Chapitre 11 : Créer des liens
Bon week-end à vous ! On est samedi matin et il y a plein de choses que je veux faire et tout autant que je sais que je n'aurai pas le temps de faire et pour gagner du temps, je me suis levée tôt exprès pour vous publier le chapitre d'aujourd'hui de bonne heure et de bonne humeur ! C'est un chapitre sur le voyage en bateau vers Ilvermorny, un voyage pas exactement de tout repos mais pas un voyage trop mouvementé pour autant. C'est l'occasion pour Tom d'essayer de communiquer avec Harry mais ce n'est pas évident pour un jeune Seigneur des Ténèbres de faire preuve de délicatesse.
Harry pénétra dans la cabine sans même frapper à la porte. Si Tom dormait, il ne voulait pas le réveiller et si celui-ci ne dormait pas, alors il le sentirait approcher bien avant que le brun ne frappe à la porte, ce qui rendait l'action totalement inutile.
En entrant dans la petite pièce, Harry vit rapidement sa composition ; deux petits lits en bois étaient disposés autour d'une table basse fabriquée dans le même bois, l'un à droite et l'un à gauche. Une seule fenêtre, située juste au-dessus de la table, en face de la porte d'entrée qu'Harry était en train de refermer, éclairait la pièce.
Le brun fut étonné de voir cette table basse submergée par une pile de grimoires épais qu'il savait appartenir à la section interdite de Poudlard, grâce à l'écusson de l'école, présent sur chacune des couvertures.
Harry se tourna légèrement sur sa gauche, pas surpris d'y voir Tom Jedusor tranquillement allongé sur le petit lit, l'un des nombreux grimoires trônant entre ses mains. Le mage noir avait détourné les yeux de sa lecture en sentant le Gryffondor approcher et Harry n'eut pas le temps de demander quoi que ce soit avant d'entendre.
— Je les rapporterai à notre retour en Angleterre.
Le lion resta muet un instant avant de souffler.
— Je suppose que tu ne les as pas empruntés de manière officielle ?
Un sourire énigmatique plana quelques secondes sur les lèvres du Serpentard avant que celui-ci ne réponde.
— J'ai laissé un mot à l'adresse de la directrice dans la section interdite.
Potter resta un instant de plus figé devant la porte avant que ses épaules ne s'affaissent en même temps qu'un soupir passait ses lèvres. Il lorgna la pile de bouquins innocemment posés sur la table et se retourna vers Tom, lui adressant par la même occasion un regard légèrement désapprobateur, contredit par la lueur amusée brillant dans ses yeux verts.
Harry frotta sa poitrine d'une main distraite, montrant sans le vouloir que sa magie le faisait encore souffrir, avant de dire.
— Tu aurais pu me demander, j'aurais été les emprunter pour toi.
Tom répondit simplement.
— Je sais.
Harry s'approcha de la pile et regarda un instant le titre du premier livre, grimaçant lorsqu'il remarqua que c'était une œuvre latine, impossible pour lui de savoir de quoi cela parlait, même s'il se doutait que le sujet devait être la magie noire ou quelque chose s'y rapportant.
Harry demanda à Tom en s'asseyant sur le lit de droite.
— Quand les as-tu pris ?
Le mot «volé » traversa son esprit sans qu'il ne se décide à l'utiliser. Une image de Dumbledore traitant Tom de voleur lorsqu'il était petit lui apparut et il cligna des yeux, la chassant efficacement.
Jedusor referma doucement le livre qu'il tenait dans ses mains et bascula sur le côté, s'asseyant en face de lui. Il lui répondit en reposant le grimoire près des autres sur la table.
— Le jour où la directrice t'a annoncé que tu devais participer au tournoi, je suis allé chercher des informations sur Ilvermorny à la bibliothèque. Il n'y avait rien de pertinent dans les sections classiques mais j'ai trouvé les règles officielles du tournoi ainsi que l'histoire de la création d'Ilvermorny dans la section interdite. J'en ai profité pour prendre quelques autres livres qui me semblaient dignes d'intérêt.
Harry fut décontenancé lorsque le mage noir attrapa un des grimoires pour le lui donner. Le lion envoya un regard perplexe au Serpentard qui se contenta de dire, ses yeux arborant une lueur rougeâtre tirant sur le bordeaux.
— Tu devrais lire celui-ci, il est en anglais.
Un peu méfiant, Harry lut à voix haute le titre du vieux livre.
— Liens d'appartenances magiques, écrit par Luth Lacan.
Puis il demanda lorsque Jedusor se réinstalla dans son lit, un autre livre ayant remplacé le précédent dans ses mains.
— Il y a une raison particulière pour que tu veuilles que je lise ce livre ?
Tom, interrompu dans le début de sa lecture, se contenta de répondre.
— Nous n'avons rien d'autre à faire avant d'arriver en Amérique et ce livre a plusieurs informations assez intéressantes, notamment sur les liens psychiques d'origine magique.
Harry grimaça, incertain de ce que Tom essayait exactement de lui dire. Il finit par s'installer lui aussi sur son lit, ouvrant le grimoire, et demanda une dernière fois avant de commencer sa lecture.
— Ce livre a-t-il un rapport avec ça ?
Ce fut à Tom de grimacer lorsqu'il entendit Potter presque siffler le ça qu'il savait désigner leur lien. Potter n'était pas prêt à admettre qu'ils étaient liés mais ce livre l'aiderait au moins à comprendre ce qu'était exactement un lien magique et la manière dont ils fonctionnaient. Et, même si le leur était bien plus complexe que ceux présentés dans ce livre, Tom pensait qu'il était préférable qu'Harry sache l'importance qu'avait un lien dans le monde sorcier.
Il répondit calmement, essayant de ne pas braquer l'autre sorcier.
— Il n'y a rien dans ce livre nous concernant directement, il parle seulement des liens magiques, de ce qu'ils sont, de leurs différences et de leurs utilisations. Je n'ai pas découvert ce qui nous liait en le lisant.
Tom vit le Gryffondor se tendre et il se sentit un peu blessé. Harry Potter ne voulait pas de cette liaison, tout en lui rejetait la possibilité qu'ils soient liés et Tom commençait à redouter le jour où Harry apprendrait que leurs deux âmes étaient la même. Il ne supporterait pas qu'Harry le rejette en apprenant la vérité. Il n'avait pas le droit de le faire. Il était la seule personne capable de le comprendre, de rester avec lui sans le juger. Il ne voulait pas le voir partir , il ne le laisserait pas partir.
Potter devait comprendre qu'avoir une âme-sœur était quelque chose de rare et de précieux, même si c'était considéré comme une aberration.
Harry finit par s'allonger complètement sur son lit et démarra sa lecture, Tom surveillant ses réactions du coin de l'œil.
Potter avait gardé les sourcils froncés durant toute la lecture, lisant de manière presque rigide, aucune autre expression ne traversant son visage. Il resta concentré dans sa lecture, penchant parfois un peu la tête sur le côté comme pour indiquer qu'il ne comprenait pas un passage en particulier. Cette expression d'incompréhension lui donnait un air indéniablement enfantin et contrastait beaucoup avec son habituelle expression torturée, ce qui fascinait Jedusor qui le regardait.
Lorsqu'il eut fini de lire l'intégralité du livre, quelques heures après avoir commencé, le rouge et or se rassit et s'étira silencieusement. Puis, il reposa l'ouvrage de Lacan sur la table basse, sans un mot.
Tom lui lança un regard interrogatif et Harry finit par relever les yeux vers lui, le gratifiant d'un regard sombre à la limite de la haine et dit d'une voix rendue rauque.
— Je n'avais pas besoin de lire cela pour comprendre que notre lien est important Tom.
Potter baissa les yeux, les mains agrippées sur le bord du lit.
— Je sais que je ne peux rien faire pour le briser et je n'avais pas besoin de lire ça pour m'en rendre compte.
Il grinça des dents et se releva brusquement sa magie grondant autour de lui, lui indiquant avant de sortir de la cabine.
— Je vais prendre l'air.
Tom reçut la réaction d'Harry aussi durement que s'il s'était pris un coup. Il resta sans bouger pendant un moment puis retomba dans son lit, légèrement assommé, son esprit analysant la réaction de Potter sans son consentement.
Celle-ci était compréhensible. Lorsque Tom inversait la situation et se mettait à la place d'Harry, il comprenait parfaitement pourquoi celui-ci avait réagi ainsi.
En le forçant à lire ce livre, il avait essayé de manipuler le Gryffondor, il avait essayé de lui faire accepter de force leur lien. Et non seulement Harry s'en était rendu compte, mais en plus, au lieu de rassurer Potter sur le fait que leur lien n'était pas une contrainte, il avait accentué les craintes d'Harry au sujet de partager une connexion si forte avec lui.
Harry n'était pas quelqu'un qu'il pouvait manœuvrer. Tom le savait, Potter était imprévisible et bien trop complexe pour qu'il puisse le manipuler comme il l'avait fait avec tous les membres de son entourage jusque-là.
Essayer d'influencer l'avis d'Harry sur quoi que ce soit ne fonctionnerait pas ; plus il essayerait et plus Potter se braquerait et se protégerait de lui en s'éloignant.
Tom ne s'était pas rendu compte qu'il essayait d'influencer Harry. C'était devenue une habitude, une habitude qu'il lui faudrait perdre. Harry était quelqu'un de solitaire et de méfiant, il ne faisait même pas confiance aux personnes avec lesquelles il partageait un dortoir depuis plus de sept ans.
Il avait immédiatement compris pourquoi Tom lui faisait lire ce livre, c'était évident, il aurait dû lui dire les choses directement au lieu de le faire de manière détournée. Cela l'avait énervé, comme le mage noir l'aurait été à la place d'Harry.
Le lion se sentait déjà piégé par ce lien qu'il ne connaissait pas, ce n'était pas en lui montrant à quel point ce qu'il craignait était incassable qu'il allait le rassurer.
Tom se blâma pour avoir essayé quelque chose d'aussi ridicule mais il devait avouer être un peu perdu concernant les relations humaines. Habituellement, il utilisait la manipulation, obtenait ce qu'il voulait et pouvait passer à autre chose. Mais rien de tout cela ne fonctionnait sur Harry.
Il faudrait qu'il revoit sa manière d'agir, au moins avec Harry ; s'il voulait construire une relation de confiance avec son âme-sœur, il allait devoir trouver un moyen plus sincère de s'adresser à lui.
Un son un peu étranglé, mélange entre rire et gémissement, s'échappa de la gorge du mage noir lorsqu'il réalisa qu'il n'avait aucune idée de comment deux personnes normales créaient une relation de confiance...
Un moment plus ou moins long passa avant que Tom ne prenne la décision de se relever et, tandis qu'il s'avançait vers la porte, il songea à retrouver Harry pour lui parler, pour s'excuser. Il savait que c'était de sa faute et que, pour arranger les choses, il devait au moins essayer de lui parler.
Avant même d'ouvrir la porte, il sentit la magie de Potter s'agiter sur le pont, quelque part devant lui.
S'excuser et rassurer Harry sur leur lien semblait être quelque chose d'important à faire et, même s'il n'avait aucune idée de comment le faire, il ne voulait pas laisser Potter seul. Lorsque le sorcier était inquiet, sa magie se déliait un peu et cela lui attirait toujours tout un tas d'ennuis.
Jedusor ne supporterait pas que Tiare découvre l'instabilité des pouvoirs d'Harry. Cet homme ne lui inspirait aucune confiance, pas plus que Severus Rogue d'ailleurs. Mais Rogue, lui au moins, pouvait lui apporter des informations sur la guerre ou sur la prophétie. Tom espérait pouvoir la récupérer ainsi. C'était la seule manière pour lui d'apprendre son contenu puisque jamais Harry ne la lui délivrerait ; le Gryffondor craignait bien trop sa réaction pour cela.
La seule solution pour lui était de réussir à l'obtenir de la bouche de Rogue. Pourtant, Tom ressentait un drôle de sentiment à l'idée de récupérer la prophétie par quelqu'un d'autre qu'Harry. Un sentiment de culpabilité...
Il savait que pour obtenir ces informations, il devrait manipuler le Maître des potions et s'il faisait cela, c'était un peu comme s'il trahissait volontairement le peu de confiance que Potter lui accordait.
Les pensées de Tom se dissipèrent lorsque ses yeux tombèrent sur l'objet de ses tourments, debout devant le bastingage du bateau. Il était face à lui, comme s'il savait qu'il allait sortir ou qu'il hésitait lui-même à revenir. Les yeux assombris du Gryffondor croisèrent les siens avant de se détourner.
Harry tourna la tête sur la droite comme pour éviter tout contact visuel avec lui mais ne bougea pas, et lorsque Tom se rapprocha de lui de quelques pas, le Gryffondor murmura, l'air toujours énervé mais aussi un peu coupable.
— Je ne voulais pas...
Il s'arrêta de parler, tout comme Tom de marcher. Il reprit ensuite en enfonçant ses mains dans ses poches, ses yeux lançant un regard furtif à Jedusor.
— Je sais que ton intention n'était pas mauvaise... mais je... je n'ai vraiment pas envie de penser à cela pour le moment.
Harry inspira profondément avant de reprendre.
— Le fait de me penser enchaîné à une autre personne... cela me terrifie, et si tu devais être cette personne...
Sa mâchoire se crispa et le Gryffondor se tut, de nouveau immobile.
Potter finit par lui faire face, ses yeux le fixaient sans réellement le voir et Tom l'entendit dire lentement.
— Je ne veux être lié à personne. Je sais que ce n'est pas le cas et que Voldemort et moi, toi et moi, sommes liés mais je ne veux pas... je ne veux pas que ce lien interfère avec ma vie plus qu'il ne l'a déjà fait. Pour moi c'est comme s'il n'existait pas.
Après avoir prononcé ces derniers mots, Harry referma les yeux, se détournant complètement du mage noir. Il ne voulait pas voir la réaction de Tom Jedusor. Il ne voulait pas le voir triste, déçu ou furieux. Il n'avait pas besoin de ça... il se sentait déjà comme s'il s'était lui-même enfoncé un poignard dans la poitrine... la sensation était étrangement très proche de celle qu'il ressentait lorsqu'il repoussait ses propres pouvoirs magiques. C'était douloureux, une douleur sourde qui restait présente...
Peu importe ce qu'était ce lien entre Voldemort et lui, il ne le laisserait pas diriger ce qu'il lui restait de sa vie. Les liens magiques étaient peut-être sacrés dans les familles au sang pur mais lui ne l'était pas. Il était un sang-mêlé et, en tant que tel, il se réservait le droit de bafouer toutes les règles établies.
Si Tom et lui étaient liés par un lien magique immuable, alors il ne pourrait rien faire contre, mais il se réservait le droit de ne pas en vouloir, de rejeter ce lien.
Harry se tendit lorsqu'il sentit la magie de l'ex-Seigneur des Ténèbres s'élever derrière lui. Peu à peu, elle remplit l'espace autour de lui et l'empêcha de se concentrer sur autre chose. La magie de Jedusor n'était pas menaçante et Harry en fut presque surpris. Il s'attendait à une réaction violente de Tom mais apparemment, il avait encore confondu celui-ci avec son homologue à l'âme déchirée. Lord Voldemort aurait certainement était furieux que quiconque ayant un lien avec lui le rejette volontairement. Cet homme ne supportait pas le libre arbitre des personnes qu'il considérait comme ses possessions.
Au lieu de l'attaquer par-derrière, la magie de Tom les entoura tous deux de manière terriblement possessive. Quelques longues minutes s'écoulèrent. De longues minutes marquées par l'immobilité d'Harry et son refus de se retourner.
Il n'eut finalement pas besoin de le faire car Jedusor vint se placer à sa gauche, la magie du mage noir se resserrant encore autour d'eux dans une volonté visible de les rapprocher.
Il lui demanda en fourchelang.
§ De quoi avez-vous réellement peur ? §
Le vouvoiement fit grimacer fortement Harry. Chaque fois que Tom l'avait vouvoyé, il s'était senti comme si celui-ci s'adressait à quelqu'un d'autre.
La voix du mage noir semblait aussi triste que furieuse mais Harry l'ignora. Il ne voulait pas prendre en compte les sentiments de Jedusor, il savait que s'il le faisait aujourd'hui, il n'arriverait plus jamais à en faire abstraction.
Il répondit en anglais essayant malgré lui, par ce simple geste, de s'éloigner un peu plus des similitudes présentes entre lui et Tom Elvis Jedusor.
— De toi.
Ressentant la crispation de Tom à cette réponse, il ajouta avec sincérité ;
— Et de moi.
C'était ça ; il avait peur du jeune Seigneur des Ténèbres mais il avait certainement encore plus peur de ce qu'il pourrait faire et pourrait regretter. Il n'avait pas envie d'être lié à quelqu'un et certainement pas à Jedusor, parce qu'il était censé combattre celui-ci et que ce lien lui semblait être malsain. Un lien entre le monstre qui avait tuer ses parents et lui-même ne pouvait être autrement et même si Jedusor avait perdu la mémoire, il était la même personne et le lien le reliait autant au garçon de seize ans qu'au monstre dans ses souvenirs. Harry n'avait pas envie d'avoir à tuer un garçon de seize ans pour se libérer d'un lien que celui-ci n'avait pas plus voulu que lui.
Tom sembla se détendre un peu à cette réponse et Harry se surprit à espérer qu'il comprenne. Qu'il comprenne à quel point tout lui semblait compliqué et qu'il ne pouvait pas, ne voulait pas, mêler à cela la magie. La situation semblait déjà trop périlleuse sans y ajouter leur lien ou la prophétie. Ils n'avaient pas besoin de ça.
Potter ne savait pas ce qui le reliait exactement à Tom Jedusor et pour le moment, il souhaitait seulement fermer les yeux là-dessus. Oublier qu'il ressentait au plus profond de lui-même quelque chose le tirant vers le Seigneur des Ténèbres. Quelque chose qui semblait trop fort pour qu'il puisse le détruire mais, tant qu'il pourrait le faire, il l'ignorerait. Tout comme il allait ignorer l'existence dans la prophétie.
§ Vous avez peur de devoir me tuer encore une fois. Si vous craignez ce lien, c'est parce que vous pensez qu'il est la cause de cette prophétie que vous refusez de me livrer. Et c'est cette prophétie qui vous pousse à vouloir me tuer. Si ce lien n'impliquait ni ma mort ni la vôtre, l'accepter vous paraîtrait être une tâche moins difficile. Je me trompe ? §
Jedusor... Harry n'avait pas besoin d'expliquer quoi que ce soit à Tom. Celui-ci semblait déjà avoir compris beaucoup de choses. Harry ne voulait pas à avoir à se battre pour vivre. Encore. Il savait qu'il ne pourrait pas le tuer sans y être contraint, alors il préférait n'avoir aucune raison d'élever sa baguette contre Tom. Leur lien pourrait en être une, surtout si, comme le pensait Harry, ce lien était à l'origine de la prophétie et de l'inimitié qu'il y avait depuis toujours entre eux. Il n'était pas positif, ce lien n'allait pas l'aider, juste l'enfoncer un peu plus dans une situation inextricable.
Harry souffla, un peu faiblement.
— Non, tu ne te trompes pas.
Tom lui dit plus légèrement, en anglais.
— Je ne compte ni te tuer ni te blesser et prophétie ou non ; je ne te laisserais pas m'abattre.
Le Gryffondor sourit un peu et, passant une main dans ses cheveux, il réussit à souffler.
— Tu ne l'as jamais fait.
Après cela, la magie de Tom sembla s'évaporer autour d'eux alors que le mage noir lui disait en se tournant.
— Je suis désolé de t'avoir fait lire ce livre. J'attendrai que tu sois prêt à l'accepter avant de t'en parler de nouveau. Nous avons le temps. N'aie pas peur, je sais que tu ne feras rien que tu regretteras. Quant à moi, je sais déjà ce qui nous lie et cela ne m'effraie pas.
Harry sut que Tom souriait lorsque celui-ci ajouta.
— C'est probablement la meilleure chose qui pouvait m'arriver.
Puis le mage noir le laissa seul.
Harry reporta alors son regard sur la mer et, ne voulant plus penser à cette histoire de lien, il songea au fait qu'il devrait peut-être aller chercher quelque chose à manger pour Jedusor et lui.
À ce moment-là, Severus Rogue, qui regardait la scène les sourcils froncés et l'expression figée, sursauta. Une main s'était posée un peu trop vivement sur son épaule. Il se retourna, pas étonné de voir le visage souriant d'Ulrich Tiare qui lui demanda curieusement.
— Dis-moi, pourquoi les regardes-tu ainsi ? Tes élèves n'ont rien fait de mal.
Rogue souffla, Tiare fronça les sourcils et demanda.
— D'ailleurs, tu ne m'as toujours pas dit qui était le jeune homme qui accompagnait Harry Potter ? Je pensais que le Survivant était le dernier fourchelang.
Severus grinça des dents et retira la main d'Ulrich de son épaule. Il répondit sombrement.
— Nous en parlerons plus tard...
C'est ainsi que les deux jours sur le voilier les menant vers l'Amérique commencèrent et c'est sans autre désagrément que le voyage se déroula, jusqu'à ce que se dessine à l'horizon, les côtes d'un autre continent.
Ulrich cria, s'amusant de voir le soulagement de Severus à cette nouvelle.
— On s'approche du rivage !
Il n'avait pas pu s'empêcher d'embêter l'homme durant tout le trajet. Pour sa défense, les réactions du Maître des potions étaient bien trop divertissantes pour qu'il s'en lasse. Severus était peut-être plus vieux de seize années depuis la dernière fois qu'ils s'étaient vus mais il n'avait pas changé.
Il semblait légèrement plus serein, moins déprimé et plus sûr de lui, mais il se comportait exactement de la même manière. Ulrich devait avouer que cela lui avait manqué. Ils s'étaient côtoyés durant plus d'un an et Tiare avait voulu garder le contact après avoir obtenu son diplôme. Il lui avait envoyé du courrier tous les mois mais Severus n'était pas du genre à lui répondre systématiquement puis il y avait eu la seconde guerre magique et ils avaient définitivement perdu le contact. Ulrich se demandait même si Severus le considérait au moins comme un ami ; il était difficile de savoir ce que pensait réellement le Maître des potions.
L'homme était brillant et avait obtenu sa maîtrise du premier coup, contrairement à lui qui avait dû la repasser une seconde fois. Être Maître des potions était un titre prestigieux, que Rogue méritait sûrement bien plus que lui. Contrairement à Severus, les potions n'avaient jamais été sa passion. Cette matière le laissait pour le moins indifférent et s'il avait pris la peine de devenir Potionniste, c'était seulement pour rétablir l'honneur perdu de sa famille.
Il était devenu professeur pour la même raison mais il ne s'en plaignait pas. C'est en prenant la place de directeur de la maison des Serpents cornus qu'il a fait la rencontre d'Agilbert Fontaine, le directeur d'Ilvermorny. Sans Agilbert, Ulrich savait qu'en ce moment il serait probablement enfermé dans les geôles du MACUSA ou, dans le meilleur des cas, à la rue, traité comme un paria par ses congénères.
Sa famille et lui-même devaient beaucoup à Agilbert Fontaine. Il était donc normal qu'il lui rende la pareille.
Fontaine avait longtemps été Auror avant que son intérêt pour la recherche et surtout pour la magie ne lui fasse prendre une autre voie. Le directeur d'Ilvermorny était un grand passionné de magie et son sujet de prédilection était la quantité de magie dont disposait un sorcier, la raison pour laquelle il menait des recherches sur ce sujet était tabou et même si beaucoup s'en doutaient, personne n'osait ne serait-ce qu'émettre l'hypothèse à voix haute.
Le directeur faisait des recherches sur l'origine et le développement de la magie chez un sorcier et tout particulièrement sur ce qu'il avait appelé « les cas spéciaux », soit les personnes dotées d'une puissance magique dépassant de loin celle d'un sorcier ordinaire ou à contrario ceux qui ne démontraient d'aucune capacité magique mais qui, en vieillissant se retrouvaient à pouvoir utiliser la magie.
Il étudiait les différentes possibilités pouvant amener un être humain à développer la magie qui demeurait en lui et sa nouvelle obsession sur le sujet était... Harry Potter. L'enfant, l'homme ayant survécu deux fois à l'Avada Kedavra et vaincu le Seigneur des Ténèbres le plus puissant de ce siècle. Un nouveau sujet d'études qui risquait de poser problème...
Ulrich n'était pas aveugle et il fallait l'être pour ne pas voir l'instabilité magique du jeune Potter. Il semblait lui-même réprimer sa magie et son aura ressemblait en permanence à une sorte de lutte entre volonté et puissance. Ses réflexes au duel étaient ceux d'un Auror et sa puissance magique devait être effrayante pour qu'il peine tellement à la contrôler. Mais au-delà de ça, Potter avait l'air de souffrir, c'était la première fois que Tiare voyait un gamin de dix-huit ans avoir l'air aussi fatigué. Méfiant en permanence, le jeune Potter se comportait comme s'il allait être confronté à la mort à chaque instant.
Agilbert allait l'adorer... Ulrich n'avait aucun doute sur le fait qu'il serait absolument satisfait de Potter dès qu'il le verrait ; le garçon était exactement le genre de sujet d'étude que l'homme recherchait depuis une dizaine d'années.
Ce n'était pas tout, le Survivant n'était pas seul... Pour le moment, Tiare n'arrivait pas à déterminer l'identité du jeune homme qui accompagnait Harry Potter mais il était sûr de deux choses : le plus jeune était très doué en magie noire et il parlait également le fourchelang.
Les possibilités n'étaient pas infinies, soit Potter avait eu un frère et cela n'avait jamais été connu en Amérique, soit il s'était fiancé. Certains sorciers partageaient leurs magies pendant leurs fiançailles, c'était de moins en moins fréquent mais cette dernière supposition restait probable. Ces pratiques magiques étaient courantes lors de mariages faits selon les anciennes traditions et Harry Potter avait déjà dix-huit ans, il n'était pas rare de marier très jeune les héritiers de nobles familles. Cela expliquerait le fourchelang ainsi que la possessivité évidente du plus jeune envers Potter mais Harry Potter était un sang-mêlé et la famille Potter n'était pas une famille traditionnaliste. De plus Harry était le dernier des Potter alors personne n'avait pu lui arranger un mariage avec une pretandante ou un prétendant sans son accord hors Potter n'avait pas l'air très épris de son compagnon.
Il restait une dernière possibilité mais Ulrich était assez réticent à l'envisager. Pourtant, lorsqu'il regardait Potter et l'autre homme se tenir côte à côte, regardant le large, il pouvait voir et sentir entre eux ce mélange d'attirance et de répulsion, de ressentiment et d'amitié. Ils étaient entourés d'une très grande proximité physique et psychique.
Deux frères ne ressentaient pas cela l'un envers l'autre et il ne voyait pas le héros de la dernière guerre accepter un mariage forcé. La seule autre possibilité qui pouvait expliquer la présence d'un mage noir particulièrement puissant et parlant le fourchelang au côté d'Harry Potter était assez terrifiante.
Si ce qu'il supposait était réel, alors Tiare savait qu'Agilbert serait excité d'apprendre la nouvelle. L'homme ne pourrait se retenir d'étudier les deux sorciers, avec ou sans leur permission. Il ne résisterait pas à quelque chose d'aussi malsain et immoral que le Survivant se tenant proche du Seigneur des Ténèbres comme s'il l'avait toujours été. Ulrich devait avouer que si sa théorie farfelue était vraie, alors l'histoire de la dernière guerre magique était bien plus complexe qu'il ne l'avait imaginé. Il était clair, en effet, en regardant les deux hommes interagir l'un avec l'autre, qu'ils étaient très proches. Trop proches pour être deux ennemis mortels avérés.
Quelques heures plus tard, sans avoir conscience des sombres pensées de son guide, Harry posait les pieds sur le sol de l'Amérique. Il n'eut pas vraiment le temps d'observer le port, Ulrich Tiare leur avait expliqué qu'ils devaient impérativement aller déposer leurs papiers au Congrès magique des États-Unis d'Amérique, surnommé ici le MACUSA. Il les avait alors fait transplaner à Woolworth Building situé à New York, la capitale du gouvernement magique.
Contrairement aux sorciers anglais, les Américains n'avaient aucun contact direct avec les moldus qu'ils appelaient les Non-Maj' et, par conséquent, leurs quartiers généraux étaient situés dans un bâtiment complètement effacé aux yeux moldus.
Ce bâtiment était le Woolworth Building. Pavé d'or, il était immense et les Non-Maj' passaient devant sans même reconnaître son existence. Là où le ministère anglais était situé sous terre, les Américains n'avaient pas hésité à élever un gratte-ciel. Une manière assez insolente de montrer qu'ils étaient très présents dans cette ville et tout à fait capables de protéger le statut du secret. D'ailleurs, depuis la chasse de Salem, c'était devenu pour eux une obsession. Les lois en Amérique concernant le statut du secret étaient bien plus strictes qu'en Angleterre. Ici, corrompre d'une manière ou d'une autre le statut du secret était passible d'exécution.
Harry écoutait distraitement les informations données par Tiare alors qu'ils s'approchaient du bâtiment, trop occupé à regarder à droite à gauche, comparant les grandes et larges rues d'Amérique aux petites rues étroites et tordues d'Angleterre. Tout semblait plus grand ici et cela avait un côté un peu oppressant. Il y avait du monde dans la rue et Harry ne pouvait s'empêcher de se sentir mal à l'aise en présence de la foule.
La sensation s'atténua lorsque Tom se rapprocha de lui, le mage noir n'hésita pas à poser sa main brièvement dans le dos du Gryffondor après avoir remarqué la légère panique de celui-ci en voyant autant de monde se déplacer autour d'eux. Harry semblait vouloir s'enfuir dans un endroit plus calme.
Leur guide dû aussi le remarquer puisqu'il dit en lançant un regard désolé à Potter.
— Pardonnez-moi mais il m'est impossible de nous faire transplaner directement au MACUSA, il faut d'abord que vos papiers soient enregistrés. L'homme rajouta alors qu'ils se retrouvaient devant les portes du bâtiment.
— D'ailleurs je ne vous l'ai pas demandé mais j'espère que vous avez tous trois votre permis de port de baguette magique. Ici, c'est obligatoire.
Severus Rogue acquiesça mais remarqua rapidement la crispation de Potter à cette question.
Harry, visiblement indécis, demanda.
— Y a-t-il un problème si la baguette citée sur le permis n'est pas la même que celle que je porte en ce moment ?
Tiare fronça légèrement les sourcils.
— Vous avez changé de baguette récemment ?
Cela paraissait étrange. Un sorcier changeait très rarement de baguette magique et il ne devait pas s'être déroulé beaucoup de temps entre le moment où Potter avait rempli les documents et celui où il avait changé de baguette.
Une voix s'éleva et Tiare n'eut plus aucun doute sur l'identité du jeune homme se tenant à côté d'Harry Potter.
— Nous avons échangé nos baguettes.
Lord Voldemort. Ce garçon était Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, Ulrich essaya de se retirer cette idée de l'esprit mais il n'y arriva pas. Quelque chose de particulièrement sombre semblait animer chaque geste de ce garçon. Garçon qui semblait n'avoir que seize ans. Comment était-ce possible ? Le Seigneur des Ténèbres était un homme âgé avec l'apparence d'un monstre, ce n'était pas un gamin aux dernières nouvelles.
Ulrich Tiare fut interrompu dans son choc contemplatif lorsque Severus Rogue gronda d'un ton traînant et menaçant.
— Vous avez fait quoi ?
Ni Potter ni Jedusor ne semblaient vouloir daigner expliquer clairement la situation à Severus qui dut se retenir de hurler pour obtenir une réaction des deux sorciers, sa conscience lui rappelant le nombre impressionnant de Non-Maj' se trouvant aux alentours.
Il n'allait pas enfreindre le statut du secret en hurlant à quel point Harry Potter avait fait preuve d'inconscience en osant échanger sa baguette contre celle du Seigneur des Ténèbres.
Potter n'avait-il donc aucun recul sur ses actes ? Comment avait-il pu accepter un tel échange avec Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ?
Lorsque le Gryffondor lui avait expliqué les événements s'étant déroulés au 12 Square Grimmaurd, Rogue s'était dit qu'il devait avoir détruit la baguette d'if pour éviter un nouvel incident de ce genre, mais non.
Apparemment, Harry Potter avait voulu garder la baguette maudite avec lui, mais en plus de cela, il avait trouvé le moyen de l'échanger au Seigneur des Ténèbres contre la sienne...
Severus, les yeux toujours fixés sur Tom Elvis Jedusor, sentit sa main droite se tendre dangereusement vers la garde de sa baguette lorsqu'il vit que celui-ci avait l'air parfaitement satisfait de la situation.
Le mage noir savait. Rogue était persuadé que Potter l'ignorait mais Jedusor, lui, devait le savoir, il devait forcément savoir ce qu'impliquait l'échange de baguettes jumelles.
Severus souffla très légèrement. L'échange devait s'être déroulé très récemment et avec un peu de chance Potter n'avait pas encore eu l'occasion d'utiliser la baguette d'if. Et si par malheur cela devait être le cas, alors ils étaient perdus...
La magie reliant deux baguettes jumelées était déjà puissante mais si ces baguettes étaient échangées de manière volontaire par leurs propriétaires respectifs alors jamais plus ceux-ci ne pouvaient s'affronter.
Jamais ils ne pourraient ne serait-ce qu'utiliser un sortilège offensif l'un contre l'autre, leurs baguettes reconnaissant, en chacun d'eux, un propriétaire légitime.
Le phénomène serait similaire au Priori Incantatum mais cette fois-ci, il serait inviolable et, ce, même si l'un d'eux est désarmé ou qu'il décide de ne pas se défendre. Il n'aurait de toute façon pas besoin de le faire, car la baguette refuserait d'attaquer l'un de ses propriétaires. Elle considérerait Potter et Jedusor comme étant tous deux ses propriétaires et refusera de blesser l'un d'eux et dans la situation actuelle des choses, cela n'était pas un avantage. C'était même une des pires situations envisageables.
Severus se retourna vers le Survivant et grinça des dents en demandant.
— L'avez-vous utilisée ?
Le visage d'Harry se fit perplexe lorsqu'il répondit.
— En quoi le fait que je me sois servi de ma baguette influe-t-il sur la validité de mon permis ?
Le Maître des potions siffla avec véhémence.
— Ce n'est pas votre baguette, monsieur Potter !
Harry fronça les sourcils puis répondit, défensivement.
— C'est ma baguette, comme Tom vous l'a expliqué, nous les avons échangées. La sienne est à moi et la mienne est à lui. Et vous savez très bien pourquoi nous l'avons fait, professeur.
Rogue vit sa patience se réduire encore d'un cran lorsque Tiare ajouta, innocemment.
— Normalement cela ne pose aucun problème pour votre permis, à partir du moment où le document mentionne que vous avez l'autorisation d'utiliser une baguette magique, peu importe si celle-ci y figure ou non.
Harry acquiesça, visiblement rassuré par cette réponse. Il se retourna ensuite vers Severus Rogue et demanda tout à fait sérieusement.
— Avez-vous un problème avec le fait que j'utilise la baguette de Tom et inversement ?
Le brun avait fait la promesse à Tom qu'il ne reviendrait pas sur cet échange. Il ne reprendrait pas sa baguette à Jedusor, il la lui avait donnée et lorsque le mage noir lui avait dit que cet échange serait définitif, il l'avait accepté et il ne comptait pas revenir sur sa parole.
Une promesse était une promesse et Harry ne trahirait pas quelque chose d'aussi précieux pour lui. Il avait toujours méprisé les personnes incapables de tenir parole et il ne voulait pas blesser Tom en lui reprenant quelque chose qu'il lui avait donné. Il ne savait que trop bien le mal que cela pouvait faire.
Jedusor ne put retenir un sourire légèrement victorieux lorsqu'il vit le désarroi s'inscrire sur le visage du Maître des potions. Visiblement, celui-ci avait des difficultés à accepter le fait que Harry le défende.
Le mage noir savait pourquoi le Potionniste avait réagi aussi violemment à l'annonce de l'échange de leurs baguettes. Il pensait qu'Harry le savait aussi et que c'était pour cela que celui-ci n'avait pas encore utilisé la baguette d'if, lui l'avait fait immédiatement après l'échange pour prouver sa bonne volonté. Et il avait songé au fait que, peut-être, Harry hésitait à compléter l'échange étant donné qu'après celui-ci, ils seraient incapables de se blesser mutuellement en utilisant leurs baguettes. Mais visiblement Potter n'avait aucune idée de la signification que pouvait avoir l'échange de deux baguettes jumelles. Il lui avait proposé cet échange sans aucune arrière-pensée... Tom réalisa qu'Harry lui avait réellement donné sa baguette pour l'aider et non pas pour annihiler les pouvoirs de celle-ci lors d'un possible duel.
Une vive chaleur se répandit brusquement dans ses veines et Tom identifia ce sentiment comme du bonheur. Il se sentait heureux. Potter était sincère lorsqu'il lui avait donné sa baguette. Celle-ci lui sembla tout à coup bien plus précieuse ; elle était un cadeau, le premier qu'on lui offrait avec générosité.
En comprenant que Rogue risquait de révéler à Harry les conséquences de leur échange, Tom s'avança et dit, voulant mettre un terme à la conversation.
— Harry n'a pas encore utilisé ma baguette et je compte lui expliquer la situation avant qu'il ne le fasse. Je vous prierais donc de ne pas intervenir, cela ne concerne que nous.
Jedusor sentit immédiatement un regard d'incompréhension se poser sur lui. Il se retourna vers Potter et siffla doucement.
§ Je t'expliquerai tout dès que nous aurons un moment, ne t'en fais pas. §
Immédiatement l'incompréhension laissa place à de la méfiance et Tom grimaça. La méfiance d'Harry lui rappelait à quel point leur relation était instable. Potter ne lui faisait pas confiance, il souhaitait l'aider et il acceptait sa présence mais il ne lui accordait aucune confiance.
Rogue ne répondit rien durant un court instant puis il lui dit, de façon menaçante.
— Très bien, je vous laisse le temps d'expliquer à monsieur Potter les conséquences de vos actes mais si j'apprends que vous lui avez menti, je détruirai cette baguette.
Tom jugea inutile de répliquer. Il se contenta de se retourner vers le MACUSA et d'un commun accord, les quatre sorciers pénétrèrent dans le bâtiment.
À l'intérieur du Congrès magique des États-Unis d'Amérique, Jedusor sentit le regard d'Harry peser dans son dos pendant un moment. Cela dura jusqu'à ce qu'Ulrich Tiare leur demande les papiers nécessaires à leur enregistrement en tant que sorciers anglais résidents temporairement en Amérique.
Tiare ne leur fit pas visiter les bâtiments du MACUSA. À vrai dire, leur guide avait paru perdre beaucoup de son assurance dès l'instant où ils avaient traversé les portes de l'établissement. Tom comprit pourquoi seulement lorsqu'il distingua les chuchotements sur le passage d'Ulrich Tiare. Il lui semblait maintenant évident que ce professeur n'avait pas bonne réputation, au ministère en tout cas.
Le mage noir décida que cela cachait quelque chose. Un professeur dans l'une des écoles les plus réputées avait tendance à avoir de l'influence et une bonne réputation ou tout du moins, décente, mais ici ce n'était pas le cas. Tiare semblait fuit comme la peste et les regards mauvais ainsi que les chuchotements répétitifs sur son passage ne prouvaient qu'une seule chose ; cet homme n'était pas le bienvenu ici.
Ce fut probablement la raison pour laquelle la visite du MACUSA fut si brève. Leur guide n'avait pas voulu s'attarder et Tom pensait que cela n'était pas une mauvaise chose.
Harry, bien que visiblement admiratif de l'organisation du lieu, sursautait à chaque mouvement brusque. Cela avait confirmé à Tom le fait que Potter subissait encore des traumatismes liés à la dernière guerre. Le Gryffondor ne supportait pas l'agitation ou les mouvements de foules et comme tous anciens combattants, ses réactions paraissaient bien trop vives pour ne pas sembler être celles de quelqu'un ayant vécu un long moment sur le qui-vive.
Heureusement, le MACUSA avait été prévenu à l'avance de la présence du Survivant et il n'y avait donc pas eu de débordement lorsque le personnel avait découvert l'identité de Harry.
Le concernant, il s'était contenté de décliner son nom d'emprunt ; Gaunt, Thomas.
Ce nom ne lui correspondait pas. Les Gaunt représentaient la déchéance de la magie noire et le prénom de Thomas était celui de son père. Le moldu que sa mère surnommait Tom, celui qui l'avait abandonné, celui qui avait refusé de reconnaître son existence, celui qui l'aurait probablement tué de ses propres mains ; s'il avait eu l'occasion de le faire.
Tom inspira profondément. Ce n'était pas le moment de ressasser ses souvenirs.
Tiare venait de leur proposer de faire immédiatement les achats des fournitures scolaires nécessaires aux différentes matières proposées à Ilvermorny et Harry avait accepté. En plus du tournoi des trois sorciers, Potter devrait suivre les cours comme n'importe quel autre élève à Ilvermorny.
À suivre...
