ministériel avec une facilité déconcertante.

À peine entré, un sortilège de Stupéfix fusa vers lui, Potter l'esquiva et riposta par le même sortilège, beaucoup plus puissant. Le ministre eut d'ailleurs des difficultés à stopper celui-ci avec un bouclier.

Kingsley Shacklebolt s'exprima joyeusement.

— Monsieur Potter, content de vous voir. Je vois que vos sorts sont toujours aussi vifs. Je crains que la formation d'Auror ne vous apprendra rien de plus.

Harry répliqua en faisant signe à Tom d'entrer à sa suite.

— Je ne compte pas devenir Auror, j'ai déjà bien assez été confronté aux mages noirs à mon goût.

Il fit un signe vers Tom est le présenta.

— Voici Tom-Thomas Gaunt, il étudie à Poudlard en huitième année avec moi.

Le ministre le salua mais son attention revint immédiatement sur Harry.

— Si vous ne voulez pas devenir Auror, j'ai bon espoir de vous voir reprendre vos sièges au Magenmagot l'année prochaine. Peut-être me succéderez-vous d'ici quelques années, Harry.

Shacklebolt ne l'appelait Harry que quand il voulait appuyer un propos et là, c'était le cas. Potter secoua la tête. Il prit siège devant le ministre et déclara.

— Je ne suis pas venu pour ça Kingsley et si je ne me trompe pas, vous savez très bien pourquoi je suis là.

Le ministre pâlit et Harry lui offrit grimaça en disant avec lenteur.

— Exactement, le tournoi des trois sorciers. Ce n'était pas très poli de votre part d'accepter la requête d'Ilvermorny sans m'en parler.

La température chuta et Tom fut émerveillé. Potter était la perfection, sa perfection, jamais il ne le laisserait lui échapper. Potter était magnifique lorsqu'il laissait sa magie vibrer avec ses sentiments et, actuellement, il ressentait un vif sentiment de trahison et sa magie semblait aussi froide que les eaux gelées du lac de Poudlard.

Le ministre bégaya une phrase incompréhensible et Harry soupira, sa magie revenant à un état moins oppressant mais toujours irrésistiblement présent. Potter n'inhibait pas complètement sa magie au ministère et cela rendait son aura terriblement attrayante. Un tel potentiel caché et bridé, c'était du gâchis.

Un gâchis qu'il pouvait comprendre. Mais lui, au moins, avait essayé d'en faire quelque chose. Même si cette chose s'était révélée être une erreur. Potter, lui, gardait simplement cette puissance enfermée en lui, l'utilisant seulement lorsqu'il perdait le contrôle ou que sa vie était en danger.

Harry finit par dire, arrêtant de terroriser le ministre.

— J'irai, Ilvermorny insiste, la directrice de Poudlard est d'accord et cela vous offrira un soutien politique américain si une troisième guerre magique venait à éclater. Je n'ai pas la moindre envie d'y aller mais j'irai. Mais ça aussi vous le savez, Severus Rogue est passé ce matin et il vous a demandé des papiers pour la frontière. Vous avez forcément dû en conclure que j'avais accepté l'ordre que vous m'aviez donné.

Le mot ordre fut presque sifflé. Le ministre acquiesça, apparemment incapable de faire autre chose. Harry conclut la conversation.

— Il me faut deux dossiers supplémentaires, Severus Rogue ira avec moi et je suis responsable de Thomas Gaunt donc il me suivra aussi là-bas.

Le ministre posa un regard sur lui mais il ne dit rien. En temps normal, il aurait probablement contesté et demandé comment Potter s'était retrouvé tuteur mais, mort de peur comme il l'était actuellement, il ne demanda rien du tout et se contenta d'appeler son secrétaire qui lui apporta immédiatement les dossiers. Harry sortit après cela mais il ajouta tout de même pour que les choses soient claires.

— Ne me refaites plus jamais un coup comme ça, je ne suis pas un tremplin politique.

Puis il partit, Jedusor à ses côtés. Celui-ci fut assez excédé de remarquer que l'intégralité des personnes proches de Potter se servait de lui pour atteindre leurs buts égoïstes. Ils n'en avaient pas le droit.

Dans l'ascenseur, Harry dit à Tom, se sentant obligé de s'expliquer pour son petit éclat.

— Le ministère se sert de moi lorsqu'il en a besoin puis me calomnie dès que cela l'arrange. Cette statue, c'est juste la représentation de leur propension à suivre l'avis général. Si je suis vu comme un sauveur, il me considère comme tel et si je suis un jour vu comme le prochain Seigneur des Ténèbres, ils émettront immédiatement un mandat d'arrêt contre moi. Ici, c'est l'avis de la population qui importe, le ministère n'a aucun réel pouvoir. Ce n'est qu'un ramassis de vétérans de guerre qui croient avoir droit à leur petite heure de gloire maintenant que nous sommes en paix. Mais en temps de crise, ils ne valent rien.

Harry se rendit compte que les yeux de Tom avaient viré au rouge sang et que celui-ci le fixait avec intensité.

Jedusor dit, les yeux rivés dans les siens.

— Je suis d'accord. Cela devrait changer. Je suis heureux que tu partage mon opinion sur le ministère.

Harry fit un geste de la main, signifiant qu'il ne voulait pas s'attarder sur la question et, alors que l'ascenseur atteignait le rez-de-chaussée, il ajouta.

— Nous partageons peut-être cet avis sur le ministère mais je ne souhaite pas pour autant faire du monde magique une monarchie absolue.

Jedusor demanda derrière lui.

— Qui a parlé de monarchie absolue ?

Harry répondit tout en se frayant un chemin entre les passants, son capuchon masquant son visage cette fois-ci.

— Toi, enfin Voldemort. Voldemort voulait faire de l'Angleterre toute entière une dictature où aucun moldu ne subsisterait. Il ne resterait que des sangs-purs consanguins dans son utopie du gouvernement parfait dont il serait évidemment à la tête, assis sur mon cadavre pour diriger le monde.

Tom renifla avec ironie.

— Charmant, je vois que j'avais une vision très réaliste du futur.

Harry sourit à cette réponse. C'était ce genre de petites phrases qui différenciaient Jedusor de Voldemort dans son esprit.

— Oui, Voldemort était un homme charmant. Et encore, tu ne connais même pas la moitié de ses lubies de psychopathe mégalomane. Il aimait bien me présenter ses idées en pleine nuit avec un ou deux cadavres comme cadeaux de bienvenue. Il m'a demandé à plusieurs reprises de le rejoindre, pensant probablement que je finirais par venir gentiment m'agenouiller à ses pieds pour devenir son chien.

Tom grimaça derrière le dos de Potter, il y avait tellement de haine dans les propos de celui-ci.

Alors qu'ils se dirigeaient vers une cheminée, Tom demanda.

— Je ne comprends pas, quelle relation entreteniez-vous exactement Voldemort et toi ?

Harry se figea à la question, il sembla y réfléchir sérieusement. Il se retourna vers lui.

— C'était compliqué. Je le détestais et il me détestait, mais pour des raisons différentes. Cependant, il y a toujours eu ce... cette fascination. Je crois qu'on peut appeler cela de la fascination. C'était un peu morbide mais j'étais fasciné par la résistance et les pouvoirs de Voldemort et il en était de même pour lui. Malgré la différence d'âge, nous avions fini par nous respecter, d'une manière assez controversée, mais je pense que nous nous respections. Et lorsque je l'ai tué... il a... Juste avant de mourir, il a dit quelque chose en fourchelang, je n'ai pas compris, j'ai entendu mais je n'ai pas compris. Enfin ce n'est pas important. Ça n'a aucune importance. On se haïssait aussi fort que deux personnes peuvent se haïr.

Jedusor demanda en fixant le visage d'Harry Potter tellement expressif, tellement vivant. Tout le contraire de lui.

— Qu'a-t-il dit ? Qu'ai-je dit ?

Potter siffla.

§ Occidi per animam meam mate. §

Puis, il dit en anglais.

— Ou quelque chose du genre. C'est du latin, je pense. Je ne l'ai jamais traduit et je ne veux pas savoir ce qu'il a voulu dire.

Tom resta figé sur place un long moment et Harry le remarqua. Tom était complètement immobile et avait légèrement pâli. Il releva les yeux sur lui et Harry vit une lueur qu'il ne réussit pas à interpréter traverser ses yeux carmin. Rouge sang, sa pupille était presque invisible parmi le rouge et le noir qui semblaient se mouvoir dans ses yeux. Tom était effrayant. Pourtant, Harry le laissa le dévisager longuement.

Jedusor ne relâcha pas son regard.

— Je comprends le latin.

Harry acquiesça. Cela ne l'étonnait pas plus que cela. Il dit en se détournant du regard pénétrant de Jedusor.

— Bien. Comme ça, tu connais tes dernières paroles avant de mourir. Je ne veux pas les connaître. Peu importe ce que Voldemort a dit ce jour-là. Il mentait. Il mentait toujours, m'intéresser à ses mots serait comme lui donner un pouvoir qu'il n'a jamais eu sur moi.

Jedusor ne répondit d'abord rien à cela puis il souffla.

— Lorsque quelqu'un meurt, il n'est plus assez conscient pour avoir la volonté de mentir. Les derniers mots d'un mourant reflètent sa dernière pensée, celle qui l'accompagne au moment où il perd espoir. Ces mots, je ne pense pas qu'il les ait prononcés consciemment. C'était plutôt comme un reflet de ses pensées à ce moment-là, il ne les adressait à personne mais tu aurais dû les traduire, ils te concernent autant que moi.

Harry dit fermement, son corps tout à coup tendu.

— Je ne veux pas connaître leur sens. J'espère être clair. N'essaie même pas de me les traduire. Si tu veux que j'arrive à te séparer de ton homologue dans mon esprit, ne fait rien qui puisse me le rappeler. Autrement, je te considérerais comme je l'ai toujours considéré comme un ennemi à abattre.

Potter était parfaitement sérieux et Jedusor le savait. Voldemort, en mourant, lui avait offert la clef de voûte du problème mais Harry ne voulait surtout pas la connaître car il refusait le fait que Voldemort et lui aient un lien.

Maintenant, Tom le connaissait. Il savait quel était ce lien. À la seconde même où il avait entendu les mots, cela avait comme débloqué quelque chose en lui. Maintenant il savait, il se souvenait de la signification précise de ces mots. Il n'avait pas retrouvé la mémoire, loin de là, mais le sens de cette phrase lui sembla être une évidence. Quelque chose qu'il savait depuis longtemps et c'était une merveilleuse découverte. Potter ne pourrait jamais lui échapper, il lui appartenait, ils s'appartenaient.

Voldemort avait dit avant de mourir une phrase qui pouvait être traduite par : tué par mon compagnon. Avec l'utilisation du mot âme. Cela pourrait se traduire mot à mot comme : tué par mon compagnon d'âme.

Voldemort et Harry Potter. Harry Potter et lui, avaient la même âme. Ce phénomène existait dans le monde sorcier. Loin du conte moldu où les âmes-sœurs sont censées s'aimer jusqu'à la fin des temps. La version magique des âmes-sœurs était bien plus violente. Il n'y avait de place sur terre que pour un seul des deux. Ils avaient la même âme et par conséquent, ils ne pouvaient pas vivre tous deux en même temps.

Voldemort en créant des Horcruxes avait manipulé la mort et n'était, par conséquent, pas mort lorsqu'il aurait dû l'être. Alors, un phénomène très rare s'était produit ; il avait rencontré son âme-sœur et deux personnes issues de la même âme partageaient un lien beaucoup trop fort pour que celui-ci soit ignoré.

Tom ne savait pas quand Voldemort avait pris conscience de ce détail mais c'était ce qui avait poussé Harry et lui à se battre presque instinctivement. Parce que l'un ne peut exister alors que l'autre est toujours en vie. C'était un paradoxe. Les âmes-sœurs n'étaient pas censées se rencontrer, jamais. Harry était une autre version de lui, tout comme il était une autre version d'Harry et jamais ils n'auraient dû se retrouver dans le même temps.

Tom était complètement perdu, il ne savait pas ce que disait la prophétie et, en cet instant, il aurait voulu le savoir car il lui fallait une solution. Autrement, ils finiraient par s'autodétruire l'un l'autre. C'était obligatoire. Soit l'un laissait la place à l'autre, soit ils s'entre-tuaient. Vivre ainsi, ensemble, alors qu'ils possédaient la même âme, n'était pas censé être possible.

Pourtant, Tom ne voulait pas se résigner à tuer Harry et encore moins à mourir en laissant celui-ci vivre sans sa présence. C'était hors de question. Potter était à lui. Il vivrait avec, pour l'éternité s'il le fallait. Il devait seulement trouver une solution. Faire en sorte que leurs âmes fassent de nouveau qu'une malgré leurs identités séparées. Cela devait être possible, avec la magie tout l'était, il suffisait de réfléchir et de chercher une solution.

En attendant, Tom ne dirait rien à Harry, sinon celui-ci paniquerait, n'acceptant probablement pas le fait que son âme et celle de Voldemort soient issues de la même. Pourtant, cela expliquait tout, du début à la fin. Tom ne connaissait pas la prophétie mais il était certain que celle-ci avait été prononcée parce qu'ils possédaient la même âme, même chose pour le fourchelang et les baguettes magiques.

Cela n'expliquait cependant pas comment Harry avait survécu à l'Avada Kedavra mais cela expliquait le rêve qu'il avait fait ce matin. En fait, il ne rêvait pas, il se souvenait. Son âme et son inconscient se souvenaient simplement d'une période de sa vie, de leur vie. C'était fascinant. Être deux avec une seule et unique âme séparée.

Cela n'aurait jamais dû être possible et, rien que pour cela, Tom était heureux d'avoir défié la mort. Sans ça, jamais il n'aurait rencontré le possesseur suivant de son âme. Ils étaient un paradoxe vivant.

Jedusor se fit également la réflexion que si son âme avait été complète, cela n'aurait jamais eu lieu. C'est le fait que celle-ci soit en lambeaux, plus le fait qu'il soit toujours en vie malgré cela qui l'avait fait rencontrer Harry Potter. C'était incroyable, à la hauteur de ses plus grandes espérances, Harry était mieux qu'un égal. Harry était lui. Une autre version de lui.

Potter le coupa brutalement dans ses réflexions en l'appelant ;

— Tom ! Nous devons récupérer ta baguette au Square Grimmaurd.

C'était la première fois qu'Harry l'appelait par son prénom. Cela lui avait paru spontané et Tom se retrouva à apprécier son prénom dans la bouche de Potter.

Tom le rejoint, se retenant de sourire à celui-ci. Sa joie pourrait paraître suspecte mais il ne pouvait s'empêcher d'être heureux. Potter dirait probablement que c'était malsain et tordu mais Tom était excité par sa découverte. Harry et lui possédaient la même âme, deux versions différentes de la même âme. Il ne serait plus jamais seul. Tant qu'Harry serait avec lui, il aurait quelqu'un. Quelqu'un lui appartenant véritablement.

À suivre...