Chapitre 15 : Se départir du rang

Coucou ! :) J'ai cours d'anglais dans une petite heure alors j'en profite pour venir publier ici. C'est le chapitre de la répartition ! Un chapitre que j'aime bien même si pour moi il fonctionne en duo avec le suivant et que j'aime encore plus le chapitre qui suit ! X) Tous mes chapitres se suivent mais certains d'entre eux fonctionnent bien en duo, j'imagine que c'est une bonne chose car sur ces chapitres-là j'ai pu profiter de la réécriture pour faire une coupure au bon moment, ainsi le premier chapitre du duo se termine dans le suspense et le deuxième arrive directement avec un changement de décor, c'est chouette ! J'espère que ce premier chapitre spécial répartition va vous plaire, n'hésitez pas à me laisser vos avis plus bas et on se retrouve demain pour la suite.


Tom récupéra le serpent des bras d'Harry et laissa celui-ci ouvrir la porte.

Le jeune Seigneur des Ténèbres, qui s'était plutôt attendu à voir Tiare et Rogue derrière le battant, eut alors la surprise de voir un Puckwoodgenie dans l'embrasure de celle-ci.

La petite créature humanoïde semblait très ancienne et Jedusor savait, pour l'avoir lu dans un grimoire sur les créatures magiques, que les Puckwoodgenie n'aimaient pas beaucoup les humains et qu'en tant que race guerrière, ils ne se séparaient jamais de leur groupe. Ce Puckwoodgenie avait l'air très ancien et surtout très seul...

Cette solitude se voyait au premier regard.

La manière avec laquelle il avait reculé lorsqu'Harry avait ouvert la porte, la façon dont il se tenait et les regardait... ce Puckwoodgenie avait été séparé des siens il y a longtemps. Il y a vraiment très longtemps.

Le Serpentard fut étonné de voir qu'après sa brève expression de surprise, Potter adressa un sourire très sincère à la créature en la saluant poliment.

Le Puckwoodgenie ne répondit pas à la salutation d'Harry, il se retourna et dit d'une voix rocailleuse.

— Maître Fontaine m'a demandé de vous mener à la cérémonie de répartition.

Il n'ajouta rien et partit, les laissant le suivre. Potter se tourna vers lui, comme pour lui demander s'il avait dit quelque chose de mal pouvant offenser la créature. Tom secoua la tête en réponse, il ne connaissait pas vraiment les us et coutumes des Puckwoodgenie et pour être sincère, l'hostilité de la créature l'indifférait. De toute évidence, celle-ci était trop ancienne pour représenter un véritable danger.

Harry fronça les sourcils et eut l'air assez préoccupé avant de se lancer derrière la créature. Tom le suivit d'un pas moins rapide, préférant rester à distance du Puckwoodgenie. Celui-ci n'aimait pas la compagnie des humains, c'était évident et Jedusor pouvait respecter cela.

Apparemment, Harry n'avait pas compris les choses de la même manière puisque, dès qu'il fut à côté du Puckwoodgenie, il lui dit.

— Je m'appelle Harry. Je suis désolé si je vous ai offensé. Je ne sais pas du tout comment je suis censé vous saluer. C'est la première fois que je rencontre un Puckwoodgenie.

Tom savait que le fort attrait d'Harry pour la magie le poussait à être curieux et émerveillé par la moindre chose nouvelle qu'il pouvait découvrir. Et de toute évidence, les créatures magiques le fascinaient tout autant.

Le Puckwoodgenie n'eut aucune réaction particulière. Il se contenta de répondre froidement.

— Vous ne m'avez pas offensé, humain.

Tom vit les épaules d'Harry s'affaisser et il n'eut aucun mal à imaginer que le Gryffondor était déçu que le Puckwoodgenie ne veuille pas utiliser son prénom pour s'adresser à lui.

Pour autant, il ne sembla pas abandonner et, dès qu'ils furent à l'extérieur, traversant la cour pour se rendre du bâtiment secondaire au principal, Harry demanda au Puckwoodgenie quel était son nom et ce qu'il faisait à Ilvermorny. Jedusor devint légèrement inquiet lorsque le Puckwoodgenie ralentit pour s'arrêter tout d'un coup, pensant que la curiosité d'Harry avait peut-être été prise comme une insulte par la petite créature.

Mais, contre toute attente, le Puckwoodgenie sembla changer légèrement d'attitude. À son tour, il eut l'air curieux lorsqu'il demanda.

— Pourquoi cela vous intéresse-t-il ? Les humains et les Puckwoodgenie ne sont pas alliés. Aucun humain ne m'a demandé mon nom depuis bien longtemps.

Tom vit avec amusement Potter passer une main derrière sa nuque, dans ses cheveux bruns, les emmêlant davantage. Le lion faisait ce genre de geste lorsqu'il se sentait gêné ou agacé.

Harry déclara à la petite créature.

— Je me suis dit que vous appeler Puckwoodgenie n'était pas très poli, je n'aime pas trop lorsqu'on m'appelle humain alors je suppose que cela doit être la même chose pour vous. Et puis, comme c'est la première fois que je croise un membre de votre espèce, je me demandais si c'était courant pour vous de travailler avec les sorciers.

Le Puckwoodgenie sembla jauger Harry du regard avant de lui répondre moins froidement que la fois précédente.

— Normalement ma race ne se mêle pas à la vôtre mais j'ai fait une promesse il y a longtemps et depuis, je veille sur Ilvermorny pour rendre hommage à la sorcière à qui je dois ma vie.

Le Puckwoodgenie eut l'air un peu triste de mentionner cette sorcière et Jedusor entendit Harry lui dire doucement.

— C'est une noble cause. Cela fait de vous un gardien pour Ilvermorny ?

Le Puckwoodgenie prenait toujours son temps pour répondre, comme s'il mesurait ses mots avant de les prononcer. Cependant, il répondait toujours à Harry qui semblait heureux que celui-ci prenne le temps de le faire.

La conversation entre le Gryffondor et le Puckwoodgenie dura tout le trajet et Tom ne pouvait en être qu'impressionné ; Harry avait un don. Un don pour réussir à attirer la sympathie de quiconque.

Ce Puckwoodgenie s'était visiblement détendu au fil de la conversation et, après qu'Harry ait mentionné le fait qu'il n'aimait pas particulièrement être appelé un humain, la petite créature ne l'avait plus prénommé ainsi. Même si elle n'utilisait pas le prénom d'Harry et qu'elle ne lui avait pas non plus donné le sien, les deux conversaient avec un certain naturel.

C'était plutôt impressionnant lorsque l'on savait que les Puckwoodgenies étaient considérés comme des créatures très hostiles aux sorciers qu'ils trouvaient bêtes et barbares.

Le jeune Seigneur des Ténèbres ne pouvait s'empêcher de trouver Harry touchant. Il était évident que, tout comme lui, Potter avait ressenti la solitude du Puckwoodgenie dès qu'il l'avait vu et Tom ne pensait pas se tromper en affirmant que le lion essayait d'apporter son soutien à la vieille créature.

Alors qu'ils s'enfonçaient dans les dédales de couloirs de la bâtisse de granit, Tom sentit la présence de centaines de pressions magiques différentes provenir de devant lui. Des présences magiques appartenant aux élèves d'Ilvermorny.

Apparemment, le directeur avait convié tout Ilvermorny à leur cérémonie de répartition ; pas sûr que cela plaise à Harry. Lorsqu'il s'agissait d'entamer une discussion avec un Puckwoodgenie probablement plusieurs fois centenaire, le lion n'avait aucun problème mais en ce qui concernait le fait de devoir assumer son statut de héros devant une foule, ce n'était plus la même histoire.

Potter était ce genre de personne, complètement contradictoire, qui faisait des choses extraordinaires en permanence et qui trouvait les choses les plus simples infiniment plus difficiles à réaliser.

Harry lui ressemblait, sauf que lui avait appris à jouer de ce fait. Depuis son plus jeune âge, il utilisait les actes les plus impressionnants qu'il était capable de faire pour se soustraire aux autorités ou pour contrôler les plus simples. Ce n'était pas la meilleure solution mais elle lui avait permis de passer pour un élève-modèle à Poudlard durant pratiquement l'intégralité de sa scolarité.

Maintenant, il n'avait plus vraiment envie de jouer la comédie, il était incapable de beaucoup de choses que les autres sorciers qualifiaient de simple ; comme savoir distinguer les choses morales de celles qui ne le sont pas ou se lier d'amitié avec une autre personne.

Il ne savait pas faire ces choses qui semblaient naturelles aux autres mais, contrairement aux autres, il pouvait invoquer et contrôler un Feudeymon, il était capable de voir les auras magiques et il avait une âme-sœur.

Alors peu importe s'il n'était pas capable de faire certaines choses, Harry pouvait le comprendre et l'accepter. Tant que cela convenait à Harry, peu importe ce que le reste du monde en penserait.

Lorsqu'ils pénétrèrent dans le Hall d'Ilvermorny, le jeune Seigneur des Ténèbres pensa qu'il aurait voulu la même chose pour Potter, qu'il ne se sente plus obligé de jouer la comédie, qu'il puisse y échapper. Cette pensée lui échappa et se brisa en morceaux en même temps que la sérénité et le calme d'Harry lorsque le brun releva les yeux vers la coupole de verre...

Harry sentit sa respiration se couper et il fit même un demi-pas en arrière, effrayé. Le balcon en bois qu'il avait qualifié de gradin entourant le dôme de verre était plein ; plein à craquer de jeunes sorciers et sorcières qui avaient les yeux rivés sur lui.

C'est à ce moment-là que le brun se souvint que le monde sorcier avait un goût prononcé pour la démesure ; bien trop prononcé pour qu'un immense balcon en bois surplombant le Hall d'Ilvermorny ne serve qu'à observer les étoiles pendant un éventuel cours d'astronomie.

Non, il fallait qu'une chose pareille ait une utilité bien plus importante. Ce balcon était un gradin et ce Hall était une arène. Une arène où les nouveaux élèves arrivant à Ilvermorny étaient répartis sous les yeux de leurs aînés.

Il avait envie de fuir ; le nier serait un mensonge. Son corps tout entier s'était figé de stupeur pendant plusieurs secondes et la pensée qu'il préfèrerait faire face à une armée de Mangemorts plutôt qu'à cela lui traversa brièvement l'esprit alors que toutes les fibres magiques de son corps s'échappaient déjà. La panique avait toujours eu tendance à lui faire perdre le contrôle de ses restrictions magiques.

Pourtant, il réussit à se ressaisir assez rapidement pour que cela ne soit pas perçu. L'instabilité de ses propres pouvoirs était une chose qu'il devait essayer de garder cachée le plus longtemps possible. Il n'imaginait même pas la réaction des autorités américaines si celles-ci apprenaient qu'en plus d'être magiquement très puissant, il ne maîtrisait en rien cette puissance. Peut-être serait-il exécuté parce qu'il représentait un danger pour le statut du secret ? Il serait traité comme un monstre. De toute façon, sa magie n'était rien d'autre que monstrueuse et dans son esprit, Harry l'imaginait comme une sorte de créature sombre griffant sa poitrine de l'intérieur.

Il se haïssait pour cela ; même parmi les sorciers, il devait être le monstre. Celui dont la magie est instable, abominable. La magie devait être belle, celle des autres l'était. Celle des jeunes sorciers et sorcières qui le dévisageaient à l'instant était belle. Il pouvait la voir, la ressentir. C'était magnifique. La sienne n'avait jamais été comme ça. Depuis tout petit déjà, elle lui échappait. Sans même qu'il ne sache ce qu'était la magie, la sienne était déjà différente.

Au début, il avait juste fermé les yeux sur ce fait car cela ne paraissait pas être quelque chose d'important. Puis, le temps était passé et il s'était inquiété ; parfois, il lui arrivait de faire de la magie accidentelle alors qu'il ne devait plus en faire depuis longtemps. Lorsqu'il perdait sa concentration en voulant réaliser un sortilège, celui-ci, au lieu d'échouer, prenait plus d'ampleur encore.

Ça ne semblait être rien mais cela l'avait déjà alarmé. Et enfin, la guerre était arrivée et avec elle, tout était devenu bien plus compliqué. Chacun de ses sortilèges devenait incontrôlable, chaque fois qu'il exerçait la magie, il sentait qu'il n'en avait pas le contrôle. Tout était trop instable. Il n'arrivait pas à maîtriser le moindre sort et c'est à ce moment-là qu'il avait pris la décision de brider ses propres pouvoirs.

Harry avait conscience que cette solution n'en était pas une et que brider sa magie ne l'embellirait pas, mais c'était le seul moyen qu'il avait trouvé. La camoufler n'aurait rien changé au fait qu'elle était incontrôlable. Il se devait de la restreindre, la diminuer jusqu'à ce qu'elle soit comme celles des autres, ainsi sa dissemblance était invisible. Lui seul en avait conscience.

Au départ, cela avait fonctionné. Sa magie, lorsqu'elle était restreinte, lui était accessible et il pouvait la contrôler comme bon lui semblait. Puis, sans qu'il ne comprenne réellement pourquoi, il avait de nouveau perdu le contrôle et cette fois-ci, pas de sa magie mais de ses propres restrictions. Lorsqu'il était en proie à un sentiment particulièrement fort, les verrous qu'il avait placés sautaient et quand cela se produisait, il souffrait bien plus qu'avant. Avant, sa magie lui échappait et il craignait de blesser les autres ou de s'attirer des ennuis mais maintenant, lorsqu'elle lui échappait, elle le faisait atrocement souffrir.

Tom devait avoir raison sur ce point ; s'il continuait ainsi, il en mourrait probablement. Aucun sorcier ne pouvait renier sa propre magie sans en payer les conséquences.

Le brun en était conscient mais cela ne l'empêcha pas de s'avancer dans le Hall d'Ilvermorny de quelques pas, sa magie si lourdement cadenassée dans sa poitrine qu'il avait l'impression de se déplacer avec des chaînes.

Lorsqu'il fut réellement entré dans le Hall, il expira profondément pour carrer les épaules. Il n'avait aucune raison de réagir comme un enfant terrifié par la foule, il n'était plus un enfant.

Comme pour s'assurer que le danger n'était en rien réel, il lança un regard circulaire au balcon le surplombant, illuminé par la lumière naturelle du soleil frappant la coupole de verre.

Les élèves d'Ilvermorny y étaient présents, la plupart accoudés à la rambarde du balcon, regardant en bas. Le regardant attentivement. Un sourire assez sombre lui échappa lorsqu'il pensa qu'actuellement, il était une bête de foire exhibée et piégée, comme un animal.

Il se le répéta quelques fois avant de réussir à retrouver son calme ; ce n'était qu'une répartition. Peu importe de quelle manière il allait être réparti, cela n'était qu'une répartition.

Le Puckwoodgenie à côté de lui était resté silencieux un moment, comme s'il avait perçu son trouble et qu'il avait patiemment attendu que cela passe avant de lui adresser la parole.

— Le directeur vous attend au centre du Hall avec les professeurs, vous devez vous y rendre pour être répartis dans votre maison.

Adressant un sourire fragile au Puckwoodgenie, le lion lui dit.

— Je vous remercie. J'espère que nous aurons l'occasion de nous revoir.

Le Puckwoodgenie se redressa et lui adressa, lui aussi, un semblant de sourire qui parut un peu triste au Gryffondor. Juste avant de disparaître, il lui répondit.

— Ce sera avec plaisir, Harry.

Cette fois-ci ce fut un véritable sourire qui prit possession des lèvres du lion lorsqu'il entendit son prénom être prononcé par le Puckwoodgenie. Celui-ci avait finalement accepté d'utiliser son prénom. Harry supposa qu'il avait gagné le respect de la petite créature.

Fixant le centre du Hall où il reconnut le directeur accompagné par Tiare et Rogue ainsi que d'autres professeurs d'Ilvermorny dont il ne connaissait pas le nom, il s'avança, ignorant du mieux que possible le public qui regardait le moindre de ses mouvements avec attention. Il savait que Tom se tenait à un pas derrière lui et pour une raison qu'il ignorait, cela avait le don de le rassurer.

Jamais il n'aurait cru que la présence du jeune Seigneur des Ténèbres à ses côtés puisse un jour le rassurer. Pourtant, c'était le cas, il avait l'impression d'être soutenu. Ils rejoignirent ensemble le centre du Hall.

Tom grinça des dents lorsque le directeur salua Harry naturellement, comme s'il n'avait pas remarqué à quel point Potter était tendu. Ses mouvements paraissaient pratiquement mécaniques, ils n'avaient rien de naturel, c'était comme voir les déplacements d'un militaire. Tous ses gestes étaient calculés à l'avance, maîtrisés pour ne pas paraître angoissés.

Après avoir rendu la politesse au directeur, le lion salua d'un signe de tête Severus Rogue et Ulrich Tiare qui, un peu plus loin, regardaient la scène avec les autres professeurs.

Tom n'eut aucune difficulté à remarquer que Rogue regardait Potter les sourcils froncés et l'air particulièrement inquiet. Il n'était donc pas le seul à avoir réalisé qu'Harry venait de cadenasser sa magie avec tant de force que celle-ci semblait avoir disparu.

Jedusor n'eut d'autres choix que d'écouter Agilbert Fontaine lorsque celui-ci amplifia sa voix pour s'adresser bien plus au public qu'à eux.

— Nous pouvons maintenant procéder à la répartition. Monsieur Potter si vous le voulez bien, j'aimerais que vous passiez le premier.

L'homme continua de parler, ne laissant de toute façon pas le choix au Gryffondor.

— Pas d'inquiétude à avoir, la répartition à Ilvermorny est très simple. Vous voyez le nœud gordien au milieu des quatre statues ? Vous avez simplement à vous tenir debout dessus pendant environ une minute. La statue correspondant à votre maison s'animera à ce moment-là ce sera fini, vous serez réparti. Bien sûr, la possibilité que plusieurs statues réagissent à votre magie n'est pas exclue, si cela arrive vous aurez vous-même même à choisir la maison de votre préférence parmi celles-ci.

Tom vit Potter se tendre davantage quand le directeur mentionna sa magie. À Poudlard, le Choixpeau définissait la maison du sorcier qui le portait par rapport à ses souvenirs, son caractère, sa manière de voir et de comprendre les choses. La magie n'était qu'un attribut secondaire dans le jugement du Choixpeau. Ici, cela semblait être différent, si le nœud gordien était en réalité un sceau runique permettant de lire la magie, alors celle-ci serait la seule chose entrant en ligne de compte pour la répartition.

Et si c'était le cas, Tom savait que la possibilité qu'ils finissent dans la même maison devenait bien plus faible. Sa magie était orientée vers les ténèbres alors que celle d'Harry était pure. Incontrôlable et indisciplinée mais pure. Peut-être que le Gryffondor pensait sa magie sombre parce qu'on disait de la magie noire qu'elle était incontrôlable, mais Harry aurait tort de penser cela. Sa magie n'avait rien de sombre, elle était pure, brute, originelle et surtout sans altération de quelque nature que ce soit et peut-être était-ce cela qui la rendait incontrôlable.

La sienne avait été ainsi avant qu'il ne la divise dans un Horcruxe, lui donnant ainsi la couleur sombre de la magie noire. Cela lui avait permis de prendre le contrôle sur sa magie mais en contrepartie, il avait perdu en puissance et il se doutait que jamais sa magie ne redeviendrait comme celle d'Harry.

Tom fut obligé de suivre le directeur et rejoignit les professeurs sur le côté alors qu'Harry s'approchait du nœud gordien dessiné sur le sol. Il espérait que cela se passerait bien et si ce n'était pas le cas, Fontaine paierait pour ça. Si Harry devait souffrir d'une quelconque manière que ce soit, Jedusor se fit la promesse de rendre au centuple la douleur de son âme-sœur au directeur.

Harry posa les pieds sur les bords du nœud gordien, celui-ci se mit à briller légèrement. Il l'avait à peine foulé qu'il s'animait déjà. Décidant qu'il voulait que cette mise en scène se termine le plus rapidement possible, il s'avança sur le sceau.

Immédiatement, il sentit ses restrictions se déchirer dans sa poitrine et plaquant une main contre celle-ci, il haleta de douleur. Il vit avec effarement le sceau sous lui se mettre à briller plus fortement encore et dans un geste purement instinctif, il voulut s'échapper. Ce fut pire encore ; il sentit le sceau sous ses pieds réduire consciencieusement chacune de ses restrictions magiques, l'immobilisant complètement.

La douleur provoquée par la violence avec laquelle ses verrous magiques furent brisés le rendit aveugle pendant quelques secondes et lorsqu'il distingua à nouveau ce qui l'entourait, il la vit. Pour la première fois, il y était confronté. Sa magie libérée autour de lui grondait dans un tourbillon tumultueux et multicolore.

Sous la surprise, il essaya de nouveau de faire un mouvement de recul mais cela lui était impossible, ses pieds semblaient cloués au sol. La douleur était la seule chose lui permettant de ne pas perdre complètement le contrôle alors qu'il voyait sa propre magie s'échapper de son corps et s'étaler autour de lui en flux versicolores, frappant le sol comme si elle était tangible.

Lorsque son esprit réussit à mettre la douleur de côté, il les entendit. Les cris de stupeur des élèves au-dessus de lui. Cela ne le fit que paniquer davantage. Il réussit à se mouvoir difficilement, tournant sur lui-même et il aperçut les statues qui avaient toutes changé de position et le saluaient désormais dans une sorte de révérence dont il se serait bien passé.

Lorsque le sceau s'attaqua aux verrous les plus anciens qu'il avait placés sur sa magie, il courba l'échine et ses mains se crispèrent sur sa poitrine. Il ferma les yeux, assourdis et aveuglé par la douleur, pour essayer désespérément de remplacer chaque verrou détruit par le sceau. Il savait qu'autour de lui, sa magie devenait incontrôlable et qu'elle risquait de blesser les enfants l'observant du balcon ou pire, dans son état, elle risquait même de briser le dôme de verre surplombant le Hall d'Ilvermorny.

Il était incapable de bouger, il n'arrivait pas à sortir du périmètre magique exercé par le sceau sous ses pieds. Il n'avait presque plus conscience de ce qui l'entourait et seule la douleur ainsi que la volonté de remplacer chaque verrou détruit le gardait conscient.

Brusquement, à travers le brouillard de souffrances paralysant son esprit, il entendit une voix qui lui parut lointaine et enfantine.

— BRISE-LE ! BRISE LE SCEAU ! C'EST LA SEULE FAÇON DE TE LIBÉRER !

Obéissant au cri dans son esprit, il regroupa du mieux que possible sa magie et la propulsa contre le sol. Il sentit celui-ci se fendre sous ses pieds et la douleur s'atténua enfin.

Ses jambes fléchirent sous son propre poids. Ses genoux rencontrant le sol avec violence ; il était libre.

Harry ne sut jamais combien de temps exactement il était resté agenouillé au sol, les yeux fermés et la respiration laborieuse avec cette impression que sa propre magie le consumait vivant.

Le sceau n'exerçait plus aucun effet sur lui mais la plupart des verrous scellant sa magie avaient été détruits et sans ceux-ci, il était incapable de se contrôler. Sa magie continuait de se mouvoir dangereusement autour de lui, luttant contre les restrictions qu'il essayait désespérément de reconstituer.

Concentré sur ce fait et pratiquement couché contre le sol, il ne ressentit que tardivement l'autre magie qui faisait rage dans le Hall.

Sombre, terrifiée et violente ; cette magie, il la connaissait, mieux que n'importe quelle autre. C'était celle de Tom. Lorsqu'il reconnut la magie du jeune Seigneur des Ténèbres siffler comme un serpent prêt à mordre, Harry prit sur lui pour mettre de côté sa propre souffrance et ouvrit les yeux, se tournant vers Jedusor qui devait se tenir à quelques mètres de lui.

Celui-ci se tenait debout devant lui de dos, il était armé ; il tenait sa baguette et s'apprêtait visiblement à s'en servir. Devant lui se tenait le directeur d'Ilvermorny et ce dernier regardait Tom avec un mélange d'incrédulité et d'appréhension.

Lorsque le mage noir éleva son bras, sa magie lui répondit immédiatement en se déployant de manière plus oppressante encore. Harry se maudit intérieurement, il n'avait ni entendu ni vu ce qu'il se passait autour de lui pendant sa répartition mais visiblement, Tom s'apprêtait à provoquer le directeur en duel. Un duel à mort s'il devait en juger la rage et la violence dégagée par la magie du Serpentard.

Utilisant ce qui devait être ses dernières forces, il se releva et, saisissant la baguette d'if toujours attachée à son poignet, il réussit à murmurer en même temps que Tom prononçait la malédiction qu'il souhaitait infliger au directeur.

— Expelliarmus.

Sa magie débridée se rua vers le mage noir et, avant même que le sort de celui-ci ne quitte sa baguette, celle-ci lui échappa des mains pour voler en arrière où un Harry tremblant la rattrapa. Il essaya de se maintenir debout malgré la fatigue qui étreignait son corps meurtri.

Les deux baguettes en main, le lion vit Tom se retourner vers lui et en même temps que le lien s'ouvrait entre eux. Harry put apercevoir le visage du mage noir alors qu'un immense sentiment de peur lui soulevait le cœur ; de la peur mêlée à de la colère. Le visage de Tom trahissait les mêmes émotions.

Jedusor le regarda de haut en bas, son regard buta sur ses genoux blessés et sa magie toujours déployée autour de lui, des flux de magie multicolores visibles à l'œil nu s'échappant toujours de sa poitrine.

Le mage noir semblait être déchiré plusieurs secondes entre l'envie de venir vers lui ou de se retourner vers le directeur pour attaquer celui-ci, sans baguette s'il le fallait. Sa magie et ses sentiments passant de la rage sans nom à la peur abyssale.

Affaibli, le Gryffondor avait des difficultés à se concentrer suffisamment pour différencier ses propres sentiments de ceux du mage noir. Tout semblait assez confus dans son esprit et la douleur ne faisait qu'empirer cela, le rendant incapable de dire à Tom qu'il ne voulait pas qu'il se batte. Il essaya de lui transmettre ce sentiment puis son corps lui sembla encore plus lourd que précédemment et il perdit connaissance.

Lorsqu'il vit le corps d'Harry basculer en avant, en proie à un vertige, le mage noir se précipita vers lui, laissant son désir de vengeance de côté. Il devait s'assurer qu'Harry irait bien. Il avait eu tellement peur de le perdre.

À ce moment-là, une professeur, non loin de la scène, voulut s'avancer et fut retenue par Severus Rogue qui lui dit.

— Je ne sais pas où vous comptez aller, mais je vous conseille de ne pas faire un pas de plus.

La jeune femme s'écria.

— Je veux seulement emmener le jeune Potter à l'infirmerie !

Rogue grinça, en s'éloignant un peu.

— Essayez donc, mais je peux vous garantir que si vous vous approchez d'une telle concentration magique sans aucune protection, c'est vous qu'il faudra emmener à l'infirmerie.

La jeune femme pâlit et fit un pas en arrière, l'air tout à coup effrayée par la magie toujours visible se dégageant d'Harry Potter effondré dans les bras de Tom Jedusor.

D'ailleurs, celui-ci se retourna vers le directeur tout en soulevant le corps inconscient d'Harry dans ses bras. Il lui dit.

— Vous êtes responsable de ses blessures. Qu'importe que ce ne soit pas vous qui ayez créé ce sceau, vous saviez très bien à quoi il servait. Vous venez de le torturer en toute connaissance de cause et, à ce que je sache, la torture est punie par la peine de mort au MACUSA.

Le silence qui suivit les paroles du mage noir fut presque aussi lourd que la magie de celui-ci qui se déployait autour de celle d'Harry, invisible mais protégeant farouchement les deux sorciers.

Le visage du directeur se fit très sombre et il brisa le silence.

— Je n'avais aucune idée de ce qui allait se produire. Excusez-moi mais ce n'est pas moi le responsable de ce que vous appelez de la torture. Visiblement, monsieur Potter inhibe lui-même sa magie depuis longtemps. Il est le seul responsable de son état. Aucun sorcier n'est censé survivre en réprimant sa magie comme il le fait et par ailleurs, aucun sorcier n'est censé disposer d'une magie comme celle-ci.

Agilbert Fontaine prononça la fin de cette phrase dans un mélange de dégoût et de fascination, ses yeux rivés sur Potter. Il poursuivit sans craindre la magie noire du jeune sorcier qui grondait toujours face à lui.

— C'est un miracle qu'il ait survécu jusqu'à maintenant. Le nœud gordien est simplement un sceau permettant de dévoiler la magie d'un sorcier pour la soumettre au jugement des statues ; il n'a fait que ce pour quoi il a été créé. Ni Ilvermorny ni moi-même ne sommes responsables de ses blessures. Vos accusations sont sans fondement et en plus de cela, vous vouliez faire justice vous-même... ou peut-être me serais-je trompé sur vos intentions, monsieur Gaunt ?

Jedusor resta silencieux et immobile un moment. Son regard caressa le visage du lion une seconde puis, il siffla une phrase dans un fourchelang particulièrement hargneux à l'adresse du directeur et Tom ainsi qu'Harry disparurent tous deux dans un craquement violent, s'échappant ainsi du Hall sous les yeux des élèves pour le moins très troublés par l'enchaînement d'événements qui venait de se produire.

À suivre...