Chapitre 10 : Le début du voyage

Bonsoir ! Demain c'est le week-end ! X) Comment c'est passé votre semaine ? On en est au dixième chapitre de DISS' c'est super ! J'espère que la réécriture vous plaît toujours et que lire ou relire cette histoire vous est agréable, je vous laisse avec ce chapitre de transition qui introduit un tout nouveau personnage et je vous dis à demain ! (Laissez-moi une review en partant cela me fera plaisir ! :)


Harry, tendu, s'adossa au mur de pierre derrière lui en soupirant et il croisa les bras contre sa poitrine. Il essaya de se détendre un peu, en réfléchissant à ce que lui avait dit Rogue après qu'il ait quitté Poudlard.

Il avait fait ses adieux aux huitièmes années. Hermione, Drago, Neville et Luna lui avaient offert un paquet, un petit paquet dont il ne connaissait pas le contenu. Hermione lui avait fait promettre de ne pas l'ouvrir avant d'être arrivé à Ilvermorny et de le l'utiliser seulement s'il en avait besoin. Harry ne l'avait donc pas ouvert et l'avait rangé avec le reste de ses affaires dans son coffre, qui était actuellement miniaturisé et rangé dans la poche de sa robe.

Après qu'il ait quitté la Salle sur Demande, Rogue lui avait expliqué comment se déroulerait le voyage : d'abord, ils se rendraient à un point de rencontre où ils seraient rejoints par un professeur d'Ilvermorny, puis celui-ci les conduirait sur ce que Rogue avait appelé un clipper, une sorte de voilier animé par magie qui se déplaçait assez vite pour rejoindre l'Amérique en seulement deux jours.

C'était apparemment le moyen le plus rapide pour rejoindre les États-Unis.

Harry ressentait un mélange d'appréhension et d'excitation à l'idée de traverser tout l'océan Atlantique en bateau. Ce serait la première fois qu'il entreprendrait un voyage comme celui-ci... cependant il ne serait certainement pas de tout repos, entre le tournoi des trois sorciers, sa magie qui le faisait souffrir et Tom Jedusor.

Le brun remua un peu contre le mur, agité, jusqu'à ce qu'il entende une voix lui dire lentement.

— Tu sembles assez inquiet, quelque chose te dérange ?

Harry ouvrit les yeux et tomba immédiatement sur les orbes rouge sang de Jedusor. Debout, en face de lui, celui-ci l'observait de manière insistante, comme il en avait l'habitude, ne le lâchant jamais plus de quelques secondes du regard. Portant l'uniforme de Poudlard, Tom semblait beaucoup plus calme que lui. Harry le détailla un moment, lui rendant sa précédente observation. Tom avait presque l'air heureux, il affichait un petit sourire et son langage corporel montrait qu'il n'était pas inquiet.

Depuis l'incident au Square Grimmaurd, le mage noir semblait plus détendu et encore plus... présent ? Déjà d'ordinaire, Tom n'était pas quelqu'un que l'on pouvait ignorer facilement mais actuellement, il était impossible pour Harry de l'oublier. Sa présence devenait envahissante.

Il finit par se poster à ses côtés pour demander.

— C'est Ilvermorny qui te rend nerveux ? Tu ne devrais pas être intimidé par un tournoi dont tu es déjà le champion.

Fronçant les sourcils, Harry laissa un silence s'étendre, les yeux perdus dans le ciel étoilé au-dessus de lui. Il ne voyait qu'un pan restreint de celui-ci étant donné qu'ils étaient actuellement dans une ruelle assez étroite. Il répondit dans un murmure.

— Le tournoi ne me dérange pas, je ne compte pas essayer de le gagner. Je suppose que j'appréhende seulement le voyage, et le fait de devoir attendre ici sans rien faire, n'arrange pas la situation.

Harry vit du coin de l'œil Tom acquiescer, toujours très calmement. L'attitude du mage noir finit par le détendre un peu ; si Tom ne ressentait aucune crainte particulière à quitter l'Angleterre, il ne voyait pas pourquoi lui devrait en avoir.

L'héritier de Serpentard semblait, depuis son réveil, beaucoup plus sûr de lui et étrangement décontracté. Comme si apprendre de quelle manière il était revenu à la vie avait retiré un poids de son esprit.

Jedusor était resté en retrait, comme il l'avait déjà fait lorsque Harry avait rejoint les huitièmes années. Il avait observé la scène de loin, attendant simplement qu'il termine de parler avec les élèves qui l'accaparaient. Sauf lorsque Theodore Nott l'avait approché. Harry était persuadé que Nott voulait lui dire quelque chose d'important mais celui-ci s'était tu dès que Jedusor était apparu près de lui. Le fils de Mangemort avait brusquement pâli et s'était contenté de lui souhaiter bon voyage.

Cela avait confirmé sa théorie : la nuit où il s'était endormi dans la salle commune, Jedusor et Nott avaient eu une interaction. Une interaction où Tom Jedusor avait effrayé et peut-être même menacé Theodore Nott.

Harry n'avait pas insisté pour savoir, ne voulant pas créer de conflit avant le départ, mais il se demandait tout de même ce que Tom avait bien fait à Nott pour effrayer celui-ci à ce point. Et surtout, pourquoi ? Pourquoi Tom s'en serait-il pris à Theodore ? Theodore n'était pas du genre à provoquer quelqu'un sans raison, surtout quelqu'un comme l'ancien Seigneur des Ténèbres. Harry ne voyait pas non plus pourquoi Tom effraierait volontairement Nott. Peut-être qu'il se faisait des idées et que Theodore craignait seulement Tom Jedusor parce qu'il était, justement, Tom Jedusor, et non pas parce qu'il l'avait menacé.

Malgré ce petit incident et l'hostilité constante de Tom envers les élèves de Poudlard, Harry ne pouvait s'empêcher de penser que celui-ci semblait heureux. Alors que lui était un peu triste et inquiet à l'idée qu'il ne resterait pas à Poudlard cette année, Tom semblait au contraire tout à fait satisfait. Et ce, malgré le fait qu'ils soient ici, à attendre depuis deux longues heures.

Harry dit sans vraiment réfléchir.

— Contrairement à moi, tu sembles content de partir.

Tom eut l'air surpris avant qu'un sourire plus affirmé reprenne ses traits. Il susurra lentement.

— Effectivement, quitter un lieu où la moitié des résidents souhaitent ma mort ne m'attriste pas.

Le rouge et or ne fut pas surpris par cette réponse, il s'attendait à ce que la joie de Tom ait un côté un peu malsain. Surtout que Jedusor n'avait pas tort, la plupart des résidents de Poudlard souhaitaient sa mort...

Harry ne répondit rien et le silence revient. Que pouvait bien faire Rogue pour prendre autant de temps ? Ils étaient actuellement au fameux point de rencontre où, normalement, le professeur d'Ilvermorny devait les rejoindre. Cependant, après leur avoir dit de rester ici et de ne surtout pas bouger, moyennant quelques menaces sous-entendues, Severus Rogue leur avait dit qu'il partait à la rencontre de leur guide, sans leur dire quand il reviendrait exactement.

Et, comme tout bon Gryffondor, la patience n'était pas le fort d'Harry, qui détestait ne rien faire pendant trop longtemps. Ne pas être occupé le forçait à réfléchir et ses réflexions ne menaient jamais à rien de bon.

Récemment, il s'était demandé pourquoi Ilvermorny avait d'abord contacté Poudlard et le ministère plutôt que de lui envoyer directement une invitation à participer au tournoi. C'était comme si l'école américaine ne voulait pas qu'il ait la chance de refuser ou d'ignorer l'invitation. Le protocole aurait voulu qu'il reçoive une lettre avant, ou au moins en même temps que Poudlard et le ministère de la magie. Mais il n'avait rien reçu. Ilvermorny avait directement demandé aux instances les plus puissantes d'Angleterre sa participation au tournoi dont il était le champion.

Harry grinça des dents, conscient de sa paranoïa. Ilvermorny n'avait aucune raison de le tirer de force en Amérique, le directeur de cette école voulait certainement juste respecter une vieille tradition.

— Tu penses que c'est un piège.

Harry se tourna vers Jedusor qui avait, de toute évidence, compris la raison de ses inquiétudes.

Harry décida de répondre sincèrement.

— Oui, j'ai l'impression que cette histoire est un peu plus complexe qu'elle n'en a l'air. Ilvermorny aurait dû m'envoyer une invitation mais, au lieu de ça, c'est Poudlard qui a reçu non pas une invitation, mais une convocation. Alors, soit c'est moi qui me fait des idées, soit Ilvermorny a une autre raison, plus importante, pour me faire venir en Amérique.

Tom ne répondit rien mais son visage se ferma et Harry réussit presque à entendre les rouages de l'esprit de l'ex-Seigneur des Ténèbres se mettre en mouvement, comme le mécanisme d'une horloge bien huilée.

Après un moment très court, le Gryffondor ajouta, ne plaisantant qu'à moitié.

— Si tu n'étais pas à côté de moi, la pensée que Voldemort était derrière tout cela et souhaitait, pour une raison quelconque, m'avoir en Amérique m'aurait effleuré l'esprit.

Jedusor se raidit et secoua la tête négativement.

— Je ne suis pas la cause de tous les maux dont tu pourrais souffrir, bien que j'ai été le responsable de beaucoup d'entre eux.

Harry réalisa que Tom se sentait coupable de sa méfiance actuelle et il décida d'arrêter dès maintenant de réfléchir à tout cela.

— Peu importe, je suis seulement un peu angoissé et cela me fait imaginer le pire. Ilvermorny n'est coupable de rien et son directeur doit seulement être un homme attaché aux vieilles coutumes.

Après ces quelques mots d'Harry Potter, le silence s'étendit de nouveau, rapidement rompu par un grand bruit de craquement précédant une explosion...

Le Survivant réagit au quart de tour. Empoignant Tom par l'épaule, il l'éloigna du point d'impact - sous leurs pieds - il reconnut l'utilisation du sortilège Deprimo et, se souvenant des effets de celui-ci, il transplana sur le rebord d'un toit semi-plat. Le sol qu'ils venaient de quitter s'était affaissé en gros tas de gravats informe suite à l'explosion.

Harry grimaça. S'il avait été moins rapide, ils auraient tous deux fini ensevelis. Sans se rendre compte qu'il restait devant l'ancien Seigneur des Ténèbres, faisant barrière entre celui-ci et leur potentiel ennemi, Harry repéra un homme non loin, de l'autre côté de la ruelle. C'était de là-bas que le bruit de craquement provenait ; l'homme avait transplané juste avant de les attaquer.

La suite des événements se passa très rapidement. Voyant l'homme visiblement armé se diriger vers eux, à quelques mètres seulement, Harry, sans même faire usage de sa baguette, éleva rapidement sa main droite et murmura.

— Wingardium Leviosa, Waddiwasi !

Immédiatement, derrière lui, les gravats de l'explosion précédente s'élevèrent dans les airs avant de foncer à une vitesse incroyable vers l'ennemi. Celui-ci réussit à en diminuer la masse avec un Reducto et il en esquiva une bonne moitié avant qu'Harry n'entende un autre craquement derrière lui. Celui-ci provenait de Tom qui venait de transplaner.

Atterrissant juste derrière l'homme acculé par le reste des gravats qui fonçaient toujours sur lui à la vitesse de balles de fusil, le mage noir attrapa sa nouvelle baguette et, avant même que l'ennemi ait le temps de détecter sa présence, il prononça.

§ Incarcerem. §

Des liens noirs semblables à des serpents sortirent de sa baguette et immobilisèrent complètement l'homme au sol. Incapable de bouger, celui-ci se prit de plein fouet le restant des gravats, réduits en petits morceaux.

L'action tout entière, depuis l'explosion, avait duré moins d'une minute. Harry expira légèrement et lança un coup d'œil à Tom qui se tenait derrière l'homme, l'air passablement énervé mais intact. Voyant le mage noir se diriger vers l'homme blessé et retenu au sol, Harry descendit du toit et les rejoignit.

Alors qu'il s'apprêtait à demander à l'homme, visiblement toujours conscient, son identité et la raison de son attaque, il entendit un énième craquement mais reconnut la signature magique de Severus Rogue.

Celui-ci arriva non loin d'eux et son visage déjà contracté se déforma dans une grimace lorsqu'il vit le spectacle. La ruelle n'était plus qu'une marée de gravats et, au milieu de celle-ci, se tenaient Harry Potter et Tom Jedusor. Un homme ligoté à leurs pieds semblait s'être reçu une bonne partie des pierres.

Alors que Tom resserrait les liens sur l'homme à terre et qu'Harry s'apprêtait visiblement à lui faire subir un interrogatoire, Rogue prit la parole.

— Vous pouvez relâcher cet imbécile. C'est le professeur chargé de nous guider.

Harry fronça les sourcils et Tom ne fit aucun mouvement indiquant qu'il souhaitait libérer l'homme. Rogue, voyant cela, fusilla du regard la chose qui se tenait par terre et finit par soupirer.

— Je suppose qu'il mérite ce que vous lui avez fait mais si vous le gardez ainsi, j'ai bien peur qu'il ne puisse pas nous guider.

Au moment où Rogue finit cette phrase, les liens disparurent et l'homme transplana immédiatement à côté du Maître des potions. L'inconnu couvert de bleus adressa un sourire radieux aux deux sorciers qui se tenaient toujours sur leurs gardes et dit, d'une voix légèrement grinçante.

— On m'avait dit que les jeunes sorciers d'Angleterre étaient sacrément doués, j'en ai maintenant la preuve. Ravi de vous rencontrer messieurs, mon nom est Ulrich Tiare et j'ai été chargé de vous guider jusqu'à Ilvermorny.

L'homme souriait toujours exagérément et exécuta une courbette sous les yeux méfiants d'Harry et de Tom.

Le mage noir n'avait pas relâché son sortilège, ce qui signifiait que cet homme avait réussi à s'en libérer de lui-même.

Harry jaugea du regard l'homme devant lui : la peau tannée, les cheveux noirs longs et bouclés attachés en queue de cheval, une robe de sorcier brune portant des motifs indiens rouges et bleus et des yeux d'un marron chocolat adoucissant un visage fin et des traits agressifs. Son sourire était tellement large qu'il semblait lui fendre le visage en deux et les multiples blessures dues aux chocs des pierres n'arrangeaient en rien son apparence. Cet homme avait quelque chose d'un peu inquiétant.

Harry avait remarqué que, depuis son apparition, celui-ci camouflait parfaitement son aura magique et cela le dérangeait. Il avait pris la mauvaise habitude de juger la force de ses ennemis par rapport à leur aura magique or là, il ne pouvait pas le faire. Grimaçant, il grogna.

— Est-ce commun en Amérique d'attaquer des sorciers qui ne vous ont rien fait avant de se présenter à eux ?

Le tout était sorti de manière très sarcastique, Tiare le regarda et son sourire s'agrandit encore plus, si possible. Il dit, ne répondant pas à la question du Gryffondor.

— Harry Potter, je suppose ? Je vous dois des excuses, je ne pensais pas que vous réagiriez aussi violemment à cette petite attaque. Je ne voulais en aucun cas créer de conflit entre nous. J'ai simplement pour habitude de tester les futurs élèves d'Ilvermorny.

Tom vit Harry froncer les sourcils, il se demandait probablement si l'homme face à eux n'était pas fou. Ulrich Tiare ne semblait pas être le genre de personne qu'un homme sain d'esprit enverrait pour guider ses invités jusqu'aux États-Unis.

Jedusor entendit Harry demander, toujours sur la défensive.

— Et qu'enseignez-vous ?

L'homme adressa un clin d'œil général et murmura, son index devant sa bouche.

— Ça c'est un secret.

Tom ne fut pas surpris de sentir la colère d'Harry croître à cette réponse. Lui-même se sentait assez énervé. Cette attaque surprise avait réveillé sa méfiance. Il ne supportait pas la pensée que quelqu'un, peu importe l'identité de cette personne, attente à sa vie ou à celle d'Harry, et si Potter ne l'avait pas rejoint lorsqu'il avait arrêté le professeur, il aurait probablement puni celui-ci par une malédiction bien plus douloureuse que les quelques gros cailloux que l'homme s'était reçu.

Contrôlant sa brusque envie de clouer une fois de plus l'homme à terre, il siffla presque lorsque celui-ci lui demanda son identité.

— Je ne donne pas mon nom à n'importe qui.

Le soi-disant professeur fit brusquement la moue, gonflant les joues comme un enfant vexé, il bougonna.

— Si j'avais su que cela vous rendrait si méfiant, je me serais abstenu. Vous les anglais êtes si coincés...

Le professeur Rogue passa une main sur son visage et grinça.

— Ulrich arrête ça, veux-tu ? Comporte-toi comme un adulte.

Ledit Ulrich retrouva immédiatement le sourire et dit en tapotant énergiquement l'épaule de Rogue qui ne réagit pas.

— Ça fait plaisir de voir que tu n'as pas changé Severus, toujours aussi grincheux.

Une veine apparut sur le front du Maître des potions et Jedusor entendit Potter demander, fronçant davantage les sourcils.

— Vous vous connaissez ?

Severus Rogue grogna des paroles incompréhensibles alors qu'Ulrich souriait en déclarant.

— On a passé notre maîtrise de potion ensemble.

Rogue dit peu après, menaçant l'autre professeur du regard.

— Ce n'est pas le sujet.

Il mit ainsi un terme aux questions que Potter s'apprêtait à poser. Un moment passa dans le silence, avant qu'Harry ne fasse un léger mouvement en avant. Il devait avoir fait un choix entre ennemi ou potentiel professeur puisqu'il dit sèchement, s'adressant à Ulrich Tiare.

— Abstenez-vous de nous attaquer la prochaine fois. J'aurai très bien pu vous prendre pour un Mangemort échappé d'Azkaban à ma recherche et décider de vous tuer.

Le professeur d'Ilvermorny perdit son sourire.

— Veuillez m'excuser, je ne voulais en aucun cas vous rappeler les événements de la guerre. La pensée que vous puissiez me considérer comme un mage noir échappé de prison ne m'a jamais effleuré l'esprit. J'aurais dû me douter que les souvenirs de la guerre étaient encore trop vifs dans votre esprit. Monsieur Potter, si vous voulez bien excuser ma maladresse, je serais votre guide jusqu'à Ilvermorny.

Le tout sonna trop poli, Tom ne savait pas si l'homme jouait la comédie ou s'il était réellement affligé par son geste. La pensée que celui-ci ait testé leurs capacités au duel en toute connaissance de cause lui traversa l'esprit et les soupçons de Harry à l'égard d'Ilvermorny lui paraissèrent alors encore plus tangibles.

Tom vit du coin de l'œil Harry passer une main dans ses cheveux bruns, irrité et perplexe. Celui-ci dit, en un soupir.

— Je suppose que nous n'avons pas le choix.

Après cela, Rogue tendit un flacon de potion au professeur d'Ilvermorny et dit à celui-ci.

— Bois ça et guide-nous puisque nous n'avons pas d'autre choix.

Tiare descendit le flacon de potion de guérison d'un coup et adressa un grand sourire à Rogue et lui dit avec reconnaissance.

— Merci Severus.

Ignorant le regard noir du Maître des potions, le professeur d'Ilvermorny se retourna et dit.

— Suivez-moi, c'est par ici !

Alors qu'Harry Potter et Tom Jedusor emboîtaient le pas à Ulrich Tiare, Severus Rogue fut le seul à penser à remettre la ruelle en état : ameuter les Aurors ne faisait pas partie du programme de ce voyage. D'ailleurs, le Maître des potions ne pensait jamais qu'il reverrait une vieille connaissance en accompagnant Harry Potter. Et croyez-le, il se serait bien abstenu de revoir Ulrich Tiare...

Le jour se levait lentement sur les côtes de l'Angleterre lorsqu'ils atteignirent le port de Southampton. Harry apprit que cette ville portuaire était aux deux tiers magique.

Une grande partie du port n'était pas réservée aux croisières moldues mais bien aux affaires sorcières, c'était d'ici que la liaison entre l'Amérique et l'Angleterre magique se faisait quotidiennement.

Le peu de commerce entre ces deux différents gouvernements se faisait par le biais de clippers, des voiliers plus ou moins grands animés par la magie de pilotes dont conduire ces bateaux était le métier. L'ambiance du côté magique de ce port avait quelque chose d'ancien et de fantastique.

Tout était fait par magie, pas de machine à l'horizon, simplement du bois et du métal enchantés. La plupart des caisses descendues par les sorciers marins étaient plus grandes à l'intérieur et plus légères qu'une plume d'extérieur.

D'ailleurs tout le monde ici se servait de sa baguette.

Les marins descendaient les caisses à coups d'Accio ; les pieds sur la terre ferme, ils n'avaient qu'à appeler la caisse par son numéro pour que celle-ci apparaisse dans leurs bras. Ils déposaient ensuite la caisse au sol et recommençaient cela, leur grande vitesse permettait ainsi de décharger de gros bateaux en quelques secondes seulement.

Le tout était très impressionnant, Harry avait vu un petit voilier partir à toute vitesse en direction du large, le vent poussant sa voile en avant généré magiquement.

Ulrich Tiare, le professeur et désormais guide, avait eu l'air de connaître particulièrement bien le sujet et avait longuement expliqué que, pour doser la bonne force de vent et la résistance des voiles, il fallait une grande maîtrise de sa magie et que, souvent, la plus petite des erreurs créait des accidents. Ne pas renforcer assez la voile la faisait se déchirer au contact d'un vent trop fort mais, au contraire, trop la renforcer la rendrait rigide et le bateau n'avancerait alors pas d'un pouce.

Le professeur d'Ilvermorny avait utilisé tout un tas de termes très techniques qu'Harry n'avait pas du tout compris. Pour lui, la navigation magique était une découverte et jamais il n'aurait imaginé une pareille organisation. Il se rendit compte, un peu tristement, que la guerre l'avait empêché de découvrir le monde magique comme il aurait aimé le faire.

Le brun aux yeux verts remarqua avec amusement que Jedusor avait l'air encore plus fasciné que lui. Le mage noir ne posait aucune question et semblait toujours hostile envers Ulrich Tiare mais, à chaque manifestation magique peu ordinaire, ses yeux se mettaient à scintiller comme s'il faisait la plus belle des découvertes. Harry s'était douté que derrière la personne de Voldemort s'était d'abord tenu un sorcier véritablement passionné par la magie sous tous ses aspects.

Tom Jedusor avait une fascination et une admiration pour la magie qui s'apparentait au culte. Harry ne pouvait que le rejoindre à ce sujet et lui-même avouait être complètement fasciné par tous les petits détails magiques qu'il apercevait alors qu'ils traversaient le port.

Cette visite avait eu le mérite de lui faire oublier sa méfiance envers Ilvermorny et il avait même pardonné son attaque surprise à Ulrich Tiare. L'homme ne semblait pas méchant, un peu fou, mais pas méchant.

Son caractère était un mélange étrange entre celui d'un enfant trop gâté et celui d'un sang-pur adulte et cela détonnait. L'amitié pas forcément réciproque entre Tiare et Rogue était aussi très amusante à regarder.

C'était la première fois qu'Harry voyait quelqu'un se comporter ainsi avec le Maître des potions. Ulrich Tiare n'hésitait pas à répondre à celui-ci en souriant lorsque l'autre le rabaissait et il se montrait très tactile en attrapant souvent Rogue par le bras ou l'épaule.

Severus avait l'air assez énervé mais il n'avait pas encore maudit l'autre homme et Harry se doutait que Rogue ne le ferait pas car - même si la raison lui était inconnue - Severus Rogue tolérait la familiarité d'Ulrich Tiare à son égard.

Peut-être que, contrairement à ce qu'il pensait, Rogue avait au moins un bon ami sur qui compter, même si ce dernier était américain et avait un comportement quelque peu excessif.

Après la visite guidée du port, Ulrich les mena jusqu'à un clipper plus petit que les autres. Il avait affirmé que c'était le sien et qu'il l'avait lui-même piloté jusqu'ici et avait ajouté que sa petite taille rendait ce clipper particulièrement facile à manœuvrer et qu'il était autant voire plus rapide qu'un plus gros modèle. Après avoir fait l'éloge de son navire, le professeur et pilote les fit monter à bord.

Harry préféra rester à l'extérieur, observant la mer s'étendre à perte de vue devant lui. Tom n'était pas resté avec lui, il était rentré dans une des deux cabines et Harry, bien que toujours un peu tendu lorsque le mage noir s'éloignait, ne l'avait pas suivi. Après tout, ils venaient de faire une nuit blanche et Tom avait subi avant cela un grand épuisement magique. L'ancien Seigneur des Ténèbres souhaitait probablement se reposer quelques heures.

Alors qu'Harry était penché sur le bastingage du bateau, celui-ci partit d'un coup un peu brusque et il entendit de loin la voix de Rogue siffler.

— Es-tu sûr de savoir piloter cet engin ?

Tiare répondit par un éclat de rire franc.

— Bien sûr que je sais. Tu veux essayer ?

Ce à quoi Rogue répondit, d'un ton sec et tranchant.

— Non merci.

Harry inspira profondément. Cette fois-ci faire marche arrière lui était impossible, il allait devoir affronter Ilvermorny, le tournoi des trois sorciers et faire tout cela en s'assurant que Tom ne bascule pas dans l'extrémisme.

Harry savait que Tom pratiquerait toujours la magie noire, et cela ne le dérangeait pas du moment que cette pratique était sans danger et dans le respect des limites imposées.

Il avait vu que même un Incarcerem prenait, avec Tom, un côté bien plus sombre, et l'utilisation du fourchelang n'était pas la seule responsable. L'inclinaison magique de Tom Jedusor resterait ténébreuse quoi qu'il advienne.

Le brun posa une main contre sa poitrine et expira profondément. Sa magie ne lui semblait pas aussi claire qu'il aurait aimé qu'elle le soit et, s'il devait être honnête avec lui-même, il avouerait qu'il était bien plus proche de la magie noire que de la magie blanche.

Sa magie était tellement incontrôlable qu'elle ne pouvait pas être autre chose que sombre et cela le dérangeait plus qu'il ne voulait bien se l'avouer. Tom pouvait être sombre, il était un Seigneur des Ténèbres, mais lui ne le pouvait pas, il n'était pas censé être un mage noir...

Le bateau fit un brusque mouvement en avant et Harry fut ramené à la réalité. Il se dirigeait vers les États-Unis, là où une autre école de sorcellerie apprenait des formes différentes de magie à d'autres jeunes sorciers et, peut-être que là-bas en dehors du tournoi, il trouverait un moyen de se réconcilier avec la sienne.

Il passa les premières heures du voyage sur le pont à observer le soleil s'élever peu à peu au-dessus de la mer, secoué par les remous de l'océan et les cahots de la conduite un peu approximative de Tiare qui semblait s'amuser comme un petit fou à la barre.

Par certains aspects, le comportement d'Ulrich Tiare rappelait un peu Sirius Black à Harry. Ou plutôt, le Gryffondor imaginait que Sirius aurait eu ce genre de comportement s'il n'avait pas passé douze années enfermé à Azkaban en compagnie des Détraqueurs.

La matinée se passa calmement pour Harry, rythmée par les disputes de Rogue et Tiare qui ne passaient pas une heure sans se quereller. Enfin, Rogue semblait irrité mais Tiare lui souriait, ces petites interactions avec le Maître des potions l'amusaient visiblement.

C'était presque à croire qu'il faisait exprès d'énerver le Potionniste pour qu'il réagisse chaque fois au quart de tour. Harry les écoutait d'une oreille distraite, ils lui rappelaient un peu Ron et Hermione à se disputer ainsi pour un rien. La mort de Ron resurgit dans son esprit et il grimaça.

Ce fut seulement lorsque le soleil fut haut dans le ciel qu'il commença à se demander ce que pouvait bien fabriquer Tom à l'intérieur de sa cabine. Enfin, de leur cabine. Rogue et Tiare en possédaient une, la plus grande, et eux se partageraient la seconde. Rogue n'avait pas eu l'air d'apprécier la répartition des cabines, que ce soit les concernant Tom et lui ou le concernant lui-même avec Tiare.

Harry devait avouer que cela ne le dérangeait pas. Il y a quelques semaines, dormir dans la même chambre que Tom Jedusor l'aurait inquiété mais maintenant, cela ne le dérangeait plus.

Harry lança quelques coups d'œil à la porte derrière laquelle Tom avait disparu quelques heures plus tôt puis décida de s'y rendre à son tour ; si Tom dormait il rebrousserait chemin autrement il resterait certainement avec le mage noir.

À suivre...