Chapitre 9 : La résurrection de Voldemort
Bonne fin d'après-midi à tous ! :) Je suis contente d'avoir trouvé le temps pour venir ici vous publier ce chapitre ! C'est un chapitre qui va rapprocher nos héros et c'est aussi le dernier chapitre à Poudlard, je sais le château va vous manquer mais ne vous inquiétez pas, je suis sûre qu'Ilvermorny vous plaira tout autant ! Il n'y a pas beaucoup de fanfictions se passant à Ilvermorny alors j'imagine que ceux qui découvrent DISSEMBLANCE vont aussi découvrir à travers elle ma vision de l'école de magie américaine ! Bien sûr beaucoup de péripéties (avec le tournoi des trois sorciers comment cela pourrait-être autrement ?) attendent Harry et Tom lorsqu'ils seront là-bas.
Harry et Tom arrivèrent au 12 Square Grimmaurd par cheminette et, comme s'y attendait Harry, il fut une fois de plus éjecté de la cheminée. Mais cette fois-ci, il était chez lui et, cette situation se reproduisant à chaque fois qu'il venait ici, il avait fini par placer un tas de coussins au sol le long du mur opposé à la cheminée. Il y atterrit donc avec violence, sous le regard un peu incrédule de Tom qui demanda.
— Cela arrive à chaque fois ?
Harry grogna en se relevant.
— Les transports magiques ne fonctionnent pas avec moi, je n'y peux rien.
Tom répondit, perplexe.
— Il doit y avoir une raison.
Harry haussa les épaules.
— Ce n'est pas vraiment important, j'ai fini par m'y habituer. Si on allait plutôt chercher ta baguette ?
Jedusor acquiesça et laissa ses yeux vagabonder dans la pièce. C'était une bibliothèque poussiéreuse et visiblement très ancienne. Elle n'était pas entretenue correctement pourtant, malgré la poussière sur les meubles, on pouvait voir que certains livres et l'un des vieux fauteuils en étaient complètement dépourvus. Certainement parce que Harry les avait utilisés cet été.
Potter le conduisit à travers la maison et ils descendirent un vieil escalier en colimaçon. Tom se demanda si Harry passait réellement ses étés ici, la maison semblait en mauvais état.
Pourtant, d'après ce qu'il savait, Harry Potter disposait d'une grande fortune. Même si cette maison était ancienne, il aurait pu la rénover. Peut-être que Potter n'éprouvait pas l'envie de vivre confortablement. Après tout, il préférait dormir sur un canapé inconfortable de la salle commune plutôt que dans un des lits du dortoir. Tom se dit que cela correspondait plutôt bien au caractère et à l'éducation d'Harry ; il ne s'intéressait pas aux biens matériels.
Harry jeta un regard suspicieux à Jedusor alors qu'ils marchaient vers le salon de la grande et surtout très ancienne demeure des Black. Il ne saurait pas exactement dire quoi mais quelque chose dans la manière dont Jedusor le regardait et agissait avec lui avait changé. Avant, il lui semblait que Tom le surveillait en permanence, attendant quelque chose de précis. Son regard était toujours dérangeant et Harry se sentait en permanence piégé. Mais depuis qu'ils avaient quitté le ministère, ce n'était plus le cas.
Si le Gryffondor devait mettre des mots sur l'humeur de Jedusor, il dirait détendu et heureux, et jamais Harry n'aurait pensé associer un jour ces adjectifs au nom de Tom Jedusor.
Cela avait peut-être un rapport avec les derniers mots de Voldemort... ou avec le voyage en Amérique, Jedusor souhaitait peut-être faire ce voyage ? Pourtant il n'avait pas eu l'air heureux de l'apprendre de la bouche de la directrice.
Harry se concentra de nouveau sur la situation lorsqu'ils arrivèrent dans le salon. L'ancienne tapisserie des Black marquait toujours le mur du fond de la pièce. Tom resta à l'entrée de celle-ci, observant Harry. Celui-ci s'avança vers le centre de la pièce et, lorsqu'il mit le pied sur une planche grinçante, il sourit un peu fit deux pas en arrière et frappa du talon contre une latte perpendiculaire à celle qui grinçait. Immédiatement la planche grinçante disparue.
Tom, curieux, s'approcha et vit Potter sortir un petit coffret visiblement verrouillé par magie. Harry le tint entre ses mains et siffla en fourchelang, surprenant Tom qui ne s'attendait pas à ce qu'Harry ait scellé le coffret dans cette langue.
§ Le dernier ennemi qui sera détruit, c'est la mort. §
Après ces mots, le coffre se déverrouilla de lui-même et Harry récupéra la baguette d'if à l'intérieur. Tom l'observa. Sa baguette était la même que dans ses souvenirs, il était heureux de la retrouver. Harry la lui tendit et, après cela, tout se passa trop rapidement pour qu'Harry Potter ne puisse réagir. Il se souvint seulement d'avoir été repoussé en arrière par une puissance colossale et, lorsqu'il avait rouvert les yeux, Tom était à genoux sur le sol.
Sa magie s'échappait de son corps dans d'immenses torrents d'un rouge très sombre, presque noir, l'espace tout autour de lui semblait se tordre, tout comme le bois du parquet qui craquelait sous Harry. La baguette de Tom, blanche parmi toute la noirceur qui l'entourait, émettait une lumière particulièrement forte, une lumière qui pénétrait directement dans la poitrine du sorcier agenouillé au sol. Tom hurlait de douleur, un cri déchirant d'agonie.
Harry sentait sa cicatrice le brûler, il sentait à travers leur lien que l'âme de Tom se détraquait. Elle était en train de se morceler de nouveau, de redevenir l'âme décharnée de Voldemort. C'était la faute de la baguette magique. Harry, couché à plat ventre sur le sol, incapable de bouger et écrasé par la déferlante de magie noire, sa cicatrice rouverte saignant contre son front, savait que c'était la baguette d'if la responsable.
Agissant plus ou moins par instinct, il relâcha à son tour sa propre magie, se moquant complètement des conséquences à ce moment-là. Tom Jedusor hurlait et son âme reprenait peu à peu les caractéristiques de celle de Voldemort. Décharnée, scarifiée, en lambeaux. Il se releva et utilisa le transplanage pour se rendre près de Tom. Il retira la baguette d'if des mains de celui-ci d'un Expelliarmus, la faisant valser au loin.
Ne sachant que faire de plus en voyant Tom trembler et hurler de douleur, serrant d'une main sa poitrine, il souleva celui-ci contre lui et le tint un moment contre le mur derrière eux. Il essayait de maîtriser à lui seul leurs deux auras magiques complètement débridées. Il réussit, après un certain moment, à calmer le maelstrom magique et à stabiliser l'âme de Tom qu'il sentait se reconstituer. Le processus s'était arrêté et maintenant il semblait s'inverser.
Tom s'était écroulé contre lui mais le mage noir semblait avoir encore assez de force pour retenir la robe d'Harry d'une main, empêchant ainsi celui-ci de se dégager. Jedusor tremblait toujours, ses yeux s'étaient rouverts mais il ne semblait pas conscient.
Ils avaient pris une teinte presque entièrement noire et Harry se sentit incapable de faire autre chose que de rester contre lui tandis que son âme se reconstituait. Il ne sut pas exactement combien de temps cela dura mais Tom retrouva peu à peu conscience et, plus il revenait à lui, moins il tremblait alors que la prise de ses mains sur le tissu de la robe d'Harry, elle, s'intensifiait.
Lorsque Harry vit une très légère lueur rouge reprendre place dans les yeux de Tom face à lui, il lui demanda, inquiet que celui-ci ait récupéré tous ses souvenirs ou pire, qu'il se comporte de nouveau comme Voldemort.
— Comment tu te sens ?
C'était une question maladroite. Tom y répondit en le prenant d'un coup dans ses bras, le plaquant contre lui. Il siffla faiblement près de son oreille.
§ Mal. J'ai mal... §
Harry se figea un long moment dans l'étreinte de Voldemort, incapable de répondre à cela. Il ne savait pas quelle pouvait être la douleur d'une personne dont l'âme était déchirée mais il était prêt à parier que cela devait être bien pire que le Doloris.
Sentant la prise de Tom se desserrer légèrement, il demanda.
— Je peux peut-être aller chercher un médicomage ?
Ce n'était probablement pas la chose à dire car, immédiatement, l'étreinte de Tom se resserra et Harry l'entendit siffler à voix basse.
§ Tu ne vas nulle part ! §
Cela avait sonné plus terrifié que menaçant. Tom avait peur qu'il parte. Harry ne savait pas réellement pourquoi, mais Tom avait peur qu'il s'en aille. Le mage noir n'était, de toute évidence, pas dans son état normal. Harry ne savait pas ce qui s'était passé exactement lorsque Tom avait récupéré sa baguette mais cela devait avoir un rapport avec sa résurrection.
Essayant plus ou moins de rassurer celui-ci et comprenant que Tom était plus souffrant que réellement menaçant, il siffla à son tour.
§ Je ne vais nulle part. Je reste là. §
Comme pour prouver ses dires, il fit de petits mouvements circulaires apaisants dans le dos de Tom, essayant de calmer les tremblements de ce dernier. Le mage noir desserra sa prise peu à peu et Harry sentit la tête de celui-ci se poser contre son cou. Il répéta de nouveau, doucement, essayant de rassurer le sorcier contre lui.
— On reste là. Je ne pars pas.
Ce qui sembla être plusieurs heures à Harry passèrent avant qu'il ne sente Tom sombrer dans l'inconscience. Même ainsi, le mage noir ne le lâcha pas.
Harry, incapable de rester debout comme ça sans bouger plus longtemps, réussit à s'asseoir sur le sol, Tom toujours complètement contre lui. Il sentait encore leurs deux auras magiques agitées mais après un tel éclat, cela paraissait normal.
Il aurait voulu jeter un coup d'œil à la baguette d'if mais celle-ci était de l'autre côté de la pièce et Harry, d'où il était, ne voyait que le mur par-dessus l'épaule de Tom. Le mage noir avait d'ailleurs arrêté de trembler et son corps, précédemment gelé, semblait se réchauffer un peu, retrouvant presque une température normale.
Harry était épuisé lui aussi et il finit par perdre connaissance, reposant lui aussi contre le mur, assis entre les jambes de Tom...
Tom Jedusor fut le premier des deux à reprendre conscience et, à peine éveillé, les événements de la veille lui revinrent en mémoire. Harry lui avait rendu sa baguette mais, à l'instant même où il l'avait récupérée, il avait été frappé par ses souvenirs. Ou plutôt ceux de Voldemort, cette créature mi-humaine, mi-reptile, qu'il avait vu dans sa mémoire.
Seuls deux souvenirs distincts lui étaient revenus : le premier était celui de sa résurrection, lorsque qu'Harry avait quatorze ans, et l'autre était celui du jour où il avait mis au point un plan de dernier recours lorsqu'il avait appris que Dumbledore s'en était pris à ses Horcruxes.
Tom eut un haut-le-cœur alors que sa mémoire traitait du massacre dont il avait été témoin comme celui qu'il avait lui-même perpétré. Il avait massacré des sorciers né-moldus pour utiliser leur sang dans un rituel magique lui permettant d'enfermer une copie de son existence dans sa baguette. Une copie de lui tel qu'il était à ce moment. Un sceau mémoriel.
Cependant cela n'aurait pas suffi à le faire ressusciter si les choses tournaient mal donc, après cela, Voldemort était parti en quête de son journal déchiqueté qu'il avait retrouvé en prenant le contrôle de Poudlard. Avec celui-ci, il avait soigneusement préparé sa résurrection.
L'Horcruxe du journal était peut-être détruit mais le sort contenant son existence de lui à ses seize ans était toujours là. Il utilisa ce reste pour ancrer une version de secours de lui-même, un autre Horcruxe basé sur le sortilège restant de l'ancien. Son âme était trop faible pour être découpée encore une fois de la même manière alors il avait utilisé ce stratagème. Puis, il avait remis son journal en sécurité au manoir Malefoy.
S'il venait à mourir, il renaîtrait de ses cendres quelques temps plus tard en ayant l'âge de son lui plus jeune puis, en récupérant sa baguette - car il était sûr que ce serait la première chose que souhaiterait faire son jeune lui - il récupérerait ses souvenirs et ressusciterait, prêt à reprendre son ascension au pouvoir, plus fort que jamais. Bien sûr, tout cela reposait sur la théorie que Tom soit seul au moment où il récupérait sa baguette et que personne n'empêcherait son âme de se morceler à nouveau et ses souvenirs de l'atteindre. Cela n'avait pas été le cas.
Tom remua légèrement contre Harry mais, en sentant son corps trop faible pour faire le moindre mouvement, il finit par abandonner l'idée de se relever. Sa poitrine lui faisait toujours très mal et il avait des difficultés à respirer normalement, comme si son âme pesait un réel poids contre sa poitrine. Après l'avoir sentie se déchirer, celle-ci lui pesait.
Tom frissonna d'horreur en se rappelant l'infâme créature qu'était Voldemort. Il n'était pas ce monstre. L'âme de cette chose à peine vivante n'était qu'un tas de particules. Tom Jedusor était horrifié et dégoûté par la chose qui prétendait être son futur lui. Jamais il ne deviendrait ainsi. Pourtant, si Potter n'était pas intervenu, il serait de nouveau Voldemort ; Harry venait tout juste de le sauver.
Jedusor s'appuya contre le mur derrière lui, se détachant d'Harry. Le jeune sorcier était inconscient et la cicatrice sur son front s'était rouverte, laissant une traînée de sang sur tout le côté droit de son visage un peu trop pâle. Tom n'avait aucun souvenir de comment Harry lui avait retiré sa baguette ni de comment ils s'étaient retrouvés tous deux contre ce mur, il espérait seulement qu'il n'avait pas attaqué inconsciemment Potter.
Tom allongea celui-ci sur le sol près de lui mais resta toujours dos au mur. Son esprit était encore troublé et sa poitrine lui faisait mal, mais il était sûr d'une chose ; Voldemort était une relique du passé et il ferait tout son possible pour ne pas redevenir ce monstre.
Harry se réveilla un moment plus tard, ouvrant les yeux sur le plafond fissuré du salon du 12 Square Grimmaurd. La pauvre vieille demeure des Black semblait avoir reçu son coup de grâce avec la vague déferlante de magie noire de Voldemort.
Harry se releva d'un coup avec brusquerie ; Voldemort !
À peine assis, il grogna en sentant son corps trop engourdi pour bouger correctement, il tourna immédiatement la tête sur sa droite pour voir Tom Jedusor assis contre le mur, ses jambes repliées sous lui. Le mage noir le regardait avec cette lueur rougeâtre familière qu'Harry trouva tout à coup rassurante. Il sut à la seconde même où son regard croisa celui de Tom, qu'il n'était pas redevenu Voldemort.
Il demanda toujours un peu brusquement.
— Tu te sens mieux ?
Jedusor pencha la tête sur le côté en lui faisant un léger sourire puis il dit ;
— Assurément mieux que toi. On dirait que tu t'es fait piétiner par un troupeau de trolls des montagnes.
Harry fut rassuré par cette réponse. Tom n'avait cependant pas tort, car il se sentait réellement comme s'il s'était fait piétiner par un troupeau de trolls.
Il répondit en se rallongeant sur le sol ;
— Je suis content que tu aies retrouvé tes esprits.
Harry entendit Tom demander et, cette fois-ci, cela lui parut sérieux.
— Nous sommes-nous battus ?
Harry tourna légèrement la tête de manière à voir Tom, il demanda un peu perplexe.
— Tu ne te souviens de rien ?
Tom fit un signe négatif de la tête et Harry répondit.
— On ne peut pas dire que nous nous sommes battus. Je suppose qu'il est normal que tu ne t'en souviennes pas. Tu ne semblais pas agir consciemment.
Tom lui envoya un regard interloqué et demanda.
— Qu'est-ce que j'ai fait ?
Harry se souvint de l'étreinte de Tom puis des paroles de celui-ci et fut tout à coup gêné. Il dit avec hésitation.
— Tu n'as pas voulu me lâcher et tu m'as ordonné de rester avec toi.
Cette fois-ci, les yeux de Tom se tintèrent d'une couleur rouge vif et il susurra.
— Oh. J'ai fait ça ?
Harry grogna.
— Ce n'est pas censé te faire plaisir.
Tom lui demanda en souriant.
— Qu'est-ce qui te fait croire que cela me fait plaisir ?
Harry soupira.
— Ne me demande pas ça en souriant.
Un silence s'étendit pendant lequel Tom ferma les yeux. Il inspira lentement.
— J'avais l'impression d'être en train de mourir, ta présence m'a servi d'appui. Merci pour ça.
Harry, surpris, ne répondit rien et Tom ajouta.
— Je suis heureux que tu aies été là. Sans toi, à l'heure qu'il est, je serais de nouveau... lui.
Harry confirma d'un signe de tête.
— J'ai cru comprendre que c'était ce qu'il se passait.
Tom lui expliqua les quelques souvenirs qu'il avait récupérés ainsi que le plan de Voldemort pour ressusciter. Après que Tom eut fini, Harry lui demanda, un peu tendu.
— Et comment tu te sens par rapport à ça ? Je veux dire... maintenant tu as conscience d'avoir été Voldemort. Est-ce que...
— Cela me donne envie de te tuer ?
Harry dévisagea Jedusor alors que celui-ci finissait sa phrase. Le mage noir répondit à sa propre question.
— Non. Je te l'ai déjà dit et je te le répète et cette fois-ci, je t'assure être parfaitement conscient de qui je suis et de ce que j'ai fait. Je n'ai aucune envie de te tuer. Les actes de mon homologue m'écœurent.
Cela rassura Harry, Tom avait l'air sincère. Il se sentait aussi mal pour celui-ci, il détourna le regard et fixa de nouveau le plafond.
— Je suis désolé pour ça, que tu te souviennes d'avoir été Voldemort. Le fait que cela te dégoûte me rassure mais j'en suis désolé. Si j'avais été plus fort, j'aurais pu t'arrêter avant...
Tom fut, une fois de plus, surpris de l'empathie d'Harry à son égard. Celui-ci aurait seulement dû ressentir du soulagement et de la joie à ce qu'il déteste Voldemort mais à la place de cela, Harry semblait sincèrement désolé.
Le Gryffondor entendit le mage noir dire après un moment.
— Tu te sens responsable des actes de Voldemort.
C'était vrai.
— Oui. Je sais que je ne suis pas responsable des actes qu'il a commis mais je me sens responsable de lui. Comme je me sens responsable de toi, je n'arrive pas à l'expliquer mais je me sens comme si...
— Nos existences étaient liées.
Harry se figea aux mots de l'ex-Seigneur des Ténèbres. Il garda son souffle coupé un moment puis souffla.
— Oui, je me sens un peu comme ça...
— Elles le sont, affirma Tom comme s'il s'agissait d'une évidence.
Harry dit aussitôt ;
— S'il te plaît, je n'ai pas envie d'aborder le sujet. On peut faire comme si de rien était d'accord ? Je ne veux pas parler de ça...
Tom se résigna, Harry avait l'air si mal en effleurant seulement le sujet qu'il abandonna. Ce n'était de toute façon pas le bon moment. Comme si celle-ci confirmait ses pensées, la pièce fut secouée d'un grondement et de la poussière tomba du plafond, recouvrant Tom et Harry qui étaient déjà dans un sale état.
Harry éternua puis soupira.
— On devrait peut-être partir d'ici ? J'ai l'impression que le plafond ne tiendra plus très longtemps.
Tom se contenta de se relever pour toute réponse, s'appuyant contre le mur. Il fut essoufflé seulement en effectuant cette simple action.
Harry se releva à son tour et jeta un coup d'œil inquiet au mage noir. Celui-ci ne semblait pas remis de sa crise. Harry ne savait pas quoi faire. Il appela la baguette d'if d'un sort et l'observa quelques secondes.
— Je ne sais pas ce qu'on peut en faire mais je suppose que tu ne veux pas la laisser là ?
Tom secoua négativement la tête puis il dit, toujours un peu à bout de souffle.
— Je ne pense pas que je puisse la toucher sans que le rituel ne se déclenche à nouveau mais je ne veux pas la laisser ici.
Harry hocha la tête et enfouit la baguette dans la poche intérieure de sa robe. Il y trouva la fiole vide servant de Portoloin que lui avait donné Rogue. Il la sortit et grimaça.
— Je n'aime pas vraiment les Portoloins mais dans notre état cela me semble le plus sécurisé... nous rentrons à Poudlard ?
Tom acquiesça. Harry tendit sa main à Tom, la fiole en verre reposant dans celle-ci. Jedusor saisit sa main avec force, entremêlant leurs doigts ensemble. Harry pensa que, pour quelqu'un ayant des difficultés à se relever, il avait encore assez de force pour lui serrer la main comme si leurs vies en dépendaient. Et ils disparurent tous les deux, d'un coup.
Quelques heures étaient passées lorsque Harry soupira profondément, assis à califourchon sur une chaise de l'infirmerie. Le torse appuyé contre le dossier en bois, il observait pensivement les deux baguettes qu'il tenait côte à côte dans sa main droite.
Celle de houx, la sienne, lui semblait plus légère et plus souple, juste un peu plus petite que la blanche en if. Cette dernière était plus raide et plus lourde mais elle semblait légèrement plus douce à son toucher, comme si le bois avait été poli par les années, ce qui devait probablement être le cas.
Le brun détourna son regard des deux baguettes magiques, lançant un coup d'œil à la forme endormie de Tom sous les draps blanc d'un des lits de l'infirmerie.
Le Portoloin les avait ramenés à Poudlard mais Tom, encore trop faible, avait perdu connaissance et ils avaient tous deux été conduits à l'infirmerie. Harry s'était vite remis, il avait l'habitude de subir des chocs magiques importants mais Jedusor, lui, avait besoin de repos. Son corps et son âme avaient été mis à rude épreuve et dormir semblait être le seul remède efficace à un incident comme celui-ci. Dormir et éviter d'utiliser ses pouvoirs magiques jusqu'à que sa magie ait retrouvé sa stabilité.
Le Gryffondor avait donc dû expliquer les événements à Rogue, tout seul. Le Maître des potions avait eu l'air terriblement épuisé à la fin de ses explications et il lui avait lancé un regard un peu désespéré et avait fini par lui souffler.
— Dois-je sérieusement envisager de vous enfermer ? Peut-être qu'ainsi vous resterez sain et sauf plus d'un mois.
Harry n'avait rien répondu et le Potionniste avait poussé un soupir exaspéré et, juste avant de partir, lui avait indiqué.
— Nous partons ce soir pour Ilvermorny. Par conséquent, je souhaite que vous vous teniez TRANQUILLE jusqu'à que je vienne vous chercher pour le départ. Il me semble que les huitièmes années veulent vous voir avant, vous pouvez les rejoindre à condition de ne pratiquer aucune sorte de magie que ce soit. Concernant Jedusor, le mieux serait qu'il reste à l'infirmerie se reposer mais il ne dépend pas de moi, vous en êtes le seul responsable.
Une manière très directe de dire que Rogue ne se souciait aucunement du sort du jeune Seigneur des Ténèbres. La haine que l'homme vouait à Lord Voldemort ne s'était pas atténuée quand bien même celui-ci était amnésique et blessé. Severus Rogue pensait toujours que le Seigneur des Ténèbres finirait par redevenir ce qu'il était ; un meurtrier. Malheureusement, les récents événements ne l'avaient aucunement rassuré et, pour lui, Tom Jedusor, après avoir récupéré ses quelques souvenirs, aurait très bien pu décider de reprendre l'œuvre de Voldemort.
Harry était d'accord, cela aurait pu se passer comme ça mais ce n'était pas le cas et, contrairement à Rogue, lui se sentait rassuré. Tom n'était pas Voldemort et il ne souhaitait pas le devenir.
Après cela, le Gryffondor était resté à l'infirmerie. Il savait qu'il rejoindrait les huitièmes années pour leur dire au revoir tout à l'heure mais pour le moment, il préférait rester ici. Il n'aimait pas l'idée de laisser Jedusor tout seul à l'infirmerie.
En observant la poitrine de Tom s'élever et s'abaisser doucement, Harry constata qu'il ne pourrait désormais plus tuer Voldemort comme il l'avait fait, il y a quelques mois seulement. Déjà à l'époque, commettre cet acte l'avait blessé mais maintenant, il se savait incapable de le faire de sang-froid.
Avoir vu Tom souffrir l'empêchait de vouloir qu'il souffre à nouveau et, même si celui-ci redevenait le monstre qu'était Voldemort, Harry savait que maintenant, il ne pourrait plus l'abattre...
Il ressentait quelque chose pour Voldemort. Il ne savait pas exactement si c'était simplement de la sympathie ou même de l'amitié mais il savait que, jamais, il ne pourrait à nouveau lui lancer l'Avada Kedavra. Et cela le dérangeait et l'inquiétait.
Harry serra les dents. Ça n'avait aucune importance qu'il ne puisse plus l'abattre : si Tom n'avait plus pour ambition de reprendre l'œuvre du Seigneur des Ténèbres, il n'aurait pas besoin de le tuer.
Peut-être que si Tom n'était pas Voldemort, ils n'étaient pas obligés de réaliser la prophétie ?
Cela n'avait peut-être rien à voir. Peut-être qu'il aurait à le tuer même s'il ne souhaitait plus exterminer l'intégralité de la population moldue.
Il ne devait pas avoir de sentiments pour le mage noir autre que la haine. Seule la haine ne lui ferait pas de mal le jour où ils finiraient par se battre.
Un rire sombre s'échappa des lèvres du brun. Il ne le haïssait pas, il était incapable de le faire. La seule pensée de revoir celui-ci souffrir étreignait son cœur. Il devra faire avec. Il ressentait le désir de protéger celui qui avait un jour été le meurtrier de ses parents et il allait devoir s'y faire. Accepter le fait que Tom n'était en rien comme Voldemort.
Harry ferma les yeux, respirant lentement. Ses pensées étaient ridicules, elles ne lui servaient à rien, peu importe s'il pouvait ou non tuer Tom, s'il devait le faire, il le ferait et en attendant, il pouvait bien s'autoriser à ressentir de la sympathie pour le mage noir.
Il rouvrit les yeux sur les deux baguettes magiques qu'il tenait et il prit sa décision. Ce serait mieux ainsi. Tom ne pouvait plus utiliser la baguette d'if et une autre baguette ne lui conviendrait probablement pas. C'était la seule solution et, bien qu'elle comptait beaucoup pour lui, Harry décida que sa baguette de houx reviendrait à Tom le temps qu'ils trouvent une solution pour retirer le maléfice que Voldemort avait imprimé à la baguette d'if. S'il y en avait une...
Peu de temps après qu'Harry ait pris cette décision, Jedusor se réveilla, reprenant conscience peu à peu, après avoir dormi quelques heures seulement.
Tom se réveilla avec un mal de tête conséquent et la douleur l'empêcha de s'asseoir directement comme il aurait aimé le faire. La présence d'Harry non loin le rassura et, au lieu d'essayer une seconde fois de s'asseoir, il riva ses yeux dans ceux du Gryffondor.
Celui-ci lui rendit son regard insistant avant de se lever, écartant d'un mouvement la chaise de son passage. Il vint vers lui et s'arrêta près de son lit, l'air un peu indécis, il passa une main dans ses cheveux et détourna le regard. Tom, ne comprenant pas son hésitation, lui demanda avec perplexité.
— Nous avons un problème ?
Harry, en entendant Tom utiliser le sujet nous, sursauta très légèrement. Jedusor ne lui demandait pas s'il y avait un problème mais s'ils avaient un problème.
Le mage noir n'arrêtait pas de les lier, que ce soit dans sa manière de parler ou d'agir. Harry décida d'ignorer ce fait. Ce n'était pas nouveau, Tom essayait de les lier en permanence.
Il tendit sa baguette, celle de houx, au mage noir.
— Tu ne peux plus utiliser la tienne et nous n'aurons pas le temps d'en rechercher une qui te conviendra aussi bien. Alors, si tu le souhaites, tu n'as qu'à prendre la mienne et j'utiliserai la tienne. Elles sont jumelles, cela ne devrait pas poser de problème.
Les doigts pâles de l'ex-Seigneur des Ténèbres s'enroulèrent autour de la baguette en bois brun, frôlant le poignet d'Harry qui eut subitement très envie de s'éloigner. Il n'en fit rien et Jedusor dit calmement.
— Je suppose que tu y tiens particulièrement. Je ne veux pas te la prendre si tu n'es pas sûr de vouloir me la donner. Échanger nos baguettes n'est pas un geste anodin, même si tu le présentes comme tel.
Harry grinça des dents. Il avait presque oublié à quel point Tom Jedusor pouvait être énervant. Il appuya sa baguette dans la main du mage noir et recula en proclamant.
— Si je te dis que cela ne me dérange pas, alors c'est le cas. C'est provisoire, lorsque ta baguette ne sera plus maudite, nous pourrons les échanger de nouveau.
Sans qu'Harry ne comprenne pourquoi, le regard du Serpentard s'assombrit et celui-ci dit, observant la baguette de houx dans sa main.
— Ma baguette restera maudite, Voldemort a placé un sortilège que je ne pourrais jamais retirer dessus. Elle est perdue pour moi et tu risques de perdre la tienne en me la donnant. Si tu souhaites toujours le faire, cet échange sera définitif.
La main de Tom se crispa sur la baguette de houx et un éclair de compréhension traversa l'esprit d'Harry. Il détourna les yeux, regardant à travers l'une des fenêtres de l'infirmerie puis il déclara à Tom.
— Moi aussi je faisais ça avant. Chaque fois qu'on m'offrait quelque chose, je ne pouvais m'empêcher de poser des questions, d'essayer de persuader la personne me l'ayant offert de le reprendre. J'avais peur que cette personne ne me le retire dès que je l'utiliserais. J'avais peur qu'on m'offre cet objet seulement pour pouvoir me le retirer, alors je préférais dire que je ne le voulais pas. C'était faux mais c'était mieux de ne rien avoir que d'avoir quelque chose qu'on risquait de m'enlever.
Il fit une très légère pause avant de dire plus fermement.
— Je ne compte pas te reprendre ma baguette. Elle est à toi et la tienne est à moi, ça te va ?
Harry fut obligé de regarder de nouveau le mage noir lorsque celui-ci se mit à rire un peu. Juste un éclat de rire éphémère mais un sourire resta sur le visage de Tom lorsqu'il répondit.
— Oui, c'est parfait. J'oublie parfois que tu connais mes faiblesses mieux que je ne me les avouerais jamais, c'est troublant. Pas désagréable cependant, seulement troublant.
Le sorcier debout finit par dire, rangeant la baguette d'if dans son porte-baguette.
— Très bien. Je pense que je vais aller à la Salle sur Demande. Nous partons ce soir avec Rogue, je vais préparer mes affaires et je vais aussi récupérer les tiennes, comme ça tu peux rester ici pour te reposer.
Jedusor se leva dès qu'Harry termina sa phrase. D'un mouvement de baguette, son uniforme fut de nouveau parfait, sans aucun pli. Il rangea sa nouvelle baguette et déclara.
— Je n'ai pas besoin de me reposer pour le moment. J'essaierai seulement de limiter l'utilisation de ma magie et cela suffira le temps que je récupère.
Harry secoua la tête. Tom osait lui dire cela après avoir utilisé un sort complètement inutile sur son uniforme. Il ne protesta pas pour autant, si le Serpentard se sentait capable de l'accompagner, il le laisserait faire.
À suivre...
