Chapitre 16 : La vérité révélée
Hello everybody ! Vous allez bien ? C'est parti pour le chapitre 16 de DISSEMBLANCE, c'est un chapitre que vous devriez apprécier ! :D En tout cas de mon côté je l'aime beaucoup, il est plein de douceur et paradoxalement c'est aussi un chapitre assez douloureux. Les choses s'accélèrent et par la même occasion, elles sont freinées. Et notre cher directeur d'Ilvermorny semble avoir compris quelque chose que tout le monde ignore encore à ce moment-là de l'histoire... Du mystère, de l'amour de la peur et de la douceur, c'est ce que promet ce chapitre, à vous de me dire s'il tient ses promesses. Bienvenue dans « la vérité révélée » !
La première chose que vit Harry lorsqu'il se réveilla fut un ciel bleu et incroyablement lumineux. Il papillonna plusieurs fois des yeux, un peu perturbé par la lumière, incapable de distinguer correctement ce qui l'entourait car son esprit était encore embourbé dans un brouillard particulièrement épais.
Il voulut bouger mais, dès qu'il amorça un geste, il ressentit comme une décharge électrique lui parcourir le corps et vit des bribes de magie, la sienne, éclater autour de lui comme des étincelles colorées.
Son visage s'assombrit lorsque ses derniers souvenirs lui revinrent. Il se revit dans le Hall d'Ilvermorny, sa baguette ainsi que celle de Tom entre les mains. Jedusor venait d'essayer d'abattre Agilbert Fontaine, il l'en avait empêché de justesse puis plus rien, l'obscurité. Il s'était évanoui.
Cette dernière pensée dégagea un peu la brume de son esprit, il essaya de s'asseoir pour déterminer où il se trouvait mais dès qu'il en amorça le mouvement, une main pâle se posa sur sa poitrine, accompagnée d'une voix.
— Reste allongé encore un peu, ta magie commence seulement à s'apaiser.
Reconnaissant immédiatement la voix, Harry tourna la tête du côté de celle-ci ; Tom Jedusor était assis près de lui.
Le Gryffondor se rendit compte que le Serpentard ne portait plus la cape de son uniforme. Celle-ci devait être sous lui puisque, bien qu'il soit allongé sur l'herbe, il sentait la présence d'un tissu sous ses doigts.
La main du jeune Seigneur des Ténèbres quitta sa poitrine et celui-ci lui demanda, l'air visiblement inquiet.
— Comment te sens-tu ?
Au lieu de répondre à cette question, le lion fronça les sourcils puis demanda, sa voix grinçant un peu.
— Où sommes-nous ?
Le visage de Jedusor se fit perplexe.
— Je ne sais pas vraiment. Lorsque j'ai transplané, ta magie a pris le dessus sur la mienne et on a atterri ici. Cette clairière ne doit pas se situer très loin d'Ilvermorny, probablement non loin du sommet du mont Greylock.
Le sorcier adepte de la magie noire eut l'air pensif un moment avant d'ajouter.
— Il me semble avoir lu quelque chose à propos de la baguette de Salazar Serpentard ; elle aurait été enterrée dans un endroit comme celui-ci, tout proche d'Ilvermorny. Mais il ne s'agit sûrement que d'une légende.
Harry lança un regard autour d'eux sans pour autant bouger et il vit que l'endroit ressemblait à une clairière rocailleuse. Quelques arbres et arbustes ainsi que des rochers jaillissaient de la terre, lui donnant un côté montagneux.
L'air très frais qu'il inspira le convainquit qu'ils devaient être dans les hauteurs du mont Greylock, peut-être même plus haut que ne l'était Ilvermorny.
Retournant son attention sur le mage noir, un sentiment d'angoisse remplit sa poitrine lorsqu'il demanda à celui-ci.
— Pourquoi avoir transplané ?
Il espérait que Tom n'avait pas fui Ilvermorny après avoir commis un acte irréparable.
Tom commença assez simplement.
— J'ai pensé que tu préférerais cela. Tu as perdu conscience après m'avoir désarmé et je ne voulais pas que l'on reste là-bas. Je voulais te ramener dans nos quartiers mais c'est à ce moment-là que ta magie a interféré. Je pense que si j'étais resté une seconde de plus... tu m'en aurais voulu.
Harry fut soulagé d'entendre que le mage noir n'avait pas été plus loin dans son désir d'éliminer le directeur mais il vit les poings de celui-ci se serrer alors qu'il continua.
— Cet homme savait parfaitement ce qui allait se produire. Il savait comment le sceau réagirait lorsque tu y mettrais les pieds. Il savait comment les choses se passeraient et il a osé dire devant tous que tu étai-
Harry interrompit le Serpentard en voyant la colère de celui-ci le posséder de nouveau.
— Cela n'a aucune importance. Qu'il sache ou pas ce qui se produirait pendant ma répartition ne change rien. Si je l'avais su à l'avance, j'aurais quand même dû le faire. Si Ilvermorny répartit ses élèves de cette façon depuis plusieurs siècles, c'était normal que je subisse la même chose. Et je me fiche de savoir ce qu'il a bien pu dire à mon sujet.
Le Gryffondor laissa son regard dériver vers le ciel et il dit un peu plus faiblement.
— De toute façon, avec ce qui s'est passé aujourd'hui, le monde entier en sera informé d'ici peu ; l'état de ma magie, mon incapacité à la contrôler, la manière dont je la réprime depuis plusieurs années, le nœud gordien ancestral que j'ai brisé. Tout cela doit déjà avoir été rapporté au MACUSA.
Il espérait que cela ne soit pas le cas mais les chances pour que le directeur décide de garder l'incident sous silence étaient très faibles. Fermant les yeux, le lion finit par souffler, la voix un peu tremblante.
— S'il doit y avoir un responsable, alors ce n'est pas le directeur d'Ilvermorny. Je suis le seul responsable. Si je n'étais pas un monstr-
Harry sentit la main de Jedusor se poser vivement sur sa bouche pour l'empêcher de prononcer complètement le dernier mot de sa phrase.
Celui-ci lui siffla.
§ Ne le dit pas. Je refuse que tu prononces un mot comme celui-ci pour te désigner. §
Tom marqua une pause avant d'ajouter.
§ Ta magie est magnifique et tu es extraordinaire, la personne la plus brillante que j'ai rencontrée. Je ne veux pas que tu utilises ce mot que je déteste pour te définir. §
Rouvrant les yeux pour les fixer avec perplexité sur le jeune Seigneur des Ténèbres, Harry ressentit la sincérité des mots que celui-ci venait de prononcer et cela ne fit que le perturber davantage.
Tom ne pouvait pas... ils étaient censés se détester, être ennemis. Jedusor ne pouvait pas juste lui dire ce genre de choses, comme ça, comme s'il n'y avait pas eu une guerre entre eux. Ils étaient censés se haïr. Jedusor n'avait pas le droit de l'apprécier, de le respecter, de le rassurer...
Indifférent au tourment mental que s'imposait déjà le lion, le serpent lui siffla en retirant la main qu'il avait posée sur sa bouche, ses yeux rougeoyants et s'assombrissant, soulignant ainsi chaque mot qu'il prononçait.
§ J'ai eu tellement peur que le sceau ne te tue. Tu es mon seul repère, la seule chose qui m'empêche de redevenir un monstre, je ne supporterai pas ta mort. S'il devait t'arriver quelque chose, je serais incapable de me contrôler et je n'aurais plus aucune raison de le faire. §
Le même tourbillon de sentiments qu'à l'animalerie de la galerie des Lucioles parvient à Harry quand Tom lui dit cela. Un tourbillon de sentiments si contradictoires et si confus qu'Harry était incapable de les différencier, de leur prêter à chacun un sens et un nom.
Jedusor se pencha vers lui, glissa sa main contre son cou et rapprocha son visage du sien, ses yeux se teintant définitivement d'une couleur rouge vive.
Infiniment perturbé, le lion essaya de souffler alors que la seconde main du mage noir attrapait sa main droite, entremêlant ses doigts aux siens et plaquant leurs mains entremêlées contre le sol à côté de lui.
— Qu'est-ce que tu...
Il ne réussit pas à finir de s'exprimer. Tom posa ses lèvres contre les siennes dans un baiser terriblement doux et lent, un peu comme s'il craignait qu'il ne le rejette avec violence.
Pourtant, Harry ne bougea pas, le souffle coupé et le cœur battant, il se sentait comme paralysé et même son esprit semblait s'être arrêté de fonctionner. Il sentit enfin le tourbillon de sentiments provenant de Tom se stabiliser pour ne laisser qu'une seule et unique émotion lui parvenir ; l'amour.
Un amour brut et dévorant, quelque chose qu'Harry n'avait jamais ressenti auparavant. Un sentiment appartenant à Tom.
Affaibli par les événements récents et paralysé par l'émotion que lui transmettait le lien, incapable de formuler une pensée claire, Harry ne repoussa pas Tom. Il laissa celui-ci l'embrasser durant plusieurs secondes avant que le baiser ne prenne fin
Le mage noir laissa alors sa tête retomber contre son cou et lui murmura faiblement dans un anglais fébrile, mélangé à du fourchelang.
— Je suis désolé, je sais que mes sentiments ne sont pas réciproques mais j'ai eu tellement peur de te perdre... ne me déteste pas...
« Je suis désolé, je sais que mes sentiments ne sont pas réciproques mais j'ai eu tellement peur de te perdre... ne me déteste pas... »
Comme s'ils y étaient piégés, les mots de Tom rejouaient encore et encore la même mélodie dans son esprit, le paralysant davantage alors qu'il essayait d'y prêter un sens. Un sens qu'il n'avait d'ailleurs pas besoin de chercher.
Il le ressentait, aussi fortement que si ce sentiment était sien, et pourtant il ne lui appartenait pas. Ce sentiment aussi brut, aussi sincère, pratiquement irréel ce n'était pas le sien, c'était celui de Tom. C'était l'amour que lui portait le mage noir. Celui qu'il venait d'essayer de lui transmettre par le biais d'un baiser.
Lorsque l'esprit d'Harry atteignit cette conclusion, sa panique prit le dessus sur son incompréhension. Son rythme cardiaque s'accéléra et ses yeux se perdirent dans le bleu éblouissant du ciel ; il sentit son corps se figer alors que sa magie échappait de nouveau à son contrôle.
C'était impossible. Tom ne pouvait pas... il n'avait pas le droit de... ce n'était pas possible... Il était Voldemort, une version plus jeune du Seigneur des Ténèbres...
Comment était-ce arrivé ? Depuis quand est-ce qu'il... Tom ne pouvait pas ressentir cela alors que... alors que... il l'avait tué.
Il avait abattu Lord Voldemort, il s'en souvenait. Il était même capable de revoir le sort vert jaillir de sa baguette pour fondre vers la poitrine du Seigneur des Ténèbres, il le voyait encore basculer en arrière et prononcer cette phrase en latin qu'il n'avait jamais voulu traduire. Il l'avait tué et de la même manière, le Seigneur des Ténèbres avait abattu ses parents.
Voldemort et Tom étaient la même personne. À des âges différents, à des époques différentes, avec des souvenirs différents, mais ils étaient la même personne.
Voldemort le haïssait, il avait essayé de le tuer tellement de fois qu'Harry arrivait à peine à toutes se les remémorer. Lui-même haïssait Voldemort ; pour ce qu'il lui avait fait, pour sa famille qu'il avait détruite, pour ce qu'il était devenu par sa faute.
Comment Tom, alors qu'il connaissait leur passé, alors qu'il savait qu'ils s'étaient voués une haine sans limite, avait-il pu développer un sentiment comme celui-ci pour lui ?
Harry en était conscient, il n'était pas aveugle au point de ne pas avoir remarqué que plus les jours passaient et plus sa relation avec Tom évoluait sur ce qu'il lui semblait être une amitié.
Chaque heure passée ensemble les avait rapprochés. Leurs points communs, leurs histoires similaires, cela les avaient aidés à se comprendre et, là où il ne voulait aborder le sujet avec personne, il s'était confié à Tom au sujet de sa magie.
Jedusor le comprenait et, aussi étrange que cela puisse paraître, Harry savait qu'il avait toujours compris Voldemort. Que son âme soit déchirée ou non, il le comprenait. Il avait bien assez de fois cauchemardé sur la vie chaotique du Seigneur des Ténèbres pour ressentir de la compassion pour lui.
De la compassion et de la haine. L'un n'empêchait pas l'autre. Il haïssait Voldemort pour ce qu'il était devenu mais ressentait de la peine pour cet homme.
Peut-être était-ce pour cela qu'il n'avait pas attaqué Tom lorsqu'il en avait eu l'occasion à Poudlard.
Peut-être que, depuis le début, il avait un mince espoir que l'amnésie donne à Voldemort une chance de vivre et non plus de survivre comme ils le faisaient tous deux depuis des années.
Peut-être qu'inconsciemment, il essayait d'aider Tom comme il aurait aimé qu'on lui apporte de l'aide.
Mais même si c'était le cas, même s'il ressentait sincèrement l'envie d'aider Tom à ne pas sombrer dans les ténèbres, jamais il ne se serait douté que celui-ci...
Il ne pouvait pas accepter le fait que Tom ressente réellement de l'amour pour lui. Ce n'était pas censé arriver. Ça n'allait pas arriver.
Harry s'était persuadé du fait qu'il surveillerait Tom Jedusor jusqu'à que celui-ci soit capable de s'offrir un futur différent de celui de Voldemort. Et si cela n'était pas possible... que redevenir Voldemort devenait la seule possibilité de Tom... ce serait à lui de l'abattre. Encore une fois. Il s'était fait ce serment, cette promesse, il avait pris cette responsabilité en acceptant de le surveiller.
Tom ne devait pas... ils ne pouvaient pas s'attacher l'un à l'autre, ce serait comme s'infliger deux fois plus de souffrances. Le simple fait de devenir amis compliquait déjà terriblement la situation. L'amitié risquait déjà d'être quelque chose qui les détruirait.
Parce que la prophétie, elle, était toujours là. Elle attendait, immuable, comme la dernière note d'une sinistre symphonie. Ils n'étaient pas censés jouer une autre musique que celle de la haine, la dernière note n'en serait que plus douloureuse.
Elle finirait par tomber et Harry ne le voulait pas... il ne voulait pas être obligé de tuer quelqu'un qui ressentait quelque chose d'aussi... beau ? pour lui.
Il le ressentait toujours ; ce sentiment d'amour qui ne lui appartenait pas ne voulait pas disparaître, quand bien même il essayait désespérément de fermer ce lien intangible entre ses sentiments et ceux de Tom. Cela ne voulait pas disparaître.
Il fallait qu'il fasse quelque chose. Il ne pouvait pas continuer de ressentir cela... ça allait le rendre fou.
Quelques instants seulement après avoir fait sa déclaration, Tom sentit la magie d'Harry s'agiter autour d'eux, en proie à un sentiment de panique. Le corps du brun se figea pour retenir du mieux que possible cette magie qui, à elle seule, exprimait tout à fait le rejet qu'Harry n'arrivait pas à lui communiquer.
Le mage noir expira douloureusement, toujours appuyé contre l'épaule d'Harry sans oser bouger lui aussi. Il se força tout de même à relâcher la main de Potter toujours prisonnière de la sienne.
Il savait qu'il n'aurait pas dû faire cela, il s'était pourtant fait la promesse d'attendre. Il n'avait pas pu. Harry avait failli mourir. Que se serait-il passé si le sceau avait continué de détruire les restrictions qu'Harry peinait à reconstruire à chaque seconde ? La lutte aurait été sans fin et le Survivant aurait fini par se laisser tuer.
Cette pensée réveilla une fois de plus la terreur de Tom à l'idée de perdre son âme-sœur. Il avait bien conscience que ce n'était pas une raison suffisante pour profiter de lui. Profiter de sa faiblesse actuelle pour l'embrasser contre sa volonté était même une raison suffisante pour que Potter ne veuille plus jamais ne serait-ce que tenir une conversation avec lui.
Alors, il ne fut pas surpris lorsque Harry décida de s'éloigner de lui, le repoussant, pour se dégager de son étreinte.
Ils se retrouvèrent assis plus ou moins l'un en face de l'autre, si proches, mais cette distance, aussi petite soit-elle, devint infranchissable lorsque Tom croisa le regard d'Harry.
C'était une véritable tempête qui animait les yeux émeraude de l'Élu. Une tempête provoquée par de la peur, de la panique et peut-être même de la colère. Jedusor était incapable de déterminer ce que Potter ressentait en cet instant mais il savait que ses sentiments étaient négatifs et qu'ils le faisaient souffrir.
Harry Potter ne l'aimait pas et pire encore, il venait de le faire souffrir en lui imposant ses sentiments.
Ce n'était pas ce qu'il voulait ; si Harry souffrait à l'idée qu'il puisse l'aimer alors il aurait préféré que celui-ci ne l'apprenne pas. C'était trop tard pour cela mais si cela pouvait l'aider, Tom était prêt à faire semblant. Il pourrait essayer de jouer la comédie, il l'avait fait toute sa vie. Si cela lui permettait de ne pas le perdre, alors il le ferait.
Fermant les yeux une seconde, Tom rassembla son courage pour se relever et lui dire, en essayant de ne pas paraître aussi dévasté qu'il ne l'était.
— Oublie ça. Je suis désolé, j'ai agi sans réfléchir, cela ne se reproduira pas.
Sa voix lui parut neutre et froide... il fit une pause et souffla avec plus de légèreté.
— Nous devrions rentrer à Ilvermorny avant que Rogue ne se décide à envoyer une brigade d'Aurors à ta recherche.
Il osa lancer un regard en biais au Gryffondor, celui-ci se relevait difficilement. Leurs regards se croisèrent et Jedusor sentit son cœur se serrer lorsqu'il vit les yeux verts du lion se teinter de perplexité. Harry avait l'air terriblement faible et perdu et tout était de sa faute.
Il ajouta, tout en essayant de réprimer son envie de prendre Potter dans ses bras pour ne plus jamais le relâcher.
— Si tu te sens encore trop faible pour marcher, tu peux t'appuyer sur moi.
Le retour à Ilvermorny se fit dans un silence pesant entre les deux âmes liées...
Harry était debout, devant la porte du bureau du directeur d'Ilvermorny. Il hésitait entre frapper ou entrer sans le faire. Après tout, l'homme l'avait convoqué et de toute façon, avec le peu de maîtrise qu'il avait actuellement sur sa magie, celui-ci devait l'avoir senti approcher de loin.
Le brun soupira, cette journée avait été épouvantable et il espérait sincèrement qu'elle prendrait fin bientôt puisqu'il ne se sentait plus capable de tenir debout encore longtemps.
Le Gryffondor inspira profondément pour essayer d'éloigner toutes les pensées concernant Tom Jedusor de son esprit.
Sans même frapper, il saisit la poignée ronde de la porte et la fit tourner pour rentrer dans le bureau directorial d'Ilvermorny.
Échappant à son contrôle, son esprit rejoua une nouvelle fois la déclaration de Tom ainsi que la scène l'ayant suivie.
Harry se figea alors qu'il ramassait la cape de Tom au sol. À côté de celle-ci se trouvait la baguette d'if, la sienne, celle qu'il avait échangée contre la baguette de houx.
Alors qu'il la saisissait, il sentit une différence. C'était infime. Il ne l'aurait peut-être même pas remarqué si sa magie n'avait pas été autant perturbée.
L'allégeance de la baguette d'if avait changé, avant, lorsqu'il la tenait, Harry ressentait comme une petite résistance tout à fait naturelle quand on savait qu'il n'était pas son propriétaire légitime mais maintenant, cela avait disparu.
La baguette d'if lui avait prêté allégeance et pourtant, il ressentait encore son appartenance à Tom lorsqu'il la tenait. Une double allégeance.
Cette baguette avait deux propriétaires.
Comment était-ce possible ? Une baguette n'était censée convenir parfaitement qu'à un seul sorcier et même si sa baguette de houx et celle d'if étaient jumelles, elles n'étaient pas identiques... et aucune baguette ne pouvait prêter deux allégeances à la fois.
Tout à coup, Harry se souvint de la réaction particulièrement virulente du Maître des potions lorsqu'il avait appris que Tom et lui avaient échangé leurs baguettes. Il se souvenait que Tom avait promis de lui expliquer en quoi consistait réellement cet échange avant qu'il n'utilise la baguette d'if mais...
Harry se souvenait très clairement avoir eu recours à sa baguette pour désarmer le mage noir dans le Hall. Il l'avait utilisée, Jedusor était de dos à ce moment-là et le brun se demandait donc si celui-ci était au courant.
Probablement pas.
Harry allait poser la question à Tom quand il entendit celui-ci lui dire.
— Si tu te sens encore trop faible pour marcher, tu peux t'appuyer sur moi.
Et le Gryffondor se tut.
Harry décida de garder cet élément sous silence pour le moment, il ne se sentait pas la force d'avoir une telle conversation avec Tom.
Pour être sincère avec lui-même, il avait envie de s'éloigner du mage noir. Il craignait que s'il se tenait trop proche de celui-ci, le lien entre eux ne se rouvre et il ne voulait pas subir de nouveau les émotions de Tom. Il ne voulait plus jamais ressentir cela...
Il savait que si cela se reproduisait, il n'y arriverait pas une seconde fois ; repousser Tom, ne pas tenir compte des sentiments de celui-ci. Harry ne supporterait pas de ressentir une seconde fois la peine et la douleur envahir le cœur du mage noir comme si c'était de son cœur qu'il s'agissait.
Le Survivant avait toujours su que le jour où il commencerait à prendre les sentiments du jeune Seigneur des Ténèbres en compte, il serait perdu.
Il avait pu combattre Voldemort en se convainquant que celui-ci était incapable de ressentir des émotions telles que l'amour, la peur ou même la douleur mais jamais il ne pourrait volontairement blesser quelqu'un possédant des sentiments aussi réels que ceux qu'il avait perçus à travers ce lien entre Tom et lui.
Les émotions que ressentait Jedusor étaient sans aucune mesure, à tel point qu'on pourrait en conclure que Tom était incapable de leur imposer des limites ; qu'il ressentait tout sans en avoir la maîtrise, que ses sentiments s'imposaient à lui purement et simplement, sans qu'il ne puisse dresser de barrières.
Tom ne concevait pas les demi-mesures, les compromis, le gris. Il voyait le monde en noir et blanc et lorsqu'il haïssait quelque chose ou quelqu'un, c'était aussi de façon démesurée. Harry commençait à redouter que ce soit la même chose pour chaque sentiment du jeune Seigneur des Ténèbres ; l'amour y compris.
Et si c'était le cas, comment pourrait-il...
Le directeur d'Ilvermorny le fit revenir brusquement à la situation présente lorsqu'il lui demanda.
— Est-ce que vous vous sentez bien monsieur Potter ?
Harry releva les yeux pour apercevoir Agilbert Fontaine qui l'observait, debout devant son bureau ; l'homme se tenait dans une position assez nonchalante, à demi-appuyé contre ledit bureau les sourcils froncés.
La pièce était bien plus grande que ne l'avait imaginée Harry et d'ailleurs, ce bureau ressemblait bien plus à une salle de classe qu'à un véritable bureau directorial.
Un immense tableau noir s'étalait sur le mur du fond et la pièce, qui était disposée de manière à laisser un grand espace entre la porte d'entrée et le bureau, assez massif, du directeur.
Mais, contrairement à une salle de classe, il n'y avait aucune table au centre de la pièce, seulement un nœud gordien gravé sur le sol. Harry ne put retenir une grimace à la vue de celui-ci. Il ne mettrait plus jamais les pieds sur ce symbole.
Détournant le regard du nœud gordien, l'ancien élève de Poudlard remarqua les bibliothèques remplies d'ouvrages qui parcouraient le mur à sa droite. Le mur de gauche, lui, était traversé par trois immenses fenêtres, alignées, qui baignaient la pièce d'une lumière orangée, le soleil se couchant par-delà les vallées du mont Greylock.
Retournant définitivement son attention sur le directeur de cette école, Harry fronça les sourcils lorsqu'il vit celui-ci lui sourire.
Il pensait que le directeur l'avait convoqué pour le sermonner au sujet du sceau ancestral qu'il avait brisé. En venant ici sur les ordres d'Ulrich Tiare, il s'était imaginé qu'il devrait probablement s'excuser pour les dégâts qu'il avait causés et il s'était même dit qu'après un incident pareil, le MACUSA allait lui demander de quitter le sol américain le plus vite possible.
Les sorciers américains étaient bien du genre à détester l'inconnu, ce qui sort de l'ordinaire, ce qui ne rentre pas dans les cases parfaites qu'ils avaient créées pour diriger le monde magique d'une main de fer. Harry savait qu'il ne rentrait pas dans l'éthique élitiste du MACUSA mais les rumeurs disaient aussi qu'Ilvermorny défiait depuis toujours cette éthique étriquée en acceptant loups-garous et autres créatures et en traitant de la même manière les nés-moldus et les sangs-purs.
Ilvermorny était considérée comme un exemple de tolérance à travers le monde, là où le MACUSA était connu pour recourir très facilement à la peine de mort pour régler le moindre problème.
Potter était assez dubitatif sur ce à quoi il devait s'attendre ici. L'Amérique semblait assez divisée et en toute honnêteté, il préférerait ne jamais être confronté à un gouvernement comme celui du MACUSA.
Il se doutait que les dirigeants du Congrès magique des États-Unis d'Amérique ne verraient pas d'un très bon œil la magie qui continuait à s'évaporer autour de lui sans qu'il ne puisse l'en empêcher. Cela allait lui prendre des journées entières pour reconstruire les restrictions que le nœud gordien avait détruites en quelques secondes.
Agilbert Fontaine lui fit signe d'approcher et, alors qu'Harry faisait quelques pas méfiants vers le bureau tout en contournant adroitement le symbole imprimé au sol, il ajouta.
— Je suis vraiment désolé pour ce qu'il s'est passé ce matin. Si j'avais su que le sceau réagirait ainsi lorsque vous y mettriez les pieds, j'aurais trouvé un autre moyen de vous répartir. C'est un regrettable incident dont je prends, bien évidemment, toute la responsabilité.
Harry fronça les sourcils. Tom lui avait dit que le directeur le tenait pour responsable des événements de ce matin et que celui-ci savait très bien ce qu'il risquait de se passer lors de sa répartition. Le fait qu'Agilbert Fontaine lui tienne l'exact opposé de ce discours ne fit qu'augmenter la méfiance du lion envers l'homme.
L'expression du directeur changea alors, passant d'un sourire poli à un sourire forcé et visiblement figé. Celui-ci lui demanda d'une voix plus forte que précédemment.
— Dites-moi, depuis quand faites-vous cela ? Depuis combien de temps enfermez-vous vos pouvoirs magiques de cette façon ?
Cette fois-ci, Harry vit très clairement le visage de l'homme se déformer dans une grimace de dégoût et il recula d'un pas pour déclarer, sur la défensive.
— Je ne crois pas que cela vous concerne, monsieur le directeur.
L'expression du visage de Fontaine redevient neutre alors qu'il lui dit.
— Non, bien sûr que non. Mais vous devez bien concevoir que cela me surprenne.
Cette fois-ci, les yeux de l'homme l'observèrent de haut en bas avec fascination et il ajouta.
— Vous devriez être mort.
Harry n'eut aucun mouvement de recul. Son visage se fit beaucoup moins expressif mais la magie qui lui échappait toujours s'agita plus violemment lorsqu'il répliqua froidement.
— N'est-ce pas le cas depuis la première année de ma vie ?
Le directeur eut l'air honnêtement surpris par cette réponse puis, il se mit à sourire beaucoup plus chaudement.
— Effectivement, vous avez raison.
L'homme quitta le bureau sur lequel il était appuyé pour aller vers l'une des bibliothèques contre le mur. Il en sortit un épais volume puis lança un regard à Harry en lui disant.
— C'est le règlement de l'école établi par mes prédécesseurs. Selon eux, tout être magique, de n'importe quelle nature, doit être accepté à Ilvermorny. L'homme ajouta avec un sourire toujours plus énervant aux yeux d'Harry.
— Vous n'avez aucune raison d'être si méfiant. Bien que votre cas soit sans précédent, il n'y a aucune raison pour que vous ne puissiez pas rester ici, le MACUSA ne ferait rien contr-
— Arrêtez ça. Arrêtez de me parler comme si je n'étais pas comme vous. Vous êtes un sorcier à ce que je sache ; alors arrêtez de me parler comme si nous étions différents.
La magie d'Harry fit trembler les fenêtres de la salle et le directeur perdit son sourire. Il eut l'air assez perturbé en observant tantôt les fenêtres puis lui, avant que, tout à coup, son visage ne se déforme dans une expression de choc.
Cela dura plus d'une seconde si bien qu'Harry se sentit obligé de dire.
— Monsieur le directeur ?
Lorsque celui-ci revint à lui, quelque chose avait définitivement changé dans sa manière de le regarder. Il recula d'un bon mètre en arrière et il sembla vouloir mettre encore plus de distance entre eux, se plaçant derrière son bureau.
Harry n'eut aucun mal à voir ce qui avait changé. Le directeur le regardait exactement de la même manière que l'avaient fait les Dursley pendant des années.
Agilbert tremblait, Harry voyait la main du directeur trembler alors que celui-ci posait le livre qu'il tenait sur son bureau.
L'homme se tut pendant plusieurs secondes, l'observant toujours comme s'il allait brusquement se transformer en monstre pour se ruer sur lui, toutes griffes dehors.
Puis, il finit par le congédier d'une voix pratiquement mécanique.
— Ce sera tout pour aujourd'hui. Vous pouvez disposer.
Alors qu'il allait sortir de la pièce, Harry entendit le directeur ajouter, toujours aussi mécaniquement, comme s'il lui parlait tout en réfléchissant à autre chose.
— Revenez ici demain matin avec monsieur Gaunt ; puisque je ne peux plus vous répartir de manière traditionnelle, je le ferai moi-même. On parlera du déroulement du tournoi à ce moment-là. Quant à l'incident de ce matin, disons qu'il est clos.
Harry quitta le bureau du directeur et descendit les marches en colimaçon. Perturbé par sa discussion avec Fontaine, il fut sorti de ses pensées par une voix qu'il ne reconnaissait que trop bien.
— Un mot de ta part et je monte lui apprendre la politesse.
Tom était là, face à lui, appuyé contre le mur, les bras croisés sur sa poitrine. Le mage noir le dévisageait de la même façon qu'il l'avait toujours fait, sans gêne aucune, ses yeux s'assombrissant dangereusement alors qu'il menaçait d'aller voir le directeur.
— Tu as écouté notre conversation ?
Jedusor eut la décence de paraître légèrement coupable lorsqu'il dit.
— Je ne lui fais pas confiance. Je ne vois pas pourquoi il voulait absolument te voir maintenant alors que nous venons seulement de rentrer et que tu es épuisé.
Harry secoua la tête négativement.
— Il valait mieux que l'on mette la situation au clair maintenant plutôt que demain et puis, je ne suis pas si affaibli que ça, je suis encore capable de me défendre.
Ils commencèrent à marcher dans les couloirs d'Ilvermorny, avançant l'un à côté de l'autre d'un même pas et après un moment, le lion demanda.
— Comment as-tu trouvé le bureau du directeur alors que tu étais censé rester avec Rogue pendant que Tiare m'y emmenait ?
— J'ai faussé compagnie à Rogue et j'ai demandé mon chemin à un élève.
Harry ferma les yeux un moment et finit par dire, sa fatigue transparaissant dans sa voix.
— Je suppose que lorsque tu dis « j'ai demandé mon chemin à un élève », je suis censé comprendre que tu as utilisé la Legilimancie sur le premier gamin que tu as croisé.
— La Legilimancie n'est pas interdite en Amérique.
Potter répliqua avec ironie.
— Ce n'est pas comme si cela changeait quelque chose pour toi.
Jedusor lui sourit en retour et Harry décida qu'il était bien trop faible pour s'appesantir sur le fait que Tom ne supportait apparemment pas l'idée qu'il s'éloigne de lui, même pour une courte durée.
À suivre...
