Chapitre 13 : Vers Ilvermorny
Bonjour ! :) Chapitre 13 ! Vous savez ce que cela signifie ? On est à la moitié de cette réécriture, dans 13 autres chapitres, la réécriture sera terminée et les chapitres suivants seront inédits ! Ce chapitre est un chapitre de transition, de réflexion, il est bien équilibré et il nous permet d'arriver à Ilvermorny avec sérénité. Alors tout le monde en voiture ! On embarque pour un voyage dans le monde des sorciers, telles des ombres suivant les héros de cette histoire partout où ils iront ! (Durant votre voyage n'hésitez pas à laisser un petit mot à la machiniste, dites-vous que ce n'est pas évident de faire avancer le train et qu'un petit message lui donnera du courage ! ;)
Harry Potter et Tom Jedusor avaient retrouvé Severus Rogue et Ulrich Tiare qui, morts d'inquiétude, faisaient les cent pas face à la boutique de jouets où ils s'étaient donné rendez-vous.
Harry leur avait alors expliqué, la voix emplie de ressentiment et de tristesse, ce qu'il s'était passé à l'animalerie. Ulrich Tiare avait immédiatement prévenu les Aurors, qui avaient eux-mêmes fait venir des médicomages en urgence.
Les Aurors les avaient interrogés tous deux pendant que les médicomages, accompagnés d'un magizoologiste - la profession était plutôt rare et même dans une situation comme celle-ci il était difficile d'en joindre plus d'un - installaient leur matériel.
Même chose ici, c'est Potter qui avait pris la parole et Tom la lui avait laissé volontiers. Bien qu'il ait un don pour la manipulation et le charme, Potter avait cette sincérité et cette force de persuasion naturelle qu'il ne détenait pas. Chacune de ses paroles avait semblé toucher directement les hommes de loi.
Ils furent félicités. L'être abject qui se prétendait gérant de l'animalerie n'était qu'un braconnier récidiviste qui avait déjà évité de justesse une condamnation et cette fois-ci, il n'y réchapperait pas. Il serait traîné en justice et sanctionné pour ses crimes, les Aurors l'avaient d'ailleurs immédiatement emmené à leur quartier général.
Harry avait eu l'air rassuré de voir que le criminel ne s'en sortirait pas cette fois-ci, mais cela ne l'avait pas empêché de consacrer les minutes qui suivirent à aider les médicomages à sauver le plus de créatures possible...
Tom grimaça encore une fois lorsqu'un autre pensionnaire mourut pendant les soins qu'effectuaient les médicomages aidés par Harry. Celui-ci semblait prendre chaque mort supplémentaire comme un échec, il en était visiblement affecté et pourtant, il continuait d'aider.
Lui fut incapable de le faire et il supposa que ni Severus Rogue ni Ulrich Tiare n'avaient les capacités nécessaires pour participer, aucun d'eux ne le fit. Ils attendirent donc tous les trois qu'Harry accomplisse tout ce qu'il pensait être utile de faire.
Il le regarda sourire à chaque miraculé et sombrer à chaque victime supplémentaire...
À plusieurs reprises, Tom eut envie de tirer Potter en arrière et de le forcer à arrêter ; il se faisait du mal. Mais chaque fois qu'il esquissait un pas en avant, Harry sauvait un autre pensionnaire et le faible sourire qu'il voyait sur le visage de Potter à ce moment-là le poussait à ne pas agir.
Quelque chose lui disait que peu importe combien d'échecs il essuierait, Potter n'abandonnera pas tant que chacune de ces bêtes n'aurait pas eu sa chance et c'est ce qu'il avait fait pendant leur heure d'attente.
Lorsqu'il revint vers eux, il semblait un peu fatigué mais plus de la moitié des bêtes, que Tom pensait condamnées, étaient en vie et le Gryffondor pouvait en être fier.
Harry souffla et adressa un regard désolé aux professeurs qui, depuis tout ce temps, l'avaient attendu sans rien dire.
En croisant le regard sombre du Maître des potions, il se prépara à recevoir une remarque particulièrement cinglante, mais la terreur des cachots le détrompa en lui disant assez lentement et en détournant légèrement les yeux.
— Votre mère aurait été fière de vous.
C'était tout. Harry resta incrédule plusieurs secondes, manquant la grimace d'Ulrich en entendant cela, avant de remercier Rogue pour ce qui devait être le premier véritable compliment que l'homme lui avait fait. Severus et Lily avaient été amis et Harry se plaisait à penser que, comme le otionniste venait de lui dire, sa mère aurait approuvé ses actes.
Sentant toujours le regard de Jedusor le brûler - sensation devenue presque habituelle -, il se tourna vers celui-ci qui l'observait toujours avec insistance depuis le coin de mur auquel il s'était adossé.
Jedusor lui adressa un sourire imperceptible quand leurs regards se croisèrent, apparemment heureux que son attention lui revienne. Harry se dirigea vers lui lorsqu'il remarqua que le petit crotale semblait éveillé ; sa petite tête triangulaire dépassait de la couverture que Tom tenait toujours entre ses bras.
Arrivé près du mage noir, Harry s'accroupit à la hauteur du serpent et l'observa un moment avant de lui siffler.
§ Salut toi, tu nous as fait une sacrée peur tu sais ? §
L'animal approcha sa petite tête de lui avec un air curieux, il essaya de l'imiter en sifflant de manière complètement incohérente les mots dans le désordre.
Fronçant les sourcils, Harry entendit Tom lui siffler.
§ Il est trop jeune pour nous comprendre. Le fourchelang est peut-être instinctif pour nous mais les jeunes serpents l'apprennent au contact des leurs. §
Le visage du Gryffondor s'assombrit un peu au souvenir de la femelle crotale mais caressant du bout des doigts les écailles de Diligitis, il siffla.
§ Ce n'est pas grave, tu pourras le lui apprendre. §
La voix de Tom sembla amusée lorsqu'il lui répondit.
§ Il risque de prendre exemple sur toi aussi. §
Le Gryffondor releva la tête vers le Serpentard puis, souriant tout à coup d'un air effronté, il siffla à Diligitis.
§ Les Serpentard sont vilains et vicieux, les Gryffondor sont forts et courageux. §
Il l'avait dit avec tellement d'entrain que Diligitis essaya immédiatement de répéter sous le regard de Tom qui s'insurgea.
§ Ne lui apprend pas n'importe quoi ! §
Harry éclata d'un rire franc lorsque le petit serpent se tourna vers Tom en répétant maladroitement un mot de la phrase qu'il avait entendu.
§ Vilain ! §
Jedusor grimaça, faussement vexé. Il s'apprêtait à siffler quelque chose lorsqu'il fut coupé par le professeur d'Ilvermorny qui les observait avec une lueur particulièrement étrange dans les yeux.
— Je ne voudrais pas vous interrompre mais nous sommes déjà en retard et Ilvermorny est encore loin.
Ils sortirent alors de l'animalerie, et Tiare s'exclama.
— Je propose que nous utilisions mon Portoloin ; bien que celui-ci ne puisse pas directement nous amener à Ilvermorny, il peut nous déposer au pied du mont Greylock.
Potter grimaça immédiatement à la mention de Portoloin et lorsque Ulrich lui demanda pourquoi, c'est Severus qui répondit.
— Monsieur Potter est incapable d'utiliser un transport magique correctement.
Harry marmonna.
— Je peux tout à fait utiliser un transport magique c'est seulement que... ils ne fonctionnent pas bien sur moi.
Rogue sourit sombrement en ajoutant.
— Ce que vous vouliez dire c'est que chaque fois que vous en utilisez un, vous finissez sur le sol.
Le brun allait visiblement s'emporter dans la joute verbale, lorsque Tom intervint pour stopper les deux sorciers dans leur élan.
— Nous sommes en retard.
Le professeur d'Ilvermorny acquiesça en leur tendant le Portoloin et Jedusor s'assura de saisir la taille d'Harry avant que l'artefact ne s'active. Il savait que le brun serait violemment rejeté par le Portoloin à la seconde où celui-ci les ferait atterrir. Même s'il ne savait pas ce qui causait ce phénomène.
Harry ferma les yeux en se sentant projeté en avant par le transport magique. Il s'attendait à être mis à terre avant même l'atterrissage quand il sentit un bras le retenir par la taille, appartenant à Tom, qui réussit à le maintenir debout.
Le mage noir lui chuchota dès qu'il fut sûr qu'il ne tomberait pas, les pieds fermement ancrés dans le sol montagneux bordant les alentours du mont Greylock.
— Pas la peine de t'inquiéter, je suis là.
Potter se dégagea de son étreinte en murmurant rapidement quelque chose qui devait être un remerciement avant de s'éloigner, visiblement perturbé.
Tom détourna quelques secondes son regard d'Harry pour lever les yeux vers une immense montagne recouverte d'une épaisse chape de brume.
Leur guide déclara avec fierté.
— Nous y sommes. Voici le mont Greylock et tout là-haut, perdu dans la brume, se trouve l'école de magie la plus protégée de notre monde ; Ilvermorny.
Le mont Greylock semblait immense, Harry n'en voyait même pas le sommet, une brume particulièrement étrange semblait danser tout autour de la montagne lui conférant un côté presque mystique, tout en la camouflant aux yeux des moldus.
Le professeur d'Ilvermorny dut capter ses pensées puisqu'il s'adressa à lui lorsqu'il dit.
— Il s'agit d'un sortilège magique assez particulier ; c'est comparable à un enchantement, un enchantement s'étendant à l'intégralité du mont Greylock.
Harry observa encore un peu la brume se mouvoir devant lui et recouvrir le chemin escarpé qu'il apercevait à quelques mètres de sa position. Il devina assez facilement à quoi servait cet enchantement et désigna d'un petit mouvement la brume.
— Elle protège l'école et ses élèves.
Ulrich Tiare grimaça et ajouta.
— Je suppose que l'on peut voir les choses ainsi. D'ailleurs, notre directeur a le même avis que vous sur la fonction de cet enchantement mais en ce qui me concerne, je trouve qu'il ne nous protège pas, il nous cache, comme une sorte de voile et rien de plus. Si une guerre avec les Non-Maj' venait à éclater et qu'Ilvermorny devait être impliquée, cette brume ne nous protégerait pas.
Harry fronça les sourcils à cela ; il savait que les sorciers américains craignaient plus que tout au monde que les moldus découvrent leur existence. Ils avaient peur qu'une guerre éclate si le secret venait à se briser. En Angleterre, le statut du secret était assez strict mais contrairement aux États-Unis, l'Angleterre autorisait certaines exceptions. Les enfants de moldus avaient le droit de parler du monde magique à leurs parents alors qu'en Amérique, ce genre de chose était inconcevable.
Les réflexions du brun furent stoppées par la voix de Rogue qui demanda à Tiare.
— Comment peux-tu qualifier Ilvermorny d'école de magie la plus protégée en dénigrant l'une de ses principales protections ?
Ulrich répondit au Maître des potions.
— Poudlard avait Albus Dumbledore et nous avons Agilbert Fontaine, je peux t'assurer qu'il est le rempart le plus fiable que cette école n'ait jamais eu.
Le visage de Severus s'assombrit brusquement et Harry put entendre comme un murmure porté par le vent qui s'engouffrait tout autour de la montagne.
— Tu oublies que Albus Dumbledore est mort et que celui qui l'a tué se trouve devant toi.
Ulrich blêmit brutalement et souffla des excuses à Severus. Il n'avait pas voulu blesser celui-ci sur un sujet aussi sensible que la mort d'Albus Dumbledore.
Le nom de Dumbledore pesa un moment dans l'esprit d'Harry avant qu'il n'aperçoive de l'incompréhension sur le visage de Tom.
Il se souvint alors que les livres d'Histoire racontant la dernière guerre disaient qu'Albus Dumbledore était mort en chutant de la tour d'astronomie pendant une attaque de Mangemorts. La vérité avait été modifiée pour que le professeur Rogue ne soit pas inculpé de meurtre.
Tom voulut demander à Harry des explications sur la mort du directeur mais il s'abstint de le faire lorsqu'il vit le visage du Gryffondor s'assombrir sensiblement. Les images de la guerre transparaissaient pratiquement à travers ses yeux, visibles pour chaque personne en connaissant les détails.
Malheureusement, ce n'était pas son cas. Il ne savait pas quels souvenirs faisaient souffrir Harry, il pouvait essayer de donner vie à une scène à travers ce qu'il avait lu et entendu mais cela ne lui permettrait jamais de comprendre ce que ressentait le Gryffondor lorsqu'il y songeait.
Jedusor décida qu'il demanderait de nouveau à Potter de lui raconter la première et la seconde guerre magique. Il voulait savoir quelles images s'imposaient dans l'esprit de Harry lorsque celui-ci se figeait ainsi, hanté par ses souvenirs.
Ulrich se racla la gorge et désigna tout à coup le chemin escarpé face à eux.
— Ilvermorny est pourvue de fiacres tirés par des Sombrals mais, pour atteindre le plateau où ceux-ci sont gardés, nous devons gravir une partie de la montagne à pied par ce chemin. Lorsque l'on sera arrivé au plateau, une calèche nous mènera directement à Ilvermorny par la voie des airs.
Le professeur fit alors un pas en avant et ajouta avec sérieux.
— Dépêchons-nous un peu. Si nous arrivons après minuit, les portes seront définitivement closes et nous serons bons pour passer le reste de la nuit dehors et je vous assure que le mont Greylock est tout sauf un endroit agréable pour faire du camping.
Les quatre hommes s'engagèrent alors sur le chemin qui bordait le flanc du mont Greylock, leurs sens un peu perturbés par la brume qui se mouvait autour d'eux, les empêchant de voir correctement où ils mettaient les pieds.
Quelques minutes passèrent dans le silence. Les deux professeurs ayant pris la tête du groupe, Tom en profita pour demander à Harry.
— Le professeur Rogue est responsable de la mort d'Albus Dumbledore ?
Le Gryffondor ne fut pas surpris par la question, il s'attendait à ce que Tom demande des éclaircissements à ce sujet. Pourtant, il se retrouva incapable de répondre simplement oui ou non ; la vérité était bien plus complexe. Il finit par répondre en lançant un regard au mage noir qui marchait près de lui.
— Severus Rogue n'est pas coupable de la mort d'Albus Dumbledore mais c'est bien lui qui l'a tué. C'est... compliqué, tout ce qui concerne cette guerre l'est.
Jedusor n'eut aucun mal à voir l'attitude tout à coup défensive que le brun avait adoptée, il était clair qu'il ne voulait pas lui en dire davantage. Malgré cela, Tom n'abandonna pas immédiatement et lui signifia.
— Chaque fois que je te pose une question sur la guerre, tu minimalises tes réponses. Je ne récupérerai probablement jamais mes souvenirs et si je dois avoir ma propre version de la guerre, je préférerai que ce soit la tienne plutôt qu'une reconstitution imparfaite des différents livres que j'ai pu lire à ce sujet.
Jedusor fit une très légère pause et ajouta en fourchelang, espérant que cette fois-ci la réponse de Potter serait différente.
§ Raconte-moi la première et la seconde guerre magique. J'aimerais que tu me racontes la guerre de la façon dont toi, tu l'as vécu. §
Harry arrêta de marcher se retournant complètement vers lui et l'observa un moment, comme pour juger à quel point cette demande était importante, avant de baisser les yeux en sifflant.
§ Si je te raconte la guerre telle que je l'ai vécue, nous parlerons de Voldemort et je ne pense pas que cela soit une bonne idée. Même en essayant de te séparer des souvenirs que j'ai de Voldemort, je ne pense pas être capable de te parler de la guerre sans rancœur... et je ne veux pas te faire subir ça. Ce serait injuste. §
Après avoir dit cela, Harry s'était attendu à ressentir la déception et peut-être même la colère de Tom. Il fut donc très surpris lorsqu'une vague de reconnaissance lui parvient par le biais du lien. De la gratitude...
Comment le mage noir pouvait lui être reconnaissant de lui dire qu'il ne se sentait pas capable de parler de Voldemort sans lui en vouloir personnellement ?
Tom franchit la distance le séparant du lion avant de siffler.
§ Je te remercie de penser à moi, mais je t'assure que je ne serais pas blessé par un peu de rancœur. Après tout, même si je ne suis pas lui, je suis tout de même responsable de ce que je suis devenu. Je pensais que tu ne voulais pas me parler de la guerre par peur que j'apprenne des informations sensibles. Jamais je n'aurais imaginé que tu refusais de m'en parler par peur de me blesser... §
Lorsqu'il releva les yeux, Harry ne fut pas surpris par la couleur très vive animant ceux de Jedusor, en cohésion avec le fort sentiment de gratitude qu'il percevait.
Un peu gêné, le Gryffondor souffla, en anglais cette fois-ci.
— Je t'ai promis d'essayer d'être juste avec toi, je ne suis pas du genre à rompre mes promesses.
Puis, se retournant pour ignorer du mieux possible le regard de Tom pesant toujours sur lui, il ajouta.
— Ne prenons pas trop de retard, je préférerai arriver à Ilvermorny avant minuit.
Ils se hâtèrent de rejoindre leurs professeurs, les rejoignant au plateau où se trouvaient les fiacres. C'était une place assez grande et visiblement taillée dans la roche par magie. Les calèches étaient toutes identiques, alignées les unes après les autres et, en face d'elles, sur toute la largeur du plateau, se trouvaient des écuries où les Sombrals devaient probablement dormir.
Ulrich attendit qu'ils soient près de lui avant de siffler entre ses doigts, une seule et unique fois. Immédiatement, une silhouette fantomatique fila à toute vitesse vers eux pour se stopper juste devant Ulrich, elle se matérialisa sous la forme d'une vieille femme au visage rond.
Le fantôme pointa Ulrich du doigt en scandant.
— Tu es en retard ! Je t'attendais en milieu d'après-midi, j'avais tout préparé à l'avance et toi, tu te permets d'arriver plusieurs heures en retard ! Le directeur doit être mort d'inquiétude, tu aurais au moins pu envoyer un message pour nous prévenir. Tu n'es qu'un petit égoïste ! Je devrais te laisser gravir le mont Greylock à pied. Heureusement pour toi, je ne laisserais pas nos invités subir cela mais la prochaine fois... gare à toi.
Le professeur d'Ilvermorny soupira avant de souffler.
— Je vous présente Marthe, morte depuis une bonne centaine d'années, elle s'occupe des Sombrals et prépare les fiacres. Elle a l'air méchante mais elle ne mord pas.
Ladite Marthe s'insurgea.
— Ce n'est pas parce que je suis morte que tu peux parler de moi comme si je n'étais pas là. Petit insolent !
Tiare ricana.
— Si je commence à t'écouter ce n'est pas plusieurs heures de retard que je vais avoir mais plusieurs jours.
La vieille femme ignora complètement la remarque d'Ulrich et se tourna vers Harry et Tom en s'exclamant.
— Ne l'écoutez pas les enfants, c'est un vaurien. Dites-moi plutôt lequel de vous deux est Harry Potter ?
Harry répondit simplement.
— Je vous présente Thomas Gaunt et je suis Harry Potter.
Marthe se mit à sourire puis elle lança un regard à Tiare en clamant.
— Tu devrais prendre exemple sur le petit, il a l'air bien mieux élevé que toi Ulrich. Peut-être qu'il devrait te donner des leçons et pas l'inverse.
Tiare tira puérilement la langue au fantôme qui secoua la tête, faussement attristé.
— Je m'occupe d'eux pendant des années et ils n'ont aucun respect pour moi. Les enfants d'Ilvermorny sont des ingrats !
Elle ajouta à destination de Harry et Tom.
— Ne prenez surtout pas exemple sur lui, les enfants. C'est un voyou ; déjà tout petit, il ne faisait que des bêtises. Je vais préparer votre voiture, vous devriez être bien au chaud dans vos lits depuis plusieurs heures déjà.
La vieille femme fantôme partit immédiatement en direction des écuries. Tiare en profita pour dire.
— Excusez-la, elle est un peu extravagante. Elle s'occupe des écuries depuis des années et elle a vu pas mal de générations d'enfants passer. Pour elle, peu importe notre âge, on est tous des gamins en culottes courtes se rendant à Ilvermorny pour la première fois.
Potter haussa les épaules, pas plus gêné que ça par l'attitude du fantôme ; il s'était habitué à l'excentricité des personnes peuplant le monde magique.
Marthe revint un moment plus tard, amenant avec elle deux Sombrals qu'elle harnacha à un fiacre.
Souriante, elle s'exclama.
— Filez avant que les portes ne se ferment.
Les quatre hommes montèrent dans la calèche et, juste avant que le professeur d'Ilvermorny donne le départ aux Sombrals, Marthe ajouta.
— Tu me feras le plaisir d'aller faire tes excuses au directeur, le pauvre homme s'est fait du mauvais sang pour vous toute la journée.
Tiare acquiesça alors que le fiacre s'envolait en direction d'Ilvermorny.
Harry apprécia immédiatement la sensation de voler en calèche. C'était une sensation qu'il avait déjà ressentie à plusieurs reprises mais ici, elle était accompagnée d'une certaine sérénité. Ce n'était pas lui aux commandes. Il avait juste à apprécier la sensation sans avoir à en maîtriser le vol. C'était agréable.
Il garda ses yeux rivés sur l'extérieur, emplissant son esprit d'images de reliefs sombrant dans l'obscurité.
Le Gryffondor en profita pour admirer la vue, le fiacre s'élevait peu à peu au-dessus de la brume, découvrant le mont Greylock. La montagne plongée dans la pénombre n'était éclairée que par une seule chose, Ilvermorny. Cette bâtisse à peine visible à leur hauteur, éclairait la montagne comme un phare, sa lumière perçant la brume qui disparaissait à mesure que la calèche se rapprochait de sa destination.
Se rendant plus ou moins compte que, désormais, il ne pouvait plus faire marche arrière, Harry eut envie de soupirer. Il n'avait pas envie d'affronter Ilvermorny. Il n'avait pas envie de se retrouver à nouveau embarqué dans quelque chose d'aussi dangereux que le tournoi des trois sorciers. Il ne se sentait pas capable d'assumer le fait d'être Harry Potter, tout simplement.
Le premier jour où il avait mis les pieds à Poudlard, il n'avait pas eu conscience de l'importance de son nom. Tout était nouveau pour lui et il avait pris les choses avec innocence, ne se rendant presque pas compte que les autres enfants le dévisageaient. Il ne savait pas ce qu'il représentait à l'époque. Il ne savait même pas vraiment ce qu'était une guerre et Voldemort lui semblait n'être qu'un méchant tout droit sortit d'un livre pour enfants.
Il était si innocent, si ignorant, tellement perdu. Peut-être devait-il remercier Dumbledore pour cela ? Ou au contraire le maudire ; pour lui avoir fait croire qu'il n'était qu'un orphelin sans histoire et pour avoir été malmené par sa famille pendant onze ans.
Un sourire légèrement tordu étira les lèvres du brun lorsque cette pensée traversa son esprit. En vérité, il n'en voulait pas tant que ça à Albus Dumbledore. Cet homme, malgré ses erreurs, lui inspirait du respect.
Huit ans auparavant, il découvrait le monde magique avec envie et maintenant, le voilà réticent à mettre les pieds dans l'une des plus célèbres écoles de magie du monde. Pour être sincère avec lui-même, il était quand même partagé.
L'envie de découverte était toujours là et la passion qui l'animait lorsque l'on évoquait la magie devant lui le parcourait toujours mais tout ceci était écrasé par un sentiment bien plus présent, plus fort, plus violent. Un mélange de crainte et d'appréhension. Beaucoup de peur et un grand sentiment d'obligation.
Il se sentait obligé d'agir comme les gens s'attendaient à ce qu'il le fasse. Être le Survivant, le Sauveur, à défaut d'être lui-même.
Le véritable Harry Potter n'était pas un héros. Harry savait qu'il n'avait rien à voir avec les adjectifs qui lui étaient associés dans les livres et les journaux. Il n'avait pas sauvé le monde, il s'était contenté de rester en vie et de se défendre lorsqu'il avait eu l'occasion de le faire. Si cette prophétie ne l'en avait pas empêché, il aurait probablement fui, terrorisé par le champ de bataille.
Là aussi cette pensée le fit sourire un peu sinistrement ; il avait été terrorisé par le champ de bataille, mais cela ne l'avait pas empêché de se battre.
Maintenant, tout ceci aurait dû être derrière lui. Ce n'était pas le cas, il n'arrivait pas avancer. À chaque fois qu'il s'était pensé libéré, la réalité lui était tombée dessus assez violemment pour le clouer au sol.
Quelque chose l'avait toujours empêché de vivre comme il le souhaitait. Il y a longtemps, il aurait accusé les Dursley pour cela. Il a encore quelques mois, il aurait accusé Voldemort pour ça. Et même maintenant, il avait envie de condamner Tom comme coupable. Mais il avait conscience que le seul véritable coupable de sa situation, c'était lui.
Il ne s'était pas donné les moyens d'avancer après la guerre. Il s'était contenté de rester au 12 Square Grimmaurd, ressassant ses souvenirs et se maudissant pour toutes les personnes qu'il n'avait pas réussi à sauver. Lorsque Hermione était venue accompagnée de Drago Malefoy pour lui proposer de faire une dernière année à Poudlard, il n'avait pas eu le courage de refuser. Il n'avait aucun projet. Aucun but. Il n'avait pas plus de raisons d'accepter que de refuser. Il n'avait rien de prévu pour son avenir.
Son seul et unique but durant ces dernières années passées à se battre était de vaincre Voldemort.
Désormais, Lord Voldemort était vaincu et Harry avouait n'avoir jamais envisagé cette possibilité. Être en vie sans avoir à se battre pour ça. Son seul but était atteint et il n'arrivait pas à en trouver un autre, un qui lui donnerait envie de se battre à nouveau pour quelque chose de précis.
Il enviait presque Tom, lui avait des projets. Peut-être pas de bons projets, mais Harry savait que Tom était animé par de multiples ambitions. Lui n'en avait aucune, la plupart des choses qu'il faisait, il les faisait uniquement par obligation.
Venir à Ilvermorny était une obligation, pas un choix et cela gâchait un peu la beauté du paysage aux yeux d'Harry. Peut-être qu'il devait se trouver une raison de vivre. Uu rêve. Quelque chose de personnel, n'ayant rien à voir avec le monde magique.
Le Gryffondor soupira réellement cette fois-ci, se sentant ridicule voire un peu enfantin.
C'est à ce moment-là qu'il sentit quelqu'un lui frôler l'épaule, il n'avait pas besoin de tourner la tête pour savoir de qui il s'agissait alors il se contenta de demander, tout à coup épuisé.
— Qu'y a-t-il ?
La réponse ne tarda pas.
— Arrête de réfléchir autant. Les Gryffondor ne sont pas doués pour ça ; vous êtes des fonceurs, pas des penseurs.
Le brun se sentit sourire un peu à cette remarque. Il répliqua, le dos toujours tourné à Tom.
— Je suppose que le Choixpeau n'aurait pas dû céder à mon caprice.
Un court silence eut lieu avant qu'Harry n'entende.
— Tu es un Gryffondor. Tu as choisi de l'être. Tu as eu le choix ce jour-là, personne ne t'a obligé à choisir et tu as choisi le camp de ceux qui n'ont pas peur de foncer droit dans un mur. Cela te réussit, tu n'as aucune raison d'en douter. Qu'importent les choix que tu feras arrivé à Ilvermorny ; qu'importe si tu te sens piégé, jusqu'à présent tu as réussi à surmonter ça. Ce ne sera pas différent cette fois et pour le reste, tu as tout ton temps, la guerre est terminée.
Cette fois-ci, Harry se retourna avec une franche expression de surprise sur ses traits. Il murmura, presque accusateur.
— Tu as lu dans mes pensées ?
Jedusor afficha un sourire assuré lorsqu'il répondit.
— Je t'assure que je n'ai pas besoin de magie pour deviner à quoi tu penses alors qu'on s'approche d'Ilvermorny. Arrête de te torturer l'esprit. Peu importe si tu dois jouer un rôle lorsqu'on arrivera, cela ne change pas le fait que, lorsque tu décides de faire quelque chose, tu agis, que ce soit ou non ce que les gens attendent de toi. Personne ne t'avait demandé de sauver ces animaux cette après-midi et cela ne t'a pas empêché de le faire.
Le mage noir reporta son regard sur Diligitis qui, roulé en boule sur ses genoux, dormait profondément. Le brun baissa aussi son regard vers le petit serpent et, toujours surpris par la facilité avec laquelle Tom était capable de le comprendre, il se sentit un peu rassuré.
Tom avait raison ; le fait d'être piégé dans le rôle du héros ne l'avait pas empêché de faire des choses par lui-même, bonnes ou mauvaises d'ailleurs. Même si pour le moment, il agissait sans but particulier, il espérait que tout cela le mène vers quelque chose de plus personnel.
Le fait de devoir encore chercher sa voie à son âge ne devait pas être quelque chose d'aussi rare que cela. Après tout, derrière la légende que son histoire avait suscitée, il n'était qu'un jeune adulte perdu entre l'ignorance de son enfance et la violence d'une guerre vécue à son adolescence. Il avait encore le temps de choisir le sens qu'il avait envie de donner à sa vie.
C'était assez paradoxale que ce soit Tom Elvis Jedusor qui l'aide à réaliser cela.
D'ailleurs le mage noir releva la tête et se pencha en avant pour lui dire ;
— Fini de douter, on arrive.
Effectivement, le fiacre s'apprêtait à passer les grilles de l'immense portail entourant Ilvermorny.
Harry se perdit dans la contemplation de l'école. Celle-ci était magnifique : son portail était marqué par ses armoiries et il était rattaché à un immense mur de petites pierres, l'ensemble entouré de différentes tours qui s'élevaient de part et d'autre.
Plus loin, le lion arrivait à distinguer une grande porte donnant sur une bâtisse de granit, entourée par des pins hauts de plusieurs dizaines de mètres, la porte de la bâtisse était encadrée par deux statues dont le brun ignorait les noms mais dont il se doutait être les fondateurs d'Ilvermorny.
C'est en les observant qu'Harry Potter eut la certitude que cette année le ferait avancer. Il allait enfin pouvoir tourner la page.
À suivre...
